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2 Voyages immobiles ?
> p. 40
1 P ré s e n t a i o n d e l a s é q u e n c
Cette séquence 2 prolonge, dans la continuité et la Conformément aux recommandations officielles,
rupture, la première séquence qui met à l’étude les récits l’objectif majeur de cette séquence est d’éveiller la curio-
de voyage de grands explorateurs. Elles s’inscrivent toutes sité littéraire et artistique de l’élève en lui montrant que la
deux dans la même entrée du programme de français littérature est une ouverture sur le monde qui l’entoure et
de cycle 4 : « Le voyage et l’aventure : pourquoi aller vers un moyen d’évasion à sa portée immédiate qui permet de
l’inconnu ? ». « se chercher, se construire ». Il s’agira, au cours de ces
Il s’agit dans cette séquence de découvrir des textes poé- voyages immobiles, de lire, de comprendre et d’interpréter
tiques, des chansons et des images, fixes et mobiles, ainsi des formes poétiques variées qui célèbrent les voyages et
qu’un court-métrage, sur le thème des voyages immobiles, de s’interroger sur les valeurs mises en jeu dans ces
lesquels ne supposent aucun déplacement géographique. poèmes. Les textes et documents proposés contribuent à
L’élève est ainsi amené à explorer la richesse du quotidien, la constitution d’une culture littéraire et artistique com-
la puissance de l’imagination, les pouvoirs de l’écriture et mune et font se rencontrer des œuvres littéraires du patri-
le rôle et la mise en écriture des sensations, sources d’éva- moine national et d’autres, plus contemporaines. L’élève
sion. On souligne par ailleurs que le regard posé par le est amené de manière progressive à s’exprimer à l’oral sur
poète sur le monde est propice au dépaysement et que le ce qu’il a lu et aussi à mettre en voix des poèmes mémori-
voyage en soi est une aventure à part entière, plus particu- sés. À l’oral comme à l’écrit, par exemple par l’écriture de
lièrement encore en ces temps actuels où le voyage haïkus, il s’agit d’exploiter les ressources expressives et
physique est devenu paradoxalement moins aisé, et où le créatives de la parole tout en travaillant sur le fonctionne-
mot « confinement » s’est inscrit dans le vocabulaire de ment de la langue, notamment à travers l’étude du futur
chacun. Le corpus se compose de textes d’auteurs patri- de l’indicatif, de la versification et des figures de style.
moniaux, comme Rimbaud, Baudelaire, Prévert, Queneau
ou encore Trenet, mais il convoque par ailleurs des figures
plus contemporaines, comme Joseph Paul Schneider et
Raymond Lévesque. Une place de choix est aussi accordée
aux autrices et artistes féminines, comme Andrée Chedid,
Esther Granek et, en chanson, Barbara et Jeanne Moreau
qui font l’objet de l’approche artistique de la séquence.
L’ambition est bien de cheminer à travers des visions
poétiques et artistiques du voyage immobile.
2 Objectifs de la séquenc
Après la séquence 1 Étonnants voyageurs ! qui propose en vers, chanson, en approfondissant l’étude de la versifi-
des récits d’aventures et de voyage physiques, on s’interro- cation. On étudiera le lexique des sensations omniprésent
gera ici sur une autre représentation du voyage : le voyage dans ces textes et que l’élève sera amené à réinvestir dans
immobile, intérieur, l’évasion, à partir de la poésie et de la l’atelier écrit. On identifiera au fil des textes les figures
chanson. On découvrira des formes poétiques variées sur de style les plus récurrentes et surtout les effets qu’elles
ce thème des voyages immobiles : poésie en prose, poésie produisent.
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Compétences du programme travaillées dans la séquence
La séquence s’ouvre sur le tableau Le Navire de Dalí et versifié « à la manière de » Trenet. À l’issue de cette étape,
pose d’emblée la tension qui nous occupe : prendre le large un jalon essentiel est posé : le quotidien est source de créa-
est possible, les pieds ancrés au sol. Le statisme n’est donc tion poétique et permet de voyager sans bouger. Le bilan
pas synonyme d’immobilité, postulat prolongé par la cita- amène l’élève à répondre au projet de lecture qui souligne le
tion de Huysmans. pouvoir de dépaysement du langage poétique.
32
Lecture 3 Comment partir à l’aventure grâce Ce repérage peut être l’occasion d’acquérir des connais-
à l’écriture ? > p. 48-49 sances utiles à l’interprétation de l’analyse littéraire, confor-
mément aux attendus de fin de cycle. On peut donc montrer
Vos objectifs
aux élèves que l’on peut repérer des alexandrins, des
Ces deux poèmes en vers libres visent à mettre en évidence
décasyllabes et des octosyllabes (cf. pages 56-57 : La versi-
le désir d’écriture et son pouvoir d’évasion. Il s’agit de mon-
fication). Ces variations procurent des effets de rythme
trer que par les mots, le poète se transporte dans un monde
nouveaux.
qu’il porte en lui et qu’il crée. D’un point de vue formel, on
étudiera les caractéristiques du vers libre qui repose essen- 7 Ce poème est en vers libres : il est composé de vers, un
tiellement sur des jeux sonores, ainsi que sur le travail du retour régulier à la ligne permet de les identifier. Toutefois,
rythme. ils sont de longueur et de rythme variables. Il n’y a pas de
strophes. Les rimes ne sont pas régulières même si l’on
1 « L’écolier » constate que le son [ɑ̃] est récurrent. Il y a donc bien un jeu
Biographie sur les sonorités. Le poème en prose peut aussi être étudié
Une anecdote peut intéresser les élèves : Queneau est un en Lecture 4 avec Baudelaire.
