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Pistes de visite

Lire les Métamorphoses d’Ovide avec les artistes


Durée : 1h30 - Niveau : 6ème - Disciplines : Français, Histoire des arts, Histoire
Jours de faisabilité : Lundi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi, Dimanche

Introduction
Objectifs
Lors de cette visite, les élèves découvrent différentes représentations des Métamorphoses dans le cadre de l’étude de
l’œuvre d’Ovide. Ils sont amenés à interroger les moyens narratifs mis en œuvre dans ces représentations sculptées et
peintes ainsi que leur dialogue dans les choix muséographiques du Louvre.
Lors de cette visite, il va s’agir :
- d’apprendre lire l’image narrative
- d'identifier les correspondances entre texte et image
- d'identifier les moyens utilisés par les artistes pour représenter différents moments d’un récit sur une seule image
- d’accompagner la définition de la notion de mythe vue en classe
- de donner du sens à l’étude des Métamorphoses d’Ovide comme texte fondateur, en montrant un aperçu de l’étendue de
ses reprises dans les œuvres artistiques, même plusieurs siècles après l’Antiquité.
Cette visite au Louvre, parallèlement au travail sur Les Métamorphoses, a aussi pour but de familiariser des enfants
souvent novices en la matière, à l’univers du musée : savoir se repérer, chercher des informations…

Matériel
- Crayon, feuille.
01
Persée et Andromède,
Pierre Puget
Richelieu Entresol - Cour Puget

1678-1684
Marbre de Carrare
H.: 1,31 m. ; L.: 1,06 m. ; Pr.: 1,14 m.

Les élèves ont eu connaissance du mythe en classe et


connaissent donc déjà l’histoire. Face à cette œuvre, il
s’agit pour eux d’observer comment l’artiste arrive à
représenter l’histoire dans son déroulement, sans s’en
tenir à un simple instant du récit.
On leur demande de repérer quel moment précis du mythe
Pierre Puget a choisi de représenter : il s’agit du moment où
Persée délivre Andromède. On attend des élèves qu’ils
justifient leur réponse : présence des chaînes, mouvement du
personnage (équilibre précaire des personnages, muscles
bandés de Persée en plein effort, mouvement du drapé) … et
titre de la sculpture !
Les élèves font le tour de la statue afin d’observer tout ce qui
se trouve aux pieds des personnages : des armes, des ailes,
une tête de méduse et … un bébé (qui les intrigue beaucoup
!) On interroge les élèves sur le rôle de ces objets afin de leur
faire prendre conscience qu’ils permettent d’évoquer le début
du mythe. La tête de méduse rappelle que Persée a tué ce
monstre avant de délivrer la jeune femme. Les armes sont
celles qui ont été données par Minerve (un bouclier poli comme un miroir, pour regarder le reflet de Méduse) et Mercure
(une épée qui tranchera la tête de Méduse) afin d’aider le héros. Les ailes, enfin font allusion aux sandales ailées prises
aux nymphes du Styx. Quant au petit bébé, on pourra évoquer Cupidon que les élèves retrouveront plus loin dans la
visite. Il ne s’agit plus alors de faire référence à ce qui s’est passé avant le moment où Persée délivre Andromède mais
d’évoquer ce qui est en train de se jouer dans cet épisode : Persée tombe amoureux de la jeune femme. L’enfant est alors
une allégorie de leur amour.
On peut proposer aux élèves de réaliser un croquis de la tête de Méduse, ce qui les oblige à observer de très près la
sculpture et d’être sensibles à la précision des détails.
02
Hercule combattant Achéloüs
métamorphosé en serpent,
François-Joseph Bosio
Richelieu Entresol - Cour Puget

