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Mais nous avons déjà posé des fondements qui détruisent une
erreur si pernicieuse, laquelle résultait de ce que ces auteurs
dans leur temps [ il s’agit de Spinoza et de Hobbes] ne
connaissaient pas encore la beauté merveilleuse et l’artifice
divin et infini dans l’univers qui ne souffre ni atomes ni vide <ni
même de substance purement matérielle>, sans vouloir de la
nécessité absolue mais absurde et du hasard ; <qui fait comme
deux règnes, s’entrerépondant exactement, l’un des causes
finales, l’autre des efficientes ; qui soumet le monde matériel ou
des corps à celui des esprits et le physique au moral, le
mécanique à la métaphysique réelle, les notions abstraites aux
complètes, les phénomènes ou résultats aux vraies substances,
qui ne sont que des unités et subsistent toujours > ; qui exige
une liaison parfaite de toutes choses et un ordre achevé, en
sorte qu’il est impossible que rien se conçoive de mieux et de
plus grand. Et c’est ce qui parait plus que jamais par le Système
Nouveau de l’Harmonie Préétablie, expliqué ailleurs, qui donne
une tout autre face à l’union, aussi différente à son avantage de
celle qu’on lui donnait auparavant, que le système de Copernic
est différent de celui qu’on donnait ordinairement du monde
visible [29].
XXII. Conciliation des deux voies par les finales et par les
efficientes pour satisfaire tant à ceux qui expliquent la nature
mécaniquement qu’à ceux qui ont recours à des natures
incorporelles.
Mais dire que les lois de la mécanique dépendent des causes finales
ne veut pas dire que les premières, dans leur application, sont
soumises à l’influence des causes finales. Ce que cela veut dire est
uniquement que la nature des lois et également celle des exceptions
qui y seront faites (là où la présence de miracles a été jugée
nécessaire et incluse dans le plan d’ensemble) ont été décidées en
fonction de considérations qui font intervenir de façon essentielle la
finalité, en l’occurrence l’exigence de la plus grande perfection
possible.
Et également la Théodicée :
Ces considérations font bien voir que les lois de la nature qui
règlent les mouvements ne sont ni tout à fait nécessaires, ni
entièrement arbitraires. Le milieu qu’il y a prendre est qu’elles
sont un choix de la plus parfaite sagesse. Et ce grand exemple
des lois du mouvement fait voir le plus clairement du monde
combien il y a de différence entre ces trois cas ; savoir :
premièrement une nécessité absolue, métaphysique ou
géométrique qu’on peut appeler aveugle, et qui ne dépend que
des causes efficientes ; en second lieu, une nécessité morale,
qui vient du libre choix de la sagesse par rapport aux causes
finales ; et enfin, en troisième lieu, quelque chose d’arbitraire
absolument, dépendant d’une indifférence d’équilibre qu’on se
figure, mais qui ne saurait exister, où il n’y a aucune raison
suffisante ni dans la cause efficiente ni dans la finale. Et, par
conséquent, on a tort de confondre, ou ce qui est absolument
nécessaire avec ce qui est déterminé par la raison du meilleur,
ou la liberté qui se détermine par la raison avec une indifférence
vague [7].
Parmi les auteurs que j’ai déjà eu l’occasion de citer, on peut dire
que Robert Sleigh opte pour (1), Robert Adams pour (2) et Michael
J. Murray pour (3).
Ce qu’Adams entend par « nécessitation aveugle » est la
nécessitation qui opère sans passer par la prise en considération de
valeurs quelconques. Selon lui, ce qui choque Leibniz n’est pas tant
le nécessitarisme que le caractère aveugle de la nécessité. Par
conséquent, il rejette la nécessité métaphysique et la nécessité
physique aussi bien dans le choix humain que dans le choix divin,
non pas parce qu’elles sont nécessitantes, mais parce qu’elles ne
nécessitent pas par la voie du bien et de la perfection. Je dois
avouer qu’en dépit de toutes les lectures que j’ai pu faire, je n’ai pas
réussi à me faire une opinion absolument arrêtée sur cette question.
Ce qui rend quelque peu difficile à accepter l’option (2) est le fait qu’il
y a tout de même un bon nombre de textes qui suggèrent que
Leibniz a des difficultés non pas seulement avec le caractère
aveugle de la nécessité, mais également avec la nécessité elle-
même.
Dans les passages comme celui des Nouveaux essais que je viens
de rappeler, Leibniz semble dire que non seulement les propositions
contingentes, comme leur nom l’indique, ne sont pas nécessaires,
mais encore les liaisons qui existent entre elles peuvent ne pas être
non plus nécessaires. De sorte qu’il n’y a pas forcément et qu’il n’y a
même peut-être jamais un lien nécessaire entre, par exemple, la
proposition contingente qui affirme l’existence d’un désir déterminé
dans l’âme, aussi fort qu’il puisse être, et celle qui décrit
l’effectuation de l’action correspondante. Et la même chose est vraie,
sur ce point, de la relation de conséquence physique et de la relation
de conséquence morale. Dans les deux cas, du reste, si on se
demande pourquoi, telle ou telle chose étant donnée, telle ou telle
autre en résulte normalement, la réponse est en dernière analyse de
nature morale.
