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Principes et techniques de l’échographie

Doppler
M. Boynard

L’échographie-Doppler est une technique utilisée en routine qui permet avant tout d’explorer
l’écoulement du sang dans le cœur et les vaisseaux. Il s’agit d’une technique non invasive, peu onéreuse,
et fiable lorsqu’elle est mise entre les mains d’opérateurs compétents. En effet, elle peut apporter de
précieux renseignements cliniques mais à condition qu’elle soit employée par des utilisateurs connaissant
parfaitement les principes physiques et techniques de la méthode, principes qui permettent d’expliquer la
sémiologie, les pièges et les artefacts rencontrés. Plusieurs modes échodoppler sont actuellement
disponibles en routine et peuvent même être utilisés simultanément en mode dit « duplex » afin
d’augmenter sur un même document l’information arrivant au médecin, de faciliter l’analyse des
résultats, et donc d’améliorer le diagnostic et le suivi des patients. Après avoir rappelé ce qu’est l’effet
Doppler, nous détaillons les différentes présentations de l’information Doppler avant de préciser les
conditions et les limites de leur utilisation.
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Mots clés : Effet Doppler ; Modes échodoppler ultrasonores ; PRF ; Doppler image ;
Limites de l’échodoppler ; Réglages de l’échodoppler

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Les modes échographiques Doppler utilisés en médecine
permettent, grâce à l’effet Doppler ultrasonore, de mesurer et
¶ Principe de l’effet Doppler 1
présenter sous forme de courbe et de signal audible la vitesse
¶ Mode Doppler continu 2 d’écoulement du sang dans les vaisseaux, ainsi que de visualiser
¶ Mode Doppler pulsé 3 le sang circulant. Les progrès techniques de ces deux ou trois
dernières décennies ont conduit à l’apparition de différentes
¶ Analyse spectrale 4
façons de présenter l’information Doppler et ainsi d’augmenter
¶ Imagerie Doppler couleur des écoulements 4 le pouvoir diagnostique de ce mode d’investigation.
¶ Imagerie Doppler puissance (ou énergie) 5
¶ Imagerie Doppler tissulaire 5
¶ Difficultés, limites et artefacts 6 ■ Principe de l’effet Doppler
Incompatibilité imagerie conventionnelle-imagerie Doppler couleur 6
L’effet Doppler, en fait l’effet Doppler-Fizeau [1] , est le
Moyenne spatiale des vitesses 6
changement de fréquence que subit une onde lorsqu’elle
« Aliasing » 6
interagit avec un obstacle en mouvement. Il se produit alors un
Atténuation des fréquences Doppler 7
décalage en fréquence entre la fréquence de l’onde émise en
Importance du nombre de tirs en Doppler couleur 8 direction de l’obstacle, F0, et la fréquence de l’onde renvoyée
¶ Bons choix dans la pratique 9 par celui-ci. Les techniques Doppler médicales reposent sur la
Choix du mode échodoppler 9 diffusion des ultrasons par les globules rouges en mouvement
Choix du transducteur et de sa fréquence nominale 9 contenus dans le sang. Si les globules rouges étaient au repos,
Direction du tir 9 du fait de leur taille, ils renverraient l’onde ultrasonore inci-
Choix du gain Doppler 9 dente de façon identique (ou isotrope) dans toutes les directions
Choix de la PRF 9 de l’espace avec une fréquence diffusée Fd égale à la fréquence
Choix de la fenêtre Doppler (le long de la ligne de tir) 9 incidente F0 (Fig. 1A). Mais les globules rouges se déplaçant à la
Choix de la zone couleur (sur l’image) 9 vitesse, v, réémettent alors l’onde diffusée à une fréquence, Fd
différente de F0. Cette fréquence de l’onde diffusée dépend, à la
¶ Mesures pouvant être effectuées grâce à l’échodoppler 9
fois, de la vitesse de déplacement des hématies et de l’angle h
Mesures de vitesses 9
que fait la direction de propagation de l’onde incidente avec la
Estimation des débits 9
direction du mouvement des globules rouges (Fig. 1B). La
Mesure des gradients de pression intracardiaque 10 différence de fréquence, F0 – Fd est appelée fréquence Doppler,
¶ Conclusion 10 FD. Lorsque l’émetteur de l’onde incidente et le récepteur sont
situés au même endroit, comme dans le cas des appareils

Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 1

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maximal mais ce cas particulier se produit rarement en explo-