Bronze fondu par Carbonneaux en 1824


H. : 2,60 m. ; L. : 2,10 m. ; Pr. : 0,95 m.

Hercule fait partie des personnages généralement


connus par les élèves. On choisit cette fois de
présenter la sculpture sans avoir étudié le texte
auparavant, pour susciter l’imaginaire.
Pour étudier l’art du récit face à cette sculpture, on
demande aux élèves de repérer le moment du combat
illustré par la statue : sans connaître forcément le texte, les
élèves peuvent déduire que cette sculpture représente la
fin du combat. Acheloüs semble vaincu, Hercule va
gagner.
On interroge les élèves sur le rôle de la composition de la
statue dans la représentation de la force du héros. Hercule
se trouve au-dessus de son adversaire, dans un geste de
combat qui fait ressortir ses muscles.
Pour susciter l’imaginaire, on pourra proposer aux élèves
d’écrire à partir de cette œuvre : on pourra leur demander
de prendre quelques notes pour imaginer en classe le récit
correspondant à cette statue. Dans le cadre d’un projet
d’écriture, il sera intéressant de confronter les propositions
élaborées par les élèves au sujet de la peau de lion aux
pieds d’Hercule (métamorphose antérieure du serpent ?
d’Hercule ?..). Les élèves qui connaissent l’épisode du lion de Némée pourront alors faire partager leurs connaissances.
03
La Chute d'Icare,
Paul-Ambroise
Slodtz
Richelieu RDC - salle 219

1743
Morceau de réception à
l'Académie
Marbre
H. : 38 cm. ; L. : 64 cm. ; Pr.
: 54 cm.

Les élèves ont


préalablement étudié le
texte en classe, proposé
leur propre illustration
puis ils ont comparé leur
représentation du mythe
avec celle de Carlo Saraceni « La Chute d’Icare », et celle de Pierre Brueghel l’Ancien. L’idée étant de montrer aux
élèves que l’artiste fait des choix et qu’un même texte peut donc faire l’objet d’interprétations artistiques
différentes.
On demande aux élèves d’identifier le moment du mythe représenté par cette sculpture. On les amène à justifier leur
réponse à l’aide d’une observation attentive de la sculpture : les plumes et les lanières des ailes d’Icare, le moutonnement
des vagues, la position du corps sur le rocher… tous ces détails montrent qu’Icare est mort. On attire l’attention des élèves
sur la finesse avec laquelle sont représentées les plumes et l’écume des vagues.
Les élèves sont ensuite invités à exprimer leurs sentiments : émerveillement devant la beauté du rêve (splendeur des
plumes brillantes…), pitié provoquée par ce jeune homme mort dans la fleur de l’âge (beauté du corps, des muscles…)
On peut conclure avec les élèves que l’artiste cherche à mettre en valeur la beauté du rêve d’Icare.
La salle 25 regorge de sculptures mettant en scène des épisodes violents de la mythologie (Œdipe, Prométhée…) On
laissera un moment aux élèves afin qu’ils puissent observer les sculptures et leur demander de choisir une sculpture puis
de la décrire en montrant ce qui la rend violente (geste, objet, animal mis en valeur…)
04
Écho et Narcisse,
Nicolas Poussin
Richelieu 2ème étage - salle
831

Vers 1630
Huile sur toile
H. : 0,74 m. ; L. : 1 m.

Les élèves ont préalablement


étudié les aventures d’Écho
et Narcisse, connaissent les
personnages, les éléments
importants du décor et la
nature de la métamorphose.
Ils ont dessiné pour le jour de
la sortie leur propre « tableau
» représentant le récit.
On cache le titre du tableau et
on invite les élèves à identifier
le récit dont il s’agit parmi les différents récits préalablement étudiés. Les élèves justifient leur réponse par l’identification
d’indices : le personnage féminin appuyé sur un rocher, le personnage masculin allongé au bord de l’eau, le décor
champêtre.
Ils observent les détails du tableau et constatent que l’artiste a rassemblé deux moments distincts dans le récit d’Ovide : la
métamorphose d’Écho en rocher et la métamorphose de Narcisse en fleur. Par ce raccourci, l’artiste nous livre les étapes
du récit.
On s’attache alors à la façon dont l’artiste, réussit à représenter un événement en devenir. Les élèves constatent que les
pieds et les mollets d’Écho plus foncés que le reste du corps sont comme « fondus » dans le rocher. Concernant Narcisse,
c’est la « couronne » de fleurs autour de son visage qui signale sa métamorphose. Aucune partie du corps n’est altérée,
sans doute pour nous laisser admirer sa beauté décrite dans le texte d’Ovide.
Les élèves sortent alors leur dessin, commentent leurs choix et les comparent avec ceux de l’artiste : quel(s) moment(s) du
récit ont-ils choisi de représenter ? Quels moyens ont-ils trouvés pour rendre le mouvement d’une métamorphose ?
On leur demande de chercher les différences du tableau avec le texte source :
- ce n’est pas « une fleur jaune couleur de safran…» qui est représentée, mais un tapis de fleurs
- un troisième personnage apparaît sur le tableau : un Cupidon mettant en évidence le thème de l’amour.
Les élèves sont ainsi sensibilisés au fait que l’artiste ne réalise pas une simple « copie » du récit mais qu’il l’interprète et
effectue des choix.
05
Orphée et Eurydice,
Nicolas Poussin
Richelieu 2ème étage - salle
825

Vers 1650 -1653


Huile sur toile
H. : 1,24 m. ; L. : 2 m.

