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Julien COLEOU
M a ître de Conférences
mécanisation
à l'Institut National
Agronomiquede Paris
de l'éle-vage
L'équipement mécanique n'a pénétré I . POSSIBILITÉ DE PROGRÈS Mêmeaux Etats-Unis, Ies spécialistes
que timidement et très récemment dans PARLA MÉCANlSATlON reconnaissentque leséleveurs ontmis
l'organisation de l'élevage. MAIS LENTE PÉNÉTRATION longtemps à organiser leurs exploitations
pourparvenir à uneamélioration de
Cependant,nous vivons actuellement l'efficience du travail : alors quede la
une période durant laquelle les construc- Ean él'evage comme aillceurs, équipe- période1910-14 à la période 1950-53,
teurs demachinisme agricoles'intéres- le nombre d'heures de travail nécessaire
sent très vivement à ce secteur longtemps ment mécanique et organisation ra- annuellement par unité de surface allait
négligé7 sans doute parce que peu récep- tionnlelle améliorent la productivité passer pour le blé de l'indice 100 à l'in-
.tif. Est-ce seulement la contagionde du travail. dice29, pour le maïs del'indice 100 à
<< l'esprit mécanicien D, dugoûtaccusé
Le tableau I établi par. Van Arsdall, I'indice 37, le progrèsdemeurait beau-
pourla mécaniqueanimant les jeunes coup plus faible pour la production lai-
générations d'agriculteurs, est-ce le com- à l'université de l'IIIinois en 1961, mon- tière où l'indice par unité produite pas-
pIexe de l'éleveursous-développé et en- tre l'amplitude de variation de l'effectif sait seulement, durant la même période
chaîné aux tâches manuelles fastidieuses d'animauxquepeutconduire un seul
et quotidiennesdans la conduitede ses hommedans diversesspécuIationsani- de 100 à 85,6.S'il fallait consacrer, en
moyenne, surlapériode 1910-14, 146
animaux,face à l'agriculteur libéré par males selon le degréd'équipement et
heures de travail annuellement à une va-
la machine, qui représentent les éléments d'organisationdel'élevage.Les chiffres
che aux U.S.A. les besoinsse situaient
moteurs favorables à une large pénétra- cités correspondent à desmoyennesen- encore à 125 heures, quarante ansplus
tion du machinisme dans leséIevages ? registrées dans. lesunitésd'élevagedu tard.
Corn Belt ; la dernière colonne, qui don-
Lamécanisation des productions ani- ne les potentialités actuelles, tient compte La figure 1, établie par Van Arsdall,
males a fait de grands progrès au cours du recoursaux équipementsdisponibles sur la basedesdonnéesaccumulées par
de la dernière décennie et des perspec- surlemarché, au'moment où l'auteur le service de RecherchesAgronomiques
tives considérables s'offrent dans 'ce do- conduisait cette étude, entre les mains duministèreaméricain de l'Agriculture
maine. Mais l'adaptation de l'équipe- d'un personnel à qualification technique sur l'évolution de la production et de
ment mécanique à l'organisation des ate- élevée, mais non exceptionnelle. Les l'efficience de l'agriculture aux U.S.A.
liers de.productions animalesposedes estimations ne comportent pas le temps de 1910 à 1955, illustre bienégalement
probIèmestr$s sérieux qu'q faut savoir nécessaire pour la récolte. proprement quemême chezles animaux à viande,
appréhender et résoudre avec l e maxi- dite des fourrages. L'emploi dutemps pour lesquelslespossibilitésd'organisa-
mum d'objectivité et d'esprit critique. normal d'un travailleur dans cette étude tion sont plus étendues, le progrès enre-
Sinon, la figvre qui s'est emparée depuis correspond à une activité de 2 496 heu- gistré en 45 ans demeure très faible par
quelquetemps des
éleveurs depointe res par an, soit environ 48 heures par comparaison avec celui observédans le
devant les possibilités offertes par la mé- semaine. domaine des productions végétales en
~ canisation du conditionnement,de la Certains chiffres sont évidemmentre- amont : foin et fourrage d'une part, et
conservation et de la distribution des ali- lativement impressionnants et nous som- surtout grainsdestinés à l'alimentation
ments au même titre que par un traite- mes peu habitués, à l'échelle méditerra- animale.
