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Agriculture du Maghreb

N° 102 - Mars 2017 1


Agriculture du Maghreb
2 N° 102 - Mars 2017
EDITIONS AGRICOLES
Sarl de presse
Edito
Mondialisation
Au capital de 100 000,00 dhs
R.C.: 127029
I.F.: 01006251

et rôle de l’Etat
Patente N° : 35870166
Autorisation :

P
GROUPE HASSAN DERHEM armi les secteurs agricoles qui font tant que garant de la sécurité alimentaire
l’actualité au cours de ces derniers et d’apporteur de devises, de fournisseur
22 bis, rue des Asphodèles mois, ceux des agrumes et des pe- d’emplois aux habitants ruraux qui en ont
tits fruits rouges. Ces deux filières, grandement besoin, etc.
Résidence Zakia - Quartier Burger
parmi d’autres, ont en commun les efforts Cependant, dans le cadre d’une mondiali-
20380 Casablanca fournis par les producteurs et autres in- sation sauvage, où la loi du plus fort pré-
Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 tervenants et leurs organisations profes- domine, on ne peut pas demander à nos
212 (0) 522 23 82 33 sionnelles aussi bien dans le domaine de agriculteurs de rivaliser avec des concur-
agriculturemaghreb@gmail.com
la production, conditionnement, etc. que rents bénéficiant de toutes sortes d’aides
celui de la promotion et marketing. Après et soutiens et de la protection d’Etats qui
www.agriculturedumaghreb.com
la participation des associations aux salons usent de tous les moyens pour défendre
internationaux, Fruit Logistica de Berlin leurs intérêts et pour l’établissement d’ac-
Directeur de publication (voir p 20) étant le dernier en date, elles ont cords commerciaux qui leur sont toujours
Abdelhakim MOJTAHID engagé des activités dignes d’être saluées : favorables. Nos autorités de tutelle se
les agrumes par la tenue, pour la première doivent donc d’être sur la brèche et non
fois, de journées nationales de réflexion seulement d’encourager les extensions de
Rédacteur en Chef sur l’avenir de la filière (en apportant non superficies et de production sans voir plus
Ingénieur Agronome seulement des doléances, mais aussi des loin les débouchés à même d’en absorber
Abdelhakim MOJTAHID recommandations -voir p 6). Quand aux les produits et sans envisager leur impact
petits fruits rouges, c’est par l’organisation national et international. La crise qu’ont
d’un salon dédié à ce secteur hautement connue les petits agrumes cette année en
Journalistes dynamique de l’agriculture marocaine est témoin. Il est malheureux d’assister à la
Ingénieurs Agronomes d’exportation (voir p 26). destruction de produits qui ont demandé
Abdelmoumen Guennouni Autre point commun, celui des produc- tant d’efforts à tous et qui ont mobilisé des
teurs. En effet, dans les deux cas ils font ressources que notre pays ne peut se per-
Hind ELOUAFI
face à toutes sortes d’aléas et difficultés, mettre de gaspiller.
font preuve de courage dans leurs acti- Dans la situation actuelle de notre agri-
Ont participé à ce numéro : vités et leurs investissements, malgré les culture, une transition s’impose avant que
Prof. M’hamed Hmimina nombreuses contraintes et la faible visibi- les acteurs des différentes filières puissent
lité qui leur est offerte en termes de com- voler de leurs propres ailes. Des solutions
Dr. AbbèsTanji
mercialisation et d’avenir (du moins pour purement nationales, existent et il suffit
Yassine Jamali les agrumes). Les producteurs ont donné d’avoir le courage de les appliquer.
Mme Oumkaltoum Krimi Bencheqroun à leurs filières respectives, l’importance
qui est la leur aujourd’hui grâce à des ef-
Facturation - Abonnements forts continus et de longue date, dans les
domaines techniques, du respect de leurs
Khadija EL ADLI
engagements (contrats programmes), de
la recherche de l’innovation, du respect
Directeur Artistique des normes sévères qui leur sont imposées
Yassine NASSIF (certifications multiples), des droits sociaux
des ouvriers, etc.
Mais les professionnels de ces filières,
Imprimerie comme tous les acteurs des autres secteurs
PIPO de l’agriculture marocaine, ont encore be-
soin de l’Etat pour leur encadrement, leur
orientation, l’appui à leurs actions par le
financement, les aides, les subventions, Abdelmoumen Guennouni
une vision nationale de l’agriculture en Journaliste
Tous droits de reproduction
autorisés avec mention impérative
Agriculture du Maghreb
et complète du journal.
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Sommaire
20 FRUIT LOGISTICA 2017 58 La tavelure du pommier
- Les meilleures affaires Les bons réflexes
à l’édition anniversaire
- Participation marocaine 52 Maïs
lutte contre les adventices
DOSSIER
26
Petits fruits rouges
64 La main d’œuvre agricole :
L’un des secteurs les plus
dynamiques de l’agriculture récriminations patronales et
marocaine ouvrières
- Le secteur de la fraise
- La framboise et la myrtille 68 Désherbage tardif des
céréales :
40Fertilisation de la pomme
pas de traitement chimique au
de terre
stade épiaison
46
Tuta absoluta
Une journée de sensibilisation 70 Dégrasation
à Agadir des sols en régions arides
Des idées pour y faire face
52Raisin de table
Les principales maladies 72 L’olivier pour l’atténuation
cryptogamiques
des effets des changements
56
Pulvérisateurs climatiques
Bien réglés, ils pulvérisent
mieux 74 Petites Annonces
Nos annonceurs
AGQ 41 BAYER 59 LALLEMAND 31 TIMAC Agro 75
AGRIMATCO 27 BODOR 39 MAGRISER 5
YARA 17
AGRIMATCO 32 CMGP 76 MAMDA 2
AGRIMATCO 47 EKLAND 30 MEDFEL 15
AGRIPHARMA 35 Elephant Vert 37 NETPAK 35
AMPP 19 Elephant Vert 45 NOVAKOR 36 Cahier ARABE
ARYSTA 49 EURODIRP 44 Phytoloukos 38 CMGP
BASF 29 FELEM 55 SAOAS 51
MAMDA
BASF 53 FERTIMED 43 SIFEL Salon 61
BASF 63 IRRISYS 13 TECNIDEX 7 SALON SERDI
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Actu
Actu Filière

Journées Agrumes
de l’ASPAM
1re édition pleinement réussie
La filière agrumicole vit actuellement, et depuis quelques années déjà, une crise qui menace son avenir aussi bien à
l’export que sur le marché local. Les agrumiculteurs subissent de plein fouet la conjonction de plusieurs facteurs qui
font de cette activité agricole l’une des plus risquées quand à sa rentabilité et à la visibilité que les professionnels at-
tendent pour aller de l’avant.
C’est dans ce cadre que l’AS- et de réfléchir aux moyens à 2008-18, premier contrat pro- depuis 5 années sinon plus.
PAM, association des produc- même de solutionner les pro- gramme signé dans le cadre M Jrid a signalé aussi que le
teurs d’agrumes du Maroc, a blèmes auxquels ils font face. du PMV avec la profession et système d’assurances mis en
pris l’initiative d’organiser à Les objectifs spécifiques fixés ce 9 ans après sa signature et place pour l’agriculture n’a pas
Agadir les 24 et 25 février der- à ces journées visent à dresser à la veille de sa dernière année. marché dans le secteur des
niers, des journées regroupant un état des lieux du secteur Lors de la séance inaugurale et agrumes, vu qu’il ne couvre pas
des représentants de toutes de la production des agru- après les discours de bienve- les risques majeurs de cette
les composantes de la filière mes au Maroc et à élaborer un nue, M Abdellah Jrid, Président activité essentielle pour notre
et de toutes les sections des plan quinquennal de mise à de l’Aspam, a mis en exergue pays. M Jrid s’est aussi arrêté
régions de production dans niveau et de développement le producteur comme base aux contraintes structurelles,
le pays. Des agriculteurs, des du secteur. de toute l’activité agrumicole. climatiques et de gestion, ain-
conditionneurs, des fournis- Des études présentées à cette Il a souligné les sacrifices que si qu’à la nécessité de trouver
seurs d’emballages, etc. se sont occasion, montrent les réa- celui-ci ne cesse de concéder les solutions permettant de
réunis dans le but d’étudier la lisations effectuées dans le et sa position de principale remettre le secteur sur les rails
situation actuelle de la filière cadre du contrat programme victime de la situation qui dure et de redonner confiance et es-
poir au producteur d’agrumes
au Maroc.

Déroulement
des travaux
Quatre ateliers ont été organi-
sés lors de la première journée.
La profession entendait, à tra-
vers leurs travaux, ‘‘sortir avec
des recommandations claires
et un plan d’action portant sur
la mise à niveau du secteur de
la production des agrumes en
relation avec les autres mail-
lons, notamment le condition-
nement, la commercialisation
et la transformation’’ indique
le programme des journées.
Ces atelier ont regroupé des
participants des différents sec-
teurs d’activité de la filière qui
ont pu discuter largement des
contraintes entravant la filière
et sont sortis avec des recom-
mandations de mesures pour
dépasser cette crise.
Les recommandations des
quatre ateliers ont été rédi-
gées par des commissions

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M. Abdellah
JRID, Président
de l’ASPAM

choisies parmi les participants, 3. Subventions lutte contre la cératite (Réaménagement des aires de
et présentées lors de la séance • La commission suggère de 7. Fiabilité des estimations de la station, renouvellement des
de cloture qui a eu lieu en fin maintenir les subventions récolte infrastructures de condition-
de deuxième journée. Ci après, comme elle sont et les assigner Pour les estimations de la nement et de conservation)
l’intégralité des recommanda- ainsi : production, demander à la di- o Le montant de ladite sub-
tions telles que présentées aux o 4.000 dh/ha aux PF conven- rection des statistiques et de vention est au minimum de
participants : tionnels stratégie plus de coordination 30% sans plafonnement
o 8.000 dh/ha aux PF super- avec la profession (timing 1er • Mobilisation de l’aide de
Commission 1 : précoces et tardifs
o 11.000 dh aux oranges
estimation en juillet et mise à
jour en septembre)
l’état à travers une subvention
pour :
Production d’agrumes • Privilégier le renouvellement o Certification des stations
et production de plants o Mise en place des systèmes
(Pépinières)
des vieux vergers
4. Encadrement : mettre le
Commission 2 : d’information et de traçabilité
1. Contrôle des parcs à bois des point sur les actions pouvant
Conditionnement, o Encadrement des produc-
pépinières : aider à l’amélioration des ren- emballage et teurs affiliés (certifications et
• Implication des services du dements de la qualité et du transformation traçabilité, mise en place des
ministère de l’agriculture dans taux export La réflexion des participants protocoles ONSSA pour la Rus-
le choix des variétés et porte- • Encadrement ONCA : Redé- s’est articulée autour des axes sie et les USA)
greffes en s’assurant de leur finir les objectifs de l’ONCA suivants : o Le montant de ladite sub-
adaptation à la région concer- et le doter des compétences 1. La valorisation de la pro- vention est de 100%
née adaptées à même de relever duction d’agrumes • Encourager la valorisation
• Enrichissement du profil va- les défis de l’encadrement du 2. L’amélioration du net pro- des produits de la 2ème ca-
riétal avec des variétés à haute secteur des agrumes ducteur tégorie destinés au marché
valeur ajoutée : mettre en • Conseil agricole : Promou- 3. La modernisation de l’outil Afrique par les mesures sui-
place les mécanismes requis à voir l’intervention des conseil- de conditionnement vantes
cet effet lers agricoles et améliorer les 4. L’optimisation des investis- o Instauration d’une subven-
• Renforcement des mesures moyens de motivation qui leur sements tion au niveau emballage
de contrôle des pépinières, sont assignés 5. La capitalisation des res- o Encourager la logistique
notamment l’authenticité et • Généraliser la cueillette sé- sources humaines par voie maritime pour éviter
l’état sanitaire des parcs à bois lective et fixer le tarif du condi- 6. Encouragement de la re- les difficultés du transport par
certifiés tionnement sur le TV cherche et développement la voir terrestre
• Etablissement d’une collec- • Contrôle de la qualité, des • Mise en place de formations
tion nationale de référence prix des intrants et de la qua- Après débat la commission a professionnelles dédiées au
pour les agrumes lification des distributeurs et proposé les recommandations métier de conditionnement
• Instaurer les essais DHS pour opérateurs du secteur suivantes : et d’emballage pour pallier les
l’enregistrement et la protec- • Demander plus de vigilance • La prestation de condition- problèmes liés au manque de
tion des nouvelles obtentions aux services officiels pour nement sera calculée sur la qualification
variétales (nationales et étran- un contrôle renforcé de l’en- base du ‘tout venant’. Le détail • Réalisation d’étude intégrale
gères) semble des intrants concer- de coût de la prestation et les au niveau national et interna-
2. Production : nant le secteur agricole mesures d’accompagnement tional sur la consommation de
• Harmonisation de la produc- • La profession demande la seront élaborés au niveau de jus d’agrumes et dérivés pour
tion par région (recommander suppression des taxes appli- l’ASCAM la promotion de ce secteur
les variétés et les combinai- quées aux intrants agricoles • Mobilisation de l’aide de (RD, production et commercia-
sons adaptées par région) 6. Cératite l’état à travers une subvention lisation)
• Rééquilibrage variétal Le projet TIS installé au Souss pour : • Mise à niveau de la logis-
o Clémentines super pré- travaille pour l’ensemble du o La création de nouvelles tique et infrastructures aux
coces secteur des agrumes au Maroc. unités de conditionnement et différents ports d’exportation
o Les petits fruits tardifs Il faut lui apporter plus de sou- de transformation des agru- pour améliorer le flux (quai
o Les oranges tien pour sa mise en place. mes de débarquement, entrepôts
o Les oranges pigmentées Assouplir la procédure d’octroi o La mise à niveau des sta- frigorifiques et pré cooling,
(Washington sanguine, San- des subventions pour tous les tions de conditionnement et démarches administratives et
guinelli, Torocco et Moro) produits homologués pour la transformations existantes système de contrôle)

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• Installation d’un système de européens, dû à la situation blique à la difficulté d’accès 9. Valorisation des agrumes
mutualisation d’utilisation des géographique et aux problé- aux marchés d’Afrique de par le conditionnement en
chambres froides en vue de ré- matiques logistiques l’ouest fortement liée aux bar- ayant des prix adéquats des
duire le coût d’investissement • Situation des marchés d’ex- rières douanières trop élevées emballages
au niveau de froid portation du Maroc : (exemple du Sénégal) 10. Organiser des campagnes
• Prévoir une subvention spé- • Changements structurels sur de publicité et de marketing
le marché russe, lié à :
ciale pour la construction au
niveau des ports, des entrepôts • l’augmentation de la part
Commission 4 : pour stimuler la consomma-
Commercialisation tion et changer l’image ac-
frigorifiques. Cette subvention de la grande distribution avec tuelle de qualité des produits
concerne aussi les réaménage- une tendance vers les ventes marché local
1. Agrégation et intégration chez le consommateur maro-
ments des chambres froides directes cain
classiques déjà existantes au • Effet de la régulation des prix des petits producteurs dans
des coopératives pour mieux 11. Encourager le développe-
niveau des ports, en unités de mise en place sur la capacité
intégrer leur production ment des unités de transfor-
pré-réflrigération de chaque exportateur à ré-
2. Incitation à la contractua- mation pour mieux valoriser le
• Prévoir le maintien, tout au pondre individuellement aux
lisation entre coopératives et produit
long de l’année, des alloca- grandes quantités demandées
par la grande distribution grossistes 12. Intégrer les associations
tions familiales de la CNSS et la
• Prédisposition croissante des 3. Fixation d’un prix minimum professionnelles relatives aux
couverture AMO pour la main
acheteurs à changer de four- sur le marché local au niveau maillons de la chaine non pré-
d’œuvre saisonnière
• Pour assurer la compétitivité nisseur pour une petite diffé- des stations de conditionne- sentes à Maroc Citrus tels que
du produit marocain au niveau rence de prix (exemple donné ment et vergers les grossistes et la logistique
des pays de destination, une en Russie) 4. Mettre en place un règle- 13. Faire une étude sur les cir-
étude est recommandée pour • Absence ou quasi absence ment intérieur à court terme cuits de la commercialisation
établir la cascade des coûts de des marchés européens (no- des marchés de gros. Exemple et de la distribution des agru-
revient par rubrique au niveau tamment la France, l’Alle- la définition des intervenants mes au niveau national pour
de toute la chaine de condi- magne et la Pologne) dans les marchés et les ho- déterminer les caractéristiques
tionnement : depuis la récolte • Difficulté d’accès aux mar- raires des transactions de chaque circuit
jusqu’au port chés d’Afrique de l’ouest, pour- 5. Accélérer la mise en place 14. Lancer une étude sur la
• Vu la rareté des produits ho- tant prometteurs, du fait des du plan directeur de restruc- répartition de la marge com-
mologués sur agrumes au Ma- barrières douanières trop éle- turation des marchés de gros merciale le long de la filière
roc, en post récolte, revoir la vées en impliquant l’interprofession agrumicole
procédure d’homologation de • Subventions et soutiens pu- « Maroc Citrus »
l’ONSSA blics : Demander un arsenal de 6. Mettre en place un système Ces recommandations, pré-
subventions pour contribuer à d’information performant sur sentées lors de la séance de
résorber le déficit de compéti- les marchés de gros permet-
Commission 3 : tivité du Maroc. Parmi d’autres tant d’avoir des informations
clôture par les représentants
Commercialisation des 4 commissions, seront
possibilités évoquées : sur les prix et les quantités
transmises au conseil d’admi-
à l’export o Des subventions à l’export commercialisées par produit
nistration de l’ASPAM qui se
Diagnostic de la situation des (à la tonne exportée) en temps réel
chargera de les transmettre
exportations o Des subventions sur le fret 7. Définir la marge commer-
• Chaine de valeur et logis- ciale maximale au niveau des aux autorités de tutelle et d’en
maritime
tique : Manque de compétitivi- suivre l’application.
o Des subventions pour la marchés de gros et des détail-
té coût du Maroc perçu par les mise en place de plateformes lants pour régler les prix de Les participants à ces journées
opérateurs d’importation dans les nou- vente pour les producteurs et ont exprimé leur satisfaction
• Rendement à l’hectare trop veaux marchés prioritaires les consommateurs finaux des débats et des idées et
faible comparativement à celui • En contrepartie de ces sub- 8. Donner la possibilité aux recommandations auxquels
des concurrents ventions proposer la possibi- producteurs organisés dans ils ont abouti de même que
• Déficit de compétitivité par lité de réduire les subventions des stations de conditionne- leurs espérances que leurs do-
rapport à la Turquie et l’Egypte à la plantation notamment des ment agréées par l’ONSSA de léances trouveront des oreilles
(eau, énergie, subventions) et petits fruits actuellement do- commercialiser directement attentives en vue de solutions
déficit structurel par rapport minants sur des points de vente sans durables aux problématiques
à l’Espagne sur les marchés • Sensibiliser la sphère pu- passer par les marchés de gros que vit la filière.

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Actu
Actu Association
L’APNM tient son
Assemblée générale ordinaire
C’est dans le Centre Régional de la Recherche Agronomique de Kénitra que l’Association des Producteurs de Nador-
cott au Maroc (APNM) a choisi de tenir son Assemblée Générale Ordinaire, le 16 février 2017. L’APNM dont la principale
mission est de préserver et promouvoir la variété du mandarinier Nadorcott, est composée de l’ensemble des pro-
ducteurs de Nadorcott au Maroc qui détiennent une licence de production. L’INRA se devait d’accueillir cette réunion,
étant donné que c’est dans l’une de ses stations et précisément celle d’Afourer qu’a été décelée la mandarine Nador-
cott par le chercheur Nadori El Bachir. C’est la collaboration entre l’INRA et la Direction des Domaines Agricoles qui a
permis de mettre au point cette variété tardive de mandarinier qui marquera l’histoire contemporaine de l’agrumicul-
ture méditerranéenne.
variétés d’agrumes et garantit vier à mi-mai et donc une dis-
Les participants à cette AG, techniques au profit des pro-
l’auto-stérilité du mandarinier ponibilité tardive sur les étals
ont eu connaissance des ac- ducteurs à travers les régions
Nadorcott et donc l’absence de qui la différencie des autres
tivités de l’association durant de production
pépins dans les fruits. variétés de mandarine, satis-
la précédente campagne, - organisation et supervision
La surface qui lui est dédiée a faisant à la fois les consomma-
parmi lesquelles on peut ci- de l’installation du système
connu une grande évolution teurs et les distributeurs.
ter : de traçabilité Gesvatec dans
puisque le nombre d’arbres Quant aux exportations, elles
- la forte croissance des ex- les stations
plantés est passé de 299.862 sont passées de 14.000 tonnes
portations due à la grande - participation à différents
avant 2002 à près de 5 508 685 en 2007, à 105.890 en 2016 et
évolution des superficies dé- salons internationaux avec
pieds actuellement, soit l’équi- avec des prévisions de 110.964
diées à Nadorcott, pour objectifs d’accroitre la
valent de 6 635 ha. La réparti- en 2017. En effet, naturellement
- la mise au point du label notoriété du nouveau label
tion régionale des plantations sans pépins et dotée d’une
qualité ‘‘Morocco Nadorcott et de développer les ventes
est comme suit : Chichaoua peau permettant un épluchage
Seedless’’ et nomination de la Nadorcott marocaine
36%, Marrakech 19%, Souss facile, la mandarine Nadorcott
d’une commission pour éla- - lancement d’études de
18%, Gharb 15%, Safi 6%, Béni est plébiscitée par les consom-
borer le cahier des charges Benchmark et sur la notorié-
Mellal 4% et Kelaa 2%. Cette mateurs du monde entier. 27
du label, qui a été déposé té de la Nadorcott marocaine
production concerne 166 pro- stations sont agréées et équi-
comme marque dans différents pays.
ducteurs détenant 223 licences, pées du système de traçabilité
- organisation de journées
qui mettent tous les moyens en Gesvatec : 14 dans le Souss, 6
œuvre pour garantir un Label à Marrakech, 3 à Casablanca, 2
L’assemblée Générale, qui a la précédente campagne et an- qualité répondant à un cahier à Béni-Mellal et 2 au Gharb. En
connu la participation massive noncer les mesures envisagées des charges et garantissant 2015-16 le nombre de produc-
des producteurs nationaux de pour l’avenir. l’origine de la production et le teurs pour l’export était de 77.
Nadorcott, avait pour ordre du caractère sans pépin. Les unités Il est prévu qu’il passe à 88 en
jour : Situation de la de production sont certifiées 2017.
- La présentation des rapports variété en 2016 selon les référentiels en vigueur
d’activités et financier de l’asso- La mandarine Nadorcott est reconnus à l’international dont Réalisations
ciation la certification « Global GAP » et
- Le renouvellement des
produite dans 7 grandes ré-
la majorité d’entre elles sont en
de l’association
gions du Royaume dans des
membres du Conseil d’Adminis- vergers 100% isolés afin d’éviter cours de certification « Nature en 2016
tration au nombre de 14 la pollinisation avec d’autres va- Choice ».
riétés. Cet isolement empêche La production s’étale de janvier Travaux de la
L’occasion également de faire la pollinisation entre les arbres à fin avril, ce qui permet une commission technique
un bilan des réalisations lors de de Nadorcott et ceux des autres commercialisation de mi-jan- Le Conseil d’Administration via
sa commission technique a mis
au point le label qualité « Mo-
rocco Nadorcott Seedless » qui
garantit des fruits savoureux
et naturellement sans pépins.
Il a également nommé une
commission composée de
producteurs, commerciaux et
conditionneurs pour élaborer
le cahier des charges du label
« Morocco Nadorcott Seedless »
qui a été validé.

Agriculture du Maghreb
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de communication en ciblant les de distribution en Angleterre,
supports spécialisés : Canada, Russie, France et Hol-
- Insertions d’annonces et d’ar- lande.
ticles dans la presse profession-
nelle Un voyage au Pérou et Chili
- Insertions de bannières dans a également été organisé
les portails spécialisés fin juillet 2016 au profit d’un
- Diffusion de Newsletter auprès groupe de professionnels
L’APNM a également pour mis- stations agréées.
des donneurs d’ordre internatio- marocains pour leur permettre
sion de fédérer les producteurs A nouveau cette année, l’APNM
naux… de mieux connaître l’expérience
par le partage des pratiques a sollicité la précieuse colla-
latino-américaine en matière
culturales et du savoir­ -faire boration de l’EACCE pour le
En 2016, l’APNM a également de production, de condition-
techniques dans un objectif contrôle de l’authenticité et des
pris part à des salons clés nement et de commercialisa-
d’amélioration continue de la exportations de Nadorcott. Et
comme Fruit Logistica Berlin et tion de la Nadorcott. Lors de ce
production quantitative mais comme à leur habitude, les res-
World Food Moscow. Ces par- voyage, les producteurs ont pu
surtout qualitative de la Nador- ponsables de l’Etablissement
ticipations avaient pour objec- visiter 7 vergers d’agrumes, 3
cott et de la qualité intrinsèque n’ont pas tardé à répondre fa-
tifs d’accroitre la notoriété du stations de conditionnement et
du fruit. En 2016, quatre jour- vorablement aux doléances de
nouveau label « Morocco Nador- 1 pépinière. L’occasion de tirer
nées techniques ont été organi- l’Association.
cott Seedless » et de dévelop- des enseignements constructifs
sées, notamment à Marrakech
pour la Nadorcott marocaine et
et Agadir, dans l’objectif d’amé- Travaux de la per les ventes de la Nadorcott
lier des contacts avec les homo-
liorer la qualité et la producti- marocaine. Par ailleurs, et pour
vité de la Nadorcott du Maroc.
commission Marketing améliorer sa connaissance des
logues du continent sud-améri-
Fière des qualités exception- cain.
Différentes thématiques ont été différents marchés et ajuster les
nelles de ce fruit unique cultivé
abordées : cueillette, fertiga- stratégies de développement,
au cœur de son terroir d’origine,
tion, maladies de post-récolte, l’association a lancé de nom-
ravageurs et maladies, certifica-
l’APNM a lancé en janvier 2016
breuses études, dont ont peut Ressources
le label Morocco Nadorcott
tions de qualité
Seedless®. Ce label a été offi- citer : humaines
ciellement déposé en tant que - une étude de Benchmark sur la Pour mener a bien ses dif-
Contrôle des marque au Maroc alors que le Nadorcott en Grande Bretagne férentes missions, l’asso-
exportations dépôt en Union Européenne, en dont l’objectif est de construire ciation a recruté un cadre
L’APNM a organisé et super- Russie, aux USA et au Canada est une base de données qui per- permanent et envisage le
visé l’installation du système en cours. Un plan de communi- met d’identifier la supériorité recrutement d’un ingé-
de traçabilité Gesvatec dans 3 cation de grande envergure a des caractéristiques de la Nador- nieure agronome maîtrisant
nouvelles stations d’agrumes. été lancé pour imposer ce label cott marocaine par rapport aux parfaitement l’anglais pour
Ce système fournit une garan- comme synonyme d’exigence, autres variétés concurrentes s’occuper des aspects tech-
tie supplémentaire de l’origine de qualité et de confiance. Ce sur le marché anglais. Les résul- niques et procéder à une
et l’authenticité du fruit pour plan est basé sur plusieurs ac- tats de l’étude ont révélé que étude de benchmark inter-
les exportations. L’agrément tions, notamment la création de la Nadorcott du Maroc est bien national sur les systèmes de
pour le conditionnement de nombreux supports de commu- placée par rapport aux autres
production, conditionne-
la Nadorcott a été accordé nication en plusieurs langues : variétés testées
ment et commercialisation
moyennant la signature d’une leaflet de présentation du la- - une étude de notoriété de la
mis en place dans différents
convention (production sous bel, film d’animation, dossier Nadorcott du Maroc adressée
pays exportateurs d’agru-
licence uniquement, respect du de presse, Brand Book, site web aux grossistes, aux centrales
mes et de Nadorcott.
label, etc.). Cette convention dédié au label… De même, l’as- d’achat des grandes chaînes de
a été généralisée à toutes les sociation a multiplié les actions distribution et aux plateformes

Stand très animé de l’APNM au salon Fruit Logistica


Newsletter
trimestrielle
L’APNM a diffusé en
Novembre 2016 sa
première Newsletter
trimestrielle. Cette
dernière permet d’in-
former les membres
de l’APNM des diffé-
rentes activités entre-
prises par leur Asso-
ciation.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 11
Actu
Actu Région

La région de l’Oriental
Mieux valoriser le potentiel agricole
Que ce soit en grandes culture (céréales) ou en arboriculture (olivier, amandier), l’agriculture dans la région de l’orien-
tal est en bonne voie grâce aux bonnes conditions climatiques de cette année, aux efforts de reconversion et à la plan-
tation de superficies importantes de vergers.