adepte des jeux d’écriture. Il est cofondateur, en 1960, de À l’oral
l’OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle). Il a écrit Cent
L’objectif est ici de solliciter l’élève en tant que « poète », de
mille milliards de poèmes (1961), recueil qui comporte dix
mobiliser son inspiration, d’éveiller sa curiosité, mais aussi
sonnets. Chaque strophe est construite de manière à pou-
de réactiver ses connaissances littéraires. On peut, pour
voir se combiner aux autres, ainsi peut-on reconstituer
aider les élèves, faire avec la classe une liste de tous les
cent mille milliards de poèmes : https://quartierlibre.coop/
types de textes qui leur viennent à l’esprit. Un feuilletage du
videos/8955820/details/
manuel peut aussi nourrir leur imagination !
Corrigés des questions 2 « Tu dis »
1 D’abord, l’écolier s’imagine auteur de genres littéraires
variés (des nouvelles, des romans, des paraboles). Les plu-
Corrigés des questions
riels soulignent son avidité. Il envisage au départ d’écrire à 1 Le champ lexical de la nature est omniprésent : sable,
partir de ce qui est le plus proche de lui, les déterminants mer, forêt, arbres, colline, sentier, sommet, nuage, cumulus.
possessifs le prouvent : mon village, mes parents, mes aïeux, Les éléments naturels cités sont variés, accueillants, frater-
mes aïeules. Puis il sort de la sphère intime pour aller vers nels (« te tendent », « court avec toi », « t’offrent ») et en
l’extérieur, on relève le champ lexical de la nature : les prés, mouvement (verbes d’action aux vers 3, 6 et 9). On peut
les champs, les bestioles. Tout est prétexte à l’écriture, même souligner les personnifications qui rendent la nature très
« les broutilles ». Ensuite, son univers s’étend à l’Asie : Iran, vivante aux vers 3, 6 et 9.
Tibet, Népal. Enfin, il quitte l’univers terrestre et rejoint les 2 C’est une anaphore de « Tu dis », systématiquement sui-
étoiles : Sirius et Algol. vie au vers suivant de l’anaphore de « et déjà » (cf. rubrique
2 Le voyage est imaginé, ce que prouve l’utilisation du « Avec du style ! »).
futur de l’indicatif. Toutefois, ici, le futur simple présente ce 3 Il y a quatre tercets et un quatrain.
voyage à venir comme certain.
4 La dernière strophe est différente dans sa forme, c’est un
3 Ce sont les étoiles Sirius et Algol qui l’intéressent le plus. quatrain, et dans son contenu : elle donne en quelque sorte
Elles ne sont pas accessibles mais probablement d’autant plus la clé du texte en exprimant explicitement le pouvoir créa-
séduisantes et surprenantes : « tellement étonnant » (v. 13). teur de la parole poétique qui fait des mots des êtres vivants
4 L’écriture est ici un moyen d’évasion, un déclencheur de qui « volent et dansent ». La comparaison (v. 16) peut sou-
rêveries et de projets chimériques. Elle permet à l’écolier de ligner que telles les étincelles, les mots sont explosifs et
voyager, de s’éloigner de la réalité à partir de laquelle le imprévisibles, et comme les étincelles, ils éclairent fugitive-
poème commence (cf. question 1). ment une nouvelle réalité.
5 L’écolier sera mélancolique car l’écriture poétique l’aura 5 Le poète montre que les mots ont un pouvoir d’évoca-
emmené très loin du quotidien, à la rencontre de ce qu’il y a tion immédiat (anaphore de « et déjà ») qui donne à voir
de « beaucoup plus intéressant », « de tellement étonnant ». une réalité augmentée. Ils font en effet aller plus loin : du
L’univers de l’école lui semblera alors bien terne. Il n’y est sable à la mer, de la colline à son sommet, du simple nuage
visiblement pas question d’y trouver du plaisir à écrire mais au cumulus. Le quotidien est ainsi transformé et devient le
d’orthographe. champ de tous les possibles. Enfin, il suffit de prononcer les
6 v. 1 : 12 / v. 2 : 8 / v. 3 : 13 / v. 4 : 7 / v. 5 : 12 / v. 6 : 8 / mots pour faire corps avec la réalité qu’ils évoquent (v. 1 à
v. 7 : 12 / v. 8 : 7 / v. 9 : 7 / v. 10 : 8 / v. 11 : 11 / v. 12 : 10 / 12).
v. 13 : 12 / v. 14 : 8 / v. 15 : 13 syllabes. On attend de l’élève, conformément aux attendus de fin de
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cycle, qu’il produise une réponse argumentée en faisant Pour une pédagogie différenciée, le poème 1 sera plus
référence à ce texte, sans exclure qu’il en cite d’autres, issus simple à analyser grâce à sa forme. Quant au poème 3, il
de la séquence et/ou de sa culture personnelle. sera un peu plus complexe car d’une forme innovante tant
6 Un personnage masculin, seul, navigue en pleine mer sur dans sa composition que dans la position des rimes. Il est
un livre qui lui sert de bateau. L’image symbolise le fait que donc possible de créer des groupes de niveaux en îlots par
le lecteur est celui qui voyage car les mots le transportent, exemple, le but étant, à travers ce travail de groupe, de
ici au sens propre comme au sens figuré. permettre aux élèves de découvrir les analyses par les pairs.