Comme on l’a vu, les lois de la nature sont, pour Leibniz, fondées
sur la convenance et il y a un lien direct entre cela et leur statut
modal, à savoir le fait qu’elles soient contingentes : elles ont été
choisies en fonction de considérations qui font intervenir le principe
du meilleur et elles auraient pu être différentes si le choix qui a été
fait avait été moins bon. Ainsi, par exemple, Leibniz estime avoir
réussi à démontrer, contre Descartes, que la quantité qui se
conserve n’est pas la quantité de mouvement, mv, mais la quantité
de force vive, mv2 ; mais ce qu’affirme Descartes pourrait
éventuellement être vrai si Dieu avait choisi de créer un monde
physique différent. Comme le dit André Charrak, « les lois de la
nature sont irréductibles à la nécessité brute parce qu’elles
supposent, pour être établies, des principes architectoniques qui ne
relèvent pas de la seule géométrie. Le meilleur exemple est celui du
principe de continuité [14] ». Leibniz lui-même souligne tout à fait
clairement ce point crucial. Il mentionne à plusieurs reprises le
principe pour « montrer qu’on ne les [les lois de la nature] saurait
dériver de leurs sources qu’en supposant des raisons
architectoniques. Une des plus considérables que je crois avoir
introduit le premier dans la physique est la loi de continuité, dont j’ai
parlé il y a plusieurs années dans les Nouvelles de la République
des Lettres, où j’ai montré par des exemples comment elle sert de
pierre de touche des dogmes [15] ». En d’autres termes, si on veut
comprendre pourquoi les lois du mouvement sont ce qu’elles sont, il
faut faire intervenir des principes architectoniques comme, par
exemple, le principe de continuité ; et si on veut comprendre
pourquoi les principes architectoniques eux-mêmes sont ce qu’ils
sont, il faut faire intervenir un principe général qui est un principe
d’ordre, d’harmonie et de perfection. Un monde dans lequel il y
aurait, par exemple, du vide et des atomes, serait en contradiction
avec le principe de continuité ; mais ce qui l’a fait exclure n’est pas
qu’il est impossible absolument parlant, mais seulement qu’il serait
moins bon.
S’il est vrai que les lois du mouvement soient des suites
indispensables de la nature des corps, cela même prouve
encore la perfection de l’Être suprême : c’est que toutes choses
soient tellement ordonnées qu’une mathématique aveugle et
nécessaire exécute ce que l’intelligence la plus éclairée et la
plus libre prescrivait [18].
Mais nous avons besoin, pour notre part, de ce pouvoir, et nous n’en
disposons que d’une façon qui est limitée par notre nature, que nous
ne pouvons pas espérer réussir à changer du jour au lendemain,
même s’il serait, du point de vue de Leibniz, tout à fait inexact et
certainement contraire à l’idée de la liberté elle-même de supposer
que nous n’avons absolument aucun moyen d’agir sur elle.
Il arrive aussi à Leibniz de dire, que d’une certaine façon, tous les
phénomènes peuvent être expliqués aussi bien par les causes
efficientes que par les causes finales, bien que certains d’entre eux
le soient plus facilement par une des espèces de causes et d’autres
par l’autre :
Voyez, sur ce point, ce que dit Mach, dans son livre sur l’histoire de
la mécanique, à propos du principe de moindre action :
Vers la fin du xviiie siècle, il s’est produit une inflexion qui saute
aux yeux extérieurement, qui a l’air de constituer une étape
franchie d’un seul coup, mais qui au fond n’est qu’une
conséquence nécessaire de l’évolution indiquée. Après que
Lagrange a essayé dans un travail de jeunesse de fonder toute
la mécanique sur le principe de moindre action d’Euler, il
explique dans une réélaboration du même objet qu’il veut faire
abstraction de toutes les spéculations théologiques et
métaphysiques comme étant des choses très précaires et qui
n’ont pas leur place dans les sciences. Il effectue une
reconstruction de la mécanique sur d’autres fondements, et
aucun lecteur compétent ne peut méconnaître ses avantages.
Tous les scientifiques importants qui ont suivi se sont ralliés à la
conception de Lagrange, et cela a déterminé pour l’essentiel la
position actuelle de la physique par rapport à la théologie [10].
Mach estime qu’il y a, sur ce point une différence importante entre
l’attitude de Leibniz et celle de Newton :
(1) Si les lois de Newton sont des lois objectives de la nature (et
n’expriment pas seulement, comme le pense Mach, une
« économie de la pensée », il en va de même pour les lois
stationnaires qui leur correspondent. On ne saurait, en tout cas,
lorsqu’on a réduit la finalité à l’intégralité des conditions, comme
le fait Leibniz, opposer une finalité simplement régulatrice à la
causalité constitutive de la nature. Elles ont même statut
objectif.