Filière céréalière : au programme et de 47% par


rapport à la campagne 2015-16.
5.000 ha. Actuellement la super-
ficie totale semée est de 5.007
attention particulière afin de
lutter concrètement contre la
la campagne agricole 2016-17
Pour la multiplication des se- ha, soit 100% du programme pauvreté rurale en augmentant
s’annonce satisfaisante
mences céréalières, le pro- nouvellement arrêté au titre de le revenu des agriculteurs dans
En général, les dernières préci-
gramme arrêté en début de la la campagne agricole 2016-17. les zones défavorisées.
pitations et les chutes de neige
campagne a été totalement Globalement, l’état végétatif des Dans le cadre de la mise en
au niveau des hauts plateaux
réalisé avec 2.713 ha, soit un dé- cultures est qualifié de satisfai- œuvre de ces projets agricoles
placent sous de bonnes pers-
passement de 35,7% par rapport sant et la situation des céréales solidaires, un programme de re-
pectives la campagne agricole
au programme, dont 1.269 ha de devrait évoluer favorablement conversion en arboriculture frui-
2016-17 au niveau de l’Oriental.
blé tendre, 417 ha de blé dur et compte tenu des précipitations tière a été lancé afin de mieux
En effet, le cumul pluviomé-
1.027 ha d’orge. enregistrées et des travaux d’en- valoriser le potentiel agricole
trique moyen à fin janvier 2017 Concernant la commercialisa- des terres. En effet, cette straté-
tretien apportés par les agricul-
est de 155 mm contre un cumul tion des facteurs de produc- gie s’est fixé pour objectif d’at-
teurs.
de 92,2 mm enregistré au cours tion au niveau des 30 points de teindre 153 000 ha de superficie
de la campagne agricole précé- vente dans la région de l’Orien- plantée en olivier d’ici 2020. Du-
dente à la même date, soit un tal, la commercialisation des
La filière oléicole en rant la période 2010-16, 60 pro-
surplus de plus de 68%. semences certifiées à fin janvier pleine croissance jets Pilier II sont lancés en mo-
Les précipitations enregistrées 2017 a enregistré une quantité L’oléiculture dans la région de bilisant un budget global de 1,3
durant les mois de décembre et record et a dépassé les 92.000 l’Oriental connait actuellement Md DH dont 23 projets oléicoles
janvier 2017 ont un impact posi- Qx contre 46.000 Qx vendus la une grande expansion avec un avec un investissement de 542
tif sur le rythme d’avancement campagne agricole 2015-16, accroissement important en MDH pour 16.770 bénéficiaires.
des activités agricoles. Ces der- soit un dépassement de 50 % ce termes de superficie qui est A fin 2016, la superficie plantée
nières se sont intensifiées pour qui montre le recours massif des passé de 83 000 ha en 2008 à en olivier est de 24 994 ha, soit
remédier au retard accusé en agriculteurs à l’utilisation des se- 115.000 ha actuellement, soit 74% du programme des planta-
début de campagne surtout en mences certifiées. une augmentation de 39% tions arboricoles.
zones pluviales. Pour la betterave sucrière, le répartie sur les provinces de En termes de production, la
Ainsi, pour les céréales d’au- programme arrêté au début de Oujda-Angad, Berkane, Nador, filière oléicole a connu une
tomne, le programme d’em- la campagne était de 2.500 ha Taourirt, Driouch, Jerada, Guer- nette croissance particulière en
blavement arrêté en début de suite au déficit hydrique enre- cif et Figuig. passant de 70.000 T en 2008 à
la campagne agricole 2016-17 gistré au niveau du complexe Cette progression est forte- 142.244 T lors de la campagne
était de 320.000 ha. Actuelle- hydroagricole de la Moulouya. ment soutenue et stimulée par 2015-16, soit une progression de
ment, la superficie totale embla- Après les précipitations de dé- la mise en œuvre du Plan Agri- plus de 100%. Autour de 90% de
vée est de 416.614 soit un dé- cembre, ce programme a été cole Régional qui a fait bénéfi- la production est destiné à la tri-
passement de 30% par rapport revu à la hausse pour atteindre cier l’agriculture solidaire d’une turation et à la conserve. L’objec-

Agriculture du Maghreb
12 N° 102 - Mars 2017
tif est d’atteindre une production de 237 000 à l’augmentation sensible de la superfi-
T d’ici 2020. cie plantée en amandiers qui a dépassé
Pour assurer une valorisation adéquate de la 24.700 ha au cours de la campagne 2015-
production oléicole, la Direction Régionale 16 soit une augmentation de 56% par rap-
de l’Agriculture de l’Oriental mène des ac- port à 2008.
tions soutenues pour l’appui aux organisa- Le projet de développement de l’aman-
tions professionnelles agricoles concrétisant dier dans l’Oriental sur une superficie de
ainsi la vision du Ministère de l’Agriculture 7.000 ha est le résultat d’une collabora-
pour le développement des produits de tion entre les royaumes de Belgique et du
terroir, mais aussi pour accompagner la de- Maroc et est classé parmi les projets struc-
mande croissante en matière d’huile d’olive turants qui ont contribué au développe-
de bonne qualité. ment des vergers d’amandier dans le go-
Cette importance particulière se traduit par bernorat d’Oujda Angad et les provinces
la mise en place d’une unité de trituration de Berkane, de Jerada et de Taourirt. L’in-
des olives d’une capacité de 60 T/J au pro- vestissement global de ce projet a atteint
fit du GIE Ahlaf Taourirt et d’une deuxième 177,75 Mdh et concerne la plantation de
unité d’une capacité de 60 T/J en cours
6.000 ha d’amandiers et la création de 3
d’installation au niveau de la province de
unités pour la valorisation des amandes.
Nador. Le Plan Agricole Régional prévoit la
De même qu’il comprend l’encadrement
construction de 9 unités de trituration et
et le suivi en faveur des producteurs bé-
l’équipement de 10 unités d’ici 2020. Cette
importance se traduit également par l’appui néficiaires. Ce projet ambitionne d’amé-
à la commercialisation à travers l’amélio- liorer la production et le niveau de vie
ration du packaging, l’hygiène et la qualité et de revenus des habitants. Ainsi, il est
de l’huile d’olive par la distribution de four- prévu que le revenu passerait de 1.760 à
nitures d’emballage à savoir les bouteilles 12.500 dh/ha.
d’huile d’olive. Il est important de noter que Une fois terminées les opérations de
la région compte actuellement 374 unités de plantation d’amandiers prévues dans
trituration dont 49 modernes et 30 conser- le cadre de ce projet, ce dernier est en-
veries d’olives. tré dans son ultime phase relative à la
En 2017, la Direction Régionale de l’Agri- valorisation puisque la DPA a procédé
culture de l’Oriental, prévoit la mobilisation au lancement le 20 février dernier, de la
d’un budget de 31,2 Mdh pour la plantation construction de la première unité de va-
de 2.100 ha en olivier par la mise en œuvre lorisation des amandes dans la province
de 11 projets dans les provinces de Berkane, de Berkane. L’investissement atteint une
Jerada, Driouch, Nador et la Préfecture d’Ou- valeur de 1.559 Mdh sur une superficie
jda Angad. estimée à 552 m2 et d’une capacité de
transformation d’environ 10 t/jour. Envi-
Amandier ron 854 producteurs, regroupés en GIE,
bénéficieront de ce projet dont la fin des
Projet de développement de la filière sur
6.000 ha et création d’une unité de valo- travaux est prévue pou fin 2017.
risation des amandes La DPA, vu les résultats positifs qui ont
Le PAR a accordé une grande importance caractérisé ce projet et plus particuliè-
pour le développement des arbres fruitiers rement le taux élevé de réussite dans la
dans la région de l’Oriental, spécialement plantation des amandiers ayant dépassé
l’amandier, puisque le DRA a lancé 17 projet 90%, et l’engouement qu’a connu ce type
Pilier II entre 2010 et 2016 concernant le dé- de plantation auprès de la population lo-
veloppement de la filière amandier à travers cal, a programmé d’autres projets visant à
les provinces de la région, ce qui a contribué élargir la superficie réservée à l’amandier
dans la province de Berkane. Le lancement
a été donné pour des travaux d’équipe-
ment de 3 forages réalisés dans le cadre
du pilier II pour le développement
de l’amandier sur une superficie
de 600 ha. Un budget estimé
à 13,98 Mdh a été alloué à ce
projet, incluant la plantation
de 600 ha, le creusement de
3 forages, l’aménagement de
10 km de chemins agricoles,
l’augmentation de la
productivité de 1,5 t/ha et
l’amélioration du revenu des
agriculteurs.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 13
Actu
Actu
Fruits rouges
L’AMCEF tient ses assemblées générales ordinaire et extraordinaire
Conformément à son statut, La dynamique Association Marocaine des Conditionneurs Exportateurs de la Fraise (AM-
CEF) a tenu le 15 février 2017 son Assemblée Générale Ordinaire et Extraordinaire à la Chambre de l’Agriculture de la
région Tanger-Tétouan-Al Houceima à Larache selon l’ordre du jour ci-après :

1°/ Assemblée sociation, l’assemblée a été


Générale Ordinaire ouverte par le Président de
- Bilan moral des exercices l’AMCEF, M. Mohamed ALA-
2014/15 et 2015/16 MOURI qui a été suivie par
- Bilan financier la lecture des rapports moral
- Divers et financier au titre des deux
- Approbation de la propo- dernières campagnes d’ex-
sition du bureau de l’AMCEF portation 2014-15 et 2015-
à la création d’une Fédéra- 16.
Au cours de cette assemblée
tion Interprofessionnelle
et conformément à l’ordre
Marocaine des Fruits Rouges
du jour qui portait aussi sur
(FIMFR).
la proposition de la création
de la Fédération Interpro-
2°/ Assemblée fessionnelle Marocaine des
Générale Fruits Rouges (FIMFR), les
Extraordinaire membres de l’association
- Statuer sur la modifica- ont approuvé à l’unanimité la jectifs. L’assemblée Générale élevés.
tion du statut de l’AMCEF proposition en question. de l’AMCEF a salué la réali- - Participer à la forma-
en remplaçant de le nom de L’Assemblée a approuvé sation des objectifs pour les- tion des agriculteurs et des
l’Association Marocaine des également le remplacement quels l’association a été créée agroindustriels afin d’assurer
Conditionneurs Exportateurs du nom de l’Association Ma- en 2011 à savoir :
de la Fraise (AMCEF) par la mise à niveau de leur en-
rocaine des Conditionneurs - La représentation des pro-
l’Association Marocaine des treprise.
Exportateurs de la Fraise ducteurs et des agroindus-
Conditionneurs Exportateurs (AMCEF) par l’Association triels auprès des autorités
des Fruits Rouges (AMCEFR). Marocaine des Condition- compétentes pour le déve- L’association assure égale-
neurs Exportateurs des Fruits loppement et la protection ment l’encadrement de la
Le quorum étant atteint Rouges (AMCEFR). des intérêts de la filière. logistique et des exporta-
par la présence de 15 adhé- Ainsi, depuis sa création, - Le développement de tions avec les responsables
rents sur les 20 constituant l’association multiplie les ac- l’image de marque de la fi- du port de Tanger Med et les
les membres actifs de l’as- tions pour atteindre ses ob- lière, tant au niveau national administrations concernées.
qu’international.
Elle suit de près les relations
- La contribution à la mise à
de concertation avec les or-
niveau des entreprises agri-
coles en vue d’assurer leur ganismes professionnels et
compétition à l’échelle inter- les opérateurs des supermar-
nationale. chés Anglais sur le respect
- La diffusion des informa- des normes sociales et des
tions sur le marché et la pro- bonnes pratiques agricoles
motion des marchés clients des Exploitations Agricoles.
en vue d’assurer le label qua-
lité du produit Maroc.
Par ailleurs, l’AMCEF a été
- L’amélioration des ni-
présente dans tous les évé-
veaux techniques et organi-
sationnels des entreprises nements nationaux et inter-
agricoles en vue d’assurer nationaux en relation avec la
leur conformité vis-à-vis des filière des petits fruits rouges
standards de qualité les plus (salons, congrès…).

Agriculture du Maghreb
14 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 15
Actu
Actu Entreprise
SCPC SAPEL
Journée d’information
à Ouled Teima
Le 14 février dernier fut l’oc- sur agrumes. Les principaux
casion pour L’ASPAM (L’as- groupes exportateurs de la ré-
sociation des producteurs gion étaient présents. En effet,
d’agrumes du Maroc), SCPC durant plusieurs campagnes
SAPEL et l’un des principaux agricoles des essais pertinents
applications de YaraLiva Cal- du dans le monde.
partenaires de cette dernière ont été menés par YARA dans cinit ont en effet permis une
YARA d’inviter 140 produc- la region de Taroudant afin de importante augmentation de
teurs à participer à une jour- prouver le rôle et l’efficacité Pour plus d’informations,
rendement par rapport aux
née d’information à Ouled Tei- de YaraLiva CALCINIT dans la parcelles témoin. YaraLiva contacter Jamal Biki Technico
ma sur l’utilisation du nitrate limitation du phénomène de CALCINIT reste aujourd’hui le Commercial SCPC SAPEL au
de calcium YaraLiva CALCINIT chute des fruits. Différentes nitrate de calcium le plus ven- 0661114923

ELEPHANT VERT de la vigne et de la tomate.


Plus de 50 agriculteurs spé-
ses ambitions et ses objectifs
commerciaux. A l’issue de la
Élargit sa gamme de produit et cialistes de la production de réunion, les distributeurs ont
la fraise et autres fruits rouges, eu l’opportunité de visiter
renforce sa présence sur le terrain ont répondu présents. l’unité de production. Visite
Eléphant Vert renforce conti- produit TOPCURE, la seule al- Toujours dans une optique de qui leur a permis de percevoir
nuellement sa présence à tra- ternative aux traitements fon- proximité, la première réunion l’expertise et la qualité du pro-
vers le pays et consolide ses giques chimiques récurrents. annuelle des distributeurs cessus de fabrication. A noter
relations avec les agriculteurs Une journée de lancement a d’ÉLÉPHANT VERT Maroc s›est que pour assurer la présence
des différentes régions en leur été organisée à Moulay Bou- tenue à Meknès le 23 février de ses produits partout au Ma-
fournissant les solutions et selham sur la culture des fruits dernier. Au programme, une roc, Eléphant Vert a opté pour
l’accompagnement adéquats. rouges notamment la fraise, série de présentations pour une politique de déploiement
Le mercredi 22 février a mar- culture cible pour la commer- mettre en avant les gammes massif pour couvrir tout le ter-
qué le lancement du nouveau cialisation du produit en plus de produits de l’entreprise, ritoire national.

MAF RODA AGROBOTIC Sa large expérience dans le


domaine de la post-récolte et
clé en main, pour tout pro-
jet de traitement, sélection,
sa constante évolution tech- conditionnement et palétisa-
Calibreuse pour myrtille BERRYWAY nique permettent à Maf Roda tion de fruits et légumes, ainsi
Agrobotic de proposer à ses qu’un service après vente de
MAF RODA AGROBOTIC, en- Cette nouvelle calibreuse clients des solutions globales, proximité.
treprise leader dans les équi- permet de sélectionner les
pements post-récolte pour les myrtilles suivant leur taille,
fruits et légumes, présente au couleur et qualité externe/
Maroc depuis plus de 30 ans interne, tout en assurant un
à travers son partenariat avec traitement optimum du fruit
la société Roda Maroc, vient tout au long du procès et à
de présenter la calibreuse une vitesse de 2500 bicônes
BERRYWAY. par minute.

Agriculture du Maghreb
16 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 17
Actu
Actu Entreprise
Mr Benmouama Marouane, Directeur
Général de Netafim Morocco.

l’Ouest.
Netafim est le leader mon-
S’installe au Maroc dial des systèmes d’irrigation
au goutte à goutte intelli-
gent et des solutions de mi-
« Netafim ouvre sa filiale rocco renforce son équipe cro-irrigation. Netafim aide
au Maroc et est heureuse technique et commerciale le monde à grandir plus et
d’accueillir Mr Benmouama au Maroc avec Mr Yassine mieux avec moins. Cela si-
Marouane en tant que Di- Laaribya qui se joint à Mr gnifie réaliser des récoltes
rer la qualité de notre ser-
recteur Général de Netafim Philippe Meray. de qualité et obtenir de meil-
vice et de notre assistance
Morocco. «L’ouverture de la nouvelle à nos clients et partenaires leurs rendements, en limitant
Soucieuse de renforcer son filiale s’inscrit dans le cadre au Maroc» déclare Mr Shavit l’utilisation des ressources
service avec ses clients et de la croissance du marché Dahan, Directeur régional naturelles du monde : l’eau,
partenaires, Netafim Mo- et notre volonté d’amélio- pour l’Afrique du Nord et de la terre et l’énergie »

Floride reste dans une posi- tions avancées pour trouver

Florida Fortuna tion forte et continue à utili-


ser les technologies les plus
des variétés innovantes qui
répondent aux besoins des

continue d’exceller au Maroc


avancées en recherche et producteurs et consomma-
développement pour une sé- teurs à travers le monde. La
lection rapide de nouveaux société s’est engagée à éta-
Cette année les températures en dépit de la baisse globale cultivars qui expriment un blir des synergies entre les
ont été déterminantes pour de la production de fraises en grand potentiel vis-à-vis de
producteurs de fraises, les
la saison des fraises au Ma- faveur d’autres fruits tels que la saveur, la qualité des fruits
négociants de fruits et les
roc. Elles ont joué un rôle cru- les framboises et les myrtilles. et la résistance aux maladies
programmes de sélection de
cial pour la détermination du sans compromettre le rende-
ment élevé. plantes, tout en identifiant
volume, de la qualité et des En raison du grand succès de
Florida Fortuna ces dernières de nouveaux créneaux de
prix. La saison a commencé
tôt, les premières livraisons, années, le programme de EMCO CAL continue à essayer marché pour son portefeuille
réalisées début Novembre, sélection de l’Université de et évaluer de nouvelles sélec- de variétés.
annonçaient une campagne
intéressante, en raison de la
bonne qualité et des prix éle-
vés. Contrairement à la sai-
son précédente qui a connu
un hiver particulièrement
doux, entraînant la concur-
rence avec d’autres pays pro-
ducteurs comme l’Espagne;
ce qui a impacté très forte-
ment sur les exportations
vers l’Union européenne.
Florida Fortuna connait un
grand succès au Maroc – un
succès qui est dû essentielle-
ment à la précocité et la ca-
pacité à produire à un rythme
stable et consistant avec une
haute qualité tout au long de
la saison. Sa part de marché
augmente d’année en année

Agriculture du Maghreb
18 N° 102 - Mars 2017
boom international
Le salon Macfrut continue à se développer. La 34ème édition du Salon International des fruits et légumes, qui se tiendra à Rimini du
10 au 12 mai prochains, sera plus grande, plus innovante et surtout plus internationale. Au delà de toutes les nouveautés qui ont été
révélées lors des derniers mois, les chiffres confirment la tendance qui a commencé il y 3 ans et qui est encore en train de se dévelop-
per : l’internationalisation du salon. En effet, 3 mois avant le début du salon, les exposants étrangers sont 30% de plus par rapport
à la dernière édition, avec pas moins de 40 pays représentés.

Le nombre des exposants venant Président de Macfrut. Ce message et légumes venant d’Italie, pas di- des visiteurs également: pour la pre-
des quatre coins du monde s’accroit, avait été lancé en présence de 18 re- rectement, mais à travers les Émirats mière fois il y aura des délégations
grâce à la participation de nouvelles présentants, entre ambassadeurs et ou l’Egypte – continue Piraccini – d’opérateurs du secteur venant du
origines émergentes sur la scène bureaux commerciaux de l’Afrique Maintenant les opérateurs de ce pays
Kazakhstan, Ouzbékistan et Kirghi-
internationale et avec une présence sub-saharienne. Cet appel n’a visible- désirent être présents à Rimini pour
remarquée du continent africain. ment pas sombré dans l’oubli, comme établir des relations commerciales zistan. La présence des Pays de
On peut citer entre autres : Ango- le prouve la considérable présence directes avec les exportateurs italiens. l’Europe du Nord n’est pas moins
la, Ethiopie, Uganda, Guatemala, des Pays africains et leur intérêt pour Le Soudan s’intéresse également au importante. Les visiteurs intéressés
Nicaragua, Costa Rica et Uruguay ; les relations commerciales avec l’Eu- salon pour chercher des acheteurs notamment par les produits bio,
ainsi que des délégations venant du rope » pour ses propres productions ; mais
jouissant cette année d’une atten-
Mozambique, Zimbabwe, Zambie, L’emblème c’est le Sudan, qui en surtout pour acquérir technologies et
Afrique du Sud, Sénégal, Ghana et 2015 n’était qu’un visiteur, en 2016 savoir-faire. » tion toute particulière, ne pourront
d’autres. était présent avec un stand de pro- Une autre nouveauté de la manifes- pas manquer les conférences et les
« Lors de la précédente édition du Sa- ducteur et lors de l’édition 2017 tation sera l’Angola, avec un grand réunions qui leur seront dédiées,
lon, pour répondre à l’appel de Kofi participera avec 2 grands espaces stand qui accueillera plus de 30 ainsi que le lancement de nouveaux
Annan, nous avions lancé le message d’exposition, l’un dédié aux produc- entreprises, ayant pour but de déve-
produits « Macfrut Bio »
selon lequel, le secteur des fruits et lé- teurs/exportateurs et l’autre spéci- lopper des contacts commerciaux,
gumes est la locomotive pour la crois- fique aux importateurs, avec plus de mais surtout d’améliorer leur sec-
sance et le développement des États 30 entreprises. « Le Soudan importe teur national des fruits et légumes. Pour plus d’infos:
d’Afrique, explique Renzo Piraccini, des quantités considérables de fruits Beaucoup de nouveautés du coté www.macfrut.com

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 19
SALON

FRUIT LOGISTICA 2017


Les meilleures affaires à l’édition anniversaire
Du 8 au 10 février 2017, plus de 75 000 visiteurs professionnels en provenance de plus de 130 pays
ont participé à la réunion mondiale du secteur des fruits et légumes, unique en son genre. Cepen-
dant, ‘‘l’ambiance positive que l’on a nettement ressentie dans les halls pendant les trois jours du sa-
lon est encore plus importante que l’augmentation réjouissante du nombre de visiteurs’’ a déclaré Dr
Christian Göke, PDG de la société Messe Berlin qui organise le salon.

L
e salon, leader mon- 3.100 en 2017, en provenance de multiples jalons sont posés pour
dial du commerce des 84 pays et qui ont pu présenter le succès de leurs exercice an-
fruits et légumes, a fêté non seulement l’éventail complet nuel. Attirer l’attention à l’échelle
cette année son 25ème des divers produits et services de la mondiale était ainsi tout aussi
anniversaire. Fondé en filière fruits et légumes, mais aussi important qu’initier et passer des
1993 à la suite d’une
de nombreuses innovations qui contrats. 87% des exposants ont
suggestion du secteur,
marquent une véritable révolution déclaré avoir eu cette année une
il s’est développé d’une manière
et qui rendent l’offre encore plus bonne impression générale du dé-
impressionnante. Il est ainsi passé variée pour les consommateurs. roulement du salon, 43% ont signé
d’une centaine d’exposants lors Pour ces exposants, au cours des des contrats pendant le salon et
de la première édition, à plus de trois jours que dure le salon, de 86 % estiment que les retombées

Agriculture du Maghreb
20 N° 102 - Mars 2017
commerciales seront bonnes. LOGISTICA », renchérit un autre. la logistique... « En parcourant les
Par ailleurs, les principaux objectifs « Pour nos exportateurs, FRUIT LO- nombreux halls de Fruit Logistica,
visés par les exposants étaient de GISTICA est une bonne occasion de les nouveautés qui rempliront de-
fidéliser les clients habituels, de se montrer mais aussi de sonder les main les linéaires se révèlent. Nous
présenter leur entreprise et de sé- besoins spécifiques et les nouvelles sommes ici pour essayer de cerner
duire de nouveaux clients. Mission exigences des clients », explique les tendances actuelles de com-
accomplie à en juger par les com- le responsable du pavillon turc. portement du consommateur afin
mentaires des exposants. « Véri- Par ailleurs, nombre d’opérateurs d’adapter les stratégies du com-
table vitrine pour nos produits, Fruit mettent à profit leur participation merce », explique un acheteur.
Logistica nous offre la possibilité de pour organiser des manifesta- Les visiteurs ont été unanimes à
rencontrer pendant trois jours nos tions destinées à présenter leurs juger les résultats commerciaux
clients en provenance du monde en- gammes, leurs nouvelles stratégies de leur visite à la manifestation
tier et de faire des planifications pour marketing et promouvoir leurs positifs. 80 % d’entre eux ont pu
toute l’année. Cela nous évite de faire nouveaux slogans. nouer de nouveaux contacts et 39
de longs voyages et nous fait donc Quant aux visiteurs professionnels, % ont signé des contrats pendant
économiser du temps et de l’argent ils ont été caractérisés par leur le salon. Plus des trois quarts des
» explique un exposant. « Pour internationalité et leur fort pou- visiteurs professionnels pensent
nous, cela vaut la peine de participer voir décisionnel au sein de leurs que les contacts établis pendant
chaque année à FRUIT LOGISTICA. entreprises. Le taux des visiteurs la manifestation donneront lieu à
Nous ne pouvons rencontrer nulle en provenance de l’étranger s’est la conclusion de transactions com-
part ailleurs autant de clients. Le sa- élevé cette année, à 82 %. Les pro- merciales après le salon.
lon nous aide à nous rendre visibles ducteurs de fruits et de légumes,
sur nos marchés », a expliqué un les représentants de l’import-ex- Un seul mot d’ordre :
autre. « Nos exposants sont très en- port et du commerce de gros et de innovation
thousiasmés. Ils rencontrent ici leurs détail ont été les plus importants En dehors des stands de fruits et
clients en provenance du monde groupes de visiteurs. Leurs centres légumes, les fournisseurs d’intrants
entier, ils intensifient également les d’intérêt étaient avant tout portés agricoles (semences, emballages,
contacts avec le marché asiatique, sur les fruits et les légumes frais, machines de conditionnement…)
c’est pour cette raison que nous par- les emballages, les machines de étaient présents en force pour
ticiperons également à l’ASIA FRUIT conditionnement, la conservation, présenter leurs nouveautés et en

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 21
SALON

même temps avoir une idée des axé leur participation autour de nal a également eu lieu à la veille
besoins de leurs clients, produc- l’accompagnement des opérateurs du salon. Avec plus d’une cin-
teurs de fruits et légumes. Ainsi, pour un meilleur rendement et quantaine de conférences scien-
les sociétés de semences pré- une meilleure qualité générale et tifiques, il était une plate-forme
sentes ont profité de cette vitrine sanitaire des fruits et légumes. idéale pour les échanges entre les
pour promouvoir leurs sélections. experts scientifiques et le secteur
En effet, il est incontestable que Programme des fruits et légumes frais. Cette
la création variétale est au centre des conférences : réunion internationale des experts
de l’innovation produit dans la Être bien préparé a été consacrée aux innovations et
filière ‘‘Légumes’’. La plupart des à l’avenir aux nouvelles technologies pour la
maisons grainières présentes ont Dans un monde de plus en plus qualité et la sécurité des fruits et
misé sur des produits à haute va- complexe, les connaissances et légumes.
leur ajoutée, générateurs de béné- le savoir-faire sont les meilleures Pendant le salon, quatre séries de
fices à l’ensemble des maillons de bases pour une planification com- manifestations ont été consacrées
la filière. Par ailleurs, compte tenu merciale efficace et des décisions aux défis actuels et futurs de la
de l’engouement des consomma- judicieuses. Le vaste programme filière. Les producteurs, les expor-
teurs européens pour les produits parallèle de la FRUIT LOGISTICA, tateurs et les distributeurs ob-
coupés, les variétés de légumes est un soutien précieux pour y ar- tiennent dans le Logistics-Hub des
doivent se prêter à la transforma- river. informations qui doivent les aider
tion et présenter une meilleure Parmi les grandes nouveautés de à prendre la bonne décision logis-
aptitude au transport, packaging cette édition, le nouvel évènement tique pour le transport de leurs
et stockage. multimédia, FRUITNET WORLD marchandises. Le Future-Lab est
Egalement parmi les stars du sa- OF FRESH IDEAS, qui a permis aux ‘‘l’atelier de l’avenir’’ du salon FRUIT
lon, l’emballage qui a dépassé sa participants de faire un voyage LOGISTICA dans lequel ont été pré-
fonction primaire de simple pro- plein d’inspirations le long de la sentés des concepts qui peuvent
tection, en passant à l’originalité, la chaîne de distribution mondiale. enrichir en peu d’années le secteur
praticité, la rentabilité et la préser- FRUITNET WORLD OF FRESH IDEAS des fruits et légumes par des inno-
vation de la qualité. Ainsi, grâce à montre les plus importantes ten- vations ou contribuer d’une ma-
l’intégration de concepts originaux dances dans le commerce mon- nière décisive à l’optimalisation le
et de nouvelles technologies, les dial des fruits et légumes frais, des long de la chaîne de valeur. Quant
fabricants ont permis à l’emballage toutes dernières tendances dans le au Fresh Produce Forum, il est
de prendre une nouvelle dimen- commerce de détail des denrées consacré aux problèmes actuels de
sion et accompagner les tendances alimentaires jusqu’aux nouveaux la filière auxquels des experts ont
de consommation et de distribu- développements dans la produc- donné des réponses compétentes.
tion des fruits et légumes. tion, l’emballage, le transport et la Et en fin, la manifestation Tech
Des sociétés leader de la protection logistique. Il donne ainsi des im- Stage a permis de mettre en évi-
des cultures étaient également pulsions créatives pour prendre dence la grande importance que
présentes aux cotés des différents chaque jour de meilleures déci- revêtent les solutions techniques
acteurs de la chaîne de produc- sions commerciales. pour la filière. En effet, sans la tech-
tion. Elles ont pratiquement toutes Le symposium FRUTIC internatio- nique, rien ne va plus dans le com-

Agriculture du Maghreb
22 N° 102 - Mars 2017
Les acteurs présents à Fruit Logisitica ont des idées à revendre.
merce des fruits et légumes ! Avec
Souvent, des produits associés permettent de consommer les fruits
l’automation croissante, la techno-
et légumes plus facilement. La tendance va même plus loin avec
logie s’est rapidement développée des kits tout en un, pour réaliser, par exemple, des boissons ou des
au cours des dernières années. sauces typiques mexicaines. De façon globale, l’idée est de faciliter
la préparation de ces produits bruts. Les QR codes et autres leaflets
Rendez-vous à la prochaine édi- abondent en rayons. Une idée logique quand on sait que le manque
tion de la FRUIT LOGISTICA, qui de savoir-faire culinaire est l’un des freins principaux à l’achat des
aura lieu du 7 au 9 février 2018. fruits et légumes.