Élément(s)
Forme
Texte déclencheur(s) Sens évoqués Jeux de sonorités
du poème
du voyage
2 Poème Les cheveux de la • Vue : « je vois » (l. 1), « J’entrevois • Rimes internes :
en prose femme aimée : ce que un port fourmillant » (l. 9). l. 4-5 : voilures et mâtures.
je vois, ce que je sens, • Ouïe : « chants mélancoliques » l. 9-10 : océan, chants,
ce que j’entends dans (l. 10). fourmillant.
tes cheveux (l. 1-2). • Allitération en [f] :
• Odorat : « l’atmosphère est
Titre : « Un hémisphère l. 7 : atmosphère, parfumée,
parfumée » (l. 7).
dans une chevelure ». fruits, feuilles.
3 Poème La femme aimée et • Vue : « ciels brouillés » (v. 8), • Refrain / Distique répété
versifié ses yeux. « tes traîtres yeux » (v. 11), trois fois : « Là, tout n’est
avec refrain C’est ici une invitation « Les riches plafonds / Les miroirs qu’ordre et beauté,
(distique) à un voyage imaginaire profonds » (v. 21-22), « Vois sur Luxe, calme et volupté ».
fait à deux. ces canaux » (v. 29). • Répétition (anaphore) :
• Odorat : « Les plus rares fleurs / « Aimer à loisir,
Mêlant leurs odeurs / Aux vagues Aimer et mourir » (v. 4-5).
senteurs de l’ambre » (v. 18-20). • Rimes suivies ou embrassées.
• Toucher : « Des meubles luisants / De nombreuses rimes riches :
Polis par les ans » (v. 15-16). sœur/douceur [sœr], mouillés/
• Ouïe : « Tout y parlerait […] brouillés [uiyé], orientale/natale
Sa douce langue natale » (v. 24-26). [tal].
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TOUS ENSEMBLE ration. Elle est la mère de deux enfants, dont le célèbre
auteur-compositeur et interprète, Louis Chedid.
3 Les élèves présenteront leur poème en le lisant puis en
donnant les différentes caractéristiques (forme, élément La boîte
à mots
déclencheur du voyage immobile, les sens évoqués avec des
exemples ainsi que les effets de musicalité). Il est recom- Il s’agit ici des vaisseaux sanguins. Le cœur propulse le sang
mandé que chaque membre du groupe participe et se par- dans le corps (v. 5).
tage la lecture et/ou le compte rendu collectif.
Corrigés des questions
4 Réponses libres.
1
Votre bilan
Champ lexical marche, navigation, se déplaçant,
Les élèves peuvent préférer chacun des poèmes grâce à sa
du voyage exploration, ascension, versants
forme, aux images métaphoriques convoquées pour repré-
du monde, pays, périple, bref parcours,
senter un ailleurs exotique et onirique ou encore grâce aux
voyage
effets de rythme et de musicalité. Le principal sera d’argu-
menter son choix. Champ lexical vaisseaux, cœur, âge en âge, circuit
de la vie du sang, corps, âme, la vie te prêta vie
> Pour aller plus loin :
Il est possible d’écouter la version chantée de « L’invitation On remarque que les deux champs lexicaux sont entremê-
au voyage » par Léo Ferré, ou encore la version intégrale lés, particulièrement aux vers 5, 9 et 10 où les groupes
d’« Un hémisphère dans une chevelure » déclamé par prépositionnels sont compléments d’un nom appartenant
Jean-Louis Barrault de la Comédie-Française, ou la version au champ isotopique du voyage. On le remarque de manière
contemporaine chantée par A. S. Dragon. plus explicite aux vers 22 et 23.
Il peut aussi être envisagé de dessiner le paysage rêvé des 2 Le déterminant indéfini « Aucun » est répété au mascu-
élèves (le leur ou l’un de Baudelaire) et de le réaliser grâce à lin et au féminin. C’est une anaphore. Elle insiste sur le fait
des collages ou des dessins assemblés. On peut également que donner la vie est un voyage inégalable.
concevoir un paysage rêvé collectif où chaque élève appor-
3 Il s’agit de l’accouchement : vers 15 et 16. On remarque
terait un élément de son paysage parfait. Cette œuvre
l’expression surprenante « te prêta vie » qui sous-tend
chorale pourrait alors être accrochée en classe. On peut
l’éphémérité de l’existence. Les vers 17-18 montrent en
aussi leur demander de le réaliser dans leur carnet de
revanche qu’à la naissance, tout est offert : « Les versants du
lecture.
monde / Et les ressources du jour ».
Croisement possible : Renvoi possible vers le travail proposé
4 La présence du pronom personnel de la 2e personne du
sur le vocabulaire des cinq sens dans de la séquence 1
singulier au fil du poème (tes, t’, te, toi, mis en évidence à la
Étonnants voyageurs ! (p. 32) pour aider les élèves à se
fin du poème dans un monosyllabe) montre que la poétesse
rappeler le vocabulaire des sensations.
s’adresse à l’enfant qu’elle a mis au monde. En revanche, le
« je » est absent du poème, comme si elle s’effaçait et
Lecture 5 Comment voyager en soi-même ? voulait avant tout mettre en évidence l’arrivée au monde de
> p. 52-53 l’enfant.