(2) Les lois intégrales disent plus que les lois différentielles. Par
exemple, la loi de réfraction de Descartes-Snellius :
Il faut ajouter à cela que, pas plus qu’il n’y a, à ses yeux, une
incompatibilité entre le monde des causes et le règne des fins, il n’y
en a une entre la liberté et le règne des lois en général. Un point sur
lequel j’ai déjà insisté à plusieurs reprises est le fait qu’il ne perçoit
pas, comme nous avons tendance à le faire, une antinomie entre le
fait que des actions sont libres et le fait qu’elles donnent lieu à des
régularités, y compris des régularités de l’espèce la plus stricte, et
sont soumises à des lois. Il n’y a évidemment rien qui soit plus
éloigné de la conception leibnizienne de la liberté que l’idée que
l’acte libre par excellence est l’acte gratuit, celui qui n’obéit à aucune
autre règle que celle de l’inspiration et de l’instant. C’est, bien
entendu, une raison de plus de ne pas supposer que l’intervention
de la liberté ne peut manquer d’introduire des complications et des
perturbations dans le cours régulier et ordonné des choses. Dans
l’«Abrégé », ajouté à la fin de la Troisième Partie de la Théodicée,
Leibniz écrit :
Si, comme on le dit, Dieu ne peut vouloir et faire que le bien, un être
qui a été fait à son image – Leibniz parle, à son propos, d’un « petit
Dieu » ou d’une sorte de « divinité diminutive » – et qui a pour devoir
d’essayer de l’imiter devrait s’efforcer de se rapprocher, lui aussi,
autant que possible de cet idéal. De la nécessité morale, Leibniz dit :
Bien que les attributs des corps qui sont confus puissent être
ramenés à des attributs distincts, il faut savoir que les attributs
distincts sont de deux genres, les uns en effet doivent être
empruntés à la science mathématique, les autres à la
métaphysique. À la science mathématique assurément la
grandeur, la figure, la situation et leurs variations ; mais à la
métaphysique l’existence, la durée, l’action et la passion, la
puissance d’agir et la perception de la fin de l’action ou de
l’agent. C’est pourquoi j’estime qu’il y a dans tout corps un
certain sens ou appétit, ou encore une âme, et que, par
conséquent, attribuer au seul homme la forme substantielle et la
perception ou l’âme est aussi ridicule que de croire que toutes
les choses ont été faites à cause de l’homme et que la terre est
au centre de l’univers. Mais, d’un autre côté, je suis d’avis
qu’une fois que nous aurons démontré à partir de la sagesse de
Dieu et de la nature de l’âme des lois de la nature mécaniques
générales, recourir partout dans l’explication de phénomènes
particuliers de la nature à une âme ou à une forme substantielle
est aussi inepte que de recourir en tout à une volonté de Dieu
absolue [28].
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
Cours 23. Vérités de raison et vérités de fait
Dans son livre Les Lumières radicales (dont l’original anglais est
paru en 2001 et la traduction française en 2005), Jonathan Israel a
défendu, d’une part, l’idée que le courant de pensée qui correspond
à ce que l’on peut appeler les Lumières radicales a joué, au sein du
mouvement des Lumières lui-même et en général, un rôle beaucoup
plus déterminant qu’on ne l’admet généralement et, d’autre part,
l’idée que l’inspirateur et le penseur le plus important de la tradition
des Lumières radicales a été incontestablement Spinoza :
Selon Israel,
ce fut […] Spinoza, plus qu’aucun autre penseur, qui fournit aux
esprits forts du début et du milieu du dix-huitième siècle leurs
plus puissantes armes intellectuelles [3].
Il n’y a donc rien d’étonnant dans le fait qu’il soit apparu assez
rapidement comme une sorte de croquemitaine philosophique, non
seulement aux yeux des traditionalistes, mais également à ceux d’un
bon nombre de défenseurs des Lumières eux-mêmes.
Je suis tout à fait d’accord sur ce point, et crois qu’on doit traiter
les juifs avec beaucoup de douceur, et même quelques fois je
suis étonné du dérèglement de notre goût en fait d’estime. Il n’y
a point de race plus noble que celle des juifs, puisque le Messie
en est issu, sans parler des patriarches et des apôtres [9].
À partir d’un certain moment, Leibniz semble avoir pensé que, parmi
le grand nombre de ceux qui partageaient son inquiétude, il était le
seul à avoir ou en tout cas à être en train de construire le genre de
système philosophique qui pouvait permettre de triompher de la
menace que le spinozisme était susceptible de représenter pour
l’autorité, la tradition et la religion. Et c’est un système dont il n’y a
pas lieu d’être surpris qu’il fasse effectivement des concessions très
importantes et, aux yeux de certains de ses critiques, beaucoup trop
importantes au spinozisme.
