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Les premiers pas des cours régionales des comptes

Cass de la CRC de Fès


MADANI Ahmiddouch
Professeur à la faculté de droit Fès

Dans le domaine de la recherche universitaire, peu de travaux ont porté sur les finances locales et
plus précisément la problématique de leur contrôle à posteriori surtout au Maroc puisque la création des
cours régionales des comptes vient d'être mise en place (2003)
Historiquement les institutions supérieures de contrôle procèdent constamment à l'aménagement
progressif de leurs structures centralisées au bénéfice de l'orientation et de l'adaptation de leur contrôle
avec les exigences de la décentralisation qui fait de la région de moteurs de tout développement
économique et social.

l'exemple de l'expérience Marocaine en matière de contrôle supérieur finances locales est


intéressante malgré sa jeunesse puisque le processus de décentralisation inauguré par la loi numéro 62-99
formant le code des juridictions financières implique d'une part l'instauration des C R C et détermine ses
compétences; des pouvoirs et des moyens de financement des collectivités locales, d'autre part la
suppression des tutelles administratives et financières pesant sur la libre administration de ces
collectivités.
Dans ce contexte nouveau, la création des cours régionales des comptes implantées dans chaque
région répond au besoin d'instituer un dispositif de contrôle des finances locales adapté aux nouvelles
responsabilités confiées aux collectivités locales.
Les nouvelles cours régionales des comptes se voient confier, par la loi 62-99 qui les crée, trois
missions principales :
- juger les comptes des collectivités locales et établissements publics locaux en se substituant suivant
les cas à la cour des comptes ou I'apurement administratif; ces jugement peuvent être contestes par
la voie de l'appel devant la cour des comptes.
- veiller au bon emploi des crédits de ces collectivités et établissements et, le cas échéant, vérifier les
comptes des organismes de droit privé auxquels ils apportent un concours financier ou dont ils
contrôlent la majorité du capital.
- participer à l'exercice du contrôle budgétaire destine à remplacer les pouvoirs de tutelle budgétaire
détenus par les préfets avant la décentralisation.

I- Le modèle Français des CRC


Par ailleurs , l'expérience française est encore plus originelle. En effet, si la cour des comptes
française tire son origine lointaine des chambres des comptes qui existaient sous l'ancien régime dont
l'étude est riche en enseignement utiles, les chambres régionales des comptes ne « doivent pas être
considères comme des copies plus ou moins fidèles des anciennes chambres des comptes; Elles sont la
conséquence logique du large mouvement de décentralisation amorce par la loi du 2 mars 1982.
L'importance de cette réforme réside dans les éléments essentielles suivants:
- l'autonomie totale telle qu'elle est préconisée par les collectivités locales depuis longtemps ne
saurait s'exercer sans aucun contrôle. Les CRC sont chargées de remplacer en partie le contrôle budgétaire
de l'ancienne tutelle et de solenniser le contrôle a posteriori des comptes de ces collectivités, dans le
respect de libre administration.
Désormais les actes des collectivités locales sont soumis à un double contrôle: du contrôle du juge
administratif et celui du juge des comptes; Néanmoins, c'est ce dernier contrôle qui constitue une
importante innovation juridique.
-Le renforcement et l'élargissement du contrôle sur les comptes des collectivités locales les moins
et les plus importants opères autrefois respectivement par le trésorier payeur Général par la cour des
comptes.
- assurer la liaison avec la cour de discipline budgétaire et financière en déférent les agents des
collectivités locales, autre que les maires, les présidents de conseils généraux commettant des infractions
en la matière, devant cette juridiction.
- Opérer le contrôle de gestion sur le plan régional de ton assurance publicité dont le rapport annuel
de la Cour des comptes.
- Sur cette base, l'accomplissement de ces diverses fonctions exige que l'indépendance et
l'impartialité soient garanties ou juge des comptes l'organisation des CRC et le statut de leurs membres
sont inspirés de cette préoccupation.
Mais depuis la loi du 2 mars 1982, de nombreuses rectifications sont intervenues, les attributions
des chambres régionales des comptes sont étendues et préciser dans de nombreuses domaines ces
modifications ont permis aux CRC de trouver leur style d'intervention.

En décembre 1994, une codification des textes concernant des juridictions financières et intervenues
sous forme d'une première loi du 2 décembre 1994 relative à la partie législative des livres I et II du code
des juridictions financières. Cette codification ne modifie pas le droit en vigueur jusque-là.
Cette loi comporte des dispositions spécifiques concernant la Nouvelle Calédonie et à Polynésie
française. Mais son article 1 donne valeur législative au code qui lui est annexé.

