Présentation de la Thèse
de Doctorat d’Angéline
Gninwoyo Yegnan -Touré
« Les arcs musicaux d’Afrique dans quelques musées
d’Europe : Une étude organologique, acoustique,
musicologique, muséologique et ethnologique »
HAL Id: tel-01620970
Le 10 décembre 2014, Angéline Yégnan-
Touré a soutenu une thèse de doctorat en
ethnomusicologie à l’Université de La
Sorbonne (Paris 4), sous la direction de
François Picard, dans le cadre de l’École
doctorale Concepts et langages (Paris), en
partenariat avec l’Institut de Recherche en
Musicologie.
La thématique de cette thèse porte sur les
différents arcs musicaux d’Afrique, à
travers leur présence dans différents
musées d’Europe. Le sujet de prédilection
de l’association, le Moungongo du Gabon,
y occupe une place. Nous avons décidé de
vous présenter quelques informations très
intéressantes, tirées de ce travail de 526
pages.
Voici ce que nous dit l’auteure dans le résumé, en
exposant une vision à laquelle nous adhérons :
« Si dans son aspect physique l’arc musical est
simple, à l’issue de notre étude, nous nous
rendons compte qu’il n’est plus indiqué de le
qualifier comme tel. (…) Car si pour les uns il est
instrument de divertissement, pour les autres, il
est objet de rituel, instrument parleur et
médiateur, objet chargé d’une profonde et riche
histoire des peuples d’Afrique. Nous espérons
(…) que notre étude permettra une bonne
collaboration entre le Nord et le Sud, pour une
connaissance plus juste de l’autre, une
connaissance fondée sur des valeurs et non des
préjugés. »
Dans cette thèse, il nous est d’abord montré
(dans la première partie) qu’il existe plusieurs
types d’arcs musicaux, qu’ils soient à résonateur
-intégré dès la facture, par exemple une
calebasse- ou non (comme le Moungongo, dont
le résonateur est la bouche du « arquiste »). Il faut
aussi distinguer selon les différentes façons de
produire le son : en pinçant, frappant, frottant,
1
raclant… voire en soufflant sur les cordes. Cela
peut se faire soit directement avec le doigt, soit
avec une baguette, ou une plume.
L’auteure nous démontre également que la
dénomination « arc-en-bouche » largement
utilisée jusqu’à présent, et qui laisse croire que
pour en obtenir un son ou une musique,
l’instrument tout entier doit être mis en bouche,
doit désormais être remplacée par « arc à
résonateur buccal », plus précise et exacte. À la
suite de la chercheuse Angéline Yegnan, nous
adopterons désormais cette nomenclature. Autre
donnée intéressante, les arcs musicaux sont
présents sur chaque continent, bien que ce soit
l’Afrique qui en accueille la plus grande variété,
non seulement dans les types et matériaux de
fabrication mais aussi dans les types de jeu.
Dr. AngÉline Gninwoyo Yegnan -Touré
Ethnomusicologue et spécialiste des
arcs musicaux africains, Angéline
Yégnan-Touré est présidente de
l’Association des Musiques de
Trompes Traversières de Côte
d'Ivoire.
Elle est professeur certifiée d’Éducation musicale,
experte confirmée du Gbofé, auteur de plusieurs
articles et d’une thèse de doctorat. Elle est aujourd'hui
Inspectrice au Ministère de l'Éducation Nationale de
Côte d'Ivoire.
Ses travaux de recherche sur le Gbofé d'Afounkaha,
musique de trompes traversières en pays Taghana et le
plan décennal de sauvegarde qu'elle a conçu, ont
permis la proclamation de ladite forme d'expression
musicale comme Chef-d'œuvre du patrimoine oral et
immatériel de l’Humanité par l'UNESCO en 2001. Ce
classement l'a aussi conduite à créer l'association Arc
Espoir (Association pour le Re-Connaissance, l’Étude et
la Sauvegarde du Patrimoine Oral et ImmateRiel), avec
laquelle des partenariats sont en vue, dont nous vous
tiendrons informés en temps utile.
Voici la page web présentant ses divers travaux de
recherche: https://www.angelineyegnan.org/
La thèse porte sur des instruments qui ont pu être
observés dans différents musées
ethnographiques et organologiques en Europe
(France, Belgique, Suisse, Norvège, Danemark,
Grande Bretagne…) et elle démontre parfois le
peu de connaissances contextuelles qui
entourent ces objets.
Voici ce qui nous en est dit : « Au musée de la
musique de Paris (Cité de la Musique) nous avons
un arc. Celui-ci a une branche arquée qui mesure
36 cm avec une flèche de 25 cm et une largeur de
33 cm. Sa corde en liane est tendue entre les deux
extrémités de la branche. À l’extrémité supérieure
de l’arc, la corde est nouée, fixée à un bout pointu
de l’arc. À l’extrémité inférieure, la liane est
enroulée plusieurs fois au support de telle sorte
que la corde ne se détache pas. Cet arc est joué
par les Mitsogo du Gabon. (…) Cet arc provient
du village Boulongo-Boulangani sur la rivière
Ogoulo, proche de Mimongo en pays Mitsogho, à
l'Est de Lambaréné. Il a été acquis en mai 1968
par Jean Landré lors d’une mission
ethnomusicologique montée par Pierre Sallée,
alors chercheur à l’ORSTOM. »
Un des points particuliers de cette étude (dans sa
deuxième partie « ANALYSE MUSICALE ET
ACOUSTIQUE DES EXTRAITS D’ARCS
MUSICAUX ») est l’utilisation d’imagerie médicale
et d’outils d’analyse sonore numériques pour
mieux expliquer en quoi les arcs musicaux ne
ressemblent pas à d’autres instruments « à
percussion ». À travers une caméra
endoscopique, utilisée par les médecins
2
Parmi les instruments étudiés, on retrouve ce
Moungongo du Gabon, présenté dans
l’exposition permanente du Musée de la Musique
(Philharmonie de Paris).
Fiche muséographique :
https://collectionsdumusee.philharmoniedeparis.fr/de
tailstatic.aspx?RSC_BASE=MUSEE&RSC_DOCID=01
60258&TITLE=arc-musical-mungongo
Photo de Jean-Marc Anglès
spécialistes ORL de Paris et facilitée par la Dr.
Nicole Charpy, les mouvements de la bouche, de
la langue et du palais sont minutieusement
présentés pour chercher à comprendre dans
quelle mesure ceux-ci modèlent et sélectionnent
le son. Des diagrammes sonores générées à
l’aide d’un phonographe aident à visualiser la
nature spectrale à la fois complexe et
harmonieuse des arcs musicaux à résonateur
buccal.
Cette analyse spectrale démontre rapidement
que les arcs musicaux sont tout sauf simples, car
ils produisent quasi-systématiquement plusieurs
fondamentales superposées, et que pour
entendre toute la subtilité de ces instruments, il
faut encore une oreille tendue, entraînée et
habituée, d’autant plus qu’il est fréquent de voir
se superposer différentes mélodies au moment
du jeu.
Une douzaine d’exemples sonores, issus
d’enregistrements existants, sont ainsi analysés
et dans la mesure du possible transcrits sous
forme de partitions conformes aux standards de
la musique occidentale.
La troisième partie de la thèse porte sur LE
REGARD DES POPULATIONS SUR LES ARCS
MUSICAUX CONSERVÉS ET EXPOSÉS DANS
QUELQUES MUSÉES D’EUROPE.
Elle dresse le panorama des différents
instruments présentés dans les musées et
constitue une analyse critique de la façon dont ce
corpus est conservé et exposé. Elle rapporte
aussi les propos de conservateurs desdits
musées, mais aussi de visiteurs, notamment
d’origine africaine, qui manifestent une fierté à
voir des éléments de leurs cultures pris au sérieux
par des institutions européennes. Elle donne
aussi la parole aux visiteurs et touristes d’autres
origines qui ont assisté à des démonstrations
d’arc a résonateur buccal, notamment lors d’une
conférence donnée par l’auteure elle-même. Les
sons de l’arc a résonateur buccal sont ainsi
qualifiés d’« extraordinaires », « ressemblant à
une coulée d’eau… », évoquant « la forêt en
Afrique, un milieu enchanteur ». Certains
signalent que ces sons les faisaient « dormir, les
berçaient, les faisaient rêver »…. Une dame s’est
exclamé : « Lorsque la pureté de l’arc musical
touche ma sensibilité, c’est une tendre douceur
du cœur. L’âme est en parfaite harmonie avec le
son. Quel bonheur et quel partage !... Continuez !
». Une autre a déclaré : « Un arc qui ne tue pas
mais qui transporte dans la joie et l’amour. Un
moment d’enchantement qui fait tout oublier. Je
souhaite que cet art soit de plus en plus connu
sur notre continent… ». Ces témoignages sont
très similaires à ceux que nous recueillons
régulièrement lors des séances de Moungongo
organisées par notre association Liane & Vie.