ment plus rationne1 des Iitières et déjec- néenne, à voir ou à imaginer des effectifs
tions, risquerait de consumer l'énergie de aussi importantsconduits parun seul
ces novateurs et de freiner au total la homme notamment dans certaines spécu-
croissance et le développement harmo- lations. Une opération fastidieuse, mécani-
nieux des élevages modernes organisés et sée relativement tôt : la traite des
dece secteur de l'industrie intéressée à
son équipement ; tant il est vrai que tou- Faible progrès de la productivité du femelles laitières.
tesles erreurs d'adaptationd'unfacteur travail en élevage jusqu'à une épo-
deprogrès en agriculture portent tou- Pendant très longtemps, la machine à
jours préjudice et ralentissent la vitesse qu,e récente. traire a été pratiquement le seul instru-
de diffusion dece facteur. ment véritable demécanisationen éle-
Au total, malgré despointesd'équi- vage.
Leséleveursdes Pays méditerranéens, pement par secteur intervenues timide- Letroupeau laitier est un desplus
ont-ils autant de raisons que dans d'au- ment et lentement, la mécanique n'a pas handicapés pour l'amélioration de l'effi-
tres zonesdu mondedeporter dès à apporté aux
techniques d'éIevage, au cience du travail. Aux U.S.A., en 1956,
présent, une grande attention à la rnéca- cours de la première moitié du mesiècle, Bechtelestimaitque, pour obtenir un
nisation des opérations de
production une amélioration considérable de la pro- produit brut de 100 dollars, soit enviion
animale. ductivité du travail humain. 500 francs, il fallait consacrer, en mo-
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CIHEAM - Options Mediterraneennes
TABLEAU I
Productivité du travail humain e n élevage en fonction du degré d’équipement
et d’organisation de l’atelier
(d’après VANARSDALL, 1961)
1. -
Tailledu troupeau conduit par u n homme
FIGURE 1
Indice. de producfion
parheure de travail
155 d’aliments
Production ....
145 concentrés(grains)
135
125
*G., ,e #‘.
115 - f
105
Production deviande
95
r:
85
,t: e. :
75
65
55
45
35 .... ......... ....... .................
I’*\
*., S
.; .*‘.i . f
....
.....
... ,. I)
:
I I I I I l I I
1910
1915 1920 1925
1930
1935
1940
1945
1950
1955 Ann~e
(Indice 100 moyenne 1947-49)
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CIHEAM - Options Mediterraneennes
Photo Syndicat général des Construcfeurs de tracteurs et de machines agricoles seulevoiede traitement des fourrages
conservés, appliquée à une très grande
échellejusqu'àcesdernièresannées, a
été la fenaison. Or,même à l'heureac-
tuelle, peude solutionsclassiques tota-
lement satisfaisantes apparaissent dispo-
nibles pour permettre une mécanisation
facile des manipulations de foin à l'inté-
rieur de la ferme. Est-ce peut-être parce
que les constructeurs n'ont pas eu l'au-
daced'imaginer les systèmeséventuel-
lement adaptés ?
En Europede l'Ouest, aucours des
deux dernières décennies, un grand nom-
bre d'unités de moyennedimension ont
trouvé, dans le développement de la sta-
bulation libre et de l'affouragement en
libre service direct, desvoiesd'organisa-
tion ne nécessitant pas de manipulation
des fourrages.
