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Gaëlle Sallansonnet BA4

Question de méthode : période contemporaine jeudi 10-12


Enseignant : Louis Deltour Automne 2023

Fiche de lecture

FRY, Roger, « Le développement de Cézanne », L’amour de l’art, n°7, 1926, pp.389-


418

Texte paru en 1926 dans la revue française « L’amour de l’art », écrit par Roger Fry
(1866-1923), un peintre et critique d’art anglais.
Auteur : Commence une carrière de peintre (ce qui se retranscrit dans le texte par
l’emploi d’un vocabulaire technique), avant de devenir critique d’art. Il écrit une
monographie sur Cézanne en 1927 (un an après ce texte).
Résumé (qu’est-ce qui est dit ?) : Biographie de Paul Cézanne (1839-1906). Le début
du texte aborde la jeunesse de Paul Cézanne, avant de discuter du contact de ce dernier
avec certains artistes Impressionnistes (tel que Pissaro). Il finit par aborder une période
qu’on pourrait qualifier de « plus mature », lien fait avec l’utilisation de l’aquarelle dans
ses œuvres. Au cours du texte, divers genres sont abordés (distinctement les uns des
autres).
Méthode (comment cela est-il dit ?) : Texte critique de la carrière de Paul Cézanne,
écrit à la première personne. Perspective évolutive et chronologique prise par Roger Fry
(l’artiste cherche à « se trouver », et finit par le faire, si on caricature : carrière qui va du
pire au mieux). Vision subjective de l’auteur qui base son analyse sur ses impressions
face au tableau. Comparaison constante des œuvres de Cézanne avec d’autres artistes
(contemporains ou non). On peut noter que l’artiste ne fait aucune référence à d’autres
sources (aucune note de bas de pages).
But : Roger Fry cherche, avec ce texte, à distinguer, les œuvres de qualité/belles des
œuvres médiocres dans la production artistique de Paul Cézanne.

Thèse : Le génie de Cézanne réside dans sa capacité à exprimer sa sensibilité dans ses
œuvres.
Idées principales : argumentation chronologique à la vie de l’artiste
Période de jeunesse où l’artiste cherche à faire des « tableaux de musée »1, Cézanne
cherche une reconnaissance académique, sans succès. Comparaison avec d’autres
artistes par Roger Fry, tel que Manet (p.391-392), Delacroix (p.393), El Greco (p.393),
Michel-Ange, et d’autres. Il tente ici de montrer l’échec de Cézanne à entrer en
émulation avec ces derniers par manque de talent, ce qui pousse l’auteur à qualifier cette
période de « contraire à son génie ». Œuvres notables : « Le Festin », « Le Lazare » et
« l’Autopsie »
Par la suite, Cézanne travaille au côté de l’artiste impressionniste Pissaro, qui le forme.
Cet apprentissage ne permet pas, selon Roger Fry, à Cézanne de s’exprimer librement
sur la toile car trop tourné vers la représentation d’une nature extérieure et non vers sa
1
FRY, Roger, « Le développement de Cézanne », L’amour de l’art, n°7, 1926 p.397
sensibilité (interne). « Il le détournait de la vision intérieure et lui montrait le pays
inconnu de la vision extérieure »2. Roger Fry note tout de même que cet apprentissage
est le seul que Cézanne reçoit, et influence sa pratique artistique future.
La nature morte comme genre dans lequel Cézanne développe son génie. Il trouve dans
le genre de la nature morte une adéquation entre la matière d’une œuvre (composition
équilibrée, couleurs adéquates) et son idée (innovation dans la représentation de la
nature morte chez Cézanne qualifiée par Roger Fry de « drames épurés de toute
péripétie dramatique »3). Cet élément confère à Cézanne un statut unique dans l’histoire
de l’art car très peu y arrive (« Ce n’est pas une réussite commune que l’adaptation
parfaite de la matière d’un tableau à l’idée »4). Œuvres notables : « Le Compotier »,
« Nature morte a », « Nature morte b » et « Nature morte c ».
Le génie de Cézanne se mesure aussi dans sa capacité à créer des œuvres vraisemblables
sans référence établie « à la vie actuelle »5. Roger Fry note cela au sujet d’un portait de
son épouse (Portrait de Mme Cézanne). Il y voit une adéquation entre imagination et
nature, qui consiste en une forme d’innovation dans le champ de l’histoire de l’art de
l’époque. A cette même époque (dans les années 1890-1900), Cézanne est influencé par
l’aquarelle, qu’il incorpore dans ses œuvres. Œuvres notables : « Paysage de
Provence », « Portrait de Mme Cézanne », « Portrait de Gustave Geffroy », « Joueurs de
Cartes » (version conservée au Musée d’Orsay).
Le texte de Roger Fry finit par une analyse d’un thème non pas récurrent dans l’œuvre
de Cézanne mais présent à plusieurs reprises ; les baigneuses. Ce thème est repris pas
Cézanne à la fin de sa carrière, comme un retour au « romantisme de ses débuts »6.
Roger Fry n’y note pas d’expression particulière de ce qu’il qualifie de génie de
Cézanne, soit l’expression de sa sensibilité par sa capacité à former une adéquation de la
couleur, de la matière et de l’imagination dans ses œuvres. Œuvres notables : « Figure »,
« Les Baigneuse (a) », « Les Baigneuses (b) ».

Critique : Texte intéressant dans la manière dont il compare l’artiste (Cézanne) avec la
production artistique passée. On saisit bien l’idée que tout artiste évolue dans un
contexte historique de la production artistique (même s’il ne s’y attarde que peu). Angle
d’analyse en tant que peintre intéressant (analyse très matérielle des œuvres).
A lire avec un esprit critique, l’auteur fait divers jugements de valeurs. Vision évolutive
et un peu réductrice de la carrière de Cézanne.
On note certaines incohérences dans la datation des œuvres (notamment « Deux
hommes », « l’Avocat », « L’autoportrait (p.395) »). Cela est-il lié aux faits que
Cézanne ne date pas systématiquement ses œuvres et/ou l’impossibilité de dater
précisément grâce aux divers outils de datation apparus seulement au XXème siècle ?

2
FRY, p.399
3
FRY, p.402
4
FRY, p.402
5
FRY, p.408
6
FRY, p.417

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