Les innovations été coupée. Non seulement cela


permet de prolonger d’un à deux
lippines et sont ouvertes à l’aide
d’un casse-noisette livré avec les
de l’année jours la durée de conservation des noix. Les noix sont livrées dans des
Lors de chaque édition, le FRUIT salades, mais cela évite également sacs en coton biologique, l’encre
LOGISTICA Innovation Award rend le gaspillage des denrées alimen- utilisée est à base de soja.
hommage aux nouveaux produits taires. En effet, cette coloration pas Natupol Excel – Bumble Bee Vision
et services exceptionnels dans le très attrayante pour le consomma- de Koppert Biological Systems
secteur des fruits et légumes et teur entrainait jusqu’à présent un (Pays-Bas), a occupe la 3e place. Le
récompense les innovations qui refus d’achat non négligeable d’un produit est un outil de navigation
marquent une véritable révolution produit dont la qualité n’était pas destiné aux bourdons. Il les aide
pour la filière des fruits et légumes. influencée. à retrouver leur ruche pendant
Cette année, les visiteurs profes- La deuxième place a été rempor- les mois de l’année où l’éclairage
sionnels du salon ont voté pour la tée par The Cracking Monkey Pili artificiel est défavorable dans les
Knox – Delayed Pinking in Fresh Nuts de l’entreprise allemande Die serres. Cela leur permet de ne pas
Cut Lettuce de l’entreprise néerlan- Frischebox. Les noix du Pili dont perdre inutilement de l’énergie et
daise Rijk Zwaan. Knox retarde la la teneur en vitamine E est net- d’utiliser leurs forces à la pollini-
coloration – dénommée ″pinking″ tement plus élevée que celle des sation des cultures maraîchères et
– qui apparaît là où une salade a autres noix, proviennent des Phi- fruitières

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 23
SALON
Participation
marocaine
Comme chaque année, le salon a été couvert par des
centaines de journalistes du monde entier. A son habitude,
la revue Agriculture du Maghreb était présente sur un stand
au sein du pavillon Maroc, et décrit à ses lecteurs l’ambiance
de l’édition 2017.
Le Maroc, à son habitude, se devait d’être sants, ce salon représente une occasion
présent à cette incontournable manifesta- majeure pour s’informer, pour peu qu’on
tion pour poursuivre son action continue ait eu le temps de faire le tour du salon, sur
de promotion de ses exportations et de les évolutions des tendances de la consom-
communication sur son potentiel produc- mation sur le marché international et bien
tif, ainsi que la diversité et la qualité de sur pour observer ce qui se passe chez la
ses produits phares en matière de fruits concurrence. gumes, et le fait de ne pas y être présent !
et légumes. Avec la participation d’une En plus du pavillon national, certains ex- Pourtant, Fruit Logistica est l’endroit idéal
quarantaine de professionnels marocains portateurs marocains ont préféré, pour pour établir et bâtir des relations person-
du secteur des fruits et légumes, le Maroc différentes raisons, installer leur stand dans nelles de confiance, indispensables dans
a exhibé, pour la 16ème fois consécutive, la d’autres parties du salon en exposant par le domaine du commerce des fruits et lé-
richesse de l’offre exportable marocaine exemple, parmi les fournisseurs de pro- gumes frais.
de fruits et légumes à travers l’exposition duits identiques aux leurs. D’autres expor-
d’une palette de différents produits agri- tateurs ont opté pour une autre solution : Une bonne gestion pour
coles et mis à l’honneur le savoir faire bien participer au salon sans tenir de stand au
connu des agriculteurs marocains. nom de leur entreprise. Ils ont ainsi, organi- une participation efficace
Parmi les objectifs visés le renforcement sé leurs contacts chacun de son côté avec Sans avoir la prétention d’apprendre leur
des relations professionnelles existantes leurs clients et mené leurs activités en de- métier aux exportateurs, il nous parait utile
avec les importateurs du monde entier et hors du pavillon marocain pour consolider de rappeler quelques idées et remarques
la conquête de nouveaux clients pour di- les relations avec les clients traditionnels, qui nous paraissent assez pertinentes. Ain-
versifier ses débouchés. Pour la réalisation communiquer sur leurs nouveautés mais si, pour les professionnels de la communi-
de ces objectifs, le royaume a mobilisé un également créer de nouveaux partenariats. cation et des expositions, la présence au
grand nombre de producteurs, exporta- Ainsi, malgré un nombre important de salon n’est pas suffisante en soi. En effet
teurs, associations et fédérations profes- participants cette année, on peut encore la participation à un salon professionnel
sionnelles, qui ont ainsi pu présenter sur regretter l’absence de plusieurs entre- doit être préparée soigneusement et son
une surface de 1.030 m², une palette diver- prises. En effet, les exportateurs marocains déroulement obéir à de strictes considéra-
sifiée de fruits et légumes produits à travers pourraient être beaucoup plus nombreux tions d’efficacité et d’adaptation aux don-
le royaume (agrumes, tomate sous toutes à exposer. Il s’agit en fait d’une curieuse neurs d’ordre dont les exigences sont très
ses formes, légumes divers, fruits rouges, contradiction entre la conviction générale précises et le temps bien compté. Plusieurs
melon, raisins, avocats, mangues, ...). de l’intérêt que représente ce salon pour étapes conditionnent la réussite d’une par-
Pour les visiteurs, comme pour les expo- l’ensemble des opérateurs en fruits et lé- ticipation et concernent l’avant, pendant et
après le salon.
A commencer par faire venir les clients ou
éventuels partenaires, par des contacts,
rendez vous individuels d’entreprise mo-
tivants pris bien à l’avance (e-mails, télé-
phone, visites en cours d’année, …). Il faut
aussi procéder à une recherche poussée
sur les particularités et les exigences du
marché auquel on s’adresse. En outre, il
serait primordial d’établir un diagnostic ex-
port préalable ainsi que d’adopter la meil-
leure façon de se comporter vis-à-vis des
acheteurs de ces pays, sachant qu’ils ont
des mentalités et des comportements dif-
férents les uns des autres.
C’est le cas de certains exportateurs seule-
ment, dont les salles de réunion ne désem-
plissaient pas pendant les trois jours du
salon. En effet, les acheteurs ne viennent

Agriculture du Maghreb
24 N° 102 - Mars 2017
lon dans l’un de ces halls plus être respectés aussi bien par
visités (à l’étage supérieur). les organisateurs que par les
Cependant, dans ces halls très exposants afin d’éviter toute
prisés, toute la difficulté est accumulation de retards et
de trouver 1.000 m2 d’un seul incertitudes.
tenant pour déplacer l’espace
Par ailleurs, l’EACCE, en charge
Maroc dans son intégralité.
Alors puisqu’il semble que l’on du rayon Maroc au salon, a pris
soit condamné à rester dans la bonne habitude de recueillir,
Show culinaire assuré par chef Moha le Hall 1, il faudrait probable- via un questionnaire en fin du
ment miser davantage sur une salon, les impressions et l’éva-
pas à Fruit Logistica pour se de signer tout engagement. communication plus agressive luation des exposants de leur
promener et leurs rencontres Ensuite, il est primordial de res- avant et pendant le salon et participation, leur degré de
sont déjà organisées avec des pecter ses engagements (livrai- qui pourrait attirer davantage satisfaction et éventuellement
prises de rendez-vous, ou par son, logistique, qualité, plan- de visiteurs et d’éventuels par- leurs propositions pour l’amé-
des décisions de visites prévues ning, …), maintenir la relation tenaires.
lioration ultérieure. Il serait in-
bien avant le début du salon. avec les contacts et fixer un RV Sur le plan organisationnel, les
téressant d’avoir une idée des
Ensuite, une fois au salon il ne pour le salon suivant. démarches doivent être entre-
prises assez tôt pour permettre résultats de cette consultation
faut pas compter uniquement
une bonne visibilité aux uns et et si ces résultats sont pris en
sur les visiteurs de passage,
qu’il ne faut pas négliger non Mieux s’organiser aux autres. De même, les délais compte lors des manifestations
plus, mais accueillir les clients en espérant et les engagements doivent suivantes.
convenablement en faisant
plus de succès
appel aux traducteurs et à
Cependant, beaucoup d’opé- Agriculture du Maghreb
l’équipe mise en place par les
organisateurs du pavillon Ma- rateurs marocains ont des dif- Support médiatique aux exportateurs
roc. Ces rencontres doivent être ficultés à élargir leurs contacts Fidèle à son habitude, la revue Agriculture du Maghreb était pré-
dans certains pays à fort po- sente encore une fois sur un stand, pour soutenir les exportations
tenues conformément à un ca-
tentiel pouvant constituer de marocaines et l’agriculture en général. Pour l’occasion, un numéro
lendrier précis et une ponctua-
nouveaux débouchés pour spécial a été édité en anglais pour être a la portée de tous les vi-
lité parfaite (bien appréciés par
nos produits. Il faut signaler à siteurs et a été distribué gratuitement aux professionnels qui ont
les partenaires sérieux).
ce propos que la levée du mo- fréquenté le pavillon marocain. Ce numéro avait pour objectif de
Ultérieurement, une fois que mettre à la disposition des professionnels, a travers les articles adé-
le salon a fermé ses portes, le nopole et la libéralisation des
exportations a entraîné une fo- quats, une vision synthétisée de toute la diversité et la qualité de
travail n’est pas terminé. Il faut l’offre destinée à l’export. Il présentait aussi les visuels des exporta-
alors capitaliser les résultats calisation des exportateurs sur
teurs destinés à mettre en avant leurs atouts et leurs marques, et
des étapes précédentes et les les marchés traditionnels, né-
permettait aux professionnels du commerce international d’avoir
contacts établis lors du salon. gligeant l’aspect prospection.
une idée sur les opportunités que leur offre notre pays.
La démarche basique consiste Il est vrai que cette dernière
Les nombreux visiteurs qui ont défilé dans le stand de ‘’Agriculture
à reprendre tous les contacts, est coûteuse, déborde souvent du Maghreb’’ au long de ces trois jours ont ainsi trouvé les infor-
envoyer des mails de remer- les impératifs des opérateurs mations qu’ils cherchaient et
ciement et reprendre ce qui et devrait être entreprise par les réponses aux questions
a été dit lors de la rencontre. une structure plus globale. qu’ils voulaient poser. En ef-
Si une demande d’offre a été D’ailleurs, à propos de la parti- fet, les questions portaient
formulée, il faut répondre ra- cipation marocaine, malgré son essentiellement sur les pro-
pidement après le salon. Par importance, elle n’échappe pas duits que le Maroc pouvait
la suite, il faut régulièrement aux remarques de certains pro- exporter, les calendriers,
relancer les contacts, les infor- fessionnels de la filière quand les sociétés exportatrices à
mer des nouveautés ou des aux possibilités d’améliorer même d’assurer la livraison
calendriers de production, qui cette participation. de ces produits, etc. Pour
peuvent changer d’une année Dans ce sens, il est une ques- répondre à une demande
à l’autre (précocité par rapport tion qui revient chaque année récurrente des visiteurs du
à d’autres origines, …). Il serait parmi les exposants qui est la stand, dans ce numéro figu-
aussi judicieux de revoir ré- faiblesse de fréquentation du raient les listes des exporta-
pavillon Maroc, par rapport aux teurs de fruits rouges ainsi
gulièrement les contacts et si
autres halls du salon. Beaucoup que les principaux groupes
possible, leur rendre visite chez
d’exportation de fruits et lé-
eux, en dehors des salons, car mettent en cause l’emplace-
gume et leurs associations.
les déplacements sont appré- ment du pavillon marocain qui
Agriculture du Maghreb es-
ciés et sont un gage de sérieux est pourtant situé juste à l’en-
père ainsi avoir rempli son
et de fiabilité. La proximité crée trée sud du grand centre d’ex- rôle de soutien et porte
un climat de confiance et les positions Messe Berlin, franchie parole inconditionnel et
importateurs, essentiellement par des milliers de visiteurs objectif de l’agriculture ma-
les allemands, doivent voir plu- chaque jour. Des exposants rocaine.
sieurs fois le partenaire avant suggèrent de déplacer le pavil-

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 25
DOSSIER

L’un des secteurs les plus


dynamiques de l’agriculture marocaine
La filière des petits fruits rouges qui englobe trois cultures principales, à savoir le fraisier, le framboisier et le myr-
tillier, constitue un domaine d’excellence des périmètres du Gharb et du Loukkos qui détiennent environ 90% de la
production nationale. Le développement de cette filière est du aux avantages comparatifs dont jouit la région et
notamment : la proximité de l’Europe, les conditions pédoclimatiques favorables, la disponibilité des terres et des
ressources hydriques, la main d’œuvre qualifiée, la maitrise des techniques de production, de conditionnement, de
conservation, de transformation et la délocalisation de la production de certaines entreprises européennes vers le
Maroc, ainsi que les incitations accordées par l’Etat à l’investissement.

L
a superficie totale consacrée Loukkos. Ce secteur a été initié fruits rouges, notamment suite à
aux fruits rouges dans la ré- par la délocalisation d’entreprises l’introduction du myrtillier et du
gion du nord atteint actuelle- européennes qui se sont installées framboisier.
ment 5.361 ha répartis entre dans la région et ont entrainé dans Aujourd’hui, sur le plan socio-éco-
la fraise (3.050ha), la framboise leur sillage la création d’entreprises nomique, la filière des fruits rouges
(1.100ha), la myrtille (1.200ha) et agricoles ayant le même niveau de génère un chiffre d’affaires de
la mure (11ha). La production de technique de production et ayant plus de 2,34 MMDH et plus de 4,5
ces différentes spéculations lors adopté les techniques les plus in- millions de journées de travail du-
de la campagne 2015-16 a atteint novantes en matière d’irrigation, rant 9 mois dans les exploitations
162.710 tonnes. de fertigation et de lutte intégrée agricoles et les unités de condi-
Pour rappel, le développement de pour la protection des cultures. tionnement, contribuant ainsi à la
cette filière a démarré depuis les A partir des années 2000 et en ré- création d’emploi en milieu rural.
années 50 avec l’introduction du ponse à la demande mondiale en Elle induit également le dévelop-
fraisier et son extension impor- croissance constante, on note une pement d’activités para-agricoles
tante vers la fin des années 80 au véritable tendance vers la diversifi- dont les retombées économiques
niveau des zones du Gharb et du cation de l’offre nationale en petits sont notables sur la région.

Agriculture du Maghreb
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Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 27
Petits fruits rouges

Le secteur de la Fraise a démarré avec une production de 140.000 T, modèle extensif peu productif à un
après l’équipement et la mise en eau avant de descendre à 3.050 ha (dont modèle intensif très productif. Pour
des secteurs irrigués Drader Rive 50 en bio) cette année au profit des preuve, les rendements moyens à
Droite en 1978 et R’mel en 1980. Au autres fruits rouges. Cette superficie l’hectare qui sont passés en l’espace
début des années 90 et grâce aux est répartie entre le périmètre du de 20 ans, de 17 à 45 tonnes par hec-
bons résultats de la production et Loukkos (79 %) et celui du Gharb tare.
à l’intérêt croissant des marchés eu- (21 %) et concerne 593 exploitations Les producteurs ont développé un
ropéens pour la fraise du Maroc, les agricoles de 0,2 à 70 ha. énorme savoir-faire, et optent désor-
superficies cultivées ainsi que la pro- Sur le plan technique, la culture mais pour de nouvelles techniques
duction ont connu une évolution du fraisier a connu un développe- de production basées sur la rationa-
importante passant de 750 ha avec ment remarquable pendant les 20 lisation des facteurs de production
31.000 T récoltées en 1995 à 3.500 ha dernières années au Maroc. D’une et le respect des bonnes pratiques
en moyenne ces dernières culture de plein champ, elle est agricoles.
an- n é e s passée à une culture sous tunnels D’ailleurs, ce secteur pilote assure
nantais, puis sous tunnels mul- même le transfert des technologies
ti-chapelle (pour les grands vers d’autres cultures, notamment
producteurs) avec des l’irrigation goutte à goutte qui est
améliorations au ni- actuellement largement adoptée
veau de tout l’itiné- par les producteurs de cultures ma-
raire technique de raichères, pastèque, tomate indus-
la plantation à la ré- trielle, melon… Par ailleurs, la fraise
colte en passant par a été un véritable vecteur de promo-
la fertilisation, l’irriga- tion du travail des femmes. Très rares
tion et la lutte intégrée. au début, elles représentent actuel-
Les systèmes de cultures appliqués lement 100% de la main d’œuvre
à la fraise sont passés ainsi d’un employée dans la récolte et dans les

Agriculture du Maghreb
28 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 29
Petits fruits rouges

stations (chômage pratiquement éli- - un circuit spécifique à la fraise


miné dans la zone). fraîche destinée à l’exportation,
Cette filière est caractérisée par une - un second relatif à la fraise fraîche
dualité du tissu productif en ras- destinée au marché local
semblant de grandes exploitations - un troisième spécifique à la fraise
fortement intégrées et des exploi- surgelée.
tations de taille réduite appartenant
généralement à des petits produc- Les deux tiers de cette production
teurs marocains (moins de 5 ha) et sont exportés, 20% en frais de no-
produisant pour le marché local ou vembre à mars et 45% en surgelé
ayant établi des relations de parte- d’avril à juillet. Les 35% restants sont
nariat avec les opérateurs structurés écoulés sur le marché local. Ainsi, au
pour assurer l’écoulement de leur cours de la campagne agricole 2015-
production sur le marché extérieur. 16, les exportations marocaines de
Ces exploitations nécessitent un fraise à l’état frais ont atteint 18.000
encadrement technique intense, T (dont 1,68 T Bio) et 54.185 T (dont
notamment en ce qui concerne leur 1.205 T Bio) à l’état surgelé. Le mar-
organisation en coopératives de ché local est approvisionné par
production et de commercialisation des intermédiaires qui s’approvi-
et l’adoption des innovations tech- sionnent directement chez les agri-
niques appropriées pour les mettre culteurs ou parfois auprès des unités
au diapason des exigences des opé- de conditionnement.
rateurs exportateurs de la filière des Soulignons également le dyna-
fruits rouges. misme particulier des producteurs
Sur le plan de la commercialisation, de la région en matière de certifica-
trois grands circuits caractérisent le tion et de mise à niveau dans le do-
secteur de la fraise : maine de la traçabilité. La quasi-to-

Agriculture du Maghreb
30 N° 102 - Mars 2017
talité des exportations agricoles
sont certifiées EUREPGAP et la ma-
jorité des stations de conditionne-
ment et unités de surgélation sont
certifiées HACCP pour répondre aux
exigences des clients et aux normes
techniques des marchés européens
et américains notamment en ma-
tière de contrôle des résidus des
produits phytosanitaires, de protec-
tion de l’environnement et de traça-
bilité pour chaque lot exporté.
Cependant, et malgré le dynamisme
que connait cette filière et son essor
remarquable, le secteur subit l’ef-
fet pervers d’un certain nombre de
contraintes majeures dont notam-
ment :
- la prédominance des petites ex-
ploitations de moins de 5 ha non
organisées,
- l’érosion de la rentabilité de la
culture du fraisier entrainant la ré-
duction de la superficie des fraise-
raies,
- une offre foncière trop contrai-
gnante pour promouvoir l’investis-
sement (terres collectives, domaine
forestier… voir chapitre problèmes
du foncier),
- en plus de problèmes liés aux pro-
file variétal (voir chapitre suivant).

Diversification variétale
Au Maroc, la culture est annuelle
et le matériel végétal est renouve-
lé chaque année. Ceci permet aux
producteurs de produire un fruit
de haute qualité et d’assurer un
bon contrôle phytosanitaire de la
culture. L’approvisionnement en
plants de Fraisier en motte et en ra-
cines nues est assuré exclusivement
par l’importation. Le nombre des
plants importés par année est d’en-
viron 190 000 000 plants. Ces plants
sont cultivés avec une densité de
plantation de 60 000 plants /ha.
Sur le plan variétal, après la TIOGA,
la CHANDLER et l’OSO GRANDE, les
producteurs marocains ont adopté
la CAMAROSA qui s’est progressive-
ment imposée et notamment pour
la surgélation, grâce à sa forme ré-
gulière, son gros calibre, sa couleur
rouge vif et sa fermeté qui permet
de la découper en cubes ou en
tranches. Cette variété a donc do-

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 31
Petits fruits rouges

dor, Fortuna, San andreas, Sabrina,


Ventana, Sabrossa, Lusa, Benicia et
d’autres variétés.
Cependant, beaucoup de fraisicul-
teurs déplorent un choix variétal
limité, l’absence de référentiel local
sur le comportement des variétés et
leur potentiel de production, la forte
dépendance des producteurs des
pépiniéristes étrangers quant à l’ap-
provisionnement en plants et l’accès
aux variétés performantes.
miné le paysage pendant plusieurs en termes de précocité, de qualités Pour la profession, une variété de
années. Or, sur le plan commercial, organoleptiques et de conservation. fraise idéale pour le Maroc devrait
la mise sur le marché d’un seul pro- En général, les producteurs aver- être dotée des caractéristiques sui-
duit avec des caractéristiques tis optent pour une combinaison vantes :
données n’est pas la meilleure de plusieurs variétés pour couvrir - Précocité : entrée en production la
stratégie sur le long terme vu l’ensemble du cycle et mieux ré- première semaine de décembre
l’évolution des goûts et des pondre aux impératifs des débou- - Productivité: élevée (plus de 900 g/
habitudes alimentaires chés (précocité, frais, surgelé). Les plant)
du consommateur producteurs s’ouvrent notamment - Forme des fruits: conique
européen. à des variétés plus gustatives pour - Couleur : Rouge aussi bien à l’inté-
Les professionnels ont répondre à une exigence croissante rieur qu’à l’extérieur
donc senti la nécessité de di- des marchés. Globalement les varié- - Goût et brix (taux minimum de 8)
versifier la gamme variétale desti- tés utilisées sont sensiblement les - Fruit ferme qui permet un long
née à l’export. Ils ont ainsi opté pour mêmes que dans la zone de Huelva shelf-life et la coupe pour le surgelé
de nouvelles variétés dotées de per- (Espagne), mais avec des propor- - Tolérance aux maladies et rava-
formances supérieures, notamment tions différentes : Festival, Splen- geurs

Organisation des entreprises agricoles, la dif-


fusion des informations sur le
Il est à signaler qu’au cours des
AGO de l’AMPFR et l’AMCEFR te-
Sur le plan organisationnel, la
marché, l’amélioration du niveau nues le 15 février 2017 et confor-
filière des fruits rouges est en-
technique et organisationnel des mément à l’ordre du jour qui
cadrée par deux associations : entreprises agricoles, la partici-
l’Association marocaine des portait aussi sur la proposition
pation à la formation des agricul-
producteurs de fruits rouges de la création de la Fédération
teurs et des agro-industriels...
(AMPFR) et l’Association maro- Toutes les deux sont membres Interprofessionnelle Marocaine
caine des conditionneurs et ex- de la Fédération Interprofession- des Fruits Rouges (FIMFR), les
portateurs de la fraise (AMCEF). nelle Marocaine de production membres des deux associations
Elles ont entre autres objectifs la et d’exportation de Fruits Et Lé- ont approuvé à l’unanimité la
contribution à la mise à niveau gumes (FIFEL). proposition (Voir page 14).

Agriculture du Maghreb
32 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 33
La framboise et la myrtille
cet égard aux fluctuations de la de-
mande sur le marché européen.