Les élèves, par


l’observation d’indices,
imaginent le récit « raconté
» par le peintre. Ils font
plusieurs propositions et
hypothèses à l’oral ; le
professeur prend des
notes qui leur permettront,
en classe, de rédiger un
récit, qui pourra ensuite être comparé à celui d’Ovide.
Ils partent du cadre spatio-temporel du récit : un décor champêtre, un point d’eau, un ciel ombragé, un château en
flammes et placent des personnages dans ce décor : un pêcheur, des baigneurs, un musicien et des femmes qui
l’écoutent, et une jeune femme placée au centre, l’air effrayé.
Les élèves imaginent le déroulement du récit et formulent des hypothèses.
Est-ce une scène de loisirs ? Qu’arrive-t-il à la jeune femme au centre du tableau ? Pourquoi est-ce que personne ne
semble prêter attention à son appel ? En les invitant à observer en détail le tableau, ils constatent la présence d’un serpent
dans l’herbe. Va-t-elle ou vient-elle d’être piquée ? Pourquoi cette fumée à l’arrière-plan et cette ombre au premier plan ?
Est-ce un présage funeste ? Le tableau rassemble donc un avant (la scène de loisir), un pendant (la morsure du serpent)
et un après (l’ombre qui s’avance).
On peut tirer de la composition du tableau des indices pour la constitution du récit : le contraste entre la clarté et
l’obscurité, entre l’insouciance et la situation dramatique. Cette ligne de partage peut être associée au partage entre la vie
et la mort, elle soutient l’hypothèse d’un basculement irréversible.
On pourra demander ce qui, dans le décor, peut sembler anachronique. La présence du château Saint-Ange permettra de
préciser que le peintre peut introduire dans un tableau s’inspirant d’un récit antique, des éléments propres à son époque.
Cela confirme l’idée qu’il ne s’agit pas de réaliser une « copie » fidèle du récit, mais d’en livrer sa propre interprétation.
06
Pygmalion et Galatée,
Anne-Louis Girodet de
Roussy-Trioson
Denon 1er étage - salle 702

Salon de 1819
Huile sur toile
H. : 2,53 m. ; L. : 2,02 m.

Les élèves ont lu l’histoire de


Pygmalion et Galatée de façon
autonome. En plus de l’étude de la
composition, ce tableau sera
l’occasion, en clôture de visite, de
s’interroger de façon plus générale
sur le lien entre l’artiste et son
œuvre, ainsi qu’entre le moment de
la création et la postérité d’une
œuvre d’art.
Comme pour les autres tableaux, les
élèves sont invités à identifier le
moment du mythe représenté par
l’artiste. Ici, la statue s’anime, elle est
en train de prendre vie.
On pourra interroger avec les élèves le
rôle de la lumière : que met-elle en
valeur ? D’où vient-elle ? quelle
présence est suggérée à travers elle ?
En effet, si la lumière met en valeur la
beauté de Galatée, son orientation (elle
vient du haut) et le regard du petit
Amour suggèrent la présence divine de Vénus hors cadre. Le passage de la prière de Pygmalion à Vénus est ainsi
rappelé.
De plus, c’est en partant de l’observation de Pygmalion que l’on pourra suggérer une réflexion plus large sur le statut de
l’œuvre d’art : en interrogeant les élèves sur les sentiments que semble éprouver Pygmalion (qui paraît à la fois étonné et
admiratif), on pourra soumettre aux élèves quelques propositions visant à identifier l’image générale que la peinture de
Girodet donne de l’artiste :
- un artiste est le maître absolu de ses créations
- un artiste se désintéresse de ses créations une fois qu’elles sont terminées
- une création artistique réussie contient une « magie » indéfinissable
- l’œuvre d’un artiste continuera à vivre sans lui
- l’œuvre artistique ne peut vivre sans son créateur
Pour conclure, on n’hésitera pas non plus à interroger les élèves sur ce qui a attiré leur attention dans le musée, sur ce
qu’ils retiendront, sur l’œuvre qui les a le plus touchés…
On peut approfondir le travail autour du mythe de Pygmalion avec la sculpture Pygmalion et Galatéed’Etienne-Maurice
Falconet, qui se trouve au RDC de Richelieur (salle 222, vitrine 2).
Pour en savoir plus : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=541
Prolongements en classe
Lecture, écriture et écoute musicale
Les lectures associées à la visite
Cette visite s’accompagne de la lecture des métamorphoses d’Ovide, de Françoise Rachmuhl, aux
éditions Flammarion Jeunesse. Ce texte présente 16 métamorphoses parmi les textes les plus connus,
dans une langue accessible aux élèves, même en lecture autonome. Il est accompagné d’extraits plus
précis du texte d’Ovide, notamment pour l’étude du mythe de Narcisse.
Ces lectures pourront être complétées par :
- Orphée l’enchanteur, dans la série Histoires noires de la Mythologie, aux éditions Nathan
- Percy Jackson, de Rick Riordan, aux éditions Le Livre de poche, tome 1
Utiliser la visite pour faire écrire les élèves
« Narrations à partir des œuvres étudiées dans le cadre de l’histoire des arts Écrits à partir de supports
divers permettant de développer des qualités d’imagination (images, objets, documents audio-visuels). »
cf. programme de 6e