O1 ration clinique. Par ailleurs, le débit du sang dans les vaisseaux
Onde F0 suffisamment gros peut également être évalué à l’aide de
incidente l’équation de continuité, débit = section du vaisseau × vitesse
O2 d’écoulement, la section pouvant être évaluée par échographie,
au niveau du vaisseau où la vitesse est mesurée (cf. infra). Enfin,
les fréquences Doppler données par les écoulements retrouvés
chez l’homme sont dans le domaine des fréquences audibles
(quelques kHz). Une sortie audio des fréquences Doppler, en
plus de la courbe des vitesses en fonction du temps et de la
direction du flux, est donc systématique.
Plusieurs modes Doppler ont été développés successivement
depuis les années 1960 [2-5] : le mode Doppler à émission
continue, le mode Doppler à émission pulsée, la spectrométrie
Fd = Fo Doppler, l’imagerie Doppler couleur et l’imagerie Doppler
Onde diffusée puissance (ou énergie).
A
Onde ■ Mode Doppler continu
incidente
O1 Le mode Doppler à émission continue (Fig. 2), développé par
O2 Pourcelot [2], utilise un transducteur émetteur et un transducteur
F0 récepteur, tous les deux situés dans le même boîtier sonde et
fonctionnant en continu. Le transducteur émetteur envoie les
ondes ultrasonores en continu. Le transducteur récepteur reçoit
θ donc en permanence les ondes revenant sur la sonde, c’est-à-
dire, ayant interagi avec les tissus et ayant été réfléchies sur
toutes les profondeurs explorées. Cela signifie qu’à chaque
instant le signal Doppler reçu par la sonde est la superposition
V
de signaux provenant de tissus en mouvement, situés à diffé-
rentes profondeurs et se déplaçant à des vitesses différentes (et
Fd ≠ Fo donc source de fréquences Doppler différentes). Avec le mode
Onde diffusée
Doppler continu, il n’est donc pas possible de connaître
B l’origine des signaux dans le temps ou, ce qui revient au même,
Figure 1. Cible au repos, V = 0, cible en mouvement V ≠ 0. dans l’espace. Une détection en fréquence du signal échogra-
A. Représentation schématique des ondes diffusées par un obstacle im- phique reçu, effectuée le plus souvent par un compteur de
mobile ; il n’y a pas de changement de fréquence ou de longueur d’onde passages à zéro, permet ensuite de déterminer, en fonction du
entre la fréquence de l’onde incidente, F0, et celle de l’onde diffusée, Fd temps, la fréquence Doppler moyenne, et donc la vitesse de
= F0 ; cela signifie qu’un observateur O1 situé à droite de l’obstacle voit déplacement moyenne du sang. En effet, le signal Doppler
arriver sur lui une onde de même longueur d’onde que celle de l’onde obtenu en mode continu est en fait moyenné à chaque instant
reçue par l’observateur O2 situé à gauche de l’obstacle. sur toute l’épaisseur des tissus traversés. Ainsi, lors de l’utilisa-
B. Par un obstacle se déplaçant vers la droite (la fréquence ou la longueur tion du mode Doppler continu, il est indispensable de n’avoir
d’onde de l’onde diffusée est différente de celle de l’onde incidente, Fd ≠ dans la direction de tir que le vaisseau à explorer pour être
F0, et dépend de la position de l’observateur) ; l’observateur O1 positionné certain que les fréquences Doppler détectées proviennent bien
en avant de l’obstacle (à droite) voit arriver sur lui une onde de longueur du sang circulant dans ce vaisseau. Le mode Doppler continu
d’onde inférieure à celle de l’onde reçue par l’observateur O2 situé en est donc réservé à l’étude des vaisseaux superficiels.
arrière de l’obstacle (à gauche). h est l’angle que fait le faisceau ultraso-
nore avec la direction du déplacement de l’obstacle.

médicaux, un double effet Doppler, à la réception et à la

réémission des ondes par les globules rouges, se produit, et FD
a pour expression : Veine
FD/F0 = 2 (v/c) cos h
où c est la célérité moyenne des ondes ultrasonores dans les
tissus traversés.
Artère
On conçoit bien à l’aide de la Figure 1B que la fréquence (ou
la longueur d’onde kd = c/F) de l’onde diffusée par un obstacle
en mouvement et revenant sur la sonde est différente de la
fréquence de l’onde incidente (sauf pour h = 0) et dépend de la
position de celle-ci par rapport à l’obstacle. En effet, une sonde
Transducteur récepteur Transducteur émetteur
positionnée en avant de l’obstacle voit arriver sur elle une onde
de longueur d’onde inférieure à la longueur d’onde de l’onde Sonde Émission continue
reçue par une sonde située en arrière de celui-ci. Réception continue
La mesure de la fréquence Doppler ainsi que la connaissance
de l’angle d’incidence permettent de déduire la vitesse du flux Échographe
sanguin v, sachant que la fréquence d’émission F0, et la célérité
moyenne des ultrasons dans les tissus, c, sont connues. On peut
noter que si l’angle h est égal à 90°, il n’y a pas d’effet Doppler.
Figure 2. Acquisition du signal Doppler en mode continu ; la sonde
Il faut donc toujours s’arranger en pratique, lorsque l’on explore
émet en continu et reçoit en continu à l’aide de deux transducteurs
un écoulement pour en déterminer sa vitesse, à ce que la
différents, l’un est émetteur, l’autre est récepteur ; à chaque instant, le
direction du faisceau d’ultrasons ne soit pas perpendiculaire à la
signal arrivant sur le transducteur récepteur est la superposition des
direction de l’écoulement. Dans le cas où h = 0 (direction du
signaux provenant de toute la profondeur explorée.
faisceau dans la direction de l’écoulement), l’effet Doppler est