Développement
des cultures
Partout dans le monde, les espèces
comme la framboise et la myrtille sont
cultivées dans les mêmes régions que
le fraisier et ce, pour les raisons sui-
vantes :
- elles ont pratiquement les mêmes
exigences climatiques et édaphiques;
- elles ont aussi des exigences nutri-
tionnelles similaires et peuvent être
produites sous les mêmes types de
serres;
- elles peuvent être produites pour
une double fin : frais et surgelé;
- leur transformation exige les mêmes
équipements et logistique

E
Dans le Loukkos-Gharb, à partir de
n plus de la diversification des rivent sur le marché qu’à partir de
2004, certains horticulteurs installés
variétés de fraise qui a permis Juin-Juillet. Pendant le reste de l’an-
dans le périmètre du Loukkos ont
de rallonger la période d’expor- née, l’approvisionnement se fait à
introduit les premières variétés de
tation et d’accéder à des seg- partir du Chili, du Mexique et plus ré-
framboise à faible besoin en froid et
ments de marché supplémentaires, cemment de l’Espagne.
qui offrent plus de chance d’adapta-
certains producteurs ont exploré Le Maroc peut facilement se faire
tion aux conditions climatiques de la
d’autres voies de diversification en in- une place sur le marché européen
région. Cette tentative a été couron-
troduisant de nouvelles espèces frui- même en présence de ces pays car
née de succès puisque la surface est
tières de très haute valeur ajoutée et sa proximité de l’Europe lui confère
passée de 30ha en 2005 à une super-
très demandées sur les marchés euro- un avantage considérable par rap-
ficie de 1.100 ha actuellement pour
péens : les petits fruits rouges, surtout port aux pays de l’Amérique latine
une production de 10.430 T en 2016.
la framboise et la myrtille. qui se trouvent défavorisés par les
La quantité exportée durant la cam-
Sur le plan économique, l’introduc- coûts exorbitants du transport aérien.
pagne 2015-16 était de 9.354T dont
tion de ces nouvelles espèces dans les Il est aussi compétitif par rapport à
8.561 à l’état frais et 793 T à l’état sur-
régions productrices de fraises a per- l’Espagne. D’ailleurs les sociétés espa-
gelé.
mis de donner une bouffée d’oxygène gnoles se sont elles même implantée
La myrtille n’a démarré qu’en 2008
à ce secteur dans la mesure où elle a au Maroc pour ces mêmes raisons.
avec 150 ha et s’étend actuellement
permis aux producteurs de diversifier Par ailleurs, le Maroc est déjà l’un
sur 1.200 ha pour une production de
leurs offres sur le marché européen. des principaux fournisseurs de mar-
12.280 T en 2016 (rendement moyen
En effet, l’Europe ne peut pas satis- ché de l’UE en fraises fraîches. Les
10t/ha). Les exportations durant la
faire ses besoins en petits fruits pen- mêmes importateurs et agents de
campagne 2015-16 ont été de 11.664
dant la période hivernale et une par- commercialisation des fraises au sein
T dont 11.382 T en frais et 198 T en
tie de la période printanière. Et bien de l’UE s’occupent également des
surgelé. La myrtille a une durée de vie
que plusieurs pays européens soient framboises, des mûres et des myr-
plus longue par rapport aux autres
producteurs de petits fruits, leurs tilles. L’Union européenne reste donc
baies comme la fraise
produc- tions la première destination des fruits
n’ar- rouges marocains soit 95% du volume
exporté. L’Espagne arrive en tête des
débouchés, suivie de la France et du
Royaume-Uni. Toutefois, le Maroc
œuvre à la diversification des mar-
chés et des offres afin d’améliorer
ses exportations et remédier à

Agriculture du Maghreb
34 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 35
La framboise et la myrtille

tions de température et de lumière en permettent de mieux optimiser le


créant ainsi un microclimat favorable. temps de travail. De plus, il s’agit pra-
Elles permettent aussi d’assurer une tiquement des mêmes moyens et pro-
grande protection contre le vent, la cess que pour la fraise (même type de
pluie, les insectes, les maladies, et les serres tunnels, station de condition-
prédateurs, tels les rongeurs et les oi- nement, frigos… qui sont mieux valo-
seaux. risés). Cependant, les investissements
Depuis 2008, le myrtillier et le fram- sont tellement importants qu’on ne
boisier ont enregistré une forte expan- peut pas se permettre la moindre er-
sion dans les deux régions. Cette acti- reur :
ou la framboise et s’adapte très bien vité est réalisée essentiellement par - Dans le cas de la myrtille le coût
à différents types de sol et de condi- les grandes exploitations et des inves- d’installation de la culture est estimé à
tions climatiques. C’est la raison pour tisseurs étrangers dotés des moyens environ 800.000 Dh/ha, et les charges
laquelle les professionnels s’attendent logistiques nécessaires pour la pro- annuelles moyennes s’élèvent à
à une grande expansion de sa culture duction, la valorisation et l’exporta- 200.000 Dh/ha.
au cours des prochaines années. Mais tion de la production en adoptant - Pour la framboise, le coût d’instal-
ils redoutent déjà une rapide satura- les techniques les plus innovantes. lation est estimé à 714.000 Dh/ha,
tion sur ce créneau car ils estiment « Pour ces espèces nous sommes prati-
et les charges annuelles moyennes
que certains opérateurs plantent de quement au même niveau que les espa-
s’élèvent à 350.000 Dh/ha.
manière agressive et n’utilisent pas les gnols. Pour cela nous avons beaucoup
bonnes variétés. De ce fait, les fruits travaillé avec les obtenteurs originaux
Rappelons qu’à partir de 2014, la
qui en résultent ne font pas de diffé- des variétés cultivées, sans passer par
filière s’est dotée d’un contrat pro-
rence sur le marché. Il est donc impé- des intermédiaires espagnols comme
gramme ambitieux pour la zone Louk-
ratif de trouver un équilibre entre la c’est le cas pour la fraise. Par ailleurs, en
kos-Gharb, couvrant la période 2014-
production de myrtilles et la consom- impliquant les fournisseurs en tant que
2020. Cependant, pour la framboise et
mation. A noter qu’en termes d’activi- partenaires, nous sommes certains de
la myrtille les objectifs fixés au départ
té économique, 1.000 ha de myrtille pouvoir bénéficier de chaque nouvelle
c’est l’équivalent de 4.000 ha de fraise (1.000ha chacune) ont été atteints
innovation variétale immédiatement
soit un autre secteur dynamique dans avant terme et même dépassés que
et surtout de pouvoir maitriser les dif-
la région. férents aspects relatifs à la conduite et ce soit en surface ou en production.
la commercialisation », explique un
Les techniques d’irrigation et de fer- grand producteur de la région. Stockage et transport
tigation sont identiques à celles de Et contrairement à ce que l’on pour- L’infrastructure de réfrigération après
la fraise et les serres utilisées sont de rait penser, ces cultures ne sont pas récolte, qui est adéquate au Maroc
type multi chapelle ou Delta 9 qui concurrentes de la fraise, mais plutôt pour l’industrie d’exportation des
permettent une certaine protection complémentaires. Au niveau d’une fraises, peut également être utilisée
contre le gel, améliorent les condi- exploitation, ces différentes activités pour le créneau des framboises et

Agriculture du Maghreb
36 N° 102 - Mars 2017
des myrtilles. Les soins post récolte, y
compris la réfrigération et le contrôle
de la température et de l’humidité,
sont les mêmes pour tous les types de
baies qui peuvent donc être stockées
et transportées ensemble en charge
mixte.
La progression des exportations ma-
rocaines le long de ces dernières an-
nées, surtout en fraises surgelées, est
conformité avec les normes des mar- en Égypte, et dans d’autres pays plus
dûe essentiellement a l’implantation
chés d’exportation. éloignés, qui sont tous obligés de re-
au Maroc de grandes firmes euro-
Par ailleurs, et s’agissant des normes courir au fret aérien, ce qui est plus
péennes qui ont réalisé d’importants
sociales, le secteur a franchi d’impor- coûteux.
investissements dans les 23 unités
tantes étapes. Il est à préciser que
industrielles de conditionnement et
surgélation et en installant des struc-
l’ensemble des employés des unités Le marché local
industrielles sont régis par les disposi- Des quantités limitées de framboises
tures d’encadrement en faveur des
groupes de producteurs. tions de notre code de travail à savoir : et de mûres sont écoulées sur le mar-
Ces unités industrielles sont homo- ils sont majeurs, touchent leur salaire ché marocain de vente au détail. Bien
loguées par les deux établissements réglementaire, bénéficient de la cou- qu’il s’agisse d’un petit débouché,
publics compétents à savoir l’ONSSA verture sociale, et travaillent dans des comparé à celui de l’UE, il doit néan-
et l’EACCE. bonnes conditions du transport, d’hy- moins être développé. Mêmes les
Sur le plan du contrôle des normes giène et de sécurité. petites opportunités de marché de-
techniques de qualité des petits fruits Concernant la logistique, les exporta- vraient être prises en considération,
rouges, l’EACCE assure, au niveau teurs marocains de baies bénéficient car toutes ont leur importance dans
des unités de conditionnement, le d’un avantage en termes de coûts de la perspective de la future croissance
contrôle de leur conformité aux exi- fret vers les marchés de l’UE compara- du secteur marocain des baies et de
gences techniques, réglementaires en tivement à leurs concurrents en Israël, sa viabilité.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 37
Barquette en fois arrivées à destination qu’il y
aura un operculage final avec la
matelas, poids, forme…) que nos
exportateurs doivent respecter à
ment de la pression des couches
supérieures.
plastique : marque, le prix… dans des sta- la lettre. Pour cela, ces derniers La framboise par exemple est un
Emballage préféré tions de finalisation. s’adressent à des sociétés spé- produit fragile qui coûte cher.
pour les petits fruits Aujourd’hui, le conditionnement cialisées pour leur fournir ces Les fabricants ont dû adapter les
Actuellement, le conditionne- des fruits rouges se fait spécifi- types d’emballage. A noter qu’il emballages. On trouve ainsi des
ment des fruits rouges se fait quement dans des barquettes existe des barquettes spécifiques barquettes plates à petit volume
principalement dans les exploi- qui permettent à la fois la mise à chaque type de produit. Il en (125g-150g), avec une faible hau-
tations par les ouvrières qui en valeur et la protection des existe différentes formes, mais teur et tapissées d’un matelas à
cueillent et disposent les pro- fraises, framboises et myrtilles. elles sont généralement rectan- bulles.
duits directement dans les bar- Esthétiques et protectrices, les gulaires afin d’optimiser l’espace Parmi les sociétés leader de la
quettes. Le but étant de limiter barquettes sont pour le consom- occupé pour le transport, facteur place, la société Netpak qui fait
les manipulations compte tenu mateur synonyme de fraîcheur, déterminant compte tenu de partie du groupe Roda Maroc.
de la fragilité des fruits. Les sta- garantissent la traçabilité, et fa- l’éloignement des destinations. « Adossée à des firmes internatio-
tions ne servent que comme cilitent l’identification et la ma- Les fabricants proposent égale- nales et nationales spécialisées
structures de précooling et de nipulation. Elles doivent cepen- ment pour le conditionnement dans la fabrication de packaging,
conservation, et éventuelle- dant répondre aux exigences des de ces fruits fragiles, un matelas Netpak est aujourd’hui à même
ment pour effectuer quelques principaux marchés receveurs bulleux installé au fond de la bar- de proposer à ses clients une offre
vérifications en relation avec le qui sont les marchés européens quette. Ce matelas a pour rôle de complète englobant palettes, car-
poids et la qualité. A noter que et anglais. Ces marchés exigent protéger les fruits de la couche tons ondulés, plateaux, barquettes
certaines stations expédient un type de conditionnement inférieure, des chocs qu’ils pour- plastiques ou cartonnées, film et
des barquettes avec couvercles par cahier de charge (matériaux, raient subir lors de la manipula- machines flowpack, accessoires,
et d’autres non. Ce n’est qu’une référence de la barquette et du tion, du transport ou tout simple- sacs de surgélation…», explique

Agriculture du Maghreb
38 N° 102 - Mars 2017
M. Jean Michel Raynaud, directeur du Les petits
Groupe Roda-Netpak. Importance des serres fruits rouges
marocains sont
« Seul fournisseur à disposer d’une L’utilisation de structures de protection pour la production de fram-
exportés au
agence à Moulay Bousselham, en plein boises et de myrtilles a permis d’améliorer aussi bien le rendement niveau de 41
cœur de la plus grande région de pro- que la qualité du produit. Ce procédé cultural réduit de manière si- pays dans les
duction des fruits rouges au Maroc, gnificative les risques de maladie, en particulier le Botrytis (pourriture 5 continents
Netpak est dotée de ressources hu- mais la
grise), qui se répand pendant les périodes prolongées de pluie et de destination
maines et logistiques lui permettant
de réaliser des niveaux élevés de pres- forte humidité. Le pourrissement causé par le Botrytis est l’un des prin- principale
cipaux problèmes qui peuvent empêcher une production de baies de reste l’Union
tations au profit de ses clients. En effet, Européenne.
nous disposons de stocks importants haute qualité.
dans les différentes gammes de bar- Sans structures de protection, la cueillette ne serait pas possible par
quettes et assurons un service livraison temps de pluie. Les baies seront par conséquent trop mûres, et la pro-
24h/24 (Chauffeurs logés sur place)», portion de fruits de qualité destinés à l’exportation sera sensiblement
explique Monsieur Agour, Directeur réduite. La production de baies dans des structures protégées réduit
commercial de l’entreprise. A noter
de manière significative le taux d’humidité indésirable du sol engen-
que des structures équivalentes ont
été mises en place à Agadir, ainsi qu’à dré par les fortes précipitations, et permet de diminuer les risques de
Marrakech et Berkane pour pouvoir maladies du sol, comme la pourriture phytophthoréenne des racines.
garantir aux clients des prestations de Il ne serait pas possible d’obtenir un rendement régulier de baies de
haut niveau et être en phase avec l’es- qualité destinées à l’exportation dans des cultures à ciel ouvert. Par
sor que connaissent les exportations conséquent, l’utilisation de structures protégées est indispensable
marocaines de fruits et légumes dans pour le succès de la culture de baies au Maroc.
le cadre du plan Maroc Vert.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 39
Technique

Fertilisation de la
pomme de terre
En culture de pomme de terre, les pratiques de fertilisation influent grandement sur le rendement et
la qualité de la récolte. Le raisonnement des apports doit intégrer des contraintes multiples telles que
les besoins de la culture, le passé de la parcelle, les conditions pédo-climatiques, ...

L
a pomme de terre crée son ductivité et la qualité de la récolte. sant, en couvrant les besoins de la
système racinaire et sa sur- culture
face foliaire en deux mois.
L’exploration par les ra-
Azote ► Obtenir des tubercules dont la
qualité de présentation, la qualité
cines se limite aux 60 pre- La dose apportée conditionne culinaire et la qualité sanitaire satis-
miers centimètres de profondeur la qualité des tubercules font aux exigences de l’aval :
du sol, pourtant la plante mobilise La fertilisation azotée constitue - Adapter la dose d’azote apportée
des quantités importantes d’eau un enjeu majeur de la conduite de au débouché envisagé (la propor-
et d’éléments nutritifs. Dans sa la pomme de terre. Ses effets sont tion de gros calibres augmente
période de croissance végétative, multiples sur le rendement, la qua- avec la dose d’apport jusqu’à la
la pomme de terre mobilise des lité des tubercules ainsi que sur le dose optimale qui maximise aussi le
quantités importantes d’azote (N) plan environnemental au travers de rendement total, alors que la teneur
et de potassium (K2O) par jour. Elle la quantité d’azote minéral restant en matière sèche diminue),
a besoin également de phosphore, dans le sol à la récolte. - Eviter les excès d’azote qui fa-
de soufre, de magnésium, de cal- La fertilisation azotée a de nom- vorisent les accidents physiolo-
cium et d’oligo-éléments qui inter- breux objectifs : giques (cœur creux, repousse),
viennent sur la tubérisation, la pro- ► Assurer un rendement satisfai- qui entraînent la production de

Agriculture du Maghreb
40 N° 102 - Mars 2017
AGQ Labs Experts en Suivi Nutritionnel de Cultures
AGQ Labs est un centre technologique international avec plus de 23 ans d’expérience en contrôle
nutritionnel de cultures. Actuellement, il suit directement plus de 500 000 hectares dans plus de
20 pays. Travailler dans des conditions pédoclimatiques diverses et pour une multitude de cultures
nous a permis d’obtenir une vision globale du système sol-eau-plante, ainsi que l’information et
l’expérience afin d’offrir des solutions à nos producteurs.
Il joue le rôle de Centre technologique et laboratoire agroalimentaire de référence dans tous les
pays où il se trouve, et aussi celui de principal prestataire de services de conseil et de consulting en
nutrition végétale pour un grand nombre de producteurs et d’entreprises agricoles.
Présent au Maroc depuis 2005, AGQ Labs Maroc a contribué activement au développement de
l’agronomie du pays en collaborant avec les principaux producteurs des agrumes, horticoles, arbres
fruitiers à noyaux, olivier et fruits rouges, avec des résultats probants. Et ce grâce au service exclusif
de suivi nutritionnel de cultures.

Nutrition végétale et suivi nutritionnel


La croissance des exigences du marché et des consommateurs, ainsi que la forte concurrence et
l’augmentation de la superficie productive, ont obligé les producteurs à se différencier en obte-
nant un produit de qualité, qui respecte les exigences d’apparence et de saveur, et qui résiste aux
longs voyages. Il s’agit d’un défi pour lequel l’irrigation et la nutrition jouent un rôle clé. Il est donc Illustration 1 :
fondamental d’effectuer un diagnostic nutritionnel adéquat, qui permet de réaliser des maniements Diagramme analytique du service de suivi nutritionnel.
optimaux lors des moments critiques de la culture.
Le service de suivi nutritionnel intègre le monitorage durant la saison du système Eau-Sol-Plante dans plusieurs états de phénologie de la culture.
Le service se base sur le monitorage de l’eau d’irrigation, la solution fertilisante, la solution du sol, les dynamiques foliaires et fruitières, ainsi que sur
l’assistance technique d’agronomes spécialisés en nutrition végétale. De cette manière, le producteur dispose d’une information fiable et simple,
avec des diagnostics clairs et précis, ainsi que des recommandations pratiques et ajustées à la réalité de chaque producteur.

Réussites du système
Notre méthode a été couronnée de succès · L’économie des coûts des engrais.
sur plusieurs points pour toutes les espèces travaillées : · Minimisation de l’impact environnementale
Afin de compléter le service de suivi nutritionnel, AGQ Labs dispose
· L’augmentation de la productivité d’une gamme de services et d’analyses avancés, dont la détermination
· Les améliorations essentielles de la qualité des fruits d’exportation. de paramètres comme le silicium et le calcium liés aux fruits, les phos-
· Le sauvetage d’exploitations affectées par des problèmes de pH et de sels. phites et les réserves en racines à l’aide d’outils GIS (Geographic informa-
· Le sauvetage d’exploitations affectées par des déséquilibres nutritionnels. tion system) et NDVI (Normalized difference vegetation index). Ces derniers
· Connaissance exacte du besoin en fertilisation pour le maximum de nous permettent de diagnostiquer et proposer les meilleures solutions à
productivité nos clients.

Graphique 1 : Graphique 2 :
K (%) Juillet, Août, N (%) Juillet, Août,
Septembre, Octobre, Septembre, Oc-
Novembre, Décembre, tobre, Novembre,
Janvier, Février, Mars, Décembre, Janvier,
Avril, Mai, Juin Février, Mars, Avril,
Mai, Juin

Exemple de dynamique foliaire pour le Nitrogène (à gauche) et le Potassium (à droite) pour le Raisin de Table.

Plateforme online et application mobile


Tous nos clients disposent d’un accès exclusif de manière
gratuite à notre plateforme online
et à notre application BeSafer :

Zone Industrielle Sud Ouest, N° 152. Mohammedia


TEL: +212 523 31 49 26
E-mail: maroc@agq.com.es Agriculture du Maghreb
41
www.agqlabs.ma N° 102 - Mars 2017
Fertilisation de la pomme de terre

jectifs de production quantitative


et qualitative retenus par l’agricul-
teur. A noter que l’adjonction de
certains additifs aux engrais azotés
traditionnels pourrait permettre
de limiter les pertes lors de l’épan-
dage, un vrai plus environnemental
comme économique.

Engrais PK :
le positionnement
avant tout
La pomme de terre est une des
cultures les plus exigeantes en po-
tassium et en phosphore, à la fois
pour assurer son rendement et pour
accéder à certains critères qualité
(pour le potassium surtout). Une
bonne alimentation en potassium
améliore la résistance aux endom-
magements, diminue la sensibilité
tubercules immatures (peau peu est souhaitable de se situer tout au au brunissement enzymatique et
résistante, faible teneur en matière long du cycle de la culture : la quan- au noircissement après cuisson, et
sèche et taux de sucres solubles tité d’azote minéral nécessaire et réduit la teneur en sucres réduc-
élevé) et des teneurs élevées en suffisante à la croissance optimale teurs dans les tubercules.
nitrate. L’excès en azote peut éga- du couvert peut être estimée par la Sur l’ensemble du cycle, c’est le sol
lement retarder la tubérisation au méthode du bilan. qui fournira la majorité des élé-
profit de la croissance foliaire, en ments à la culture. Cependant, l’ap-
plus de diminuer la qualité des tu- port d’engrais peut être nécessaire
Bien choisir en tout début de cycle afin de pa-
bercules et de rendre le défanage
plus difficile. la forme à apporter lier la faiblesse précoce du système
► Limiter les risques de fuite du ni- Le choix de l’engrais est important racinaire : il ne peut en effet pas
trate vers les eaux superficielles et pour optimiser l’itinéraire tech- puiser tout de suite dans les stocks
profondes, en adaptant la dose de nique. La pomme de terre a le plus d’éléments du sol. Comme les élé-
fertilisant azoté aux besoins de la souvent besoin d’apports d’engrais ments PK sont de surcroit très peu
culture et aux fournitures du sol. en complément des fournitures du mobiles dans le sol, leur localisation
sol pour satisfaire ses besoins nu- à la plantation présente probable-
De la nutrition azotée dépend en tritionnels. Au-delà de la quantité, ment un intérêt, bien que les réfé-
partie la durée du cycle végétatif, le choix de la forme d’engrais revêt rences expérimentales ne soient
et donc la maturité de la culture de une importance particulière pour pas nombreuses en la matière.
la pomme de terre. La croissance optimiser la conduite selon les ob- Les différents engrais phosphatés
des parties aériennes est en bonne
partie dépendante de l’azote dispo-
nible dans le sol ainsi que de l’ap-
port d’engrais azoté. Néanmoins,
si cette croissance est trop impor-
tante, elle se fait au détriment de
l’allocation des assimilats vers les
tubercules. Par ailleurs, un feuillage
trop développé peut favoriser le dé-
veloppement de maladies. A contra-
rio, un stress azoté peut provoquer
une diminution importante de la
croissance des parties aériennes,
compromettant pour la suite les
possibilités de transfert en quantité
suffisante vers les tubercules. Il y a
donc un optimum autour duquel il

Agriculture du Maghreb
42 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 43
Fertilisation de la pomme de terre

sulfate, engrais composés ou autres


composts).
Concernant le choix de la forme
d’engrais potassique, le chlorure et
le sulfate de potassium ont présenté
la même efficacité sur le rendement
dans les expérimentations. Cepen-
dant, le chlorure de potassium tend
à accroître la teneur en eau et à
réduire la teneur en matière sèche
et en fécule comparé au sulfate de
potassium. Cet effet s’explique par
des différences d’absorption du
chlorure par rapport au sulfate qui
modifient la rétention d’eau.
Le fractionnement du potassium
est possible en profitant de la der-
nière opération de buttage pour
enfouir le deuxième apport. Dans
ce cas on privilégie la forme sul-
présentent des différences d’effica- grais peut jouer un rôle également.
fate pour éviter l’effet du chlorure.
cité en fonction de leur degré de so- La fertilisation de la pomme de L’irrigation goutte à goutte dans la
lubilité. Les formes les plus solubles terre peut-être mise en place avec butte présente l’avantage de pou-
sont à privilégier pour un effet ra- des apports de K2O sous diverses voir fractionner les apports jusqu’à
pide sur la culture. La forme de l’en- formes (engrais simples chlorure, un stade plus tardif de la culture.

Agriculture du Maghreb
44 N° 102 - Mars 2017
Analyser le sol
pour ajuster
au mieux les apports.
Objectifs :
► Assurer une alimentation non limi-
tante de la culture, qui a des exigences
élevées en phosphore et en potas-
sium, pour :
- ne pas pénaliser le rendement, pomme de terre en cas d’apport massif chaleur. La nutrition foliaire peut pallier
- produire des tubercules de qualité de potassium, en raison de l’antago- ces ruptures en apportant les éléments
► Limiter les risques d’eutrophisation nisme potassium - magnésium. sous une forme assimilable par la
des eaux superficielles environnantes, Les besoins de la pomme de terre feuille en petite quantité. Les apports
en évitant les surfertilisations phospha- en soufre sont faibles et la phase de de magnésium, manganèse, zinc ou
tées croissance correspond aussi à la bore sont à déterminer selon les situa-
► Maintenir une biodisponibilité satis- phase majoritaire de minéralisation du tions.
faisante à long terme du phosphore et soufre organique, ce qui permet au sol
du potassium dans le sol d’assurer la fourniture nécessaire. De
plus, du soufre est souvent apporté via LE CALCIUM
d’autres engrais (sulfate de potassium La pomme de terre est une plante exi-
Et les autres éléments ? par exemple). geante en calcium. A cause de la fer-
Les apports de magnésium se rai- Les carences sont peu fréquentes en tilisation potassique et le type de sols
sonnent selon les mêmes principes pomme de terre car c’est une culture cultivé accroissent le problème. La dé-
que les apports PK. Les formes nitrates réservée aux parcelles de bonne ferti- ficience en calcium se traduit par des
et sulfate sont les plus efficaces, grâce lité. Cependant son cycle court et son symptômes de carences dans zones
à leur plus grande solubilité. L’apport faible réseau racinaire la rend sensible de croissance. Les jeunes feuilles de
de magnésium peut être réalisé sur à des ruptures nutritionnelles engen- dessèchent et s’enroulent. Des chlo-
une tête de rotation. Dans ce cas il est drées par des stress comme une pé- roses et des mouchettes brunes sur
bon d’effectuer cette fertilisation sur la riode de sécheresse ou un coup de les pétioles.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 45
ALERTE

Tuta absoluta
Journée de sensibilisation à Agadir
Tuta absoluta, ravageur de la tomate bien connu des agriculteurs de la région Souss-Massa, est de
retour. Une journée de sensibilisation sur cet insecte a été organisée par l’APEFEL, la FIFEL et l’EAC-
CE, au Complexe Horticole (CHA) d’Agadir le mercredi 15 février 2017.
En effet, au delà des contraintes qui d’échanger les expériences et de Dans une première partie, il a dé-
ont marqué cette campagne d’ex- sortir avec des recommandations crit l’insecte, sa taxonomie, son
portation, la mineuse de la tomate pratiques opérationnelles pour origine, ses plantes hôtes ainsi que
constitue, cette année, un réel sou- combattre ce fléau. ses dégâts. Il s’agit d’un ravageur
ci pour les producteurs. Contraire- L’intervention de l’EACCE a mis extrêmement dangereux pour les
ment aux années précédentes où l’accent sur les actions qu’il a ef- Solanacées en général et la tomate
la pression de ce ravageur avait été fectuées avec l’apparition du pro- en particulier. Il peut s’attaquer à
limitée grâce aux différentes tech- blème à savoir : la sensibilisation de tous les organes de la plante de la
niques utilisées (lutte intégrée), ses agents au moment des expor- tomate, à l’exception des racines.
durant cette campagne les agricul- tations afin d’être plus vigilants au La plante peut être attaquée à
teurs ont relâché leur vigilance. Les moment des contrôles au niveau différents stades, depuis le jeune
producteurs sont actuellement en des stations de conditionnement plant en pépinière jusqu’à la fin
quête de solutions efficaces pour en augmentant les vérifications au du cycle. Les dégâts peuvent at-
lutter contre ce fléau qui risque niveau des réceptions et agir au teindre 100% de la production et
d’affecter davantage la production niveau des fermes pour mettre fin on peut assister à la destruction
avec la hausse des températures à ce problème. C’est ainsi que 128 totale des feuilles et la perforation
durant les mois à venir. La pre- tonnes ont été refoulées jusqu’à de l’ensemble des fruits si aucune
mière question que se posent les présent à cause de ce ravageur qui mesure de lutte n’est prise. Dans la
professionnels est : pourquoi cette présente aujourd’hui des risques deuxième partie de son exposé, il a
recrudescence désastreuse de Tuta pour le nouveau marché russe. Il présenté les méthodes de lutte, qui
absoluta ? s’agit d’un marché jeune qu’il faut font la différence entre les produc-
L’organisation de cette journée préserver et éviter tout problème teurs. La lutte est rendue plus com-
avait justement pour but, tout qui pourrait affecter les exporta- plexe par la capacité de l’espèce à
d’abord, de sensibiliser l’ensemble tions. développer une résistance contre
des acteurs du secteur des fruits et Dans son exposé, Rachid ELAI- les produits de traitement. Le re-
légumes, puis d’apporter des élé- NI, IPM Department Manager cours à la lutte intégrée par la com-
ments de réponses à l’ensemble chez Omnium Agricole du Souss, binaison des différents moyens de
des questionnements posés au su- a présenté les différents aspects lutte disponibles est la seule alter-
jet de cette redoutables mineuse pratiques de la lutte contre Tuta native possible actuellement per-
des tomates. L’occasion également absoluta dans la région du Souss. mettant de maintenir ces dégâts à