• Proposer sa propre version picturale de l’un des mythes avant la visite et la confronter avec celles des artistes après la
visite (travail sur le point de vue, le choix du moment) et expliciter les partis pris des uns et des autres.

• Raconter un mythe à partir de l’observation d’une œuvre dans le musée (se servir des indices présents sur les sculptures
ou peintures : objets, symboles, allégories, éléments de décor, sentiments des personnages…) pour en montrer l’efficacité
dans la construction narrative présentée par l’artiste.
Compléter ce voyage dans les arts par la musique
- Syrinx, Claude Debussy, (mythe racontant la naissance de la flûte de Pan)
- Orphée et Eurydice, Cristoph Willibald Gluck. (Source : La mythologie en musique, Gallimard musique).

Bibliographie
Les Métamorphoses
• BONITHON Isabelle, Les Métamorphoses d'Ovide, collection « Conférence pédagogique », Éditions Musée du Louvre, Paris, 2006. 06.11

Les Métamorphoses en sculpture


• LEVEY Michael, L’Art du XVIIIe siècle : peinture et sculpture en France 1700-1789, Éditions Flammarion, Paris, 1993. 11 500 A1 LEV
• GABORIT Jean-René, GOUYETTE Cyrille, Les Élans du corps : le mouvement dans la sculpture, collection « Un autre regard », Éditions du
Musée du Louvre, Paris, 2005. 5 214 GAB
• Collectif, "Puget", in Connaissance des arts, Paris, 1994, Hors-Série, n°63. 5 A1 649 [PUG] 1

Les Métamorphoses en peinture


• BERTHERAT Marie, Les Mythes racontés par les peintres, collection "
Raconté par les peintres", Éditions Bayard Jeunesse, Paris, DL 2000. J 12 291.12 03 BER
• FUMAROLI Marc; LEBRETTE François, La Mythologie gréco-latine à travers 100 chefs-d’œuvre de la peinture, Éditions Presse de la
Renaissance, Paris, 2004. 12 291.11 03 FUM
• BOLOGNE Jean-Claude, DE HALLEUX Élisa, Amour, collection "
Carnet du Louvre", Éditions du Musée du Louvre, Éditions Flammarion, Paris, 2008. 12 151.31 03 BOL

Crédits
Auteurs Comité pédagogique

Sandra Areia, agrégée de Lettres modernes Laurence Brosse, Anne Ferrière, Cyrille Gouyette, Xavier Testot,

Anne-Marie Caron, certifiée de Lettres modernes Delphine Vanhove

Stéphanie Floriot, certifiée de Lettres modernes Sous la direction de Frédérique Leseur, chef du Service Éducation -

Marie-Laure Garcia, enseignante formatrice, certifiée de Lettres Direction de la politique des Publics et de l’Éducation artistique

modernes, Iconographie

Collège Jean Moulin, La Queue en Brie (94510) Chrystel Martin et Gabrielle Baratella, service Images, musée du Louvre

Remerciements à Marine Leblond pour la rédaction de la bibliographie.

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