Vos objectifs 5 Le « bref parcours » est une métaphore qui désigne la
Les textes à l’étude proposent une autre facette du voyage, vie, ce que le quatrain final explicite et qui a été auguré dès
celui qu’offrent les étapes marquantes de la vie, sources de le début du poème (cf. le relevé des champs lexicaux de la
création pour le poète. Dans le premier poème, c’est la mise question 1).
au monde d’un enfant qui est vécue comme un événement
6 Le voyage le plus important est l’arrivée au monde de
inégalable et un voyage unique. Dans le second, le mot
son enfant (v. 1 à 5) et son évolution (v. 6). On peut aussi
« évasion » est envisagé dans sa polysémie. Dans les deux
s’attendre à ce que les élèves proposent que le voyage le
cas, il s’agira de mettre en lumière le sens implicite du texte
plus important pour elle est celui de la vie de son enfant,
et sa dimension métaphorique.
ou même la vie en général, ce « voyage très singulier » (v. 21
1 « La vie voyage » à 25).
Biographie À l’oral
Andrée Chedid est une poétesse française d’origine syro- Cette activité, très personnelle, peut aussi être une produc-
libanaise. Elle est aussi essayiste, dramaturge, nouvelliste, tion écrite individuelle. Si les élèves sont prêts à la mener à
romancière et autrice de chansons. La poésie est toutefois l’oral, on leur rappellera de ne rien dire qui puisse trop les
son genre littéraire de prédilection. Elle revendique volon- exposer ou les mettre dans l’embarras.
tiers que sa poésie est ancrée dans la vie et la réalité de
chacun. La condition humaine est sa grande source d’inspi-
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2 « Évasion » DIFFÉRENCIATION
Biographie Quelques pistes pour les élèves en difficulté :
Esther Granek a survécu à la Shoah, suite à son évasion d’un • Texte 1, « La vie voyage »
camp de concentration avec sa famille, en 1941. Elle s’est – On fait écouter deux fois le poème (« texte à écouter »
ensuite cachée jusqu’à la Libération. Elle part vivre en Israël p. 52) et on demande aux élèves, dans leur carnet de lecture,
en 1956 où elle travaille pendant 35 ans comme secrétaire par exemple, d’écrire les mots qui leur viennent à l’esprit ou
comptable à l’ambassade de Belgique à Tel Aviv. Elle obtient de produire un dessin inspiré par ces deux écoutes. On met
la médaille civique pour son travail. Elle meurt à Tel Aviv donc en place des modalités de travail différentes. On peut
le 9 mai 2016. Ces précisions biographiques donnent une même envisager d’envoyer au tableau deux élèves volon-
résonance particulière au texte et éclairent la polysémie du taires, l’un pour dessiner, l’autre pour écrire (on demande
mot « Évasion ». alors au reste de la classe de leur tourner le dos pour ne pas
Avec du style ! être influencé). On demande ensuite aux élèves de justifier
On remarque une autre métaphore, répétée aux vers 5 et 11 : leur dessin ou les mots qu’ils ont listés en faisant référence
« Et en moi sera le désert » et au vers 15 : « Et me ferai au texte. Cette démarche permet des productions variées
désert en moi ». Dans cette dernière, c’est la poétesse qui avec des niveaux de complexité divers. On favorise aussi les
est sujet de la phrase. La dernière strophe comporte une échanges et la construction de pistes de réception à travers
dernière métaphore : « cœur de bois » (v. 14). une première mise en commun. On demande alors quels
sont les points communs de ce texte avec ceux précédem-
Corrigés des questions ment étudiés.
1 Elle souhaite aller face à la mer : « Et je serai face à la – On propose ensuite une relecture orale et partagée du
mer » (v. 1, 7, 13). texte par les élèves. On les amène ainsi à repérer l’anaphore
(question 2). On met en évidence avec eux que cette
2 On peut identifier une anaphore : le vers est répété trois
anaphore est associée au champ lexical du voyage qu’ils ont
fois (v. 1, 7, 13). Elle insiste avec certitude (ce que montre
à relever (question 1).
l’emploi du futur de l’indicatif) sur le fait que son évasion,
que la liberté existeront pour elle. – On leur demande alors quel autre champ lexical on peut
identifier et relever (suite de la question 1). Ainsi le proces-
3 Le champ lexical de la violence (battre, giflant, cinglant,
sus est-il plus progressif.
usant, frappant, déchaînée, tourmenté) donne l’image d’une
– On poursuit ensuite avec le questionnement proposé.
mer agressive qui porte atteinte au paysage : « battre les
rochers » (v. 8). On remarque aussi une gradation de la • Texte 2, « Évasion »
violence : « Giflant. Cinglant. » (v. 9). Le paysage est agité et – Manuel fermé, on procède à une première écoute du texte
tourmenté. (sans prendre de notes), puis à une deuxième, en notant
4 La dernière strophe dégage une atmosphère de calme dans le carnet de lecture les premières impressions, des
voire d’absence de vie ; cet effet est produit par les méta- mots-clés ou des mots qui ont marqué (cf. « Comment
phores des vers 14 et 15. Le personnage semble insensible, développer l’écoute active d’un document audio > p. 271).