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ECG
V
t t1
A Figure 4. Acquisition du signal Doppler en mode pulsé ; l’émission est
Capteur Capteur
Sténose
V V V 2
t t
B
Figure 3. Courbes schématiques de la variation au cours d’un cycle
cardiaque des fréquences Doppler (ou des vitesses) moyennes sur la
section du vaisseau, déterminées par Doppler continu, et provenant d’une
artère proximale des membres.
A. Courbe normale. ECG : électrocardiogramme.
B. Courbes provenant de différentes positions de la sonde par rapport à
une sténose (avant, au niveau et après la sténose), le long de l’axe
vasculaire.
Les résultats obtenus sont alors présentés sous forme, d’une
part, d’un son audible et, d’autre part, d’une courbe des
fréquences Doppler moyennes (ou vitesses moyennes d’écoule-
ment) en fonction du temps (Fig. 3).
■ Mode Doppler pulsé
Le mode Doppler à émission pulsée (Fig. 4) utilise, comme en
échographie, le même transducteur qui émet à une fréquence de
répétition déterminée, FR de l’ordre de quelques kHz, de brefs
trains d’ondes ultrasonores de quelques microsecondes de durée,
à la fréquence de travail de la sonde, et qui reçoit le signal
durant le reste du temps, avant émission du train d’ondes
suivant. Il a été développé par Peronneau et al. [3] et il permet
de faire lors de la réception des ultrasons une sélection en
profondeur des vaisseaux rencontrés par le faisceau. Une fenêtre
électronique temporelle, réglable, d’une part dans le temps par
rapport à l’émission du train d’ondes et, d’autre part, en durée,
permet de sélectionner le tronçon de signal provenant du
vaisseau à explorer. La détection des fréquences Doppler se fait
alors uniquement sur le signal contenu dans la fenêtre, ce qui
permet d’obtenir la fréquence Doppler du signal moyennée sur
la durée de la fenêtre et donc sur l’épaisseur du vaisseau
correspondant. La fréquence de répétition des impulsions
ultrasonores, FR, que l’on appelle également pulse repetition
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Principes et techniques de l’échographie Doppler ¶ 35-003-C-10
x2
x1 t1 = 2 x1/c
Sonde
t2 = 2 x2/c
t2 - t1 = t
Signal
F
t2 t
brève et se fait à l’aide d’un seul transducteur qui joue pendant un temps
très court le rôle d’émetteur et le reste du temps le rôle de récepteur ; seul
le signal de retour contenu dans la fenêtre temporelle, F, réglable en
position par rapport au vaisseau et en largueur, est analysé en fréquence ;
dans ce cas particulier, la fenêtre de durée s est réglée pour ne détecter
que le signal provenant du vaisseau étudié, situé entre x1 et x2.
3
t
4
a b c d
Figure 5. Principe de l’aliasing ; la fréquence de la courbe sinusoïdale
réelle (courbe bleue) est déterminée par échantillonnage à une certaine
fréquence, les carrés verts représentant les points d’échantillonnage (a à
d) ; dans le cas présent, la fréquence d’échantillonnage est trop basse
pour retrouver la bonne fréquence ; la courbe faussement restituée
(courbe jaune) qui est déduite des points échantillonnés présente une
fréquence plus faible que la courbe initiale continue ; il y a ambiguïté en
fréquence ou aliasing. 1. Courbe réelle ; 2. points échantillonnés ;
3. courbe faussement restituée ; 4. échantillonnage.
frequency (PRF) détermine directement, comme en échographie,
la profondeur d’exploration maximale. Une diminution de la
PRF permet d’examiner une plus grande épaisseur de tissus, et
donc les vaisseaux situés en profondeur et, inversement, une
augmentation de la PRF focalise l’exploration vasculaire sur les
tissus superficiels. Ce mode Doppler pulsé, contrairement au
mode continu, permet donc de faire une discrimination dans
l’espace de l’origine des signaux reçus, c’est-à-dire, de ne
s’intéresser qu’au signal échographique provenant du vaisseau à
explorer. Mais l’inconvénient majeur du Doppler pulsé est
l’aliasing (ou ambiguïté en fréquences) qui apparaît pour les
valeurs basses de la PRF. Ce phénomène entraîne une indéter-
mination des fréquences Doppler mesurées, comme on peut le
voir sur la Figure 5. Cette figure présente une composante
sinusoïdale de fréquence donnée (courbe réelle en bleu) qui est
3
 35-003-C-10 ¶ Principes et techniques de l’échographie Doppler
ΔL
vmax
D, <v>
P1 P2
Figure 6. Profil parabolique des vitesses d’écoulement du sang dans les
grosses artères (de quelques millimètres à 1 centimètre de rayon) satisfai-
sant la loi de Poiseuille (DP = P2 – P1 > 0 est la pression motrice ; D est le
débit ; g est le coefficient de viscosité du sang). Une mesure en mode
Doppler continu ou pulsé avec une fenêtre large donne à un instant donné
la vitesse moyenne sur une section du vaisseau. Une analyse spectrale
renseigne sur la distribution des vitesses de l’écoulement. Loi de
Poiseuille : D = DPpR4/8gDL avec D = pR2 <v> ; vitesse moyenne :
<v > = DP.R2/8gDL.
échantillonnée pour en déterminer sa fréquence en faisant des
prélèvements à des instants régulièrement espacés les uns des
autres 1, 2, 3... (c’est-à-dire avec un temps de répétition
constant). Mais si cette fréquence d’échantillonnage est trop
faible comme le montre la Figure 5, la courbe faussement
restituée (en jaune) passant par ces points d’échantillonnage
oscille à une fréquence plus faible que la fréquence de la courbe
réelle. Le signal échographique étant la superposition de
sinusoïdes de fréquences différentes, la connaissance de toutes
les fréquences contenues dans un signal nécessite donc que la
fréquence d’échantillonnage soit suffisamment élevée pour
pouvoir détecter la plus haute des fréquences. En mode Doppler
pulsé, la détermination des fréquences contenues dans le signal
échographique se fait donc par échantillonnage de celui-ci, la
fréquence d’échantillonnage ayant la même valeur que la PRF.
En pratique, le prélèvement du signal échographique se fait au
même rythme que l’émission des trains d’ondes. Mais un
théorème d’échantillonnage, le théorème de Shannon, précise
que la fréquence d’échantillonnage d’un signal doit être au
moins égale au double de la fréquence la plus élevée contenue
dans le signal pour obtenir la totalité des fréquences. Ainsi, il
existe une double contrainte lorsque l’on fait une mesure de
vitesse en mode Doppler pulsé :
• pouvoir accéder au vaisseau à explorer et donc, lorsque
celui-ci est positionné en profondeur, utiliser une PRF
suffisamment faible ;
• échantillonner le signal avec une PRF suffisamment rapide
pour pouvoir détecter des hautes fréquences Doppler reflétant
un écoulement à vitesse élevée.
Ainsi, s’il est possible de mesurer correctement des vitesses
d’écoulement élevées dans des vaisseaux superficiels, il n’est pas
toujours possible de le faire pour un écoulement à vitesse élevée
situé en profondeur. Une faible PRF, nécessaire pour explorer les
vaisseaux profonds, impose un sous-échantillonnage du signal
qui entraîne alors une sous-évaluation des hautes fréquences
Doppler contenues dans celui-ci, et donc une sous-évaluation
des vitesses d’écoulement élevées.
Comme dans le cas du mode continu, les résultats obtenus
avec le mode pulsé peuvent être ensuite présentés sous forme
d’un signal audible et d’une courbe fonction du temps repré-
sentant l’évolution temporelle de la fréquence Doppler
moyenne. Mais ces résultats sont le plus souvent aujourd’hui
présentés sous forme d’un spectrogramme des fréquences
Doppler fonction du temps comme nous le verrons dans le
prochain paragraphe.
Un autre intérêt du mode Doppler pulsé est de pouvoir être
couplé à l’imagerie échographique conventionnelle grâce à un
mode « duplex » comme nous le verrons plus loin.
■ Analyse spectrale [4, 5]
Dans les vaisseaux, il existe une distribution des vitesses
d’écoulement du sang. Les globules rouges ne se déplacent pas
tous à la même vitesse. La Figure 6 montre, par exemple dans
le cas d’un écoulement normal, que cette distribution suit une
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loi parabolique de type « Poiseuille ». Il est donc intéressant de
retrouver in vivo, chez le sujet normal ou en pathologie, la
distribution des vitesses du sang à l’aide d’une analyse spectrale
R
du signal Doppler. En fait, les deux modes Doppler, à émission
continue et à émission pulsée, permettent de faire une analyse
spectrale (ou analyse de Fourier) en temps réel du signal
Doppler. Ce traitement en temps réel permet alors de retrouver
toutes les fréquences Doppler (c’est-à-dire toutes les vitesses
d’écoulement) qu’il contient et permet de suivre leur évolution
dans le temps, à la différence de la courbe temporelle qui
présente uniquement l’évolution des fréquences moyennes (ou
des vitesses moyennes d’écoulement). Ce qu’il faut bien avoir à
l’esprit pour comprendre l’analyse spectrale, c’est que tout
signal dépendant du temps, et donc en particulier le signal
Doppler, peut être décrit comme la superposition de composan-
tes sinusoïdales individuelles, de poids et de fréquences diffé-
rents (comme déjà signalé plus haut). Une analyse de Fourier,
en temps réel, fournit à chaque instant, et donc au cours du
temps, les composantes fréquentielles du signal, et permet
d’accéder à la distribution des vitesses contenues dans le
vaisseau. Ces fréquences, obtenues après échantillonnage rapide
(PRF d’environ 10 kHz) pendant une durée très courte (environ
10 ms) sont présentées habituellement sous forme d’une
représentation en deux dimensions que l’on appelle spectre en
fréquence et qui montre le poids (ou la puissance) de chaque
composante sinusoïdale contenue dans le signal Doppler
(Fig. 7A). Chacun de ces spectres étant alors acquis à intervalle
de temps régulier au cours du temps (environ 100 spectres par
seconde, soit 1 spectre toutes les 10 ms), leur représentation
dans le temps doit se faire sous une autre forme que la repré-
sentation 2D précédente. En fait, elle est construite de façon
identique à la représentation d’un mode échographique B à
partir d’un mode A, c’est-à-dire à l’aide de niveaux de gris.
Chaque spectre est représenté selon un axe vertical décrivant les
fréquences Doppler, et le poids (ou la puissance) transporté(e)
par les différentes composantes spectrales (Fig. 7B) est décrit(e)
par la brillance en chaque point le constituant (intensité de
gris). La juxtaposition dans le temps des spectres Doppler ainsi
présentés définit le spectrogramme (Fig. 7C). La forme du
spectrogramme ainsi que sa composition apportent des infor-
mations sur le type d’écoulement présent [6]. Ainsi, un écoule-
ment de type « Poiseuille » ayant une distribution de vitesses
paraboliques selon la section du vaisseau donne des fréquences
régulièrement réparties entre la fréquence (ou vitesse) nulle et
la fréquence (ou vitesse) maximale (Fig. 8A). En revanche, un
écoulement « bouchon » dans lequel toutes les vitesses sont
sensiblement identiques, comme on peut le retrouver même
normalement dans certains capillaires ou en pathologie, donne
un spectrogramme très peu disperse autour de la vitesse
moyenne d’écoulement (Fig. 8B). Comme le mode Doppler à
émission pulsée, l’analyse spectrale est sensible à l’aliasing.
Actuellement, tous les appareils utilisant le mode Doppler
pulsé proposent la courbe des vitesses (ou des fréquences) sous
forme d’un spectrogramme et non pas d’une courbe de la
vitesse moyenne en fonction du temps, à la différence du mode
Doppler continu qui ne présente en général que la courbe
temporelle des vitesses.
■ Imagerie Doppler couleur
des écoulements [4, 5]
L’imagerie Doppler couleur est une technique très utilisée en
exploration cardiovasculaire pour visualiser le sang circulant.
Elle fournit une véritable « cartographie couleur » des vitesses
locales de l’écoulement, mesurées par effet Doppler, du sang
situé à l’intérieur du cœur ou des vaisseaux contenus dans la
tranche de tissu individualisée par la sonde. Trois informations
relatives à l’écoulement sont présentées, en couleurs, en chaque
point de la coupe, grâce à une acquisition multiligne multiporte
(Fig. 9A) : la direction du flux, l’amplitude de la vitesse
moyenne, et la présence et l’importance d’éventuelles turbulen-
ces. Le codage couleur de la vitesse se fait à l’aide d’une échelle
de couleur arbitraire. Habituellement, la couleur rouge code les

