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LES NANOTUBES 3 Nanotubes de carbone

DE CARBONE :
3 Nanomatériaux
3 Toxicité
3 Exposition professionnelle

QUELS RISQUES,
3 Mesure de prévention

QUELLE PRÉVENTION ?
h Myriam RICAUD
INRS, département Expertise et conseil technique

h Dominique LAFON, Frédérique ROOS


INRS, département Etudes et assistance médicales

Les nanotubes de carbone suscitent un intérêt considérable dans le monde de la recherche, comme CARBON NANOTUBES -
dans celui de l’industrie, compte tenu de leurs propriétés intrinsèques exceptionnelles et de leurs WHAT RISKS, WHAT PREVENTION?
caractéristiques dimensionnelles. Bien que leur existence soit déjà connue du grand public en raison
des multiples applications prometteuses, les dangers pour la santé des nanotubes de carbone n’ont Carbon nanotubes are arousing considerable
été que peu étudiés. Les publications existantes, parfois extrêmement sommaires, ne dévoilent que interest in both the research world and
des données insuffisantes pour évaluer les risques encourus suite à une exposition aux nanotubes industry because of their exceptional intrinsic
de carbone. Or, compte tenu de l’engouement suscité par ces nouvelles substances chimiques, le properties and dimensional characteristics.
nombre de travailleurs exposés devrait s’accentuer au cours des prochaines années. Il s’avère donc Health risks of nanotubes have been little
nécessaire de faire un point sur les caractéristiques et les applications des nanotubes de carbone, sur studied, although the general public is already
les connaissances toxicologiques actuelles et sur les moyens de prévention à mettre en œuvre lors de aware of their existence on account of their
leur manipulation. Il est recommandé, jusqu’à ce que l’importance des expositions professionnelles numerous promising applications. Existing,
et les risques sur la santé humaine correspondants soient mieux connus et évalués, d’appliquer le sometimes extremely brief, publications
principe de précaution et de rechercher le niveau d’exposition le plus bas possible. only reveal insufficient data for assessing
risks sustained due to carbon nanotube
exposure. Yet, the great interest aroused by
these new chemicals would indicate strongly

À
that the number of exposed workers will
l’état naturel, le carbone existe tallisé. Ces structures particulières, de increase over the coming years. It therefore
sous deux formes cristallines, diamètre nanométrique et de longueur appears essential to review not only the
le graphite et le diamant. En micrométrique, seront nommées par la characteristics and applications of carbon
1985, R. Smalley, R. Curl et suite nanotubes de carbone. Ils consti- nanotubes, but also the prevention means
H. Kroto ont découvert une nouvelle tueront, avec les fullerènes, la troisième to be implemented during their handling.
forme d’organisation du carbone, la variété allotropique du carbone comme We recommend application of the principle
molécule C60, qui comprend 60 ­atomes représenté sur la Figure 1. of precaution and measures to keep the
de carbone disposés aux sommets d’un exposure level as low as possible until the
polyèdre régulier dont les facettes sont Figure 1 significance of occupational exposure and
des hexagones et des pentagones à Les différentes variétés allotropiques the corresponding human health risks are
l’image d’un ballon de football. Cette du carbone better known and have been assessed.
molécule, en forme de cage fermée, est Various allotropic forms of carbon
la plus étudiée de la famille des fullerè-
nes qui peuvent contenir de 28 à plus de
100 atomes de carbone.

En 1991, S. Iijima a observé en


microscopie électronique un sous-pro-
duit de la synthèse des fullerènes qui se 3 Carbon nanotubes
présentait comme un dépôt noirâtre, dur 3 Nanomaterials
et filamenteux. Ce dépôt s’est avéré être 3 Toxicity
constitué de tubes creux, fermés à leurs 3 Occupational exposure
extrémités et composés de carbone cris- 3 Prevention measure