inanimé, une « statue de chair » vidé de ses émotions : Le mot « mer » devrait être mis en évidence, l’idée de vio-
« cœur de bois » par opposition au paysage très vivant lence aussi. Celle du voyage également.
auquel il fait face. – On ouvre ensuite le manuel et on observe l’illustration
5 Ce voyage est intérieur mais espéré, et même envisagé (p. 53). On demande aux élèves de confronter le texte et
avec certitude, ce qu’indique l’emploi du futur simple de l’image : auraient-ils choisi ou non ce document iconogra-
l’indicatif (> p. 56 « Pour vous aider à lire et écrire »). phique ? Pourquoi ? Quelle autre image auraient-ils
choisie ? Pourquoi ? On leur demande systématiquement
6 Le mot « évasion » est polysémique (cf. « La boîte à
de justifier leur propos en citant le texte, ce qui en permet
mots » p. 52). Au sens propre, il désigne l’action de s’échap-
une lecture progressive et de plus en plus approfondie,
per d’un endroit où l’on est tenu captif. Au sens figuré, il
motivée et personnelle.
signifie le fait de se distraire par la pensée. Le titre du poème
renvoie à ces deux acceptions. On peut en effet émettre À l’écrit
l’hypothèse que la poétesse s’évade par la pensée et s’ima- À ce stade de la séquence, l’élève est conduit à développer
gine face à la mer alors qu’elle est tenue captive dans un sa réponse, à la structurer, et à s’inspirer des lectures menées.
camp de concentration ou pendant qu’elle est cachée de Il s’agit bien, comme les compétences du socle l’indiquent,
1943 à la Libération par son oncle et sa tante, puis par une de « passer du recours intuitif à l’argumentation à un usage
famille bruxelloise, suite à son évasion de ce camp. plus maîtrisé », et il est comme toujours possible de diffé-
rencier les attentes, selon le niveau des élèves.
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Exemple de corrigé Le lieu qui me procure le plus grand sen- troisième personne du singulier (sujet : mer).
timent d’évasion est mon grenier parce qu’il est immense, Extrait 3 : « avoir » (auxiliaire) au futur de l’indicatif et à la
chaleureux et que tous les souvenirs de ma famille s’y première personne du singulier (« j’ »).
entassent. De plus, il est sous les toits, ce qui me permet de 2 Les terminaisons du futur simple de l’indicatif sont les
contempler mon jardin et mon cerisier. Dans mon grenier, mêmes pour tous les verbes : ai, as, a, ons, ez, ont (> p. 334).
j’aime être seule, je me sens apaisée, loin de l’agitation et du 3 Le futur de l’indicatif est utilisé dans ces phrases car les
bruit. Je peux alors lire, réfléchir et m’évader par la pensée, actions sont envisagées comme certaines et ne se sont pas
imaginer des voyages lointains, sans bouger. encore déroulées.
Votre bilan
Je m’entraîne
Certains moments forts, d’une existence, heureux ou dou-
loureux, marquent profondément l’individu. Ils sont une 4 a. lirai − b. étincelleront − c. jouera − d. verras / aimeras −
aventure à part entière dont s’inspirent ici les poétesses e. écrirons − f. boira − g. voyagerez.
pour les mettre en vers. La poésie devient alors lyrique J’écris
(cf. Orphée, p. 43) : la musicalité et le rythme y tiennent une
5 Testé en classe : Nous vous proposons ici un travail
place essentielle, tout comme l’expression des sentiments
d’élève comme exemple de corrigé : Demain, je plongerai
intimes. Ce dernier point annonce le programme de 4e.
dans le tableau de Vincent Van Gogh. Je sentirai l’herbe
fraîche sous mes pieds nus et marcherai à l’ombre des
À vos marque-pages ! > p. 54-55 arbres. Ma petite sœur m’accompagnera. Nous rencontre-
La thématique de la poésie peut être portée par des temps rons les deux personnes qui se promènent aussi. Elles nous
forts institutionnels. Chaque année vers le mois de mars a salueront et l’homme lèvera son chapeau. Nous entendrons
lieu le Printemps des poètes. C’est une manifestation natio- le chant des oiseaux dans les branches.
nale et internationale qui a pour vocation de sensibiliser à la La versification
poésie sous toutes ses formes. Le Printemps des poètes est
Je m’entraîne
soutenu par le ministère de la Culture, le Centre national
du livre, le ministère chargé de l’Éducation nationale et de 1 Extrait 1 : De/lin/ge/s o/do/rant/s et/ jau/nes, /de/chi/
la Jeunesse. L’association Printemps des poètes coordonne ffons/ > 12 pieds = alexandrin (attention aux liaisons).
cette manifestation nationale. De nombreuses ressources Extrait 2 : La/nuit/, le/bleu/, le/ blanc/, le/noir/ > 8 pieds =
sont ainsi disponibles aux enseignants, et leurs actions octosyllabes (attention aux lettres muettes).
peuvent être recensées. Voir le site : https://www.prin- J’e/xer/ce/rai/ mon/ doux/ sa/voir/
tempsdespoetes.com/Le-Printemps-des-Poetes Extrait 3 : Nou/s a/vons/ ren/con/tré /
un/ grand/ che/min/ de/ fer/ > 6 pieds = hexasyllabes
Pour vous aider à lire et écrire > p. 56-57 2 Extrait 1 : rimes embrassées (joyeux/cordages/nuages/
radieux).