Puissance
FD
A tions plus loin.
FD
FD
Puissance
t (ou énergie)
B L’imagerie Doppler puissance est également une cartographie
C chaque point de l’écoulement, toujours grâce à une acquisition
Figure 7. Analyse spectrale du signal Doppler en temps réel.
A. Présentation conventionnelle de la puissance spectrale à un instant
donné.
B. Présentation de la puissance spectrale à l’aide de niveaux de gris, à un
instant donné et selon l’axe des fréquences.
C. Juxtaposition dans le temps des représentations spectrales précédentes
obtenues à différents instants.
écoulements se rapprochant de la sonde et la couleur bleue les
écoulements s’en éloignant mais il est possible d’inverser les
couleurs de ce code. De plus, il peut exister sur certains
appareils d’autres échelles couleur du codage des vitesses. La
valeur de la vitesse moyenne, calculée sur plusieurs tirs, est
codée par le degré de saturation en blanc de la couleur, rouge
ou bleue. La couleur verte code enfin l’écart-type (ou la
variance) de la distribution des vitesses qui témoigne alors d’un
éventuel flux turbulent, les flux turbulents présentant un
élargissement de la distribution des vitesses par rapport aux flux
laminaires. Toutes ces données sont relatives aux caractéristiques
locales de l’écoulement situé dans la tranche de tissus détermi-
née par la sonde. L’obtention de ces informations, déjà point
par point le long d’une ligne de tir puis après balayage linéaire
ou sectoriel du faisceau dans le plan de la sonde, permet de
construire l’image Doppler couleur de la tranche de tissu. Les
algorithmes utilisés actuellement en pratique pour effectuer ces
calculs, habituellement longs, permettent en fait d’obtenir les
images rapidement pour les construire en temps réel. Cette
image Doppler est enfin présentée en alternance avec l’image
échographique conventionnelle du même plan de coupe, de
façon à pouvoir positionner l’écoulement du sang par rapport
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Principes et techniques de l’échographie Doppler ¶ 35-003-C-10
aux structures anatomiques, et notamment aux parois vasculai-
res (Fig. 9B). Cependant, un compromis entre la qualité de
l’image échographique et la sensibilité de détection des vitesses
est nécessaire dans le choix de l’angle d’incidence du faisceau
ultrasonore par rapport au vaisseau. En effet, en échographie, les
interfaces (en pratique ici, les parois vasculaires) sont préféren-
tiellement visualisées avec un angle d’incidence du faisceau
ultrasonore de 90° par rapport à la structure réfléchissante alors
que la détection des vitesses par effet Doppler est plus précise
pour un angle d’incidence faible entre le faisceau et l’écoule-
ment. La Figure 10A présente un exemple d’image Doppler
couleur normale des flux dans les vaisseaux cervicaux. Dans ce
cas, les vitesses positives sont codées en bleu et les vitesses
négatives en rouge. La Figure 10B donne en comparaison un
exemple de la présence de turbulences en amont et en aval
d’une sténose carotidienne serrée. L’aliasing est l’inconvénient
principal de cette technique et nous en donnerons des illustra-
L’utilisation d’un mode « duplex » permet enfin de présenter
sur la même image vidéo, à la fois, l’image Doppler couleur
superposée à l’image échographique conventionnelle et le
spectre temporel du signal Doppler (Fig. 11). De cette façon, il
est aisé, dans un premier temps, de repérer sur l’image échogra-
phique, à l’aide d’un index surbrillant, la position exacte du
prélèvement des vitesses dans le vaisseau. Dans un second
temps, il est possible de mesurer, à la fois, la vitesse moyenne
d’écoulement du sang (à condition que la fenêtre Doppler de
prélèvement se superpose au diamètre du vaisseau) sur le spectre
et la section du vaisseau sur l’image échographique, et donc
d’en déduire le débit.
■ Imagerie Doppler puissance
[4, 5]
« couleur » des écoulements mais, cette fois, reflétant la
puissance ultrasonore diffusée par le sang en mouvement
contenu dans la tranche de tissu explorée. La puissance Doppler
est calculée par intégration des spectres Doppler obtenus en
temps réel, par transformée de Fourier du signal (Fig. 12) pour
multiligne multiporte. La puissance ultrasonore diffusée qui
dépend, à la fois, de la taille des globules rouges et de leurs
agrégats, de la concentration du sang en éléments figurés, et de
la fréquence de l’onde ultrasonore émise par la sonde, est codée
par l’intensité de la couleur « orange ». À l’aide de ce mode
Doppler, la lumière vasculaire est parfaitement visualisée grâce
à la présence des globules rouges en mouvement, même pour
les flux lents. Mais ce n’est pas la vitesse de déplacement du
sang qui est codée en couleur, c’est la puissance ultrasonore
diffusée par les globules rouges. Comparativement à l’imagerie
Doppler couleur, le Doppler puissance offre plusieurs avantages :
l’absence d’aliasing, la très faible dépendance vis-à-vis de l’angle
d’incidence, une meilleure sensibilité pour les faibles écoule-
ments, et une bonne résolution spatiale. Un inconvénient
intrinsèque à cette technique est l’absence de codage de la
direction du flux bien que certains appareils pallient actuelle-
ment cette difficulté. Un exemple d’image Doppler puissance
normale est donné par la Figure 13.
■ Imagerie Doppler tissulaire
L’imagerie Doppler tissulaire utilise aussi l’effet Doppler pour
visualiser l’image des tissus en mouvement. Cette technique est
essentiellement appliquée au cœur de façon à pouvoir mettre en
évidence des déplacements du myocarde par rapport à la
sonde [7, 8]. Le codage couleur est identique au codage habituel-
lement utilisé pour visualiser l’écoulement du sang. Les régions
myocardiques se déplaçant vers la sonde, entraînant donc des
fréquences Doppler positives, sont présentées en rouge, et celles
se déplaçant en sens inverse, entraînant des fréquences négati-
ves, sont représentées en bleu (Fig. 14). L’image obtenue est
5
 35-003-C-10 ¶ Principes et techniques de l’échographie Doppler