Nous remercions chaleureusement la Docteure Angéline Yegnan-Touré, devenue aujourd'hui

Inspectrice au Ministère de l'Éducation Nationale de Côte d'Ivoire, qui a accepté que nous présentions
son travail dans la courte divulgation que vous êtes en train de lire et nous a grandement aidés à
éclaircir certains points lors de la rédaction. Nos adhérents qui le souhaitent peuvent consulter sa thèse
dans son intégralité à partir de la fiche : https://theses.hal.science/tel-01620970

Si vous êtes amenés à citer son travail, merci de respecter les codes universitaires internationaux en
vigueur en utilisant à l’identique le paragraphe suivant.

Référence universitaire de la thèse de recherche

Angeline Gninwoyo Yegnan -Toure. LES ARCS MUSICAUX D’AFRIQUE DANS QUELQUES MUSÉES
D’EUROPE: UNE ÉTUDE ORGANOLOGIQUE, ACOUSTIQUE, MUSICOLOGIQUE, MUSÉOLOGIQUE ET
ETHNOLOGIQUE. Musique, musicologie et arts de la scène. UNIVERSITE PARIS SORBONNE IV 2014.
Français. NNT : . tel-01620970

Cet article a été rédigé et mis à disposition par l’association Liane & Vie, sur sa page web
https://www.lianeetvie.com. Merci de nous demander l’autorisation en vue de le partager en partie ou
en totalité.

L’association Liane & Vie a été fondée en 2003 afin de participer au développement du Gabon et de la
France à travers des actions de solidarité axées sur les domaines de l’environnement, de la culture et
de l’éducation, dans un esprit d’échange et de complémentarité entre nos deux pays.

Elle propose des séances de relaxation sonore profonde grâce aux vibrations de l’instrument millénaire
Moungongo en individuel, en groupe et en entreprise. Pour faire vivre l’expérience de ce son mythique,
le Moungongo est joué en live par un instrumentiste formé dans la pratique traditionnelle. Cet instant
hors du temps vise à ressourcer et restaurer le bien-être de chacun (y compris les personnes en
situation de handicap), en soulageant certains problèmes tels que stress, anxiété, angoisse, déprime...

Liane & Vie a lancé en janvier 2022 un projet de recherche clinique autour des bienfaits des sonorités
du Moungongo sur le corps et le cerveau. Une publication des premiers résultats de l’étude est prévue
en 2024.