Agriculture du Maghreb
46 N° 102 - Mars 2017
La récolte idéale commence
par le soin idéal

Maximiser
Insecticides à large spectre d’action les revenues

Mineuse Thrips Mouche blanche Pucerons Tuta absoluta

Programme de traitement de la tomate

Programme de traitement des Cucurbitacées

Du début
jusqu’à
la fin
Pr. Ahmed Mazih M. Rachid El AINI M. Nourredine HATIM

un niveau acceptable. La stratégie quelques pistes de recherche me- 5- validation d’un nouveau type
de lutte contre Tuta absoluta doit nées au niveau de l’Institut Agro- de serre ventilée avec insect-proof.
donc être basée sur un programme nomique pour réagir le plus vite
de lutte combinant les différents possible à cette épidémie. Il s’agit Les données scientifiques atten-
moyens de contrôle disponibles à d’un nouveau projet en cours, in- dues de ce projet innovant seront
savoir : la lutte biologique, la lutte titulé STomp élaboré à la fin de la présentées lors d’un grand sémi-
chimique, les barrières physiques, conférence internationale sur Tuta naire prévu vers le mois d’avril
l’étanchéité des serres, le piégeage, absoluta en 2011 à Agadir. STomp : pour exposer les premiers résultats
l’utilisation de plants indemnes …. c’est un projet multidisciplinaire, qui seront traduits en de nouvelles
M. Rachid El AINI a aussi présenté basé sur une approche globale stratégies durables de production
une courbe très explicite sur le re- pour une culture durable de to- de la tomate.
lâchement des producteurs contre mate qui vise le renforcement de Ensuite la parole a été donnée à
ce ravageur ces dernières années la défense de la plante, le déve- M. Khalid Saidi de l’APEFEL qui a
pensant qu’il avait été éradiqué. loppement de nouveaux biopesti- insisté sur l’intervention des ins-
Certains producteurs ont détecté cides et l’optimisation des apports tances étatiques pour mettre en
le problème bien avant, surtout environnementaux hydriques et place une stratégie commune na-
ceux qui produisent la tomate chimiques. L’objectif général du tionale de lutte contre Tuta abso-
d’été et on su réagir à la fin de la projet c’est d’élaborer et mettre luta car c’est un fléau qui menace
campagne précédente. en œuvre des méthodes respec- l’origine Maroc, ainsi que de mul-
M. Nourredine HATIM, Chef de Ser- tueuses de l’environnement pour tiplier les journées d’échange et
vice de la protection des végétaux la gestion des ravageurs de la to- de sensibilisation. A noter qu’un
à la Direction Régionale de l’Agri- mate : comité de suivi de Tuta absoluta a
culture du Souss-Massa, a rappelé 1- caractériser la résistance aux été désigné lors de cette journée,
l’historique de Tuta absoluta de- insecticides des deux espèces en- dont une première réunion s’est
puis 9 ans qui a fait des ravages vahissantes : Tuta absoluta et la tenue dans le but de dégager les
dans la région du Souss en 2008 et mouche blanche (Bemisia tabaci) grandes lignes d’une stratégie à
l’expérience du Maroc qui est de- dans les différents pays méditerra- même d’éradiquer ce fléau. Elle est
venu formateur de plusieurs pays néens, basée sur deux axes :
arabe comme la Tunisie, le Liban, 2- inclure les insecticides à base
le Yémen, la Syrie, la Palestine et d’extraits de plantes largement ré- Premier axe
l’exemple pour les pays européens pandus dans ce bassin Il consiste à mettre en place et
en matière de stratégie de lutte 3- utilisation des champignons et dans l’immédiat un ensemble de
conte Tuta absoluta. La deuxième des bactéries bénéfiques pour ren- mesures et moyens pour sauver la
partie de son exposé a traité l’as- forcer les barrières de défense de la campagne actuelle et sauvegarder
pect réglementaire essentielle- plante aux agents biotiques, rava- le label Maroc. Il est urgent de me-
ment les exigences phytosanitaires geurs et pathogènes et aussi abio- ner une campagne de sensibilisa-
des marchés extérieurs comme tique comme le stress hydrique, tion sur le danger qui menace l’ori-
le Canada, la Russie, les Etats Unis 4- l’optimisation de l’irrigation gine Maroc. Faire adhérer toutes
et l’Afrique (le Sénégal comme et de la fertilisation en termes de les entités à ce projet est indispen-
exemple). facteurs nutritifs et de défenses sable pour sa réussite. Des actions
Professeur Ahmed Mazih du com- chimiques et leurs conséquences urgentes doivent être menées :
plexe horticole d’Agadir a présenté sur les ennemis naturels, revisiter le premier manuel élaboré
lors de la première apparition de
ce ravageur. Il est toujours d’ac-
tualité, toutefois il est à étoffer par
les nouvelles données et revoir le
listing des produits de traitement
homologués. Cet outil et manuel
de travail est donc à reprendre car
il a tendance à être oublié.
Des mesures prophylactiques
simples et efficaces sont à prendre

Agriculture du Maghreb
48 N° 102 - Mars 2017
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 49
Tuta absoluta

rigoureusement telles que (détails - Traitements raisonnés - Ne pas omettre la lutte biolo-
basiques) : gique car la lutte chimique n’est
- Barrières physiques (filet, sas, …) Il s’avère utile de fixer un seuil pas suffisante.
- Captures massives de mâles par de tolérance ou de gravité à res- - Bien préparer le vide sanitaire
les pièges à phéromones pecter. Des mesures de répres- - Le traitement du sol s’impose
- Monitoring, le niveau d’attaque sion doivent être mises en place également car les chrysalides s’y
doit être suivi à tous les niveaux : exploitations, cachent
- Destruction des organes infestés stations et marchés. Les stations - Utiliser les stations d’essais exis-
- Sortir les déchets par les trous de conditionnement qui récep- tantes (tout le réseau) pour les pié-
aménagés et dans des sacs fer- tionnent les produits de récolte geages afin de suivre le degré d’in-
més et les détruire si possible peuvent signaler les dérapages festation par zone, cela permettra
par compostage (environne- « échappés » aux exploitations en d’avoir un état des lieux et d’agir en
ment) ou par le feu matière d’attaques (piqûres). conséquence.
- Proposer une durée moyenne de
traitement (15 jours par exemple : Deux commissions ont
estimation selon la température…) été créées dans ce but :
- Aller même jusqu’à pénaliser sé- 1- Mme Naïma Ibissou (Insecta-
vèrement les contrevenants rium Adardour) et M. Rachid Elaïni
- Le transport des plants et des (SAOAS) se chargeront d’établir un
produits de cueillette doit être planning de traitement par lâchers
couvert par un filet étanche de parasitoïdes et orientation
- Il a été mentionné également dans ce sens. Etudier également
que les filets de bordure (struc- la possibilité de lâchers à grandes
ture) doivent être traités en même échelles dans la région. Réfléchir
temps que la culture. aussi à comment gérer les déchets
de culture.
La liste n’est point exhaustive mais 2- Pr. Ahmed Mazih, Pr. Abderrahim
permet déjà d’avoir une base de Hormatallah (CHA) et Samir Bel-
conseils à suivre et qui sera étof- ghol (APEFEL) se pencheront sur la
fée au fur et à mesure. Une liste de lutte chimique en complétant tout
produits phytosanitaires par mode d’abord les données existantes et
d’action et famille est en cours de s’appuyer sur la liste de l’IRAC (dé-
préparation (dans le but d’éviter tenue par Pr. Mazih).
les résistances ou accoutumance).
Les mesures
Deuxième axe préventives
Il a pour objectif de se préparer
pour la campagne à venir afin de
au niveau des
pouvoir endiguer ce parasite très stations de
mobile qui est plus acclimaté et conditionnement
plus résistant aux matières actives En complément aux efforts dé-
déjà existantes. D’où la nécessité ployés au niveau des exploita-
de : tions et fermes de production de
- dresser un calendrier de produits tomate, dont l’objectif principal
à alterner selon leur mode d’action est de mettre en place des actions
(tous ceux qui existent actuelle- immédiates contre Tuta absoluta,
ment agissent sur le système ner- le Comité de Coordination de Pri-
veux de l’insecte). Tenir compte de meurs a décidé de tenir une réu-
l’aspect résiduel est également de nion le 03 mars 2017 entre l’EACCE,
mise. l’ONSSA, la FIFEL, l’APEFEL, l’AM-
- mieux étudier Tuta absoluta COM et les directeurs des stations
pour comprendre si son de conditionnement pour réfléchir
retour en force est dû dans le même sens, sur les mesures
à une négligence des et dispositions à appliquer parallè-
méthodes de lutte, ou lement au niveau de ce maillon.
bien s’il s’agit d’une Certainement, la synergie entre la
nouvelle souche de production et le conditionnement
Tuta. s’avère indispensable afin de pré-

Agriculture du Maghreb
50 N° 102 - Mars 2017
venir les infestations de ce rava- venant = un lot).
geur et sauver notre campagne • La taille du prélèvement doit
d’exportation. L’ensemble des par- être de 3 à 5 caisses.
ticipants se sont mis d’accord sur • Les seuils limites d’acceptation
la nécessité absolue d’adopter un de la tomate à la réception sont les
plan d’action d’urgence au niveau suivants :
des stations de conditionnement. - 1% de fruits infestés pour la to-
En effet, les recommandations mate ronde et allongée sans pé-
consensuelles suivantes sont à doncule,
mettre en œuvre immédiatement : - 0,5% de fruits infestés pour la to- postes d’agréage et de triage.
• Exiger un triage préliminaire au mate cerise et olivette sans pédon- • Effectuer les expéditions des to-
niveau des fermes. cule, mates à des températures appro-
• Mettre en place un agréage sys- - 0% de fruits infestés pour toutes priées.
tématique à la réception et une at- les tomates avec pédoncules • Les écarts de triage infestés
tention particulière doit être accor- (grappe, cocktail…). doivent être éliminés et détruits
dée aux attaques de Tuta absoluta. • Consolider les bonnes pratiques par une méthode efficace au ni-
• Renforcer le personnel d’agré- de conditionnement, notamment : veau de la station de conditionne-
age à la réception en y affectant un - Renforcer les équipes de triage,
ment : Les brûler immédiatement
nombre suffisant d’agréeurs. les sensibiliser et les former sur
ou les mettre dans des sacs plas-
• Dispenser une formation pra- l’identification pertinente des
tiques fermés hermétiquement
tique au profit des agréeurs pour signes d’infestation des fruits par
l’identification et la détection des Tuta absoluta, pendant au moins 2 semaine. II en
infestations des tomates. - Réduire et adapter la cadence est de même pour les autres dé-
• Lors de l’agréage à la réception, et rythme de versement afin de chets visiblement contaminés ou
le prélèvement doit être effectué mieux maîtriser le triage des fruits non (folioles, pédoncules…).
de manière aléatoire, représenta- infestés, • Pour le produit fini destiné à l’ex-
tive et réparti sur l’ensemble des - Assurer un éclairage suffisant portation, aucun fruit infesté n’est
parties du lot (un arrivage de tout de façon à couvrir l’ensemble des accepté (0%).

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 51
PhytoProtection

Raisin de table
Les principales maladies cryptogamiques
Les maladies de la vigne sont si nombreuses qu’il est essentiel de les identifier avec exactitude afin de prévenir le
plus rapidement possible les infestations graves et les pertes de rendement ou de qualité. Cependant, la présence
d’un agent pathogène ou d’une maladie ne signifie pas automatiquement qu’un traitement est nécessaire. La sé-
vérité des maladies varie d’une année à l’autre. En conséquence, certaines maladies peuvent être dévastatrice une
année et avoir peu d’importance une autre année. Les mesures à prendre pour éviter les pertes peuvent donc varier
d’une saison à l’autre.

L
es maladies cryptogamiques sont Le Mildiou de la vigne
due à des champignons qui at- Le Mildiou de la vigne est une maladie
taquent, selon les espèces, soit les qui se développe sur tous les organes
organes verts de la vigne (feuilles, verts : rameaux, feuilles, grappes et
rameaux, grappes) soit le tronc (Esca, vrilles. Le champignon responsable Pla-
Eutypiose…). Dans cet article, nous nous smopara viticola se développe sur les
intéresserons uniquement aux maladies feuilles provoquant l’apparition de ce
des organes verts, sachant que le mil- qu’on appelle la tache d’huile (tâches cir-
diou, l’oïdium et la pourriture grise sont culaires d’apparence huileuse). Les tissus
les principales maladies qui touchent nos touchés se dessèchent, tandis que sur
vignobles, entraînant des pertes de ren- la face inférieure de la feuille, au niveau
dement et de qualité. Selon les années, de la tâche, apparaît une poussière blan-
les attaques peuvent être plus ou moins châtre dans laquelle sont produites des
re 82. Feutrage blanchâtre du mildiou sur jeunes baies de raisin importantes (E). en fonctions de différents spores asexuées qui, dispersées par le
facteurs tels que les conditions clima- vent transmettent l’infection.
tiques, l’inoculum présent (historique) L’humidité permet le développement
Feutrage blanchâtre du mildiou sur jeunes baies de raisin (E).
et la sensibilité des différentes variétés de la maladie. La présence d’eau libre
cultivées. constitue le principal facteur de déve-
Afin d’éviter les infestations graves, le loppement de la maladie. Lors des fortes
viticulteur doit identifier rapidement et pluies, les éclaboussures de terre et d’eau
correctement les maladies. Il est ainsi re- transportent les spores sur les feuilles. Tôt
commandé de dépister entièrement au en saison, il faut surveiller l’apparition des
moins une fois par semaine le vignoble, tâches d’huile sur le dessus des feuilles et
‫ﺍا‬ du débourrement à la récolte, en portant de duvets blanchâtres sous les feuilles
une attention particulière aux cépages (sporulation), en priorité dans les parties
sensibles où l’on observe généralement humides du vignoble (sol lourd, cuvettes,
les premiers symptômes. Les viticulteurs mauvais drainage, feuillage abondant…)
sont également appelés à suivre régu- et dans les zones ombragées.
lièrement les données météorologiques La maladie entraîne la chute des feuilles
et de s’informer auprès des experts au et par conséquent un retard de la ma-
niveau des organismes de recherche, de turité des grappes de raisin, des baies
‫ ﻑف‬  développement et d’enseignement. Une moins riches en sucres et en acides, une
Dégâts du mildiou sur le raisin : intervention bien ciblée en début d’in- plus grande sensibilité au gel, un mauvais
dessèchement des baies et une partie de la grappe.  festation permet d’obtenir un meilleur
ure 83. Dégâts du mildiou sur le raisin (F). a : dessèchement des aoûtement des bois, un retard au débour-
es et une partie de la grappe. contrôle des maladies. rement et une incidence défavorable sur
A noter que la réussite de la lutte phytosa- la production.
nitaire repose sur un programme adapté
aux différentes contraintes susceptibles Lutte contre le mildiou
de compromettre le développement Le programme de traitement démarre
des pieds de la vigne (biotiques et abio- dès l’apparition des premiers symptômes
tiques). Cette approche doit concilier à (premières tâches) et se poursuit durant
la fois les objectifs en termes de qualité tout le cycle, avec un arrêt de la lutte
‫ﺏب‬ et de productivité, et ceux relatifs au res- chimique durant la floraison de la vigne.
pect de l’environnement et de la santé du La fréquence et le moment d’interven-
consommateur, afin de conduire la lutte tion dépendent :
chimique avec ‫ ﺏب‬un minimum d’interven- - des conditions climatiques du moment,
Mildiou sur une jeune feuille de Mildiou sur une feuille de la vigne (C). a : tions. - des stades phénologiques
la vigne (B). a : face inférieure. face inférieure. b: symptôme du mildiou «
b : stade primaire d’attaque du poussière blanchâtre »
mildiou sur face inférieure de la
feuille de la vigne.
Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 53
Raisin de table
Oïdium sur une jeune feuille de la Oïdium sur un sarment de la Oïdium sur des jeunes baies de raisin au stade début
vigne (A). a : symptôme de l’oïdi- vigne (B). b : taches brunes de grossissement (D).
um sur la face supérieure. l’oïdium. Oïdium sur les jeunes baies de raisin

- de la situation pédoclimatiques de la groupes de fongicides à savoir : grisâtre, ils brunissent et pourrissent en se


parcelle à traiter. couvrant d’un duvet gris. L’infection pro-
Avant la déclaration de la maladie, les Les produits de contact gresse à partir d’un grain malade vers les
spécialités à base de cuivre et de manco- Les traitements préventifs à base de grains voisins par contact ou blessure. En
zèbe peuvent être utilisées en traitement souffre mouillable ou de soufre par pou- effet, les baies attaquées se vident de leur
préventif. Mais une fois le champignon drage à des stades bien précis donnent jus qui se répand sur les baies voisines ce
détecté dans le vignoble, le viticulteur a d’excellents résultats. Cet apport de qui favorise une progression de la mala-
le choix entre une large gamme de ma- souffre doit se faire après le débourre- die de baie en baie pour atteindre toute
tières actives et de familles chimiques, ment, à la floraison (utiliser uniquement la grappe.
offrant une bonne efficacité curative. le soufre par poudrage), au stade des
grappes bien développées et au stade Lutte contre la pourriture grise
de la fermeture des grappes. A noter que Si aucune mesure préventive n’est prise,
L’Oïdium de la vigne : l’utilisation du soufre agit également sur toute la récolte peut être compromise. La
Il est provoqué par un champignon, Un-
l’excoriose, le black-rot, l’acariose et l’éri- combinaison de mesures prophylactiques
cinula necator, qui s’attaque à tous les
nose. Cependant, lorsque la maladie est et chimiques est nécessaire pour com-
organes verts de la vigne et en particulier
déclarée, le souffre ne donne pas de ré- battre Botrytis cinerea dans les grappes de
aux jeunes baies en croissance. Les parties
sultats, et seul les fongicides organiques raisins :
atteintes (feuilles, jeunes sarments, jeunes
sont efficaces.
grappes à la floraison et à la véraison) se
Lutte prophylactique
recouvrent d’un voile farineux de cou-
Les fongicides organiques Parmi les moyens capables de défavoriser
leur blanche très marquée sur les feuilles
Une fois que le champignon est présent ou d’éviter les attaques de ce champignon
et jeunes sarments. Mais vers la fin de la
sur les organes de la vigne, le producteur sur les grappes de raisin, on peut citer :
maladie les mêmes feuilles se déforment
dispose d’une panoplie de matières ac- - la diminution de la vigueur par des ap-
et montrent sur la face inférieure, des
tives et de familles chimiques dont l’appli- ports corrects de la fumure azotée,
tâches diffuses de poussières grisâtres
cation offre une bonne efficacité vis-à-vis - la surveillance des pratiques et des en-
à noirâtres. En effet, la partie attaquée
de ce pathogène. nemis pouvant entraîner des lésions sur
du limbe croît plus lentement provo-
les baies,
quant la déformation de la feuille qui se
- un bon niveau d’aération des grappes et
crispe. Sur les sarments, le même revête- La Pourriture grise : de la végétation,
ment poussiéreux grisâtre se développe. Favorisée par l’humidité, la pourriture
- une taille et un palissage adéquats.
A la floraison, les attaques de l’oïdium grise est une maladie due au champignon
De même, le viticulteur est appelé à pro-
provoquent le dessèchement des petits Botrytis cinerea qui se manifeste sur les
grammer des interventions à base de
grains de raisin qui finissent par se déta- organes herbacés et sur les grappes :
cuivre pour freiner le développement du
cher de la rafle. Toute une récolte peut - la pourriture pédonculaire : qui se ma-
Botrytis.
ainsi être facilement compromise. nifeste sur le pédoncule et la rafle de la
Les grappes et les grains contaminés se grappe en entraînant un flétrissement
Lutte chimique
recouvrent d’une fine poussière grisâtre et souvent leur chute avant la récolte.
Les traitements devront être envisagés
qui provoque des nécroses noires. La - la pourriture noble : qui se mani-
à priori lors des stades phénologiques
croissance des parties atteintes est ar- feste en période de sur-maturation
suivants : fin floraison-début nouaison,
rêtée, alors que la partie du grain sain sous certaines conditions climatiques.
fermeture des grappes, début véraison
continue de croître. Par conséquent - la pourriture grise : qui est la forme la
et un mois avant la récolte. L’application
les baies éclatent et laissent apparaître plus grave et qui affecte les grains de rai-
des fongicides ne peut être efficace que
les pépins. Ces lésions sont très favo- sins par temps humide entre la nouaison
si les zones concernées, c’est-à-dire les
rables à la pénétration de la pourri- et la maturité.
grappes, sont bien visées.
ture grise et compromettent la récolte. Le champignon peut entraîner le dessè-
chement de boutons floraux avant la flo-
Lutte contre l’oïdium raison et la chute précoce d’une partie ou Conseils pour
Toutes les tentatives de recours à des pra- de la totalité de l’inflorescence. L’attaque réussir les traitements
tiques culturales ont été vouées à l’échec. des grains à partir de la nouaison peut Pour réussir les applications phytosani-
De ce fait, la lutte contre l’oïdium se fait être due à la présence de débris de florai- taires de la vigne, les viticulteurs sont
principalement par l’utilisation de grands son. Les grains prennent une coloration appelés à mettre en place des mesures

Agriculture du Maghreb
54 N° 102 - Mars 2017
prophylactiques ou agronomiques per- Botrytis cinerea sur
les feuilles et les baies
mettant d’une part, de limiter le dévelop-
(A, B). a : pourriture
pement des différents parasites et, d’autre grise sur les feuilles. b
part, de favoriser de meilleures interven- : pourriture grise sur
les baies de raisin.
tions phytosanitaires ainsi qu’une bonne
pénétration des produits chimiques. Les
principales mesures sont :
• Eliminer tous les gourmands et les
pousses à la base des pieds de la vigne qui
constituent un lieu propice pour l’installa-
tion des foyers primaires
• Entretenir la végétation sur le pied de la
vigne et tout au long des rangs pour faci-
liter le ciblage de la pulvérisation
• Adapter la fertilisation à une vigueur
équilibrée
• Eviter le développement des mauvaises
herbes entre les pieds de la vigne
• Développer le drainage dans les vi-
gnobles des zones à sous sol non drai-
nant.
• Eviter les blessures sur les baies de raisin
• Cibler les organes de la vigne à traiter
• Utiliser un matériel de traitement adap-
té et bien réglé
• Veiller à une pulvérisation de qualité.

Prévention
Pour réduire la pression des maladies,
plusieurs moyens de prévention peuvent
être adoptés :
- choix de cépages moins sensibles aux
maladies
- orientation nord-sud des rangs
- profiter de la pente naturelle du terrain
pour éviter la stagnation de l’eau
- une bonne taille facilite la circulation de
l’air, ce qui favorise le séchage rapide du
feuillage et une meilleure pénétration des
fongicides dans le couvert végétal.
- élimination des résidus de la taille et le
travail du sol au printemps
- destruction et enfouissement des débris
abritant les champignons pathogènes
pour réduire leur population.
- programme raisonné des fongicides
- désherbage efficace

La lutte chimique
Il est primordial de prendre en considéra-
tion les indications sur les étiquettes des
fongicides, tout en ajustant la fréquence
des interventions par rapport aux :
- stades de développement de la vigne,
- suivis et observations effectuées sur le
vignoble,
- types de matériels de pulvérisations,
- prévisions météorologiques,
- types de fongicides à utiliser,
- risques de développement des phéno-
mènes de résistance
- risques d’apparition ou de développe-
ment du champignon visé.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 55
Technique

Pulvérisateurs
Bien réglés, ils pulvérisent mieux
Réduire les intrants est un objectif majeur pour la profession viticole, tant pour des raisons économiques qu’environ-
nementales. Optimiser la qualité de la pulvérisation est dans cette optique incontournable. Le contrôle des pulvéri-
sateurs est un pas dans cette quête du « traiter mieux » mais elle n’est pas suffisante en soi. Elle garantit le bon état
de fonctionnement de l’appareil. Reste à bien l’utiliser. Choix de l’appareil de traitement, choix des buses, réglages,
emploi éventuel d’un adjuvant… autant de pistes de travail qui permettent d’espérer des améliorations en termes de
limitation de la dérive, ou de réduction des doses par exemple.