À peu près dans toutes les attaques qui sont formulées à l’époque
contre la philosophie de Spinoza, on retrouve, dans la liste des
calamités dont il est censé être le responsable principal, des choses
comme le fatalisme, l’athéisme ou le déisme, le naturalisme, le
matérialisme, le mécanisme, l’incrédulité religieuse, l’impiété et
l’immoralité. « Fatalisme » est le terme péjoratif qui est utilisé
communément pour désigner toutes les conceptions que nous
appellerions plutôt aujourd’hui, de façon plus neutre,
« nécessitaristes ». Tous les adversaires de Spinoza se rendent
compte que la question du fatalisme est bel et bien centrale, parce
que toutes les conséquences funestes de la doctrine résultent d’une
certaine façon déjà effectivement de lui. Bien que Spinoza soutienne
que Dieu est une cause libre et qu’il est même la seule cause qui
soit réellement libre [12], parce qu’elle est la seule qui ait la capacité
d’agir entièrement en vertu de la nécessité de sa propre nature, il
s’agit d’une cause qui produit ses effets sous la forme d’une
causalité qui est purement immanente et qui n’implique rien de tel
que la volonté et le choix. En détruisant complètement, en premier
lieu dans le cas de Dieu lui-même, l’idée que l’on se fait
habituellement de la liberté, Spinoza détruit également, aux yeux de
ses détracteurs, celle de la responsabilité et de la rétribution
morales, et, par conséquent, ébranle directement les fondements de
la morale et de la religion elles-mêmes.
C’est évidemment tout à fait inacceptable pour Leibniz, pour qui les
nécessités qui relèvent de l’essence, comme celles de la logique et
des mathématiques, ne font intervenir que l’entendement de Dieu et
sont complètement indépendantes de sa volonté, alors que les
nécessités qui ont trait à l’existence impliquent, de sa part, une
décision de la volonté, qui choisit de faire exister le meilleur des
mondes possibles.
C’est, bien entendu, encore une conclusion que Leibniz ne peut que
rejeter totalement. Que les progrès de la connaissance rationnelle
aboutissent en un certain sens à une réduction toujours plus
poussée du domaine de la contingence et nous persuadent que tout
est d’une certaine façon nécessaire, est une chose qu’il peut
admettre. Mais le point important est que tout n’est pas et ne peut
pas être nécessaire dans le sens dans lequel Spinoza affirme qu’il
l’est.
Leibniz est évidemment tout à fait d’accord avec l’idée qu’il faut
dorénavant essayer de penser et de raisonner mathématiquement
sur le plus grand nombre de sujets possibles en dehors des
mathématiques proprement dites, y compris dans la métaphysique
elle-même. Et il est convaincu, comme Spinoza, que la conception
mécaniste du monde peut être étendue bien au-delà des limites que
Descartes lui imposait encore. Mais il n’en reste pas moins que,
même si les ressources du mécanisme étaient exploitées en totalité
et son domaine d’application étendu au maximum, cela ne
permettrait cependant pas, selon lui, d’expliquer l’ensemble de la
réalité, puisque celle-ci comporte des aspects essentiels qui exigent
un autre type d’explication, dans lequel interviennent
nécessairement les causes finales et le principe de perfection. Pour
expliquer le réel dans sa totalité, il faut faire appel à un autre type de
nécessité que la nécessité géométrique et un autre type de
rationalité que la rationalité mathématique, au sens strict, même s’il
est vrai que le calcul du meilleur relève encore d’une mathématique
d’une certaine sorte, qui est cependant réservée à Dieu. Qui plus
est, du point de vue de Leibniz, il y a malheureusement une distance
considérable entre la pratique de Spinoza et l’idéal dont il se
réclame. Ses définitions de notions cruciales comme celles de la
nécessité et de la contingence sont imprécises et fluctuantes, et ses
démonstrations sont souvent fautives.
La tâche qui s’impose est donc double : il faut (1) fournir une analyse
beaucoup plus précise et, si possible, une explication réelle de la
distinction entre vérités nécessaires et vérités contingentes, et (2) se
mettre d’accord sur ce que l’on doit entendre exactement par une
démonstration.
Il faut noter que cette langue est juge des controverses (judex
controversiarum), seulement toutefois dans les choses
naturelles, mais pas dans les choses révélées, parce que les
termes de la Théologie révélée ne peuvent recevoir cette
analyse, sans quoi ils pourraient être compris parfaitement, et il
n’y aurait en eux aucun mystère. Et toutes les fois que des mots
ordinaires sont transposés par une certaine nécessité à des
choses révélées, ils revêtent un certain sens plus élevé [35].
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
Cours 24. Comment les propositions contingentes sont-
elles possibles ?