Une seconde loi du 21 décembre 2001 qui a apportée des modifications importantes, avec par
exemple la fin de la sanction absolue que représentait l'inéligibilité, était tout à fait venues.
Les CRC sont au nombre de 25 , a raison d' une chambre par région. Leur création permet de
combler trois lacunes essentielles liées à la nature de la gestion effectuée par les collectivités locales et par
l'ampleur du, contrôle opéré par la cour des comptes.

1- Le contrôle budgétaire

il se substitue partiellement à l'ancienne tutelle tout en laissant au préfet, devenu commissaire de la


république, le soin de régler le budget des collectivités locales et leurs regroupements. La confiance
devient le principe, la défiance l'exception.
A cet égard l'approbation préalable, et le pouvoir de substitution sont remplacés pur un contrôle de
légalité provoque par le commissaire de la république ou par toute personne y ayant intérêt .
La chambre peul intervenir dans quatre cas:
-Budget vole en déséquilibre
-Budget non vote dans le délais
-Compte administratif adopte en déséquilibre
-Refus d'inscription d'une dépense obligatoire
Dans ces quatre cas, le représentant de l'État ne peut régler le budget qu'après avoir pris l'avis de ln
CRC.
Juridiquement celle-ci ne prononce pas un jugement bien que l'avis soit rendu en forme quasi-
juridictionnelle. Il n y'a donc pas possibilité de faire appel devant la cour des comptes comme en matière
de jugement des comptes a posteriori.
Toutefois, cet avis peut être attaque devant le tribunal administratif dans les cas suivants :
- Si la chambre se déclare incompétence
- Si elle estime qu'il n'y'a pas déséquilibre du budget ou que les comptes ne sont pas arrêtés
déficit.
- Si elle déclare qu'une dépense n'est pas obligatoire.
- Si elle estime suffisantes les mesures de redressements votées par l'assemblée délibérante.

2- Le contrôle juridictionnel des comptes


L'une des originalités du droit budgétaire français réside dans ce contrôle qui confie à la CRC, selon
les mêmes principes et règles régissant les fonctions juridictionnelles de la cour des comptes, le jugement
des comptes des comptables publics de collectivités locales et des établissements publics locaux de leur
ressort et des comptables de faits de ces mêmes collectivités et établissements.
Ce contrôle s'étend à un total d'environ 83000 comptabilités, soit environ une moyenne par CRC de
300 à 4000 comptabilités de nature et de taille diverses.
Par ailleurs, la loi de 1982 sur la décentralisation précise que les CRC jugent en premier ressort et
que la cour des comptes statue en appel.
Ainsi, par l'introduction de ces nouveaux principes de voies de recours, le le jugement des comptes
des collectivités locales est établissement public se trouve désormais « doté d'un système complet à 3
niveaux : première instance, appel et cassation. C'est la conséquence de l'indépendance accordée à ces
organismes. Toutes les garanties juridictionnelles leur sont ainsi donnés selon une procédure parallèle à
celle des tribunaux judiciaires. »

3- Le contrôle de gestion
Il est opéré sur toutes les gestions des collectivités locales et sur celles des établissements publics
locaux rattachés à la CRC, selon les mêmes principes règles régissant le contrôle de gestion tel qu'il est
effectué par la Cour des comptes.
Il s'agit d'un pour voir entièrement nouveau, car jusqu'à la création des CRC, la Cour des comptes
ne s'adressait jamais à un maire ou à un président de conseil régional.
C'est la décentralisation qui en renforçant la position des CRC a permis à celle-ci de communiquer
directement avec les élus. Désormais, les CRC dispose d'un droit de remontrance à leur égard en revanche
les élus locaux se trouvent obligés d'apprendre ce qui est reproché à leur gestion.
Par ailleurs, à l'instar de l'expérience française plusieurs facteurs ont poussé en faveur de la
décentralisation de la Cour des comptes au Maroc. Une décentralisation concrétisée par la mise en place
des CRC qui vont donner leur propre force de développement, de perfectionnement et de diffusion des
techniques et usages de contrôle dans le cadre régional.