Fréquence Fréquence
Fréquence Doppler

Fréquence Doppler
Énergie Énergie

Temps Temps

A B
Figure 8. Exemple de spectrogramme pour deux types d’écoulement différents.
A. Écoulement de Poiseuille (distribution des vitesses paraboliques dans l’écoulement) pour lequel la distribution des fréquences Doppler (ou vitesses) est
homogène entre la fréquence nulle et la fréquence maximale
B. Écoulement bouchon (distribution des vitesses aplaties dans l’écoulement) pour lequel la distribution des fréquences Doppler est étroite autour de la vitesse
moyenne (d’après Dauzat [6]).

donc une image des fréquences Doppler. Cette technique est
bien adaptée pour mettre en évidence des mouvements para-
doxaux du myocarde.
Pour être complet, on peut enfin souligner qu’à côté de la
mise en évidence de mouvements tissulaires spontanés par effet
Doppler comme on vient de le voir précédemment, il existe une
technique, la sonoélastographie [9], qui permet de mettre en
évidence, également par effet Doppler tissulaire, l’existence de
différences significatives des propriétés mécaniques de certains
tissus mous par l’application de contraintes extérieures puis la
mesure de déplacements dynamiques. Dans ce cas, l’image
obtenue est celle du paramètre mécanique « coefficient d’élasti-
cité » du tissu.
■ Difficultés, limites et artefacts
Comme nous avons pu le souligner plus haut, l’utilisation des
techniques échodoppler est à la source de plusieurs difficultés et
pièges qui doivent être surmontés par l’opérateur
compétent [10-12].
Incompatibilité imagerie
conventionnelle-imagerie Doppler couleur
Les modes « duplex », imagerie échographique convention-
nelle couplée à l’imagerie Doppler couleur, ne peuvent pas être
obtenus simultanément avec la précision maximale. En effet, on
a vu qu’une bonne précision dans la mesure des vitesses par
effet Doppler nécessite un angle d’incidence h par rapport à
l’écoulement égal à 0 alors que pour visualiser correctement les
parois vasculaires l’angle doit être de 90°. L’acquisition simulta-
née échographie/Doppler nécessite donc d’adopter un compro-
mis sur l’angle d’incidence qui, en général, est de l’ordre de 30°.
Moyenne spatiale des vitesses
Ensuite, et pour faire simple, il faut avoir à l’esprit que
chaque mesure de vitesses est une moyenne spatiale des vitesses
d’écoulement du sang dans la fenêtre Doppler dont la largeur
est réglée par l’opérateur et dans laquelle le signal est analysé.
Plus la durée de la fenêtre est courte et plus la vitesse mesurée
provient d’un petit volume localisé à l’intérieur du vaisseau. Si
on souhaite mesurer la vitesse moyenne dans toute une section
de vaisseau, il faut élargir la fenêtre et adapter sa largeur au
diamètre du vaisseau.
« Aliasing »
L’aliasing ou ambiguïté en fréquence est un artefact habituel
faisant suite à un mauvais réglage de la PRF en modes Doppler
pulsé et imagerie Doppler couleur des flux. Une PRF trop basse
donne une sous-évaluation des fréquences Doppler, et donc une
sous-évaluation des vitesses d’écoulement. Sur le spectro-
gramme, on reconnaît cet artefact par un repliement du spectre,