Dans l'utilisation directe des fourrages
verts, la mécanisation allait également
intervenir relativementpeudurant ces
deux décennies, bien qu'il faille porter à
son crédit le développement d'un instru-
ment modeste par sa taille et le niveau
R To be or not to be : That is this question (William Shakespeare) des investissements nécessaires, mais très
importantpar lesconséquencessociolo-
giques, techniques et économiques de
son adoption : la clôture électrique a
yenne, selon le type de spéculation pour- sions courantes, à conditioncependant permis une extension rapide et considé-
suivi : qu'ellesdépassent un effectifde 15 va- rable dessystèmesd'exploitation inten-
ches, par vache et par an : sive des fourrages verts, elle a contribué
- 62 heures de travail pour un trou- à libérer del'énergie humaine dépensée
peau bovin laitier ; - de SO à 100 heures, en stabulation antérieurement soit à couper du fourrage
- 27 heures de travail pour un trou- entravée, avec traite manuelle ; à la faux, à le charger à la fourche, et à
peau de moutons ; - de 60 à 80 heures, en stabulation le distribuer à la corbeille ou à la four-
- 16heuresde travail pourun éle- entravée, avec traite mécanique ; . che dans l'auge, soit à conduire au pâtu-
vage de porcs ; - de 40 à 45 heures, en étable libre, rage quelquestêtes de bétail dans des
avec salle de traite classique ; conditions de gardiennage très peu pro-
- 16 heures de travail pour un trou- ductives.
peau de bovins à viande ; - de 30 à 35 heures, en étable libre,
- 12 heuresde travail pour un éle- avecsallede traite en arête de poisson.
vage de pouletsde chair.
Desétudes rapportées en 1964par Le circuitd,esdéjections et litiè-
La. pénétration de l'équipement méca- Albrightaux U.S.A. et Mortimer en res : une somme d'opérations ma-
nique dans le troupeau laitier, à la condi- Grande-Bretagne, sur des unités à un nuelles.
tion bienentendu,que cet équipement homme d'une certaine taille (60, 90, 100
soit adaptéaux caractéristiques del'en- vaches) montrent que le travail de traite, Avec la traite dans les troupeaux lai-
treprise, permetd'améliorer considéra- de manipulation du lait et de nettoyage tiers, et les opérations d'alimentation
blement la productivité dutravail. Une deséquipements laitiers occupe 60, 57, dans tous les élevages, le travail d'entre-
étude française, menée en 1961, par 55 % dutemps total consacréau trou- tien et de reprise des litières et des déjec-
Leluc et sescollègues de l'I.O.S.T.A., peau laitier. tions occupe une grande place dans l'em-
faisait en effet apparaître une réduction ploi du temps normal du personnel spé-
très marquée dutemps de travail néces- cialisé en élevage. D'après Mortimer, ce
saire par vache et par an selon le degré Faible mécanisation de la chaîne poste représente, dans toutes les acti-
déquipement : vités, de 15 à 35 % du total, et même
alimentaire. jusqu'à 50 % dans lesélevages de vo-
- 310 heures, en étable entravée, laillesen batterie, ce tauxrelativement
avec traite manuelle, pour moinsde 15 Parmi les travaux figurant dans Ia élevé provenant essentiellement d'une
vaches ; conduitedutroupeau ,la manipulation compression des
temps
nécessaires au
- 190 heures en étable entravée, desalimentsdepuis le pré ou le champ total et pour les opérations d'alimen-
avec traite mécanique, pour unité de 15 jusqu'à l'auge occupe une place très im- tation principalement.
à 25 vaches ; portante. Souvent, il est classique de La fourche à main est restée le princi-
considérer que le travail d'alimentation pal
instrument de manipulation des
- 181 heures, en étable
entravée, del'éleveurse situe seulement entre le
avec traite mécaniquepour unité com- pailles et fumiers dans la plupart des
local de stockage et l'auge, le travail de étables traditionnelles et autres unités
portant plus de 25 vaches ; récolte, de conditionnement et de conser-
- 110 heures, en étable libre, avec d'élevage, surtout dans élevages
les
vation étant du domaine de l'agriculteur bovinsavec stabulation entravée. .Le
salle de traite, pour moins de 15 vaches ; et naturellement rattaché aux activités développement de la stabulation libre et
- 70 heures, enétable libre, avec des champs. le recours à la litière accumuléepour
sallede traite, pourune unité deplus Cette divisionconventionnelledesac- différentes catégories d'animaux ont sus-
de 25 vaches. tivitésest-elleresponsable dufait que, cité l'emploi de la fourche frontale et de
Quel que soit le degré d'équipement jusqu'à une époque très récente, les la fourchefonctionnant à l'arrière du
de l'atelier de production laitière, le tra- constructeurs machines
de pour la tracteur, quiontconnuune extension
vail de traite continue cependant à OCCU- chaîne fourragère, ont pratiquement res- certaine au cours de la période récente.