Grammaire et conjugaison Extrait 2 : rimes plates ou suivies (s’avance/cadence/
coursier/cavalier)
Le futur de l’indicatif et ses valeurs
Extrait 3 : rimes croisées (estampes/appétit/lampes/petit)
J’observe
Je lis
• Je mettrai l’orthographe mélancoliquement.
3 Extrait 1 : allitération en [f] et en [v]
Raymond Queneau, « L’écolier » dans Battre la campagne,
« Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Gallimard, 1968.
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ; »
• Et je serai face à la mer Extrait 2 : assonance en [e] et en [u]
qui viendra battre les rochers. « Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou »
Esther Granek, « Évasion » dans De la pensée aux mots, (1997), Extrait 3 : allitération en [t] et en [u]
FeniXX réédition numérique, 2016. « à pied tout autour de la terre »
• Première bruine – Extrait 4 : allitération en [r]
j’aurai pour nom « Un bruit sourd frappe les sourds échos »
« le voyageur »
Matsuo Basho, Haïku. Anthologie du poème court japonais, traduit Atelier écrit Voyager avec les haïkus > p. 58-59
du japonais par Corinne Atlan et Zéno Bianu, Gallimard, 2002.
Cet atelier peut être mis en place à n’importe quel moment
1 Extrait 1 : « mettre » (3e groupe) au futur de l’indicatif de la séquence car il permet de découvrir une autre forme de
avec le pronom personnel « je ». poème. Grâce aux Coups de pouce, les élèves peuvent le
Extrait 2 : « être » (auxiliaire) au futur de l’indicatif à la commencer ou le poursuivre à la maison avec l’aide du
première personne du singulier et « venir » (3e groupe) à la manuel.
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L’élève peut se référer au vocabulaire des sens vu en et un avis devant une œuvre » est un attendu de fin de cycle.
séquence 1 Étonnants voyageurs ! (p. 32). Il peut aussi s’aider La chanson de Barbara peut provoquer la rêverie, l’apaise-
du vocabulaire des sentiments de la séquence 5 La Famille ment, la mélancolie, celle de Jeanne Moreau, la gaieté,
dans tous ses états (p. 113). l’envie de danser. Une question complémentaire peut aider :
Cet atelier peut prendre entre 1 et 2 séances, du brouillon à quelles images vous viennent à l’esprit à l’écoute de ces
la réalisation finale. chansons ?
Testé en classe : 2 Dans la première chanson, il n’y a qu’un instrument : le
Cet atelier écrit est également possible à réaliser en groupes piano, qui donne à cette musique un caractère calme, tran-
pour les élèves les plus fragiles. Déjà testé en classe : il est quille. Dans la seconde chanson, on peut entendre de la
également possible de « plonger » les élèves dans une flûte traversière, de la guitare, des maracas, et un vibraphone
atmosphère japonisante et relaxante avec de la musique (au début), qui apportent à la chanson son caractère dan-
d’ambiance zen. On peut aussi proposer aux élèves des pho- sant, enjoué et léger. Pour les effets produits par l’utilisation
tographies de paysages, d’animaux comme support pour les de ces instruments, on peut proposer aux élèves de recourir
aider à visualiser une scène. aux connaissances acquises en éducation musicale. Ils y
Compétences travaillées : sont amenés à déterminer le « caractère » d’une chanson :
tranquille, dansant, rythmé, serein, harmonieux, rêveur,
– Communiquer par écrit et sur supports variés (papier,
amusant, mélancolique, contrasté… On pourra rappeler
numérique) un sentiment […] en respectant les princi-
qu’ici Barbara est interprète et que les paroles et la musique
pales normes de la langue écrite.
sont de Raymond Lévesque, qui est aussi poète.
– Adopter des stratégies et des procédures d’écriture effi-
caces. 3 Dans la 1re chanson, le tempo est lent (lento), dans la 2e,
– Pratiquer l’écriture d’invention (prendre en compte le il est rapide (allegro).
destinataire, les visées du texte, les caractéristiques de 4 Dans « Ah les voyages ! », les voyages sont un remède
son genre, du support d’écriture (de la préparation à la aux peines (v. 4). Ils permettent de réfléchir à la vie (v. 9), de
relecture ultime), savoir trouver des idées ou des élé- découvrir la beauté (v. 3), de nouveaux horizons (v. 11-12),
ments du texte à produire, organiser son texte (en fonc- de « voir autrement » (v. 13). Ils font comprendre que « La
tion du genre du texte et de son support), respecter les vie vaut bien le coup, malgré tout » (v. 15). Ils font mûrir
normes linguistiques, se relire (vérifications, améliora- (v. 22) et rendent heureux : « nous ouvrent au bonheur »
tions, pendant et après l’écriture). (v. 22). Au retour, le voyageur voit autrement ce qui l’en-
– Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole. toure, son regard a évolué (v. 26) et il a relativisé ses pro-
Testé en classe : exemple de corrigé (copie d’élève) blèmes (v. 27). Les voyages permettent de passer à autre
Le bruit du vent chose : « tournent une page » (v. 28). Dans « Les Voyages »,
Un chat qui passe le but est le plaisir (v. 1), d’« échapper aux souvenirs » (v. 3)
Il me regarde. et de « passer le temps » (v. 7). Les voyages sont ici syno-
nymes de « hasard et dépaysement » (v. 8). Ils permettent
Le goûter
de découvrir des univers différents (v. 23-24).