L
’objectif recherché lorsque l’on On applique ensuite la formule : Débit elle-même dépendante du régime de
pulvérise est d’apporter une (l/mn) = (volume mesuré (l) x 60)/ prise de force. Il existe des capteurs (ta-
dose régulière et juste de pro- temps défini (mn). chymètres) permettant de contrôler le
duit de traitement sur sa par- Ce contrôle s’applique à toutes les régime de rotation de la prise de force.
celle. Ce postulat dépend pour buses ou pastilles. Ces outils peuvent être vendus séparé-
partie du bon réglage de son pulvéri- La seconde solution, plus fiable, est de ment ou être fournis en option à l’achat
sateur, en particulier des buses ou pas- faire appel à un prestataire de service, du tracteur.
tilles et du manomètre. équipé d’un banc de répartition, qui L’orientation des diffuseurs (en fonction
La qualité de la pulvérisation dépend, teste les buses ou pastilles une par une, de la végétation à traiter) reste primor-
pour partie, du bon réglage de son pul- après les avoir démontées. Dans tous diale pour assurer une bonne réparti-
vérisateur. Deux éléments doivent faire les cas de figure, on met en évidence un tion du produit sur la cible. Les papiers
l’objet d’une attention particulière : les dysfonctionnement du débit au niveau hvdrosensibles peuvent aider à le véri-
buses ou pastilles et le manomètre. Le du point de sortie, sans en connaître fier mais cela reste à ce jour empirique.
viticulteur a tout intérêt à vérifier régu- l’origine puisque celui-ci peut provenir
lièrement l’état de son matériel, en s’at- d’un problème en amont, par exemple
tachant à quelques points clés. Toutes un défaut de tuyauterie.
3- Le manomètre
La vérification du manomètre du pul-
les opérations de contrôle se font avec
vérisateur est généralement effectuée
un pulvérisateur propre rempli d’eau. 2- La qualité de répartition par des professionnels sur un banc de
Bien entendu, c’est ensuite l’usage que
de la pulvérisation contrôle après son démontage. La pres-
l’on fait de son matériel qui détermine la
Pour mesurer la qualité de la répartition sion du manomètre est comparée à
qualité finale de l’application. Il ne faut
de la pulvérisation et la granulométrie celle d’un manomètre étalon au moins
pas non plus négliger l’impact écono-
des gouttes, on peut utiliser des bandes à trois pressions différentes. Un écart est
mique d’un pulvérisateur mal réglé ou de papier hydrosensible placées dans significatif au-delà de 10 %.
mal employé. la végétation en fonction du stade de
développement de la culture et des
1-Vérification des débits zones à protéger lors du traitement.
4- Etalonnage
Un arboriculteur peut assez facilement Cependant, il n’existe aucune recom- de la vitesse d’avancement
vérifier les débits de son matériel de mandation de la part des firmes sur la L’arboriculteur contrôle la vitesse
pulvérisation en mesurant la quanti- granulométrie optimale de leur produit. d’avancement en mesurant une dis-
té d’eau sortant d’une buse ou d’une La plupart des pulvérisateurs ayant re- tance de 100 m et en chronométrant le
pastille en un laps de temps défini, à la cours a une assistance d’air, la qualité temps mis pour effectuer cette distance
pression choisie, à l’aide d’une éprou- de répartition est également influen- à une vitesse fixe, avec une cuve à moi-
vette et d’un chronomètre. cée par la soufflerie du ventilateur, tié pleine et en respectant le régime

Agriculture du Maghreb
56 N° 102 - Mars 2017
moteur préconisé par le constructeur. 6- Les vérifications visuelles - Changer les joints régulièrement.
La vitesse réelle est calculée par une Contrôler son pulvérisateur passe aussi - Vérifier l’état des protections.
simple règle de trois : Vitesse réelle = par une inspection visuelle régulière de
(distance x 3,6/temps mesuré). Elle
doit correspondre à la vitesse affichée
l’état général de son appareil, en parti- 8- Les bonnes pratiques
culier les tuyauteries, les rampes, l’orien-
par le tracteur. tation des diffuseurs... Dans le cas de pour optimiser ses
matériel distribuant les liquides sur un traitements.
5- Le contrôle plan vertical, il faut s’assurer que les des- - Traiter à une hygrométrie optimale
du volume/ha centes soient parallèles à la végétation (entre 60 et 95 % d’humidité), à une
Une fois tous les organes mécaniques et bien centrées dans l’inter-rang, avec température optimale, et avec un mi-
en bon état de marche, reste à effectuer une bonne orientation des diffuseurs nimum de vent (maximum 19 km/h) :
les bons réglages avant de partir trai- pour couvrir la zone à traiter. consulter la météo avant de traiter ou
ter. On commence par calculer le débit s’équiper d’une station météo.
nécessaire par diffuseur pour obtenir 7- Quelques conseils - Ne pas hésiter à demander des infos
le volume/ha voulu, à une vitesse fixe
pour maintenir auprès de son fournisseur.
: débit (l/min) = (Volume (l/h) x vitesse - Travailler au régime moteur recom-
(Km/h) x largeur rampe)/ (600 x nombre en bon état son matériel mandé par le constructeur pour que la
de buses). Dans le cas des technologies - Nettoyer les filtres régulièrement (au
puissance de la soufflerie soit suffisante.
utilisant des buses, on choisit le couple minimum à la fin de chaque journée de
buse/pression pour délivrer le débit dé- traitement).
- Rincer le pulvérisateur systématique- En pulvérisation, l’offre des construc-
siré. Pour le pneumatique, on joue sur le
ment à la fin de chaque traitement. teurs est importante et cette étendue
pastillage et la pression.
Sur la parcelle, on peut vérifier si l’éta- - Hiverner le pulvérisateur propre avec ne facilite pas le choix. Mais la palette
lonnage réalisé précédemment est un antigel adapté. de solutions permet à chacun de choi-
correct en comparant la surface traitée - Graisser toutes les pièces mobiles qui sir le matériel représentant le meilleur
théoriquement, en fonction du dosage le nécessitent et les cardans. compromis. Le pulvérisateur doit être
et de la capacité de sa cuve, à la surface - Vérifier le niveau d’huile dans la pompe adapté au verger ou à la vigne à traiter.
réellement traitée. et la changer régulièrement (suivre les Il n y a pas de réponse universelle dans
préconisations des constructeurs). le choix comme dans les réglages.

Adjuvants vants peuvent aider à la bonne efficacité de


certaines interventions et les arguments en
semble de ces propriétés.

Une utilisation à raisonner leur faveur sont nombreux. Résoudre le problème en amont
Les effets possibles dépendent de leurs ca- l’adjuvant peut venir en complément
Les adjuvants additionnés aux produits phy- ractéristiques. Lors de la pulvérisation, ils Ces produits ne garantissent pas des réus-
tosanitaires présentent des avantages. Néan- peuvent avoir un effet antidérive en alour- sites de pulvérisation en conditions limites :
moins, leur utilité et leur efficacité s’étudient dissant les gouttes. Il y a ainsi moins de «ll faut résoudre le problème en amont et l’adju-
au cas par cas et viennent en appui d’une op- perte de produit par des petites gouttes. Sur vant peut venir en complément », souligne un
timisation spatiale, temporelle et technique la plante elle-même, les mouillants adhésifs professionnel des techniques d’application.
de la pulvérisation. contribuent au maintien du produit sur la «Pour limiter la dérive, des buses antidérive
Les adjuvants sont des substances qui n’ont cible et diminuent les risques de lessivage. peuvent être envisagées. On mène des essais
pas d’activité biologique propre. Ils per- La fonction «humectant» de certains adju- sur les réductions possibles des doses en étu-
mettent d’améliorer l’efficacité des produits vants maintient une bonne hygrométrie à diant les produits phytosanitaires seuls, nous
phytopharmaceutiques et de limiter les dé- la surface du végétal, les matières actives nous intéressons ensuite aux effets combinés
perditions de matières actives dans l’environ- pénètrent mieux clans la plante. Les péné- avec ces adjuvants. «Ces derniers n›améliorent
nement. Afin d’optimiser chaque traitement, trants agissent sur la cuticule de la feuille et pas le produit si celui-ci n’est pas efficace. « Il
de nombreux paramètres sont à prendre favorisent la pénétration rapide du produit s›agit avant tout d›appliquer le bon produit, à
en compte, tels que la qualité et la quantité dans la plante. Souvent utilisé avec des her- la bonne dose et au bon moment pour maxi-
d’eau, les conditions d’application ou encore bicides ou des défoliants pour l’épamprage, miser l’efficacité de l’application, confirme
la répartition de la matière active. Les adju- il n’existe pas d’adjuvants qui cumulent l’en- un spécialiste, l’adjuvant peut être un atout
lorsque par exemple, les conditions hygromé-
triques ne sont pas optimales. » Les impacts
sur le plan environnemental et humain ne
sont pas neutres. En effet, les ingrédients uti-
lisés peuvent être toxiques pour l’applicateur
si certaines précautions ne sont pas respec-
tées. De plus, pour des problèmes de gestion
du temps, ce dernier se tourne en priorité
vers des solutions rapides et faciles d’emploi.

Source : Revue VITI

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 57
Arboriculture

La tavelure du pommier
Les bons réflexes
Provoquée par le champignon ascomycète Venturia inaequalis, la tavelure du pommier est présente dans toutes les régions du monde,
là où cette espèce est cultivée. Mais sa présence est plus importante dans les régions à climat tempéré humide durant la période prin-
tanière. Ce redoutable champignon se manifeste par des lésions sur les feuilles et sur fruits altérant fortement à la fois le rendement et
la qualité du produit à la récolte. Il présente de ce fait une sérieuse menace économique pour les arboriculteurs des pays où le marché
de la pomme occupe une place importante.

Considérée comme la principale ainsi affecter même la récolte de la comprises entre 7 et 25°C.
maladie en vergers, la tavelure du campagne suivante. - Variétés : les pommiers pré-
pommier nécessite dans certains sentent une sensibilité plus ou
pays jusqu’à 30 traitements an- Contamination moins forte à la maladie selon les
nuellement. Les épidémies de tave- La période de contamination variétés. La plupart de celles qui
lure sont influencées par plusieurs s’étend sur les 8 ou 10 semaines qui sont cultivées aujourd’hui y sont
facteurs, notamment les condi- suivent le débourrement. Le risque sensibles.
tions climatiques au printemps, la est particulièrement élevé au mo-
sensibilité des variétés et l’état sa- ment de la chute des pétales. Leur Symptômes
nitaire du verger. Ce champignon insertion forme une porte d’entrée La maladie entraîne l’apparition
peut provoquer une importante pour le champignon. de lésions brunes ou noires très
chute du rendement et rendre les caractéristiques à la surface des
fruits impropres à la consomma- Facteurs favorables bourgeons, des feuilles, des fruits
tion. Il infecte d’une manière gé- - Conditions climatiques : la et parfois des rameaux. En pré-
nérale les fruits, les feuilles et les tavelure est favorisée par des sence d’une forte attaque avant
rameaux ce qui perturbe le bon conditions humides à partir du dé- maturité, la pomme se déforme,
développement de l’arbre et peut bourrement et des températures des crevasses et des fissures ap-
paraissent au niveau de la peau
mais aussi de la chair. Lorsque les
pédicelles sont à leurs tours infec-
tées, la maladie entraine une chute
prématurée des fruits. A noter que
les infections ayant lieu avant la ré-
colte peuvent passer sous silence
au moment de la cueillette et pro-
voquer l’apparition de symptômes
en cours du stockage.

Moyens de lutte
La stratégie de lutte contre la tave-
lure doit d’abord être préventive.
L’utilisation de variétés ayant une
sensibilité réduite à la maladie est
à privilégier.

1- Mesures prophylactiques
Venturia inaequalis se conserve
essentiellement sur les feuilles
tombées au sol. De ce fait, toutes
les méthodes prophylactiques per-
mettant de détruire les feuilles au
sol doivent être mises en œuvre
afin de réduire la présence d’ino-
culum primaire dans le verger,
de même que les techniques qui

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Agriculture du Maghreb
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La tavelure du pommier

intervalles entre les applications,


indiqués sur l’étiquette ;
• S’assurer du réglage du pulvéri-
sateur pour couvrir toute la fron-
daison.

Importance des
traitements d’hiver
Les traitements d’hiver visent
à détruire plusieurs types de
cibles notamment les formes
de conservation des prin-
cipales maladies cryptoga-
miques : tavelure, oïdium,
chancre, moniliose. Pour les
maladies cryptogamiques, les
interventions sont à base de
sels de cuivre ayant comme
action de limiter les formes de
contribuent à créer des conditions à l’apparition de la tavelure sur le conservation de la tavelure,
défavorables aux attaques de ce pommier, il est conseillé de pros- monilioses, chancre, cloque. Il
champignon : pecter son verger et d’utiliser en est recommandé d’intervenir
• A la chute des feuilles, il est vive- alternance des familles chimiques après la taille pour obtenir une
ment conseillé de ramasser et de préventives et de bonne rétention bonne efficacité et une écono-
détruire les rameaux, les feuilles après chaque pluie. mie des produits. La pulvérisa-
et les fruits malades tombés au sol tion sera abondante, touchant
ainsi que les fruits malades restés Traitements fongicides toutes les parties de l’arbre
sur l’arbre afin de limiter les conta- Les traitements sont appliqués
minations l’année suivante. en fonction des conditions clima- En cours de végétation et no-
• Travail du sol permettant l’en- tiques et principalement par rap- tamment à la fin de la florai-
fouissement des feuilles non dé- port aux pluies contaminatrices son et durant le stade « jeunes
truites ; qui sont nécessaires à la propaga- fruits », il convient de renou-
• Espacement raisonnable et bien tion de l’infection. Ainsi, diffé- veler la protection si le temps
étudié entre les arbres et les rangs rentes manières de conduire cette demeure pluvieux, et ce parti-
d’un verger au moment de la plan- lutte chimique contre la tavelure culièrement dans les vergers
tation ; du pommier peuvent être prati- reconnus régulièrement atta-
• Opter pour une taille adéquate quées : qués par la tavelure. Le chois
et régulière des arbres qui laisse la • Opter très tôt pour un traitement de produits doit porter de
végétation assez aérée précoce avant même l’apparition préférence sur les fongicides
• Assurer une fertilisation azotée des infections ; ayant une double action anti
raisonnée. • Conduire une lutte chimique pré- tavelure et anti-oïdium.
ventive avant ou juste aux stades :
2- Lutte chimique boutons roses, début floraison,
La lutte chimique raisonnée doit nouaison, jeunes fruits et début
reposer sur le principe de préve- grossissement du fruit ;
nir toute infection primaire due à • Reconduire la lutte contre
la projection d’ascospore afin de la maladie immédiatement
déjouer les contaminations secon- après de fortes rosées et
daires. ou des pluies ;
• Opter pour l’alternance
Prévention : des produits fongicides ;
Il est possible d’intervenir pré- • Respecter le mode
ventivement contre la tavelure, d’emploi des fongicides,
lorsqu’un passage pluvieux est an- les volumes d’eau et les
noncé et qu’il y a risque de contami-
nation par les ascospores. Lorsque La maladie entraîne l’apparition de lésions
brunes ou noires très caractéristiques à
l’agriculteur se trouve face à des la surface des bourgeons, des feuilles, des
conditions climatiques favorables fruits et parfois des rameaux.

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Phytoprotection

Maïs lutte contre les adventices


La culture du maïs est très sensible à la concurrence des mauvaises herbes. Dès le semis, l’agriculteur doit être très at-
tentif pour mettre en œuvre un programme de désherbage afin d’obtenir une parcelle propre. En effet, mettre le maïs
dans les meilleures conditions possibles lui permet d’exprimer le maximum de son potentiel de rendement.

Par ailleurs, pour maximiser l’ef- Sarclage maïsiculteurs au Maroc. Plusieurs Par temps sec, les applications
ficacité du désherbage, une stra- Après les traitements herbicides paramètres sont à prendre en doivent être réalisées tôt le matin
tégie doit être établie à la fois en de pré-levée ou de post-levée, compte pour réussir le désher- avant 9-10h. Le soir, le retour à
prélevée et en post-levée. Elle bage: des niveaux d’hygrométrie satis-
il faut surveiller les infesta-
prendra en considération plu- Pour maximiser l’efficacité du faisants ne se fait généralement
tions. Des adventices non contrô-
sieurs facteurs comme : traitement, il faut intervenir sur pas avant 20 heures. De plus, les
lés ou partiellement contrôlés par
- le stade de la plante une culture en bon état et sur températures minimales doivent
les désherbants peuvent infester
- le stade de la flore adventice des adventices aux stades les plus être supérieures à 10°C et des
la culture. D’autres adventices
présente dans la parcelle, jeunes possibles pour les grami- températures maximales infé-
peuvent germer et lever après
- les conditions climatiques nées ou dicotylédones annuelles. rieures à 25°C durant les journées
les traitements. Mais, un ou deux
- la qualité des pulvérisations. En effet, une fois passé le stade encadrant l’application. Dans le
sarclages (mécanique ou à trac- cas contraire, une phytotoxicité
pointant (auquel il est déconseillé
tion animale ou manuel si la main sur le maïs est possible en par-
En pré-levée d’œuvre est disponible) peuvent
de traiter), la plupart des produits
sont utilisables sans risque ma- ticulier avec les auxiniques ou
Les herbicides de pré-levée du maïs compléter les opérations de dés- des sulfonylurées. L’attention
jeur pour des plantes qui s’étalent
bloquent la levée des adventices herbage chimique. doit être redoublée vis-à-vis des
entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6
graminées et dicotylédones annuels. Un semis rectiligne avec un écar- températures dans les sols noirs
feuilles, le maïs est plus sensible
Une application de pré-levée est tement constant est également riches en matières organiques qui
aux herbicides de la famille des
plus efficace si le sol est humide indispensable au bon travail des accentuent les écarts de tempé-
auxiniques ou des sulfonylurées.
au moment du traitement et en bineuses. Le choix de la bineuse ratures.
De plus, à un stade développé, le
absence de mottes en surface. Si est conditionné par la texture des L’efficacité du traitement dépend
feuillage du maïs agit comme un
le sol est sec, il faut reporter l’in- sols. Une stratégie de désherba- également de la qualité de la pul-
« écran » ce qui limite l’efficacité
tervention en post-levée précoce, ge mécanique réussie implique vérisation. Or, tous les produits
du désherbage, l’herbicide ne
sous réserve que le sol soit hu- d’intervenir au bon stade des n’ont pas la même exigence. Une
pouvant atteindre sa cible.
mide au moment du traitement. adventices et de la culture, dans certaine souplesse existe pour
Les conditions climatiques au
A noter qu’un bon désherbage de bonnes conditions pédoclima- moment du traitement sont à les herbicides systémiques qui
de pré-levée contribue à amé- tiques avec des outils adaptés. Si prendre en considération, surtout peuvent s’utiliser à volume réduit
liorer l’efficacité des traitements une de ces conditions n’est pas qu’au printemps les amplitudes et/ou avec des gouttelettes de
post-levée. remplie le désherbage peut se ré- thermiques peuvent être très taille plus importante pour limiter
véler moins efficace. élevées dans une même journée. la dérive. En revanche, les pro-
En post-levée Pour assurer une bonne péné- duits de contact requièrent une
Seule la lutte intégrée combinant La lutte chimique tration des substances actives, le qualité de couverture de la cible
les herbicides et les sarclages est Une gamme d’herbicides homo- traitement doit impérativement plus importante avec des buses
capable de réduire les infesta- loguée pour le désherbage en s’effectuer alors que l’hygromé- anti-dérive.
tions et maximiser la productivité. post-levée est à la disposition des trie est élevée (65 % minimum). A noter que l’ajout d’adjuvant n’a
d’intérêt que pour les herbicides
qui en ont absolument besoin.
Limitez leur usage au cas parti-
culiers recommandés par les fa-
bricants. D’une manière générale,
consultez toujours l’étiquette
pour les conditions d’emploi spé-
cifiques du produit et vérifiez les
possibilités de mélange.

Les adventices associés à la


culture du maïs se répartissent en
3 groupes :
Les graminées annuelles comme
la sétaire et la digitaire.
Les dicotylédones annuelles
comme les amarantes, les chéno-
podes, le pourpier et la stramoine.
Les vivaces comme les liserons, le
chiendent et le souchet.

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Reflexion

La main d’œuvre agricole :


récriminations patronales et ouvrières
Prof. Hmimina M. IAV Hassan II - Rabat

Depuis quelques années, les mêmes échos se répètent de tous côtés : l’agriculture souffre ; les prix, la sécheresse, les ra-
vageurs et les accidents climatiques engendrent de grandes pertes. Quelques autres échos non moins sérieux ajoutent :
la main d’œuvre aussi. En effet, le travailleur en général et rural en particulier est évidemment l’un des éléments pré-
pondérants de la production. Les relations professionnelles sont parfois singulières, voire abracadabrantes. Elles sont
entachées d’une certaine malignité et d’une incongruité quelque effort qu’on fasse pour cela. Ce n’est pas nouveau,
le capital et le travail ont été de tous les temps deux ennemis en présence. C’est un fait que l’on peut déplorer, mais
qu’il n’est plus temps de nier et dont il faut tenir compte. A ce titre, quand on est dans une exploitation, en l’absence
d’événements d’une actualité primordiale, ce qui alimente surtout les conversations, c’est la question des travailleurs.
Et que d’accusations souvent. Tout ce monde champêtre dont nous ne voyons que le masque, a son secret écho : des
confessions intimes et silencieuses.

L
’antagonisme employeur-employé, des cultures, ou est-il devenu insuffisant ? Le aucun des producteurs, des maîtresses de mai-
toujours présent, est parfois difficile à manque de bras là où il se fait sentir provient-il son, des entrepreneurs, etc., qui ne discerne la
gérer et à prévoir qu’aucune exploita- uniquement de la diminution du nombre d’ou- gravité de cette remarque, je dirai même qui
tion ou usine n’est vierge de ses mé- vriers agricoles ? Ne résulte-t-il pas dans une ne la mesure quotidiennement. Rien que pour
faits. Parmi les ouvrages et les publica- certaine mesure du progrès de l’agriculture et les domestiques, on voit des couples se mettre
tions consacrés à cet aspect, il reste encore une notamment de l’extension de certaines produc- en route et se diriger vers telle ou telle contrée
modeste place pour le témoin banal. De mes tions dont les travaux sont plus accrus et exi- pour trouver ce qu’ils cherchent en précisant
fréquentations et en modeste observateur ha- geraient dès lors un personnel plus important leurs conditions aux tenancières des bureaux
bitué des mœurs rurales, j’ai cru qu’il n’est pas et plus qualifié pour une même surface ?... Ce de placement, qui elles aussi ont leurs exi-
sans intérêt d’en recueillir quelques impres- sont-là quelques difficiles énigmes à résoudre gences et qu’elles posent à brûle-pourpoint :
sions et d’en tirer certaines inductions bien per- avec assurance sans étude sérieuse, mais cette soubrette aura-t-elle une télé ? Combien
sistantes qui valent d’être discutées. Le langage comme il ne s’agit que de confessions nous de sorties et de hammam par semaine ? A
du peuple contient une partie des ses archives nous limitons aux effets indéniablement appa- quelle heure faudra-t-il qu’elle se lève le matin ?
historiques et c’est toujours un tableau singu- rents. A quelle heure pourra-t-elle rentrer le soir dans
lier que d’observer ingénument ce qui se passe Pour commencer, une remarque banale : il en sa chambre ? Avez-vous une lessiveuse et un
dans une exploitation. est des ouvriers et des domestiques comme lave-vaisselle ? Combien avez-vous d’enfants ?
Il y a quelque témérité à aborder ce dernier des produits de terroir. Toutes les régions ne les Avec cette différence qu’au lieu d’être formulées
point de ma part à qui le problème n’apparait fournissent pas également bons, consciencieux sur le mode du renseignement, ces questions
en somme qu’au second degré, tamisé, atté- et honnêtes, et certaines régions sont tout à fait ont l’aspect péremptoire d’un ultimatum. Et si
nué ou aggravé par la vigilance des produc- préférées sous ce rapport. Les employeurs sont l’on devrait dresser une carte ouvrière du pays,
teurs. J’ajoute en toute humilité que, dussé-je capables d’établir une hiérarchie de leur main certaines provinces seraient marquées avec
décevoir le lecteur, ma présomption ne va pas d’œuvre rien qu’en observant sa provenance. des teintes les plus noires. Ces tristes situations,
jusqu’à apporter une panacée efficace contre Je me garderai bien de suivre leur exemple, pour ne pas être générales, n’en sont pas moins
les incommodités avec lesquelles les produc- d’abord, parce que toute particularisation en la fréquentes et bien connues.
teurs se trouvent aux prises. Mon seul but est matière a le grand défaut de ne définir presque Dans l’ensemble, notre ouvrier d’antan, qu’on
d’essayer d’en parler pour en rechercher les ori- jamais rien, en second lieu, cela risque d’être citait en exemple, à cause de son extrême
gines, d’en exposer l’importance et d’examiner vexant et en troisième lieu je serais embarrassé sobriété et de son grand esprit de résignation
d’une manière sommaire quels sont les espoirs d’expliquer parfaitement pourquoi. et sa manière de combattre la peine par la
que nous pouvons avoir de les atténuer ou d’y Par une bizarrerie de la nature, on sait tous patience, souffrait moins d’un état de choses,
suppléer. que telle région produit de délicieuses dattes dont s’accommoderait mal celui de mainte-
Les questions qui me semblent condenser le et de non moins satisfaisants domestiques et nant. Sous le coup de la nécessité notre ancien
problème de la main d’œuvre agricole sont : le ouvriers. Une centaine de kilomètres plus loin, bon ouvrier est passé vite de l’apathie la plus
personnel agricole a-t-il diminué ? Le nombre le fruit local ne vaut rien et les ouvriers sont à absolue à l’enthousiasme le plus combatif. Ses
d’ouvriers est-il en rapport avec les besoins mettre sur la ligne des fruits produits ! Il n’est réveils sont brusques et violents. Les exploi-

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tations si calmes et si endormies des années évadés de prison. Si ce n’est pas de la fainéan- cueil aux commissariats et à la gendarmerie
d’avant 80 vivent maintenant sous la menace tise simulée, c’est de la triche abusive. Et sous n’est plus ce qu’il était, rien ne va. L’exemple et
continuelle d’un branle-bas et de sérieuses quelque facette que nous les envisagions, il l’habitude peuvent nous apprendre le métier,
agitations. Des changements considérables se y a à redire. Avec les nouveaux usages, la jeu- mais il n’y a que le goût de l’œuvre et l’honnê-
sont produits. Toute trace de sujétion a absolu- nesse est bien le temps le plus stérile, le plus teté qui façonnent un ouvrier. Un bon ouvrier
ment disparu, l’émancipation est complète et vainement facétieux. Chaque jour nos jeunes est devenu une espèce de merle blanc impos-
il n’est pas exagéré de dire que la situation est sont plus médiocres, des pâtes molles pour ne sible à trouver. Les ouvriers ne tiennent compte
bien souvent retournée et que des deux, c’est pas utiliser un qualificatif plus mordant. Mais-là que du soi-disant mal qu’on leur fait et tout le
assez fréquemment le patron qui est le plus comme partout, le vent du siècle a soufflé et les bien qu’on leur fait est perçu comme un paie-
dépendant. D’ailleurs, on entend couramment découvertes modernes ont rompu la barrière ment en retard. Pour eux un patron est un cœur
des échos acerbes des uns sur les autres avec qui séparait le champ de la ville, le national de où les sentiments entrent aussi difficilement
des images et des lamentations bien cruelles l’international. Les retentissements de ce qui qu’une épine dans la pierre….
à l’appui. Les colons disaient en parlant d’une se fait ailleurs arrivent au haut de la montagne Il me semble inutile de multiplier ces témoi-
terre stérile, qu’il fallait y semer des Marocains et au fond de la vallée, et, la vie politique, su- gnages patronaux. Le torchon brûle dans les
pour la rendre féconde ! Ce temps des bonnes bitement éveillée, court comme une étincelle champs comme dans les ménages et c’est
fées est passé. Aujourd’hui, on mettrait ces Ma- de la ville à la ferme solitaire. Ils se ferment les presque partout un même concert de récri-
rocains, qu’on donnait en exemple, au paradis, oreilles par des écouteurs et chantonnent haut minations tant bien contre la gent ancillaire
ils s’y ennuieraient et demanderaient à aller et besognent peu, aromatisant ainsi leur non- que les travailleurs au champ. Partout où se
faire un tour en enfer ! Notre assurance d’au- chalance de gaité. Les paysans d’autrefois sont profilent des productions, les mêmes scènes
trefois est devenue de l’audace, notre fierté de en voie de disparition pour faire place à une po- se reproduisent invariablement. Mais pendant
la scélératesse. Dépouillé de tout sentiment pulation nouvelle dont on n’en fera jamais des que tout est appréhension et peine chez le
humain, ne cherchant en toute chose que la cocardiers. A qui la faute ? A eux ? Non, la faute propriétaire, voyons ce qui se passe chez les
jouissance, et ayant appris par une fâcheuse ex- en est à leur mauvaise et incomplète éducation, travailleurs.
périence que le moyen le plus sûr de tout avoir car la morale s’apprend comme tout le reste, et
est de tout oser, on ne recule devant aucun de
nos désirs, prêts à tout pour y satisfaire. Voyons
on ne leur a rien appris de bon. Evidemment,
avant de se réfugier en dernier recours dans le
Les ouvriers dénoncent
comment. Les ouvriers dénoncent la tyrannie vécue au
travail au champ, nos ouvriers avaient dû cher- quotidien et avouent qu’ils sont plumés par
Les patrons, en proie à une indignation concen- cher leur direction dans d’autres voies et courir
trée, disent qu’ils ont autant d’ennemis que leurs insatiables patrons aux procédés peu
quelques aventures ailleurs. Faute de mieux, ils délicats et qu’ils ne sont que des instruments
d’ouvriers, qu’ils entretiennent dans leur sein se retrouvent ouvriers agricoles déformés par
un adversaire qui les hait et les jalouse, leur dont ils jouent si bien. Les fermiers sont des
la luxure et la paresse après avoir traversé une hommes d’argent égoïstes et durs dont le sort
impose sa volonté, les arrête quand il faudrait partie de leur vie en vagabonds. Ils choisissent
avancer, entrave la fertilité de leur terre, s’op- des autres n’entre jamais dans leurs calculs. Ils
leur travail moins par nécessité que par instinct. ne se font aucun scrupule pour nous donner
pose à la richesse et au bien être de tous ! Leurs Ces fugues sèment dans leur âme la vanité et
outils sont volontairement endommagés et un des rivaux. Supérieurs à nous par leur richesse,
l’aigreur. Leur long repos parait avoir mêlé de ils en conservent toute la barbarie dans leurs
tracteur qui a deux conducteurs a toujours des l’eau à leur sang. Impropres à toute autre pro-
pièces en moins, que les ouvriers sont comme actions et poussent la cruauté jusqu’à payer
fession, ils se demandent toujours de quelle des casseurs pour nous mater, nous déjà as-
des meubles de hasard qui passent de main en manière leurs employeurs ont fait fortune ?
main. La perfidie est leur conduite, le mensonge servis par le temps et qui ne connaissons pas
Et ils ont beau réfléchir sur cette question qui d’autre régimes que celui du pain, des sardines
leur droit, leur désintéressement une preuve
les taraude, ils finissent par deviner qu’une ri- en boite et des insultes. Que leur importe de
de liberté. Ils prennent des airs d’employés
chesse ne se construit ni avec la pelle, ni avec briser des existences si le gain est au bout ? Ils
municipaux, une casquette à l’envers, un air
le sécateur. Et, cédant à l’aiguillon de l’envie, plongeraient leurs mains dans nos cœurs pour
désinvolte, prédisposés à foutimasser toute la
ils cherchent l’échelle de fortune sans bar- en retirer l’argent. Tout se passe comme si notre
journée. Ils ne savent pas combien c’est ruineux
reaux pour grimper vite. Et oubliant que c’est misère les amusait. Ils nous traitent de misé-
d’être propriétaire. Les droits tuent le droit, ac-
le travail et le bon Dieu qui font le partage, la rables, mais qui est responsable de notre mi-
centuent-ils. Il n’y a qu’à les voir arriver le matin,
maraude les pique sans cesse de la tête aux sère ? Comment ont-ils bâti leur richesse qu’on
ils font du Maroc le premier pays du monde en
pieds. Aussi n’est-il guère d’ouvrier qui n’ait épuiserait l’arithmétique sans pouvoir compter
pistes ; chaque ouvrier a son heure, son chemin,
été une fois dans sa journée, tenté le diable et ce qu’ils ont ? À la manière dont ils nous traitent
plutôt son suçoir vers la ferme avoisinante, et
qui ne soit dit : si je prenais cette fourche ! Si on voit bien qu’ils sont ingrats et égoïstes. Nous
y marche mollement comme un paludéen ou
je dérobais cette pioche ! … Et comme Satan aussi nous sommes des enfants de neuf mois.
tout comme si le travail l’épouvantait. On dirait
l’emporte généralement, ils sautent toujours le Nous avons un cœur qui aime, des familles à
qu’ils se révoltent contre le temps et toutes les
pas. Certains producteurs ont tellement peur nourrir, une tête qui pense et tout le monde a
innovations… Mais, au retour ils sont toujours
de perdre leurs travailleurs qu’ils n’osent souf- un corps et des sens qui souffrent ou jouissent
prompts et en avance sur l’heure, traversent
fler mot, se laissant subir des choses pénibles à égal importance. Nous ne sommes pas des
partout de sorte qu’il n’y ait pour eux aucune
perte de temps. Ils se comportent comme des et même parfois des plus insultantes. Des annexes de leur terre, une monnaie vivante.
maîtres, ils deviennent des esclaves. D’autres Quant on veut discuter avec eux, ils répondent
se déclarent prêts à céder leur terre moyennant que l’année est mal choisie. Et l’année sera tou-
une redevance annuelle, juste pour conserver jours mal choisie. Lorsque par hasard on dis-
leurs droits. Nos ouvriers sont peu proactifs, et cute, la conversation est une parodie, celle d’un
maintenant qu’ils sont libres arguent-ils, bien fermier avec sa basse-cour, entouré de poules,
traités et qu’ils jouissent de tous leurs droits de dindons, de lapins, leur tenant ce langage :
et d’un mieux-être relatif inestimable, la mal- - Le fermier : mes bons amis, je vous ai rassemblé
veillance et l’envie occupent leur cœur et les pour savoir à quelle sauce vous voulez que je vous
rendent insociables ! Avec eux, il faut que le mange ;
cœur s’élargisse sans cesse pour supporter leurs Pour témoigner son irritation, un coq représen-
défauts et y compatir. Nous en avons jusqu’à la tant le poulailler redresse fièrement sa crête :
gorge ! Tous les plaisirs s’émoussent. C’est une - Mais nous ne voulons pas être mangés ;
trouvaille qu’un bon ouvrier consciencieux. Il - Le fermier : tu détournes la question !
faut le chercher entre mille. Depuis que l’ac-