Pour ce qui concerne le deuxième point que j’ai soulevé – celui qui a
trait à la caractérisation exacte de la notion de démonstration –, la
situation est bien différente puisque Leibniz dispose, comme je l’ai
dit, d’un concept de la démonstration qui est déjà à peu près le
nôtre, ce qui n’était certainement pas le cas de Descartes, et pas
non plus de Spinoza. Voyez, sur ce point, ce que dit Ian Hacking,
dans son livre sur L’émergence de la probabilité :
Avec tout le respect qui est dû à un aussi grand esprit que Deleuze,
on est obligé de constater que la façon dont il rend compte de la
solution que propose Leibniz pour le problème de la distinction entre
les propositions nécessaires et les propositions contingentes est,
dans le meilleur des cas, très approximative et, dans le pire, tout à
fait fantaisiste :
Autrement dit, bien que nous ne puissions décider, pour notre part,
que par une méthode empirique ce que Dieu est en mesure de
décider par une méthode a priori et démonstrative, nous avons
néanmoins, grâce à l’exemple du calcul différentiel, une idée claire
et précise de ce à quoi peut ressembler une méthode de cette sorte
et de la manière dont elle peut être appliquée au cas d’un concept
d’individu complet dont on cherche à déterminer si un prédicat
donné y est ou non inclus.
Mais, de même que dans certains cas, pour ce qui concerne les
proportions, on parvient à épuiser l’analyse par une mesure
commune, c'est-à-dire par une quantité dont la répétition
mesure parfaitement les deux termes de la proportion, alors que
dans d’autres cas l’analyse peut être poursuivie à l’infini, comme
lorsqu’on compare un nombre rationnel et un nombre sourd, ou
encore le côté et la diagonale d’un carré ; de même les vérités
sont tantôt démontrables, c'est-à-dire nécessaires, tantôt libres
ou contingentes, lorsqu’elles ne peuvent être ramenées par
aucune analyse à l’identité qui serait comme leur commune
mesure. Et tel est le critère essentiel de la distinction, aussi bien
pour les proportions que pour les vérités.
Si a = 175, b = 21, on a
175 = 8 x 21 + 7
21 = 3 x 7 + 0
La plus grande mesure commune est 7, et le rapport est 25 : 3
[17].
Leibniz dit que ce qui est affirmé par une proposition contingente
vraie « est assurément certain, mais pas nécessaire, parce qu’on ne
peut jamais le ramener à une identique ou l’opposer à une
contradictoire. [22] » Mais cela signifie simplement que, bien que la
proposition soit réductible à une identité explicite, nous ne
rencontrerons jamais celle-ci, puisque nous n’arriverons jamais, au
mieux, dans la résolution qu’à des inégalités qui approchent de plus
en plus l’égalité exacte. C’est ce qui permet à Leibniz de dire :
Un point commun à toutes les vérités est, selon mon opinion,
que l’on peut toujours rendre raison d’une proposition non
identique, une raison nécessitante dans les nécessaires, une
raison inclinante dans les contingentes [23].
Dire qu’une proposition fausse est une proposition qui ne peut pas
être démontrée semble, toutefois, entraîner une conséquence
éminemment paradoxale. Il existe, spécialement en matière
contingente, un bon nombre de propositions que nous sommes tout
à fait incapables de démontrer ; mais cela ne nous autorise
nullement à conclure qu’elles sont fausses. Sinon, il faudrait
admettre que presque toutes les propositions contingentes sont
fausses. La réponse est évidemment que ce qui démontre la
fausseté de A ne peut effectivement pas être simplement notre
incapacité de démontrer A, mais une démonstration de l’impossibilité
de démontrer A. Or la situation générale dans le cas des
propositions contingentes est celle-ci : nous ne sommes pas
capables de les démontrer, et pas non plus de démontrer qu’elles ne
peuvent être démontrées. Nous connaissons, pour un certain
nombre d’entre elles, leur vérité ou leur fausseté de fait ; mais nous
n’en connaissons pas la raison complète, qui ne pourrait être
donnée que par une démonstration ou une réfutation (une
démonstration de l’impossibilité de démontrer A équivaut à une
réfutation de A).
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
Cours 25. Le vrai, le possible et le faux
Leibniz est conscient des objections que l’on pourrait avoir envie de
formuler contre l’idée qu’est vrai tout ce dont on ne peut pas
démontrer qu’il est faux, et faux tout ce dont on ne peut pas
démontrer qu’il est vrai. Ne serait-il pas plus naturel et plus
raisonnable de dire que tout ce dont on ne peut pas démontrer qu’il
est faux est non pas vrai, mais simplement possible, et que tout ce
dont on ne peut pas démontrer qu’il est vrai, est non pas faux, mais
tel que sa négation est possible et peut être vraie ? Autrement dit,
est-ce qu’on ne risque pas d’aboutir à une identification pure et
simple du vrai avec le possible, et du faux avec l’impossible ou le
contradictoire, ce qui une fois de plus risque fort de nous entraîner
d’un côté où Leibniz souhaite par-dessus tout éviter d’aller, à savoir
celui de Spinoza ?