Le goût du chocolat
La pluie tombe. 5 Dans les deux cas, la vision des voyages est positive. Ils
permettent d’oublier les peines (texte 1, v. 4) et les souve-
Le voyage scolaire
nirs douloureux, désignés par une métaphore dans le texte 2
Sandwichs dans le bus
(v. 4). Ils sont l’occasion de découvrir des paysages enchan-
Miettes pour les oiseaux.
teurs (anaphore de « Que c’est beau les voyages » texte 1,
Il est également possible de prolonger cette séquence par v. 3 et 10) et exotiques (texte 2, v. 10, par exemple). Ils favo-
un affichage au CDI d’un arbre à haïkus réalisés par les élèves risent la prise de recul (texte 1, v. 26 à 28) et l’insouciance,
lors de l’atelier écrit. ce que souligne l’anaphore du texte 2 (v. 27 à 30).
La différence se situe avant tout dans l’atmosphère créée
Histoire des arts Voyages en chansons
par la mélodie adoptée, mélancolique, rêveuse et empreinte
> p. 60-61
de gravité chez Barbara, dansante, rythmée et enjouée chez
Il s’agit ici de se consacrer à la réception et à la comparaison J. Moreau. On peut aussi noter que chez Barbara, le message
de deux chansons sur le thème des voyages, tout en s’inter- est universel : elle utilise le « on » et le « nous » et transmet
rogeant sur leurs spécificités formelles (instruments, tempo, un conseil aux « jeunes gens » (v. 16 à 20). J. Moreau, quant
mélodie). L’élève sera aussi amené à établir des liens avec à elle, écrit à la 1re personne du singulier.
d’autres productions artistiques.
6 Ces chansons permettent de s’évader sans bouger grâce
Écouter et analyser des chansons à la musique, dont c’est l’un des bienfaits. Le texte de
1 « Développer le vocabulaire des émotions, de la sensibi- R. Lévesque donne à imaginer les voyages, plus qu’il ne les
lité » est une compétence du socle ; « Exprimer un ressenti décrit, ce qui rend l’auditeur d’autant plus actif et curieux.
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En revanche, J. Moreau peint un univers exotique de « Sables Faisons le bilan > p. 62
dorés et coquillages » (v. 10), verdoyant, coloré, fleuri,
Cette page propose de revenir sur les notions étudiées lors
parfumé, gourmand (v. 11 à 20).
de la séquence 2. Elle met en lumière les objectifs atteints.
Exprimer son ressenti Le lien entre poésie et chanson est rappelé grâce à la musi-
1 Les élèves ont ici été aidés par les recherches qui pré- calité des deux genres. En effet, le rythme (anaphore, ponc-
cèdent. On peut donc leur demander de justifier leur tuation) mais aussi les jeux de sonorités (allitérations, asso-
réponse, d’argumenter. nances, rimes internes ou en fin de vers) prouvent les
2 On met en évidence que la réception d’une œuvre est ressemblances entre les deux. Le professeur pourra accen-
progressive, fruit d’un cheminement et d’un travail de tuer certaines notions comme les différentes longueurs de
construction. Il s’agit bien de « Se forger une culture vivante vers et leurs noms. Le type de rimes (leur position) dans les
et organisée », compétence du socle, et de comprendre strophes permet aux élèves d’acquérir des outils d’analyse
qu’un premier jugement peut évoluer. qui leur serviront toute leur scolarité et qui fait écho avec la
3 On encourage les élèves à préciser leur point de vue en compétence « Construire les notions permettant l’analyse
utilisant les connaissances et le vocabulaire acquis lors du et la production de textes et de discours ».
questionnement, en favorisant la confrontation de points Revenir sur les formes poétiques étudiées en les identifiant
de vue différents. et en les reliant aux textes parcourus lors de cette séquence
permet une assimilation des notions.
4 On peut ici amener les élèves à un feuilletage de la
séquence qui leur permettra de formuler clairement Le deuxième encadré rappelle le thème original de l’entrée :
quelle(s) vision(s) du voyage les textes étudiés leur ont per- « Le voyage et l’aventure : pourquoi aller vers l’inconnu ? »
mis de découvrir. Cette démarche permet aussi de faire le Le voyage est ici immobile et l’inconnu se trouve dans l’ima-
point sur les connaissances avant l’auto-évaluation. ginaire. La création de ces univers fantaisistes fait appel à
Ces chansons peuvent évoquer « En sortant de l’école » de des procédés stylistiques étudiés lors de cette séquence : la
Prévert dans la mesure où d’autres mondes sont aussi personnification et la métaphore. Il est proposé à l’élève de
imaginés. Le rapprochement avec les textes de Queneau et revenir sur l’image qui l’a le plus marqué. Il s’agit bien sûr
Schneider est également pertinent : l’aventure a bien lieu d’une image poétique et non d’une iconographie.