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Définition et structure des nanotubes de carbone sont exclusifs Figure 2
et s’obtiennent par des conditions de Les différents modes d’enroulement des
synthèse radicalement différentes. nanotubes de carbone
Un nanotube de carbone est com- Different carbon nanotube configurations
posé d’un ou plusieurs feuillets de gra-
phène (i.e. plan graphitique dans lequel
les atomes de carbone sont organisés
selon un réseau hexagonal à l’image
Fabrication, propriétés
d’un nid d’abeilles) enroulés, suivant et applications
un rayon de courbure nanométrique, de
façon à ­former une structure cylindri-
que. L’angle d’enroulement du feuillet
de graphène, appelé hélicité (θ), fixe la Les méthodes de synthèse
structure du nanotube. Cet angle varie
de 0 à 30° compte tenu de la symétrie Il existe deux grandes familles de
a. θ = 30°, chaise.
du réseau hexagonal et permet de clas- méthodes pour l’élaboration des nano- b. θ = 0°, zig-zag.
ser toutes les configurations possibles tubes de carbone [1] : c. 0° < θ < 30°, chirale.
en trois catégories appelées « chaise »,
« zig-zag » et « chirale » (cf. Figure 2). 9 La première voie, nommée voie de Figure 3
synthèse à haute température, ­consiste Faisceau de nanotubes de carbone
Il existe deux types de nanotubes à sublimer le carbone graphite et à le mono-feuillet
de carbone : condenser dans une enceinte mise sous Bundle of single-wall carbon nanotubes
atmosphère inerte (sous hélium ou
1 les nanotubes de carbone mono- argon) et dans laquelle règne une tem-
feuillet nommés également mono-paroi pérature élevée (le graphite se sublime à
ou mono-couche (single-wall carbon une température de 3 200°C). Les diffé-
nanotubes - SWNT) sont constitués d’un rentes méthodes utilisant ce principe se
feuillet de graphène enroulé sur lui- distinguent par le procédé de sublima-
même et qui peut être fermé à ses deux tion du graphite mis en œuvre :
extrémités par une demi-molécule de
fullerène (extrémités coniques, polygo- Arc électrique
nales ou sphériques). Les nanotubes de
carbone mono-feuillet se regroupent lors Dans le procédé de Krätschmer
d = diamètre moyen des tubes
de leur synthèse sous forme de fagots, et Huffmann, historiquement utilisé
aussi appelés faisceaux, à la manière par S. Iijima, un arc électrique est éta- Figure 4
des cordes. Dans chaque faisceau, les bli entre deux électrodes de graphite. Nanotubes de carbone multi-feuillets
tubes s’empilent de façon compacte et L’anode se consume pour former un Multi-wall carbon nanotubes
constituent un arrangement périodi- plasma dont la température peut attein-
que de symétrie triangulaire comme dre 6 000°C. Ce plasma se condense
schématisé sur la Figure 3. Leur nombre sur l’autre électrode, la cathode, en un
peut atteindre plusieurs dizaines dans dépôt caoutchouteux et filamenteux,
un faisceau ; évoquant une toile d’araignée très dense
1 les nanotubes de carbone multi- et ­contenant les nanotubes. Ce procédé
a. Formé de feuillets de graphène
feuillets également appelés multi-parois est simple et peu coûteux mais les pro- arrangés en cylindres concentriques.
ou multi-couches (multi-wall carbon cessus qui se déroulent lors de la syn- b. C onstitué d’un feuillet de graphène
nanotubes - MWNT) sont constitués de thèse sont complexes, ce qui rend délicat enroulé en spirale.
plusieurs feuillets de graphène (de 2 à leur contrôle et leur étude in situ. a. C omposed of graphene sheets
arranged in concentric cylinders.
50) enroulés les uns autour des autres. b. C omposed of a single graphene sheet
Deux configurations différentes, basées Ablation laser rolled over itself.
soit sur un emboîtement de feuillets de
graphène arrangés en cylindres concen- Cette technique, développée initia-
triques dit en « poupées russes », soit lement par le groupe de R. Smalley à ce qui rend possible l’étude des condi-
sur l’enroulement d’un unique feuillet de l’Université de Houston (USA), consiste tions de synthèse et leur modélisation.
graphène en spirale dit en « parchemin », à bombarder une cible de graphite avec
peuvent être rencontrées (cf. Figure 4). un rayonnement laser de forte éner- Réacteur solaire
gie. Les conditions de synthèse et la
Dans les deux modes d’assemblage, nature des nanotubes varient selon que Cette méthode consiste, pour subli-
la distance entre deux tubes adjacents le laser est continu ou pulsé. Le gra- mer le graphite, à utiliser l’énergie solai-
est à peu près égale à la distance entre phite est ainsi soit sublimé soit expulsé re. Le rayonnement solaire est ainsi
deux plans de graphite, signifiant ainsi en petits agrégats de quelques atomes. concentré sur une cible de façon à attein-
que l’assemblage ne modifie pas la natu- Contrairement au précédent, ce procédé dre la température de sublimation du
re des liaisons chimiques qui restent est coûteux mais présente un rendement graphite. Le mode de fonctionnement
identiques à ce qu’elles sont dans le de synthèse plus important et un nom- du four solaire est voisin de celui de la
graphite. Les deux types d’assemblage bre restreint de paramètres de contrôle, sublimation par laser continu et il est