per une place importante dans son fonc- treint leur intérêt au niveaudu champ La diffusion de la remorqueépandeuse
tionnement.La traite proprement dite OLI du pré ? contribue fort heureusement à simplifier
demande, pour des troupeaux de dimen- I1 faut sans doutereconnaîtreque la la chaîne de manipulation deslitières et
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CIHEAM - Options Mediterraneennes
déjections et à alléger la pénibilité de coles, qui se sont développés au cours Bassin méditerranéen ont engagé,depuis
cette suite de travaux demeurés trop de la dernièredécennieauxU.S.A. et plusieurs années déjà, un processus de
longtemps exclusivement manuels. en Europe occidentale suffisent à ëlles- développement avicole similaire.
mêmes pour montrer que ce secteur des Pour ne citer qu'un petit Paysmédi-
productions animales est désormais passé terranéen, dont nous avons eu l'occasion
à I'âge industriel. La productiondevo- d'étudier l'orientation des productions
II. L'AGIEDELA MÉCANISATION laillesauxU.S.A., qui correspond à un animales en 1969, le Liban,nousavons
effectif deplusde 2 milliards depou- pu constater que, par le même remode-
EST NE AVEC LE DÉVELOPPEMENT lets abattus annuellement, est assurée par lagedeses structures deproduction,ce
AVICOLEMODERNE 35 O00 élevages produisant du poulet de Paysa :
chair, soit un apport annuelmoyende - multiplié par 9en 8 ans,de1958
chaque élevagede 60 O00 têtes, pou- à 1966, sa production de viandede
L'ateliér avicole moderne plus pro- vant être fourni par 5 bandes successives volailles ;
che de l''usine que d e la ferme. de 12 O00 pouletschacune.
Pourque detellesmoyennes statis- - multiplié par 6 en 5 ans,de 1963
tiques soient atteintes, il est évident que à 1968, sa production d'œufs.
Le secteur des productions animales a
doncmislongtemps à intégrer les pro- des ateliers de très grande taille viennent
grèsrendus
possibles parla mécani- contrebalancerles petits ateliers.
sation. Le même phénomène se retrouve dans Rô1.e très important ,de la mécanisa-
Pourtant, dans ce secteur, allait se tous les secteurs de l'aviculture. Dès tion dans le développement de I'a-
développer, au coursdes trois dernières 1963,en Californie, Etat qui s'est hissé viculture moderne.
décennies, un exemple d'organisation au premier rang de la production d'œufs
d'ateliers de productionsanimalesmon- des U.S.A., nous avons pu constater Pour que l'élevage ait pu s'organiser
trant les possibilités, insoupçonnées que : en unités de cette dimension,beaucoup
antérieurement,deremodelagedesen- - un élevage détenait à lui seul plus deproblèmesde toute natureontdû
treprises d'élevage : celui-ci allait être d'un million de pondeuses'; être résolus. La mise au point d'un équi-
fourni par l'aviculture. - 43 élevages exploitant chacunplus pement mécanique adapté a joué un rôle
Sans doute, pourde très nombreuses de 100 000 pondeuses ; considérabledans
ce
développement :
raisons qu'il est inutile d'expliqueren
détail, la conduite et l'organisation d'éle- - 83 élevages,de 50 O00 à 100 O00 - Au niveau du circuit duproduit :
vages avicoles soulèvent beaucoup moins pondeuses ;
Depuis le couvoir jusqu'à la chaîne de
de problèmes et de difficultés que celles - 201 élevages,de 25000 à 50 O00 distribution du pouletmort éviscéré et
des autres espècesdomestiques, princi- têtes ;
emballé.Lesmachines incubatrices de
palement des
ruminants.Mais,quelles - 1 228élevages,de 5 O00 à 10 O00 chacundes 1 500 couvoirs, fonction-
que soient les réserves et les réactions têtes. nanten 1963 aux U.S.A. sortaient en
d'une telle forme d'organisation de la Si l'on fait référenceauxU.S.A., en moyenneun million et demidepous-