Leibniz rappelle que, pour lui, un terme vrai veut dire précisément un
terme possible ; mais il admet que pour les propositions la chose est
ou, en tout cas, peut sembler plus délicate, parce que bien des
propositions qui pourraient être vraies ne sont pas vraies, et bien
des propositions qui pourraient être fausses sont vraies :
(1) Le possible au sens que l’on peut appeler « logique », qui est
synonyme de « non contradictoire » [3].
Mais cette base n’est-elle pas justement trop fragile pour supporter
la charge considérable que Leibniz lui demande d’assumer ?
Autrement dit, si ce qui empêche une proposition universelle
négative en principe contingente d’exprimer en réalité une
impossibilité pure et simple est uniquement le fait que nous ne
sommes pas en mesure de démontrer (au sens strict) qu’elle est
impossible, est-ce suffisant pour que l’on puisse être tout à fait
rassuré sur ce point ?
Lorsqu’on lui objecte que tous les prédicats de Pierre étant, d’après
lui, contenus dans l’essence ou la nature de Pierre, ils sont tous
essentiels et que, par conséquent, il était essentiel à Pierre de renier
le Christ et connu de Dieu comme une vérité d’essence qu’il renierait
le Christ, il se défend de la manière suivante :
Il faut répondre que dans cette notion complète de Pierre
possible dont j’admets qu’elle est observée par Dieu sont
contenus non seulement les essentialia ou necessaria, à savoir
les choses qui découlent de notions incomplètes ou spécifiques,
et sont pour cette raison démontrées à partir des termes, d’une
manière telle que le contraire implique contradiction, mais sont
contenus également les existentialia en quelque sorte ou les
contingentia, parce qu’il est de la nature de la substance
individuelle que la notion soit parfaite et complète et contienne
toutes les circonstances individuelles, même contingentes,
jusqu’aux plus petites choses, sans quoi elle ne serait pas
ultimée (ultimata) et ne serait pas distinguée de n’importe quelle
autre ; car les choses qui diffèrent, ne serait-ce que dans le plus
petit détail, seraient des individus différents, et la notion, si elle
était encore indéterminée, ne serait-ce que dans la circonstance
la plus minime, ne serait pas ultimée, mais pourrait être
commune à deux individus différents. Cependant, ces
individualia ne sont pas nécessaires pour autant et ne
dépendent pas seulement de l’intellect divin, mais des décrets
de la volonté divine, pour autant que ces décrets eux-mêmes
sont considérés comme des possibles par la volonté divine. Car
des individus possibles différents sont inhérents à des ordres ou
à des séries de choses possibles différentes, et une série
quelconque d’individus possibles ne dépend pas seulement des
notions spécifiques qui entrent en elle, mais dépend de certains
décrets libres par lesquels sont constitués l’harmonie ou l’ordre
fondamental et, pour ainsi dire, les lois de la série. C’est
pourquoi ce que j’ai avancé demeure après cette explication :
les contingents dépendent non seulement des essences, mais
aussi de libres décrets de Dieu, en sorte qu’il n’y a aucune
nécessité en eux, si ce n’est une nécessité d’un mode bien
précis : hypothétique [22].
Un des passages les plus typiques et les plus connus dans lesquels
est énoncé le principe du prédicat-dans-le-sujet est le suivant :
Une affirmation est vraie si son prédicat est dans son sujet ; par
conséquent, dans toute proposition vraie, nécessaire ou
contingente, universelle ou singulière, le concept du sujet est
d’une certaine façon contenu dans le concept du sujet, d’une
manière telle que quelqu’un qui comprendrait le concept du
sujet et le concept du prédicat comme Dieu les comprend
percevrait eo ipso que le prédicat est dans le sujet [23].
« M(∃x)P(x) » et « M(∃x)Q(x) »
et l’assertion de compossibilité
ne le peut pas.