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donc, comme ce dernier, adapté à des four, taille des particules de catalyseur, tions de synthèse ainsi que de la mise
études in situ. etc.), la synthèse conduit à des nanotu- en œuvre éventuelle d’un processus de
bes de carbone mono ou multi-feuillets. purification. Ce processus peut être phy-
Tous ces procédés permettent la Les nanotubes multi-feuillets obtenus sique par filtration et/ou chimique par
synthèse de produits très purs que ce par ces méthodes présentent souvent attaque acide combinée à un traitement
soit des nanotubes de carbone mono- une qualité de graphitisation nettement thermique oxydant.
feuillet ou multi-feuillets. Cependant, moins bonne que ceux obtenus par
la présence d’un catalyseur métallique arc électrique ou par ablation laser. En
mélangé à hauteur de quelques pour revanche, ils présentent des caractéris- Les propriétés
cents à la poudre de graphite est indis- tiques géométriques (longueur, diamè-
pensable pour la formation de nano­ tre) beaucoup plus uniformes. Il est, de Les propriétés uniques des nano-
tubes mono-feuillet. Ce catalyseur peut plus, possible d’orienter la croissance tubes de carbone résultent directement
être un métal de transition (fer, cobalt, des tubes en les synthétisant sur des de leur filiation structurale avec le gra-
nickel, etc.), un métal appartenant à plots de catalyseurs disposés sur un phite, de leur forme tubulaire et de leur
la famille des terres rares (yttrium, support selon une géométrie définie. diamètre nanométrique. Le procédé de
lanthane, etc.) ou un mélange de ces Par ailleurs, ces procédés peuvent être synthèse et la méthode de purification
métaux. Une expérience peut conduire utilisés pour produire des nanotubes de utilisés influent également très forte-
à l’élaboration de quelques centaines de carbone à grande échelle à l’instar des ment sur les propriétés physico-chimi-
milligrammes à un gramme de nano- fibres de carbone, ce qui est plus diffi- ques des nanotubes de carbone.
tubes bruts (c’est-à-dire non purifiés) cilement envisageable avec les voies de
en laboratoire. Bien qu’il soit difficile synthèse à haute température. Les propriétés physiques
d’extrapoler ces méthodes à un niveau
industriel, des unités de production à Quelle que soit la voie de synthèse Le diamètre des nanotubes de car-
une échelle dépassant celle du labora- utilisée (à haute ou moyenne tempéra- bone dépend naturellement du nombre
toire se développent. ture), un mélange de nanotubes de car- de feuillets de graphène comme indiqué
bone aux propriétés diverses, de coques dans le Tableau I.
9 Le second type de voie de synthè- de carbone et de résidus catalytiques
se fonctionne à moyenne température. (généralement des métaux : fer, cobalt, Les nanotubes de carbone mono-
Il s’agit d’ une adaptation des méthodes nickel…) est obtenu à l’issue de chaque feuillet se regroupent sous forme de
catalytiques ou pyrolytiques tradition- réaction (cf. Figure 5). La teneur en fagots dont le diamètre peut varier de
nellement utilisées pour la synthèse des impuretés dans le produit final varie 10 à 30 nm.
fibres de carbone classiques. en fonction des méthodes et des condi-

Le principe de ces techniques


c­ onsiste à décomposer un gaz carboné Figure 5
à la surface de particules d’un catalyseur Nanotubes de carbone multi-feuillets observés en microscopie électronique
métallique dans un four porté à une en transmission
température comprise entre 500°C et Multi-wall carbon nanotubes characterised by transmission electronic microscopy
1 100°C, selon la nature du gaz. Le car-
bone libéré par la décomposition du gaz
précipite à la surface de la particule et
cette condensation aboutit à la croissan-
ce de tubes cristallisés. Le gaz carboné
peut être le monoxyde de carbone ou un
hydrocarbure tel que l’acétylène ou le
méthane. Le catalyseur métallique est
un métal de transition tel que le fer ou
le cobalt. L’aspect délicat de ces métho-
des est la préparation et le contrôle de
la taille des particules de catalyseur,
leur taille devant être de l’ordre de quel-
ques nanomètres pour la synthèse des
nanotubes de carbone. Pour former des
nanotubes de carbone mono-feuillet, les
particules de catalyseur sont obtenues
par réduction d’un composé organo-
© INRS - O. Rastoix.

métallique (tel que le ferrocène) et sont


déposées sur un support en matériau
céramique (silice, alumine, etc.) ou
­ventilées dans la chambre où la réaction
avec le gaz carboné a lieu.