production agricole, celle-civa inspirer raisonde la chronologiedudéveloppe- sins dechair par an.Leséleveuses ré-
désormais,partiellement tout au moins, mentavicole industriel, il n'est plus né- glées pour maîtriser etadapter la .tern-
les tentatives de réaménagement des ate- cessaire d'aller aussi loin pour pouvoir pérature aux exigences de chaque âge de
liers deproductionsanimales, et il ne observer la mêmetendance et la même l'animal, leséquipements d'éclairage et
paraît pasexagéréde dire qu'avecce évolution. de ventilation permettant d'ajuster les
modèle est née l'ère de l'industrialisation Les Pays de l'Europe de l'Ouest, ceux conditions principales de l'environne-
de l'élevage. de l'Europe de l'Est et plusieurs pays du mentde l'animal à sesbesoinsspéci-
Beaucoupde critères pourraient être
retenus pour jalonner cette croissance de
l'industrialisation de l'aviculture moder- Photo Roger Viollet
ne. La place qu'allait occuperprogres-
sivement le couvoir artisanal, puis indus-
triel, se substituant à la poulecouveuse
et éleveuse, est l'undeces indices : aux
U.S.A.,pays où l'organisation de l'avi-
culture moderne avait démarré beaucoup
plus tôtetsurune plusgrande échelle
quedans les Payseuropéens, 23 % des
poussinsélevés
en 1928 étaient déjà
achetés. sous forme de poussins d'un jour.
Maiscepourcentage allait très rapide-
ment s'accroître pouratteindre 66 %,
dixannéesplus tard,en 1938,puis re-
présenter presque la totalité des poussins
élevés 96 %) dès 1959.
Un autre indice de remodelagedes
structures deproduction est fournipar
l'évolution de laplace occupée par les
ateliers spécialisésdansl'approvisionne-
mentdu marchéen produitsavicoles.
Pour le pouletde chair, l'apport de ces
ateliers représentait :
- en 1934,avec 34 millionsde têtes,
4 % seulementde la viandedepoulets
commercialiséeauxU.S.A.
- en 1959, avec 1731 millions de
têtes, 84 % de la viandede poulets.
- tous les 5 ans, sur cette période, une
multiplication par deux ou par trois de la
production antérieure.
I Enfin, les caractéristiques dimension-
nelles
des ateliers deproductionsavi-
r CIHEAM - Options Mediterraneennes
fiques, sontautant
de contributions mécanique contribué
a et contribuera pas exclud'espérer l'obtenir, mais cette
dumachinismedésormaisindispensable encore à améliorer la productivité du tra- échéance de l'utilisation de la truie
pour la réussitede la conduite deséle- vail, puisque dessolutions très diverses comme e pondeuse 13 neparaît cepen-
vages modernes avicolesd'une certaine ont pu être retenues ouenvisagées pour dantpasencore très proche.
dimension.C'est encore de l'équipement remplacer la reprise périodique des li- Lesneuf
mois de gestation de la
mécanique que nousretrouvons dies le tières entre deuxbandes successivesde vache,l'espoir
moyen actuel devoir
moment où le pouletde chair quitte volailles : naître un veau et survivre de 0,s à 0,9
l'atelier de production avecdescaisses par vache et par an, mettent un plafond
de transport, deséquipementsdelevage, - raclage systématiquedes crottes sous relativement bas à la vitesse de multi-
des camions spécialisés, entièrement nor- caillebotis ou grillage ; plication dansl'espècebovine.Leses-
malisés et adaptés lesuns aux autres,
pour alimenter, avec régularité, les chaî-
- collecte des déjections en cuve pleine poirs placés
dans l'augmentationde
d'eau, entraînement hydraulique et la fréquence desnaissancesgéméllaires
nes d'abattage, deplumage,d'éviscéra- irrigation ou îraitement en fosses provoquées, amélioreront cette effi-
tion et de conditionnement desvolailles septiques ou en 6: lagunes B ; cience,mais pasdans des proportions
appelées à fonctionnerau débit de 1 à considérables.
