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Reviewed Work(s): La tortue et la lyre. Dans l'atelier du mythe antique by John Scheid and
Jesper Svenbro
Review by: Corinne Bonnet
Source: Pallas, No. 97 (2015), pp. 233-236
Published by: Presses Universitaires du Midi
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43606256
Accessed: 03-07-2023 13:06 +00:00
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PALLAS, 97, 2014, pp. 233-247
Notes de lectures
John Scheid et Jesper Svenbro, La tortue et la lyre . Dans l'atelier du mythe antique ,
Paris, CNRS Éditions, 2014, 229 pages.
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234 Notes de lectures
On le constate pour Œdipe comme pour Philoctète : les noms engagent souvent des
« objets » ; comme l'arc ou le pied. Se raccrochant à la pensée jadis novatrice de Louis Gernet,
J. Scheid et J. Svenbro mettent en avant le rôle des objets au sein des mythes ; au début serait
l'objet, bien davantage que le récit. C'est l'objet, en effet, qui mettrait en branle l'imagination,
qui susciterait l'exégèse, donc la narration. Ainsi en va-t-il pour le mythe de fondation de
Carthage qui trouve son origine dans la bursa , cette peau de vache découpée en lanières pour
concéder aux nouveaux arrivants une portion de territoire. L'objet, par sa symbolique, par les
relations qu'il détermine, par les traces qu'il a laissées dans la toponymie locale, traduit, dans le
récit qui se déploie à son sujet, la complexité des situations coloniales et des métissages culturels.
Situé à l'origine et au cœur d'une concaténation de notions ou de catégories, l'objet, comme le
nom, organise le récit mythique comme un discours relationnel qui engage les hommes et les
choses, le temps et l'espace, le passé et le présent.
On n'entrera pas ici dans le détail des six dossiers traités par les auteurs afin de montrer
concrètement, depuis son atelier, comment le mythe fonctionne. La plupart de ces cas ont fait
l'objet de leur part de publications antérieures, ici reprises dans une perspective herméneutique
revivifiée, dans le sens que nous venons de préciser. En cela, l'assemblage est non seulement
judicieux, mais éclairant. Le chapitre 1 rouvre ainsi le dossier des fondations de cités, en particulier
celui de Carthage, avec la ruse de la bursa , et celui d'Alexandrie, avec l'intervention d'oiseaux
effaçant le sillon initial. Les exégèses proposées, tout en finesse, font ressortir deux éléments
importants. Le premier est la fécondité d'une approche au plus près des mots et de leur spectre
sémantique, philologiquement, donc culturellement déterminé. Le second est l'indispensable
recours à la comparaison : comme l'a bien montré Marcel Detienne dans Tracés de fondation
(1990), les récits de fondation mis en série montrent à la fois des parentés conceptuelles et des
variations riches de sens. Comparer Carthage, Rome, Athènes, Thèbes et Alexandrie permet
de voir à l'œuvre des acteurs, des actions, des objets tantôt semblables, tantôt différents, qui
préfigurent le destin, l'identité, le rôle, la valeur de ces cités. Ainsi, les oiseaux mangeant la
farine qui avait servi à délimiter Alexandrie disent-ils sa destinée de centre nourricier et de ville
ouverte, sans limites.
Le chapitre 2 traite des tissus mythiques, qui agencent les différentes composantes de la cité
et parlent de son aspiration à l'unité dans la diversité : péplos d'Héra, manteau de Sosylon, ex-
voto d'Horace (qui recourt à une métaphore de l'amour comme navigation périlleuse)... tous ces
exemples illustrent la richesse des métaphores vestimentaires, du tissage des mots dans le texte
à l'entrelacement érotique ou à la toile d'araignée du mariage. Par delà la métaphore, qui peut
rester une trouvaille personnelle du poète, l'activité de la tisserande permet de penser, à plusieurs
niveaux, dans le savoir partagé qu'est le mythe, le tissu relationnel d'une communauté, sa force
et ses faiblesses. Le chapitre 3 s'intitule « Étude de botanique. Jacinthe, Crocus et Sidè » et
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Notes de lectures 235
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236 Notes de lectures
Les contre-enquêtes sont dans l'air du temps, et l'auteur de ce livre publié quelques mo
avant celui de Kamel Daoud [Meursault. Contre-enquête) aurait aussi bien pu lui donner po
titre « Socrate. La contre-enquête ». Non que la dimension « événement » du personna
1 Voir, par exemple, le compte rendu de Michael Houseman au livre de J.-L. Siran, L'illusion mythique
Paris, 1998, dans le Journal des Africanistes 11 (2002), p. 276-278.
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