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1 2
A
1 2
B
Figure 9. Imagerie Doppler couleur.
A. Principe de l’acquisition multiligne multiporte du signal Doppler pour
obtenir une cartographie couleur des vitesses localisées. 1. Doppler pulsé
multiporte ; 2. Doppler pulsé multiporte et multiligne.
B. Superposition de l’image Doppler couleur (2) à l’image échographique
anatomique conventionnelle (1), ces deux images étant construites de
façon alternée.
c’est-à-dire un tronçonnage de la courbe spectrale vers les
hautes fréquences et l’apparition des composantes spectrales
ainsi perdues dans le domaine des fréquences négatives, pour
donner ainsi une image en miroir (Fig. 15A). Sur l’image
Doppler couleur, l’aliasing apparaît comme un mélange de rouge
et de bleu dans la même région anatomique, donnant une sorte
d’aspect en patchwork (Fig. 15B). Le bon réglage de la PRF,
critique pour les vitesses d’écoulement élevées du sang circulant
dans les vaisseaux situés en profondeur, doit se faire sur la
courbe spectrale en adaptant l’échelle des vitesses (axe des
ordonnées) à la vitesse maximale d’écoulement déterminée sur
le spectrogramme (cf. infra, le choix de la PRF).
Atténuation des fréquences Doppler
L’atténuation des ultrasons par les tissus lors de leur propa-
gation est aussi à l’origine d’une cause d’erreur sur la mesure des
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Principes et techniques de l’échographie Doppler ¶ 35-003-C-10
B
Figure 10.
A. Exemple d’image Doppler couleur des vaisseaux du cou superposée à
l’image échographique conventionnelle ; dans le cas présent les zones
bleues signifient que le sang se dirige vers la sonde (vers le haut) et les
zones rouges signifient que le sang s’éloigne de la sonde.
B. Exemple de turbulences en amont et en aval d’une sténose caroti-
dienne serrée (couleur verte) (cliché C. Gautier).
Figure 11. Mode « duplex » ; en haut, superposition de l’image écho-
graphique conventionnelle et de l’image Doppler couleur avec la direc-
tion du tir, la direction de l’écoulement et la fenêtre Doppler ; en bas,
spectrogramme obtenu à partir du signal contenu dans la fenêtre
Doppler.
vitesses du sang, et notamment lorsque les vaisseaux sont situés
en profondeur. Le phénomène d’atténuation des ondes acousti-
ques dépend de leurs fréquences et son importance est d’autant
plus marquée que les fréquences utilisées sont élevées. Cela
signifie que le spectre en fréquence du signal échographique, et
donc du signal Doppler, se déplace progressivement vers les
basses fréquences au fur et à mesure de la traversée des tissus
par les ultrasons. La fréquence Doppler reçue, et donc la vitesse
du sang correspondante, est de plus en plus sous-évaluée
lorsque la profondeur d’exploration augmente. Il n’est pas
possible d’éliminer cet effet, même s’il est d’importance limitée,
et sa correction n’est pas proposée actuellement.
7
 35-003-C-10 ¶ Principes et techniques de l’échographie Doppler
Signal

Temps
A
Puissance

Figure 14. Image Doppler tissulaire du cœur durant la systole ; dans la

partie haute en bleu, le myocarde s’éloigne de la sonde ; dans la partie
basse, en rouge, le myocarde se rapproche de la sonde.

Fréquence
B
Figure 12. Principe de l’imagerie Doppler puissance.
A. Spectre Doppler de puissance provenant d’un volume élémentaire
obtenu par transformée de Fourier du signal contenu dans une fenêtre
temporelle, le long d’une ligne de tir.
B. La puissance Doppler diffusée par les globules rouges contenus dans le
volume correspondant, et qui sont à l’origine du signal, est alors calculée
par intégration du spectre en fréquence (calcul de sa surface) puis codée
sur l’image Doppler puissance par l’intensité de la couleur « orange ».
L’ensemble de ces opérations est effectué pour tous les points de la coupe
anatomique à l’aide d’un balayage multiporte, multiligne, de façon à
construire une cartographie de la puissance diffusée. A

B
Figure 15. Aliasing.
Figure 13. Image Doppler puissance d’une carotide superposée à A. Repliement de la courbe spectrale.
l’image échographique conventionnelle. B. Mélange de jaune-rouge et de vert-bleu à l’intérieur d’une artère
carotide primitive sur l’image Doppler couleur.