2 poulets par seconde.Moinsde 350 - séchage par déshydratation, suivis, Le développement de l'insémination
abattoirs traitaient en 1963 la produc- éventuellement de miseengranulés. artificielle, qui assure en Francela re-
tion annuelle américaine de 2,l milliards production de 7 vaches sur 10, a réduit
de poulets de chair, soit un rendement la place occupée par les taureaux im-
annuelde plusde 6 millionsdetêtes productifs et représente une forme d'in-
paranetpar centre d'abattage. Le modèle avicole est-il reproducti- dustrialisation de la production du jeune.
blepourl'ensemble des produc- Mais cette technique n'améliore enau-
tions animales ? cune façon, la proportion dejeunes par
femelle reproductrice, facteur limitant
- A u niveau du circuit desaliments : CavicuIturedonné
a l'exemple, le primaire chezles ruminants et surtout
L'alimentationdesvolailles dans un modèle-type. Toutes les productions ani- dansl'espècebovine.
élevage moderneorganisé est désormais males vont, dans l'avenir, avec plus ou - Yéquipement rationnel desateliers
obligatoirement constitué par des ali- moins de facilité, plus ou moins de de production exploitant desespèces
ments composés complets, dont le circuit chances de réussite, essayer de résoudre, autres que celles des animaux debasse-
tend à s'automatiser et à semécaniser par lesmêmesvoies,les différents pro- courcontinue à se heurteraux dimen-
de plus en plus, depuis l'entrée des pro- blèmes se posant tout aulongde la sions insuffisantes decesateliers et aux
duits de base dans les silos, le broyage chaîne de production. difficultés d'assurer leur croissance di-
ou tout autre traitement mécanique ap- Lesdifficultésles plus grandes sur- mensionnelle. Cette structure complique,
pliqué avant le mélange, commandé lui- gissent essentiellement dans l'organisa- parcontrecoup, l'aménagement de liai-
même par une carteperforée mécanogra- tion du circuit de l'animal et du produit : sons fonctionnelles en aval de l'atelier de
phiquequi définit les proportions d'as- - l'industrialisation de la production, production.
tion française
A titre d'exemple, la produc-
de viande bovine est assu-
sociation des ingrédients de base, ou facile à régler dans les espècesavicoles,
après le mélange(conditionnement en ne peut absolument pas s'envisager dans rée par :
farine, en granulés ou en miettes),jus- lesmêmes conditions dansl'élevage du plus d'un million et demi deproduc-
qu'au transfert desaliments de l'usine à porc OU dans celui des ruminants. Et la teurs indépendants :
ratelier de production et mêmeà la ciné- différence tient fondamentalementaux
tigue de ceux-ci à l'intérieur du poulail- modalitésde déroulementde la repro- - commercialisant chacun annuelle-
ler: Dans tous les pays ou zones où l'éle- duction dans lesdiversesespècesdomes- ment moins de six têtes de bovins,
vage intensif, avec recours aux aliments tiques. dontprès de quatre veauxdebou-
composés, se développe, la cinétique des A l'âge où une génisse va être mise cherie, soit en moyenne une tonne de
alimentsdepuis la sortie del'usinede pour la première fois autaureaudans viande nette par entreprise ;
fabrication jusqu'aubec ou à la gueule les conditions classiques
du consommateur animal se simplifie de mois), la jeune truie a déjà pu livrer à
d'élevage (1s - exploitant ensemble 10 à 11 mil-
lions de vaches appartenant à plus de
plus en plus : la proportion des aliments la commercialisation une quantité de 30 races od formules de croisements
mis en sac à l'usine et transférés par cette viande, expriméeen poidsvif,corres- différentes ;
voie diminuequand la taille de l'usine pondant à quatre fois son propre poids ;
s'élève. Par contre, le place occupée par mais la poulereproductricede - produisant de la viandecorrespon-
même dant à au moins 10 typesde pro-
lesalimentslivrés en vrac, en c h i o n s âge, si elleest à la based'une produc-
spécialementétudiésdansce but, s'est tion intensive deviandede duction différents.