à travers l’écriture dans tous les cas. « Les Voyages » de Le monde des sensations (également étudié dans la
J. Moreau font appel aux cinq sens (comme dans la Lecture 1 séquence 1) fait un rappel sur les cinq sens qu’évoquent les
avec « Le buffet »), mais aussi à l’exotisme qui rappelle à poètes pour que le lecteur puise dans la force des mots leurs
coup sûr la poésie baudelairienne. Enfin, le voyage est ici pouvoirs imaginatifs.
vécu comme une étape essentielle de la vie, ce qui peut faire Enfin, une liste des différentes fonctions de la poésie est
écho aux textes d’A. Chedid et E. Granek qui mobilisent des proposée : s’évader du quotidien grâce la poésie, transfor-
moments intimes fondateurs. mer son monde en un endroit magique par le pouvoir des
mots, pouvoir redéfinir les limites du monde inventé qui est
À votre tour maintenant !
au-dessus de la réalité (surréalisme), mais aussi parler des
Il s’agit ici, conformément aux programmes, d’« établir ainsi
moments de la vie autrement, à travers des images méta-
des liens et distinctions entre des œuvres diverses ». Les
phoriques fortes.
élèves peuvent aussi illustrer, seuls ou en groupes, l’une des
Deux exercices interactifs (genially) permettent aux élèves
chansons, à travers un collage, par exemple. On peut aussi
de faire le bilan de la séquence en autonomie, et de façon
leur demander si Bateaux dans le port de Collioure d’André
ludique :
Derain pourrait illustrer l’une des chansons et pourquoi.
– Un premier genially pose des questions sur les poètes et
Cette peinture fauve, qui met en scène un paysage maritime,
les poèmes de la séquence.
évoque le voyage avec ses grands voiliers et se caractérise
– Un second genially, au format « escape game », intitulé
par la flamboyance des couleurs utilisées. En prolongement,
« Le Mystère Baudelaire », permet à l’élève d’accomplir plu-
on peut proposer Fenêtre ouverte, Collioure (1905) de Matisse,
sieurs missions en réinvestissant les connaissances acquises
autre Fauve, au même endroit, la même année !
au cours de la séquence (objectifs annoncés en début de
Bonus séquence).
• « Le buffet » de Rimbaud interprété par Léo Ferré. Comme évoqué plus haut, une action lors du Printemps des
• Une autre interprétation de « En sortant de l’école » poètes est possible.
de J. Prévert par Les Frères Jacques.
• Toujours sur le thème du voyage : « Ulysse » de Ridan
(la chanson reprend « Heureux qui comme Ulysse »
de J. du Bellay, Les Regrets, 1558).
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Auto-évaluation > p. 63 3 Le poète imagine les échappées estivales et vespérales
qu’il fera prochainement. Il utilise des verbes de déplace-
« Sensation » ment : « j’irai », « j’irai loin ».
Ce poème très court est abordable à l’analyse de l’élève, il Lors de la correction en classe on peut demander un relevé
lui permet de lire un poème dont il a déjà rencontré l’auteur systématique des verbes au futur. Un travail de récriture
au cours de la séquence (Lecture 1, « Le buffet »). L’élève pour manipuler le futur de l’indicatif est possible grâce à la
doit prendre en compte le tableau des critères de réussite. consigne suivante, par exemple : Récrivez le texte en rem-
En effet, les critères de réussite reprennent sous une formu- plaçant la première personne du singulier « Je » par la pre-
lation plus proche de l’élève les compétences suivantes du mière personne du pluriel « Nous ». Cela les prépare à un
cycle 4 : « Maîtriser le fonctionnement du verbe et son des exercices d’une des épreuves du DNB de Français.
orthographe » en mettant en évidence la valeur aspectuelle
4 Ces verbes sont conjugués au futur de l’indicatif.
du futur pour cet extrait, « Élaborer une interprétation des
textes littéraires » en répondant aux deux premières ques- 5 Ce poème est composé de deux quatrains (strophes de
tions. 4 vers) d’alexandrins (vers de 12 syllabes) dont les rimes
On peut conseiller aux élèves d’écouter à plusieurs reprises sont croisées (ABAB).
le texte audio. On peut remarquer, en prolongement, la règle du e muet en
fin de vers. Par exemple, au vers 2 : « l’herbe menue » se
Corrigés des questions
prononce, tandis que le e de « menue » ne se prononce pas
1 Arthur Rimbaud souhaite aller dans la nature, le soir : car il est en fin de vers (comme aux vers 4 « nue », vers 6
« soirs bleus », « j’irai dans les sentiers » (v. 1), « les blés », « âme », vers 8 « femme »).
« l’herbe menue » (v. 2). Le lieu n’est pas précisé, il importe
peu car c’est l’évasion qui compte. N’oublions pas que DIFFÉRENCIATION
Rimbaud était un vrai fugueur. Le pluriel « les sentiers » On peut proposer une question supplémentaire consistant à
avec l’article défini met en exergue la soif d’aventure du expliquer le choix du titre en justifiant par le texte. L’élève
poète. peut aussi proposer un autre titre en argumentant son
2 Cette escapade provoquera sa rêverie (« rêveur », v. 3), choix.
il sera paisible « je ne penserai rien » (v. 5) mais il Une activité orale peut être envisagée par la mémorisation
ressentira aussi un « amour infini » (v. 6). Il se sentira de ce poème assez court pour une mise en voix expressive
« heureux » (v. 8). Ce ne sont que des sentiments positifs. en classe qui répond aux attentes du socle.
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