Des énoncés comme « La somme des angles d’un triangle est égale
à deux droits » ou « Le ciel se meut toujours » ont une nécessité
simple. Des énoncés comme « Le soleil est occulté par la lune » ou
« Socrate marche » constituent des exemples de nécessité
conditionnelle, dans lesquels le prédicat n’appartient au sujet que
pendant la durée de l’actualisation de l’événement. Il n’était pas vrai,
avant que Socrate se mette à marcher, de dire qu’il marcherait
nécessairement. Il ne sera pas non plus vrai, après l’événement, de
dire que Socrate a marché nécessairement à ce moment-là. Mais
cela ne signifie pas que la seule forme de nécessité qui puisse être
attribuée aux événements futurs soit dans tous les cas la nécessité
conditionnelle, celle qui ne peut pas rétrograder. Comme le montre
le cas de l’éclipse – dont nous pouvons d’ores et déjà prédire
l’occurrence sur la base d’une connaissance que nous avons des
causes qui font que, le moment venu, elle aura lieu –, il y a des
situations dans lesquelles la nécessité conditionnelle dégénère en
nécessité simple :
Qu’est-ce qui est arrivé au juste à Aristote, pour qu’il ait pu être
victime de l’étourderie que déplore Leibniz et qui aurait consisté à
accepter sans nécessité de renoncer à un principe logique
absolument fondamental, à savoir le principe de bivalence, qui, pour
Leibniz, est aussi peu contestable que le principe de contradiction ou
le principe du tiers exclu ? Mates fait, sur ce point, une constatation
que Leibniz avait déjà faite, à savoir que le langage lui-même nous
encourage à la confusion de la nécessité hypothétique avec la
nécessité absolue, qui, une fois qu’elle a été commise, semble
imposer des mesures de sauvetage radicales pour préserver la
liberté et la contingence. Je me permets de citer à nouveau le
passage qui nous intéresse :
En grec classique, comme en anglais et dans d’autres langues
modernes, quand une conditionnelle modalisée doit être
exprimée, on met naturellement l’opérateur modal dans le
conséquent : nous disons « Si Reagan a été élu, alors il doit
avoir eu le plus grand nombre de voix », au lieu d’utiliser la
phrase logiquement plus claire, mais moins idiomatique
« Nécessairement, si Reagan a été élu, il a eu le plus grand
nombre de voix ». Nous créons donc l’apparence que la
nécessité est prédiquée conditionnellement du conséquent,
plutôt que prédiquée inconditionnellement du tout. Si nous
ajoutons la prémisse vraie « Reagan a été élu », nous pouvons
continuer (si nous sommes suffisamment plongés dans la
confusion philosophique) et détacher par le modus ponens le
conséquent, « Reagan doit avoir eu le plus grand nombre de
voix » ; et alors, puisqu’il n’y avait évidemment pas de nécessité
logique que Reagan ait le plus grand nombre de voix, nous
pourrions supposer qu’une autre espèce de nécessité est
impliquée.
Ce qu’il faut dire, du point de vue d’Aristote, n’est pas que la valeur
de vérité des énoncés décrivant des événements futurs contingents
n’est pas déterminée parce que nous ne pouvons pas savoir ce
qu’elle est, mais que nous ne pouvons pas savoir ce qu’elle est
parce qu’elle n’est pas déterminée, autrement dit parce que le futur
est ouvert et comporte, à côté des événements qui auront lieu
nécessairement, comme l’éclipse, des événements qui, d’une façon
qui n’est en rien dépendante de ce que nous pouvons savoir ou
ignorer, peuvent aussi bien arriver que ne pas arriver. Si le futur n’est
pas déterminé intégralement, il y a des choses que nous ne sommes
pas en mesure de prédire. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des
choses que nous ne sommes pas en mesure de prédire que le futur
est indéterminé. S’il l’est, c’est de façon complètement indépendante
de ce que nous pouvons ou ne pouvons pas prédire. Bien entendu,
si la proposition « Il y a aura demain une bataille navale » avait
d’ores et déjà une valeur de vérité, on pourrait concevoir que
quelqu’un, utilisant des moyens de connaissance dont nous ne
sommes pas capables de nous faire une idée réelle et dont la
plupart des gens sont dépourvus, réussisse à la connaître ; mais
c’est une possibilité que l’on peut écarter sans hésitation si la
proposition n’a non seulement pas de valeur de vérité que l’on
puisse connaître, mais pas de valeur de vérité tout court.
Je ne crois pas que l’on puisse dire, en toute rigueur, que, pour
Leibniz, la vérité consiste dans la démonstration. La vérité d’une
proposition consiste comme il le dit, a parte rei, dans le fait que le
concept du prédicat est contenu dans le concept du sujet, et la
démonstration constitue seulement le moyen dont on se sert pour
faire apparaître et rendre manifeste cette inclusion. Mais la façon
dont s’exprime, sur ce point, Hacking n’est sans doute que le reflet
de la difficulté de plus en plus grande que nous éprouvons pour
notre part – et que Leibniz n’avait pas – à distinguer nettement entre
ce qui est vrai et ce qui, pour une raison ou pour une autre et par un
moyen ou par un autre, est reconnu ou en tout cas accepté à un
moment donné comme tel.
1. Œuvres de Leibniz
1.1. Abréviations
1.2. Ouvrages
Confessio Philosophi [1672-1673] – La Profession de foi du
philosophe, Yvon Belaval (éd.), Vrin, Paris, 1970.
Textes inédits, Gaston Grua [éd.], 2 vol., PUF., 1948 [TI (Grua)].
8 Ibid., p. 546.
12 Ibid., p. 15.
12 Ibid., p. 204.
19 Ibid., p. 161.
21 Ibid, p. 93.
11 Ibid., p. 77.
19 Ibid., p. 137.
10 Ibid, p. 226.
11 Ibid, p. 209
19 Ibid.
21 T.S. Eliot, cité par Robert Sleigh, Leibniz and Arnauld, 1990,
p. 186.