volailles, a
élevée rapidementaux U.S.A. aucours déjà livré aumarché entre 150 et 200 Les producteurs ont comme interlocu-
de cesdernièresannées et cette solution fõis son propre poids. teurs, ,dans le circuit decommercialisa-
se développe également très vite en Eu- tion et de distribution :
rope Occidentale,commedansles Pays Enunande ponte, unepoulepro-
méditerranéensquiontadopté les for- duit désormais, très couramment, 250 - 15 O00 marchandsde bestiaux, trai-
mes industrielles d'élevages. œufs, qui après trois semainesd'incuba- tant en moyenne chacun 600 ani-
Le développement de cette formule de tion artificielle, assurent une multiplica- maux, soit de l'ordre de 100 tonnes
livraison et la simplification correspon- tion considérable de l'espèce. Une bonne de viande par an ;
dante ont été rendus possibles par l'ex- truie donne en moyenne 16 à 17 porce- - 40 O00 bouchers ou points de vente
tension récente de la mécanisation de la letsviables par an.Mobilisée 230 jours au détail commercialisant annuelle-
distribution des aliments à l'intérieur des en moyenne par an en phase de gestion, ment 40 tonnes de viandechacun ;
poulaillers. Des chaînes automatiques elle consacre aussiplus de 100 jours à - 15 millions de ménages consommant
s'alimentent directement dans des tré- l'allaitement.
L'application des techni-
chacun en moyenne 100 kg de vian-
mies-silos au sein desquelles ont été dé- ques de servage précoce, actuellement au de nette de bovin par an.
chargés les produits en vrac livrés par les point permettra de lui demander une ef-
camions de l'usine. ficience de
reproductrice plus
élevée Les caractéristiques dimensionnelles
mais la marge de progrès n'est cependant des entreprises demeurent également des
pas considérable. freins incontestables à l'organisation ra-
- A u niveau du circuit des déjections : liséAvons-nous deschances de voir réa- tionnelle de la cinétique desaliments et
à courtterme l'objectifde produc- de la cinétique des déjections au sein des
La cinétique desdéjections, dans un tion de 40 à 50 porcelets par an et par ateliersde production.Cependant, des
poulailler moderne n'est pasune des truie, que Février (1965) considérait voiesd'aménagement et despointes de
chosesles plus faciles à régler, surtout comme imaginable ? A la conditionde progrès se sont offertes dans ces domai-
dans les ateliers à forte densité par unité pouvoir maîtriser le taux élevé de morta- nes au cours des dernières années. Et une
de surface. Cependant ici également la lité embryonnaire chez la truie, il n'est maîtrise satisfaisante ces de circuits
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CIHEAM - Options Mediterraneennes
s'installent progressivement dans un cer- La machine a fait ses preuves comme dansceuxdont le développement de
tain nombre des 2 O00 domaines auto- libératrice de travail humain, et en éle- l'élevage est moinsavancé, pour déter-
gérésalgériens, pourrait conclure à l'in- vageaussibien que dans les autres sec- miner dans quellemesure l'équipement
térêt économique pour le domaine de teurs d'activité. mécanique peut contribuer à accélérer le
l'adoption de la traite mécanique. Mais son intégration harmonieuse processus de développement OU pourrait
Pourtant,pour l'instant, un ensemble dans lesprocessusde productions ani- entrainer des incidences perturbatrices
deconsidérations, dont celles
liées à males et dans les structures deproduc- sur l'économie et les structures humaines
l'emploi,nous amènent à proposeraux tionspose une sériedeproblèmes que de chaque pays concerné.
autorités algériennes,de différer l'inser- nousn'avons pu présenter ici quede Plusieurs de nos programmes d'études
tion decetype d'équipement. façon sommaire. actuellement menésavec le Gouverne-
Mais nousavons à déterminer à quel Desétudeslongues et patientes doi- ment Algérien devraient contribuer à
moment la machinepourra sejustifier vent être menéesdanslesdiverspays apporter desélémentsderéponsevala-
dansdetellesunités. méditerranéens, mais principalement bles pour ce Pays.
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