Importance du nombre de tirs en Doppler
couleur
Une autre difficulté importante, présente au niveau de
l’imagerie Doppler couleur, est liée à la nécessité d’utiliser un
nombre élevé de tirs afin de pouvoir effectuer de nombreuses
mesures de vitesse. Toutes ces mesures sont indispensables au
calcul des vitesses moyennes et des variances des vitesses (ou
dispersion) qui sont en fin de compte codées en couleur. En
effet, d’une part, ce sont des vitesses moyennes locales, obte-
nues à la suite de plusieurs tirs, qui sont présentées en rouge ou
en bleu après avoir été calculées et, d’autre part, c’est la largeur
de la courbe de dispersion des vitesses autour de la vitesse
moyenne (calculée via l’écart-type ou la variance) qui est codée
en vert pour faire apparaître le degré de turbulences. Ce nombre
important de tirs ultrasonores, indispensable, implique une
irradiation ultrasonore non négligeable au niveau des tissus à tel
point que l’utilisation de l’imagerie Doppler couleur est forte-
ment déconseillée au cours du premier trimestre de la grossesse
sauf en cas de raisons diagnostiques majeures.

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■ Bons choix dans la pratique [10-12]
Choix du mode échodoppler
Si le mode continu doit être réservé à l’étude des vaisseaux
superficiels des membres et du cou, le mode pulsé permet
d’explorer tous les vaisseaux, superficiels et profonds. Le mode
pulsé permet, de plus, l’utilisation de l’imagerie échodoppler
couleur. En revanche, la spectrométrie Doppler peut être utilisée
aussi bien avec le mode continu que le mode pulsé.
Choix du transducteur et de sa fréquence
nominale
Le choix du transducteur est imposé par la technique choisie
(mode continu ou pulsé) et l’exploration vasculaire à effectuer
(superficielle ou profonde). On peut simplement noter qu’il
existe actuellement des sondes endovasculaires miniatures
permettant d’explorer l’intérieur des vaisseaux, même de petit
calibre, comme les artères coronaires.
D’une façon générale, on peut distinguer comme déjà vu plus
haut les appareils Doppler à émission continue dédiés à l’explo-
ration des vaisseaux des membres et du cou et les appareils
« duplex » échographie-Doppler à émission pulsée utilisés, en
plus des indications précédentes, également dans l’exploration
vasculaire viscérale. Dans le cas des appareils Doppler à émission
continue, le choix de la fréquence des ultrasons émis vise à
optimiser le rapport signal/bruit du signal Doppler. Habituelle-
ment, une sonde de fréquence 4 MHz est utilisée pour l’explo-
ration des vaisseaux proximaux des membres et des vaisseaux
du cou, et une fréquence de 8 MHz est utilisée pour l’explora-
tion des vaisseaux distaux des membres pour lesquels la vitesse
d’écoulement du sang est plus faible.
Dans le cas des appareils « duplex », le même ensemble sonde
permet actuellement de faire l’image échographique et de
recueillir le signal Doppler, à la fois des vaisseaux superficiels et
des vaisseaux profonds. Les sondes possèdent de nos jours une
gamme de fréquence de travail suffisamment large (de 3-4 MHz
à 10-12 MHz) pour explorer les deux types de vaisseaux.
Direction du tir
D’une façon générale, et comme nous l’avons déjà vu, la
direction du faisceau ultrasonore devrait être idéalement dans la
direction de l’écoulement pour favoriser l’effet Doppler mais,
dans la plupart des cas, ce n’est pas possible. Habituellement, en
mode Doppler continu la sonde crayon est inclinée d’environ
30° par rapport à la peau et en mode « duplex » utilisant un
ensemble sonde l’angle de tir peut être orienté électronique-
ment d’une valeur voisine par l’opérateur. Mais ce qu’il faut
bien avoir à l’esprit, c’est que, si en échodoppler l’angle
d’incidence est parfaitement connu, il n’en n’est rien en
Doppler continu. Dans ce cas, même si l’angle d’incidence doit
être conservé tout au long de l’exploration du vaisseau, il n’est
pas connu et il n’est pas possible la plupart du temps d’évaluer
en pratique une vitesse d’écoulement.
Choix du gain Doppler
Quel que soit le matériel utilisé, l’amplification du signal
Doppler doit être ajustée pour optimiser l’amplitude du signal
par rapport au bruit et pour l’adapter à l’échelle des vitesses. À
signaler que la même échelle des vitesses doit être utilisée
durant un même examen de façon à simplifier l’étude compa-
rative des différents tracés.
En Doppler couleur, le gain doit être réglé pour donner un
remplissage optimal des structures vasculaires mais sans que les
tissus immobiles contribuent à l’image couleur.
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Principes et techniques de l’échographie Doppler ¶ 35-003-C-10
Choix de la PRF
Dans le cas des appareils utilisant une émission pulsée, la
difficulté la plus importante est, comme déjà vu, d’éviter le
phénomène d’aliasing ou ambiguïté des vitesses. Pour cela, il
faut jouer sur la PRF ou, ce qui revient au même en pratique,
sur l’échelle des vitesses. On peut utiliser dans un premier
temps une PRF suffisamment élevée pour être sûr de mettre en
évidence correctement toutes les vitesses d’écoulement et
notamment les vitesses les plus élevées avec comme inconvé-
nient une faible amplitude du tracé, puis on diminue progres-
sivement la PRF jusqu’à ce que l’amplitude de la courbe des
vitesses d’écoulement augmente sans dépasser la valeur maxi-
male de l’échelle des vitesses.
Choix de la fenêtre Doppler
(le long de la ligne de tir)
Pour les appareils utilisant l’émission pulsée, il est possible de
régler la largeur (ou la durée) de la fenêtre Doppler qui contient
le tronçon de signal à analyser en fréquence, fenêtre visualisée
sous la forme d’un double index surbrillant. Lorsque la largeur
de la fenêtre est ajustée à la largeur du vaisseau, le résultat
obtenu est la fréquence Doppler moyenne sur la largeur du
vaisseau, et donc la vitesse moyenne sur sa section. Il est parfois
intéressant, voire indispensable, de réduire la largeur de la
fenêtre comme dans le cas des sténoses serrées. La fréquence
Doppler obtenue est alors la fréquence moyenne sur la fenêtre
Doppler, positionnée au niveau de la sténose.
Choix de la zone couleur (sur l’image)
En échographie Doppler couleur, la région permettant de
visualiser l’écoulement en couleur (ou région d’intérêt) est
délimitée géométriquement dans l’image échographique
conventionnelle par un tracé surbrillant. Cette zone doit avoir
une taille limitée à la région d’intérêt car une zone de trop
grande dimension serait au détriment de la fréquence image.
■ Mesures pouvant être effectuées
grâce à l’échodoppler [4]
Les explorations Doppler permettent de quantifier un certain
nombre de paramètres hémodynamiques utiles au diagnostic.
Mesures de vitesses
La mesure de la fréquence Doppler permet de connaître la
vitesse d’écoulement du sang à partir du moment où l’angle que
fait le faisceau d’ultrasons avec la direction de l’écoulement est
parfaitement connu. En mode continu, nous avons vu que
l’angle d’incidence devait être conservé tout au long de l’explo-
ration du vaisseau, et la courbe fournie par l’appareil est relative
ne donnant pas, dans la quasi-totalité des cas, la vitesse absolue
de déplacement du sang. En effet, l’angle d’incidence est dans
le cas présent difficile à déterminer correctement, sauf si
l’opérateur est capable d’aligner correctement la direction du
faisceau d’ultrasons avec la direction de l’écoulement, comme
par exemple lors de mesures de vitesses intracardiaques. En
revanche, l’association Doppler pulsé-imagerie échographique
conventionnelle permet d’atteindre beaucoup plus facilement la
mesure de cet angle d’incidence. L’angle h = 0° donnerait une
précision maximale sur la vitesse mesurée mais, en pratique, il
ne peut pas être utilisé en Doppler vasculaire car le faisceau
ultrasonore n’est jamais dans la direction de l’écoulement.
Chacun s’accorde à dire alors qu’un angle de 30° est optimal
pour obtenir une mesure de vitesse du sang dans les vaisseaux
avec une précision acceptable.
Estimation des débits
Le calcul du débit sanguin à travers une section de vaisseau
peut être effectué à l’aide de l’équation de continuité, débit
9
 35-003-C-10 ¶ Principes et techniques de l’échographie Doppler