II- Installation des CRC au Maroc


Tout en inspirant du modèle français , celle-ci se trouve. par conséquent, bien adaptée à la
conception des CRC qui seront installées dans les 16 régions sur la réalisation et l'aménagement de
l'espace à raison d’une cour par région
Conformément aux disposition de l'article 98 de la constitution Marocaine révisé en J996 , les
cours régionales des comptes sont chargées d'assurer le contrôle des comptes et de la gestion des
collectivités locales et de leur groupement.
Les CRC sont provisoirement au nombre de 9, leur création permet de combler dans la limite de
leur ressort les taches suivants:
- juger les comptes et contrôler des collectivités locales, leur groupement et des établissements
publics relevant de la tutelle de ces collectivités et groupements.
- contrôler la gestion des entreprises concessionnaires ou gérantes d'un service public local et
des sociétés et entreprises dans lesquelles des collectivités locales, des groupement publics, des
établissements publics relevant de la tutelle de ces collectivités et groupements possèdent,
séparément ou conjointement, directement ou indirectement, une participation majoritaire au capital ou
un pouvoir prépondérant de décision.
- contrôler l'emploi des fonds publics reçus par des entreprises, autre que celles citées ci-
dessus, des associations, ou tout autre organismes bénéficiant d'une participation au capital ou d'un
concours quelles que soit sa forme de la part d'une collectivité locale. d'un groupement ou de tout autre
organisme soumis au contrôle de la cour régional.
- Exercer un fonction juridictionnelle en matière de discipline budgétaire et financière à l'égard
de tout responsable. tout fonctionnaire ou agent :
*des collectivités locales et de leur groupements;
*des établissements publics relevant de la tutelle de ces collectivités et groupements;
*de toutes sociétés ou entreprise dans lesquelles des collectivités locales ou des groupements
possèdent séparément ou conjointement, directement ou indirectement une participation majoritaire au
capital ou un pouvoir prépondérant de décision.
Le wali et le gouverneur sont soumis à la juridiction de la cour régional des comptes lorsqu’ils
agissent en tant qu'ordonnateur d'une collectivité locale ou d'un groupement
- concourt au contrôle des actes relatifs à l'exécution des budgets des collectivités locales et de
leur groupement.
A cet égard, les CRC sont compétentes. à l'instar du modèle français, en matière de contrôle des
divers comptes et gestion rattachés à la région et ce quelques soit leur étendue ou leur nature.

III- Les premiers pas de ln CRC de Fès


En effet, et en dépit de l'installation de 9 cours des comptes depuis la fin du premier semestre 2004
et ce, conformément aux dispositions du décret n° 2-02-701 du 29 janvier 2003 . ce n'est que la clôture de
l’exercice comptable des collectivités locales du royaume pour la gestion budgétaire 2004 hé et production
des comptes de gestion y afférents qui amorcera une investiture annoncée et mettra à l'épreuve le rôle de
ces cours le tissu institutionnel au niveau local.
Au terme de l'article 119 de la loi numéro 62- 99 formons un code des juridictions financières, la
cour régionale des comptes de Fès se compose de 13 magistrats.
Et conformément au décret numéro 2-02-701 du 29 janvier 2003 le ressort territorial de la CRC de
Fès est constitué de 2 régions :

1- La région de Fès- Boulmane Men qui comprend :


- Préfecture de Fès
- Province de Moulay Yaacoub
- Province de Sefrou
- Province de boulmane

2- La région de Meknès -Tafilalt qui comprend:


- Préfecture de Meknès
- Province d El Hajeb
- Province d' Ifrane
- Province d'Errachidia
- Province de Khénifra

*Les organismes soumis au contrôle de la CRC de Fès sont:


I- collectivités locales
1- Région de Fès - Boulmane
a- Région de Fès -Boulmane (conseil régional)
b- Préfecture de Fès qui comprend:
- Conseil préfectoral de Fès
- Commune urbaine de Fès 2 et six arr0ndissements urbains
- Commune de Mechouar Fès Jdid
- Trois communes rurales
c- Province de Moulay Yacoub qui comprend:
- Conseil provincial de Moulay Yacoub
- Commune urbaine Moulay Yacoub
- dix communes rurales

d- Province de Séfrou qui comprend:


- Conseil provincial de Séfrou
- Commune urbaine d' l’Inouzzer Kandar
- Commune urbaine de Séfrou
- Commune urbaine de Bhalil
- Commune urbaine de Ribat El kheir
- Commune urbaine d Elmanzel
- 18 Commune rurales
2- Région de Meknès - Tafilalt
a- Région Meknès-Tafilalt qui comprend le conseil régional
b- Préfecture de Meknès qui comprend :
-Conseil préfectoral de Meknès •
-Commune urbaine de Meknès
-Commune urbaine de Ouisslane
-Commune urbaine de Toulal
-Commune urbaine de Moulay Driss Zarhoune
-Commune urbaine de Boufekrane
-17 Commune rurales
c- Province d'Elhajab qui comprend :
-conseil préfectoral de d' Elhajeb
Commune urbaine d Elhajeb
-Commune urbaine d’agouray
-commune urbaine de Taoujtate
-Commune urbaine de Sbaayoune
-12 Commune rurales

d- Province d' lfrane qui comprend:


-conseil préfectoral d'Ifrane
Commune urbaine d'Ifrane
-Commune urbaine d'Azrou
Commune urbaine rurale

e- Province d'Errachidia qui comprend:


-conseil préfectoral d'Erroch1dia
-Commune urbaine d'Errachidia
-Commune urbaine de Boudnib
-Commune urbaine d'Erfoud
- Commune urbaine de Jorf
- Commune urbaine de Rich
- Commune urbaine de My Ali Shrif
- Commune urbaine de Goilmima
- 40 Commune rurales

f- Province de khénifra qui comprend :


- Conseil préfectoral de Khénifra
- Commune urbaine de Khénifra
- Commune urbaine Mrirt
- Commune urbaine de Midelt
- 35 Commune rurales

II- Les sociétés ou les entreprises dont les collectivités locales ou leurs groupement ont une
participation au capital.
-Région de Fès-Boulmane qui comprend
+Société de Moulay Yacoub
+Société de la gare routière
IV- Les comptables publics soumis au contrôle de la CRC de Fès
1- Région de Fès-Boulmane
La circonscription financière de Fès qui comprend:
- Recette communale de Fès
- Perception de My Yacoub
- Perception Mariniyene.
b- Circonscription financière de Séfrou qui comprend:
-Recette communale de Séfrou
-Perception de Sefrou
- Perception Ribat EL KHeir
c- Circonscription financière de Boulmane qui comprend:
- Perception de Missour
- Perception de Outat EL Haj
- Perception Boulmane
2- Région de Meknès-Tfilalt
a- Circonscription financière de Meknès qui comprend :
- Recette communale de Meknès
- Perception de Meknès
- Perception de Toulal
- Perception MY Driss Zarhoune
- Perception Boufakrane

b- Circonscription financière d’Elhajab qui comprend:

- Perception d’Elhajab
- Perception d’Agouray
- Perception d’Ain Taoujtate

c- Circonscription financière d’Ifrane qui comprend:


- Perception d'lfrane
- Perception d’Azrou

d- Circonscription financière d’Errachidia qui comprend :


- Perception d'Errachidia
- Perception d'Erfoud
- Perception Rich
- Perception de Goulmima

e- Circonscription financière de Khénifra qui comprend :


- Recette communale de Khénifra
- Perception Recette communale de Mrirt
-Perception Recette communale de D'Elkbab
-Perception Recette communale de Midlte
V- Les groupements des collectivités locales
3- Syndicats intercommunales relevant de le région de Meknès-Tafilalt et rattachés à la province
d'Ifrane :

-Syndicat intercommunale Al Wahda


- Syndicat intercommunale Atlas
- Syndicat intercommunale Attanmia
- Syndicat intercommunale Arz

VI- Les établissements publics relevant de la tutelle de collectivités locales


1- Région de Fès-Boulmane
+La régi autonome de distribution d’Eau et d'électricité de Fès (RADEEF)
+La régi autonome des transports de Fès (RATF)
2- Région de Meknès-Tftlalt
+ La régi autonome de distribution d’Eau et d'électricité de Meknès (RADEEM)
+La régi autonome des transports de Meknès (RATUM)

VII- Les entreprises concessionnaires ou gérantes d'un service public


1- Région de Fès-Boulmane
+La collecte des ordures qui comprend :
- G.M.S
- Y.N.O.X
+Le traitement des ordures
-EDGE.BORO
2- Région de Meknès-Tafilalt qui comprend :
+La collecte des ordures :
-S.E.G.E.D.E.M.A
-Le transport urbain

Il convient de dire à cet égard que le champ du contrôle de la CRC de Fès est étendu par contre les
moyens qui sont mises à la disponibilité sont insuffisantes ce qui a évoqué une faiblesse du rendement du
contrôle opéré par la cour depuis sa création jusqu'au aujourd'hui.
Le succès des CRC dépend des moyens matériels qui seront accordés aux nouvelles institutions, de
l'efficacité et de l'indépendance des hommes qui ont assureront la bonne marche, mais aussi de
l'acceptation par tous, élu et citoyen, du rôle que la loi leur fixé, mais il est indispensable d'instaurer et
d'installer les 7 CRC restons dans les délais les plus proches pour que les fonction des CRC devront
s'exercer au niveau de chaque région afin d'avoir une expérience marocaine des CRC déterminées.
En définitive la CRC de Fès n'a pas pu réaliser ses missions comme il faut à cause du manque des
ressources humaines et l'insuffisance des moyens matériels et financières affectés à la CRC de Fès, en
signalant ici que le contrôle de gestion n’a concerné que le ¼ des communes urbaines. Le ¼ des
communes rurales, un conseil régional, une mairie, deux provinces et un syndicat ces indices permettent
d'affirmer que les cours régionales des comptes en générale n'ont pas actuellement en mesure d'accomplir
efficacement leurs fonctions.
Il est bien apparu que le chemin des CRC ne sera pas un fleuve tranquille ce qui nécessite la
consolidation de ces jeunes CRC pour qu'elles puissent trouver leur style d'intervention et contribuer au
processus de la démocratie locale.

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