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 65
Reflexion
A leur manière nos patrons changent tout yeux, est ce qu’ils veulent nous imposer. Il ne état de relations qui, pour être irréprochable,
d’un coup la face des choses et la marche des leur suffit pas qu’on donne notre sang goutte à supposerait chez l’un et l’autre des aptitudes
événements. Ils veulent toujours tout garder goutte pour leur procurer de l’aisance. Ils sont prodigieuses. Or force est de constater qu’il en
pour eux tout en maintenant les recettes. Ils toujours grognons et c’est parce qu’ils sont sa- est loin d’être ainsi et que dans la pratique, on
râlent tout le temps. Toujours montés sur res- tisfaits d’eux qu’ils sont si mécontents de tous croit tout régler avec des grèves d’intimidation
sorts ; jamais contents et oublient que là où ils les autres. Ils nous assassinent, mais au diable d’un côté et des menaces de licenciements
gagnent des millions, nous, nous avons grande la misère, vivons jusqu’à la mort quitte même de l’autre. En effet, dans les grandes exploi-
peine à obtenir une paire de chaussures. Ils à manger notre pain nu à la fumée de leur rôti tations où le patron est presqu’un mythe, où
nous trompent toujours par leurs arguments ou assaisonné de leurs promesses ! Tels sont on ne le voit pas, le terrain est plus favorable,
où l’agriculture n’est qu’un placement à fonds nos patrons. Quant à nous autres pauvres, nous et dans quelques unes, heureusement en très
perdus. C’est peut-être vrai, mais un bien que ressemblons aux oiseaux ; on nous fournit un petit nombre, il se produit des troubles aux
chacun grossit de ses efforts, de ses fatigues, nid pour venir au monde, et nos plumes à peine moments cruciaux de la production. Et lorsque
de son sang, et dont les plus heureux touchent poussées, il faut travailler. Heureusement que les ouvriers ne vivent pas en contact avec leur
seuls le revenu. On les laisse râler. Il faut être nous serons tous jugés un jour. patron, ne peuvent pas lui parler, et n’ont affaire
solide dans sa tête pour endiguer leurs rudes D’un côté comme de l’autre, on ne se lasse pas qu’à un représentant ou à un gérant peut-être
assauts et gagner sa bouchée. C’est un fait d’entendre des récits peu rassurants. On prend dénué de sens social, il arrive quelques fois que
incontestable que lorsqu’un ouvrier tombe un malin plaisir à insister sur les détails les plus des situations lamentables existent et restent
subitement malade dans la ferme en même quelconques. Mais à voir les choses sans par- inconnues du patron qui, d’ailleurs, a tort de ne
temps qu’un de ses bœufs, le vétérinaire est ti pris, la méditation sur les obligations et les pas s’en préoccuper.
appelé avant le médecin. C’est que l’ouvrier droits des uns et des autres nous laisse penser De part et d’autre, les effets délétères tant qua-
coûte et que le bœuf rapporte. Et puis un ou- que nos travailleurs ont quelque mérite à se litatifs que quantitatifs de ce comportement
vrier on en a d’autres autant qu’on en veut, plier aux exigences de leurs patrons, qui sont se mesurent par le nombre de jours perdus,
tandis qu’un bœuf ne se remplace qu’au souk parfois excessives. En effet, certains leur récla- d’ouvriers cassés, d’atteinte psychique, de
et à prix élevé… Nous travaillons rudement et ment les services les plus divers que seule la producteurs aux abois… La réussite ou l’éclat
nous sommes les plus mal nourris. Nous beso- boutade historique du Figaro de Beaumarchais d’une grève se mesure au temps irrémédia-
gnons en plein air et nous sommes les plus mal récapitule astucieusement : aux vertus qu’on blement perdu et au nombre d’ouvriers mis
vêtus. Nos chemins sont des cloaques, et nous exige de nos domestiques, connaissez-vous beau- dehors. Ils semblent se disputer à qui serait le
sommes les plus mal chaussés. Nous menons coup de maîtres qui seraient dignes d’être valets ? plus dur. En fin de compte, les deux adversaires
une existence où les jours ne se distinguent les Devant un tel rapport, plutôt cet abime d’ini- ne raisonnent plus, ils calculent leurs préjudices
uns des autres que par la diversité des tracas de quité, on est amené à dire que l’employeur et mutuels et le différend qui les oppose s’éteint
la survie. Nos employeurs se plaignent de nous, son employé demeurent des personnages obs- généralement peu à peu dans la fatigue. Dans
nous nous lamentons d’eux. Nos orgueils s’af- tinément opposés. Le premier, supposé tou- l’âme de chaque ouvrier, une grève n’a ni
frontent à l’aide de formules toutes faites. De jours riche et davantage attiré par l’argent, n’en bornes ni limites, chacun prend fait et cause
part et d’autre, on ne croit à rien mais on es- tirerait que des avantages de son employé. En pour l’une des parties hostiles ; le secret de la
père tout, un temps meilleur surtout quand aux revanche, celui-ci, souvent jeune et fringuant querelle git mystérieusement caché au fond
promesses elles seront toujours mal tenues. Et mais pauvre, doit lutter hardiment pour sur- des conseils de quelques chefs supposés syndi-
il serait bien osé de prétendre qu’il ne soit pas vivre. Tout tend à jeter le trouble dans ce couple qués, et comme nul à la base ne pourrait dire au
ainsi partout. Nos patrons sont des admirateurs vertueux ! En quel coin du corps adverse doit- juste pourquoi elle a commencé, il n’y a plus au-
d’un passé qui ne peut plus revenir. Avec eux, on lire la vérité sachant qu’ils estiment entrer cune raison qu’elle se termine rapidement. Les
il faut sans cesse défendre ses droits et choisir tous les deux dans la catégorie du commun des travailleurs demeurent persuadés ou se font
forcément entre le rôle d’esclave ou celui de martyrs et chez qui la reconnaissance est bien persuader que c’est la seule manière de s’attri-
dur. Ce sont des boursicoteurs : filous est plus rare ? En tout état de cause, d’un côté comme buer ce qu’ils convoitent, de se rendre justice.
juste. Ils ont une manière de soutenir leurs de l’autre, les sentiments d’estime font défaut. Quant aux tireurs de ficelle, ces acteurs cachés,
opinions qu’on ne voit que chez eux. On sent Et on gagnerait beaucoup à vivre dans une ou plutôt oubliés, ce deus ex machina des si-
dans leurs paroles une autorité railleuse, assu- atmosphère de saine relation, sans quoi com- tuations tendues, de promesses impossibles et
rée qui ébranle notre propre confiance et nous ment peut-on obtenir de bons résultats dans des dénouements imprévus, ils se comportent
ôte le courage de leur répondre. De qui pou- de tels malaises et comment les machines et en soldat mercenaire, en condottiere. Leur mo-
vons-nous recevoir des encouragements et des les outils resteraient-ils entiers et fonctionnels ? bile principal est le profit personnel et la vanité.
exemples ; à qui pouvons-nous nous dévouer ? La crise ouvrière ainsi qu’on l’appelle au- Faire la guerre aux riches maalem est presque
Nos têtes leur paraissent courbées mais nos jourd’hui, n’est pas à proprement parler une un jeu qui se termine toujours un peu vite à leur
cœurs en révolte. Avec l’employeur, la discus- crise, mais une évolution avec des vestiges, avantage. Par un calcul adroit mais coupable,
sion se transforme toujours en une sorte d’ins- qui d’un côté sont des défauts de la servitude ils laissent leurs affiliés dans l’ignorance en se
truction, où il prend le rôle de maître et donne, passée, et, de l’autre, ceux qui accompagnent vantant d’être les plus initiés dignement aux se-
malgré nous, celui d’écolier. Ils prétendent au l’exercice d’un despotisme toujours actif. Ce crets intimes du syndicalisme et de la manière
monopole de la logique, et la logique à leurs n’est la faute ni à l’un, ni à l’autre, mais d’un dont il faut humilier et ruiner l’adversaire. Ce-

Agriculture du Maghreb
66 N° 102 - Mars 2017
lui-ci ne tarde pas de réagir à sa manière, et ce lets pour tirer quelque profit et causant ainsi tend à prendre exactement sa place, de sorte
n’est pas avec douceur qu’il procède. C’est ain- quelques fois certains dommages aux récoltes que, moins malheureux matériellement, on le
si et il faut reconnaitre que cette tactique leur de la ferme de l’employeur. Leurs femmes aussi devient davantage par mécontentement et dé-
réussit assez bien ; tout flatteur vit aux dépens n’ont ni relâche ni trêve. Elles se lèvent tôt, se
ception. C’est pour le moins, plus haïssable en-
de celui qui l’écoute. couchent tard, travaillent dehors, préparent et
Depuis quelques années la raréfaction des ou- servent les repas et trouvent encore le moyen core car tout ce qui est riche, célèbre, puissant,
vriers agricoles amène des surenchères. A cer- d’accoucher une fois par an, à leurs moments leur devient ennemi.
taines périodes les travailleurs rompent leurs perdus ! Leur double rôle de salarié et de culti- En somme, il semble résulter de ce qui est dit,
engagements d’une manière arbitraire pour vateur-éleveur diminue pour eux les peines des que, bien qu’on cherche à nous persuader du
aller faire autre chose à une rétribution mo- crises de leurs camarades et leur permet de contraire, la difficulté de vivre n’est, ni une
mentanément plus élevée chez d’autres pro- franchir ce fossé difficile qui sépare la pauvreté chose absolument nouvelle, ni l’apanage ex-
ducteurs voisins. Il en résulte que les fermiers de l’aisance. Ils doivent encore à cette position
clusif d’une classe. Tout ce qui peut être dit au
qui ont gardé chez eux, pendant les périodes particulière d’autres avantages qui ne sont pas
creuses, époque où leur travail est forcément moins précieux : ils vivent dans leurs familles, sujet des gens supposés aisés, c’est qu’ils pos-
limité, des employés sur lesquels ils comp- scolarisent leurs enfants, investissent et contri- sèdent une éducation, rare dans la classe ou-
taient les voyaient partir à ce moment même. buent à répandre peut-être une certaine ai- vrière, qui leur donne une maitrise pour mieux
En effet, certains travaux sont de courte durée sance dans leur village. Je dis peut-être, par résister aux tentations. Le mal est moins grand
pour pouvoir être exécutés par la main d’œuvre doute, pour ne pas dire certainement. qu’on ne le juge d’habitude dans la population
habituelle de l’exploitation, on a recours alors Puisque nous en sommes aux débats d’idées,
moyenne un peu moins esclave de ses appé-
aux journaliers, qui beaucoup d’entre eux ne je voudrais proposer deux termes pour fixer
travaillent pas à la journée mais à la tâche et les deux misères possibles : misère naturelle et tits et sachant mettre ses besoins à l’échelle
deviennent ainsi de véritables petits entrepre- misère acquise. Il faut révéler le fait, que de nos de ses moyens, alors que l’aigreur s’est accrue
neurs. Et lorsqu’on leur reproche leur infidélité jours, à mesure que la misère naturelle, misère dans la conscience des autres, de plus en plus
à l’égard de leur employeur habituel, ils ré- de bonne foi, semble s’éloigner de plus en plus nombreux à ne plus baisser les yeux et à rele-
pondent : lui (l’employeur habituel) ne vend-il de la classe ouvrière, dont les droits se sont ver la tête ; une rancœur hostile s’y est lente-
pas sa récolte au plus offrant ? Nous comptons améliorés, c’est dans ses rangs que la misère ment alors développée. Dans cette situation
comme nos employeurs, et celui qui ne compte acquise fait le plus de dégâts en se substituant
«l’honnête nécessiteux» retourne à ses besognes
pas marche au hasard. Avant il ne sait pas s’il souvent exactement à l’ancienne forme, c’est-
prend le meilleur chemin, après, il ignore s’il à-dire cette indigence digne et respectable, où avec l’espoir de revenir occasionnellement à la
l’a pris. Alors tout le monde calcule avant qu’il les difficultés grandissent les moindres joies, charge. Le moins honnête va tout de même de
ne soit trop tard. Nos patrons n’aiment pas ça. et où tout est richesse dans leur indigence. Il l’avant en espérant que le plus grand nombre, à
Bien entendu, à leurs yeux le bon ouvrier est y a long à dire sur les causes de cet épiphéno- défaut de tous, n’y verra que du feu quant aux
celui qui ne sait ni lire ni écrire, qui accepte un mène. Depuis plus de vingt ans, les désirs chez faiblesses rédhibitoires de sa démarche.
travail dur et un salaire léger. Ils abusent d’une toute la population, principalement la classe Après ce coup d’œil romancé et rapidement
autorité qu’ils n’ont jamais appris à exercer. Ils ouvrière, ont grandi beaucoup plus rapidement
jeté sur les conditions de travail dans l’exploita-
veulent nous conduire comme on fait de son que les possibilités matérielles ne peuvent y
mulet, par la bride et le licol. Quant à nous, que donner satisfaction. J’entends par ces moyens : tion, il est optimiste de conclure que l’immense
Dieu nous punisse si nous ne faisons pas notre salaire, diminution du temps de travail, crédit, évolution qui s’accomplit dans les profondeurs
travail jusqu’au bout ! démocratisation des objets de consommation de nos campagnes est remarquable. On peut
La communauté ouvrière n’est heureusement et biens d’équipement… Tout cela a peu à peu souligner avec juste raison la révolution que
pas toute ainsi. Quelques uns sont de bonne modifié singulièrement l’ancienne situation, l’électricité seule a opérée dans les plus petites
apparence et leur visage annonce cette san- et pourtant le mal subsiste. Pourquoi ? Parce
communes par ses innombrables applications.
té robuste qui est le salaire d’une bonne qu’on tient, avant tout, à s’accorder un certain
conscience. Les plus pugnaces sont ceux qui superflu. Dans ces conditions, les ressources Mais tout cela peut n’être qu’un fragile fil prêt
ne possèdent de terre que ce qu’en peuvent manquent souvent pour le nécessaire. Sinon, à se rompre et on a tout à craindre d’une lutte
contenir les jattes de pieds de basilic ou de d’où vient l’argent pour les cigarettes, les télé- dans laquelle l’armement se trouve d’un seul
menthe placés devant leur logis. Ils vivent à phones portables, l’alcool, la drogue ? Je sou- côté. A notre époque où tant d’études et d’en-
l’état de prisonniers dans des ergastules infini- tiens donc, que de nos jours, en envisageant le quêtes sont ordonnées, les conditions de tra-
ment plus pitoyables que le labeur lui-même. mal dans sa globalité, on le voit tenir beaucoup vail et de vie des ouvriers apparait comme es-
Les ouvriers qui possèdent une maison et plus à des causes psychologiques qu’à toute
sentiellement utiles, car il y a là, pour notre pays
quelques ares de terre sont dans une condition autre chose. Et à mesure que la misère natu-
relative bien avantageuse. Beaucoup, outre leur relle semble s’éloigner de nous, la misère ac- une des causes principales du gaspillage effré-
salaire, cultivent leurs terres et élèvent deux ou quise, la misère tantalienne, celle qui provient né de ce capital humain dont nous sommes à la
trois vaches, quelques moutons, quelques pou- des désirs inassouvis, la misère de mauvaise foi, fois si pauvres et si prodigues.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 67
Céréaliculture

Désherbage tardif
des céréales :
pas de traitement
Dr. AbbèsTanji,
chimique au stade épiaison
Spécialiste du désherbage

Aucun herbicide n’est homologué au Maroc pour le désherbage du blé et de l’orge quelques semaines ou quelques jours
avant la récolte.Il faut éviter de procéder au désherbage chimique du stade épiaison à la maturité des céréales. Car, les her-
bicides peuvent endommager les cultures et laisser des résidus dans les grains, la paille et le sol, ce qui constitue un risque
pour l’environnement et la santé du consommateur.
Certaines espèces adventices présentes dans D’ailleurs, le passage avec des pulvérisateurs certaines molécules comme aminopyralide,
les champs de céréales vers la fin du cycle tractés ou à dos pourrait écraser les céréales iodosulfuron, mésosulfuron, sulfosulfuron et
peuvent être à l’origine de problèmes de ré- et donc irréversiblement endommager les triasulfuron risquent de persister plusieurs
colte ou de stockage, altérer la qualité et ré- cultures. mois après les traitements et endommager
duire la faculté germinative. C’est le cas des es- certaines cultures semées après la récolte des
pèces dépassant la taille des céréales comme Risque d’avoir des résidus céréales traitées.
l’avoine stérile, les chrysanthèmes, les centau-
rées, les chardons, les mauves, la chicorée, le d’herbicides dans les
coquelicot, etc. La concurrence de ces adven- grains et la paille Que faire en cas
tices depuis leur germination jusqu’à la fin du Tout traitement herbicide de fin de cycle des d’infestation
cycle pourrait causer des pertes de rendement céréales constituerait un risque d’accumula-
dépassant parfois 70%. tion de résidus dans les grains et la paille. Car, de fin de cycle
la durée entre le stade épiaison et la récolte En cas de présence d’adventices en fin de cycle
Pourquoi certains serait en général inférieur au DAR (délai avant des céréales, il faut envisager l’une des 3 solu-
récolte) sachant bien que les herbicides du blé tions suivantes :
champs sont et de l’orge présentent en général des DAR de - ne pas désherber et procéder à la récolte des
infestés en fin de cycle ? 2 à 3 mois. céréales telles quelles sachant bien que les se-
La présence des adventices en fin de cycle des Pour rappel, le délai avant récolte est la durée mences de céréales seront contaminées par
céréales serait due : minimale qui doit séparer la date du traite- les semences d’adventices et que la paille sera
- à l’inefficacité ou la faible efficacité des ment de la date de récolte. Ce critère fait partie
mélangée avecles plantes adventices,
herbicides sur certaines adventices suite à un intégrante du choix d’un produit présentant le
- faucher les cultures infestées par les adven-
sous dosage ou une mauvaise application des moins de risque et le minimum d’effets secon-
daires sur la santé humaine et l’environnement. tices au stade pâteux et les transformer en en-
produits,
Le respect du DAR fait partie des obligations silage ou en foin, ou
- à la ré-infestation des champs après les trai-
tements herbicides aux stades appropriés du liées à l’usage des produits phytosanitaires. Ce - procéder à l’épuration ou l’arrachage manuel
désherbage, délai est défini lors de l’évaluation des résidus des adventices en cas de disponibilité de la
- au mauvais recouvrement des planches au dans les végétaux et contribue à garantir l’in- main d’œuvre.
champ ou au bouchage de certaines buses nocuité du produit pour le consommateur.
lors des passages des pulvérisateurs,
- à la sous-estimation ou la négligence des in- Risque de persistance des Conclusion
Il est déconseillé d’effectuer les traitements
festations par les adventices aux stades conve-
nables du désherbage,
herbicides dans le sol herbicides du stade épiaison à la maturité
L’utilisation des herbicides entre stade des céréales. En fin de cycle, les herbicides
- à la difficulté d’identifier les adventices (sur-
épiaison et maturité des céréales présente un peuvent endommager les cultures ou lais-
tout les graminées) à un stade précoce pour
risque de contamination des sols et de pré- ser des résidus dans les grains, la paille et
pouvoir désherber à temps, et
sence de résidus d’herbicides. Les cultures le sol.
- au manque de ressources financières pour
sensibles aux résidus d’herbicides sont la bet-
acheterles herbicides au moment opportun.
terave à sucre, les légumes, les légumineuses,
Délai avant récolte (DAR) et persistance dans
les oléagineuses, etc. Car, les herbicides appli-
Risque de phytotoxicité aux qués en fin de cycle n’ont pas suffisamment de le sol des herbicides anti-graminées homo-
cultures traitées temps pour une dégradation totale ou maxi- logués pour le désherbage du blé etde l’orge.
Au stade épiaison des céréales, certains her- male avant le semis des cultures suivantes,
bicides risquent de provoquer la stérilité des sensibles aux résidus d’herbicides. Si les condi- Délai avant récolte (DAR) et persistance dans le
fleurs de plantes cultivées, ce qui a des ef- tions pédoclimatiques ne sont pas favorables sol des herbicides anti-dicotylédones homo-
fets dépressifs possibles sur le rendement. à la dégradation microbienne des herbicides, logués pour le désherbage du blé et de l’orge.