= vitesse moyenne du sang sur une section × section du particulier les améliorations technologiques qui pourraient être
vaisseau, la section étant donnée par p r2, avec r le rayon du apportées si ce n’est dans le domaine de la miniaturisation des
vaisseau considéré comme circulaire. La précision sur l’estima- sondes.
tion du débit dépend de la précision sur la mesure de la vitesse
moyenne et sur celle de la section, c’est-à-dire, celle sur le
rayon.
Conflit d’intérêt : aucun

Mesure des gradients de pression

intracardiaque [13, 14] Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright
peut donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré.
L’échographie Doppler est capable de réaliser des mesures de
vitesses intracardiaques qui permettent d’estimer certains .

gradients de pression au niveau des orifices valvulaires cardia-

ques, notamment dans le cas de sténose mitrale. D’une façon ■ Références
générale, la mesure des vitesses au niveau de deux sections
droites 1 et 2 d’un flux sanguin, V1 et V2, permet d’atteindre la [1]
différence de pression DP entre ces deux sections à l’aide de la
[2]
relation de Bernouilli, DP = (1/2) q (V12 – V22) où q est la masse
volumique du sang.
[3]
À l’intérieur du cœur, la mesure du gradient de pression
transmitral maximal est effectuée par Doppler continu à l’aide
d’une sonde Pedoff, en utilisant la relation de Bernouilli [4]
simplifiée DP = 4 VMax2, et non pas par Doppler pulsé, car les
vitesses en jeu sont parfois trop élevées pour utiliser le mode [5]
pulsé et parce qu’il est la plupart du temps possible dans ce cas
d’aligner la direction du faisceau ultrasonore avec celle de [6]
l’écoulement. Le gradient transmitral moyen est obtenu, quant
à lui, par planimétrie du flux Doppler sur la courbe des vitesses. [7]
[8]
Christian J. Doppler and his effect – A brief History DN White.
Ultrasound Med Biol 1982;8:583-91.
Pourcelot L. Nouveau débitmètre sanguin à effet Doppler. 1st Interna-
tional Congress on ultrasonic diagnostic in medicine, Vienna, 1969.
Peronneau P, Leger F. Doppler Ultrasonic pulsed blood flowmeter.
Proceedings of 8th International Conference Medical and Biological
Engineering, Chicago, 1969.
Szabo TL. Diagnostic ultrasound imaging: inside out. New York:
Academic Press; 2004.
Gibbs V, Cole D, Sassano A. Ultrasound physics and technology.
London: Churchill Livingstone; 2009.
Dauzat M. Ultrasonographie vasculaire diagnostique. Théorie et Pra-
tique. Paris: Vigot; 1991.
Melki P, Hélénon O, Cornud F, Attlan E. Echo-doppler vasculaire et
viscéral. Paris: Masson; 2005.
Veyrat C, Pellerin D, Larrazef F. Imagerie tissulaire du myocarde :

■ Conclusion
[9]
Les techniques échodoppler mises actuellement à la disposi- [10]
tion des médecins sont essentiellement des techniques d’explo-
ration cardiovasculaire de première intention, car simples à [11]
utiliser, non traumatiques, peu onéreuses et pouvant apporter
des éléments diagnostiques précieux. Cependant, les utilisateurs [12]
doivent être correctement formés et connaître les principes
physiques et techniques de ces méthodes ainsi que leurs limites. [13]
Il semble difficile actuellement de prévoir leur avenir et en [14]
présent et avenir. Arch Mal Coeur Vaiss 1997;90:1391-402.
Fink M, Sinkus R, Tanter M. L’élasticité en image et la palpation
revisitée. Pour la Science, Décembre 2005.
Huck K. Précis d’échographie Doppler et Duplex. Paris: Maloine;
2007.
Myers KA, Clough A. Comprendre l’Echo-Doppler vasculaire. Paris:
Masson; 2007.
Allan P, Dubbins P, Pozniak M, McDicken M. L’échodoppler en pra-
tique clinique. Paris: Elsevier; 2008.
Klimczak C. Echocardiographie clinique. Paris: Masson; 2006.
Flachskamps FA. Précis d’échocardiographie. Paris: Maloine; 2007.

M. Boynard (michel.boynard@parisdescartes.fr).
MAP5, Université Paris Descartes, 45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France.
Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Boynard M. Principes et techniques de l’échographie Doppler. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection, 35-003-C-10, 2011.

Disponibles sur www.em-consulte.com

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