23 Ibid.
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Rödel, Spinoza. Le masque de la sagesse, 1998, p. 78-79.
8 Ibid., p. 419.
9 Ibid., p. 336.
13 Ibid., p. 278.
25 Ibid., p. 38-39.
10 Ibid., p. 149.
13 Ibid., p. 263.
3 Ibid., p. 123.
4 Ibid., p. 138.
19 Ibid.
21 Ibid., p. 69-71
25 Ibid., p. 301-302
26 Ibid., p. 288
27 Ibid., p. 289.
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Leibniz, TI (Grua), I, p. 302.
3 Ibid., p. 234-235.
6 « Necesse est omne debitum utile esse. Adde nec nisi in bonum
suum obligari quemquam. » (Leibniz, « Elementa juris naturalis »,
AA, VI, 1, p. 466).
9 Ibid., p. 103.
5 Ibid.
2 Ibid., p. 132.
8 Reid, Essays on the Active Powers of Man, 1788, IV, vi, p. 322.
8 « Il n’est pas vrai que tout ce qui est arrivé est nécessairement
vrai ; telle paraît être l’opinion de l’école de Cléanthe. »
9 Ibid.
11 Ibid.
12 Ibid.
13 Ibid.
15 Ibid., p. 275.
16 Ibid, p. 276.
29 Largeault, ibid., p. 396-397 (la citation est tirée de Thom, op. cit.).
10 Ibid.
12 Ibid., p. 82.
13 Ibid., p. 81-82.
9 Ibid.
10 Ibid., p. 310-311.
14 Ibid., p. 127.
15 Ibid., p. 128.
16 Ibid.
17 Instruction familière sur la prédestination et la grâce par
Demandes et par Réponses, Liège, De l’Imprimerie de Guillaume
Henry Streel, 1711, p. 8-9.
18 Ibid., p. 34.
19 Ibid., p. 108-110.
23 Ibid.
24 Ibid.
28 Ibid.
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Sellars, « Méditations leibniziennes », 1981, p. 33.
2 Ibid.
3 Ibid., p. 51.
8 Ibid., p. 7-8.
14 Ibid.
16 Ibid., p. 44-45.
17 Leibniz, Lettre à Coste, 19 décembre 1707, PS (Gerhardt), III,
p. 401-402.
24 Ibid.,p. 163.
5 Ibid.
6 Ibid, p. 386.
7 Ibid., p. 362.
8 Ibid, p.368.
9 Ibid., p. 270-271.
11 Ibid., p. 168.
12 ibid., p. 186.
13 ibid., p. 187.
16 Ibid.
21 Ibid., p. 275.
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Leibniz, Théodicée, « Remarques sur le livre de l’origine du mal
publié depuis peu en Angleterre », § 3, p. 387.
2 Ibid., § 1, p. 387.
24 Ibid., p. 32n.
4 Ibid., p. 51.
6 Ibid., p. 36.
7 Ibid.
11 Ibid., p. 32-33.
12 Ibid., p. 33.
15 Ibid., p. 41-42.
9 Ibid., p. 33-34.
12 Ibid.
13 Ibid., p. 37-38.
14 Ibid.
18 Ibid., p. 49.
19 Ibid., p. 50.
2 Ibid., p. 24.
4 Ibid.
11 Ibid., p. 44-45.
34 ibid., p. 15
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Russell, A Critical Exposition of the Philosophy of Leibniz, Preface
to the second edition, p. V.
5 Ibid., p. 67.
6 Ibid.
4 Ibid, p. 482.
17 Ibid., p. 356.
18 Ibid., p. 364.
23 Ibid., p. 329-330.
24 Ibid., p. 348-349.
27 Ibid., § 632.
2 Ibid., p. 66-67.
11 Ibid., p. 213.
20 Ibid.
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Tugendhat, « Willensfreiheit und Determinismus », 2007, p. 57-58.
4 Ibid., p. 311.
5 Ibid.
11 Ibid, p. 438.
17 Ibid., p. 30.
18 Ibid.
19 Ibid., p. 4.
20 Ibid., p. 7-8.
21 Ibid., p. 9-10.
4 Ibid., p. 197.
5 Ibid., p. 489.
6 Ibid., p. 566
23 Ibid., p. 285.
24 Ibid., p. 184.
33 Ibid.
9 Leibniz, ibid.
27 Ibid.
Jean-luc boutin <Jean-luc@famille-boutin.org>
1 Leibniz, « Recherches générales », TLM (Rauzy), p. 239.
2 Ibid., p. 243-245n.
6 Ibid., p. 193.
9 Ibid., p. 275-277.
11 Ibid.
12 Ibid.
13 Ibid.
16 Ibid., p. 408.
28 Sellars, ibid.
5 Ibid.
10 Ibid., p. 163.
11 Ibid.
19 Ibid., p. 163.
34 Ibid., p. 133.
35 Leibniz, TI (Grua), II, p. 580.