Agriculture du Maghreb
68 N° 102 - Mars 2017
Herbicides Persistance
DAR en
dans les sols
Matière active (concentration) Nom commercial (dose) jours
en mois
Herbicide anti-graminées de pré-levée
Prosulfocarbe (800 g/L) BOXER (5 L/ha) 90 1
Herbicidesanti-graminées et anti-dicotylédonesde post-levée précoce
Clodinafop (30 g/l) + Pinoxaden (30 g/l) SWIPE (1 L/ha)
75 1
+ Florasulame (7.5 g/l) TRAXOS ONE (1 L/ha)
Iodosulfuron (8 g/l) + Fénoxaprop-p-éthyle (64 g/l) HUSSAR EVOLUTION (1 L/ha) 90 6-12
Iodosulfuron (6 g/kg) + Mésosulfuron (30 g/kg) ATLANTIS (500 g/ha) 90 6-12
Iodosulfuron (2 g/l) + Mésosulfuron (10 g/l) ATLANTIS OD (1,5 L/ha) 90 6-12
Champ infesté avec le ray grass Iodosulfuron (7,5 g/l) + Mésosulfuron (7,5 g/l) COSSACK (1 L/ha) 90 6-12
Iodosulfuron (7,5 g/l) + Mésosulfuron (9 g/l) BISCOTO (800 ml/ha)
90 6-12
+ Diflufénican (120 g/l) KALENKOA (800 ml/ha)
Iodosulfuron (2,5 g/l) + Mésosulfuron (7.5 g/l)
OTHELLO (1 L/ha) 90 6-12
+ Diflufénican (50 g/l)
AXIAL ONE (1 L/ha)
Pinoxaden (45 g/l) + Florasulame (5 g/l) 90 1
NAVIGATOR (1 L/ha)
Pyroxsulame (45 g/l) + Florasulame (5 g/l) FLORAMIX (320 g/ha) 90 3
Herbicides anti-graminées de post-levée précoce
ALEXANDER (750 ml/ha), AVOINE (750 ml/ha),
BRUMBY (750 ml/ha), CLODVAL (750 ml/ha),
Clodinafop (80 g/l) KARTER (750 ml/ha), MILVIN (750 ml/ha), 75 1
PIKTO (750 ml/ha), RUBAH (750 ml/ha),
Champ infesté avec le liseron TOPIK (750 ml/ha)
Clodinafop (100 g/l) BUGUIS (600 ml/ha) 75 1
TALLIS (250 ml/ha), TIPTOP (250 ml/ha),
Clodinafop (240 g/l) 75 1
TOPAXOS (250 ml/ha)
Clodinafop (22,5 g/l) + Pinoxaden (22,5 g/l) TRAXOS (1 L/ha) 60 1
CORDON (1 L/ha), HERBIFORT (1 L/ha),
Fénoxaprop-p-éthyle (69 g/l) 75 1
PUMA (1 L/ha)
Flucarbazone (70%) EVEREST (43 g/ha) + adjuvant (0.2%) 60 1
Pinoxaden (45 g/L) AXIAL (1 L/ha) 60 1
Pyroxsulame (45 g/l) PALLAS (500 ml/ha) 90 3
Sulfosulfuron (75%) APYROS (26,6 g/ha) + GOLDEN MIROWET (0,2%) 70 6-12
Tralkoxydime (250 g/l) MAJOR (1 L/ha) + adjuvant (0.2%) 30 1
Champ infesté avec le coquelicot
Herbicides Persis-
Champ infesté avec le bunion DAR en tance dans
Matière active (concentration) Nom commercial (dose) jours les sols en
mois
Herbicide anti-dicotylédones de post-levée précoce (stade début à fin tallage)
Amidosulfuron (100 g/l) + iodosulfuron (25 g/l) SEKATOR (150 ml/ha) 90 2
Aminopyralid (300 g/kg) + florasulame (150
LANCELOT (33 g/ha) 90 6-12
g/kg)
Dicamba (120 g/l) + 2,4-D (344 g/l) DIALEN SUPER (1 L/ha) 75 1
Florasulame (75 g/l)+ Flumetsulame (100 g/l) DERBY (50 ml/ha) 30 1
Florasulame (6,25 g/l) + 2,4-D (300 g/l) MUSTANG (600 ml/ha), TORNADO (600 ml/ha) 75 1
DEFT (30 g/ha), ISOMEXX (30 g/ha),
Metsulfuron (20%) METRO (30 g/ha), METSY (30 g/ha), 90 1
MEZZO (30 g/ha)
Metsulfuron (60%) STARKEM (10 g/ha) 90 1
Metsulfuron (19 g/l) + Thifensulfuron (190 g/l) TIVMETIX (200 ml/ha) 90 1
Metsulfuron (6,8 g/l) + Thifensulfuron (68,2
CONNEX (50 g/ha) 90 1
g/l)
Triasulfuron (4,1%) +Dicamba (65,9%) LINTUR (150 g/ha) , ZOOM (150 g/ha) 60 6-12
Triasulfuron (25%) +Dicamba (50%) ARRAT (200 g/ha) 60 6-12
DICOSTAR (12,5 g/ha), GRANSTAR(12,5 g/
ha),
Tribénuronméthyle (75%) NUANCE(12,5 g/ha), PRIMMA STAR (12,5 g/ 60 1
ha),
SKYLLA(12,5 g/ha)
Tribénuronméthyle (25%) + Thifensulfuron
HARMONY EXTRA (20 g/ha) 60 1
(50%)
Tribénuronméthyle (15%) + Thifensulfuron
NAUTILUS (60 g/ha) 60 1
Champ infesté avec le brome (40%)
Herbicide anti-dicotylédones de post-levée tardive (stade tallage à montaison)
ELAFRIT 200 (2 L/ha)
EL CAOUI EXTRA (750 ml/ha)
MATON (600 ml/ha)
2,4-D ester butylglycol 75 1
MENJEL (2 L/ha)
NETAGRONE (2 L/ha)
YDESTER 225 (2 L/ha)
BATON (750 ml/ha)
CHEVAL ET LION (2 L/ha)
2,4-D ethyl hexyl ester EL CAOUI (600 ml/ha) 75 1
EL CAOUI 480 (750 ml/ha)
EL CAOUI 240 (1,5 L/ha)
2,4-D esterisoctylique EL GHOUL (1 L/ha) 75 1
AMINOPIELIK (1,25 L/ha)
AURA (500 ml/ha)
Champ infesté avec l’avoine stérile CALIDICOTE (600 ml/ha)
DAM (1 L/ha)
2,4-D seld’amine DAMEN (500 ml/ha) 75 1
DRASS (500 ml/ha)
IMBRATOR (600 ml/ha)
MEGA (500 ml/ha)
SELECTONE (1 L/ha)
CEREPRANE (500 ml/ha)
CHARDOL (1 L/ha)
DESORMONE (1 L/ha)
2,4-D sel de diméthylamine 75 1
DICOPUR (1 L/ha)
EL CAOUI (600 ml/ha)
TORO (600 ml/ha)
AGROXONE F (1,25 L/ha)
AL FAHD MIX (1,25 L/ha)
2,4-D + MCPA HERBOXONE COMBI (1 L/ha) 75 1
PRINTAZOL 75 (1 L/ha)
Champ infesté avec l’alpiste U 46 COMBI FLUID 6 (800 ml/ha)
Céréaliculture

Dégradation des sols en régions arides


Des idées pour y faire face
Yassine Jamali, Docteur vétérinaire et agriculteur

Les rendements céréaliers dans notre pays sont corrélés à la pluviométrie, qui est considérée gé-
néralement comme LE facteur limitant de la production. Pourtant, un phénomène moins specta-
culaire se développe de manière insidieuse et aggrave les conséquences de la sécheresse qui le
masque. Il s’agit de la dégradation des sols à laquelle contribuent plusieurs facteurs, liés à l’évolu-
tion des pratiques agricoles.
Premièrement, l’extension des embla- Troisièmement, l’extension des céréales chère à une quasi monoculture céré-
vures, nécessaire du fait de la croissance s’étant faite au détriment des pâturages alière épuisante caractérisée par une
démographique, et permise par la mé- collectifs, la question de l’alimentation non-restitution de matières organiques
canisation du labour et de la moisson, des troupeaux ovins et caprins s’est au sol.
a presque supprimé la pratique de la ja- posée, d’autant plus que les effectifs Tout le monde connaît les travaux de
chère. Or la jachère permet un repos du de petits ruminants ont augmenté pa- Lydia et Claude Bourguignon qui ont
sol, une reconstitution du stock d’hu- rallèlement à la croissance démogra- mis en évidence en France la disparition
mus, et un maintien de la diversité mi- phique. La paille est devenue une den- progressive de la flore microbienne du
crobienne du sol. En fin elle interrompt rée stratégique pour l’élevage au point sol à cause d’un travail du sol excessif
nombre de cycles de pathogènes, qu’après la moisson et le bottelage, les et de l’usage des engrais chimiques et
en particulier les maladies cryptoga- chaumes sont loués pour une pâture à des pesticides. Qu’en est-il de nos sols,
miques des céréales. outrance. A l’automne les champs sont après des décennies de monoculture
Deuxièmement la mécanisation de la complètement dénudés de toute ma- céréalière et de surpâturage, sans au-
récolte de céréales n’a pas eu d’équiva- tière organique. Le fumier des moutons cun apport de matière organique ? Le
lent pour la récolte des légumineuses. résultat serait probablement le même:
qui pâturent les chaumes est stérilisé
De ce fait, alors que la moisson méca- une microflore tellurique réduite, ap-
par des mois de canicule et il est loin de
nisée des céréales en bour coûte 200 à pauvrie, déséquilibrée. Ceci est sans
compenser la paille consommée, tant
300 dh par hectare, il faut compter 1.500 doute corrélé à l’évolution de la végéta-
du point de vue des éléments NPK que
à 2.500 dh pour récolter manuellement tion adventice : la moutarde est deve-
du point de vue de la reconstitution de
un hectare de lentilles, pois fourrager, nue dominante, ce qui a peut-être une
l’humus.
petit pois, ou fenugrec. Aussi la culture relation avec la réduction des microor-
de légumineuses perd de sa compéti- ganismes du sol. En effet la moutarde
tivité face aux céréales et les surfaces D’un assolement comme toutes les brassicacées, n’entre-
diminuent, surtout dans les zones les triennal à la tient aucune symbiose mycorhizienne
plus arides. Le rôle des légumineuses et résiste mieux que les autres plantes
dans l’assolement est bien connu : fixa-
monoculture et au à la disparition des mycorhizes. De plus,
tion d’azote via des microorganismes surpâturage la moutarde est un concurrent pour le
symbiotiques, et là encore, rupture du En résumé, sur les cinq ou six décennies reste des plantes sauvages par allélopa-
cycle des pathogènes et maintien de la écoulées, nous sommes passés d’un thie.
diversité microbienne du sol. assolement céréales-légumineuses-ja- Le travail du sol et la monoculture ne

Association amandiers céréales, région d’Azilal, Moyen Atlas. Association oliviers et céréales, région d’Azilal, Moyen Atlas
Agriculture du Maghreb
70 N° 102 - Mars 2017
sont pas seuls en cause : il suffit d’obser- sentiel du package de bonnes pratiques Les différents acacias, (dont Aca-
ver les pâturages collectifs, complète- visant à préserver et améliorer nos sols. cia seyal et Acacia senegal utilisés
ment surexploités, qui se sont transfor- pour la production de gomme) l’ar-
més en boucliers calcaires compactés L’association ganier, voire le Balanites aegyp-
où rien ne pousse. Le responsable est
le surpâturage qui a prélevé toute la
arboriculture- tiaca peuvent correspondre à cer-
taines conditions pédo-climatiques.
biomasse tout en apportant trop peu céréales, avantages
de fumier pour reconstituer les réserves indéniables Bien entendu, il s’agit dans tous les cas
de matières organiques. Les seules sur- Une autre façon de diversifier cette mo- ci-dessus de conditions limites, carac-
faces épargnées sont les jujubiers resca- noculture est d’associer des arbres ou téristiques du bour défavorable, on
pés et leur périphérie. des arbustes aux céréales et aux légu- ne peut raisonnablement espérer plus
mineuses cultivées, qui deviennent une qu’une amélioration limitée de la pro-
Face à ces contraintes culture intercalaire. Le système racinaire duction céréalière (2 à 5 quintaux de
quelles pistes, quelles de ces arbres abrite des mycorhizes
et autres microorganismes. Par l’effet
plus à l’hectare ?) et une contribution
marginale de l’arboriculture au revenu
solutions proposer ? ombrage et brise-vent ils réduisent ou à l’auto consommation de la famille
- La jachère n’est plus une option, en l’évaporation et optimisent l’utilisation exploitante. Mais à ce niveau de dé-
raison de la pression foncière et écono- de l’eau de pluie. La chute de feuilles, pendance, de vulnérabilité, quelques
mique qui pèse sur les exploitations du permanente ou saisonnière, apporte de litres d’huile d’olive, quelques dizaines
bour. la matière organique qui nourrit ces mi- de kg de fruits, quelques kg de miel re-
- La réhabilitation des légumineuses croorganismes et enrichit le sol comme présentent un apport non négligeable
passe par une mécanisation de la l’ont démontré plusieurs études sur les pour des dizaines de milliers de familles
récolte. Adaptation des moisson- acacias au Sahel. et renforcent leur autonomie alimen-
neuses-batteuses, ou utilisation de râ- Ces arbres et arbustes doivent être ré- taire.
teaux andaineurs tractés (en jouant sur sistants, voire ultra résistants à la séche-
La mise en place d’un système d’agro-
la maturité pour éviter les éclatements resse pour survivre et éventuellement
de gousses et les pertes à la récolte) ou foresterie demande du temps, de la
produire, de manière marginale. Les
autre, c’est une question qui relève du conviction et de la continuité dans l’ef-
écartements doivent être adaptés aux
machinisme agricole. fort car il faut pratiquer des irrigations
conditions du semi aride (qui se rap-
- La restitution de paille au sol ne peut d’appoints durant les deux ou trois pre-
proche de plus en plus de l’aride) et à
se faire qu’en réduisant sa consomma- miers étés après la plantation. Une ci-
une exploitation hyper extensive. Ils
tion par les troupeaux de petits rumi- terne tractée peut être utilisée, en com-
doivent permettre les opérations de se-
nants. La seule alternative actuelle est mis et moisson mécanisés. binaison avec des bidons percés qui
le recours aux cultures fourragères irri- Parmi les arbres fruitiers résistants étalent la dose d’arrosage et améliorent
guées. Or elles sont déjà insuffisantes on peut citer l’olivier et l’amandier à la pénétration de l’eau en simulant un
pour faire face aux besoins du cheptel une densité inférieure ou égale à 100 goutte à goutte rudimentaire. Des tra-
laitier, équin et de l’embouche ovine, arbres/ha. Le caroubier également, avec vaux du sol basiques forment des im-
et posent un autre problème, celui de une densité autour de 50 arbres/ha. pluviums où l’eau de pluie s’accumule si
l’épuisement des nappes. Pour réduire Les arbustes ultra résistants sont le relief le permet. Enfin il faut protéger
la consommation de chaumes il fau- les Lycium, qui sont fruitiers et mel- les jeunes plants du pâturage ...
drait donc réduire le cheptel ovin et ca- lifères, les cactus, fruitiers, mel-
prin. Solution sans doute impraticable lifères et à l’occasion fourragers, Tout ceci exige du travail et un mi-
vu son coût sociopolitique, elle n’est les Atriplex, exclusivement fourra- nimum d’investissement. Des expé-
mentionnée ici que pour mémoire. gers et qui n’ont pas de mycorhizes. riences grandeur nature, en exploi-
- Le semis direct réduit l’agression subie Le faux poivrier, Schinus molle est très tation, devraient être menées pour
par la microflore du sol lors des opéra- résistant à la sécheresse, sa floraison préciser le coût de l’installation d’un
tions de labour plus ou moins profond. dure longtemps et est très appréciée système agro forestier en dirhams et
Il réduit aussi la minéralisation des ma- des abeilles. Ses fruits sont commer- en journées de travail afin de prévoir
tières organiques. C’est un élément es- cialisés sous le nom de «baies roses». des subventions.

Le JUJUBIER sol. Cet intérêt agronomique indéniable s’accom-


Le jujubier, plante mal-aimée des agronomes, n’est pagne d’un intérêt économique : le jujube, récolté
envisagé que sous l’angle de sa nuisance. Il n’est à la fin de l’été représente un revenu. Le miel de
mentionné dans les brochures de vulgarisation jujubier est un produit renommé. En fin, le jujubier
agricole que pour détailler les moyens de l’éradi- est fauché et ses branches épineuses vendues pour
quer, par l’arrachage ou les herbicides systémiques. en faire des clôtures. Ce dernier usage est celui qui
Il lui est reproché de gêner le passage des outils et permet de gérer le jujubier de manière optimale.
engins agricoles, de diminuer la qualité de la paille, Fauché entre octobre et novembre, il ne gêne en
d’empêcher le pâturage des chaumes, il n’aurait rien le labour et le semis. Il reste en dormance et re-
que des inconvénients ! démarre en mars-avril. Au moment de la moisson,
Et pourtant .... Dans un champ de céréales, les plus vers le mois de mai, les rejets de jujubier sont trop
beaux épis sont ceux qui poussent à l’emplace- courts pour être coupés par la moissonneuse-bat-
ment d’une touffe de jujubiers, ce qui est logique teuse et bottelées avec la paille. Sa nuisance est
: des mycorhizes sont associées aux racines du ju- donc réduite à rien. Par contre la floraison et la re-
jubier, et la chute de feuilles automnales enrichit le pousse estivale nourriront abeilles et chèvres.

Association Atriplex et céréales, région de Settat


Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 71
Oléiculture

L’olivier pour
l’atténuation des effets des
changements climatiques
Mme Oumkaltoum Krimi Bencheqroun, Chercheur Olivier - INRA Meknès

L’Agriculture est au cœur des secteurs concernés par les changements climatiques qui se manifestent par une nette
augmentation de la température de la terre, la sécheresse, les inondations, la déforestation et l’érosion. Le secteur
agricole est non seulement capable de contribuer efficacement à l’atténuation des effets des dérèglements climatiques
sur la terre mais il est aussi responsable de 14% des émissions des gaz à effets de serre. Il subit certainement les effets
négatifs de ces changements puisqu’il représente le premier consommateur d’eau et qu’il comporte par la suite 70% de
la solution à ce problème au niveau des pays en voie de développement dont le Maroc.

S
elon les données de la F.A.O de effets des changements climatiques sur réduits en eau et par leur grand pouvoir
2012, l’Agriculture utilise plus de la productivité agricole et ceci à travers d’adaptation aux différents types de sol,
85% de la réserve générale en eau la réglementation et la rationalisation de même les plus pauvres, et aux reliefs ac-
douce dans la région de l’Afrique l’utilisation de l’eau dans ce secteur. D’au- cidentés. Aussi, la montée anormale de
du Nord et du Proche Orient (MENA) et il tant plus que les dernières années ont été la température de la terre qui cause la
faut signaler que, dans cette zone géogra- marquées par une baisse remarquable du sécheresse, a mis en exergue l’intérêt des
phique, le niveau des ressources renouve- nombre de jours pluvieux par campagne espèces végétales caractérisées par une
lables en eau intérieure par habitant et par agricole, une réduction significative des bonne efficience d’utilisation de l’eau
an est parmi les plus faibles dans le monde. précipitations et une mauvaise répartition telles que l’Olivier. En fait, ce dernier a
En effet, il est de l’ordre de 609 m3/habi- de ces dernières au cours de l’année. D’où longuement été victime de sa rusticité
tant/an contre une valeur moyenne mon- l’importance de la question de l’eau et de puisqu’il n’a été considéré comme un arbre
diale de 6080 m3/habitant/an sans oublier son impact sur l’agriculture et par la suite fruitier à part entière que très récemment.
que cet indicateur tend vers une baisse de la stratégie d’adaptation de l’agricultu- L’entrée de l’Espagne dans l’Union Euro-
de 50% à l’horizon 2050 dans cette région re aux nouvelles données climatiques. péenne (U.E) en 1986 a exigé la moderni-
MENA connue par l’aridité et la rudesse de La situation précitée explique l’intérêt re- sation de l’oléiculture, depuis trente ans,
son climat. Cette situation hydrique cri- marquable et croissant accordé, pendant dans ce pays qui était dans l’engagement
tique a poussé les décideurs de manière ces dernières années, aux espèces végé- d’adapter le volume de sa production à la
urgente vers la réflexion à des solutions tales rustiques qui se distinguent par leur nouvelle demande en matière d’olives de
efficaces et pertinentes pour minimiser les tolérance à la sécheresse, leurs besoins table et d’huile d’olive. D’un autre côté, les
nombreuses vertus de l’huile d’olive et ses
multiples bienfaits sur la santé humaine
ne cessent d’être confirmées par des résul-
tats de recherches assez pointues dans le
domaine médical. En effet, durant les deux
dernières décennies, les qualités diété-
tiques, médicinales, nutritives et organo-
leptiques de l’huile d’olive , dont la qualité
répond à la rigueur et aux exigences des
normes internationales, ont été bien dé-
montrées et expliquent l’accroissement
de la demande pour ce produit noble et
surtout de la part des pays non produc-
teurs puisqu’il s’agit d’un arbre méditerra-
néen par excellence.
De point de vue écologique, la rusticité de
l’olivier justifie son expansion, à grande
échelle, au niveau du bassin méditerra-
néen et montre que cet arbre a su, à tra-
vers les siècles, s’adapter aux fluctuations
du climat méditerranéen connu par son
automne froid et pluvieux en général
et son été chaud et sec. De même, la ré-

Agriculture du Maghreb
72 N° 102 - Mars 2017
partition géographique de cette espèce
arboricole n’est pas limitée par la nature
du sol. Ceci fait de lui ‘LE VEGETAL RICHE
DES SOLS PAUVRES’ et le classe ainsi par-
mi les grands protecteurs de l’environne-
ment. Son pouvoir d’adaptation aux zones
montagneuses dont le relief est accidenté
constitue un moyen efficace pour fixer le
sol et pour lutter contre les facteurs de
l’érosion.
Quelques secrets de l’ARBRE BENI :
racinaire est doté d’un grand pouvoir ment que les rendements olive sont étroi-
De nombreux résultats de recherches réa-
d’adaptation aux différents types de sol tement liés à ces deux étapes de produc-
lisées à l’échelle internationale ont mis en
puisque son développement est forte- tion à savoir la floraison et la fructification.
évidence certaines spécificités de l’olivier
ment influencé par les caractéristiques
qui sont derrière sa capacité d’adaptation 6- En comparaison avec la majorité des
physico chimiques de ce dernier et par
aux changements des conditions environ- arbres fruitiers, l’olivier a des besoins en
sa structure et sa texture. Dans certains
nementales. A travers ce papier, je vais eau modestes et pour qu’il puisse at-
pays du bassin méditerranéen, quelques
essayer de passer en revue quelques unes teindre son potentiel réel de production,
spécialistes en la matière ont mentionné
des caractéristiques de cet arbre étant les apports en eau à cet arbre se limitent à
la présence d’oliviers comportant des ra-
donné leur relation avec l’atténuation des
cines allant jusqu’à 6m de profondeur. une simple correction du déficit hydrique
effets des dérèglements climatiques sur
4- L’olivier est l’une des espèces végé- causé par la sécheresse.
la terre. Ainsi, ces spécificités sont les sui-
tales les moins exigeantes en eau. En ef- 7- A la fin, l’olivier cultivé, Olea-europea.L,
vantes :
fet, environ 80% de l’oliveraie mondiale est l’une des espèces végétales qui renfer-
1- La photo annexe de l’olivier âgé de
est conduite en sec (bour) pour la sub- ment une grande richesse et une diversi-
plus de 5000 ans renseigne sur sa capacité
à défier la sévérité et les fluctuations des sistance et pour la production. Grâce à sa
té génétique très importante. A présent,
conditions externes et explique sa grande tolérance à la sécheresse et à sa souplesse
d’adaptation aux fluctuations des condi- plus de 2000 variétés ont été identifiées
longévité. et cultivées dans le monde. De plus, la
2- L’olivier est l’une des espèces arbo- tions climatiques, la culture de l’olivier est
praticable sous un régime hydrique oscil- tolérance à la sécheresse, comme la résis-
ricoles caractérisées par ses feuilles per-
sistantes. A l’encontre de la plupart des lant entre 100 et 800 mm/an. En situation tance aux maladies et aux ravageurs, sont
espèces arboricoles, ce dernier ne perd de stress hydrique, l’olivier réagit par une parmi les caractères fortement influencés
pas complètement ses feuilles pendant nette réduction des échanges avec l’exté- par le facteur variété. D’où l’intérêt des
l’automne puisqu’elles sont renouvelées, rieur. Il procède, en effet, à la fermeture essais comparatifs des variétés d’olivier
en moyenne, pendant une période de 3 des stomates dans l’objectif de préserver à la recherche des plus performantes et
ans. Par conséquent, c’est l’un des arbres l’eau dans l’arbre, d’éviter son desséche-
des mieux adaptées à la sécheresse. Ces
capables d’entretenir sa verdure et sa ment et d’assurer en fin sa survie.
5- L’olivier se spécifie par une bonne effi- dernières offrent la possibilité d’optimiser
beauté naturelle malgré la succession des
cience d’utilisation de l’eau. Ce critère est l’efficience d’utilisation de l’eau en oléicul-
quatre saisons de l’année. De même, il faut
d’une importance majeure par rapport à ture. De plus, les outils d’amélioration gé-
noter que les feuilles de l’olivier se carac-
térisent par la présence de poils tecteurs l’atténuation des effets des changements nétique des plantes sont en mesure d’ac-
sur leur face inférieure. Ceci leur permet climatiques et à la lutte contre la séche- croitre la résistance à la sécheresse chez
de conserver l’humidité de façon continue resse qui en résulte. En effet, il faut rap- l’espèce cultivée de l’olivier moyennant
dans le temps. Cette spécificité serait pro- peler que, dans les situations extrêmes, des croisements entre des variétés sélec-
bablement liée à l’explication de la beau- l’olivier préfère plutôt la rareté de l’eau à tionnées pour l’intérêt de leurs caractères
té pérenne de cet arbre comme on peut son abondance puisque la grande dis-
et des sous espèces telles que l’olivier de
le voir sur la photo de l’olivier âgé de plus ponibilité en eau et sa stagnation pour-
raient causer l’asphyxie de l’arbre alors Laperine (la personne qui l’a prospecté),
de 5000 ans. De plus, son feuillage dense
qu’en situation de grand stress hydrique, répandue dans des zones au climat saha-
et persistant lui procure une grande ca-
pacité d’absorption du Carbonne(CO2). cet arbre déploie toutes ses capacités na- rien dont la sévérité dépasse celle du cli-
Sans oublier que sa frondaison, largement turelles dans l’objectif de sa survie sans mat méditerranéen.
déployée, est en mesure de réduire l’in- oublier que la force de son système raci-
tensité des pluies torrentielles et de lutter naire et son grand développement lui fa- En conclusion, toutes les caractéris-
contre l’érosion puisqu’elle facilite le ruis- cilitent l’accès à l’eau à des niveaux élevés tiques et les spécificités mentionnées
sellement et l’infiltration de l’eau dans le de profondeur. De même, dans toutes les antérieurement rappellent que l’olivier
sol. situations hydriques, l’olivier montre une
est bon pour la santé et pour l’environ-
3- Le système racinaire de l’olivier est grande capacité d’adaptation de l’intensi-
nement et informent sur la part de sa
robuste et se caractérise par un dévelop- té de floraison et de fructification. Ceci ex-
pement important qui parvient à fixer plique partiellement la faible productivité contribution à l’atténuation des effets
le sol, à lutter contre l’érosion et à puiser de l’oléiculture pendant les campagnes négatifs des changements climatiques
l’eau en profondeur. De même, ce système agricoles où sévit la sécheresse du mo- sur la terre.

Agriculture du Maghreb
N° 102 - Mars 2017 73
Petites annonces

maintenance. avoir des connaissances pertinentes


Le candidat sera amené à travailler dans les domaines de la sécurité, de l’ar-
en étroite collaboration avec l’équipe chitecture, de la BI et du Big Data. Maî-
commerciale et l’équipe technique et trisant les méthodologies agiles et clas-
ce dans l’objectif de veiller à ce que les siques de gestion des projets, le Chef
Agridata Consulting est un projets clients soient réalisés dans les de Projet technique doit pouvoir gérer
éditeur leader dans les solutions infor- meilleurs délais et avec une très grande techniquement des équipes de déve-
matiques agricoles, présent sur le mar- qualité. loppements multidisciplinaires dans le
ché marocain depuis plus de 10 ans Débutant ou avec une première expé- cadre de projets client complexes ainsi
avec un potentiel de développement rience en production agricole, avec des que des projets de structuration in-
à l’international. Ses solutions sont dé- connaissances pertinentes en gestion et ternes. Il aura à structurer la démarche
ployées chez les plus grands groupes en comptabilité analytique. et les outils de développement en assu-
agricoles au Maroc et permettent l’amé- La rigueur et la passion pour le monde rant la qualité logicielle du produit.
lioration des performances techniques, digital sont les atouts majeurs. Lauréat d’une école d’ingénieur, des
économiques et logistiques de ses
connaissances ou une expérience dans
clients. Agridata qui a été primé à plu-
sieurs reprises dans le cadre de compéti- Chef de projet technique le domaine de l’agriculture est un atout
tions et événements nationaux et inter- Poste basé à Agadir majeur
nationaux, est en train de se développer Type de contrat : CDI
activement sur le marché national pour Rattaché à la Direction Technique Consultant BI / Data
couvrir plus transversalement tous les d’Agridata et interlocuteur technique
besoins de la chaîne de valeur agricole. des clients dans le cadre des différents Scientist
projets d’Agridata, le profil recherché Poste basé à Agadir
doit disposer de plusieurs années d’ex- Type de contrat : CDI
Ingénieur périence (de 3 à 5 ans) dans les diffé- Rattaché à la Direcion Technique d’Agri-
Agronome Fonctionnel rentes technologies de développement data et principal acteur des sujets Bus, le
Poste basé à Agadir et dans des projets d’intégration avec profil recherché doit disposer d’une pre-
Type de contrat : CDI une profondeur sur le volet infrastruc- mière expérience dans le domaine BI ou
Faisant partie de l’équipe d’intégra- ture logicielle et matérielle nécessaire Big Data avec une bonne connaissance
tion et interlocuteur fonctionnel des au déploiement des solutions de ges- des outils BI (comme Microsoft ou SAP
clients dans le cadre des différents pro- tion. BO) . Il doit avoir la maîtrise des outils
jets d’Agridata, le profil recherché aura Le profil doit idéalement avoir des com- ETL comme SSIS ou Talend et des outils
comme principale mission d’assurer pétences techniques dans le dévelop- de Reporting comme Tableau. Le candi-
la formation et l’assistance fonction- pement client serveur et le développe- dat doit disposer d’une expérience pro-
nelle auprès des clients, participer à la ment web et mobile avec différentes bante dans des projets BI utilisant ces
rédaction des cahiers des charges et technologies (.Net, Java, PHP et Java outils. Une connaissance initiale des dis-
transmettre les besoins au chef de pro- Script) avec une bonne maîtrise des tributions Big Data basées sur Apache
jet technique, suivre les dossiers clients frameworks techniques et de l’industria- Hadoop ainsi que des algorithmes et
pendant la mise en place des projets lisation des développements, des tests outils de Data Mining et Machine Lear-
mais également dans le cadre de la et des déploiements. Il doit également ning est nécessaire.

BULLETIN D’ABONNEMENT EDITIONS AGRICOLES, 22 bis, rue des


Asphodèles, Résidence Zakia 20380 Casablanca - Maroc

Nom : .....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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