Suivant les conditions opératoires


(pression et débit de gaz, température du

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Un diamètre de 1 nm est de l’ordre Tableau I
de la taille de la double hélice de la Les caractéristiques dimensionnelles des nanotubes de carbone
molécule d’ADN indiquant le caractère Dimensional characteristics of carbon nanotubes
moléculaire d’un nanotube de carbone.
Par ailleurs, du fait de leurs dimensions Nanotube de carbone Mono-feuillet Multi-feuillets
(nanométrique pour la section et micro-
métrique pour la longueur), les nanotu- Diamètre externe 0,4 à 3 nm 2 à 25 nm
bes de carbone doivent être considérés Longueur 1 à plusieurs µm 1 µm à 1 cm
comme des molécules unidimension-
nelles. Ils répondent, en outre, à la défi-
nition de fibres selon l’OMS (longueur Tableau II
supérieure à 5 µm, diamètre inférieur Quelques propriétés mécaniques des nanotubes de carbone
à 3 µm et rapport longueur/diamètre Mechanical properties of carbon nanotubes
supérieur à 3).
Nanotube de carbone
Mono-feuillet Multi-feuillets
Propriétés électriques Propriétés

Limite d’élasticité 45 GPa 150 GPa


En fonction de son angle d’enroule-
ment et de son diamètre, un nanotube de Module d’Young 1 à 1,4 TPa 1,4 à 1,6 TPa
carbone (mono ou multi-feuillets) pourra Module de cisaillement 0,27 TPa 0,44 à 0,47 TPa
être soit isolant, soit métallique ou soit Module de flexion 0,2 à 1,2 TPa 3 à 30 GPa
semi-conducteur avec un gap équivalent
à celui du silicium ou du germanium NB : Pour comparaison, l’acier a une limite d’élasticité de 0,4 GPa et un module d’Young de 0,21 TPa.
[1]. Les nanotubes de carbone « chaise »
présentent ainsi un caractère métalli- Tableau III
que, ce qui peut également être le cas Quelques caractéristiques thermiques des nanotubes de carbone
sous certaines conditions, des nanotubes Thermal properties of carbon nanotubes
« zig-zag » et « chiraux ». À basse tem-
pérature, les nanotubes mono-feuillet Nanotube de carbone
Mono-feuillet Multi-feuillets
métalliques, individuels ou regroupés Propriétés
en petits fagots, se comportent comme
Stabilité thermique (K) < 2 100 > 3 200
des fils quantiques, c’est-à-dire que la
­conduction a lieu au travers de niveaux Conductivité thermique (W/mK) 6 000 < 2 000
électroniques discrets bien séparés quan-
tiquement et cohérents sur plusieurs cen-
taines de nanomètres. Les nanotubes de
carbone peuvent également transporter Propriétés d’émission de champ Propriétés mécaniques
des densités de courant remarquables,
voisines de 1010 A/cm2 soit au moins Les nanotubes de carbone sont Le nanotube de carbone bénéficie
deux ordres de grandeur de plus que capables d’émettre des électrons par d’une tenue mécanique supérieure à
les métaux. Enfin, les nanotubes multi- effet tunnel via leur pointe lorsqu’ils celle du graphite : le module d’Young
feuillets peuvent être supraconducteurs sont placés parallèlement aux lignes d’un nanotube multi-feuillets a été cal-
à très basse température. d’un champ électrique. Avec des ten- culé comme étant jusqu’à 1,6 fois plus
sions relativement faibles, il est possi- important que celui d’une fibre mono-
La résistivité électrique des nanotu- ble de générer à leurs extrémités des cristalline (ou whiskers) de graphite
bes de carbone est de : champs électriques colossaux, capables (cf. Tableau II). De plus, le nanotube de
d’arracher les électrons de la matière et carbone est 100 à 200 fois plus résistant
1 10 -3 à 10 -4 Ω.cm (un record pour de les émettre vers l’extérieur [1]. Cette que l’acier pour un poids 6 fois moindre
une molécule unique) pour les nano- émission est extrêmement localisée (à (à section équivalente). Il allie à cette
tubes de carbone mono-feuillet métal- l’extrémité du tube) et peut servir à exceptionnelle résistance à la déforma-
liques, envoyer des électrons sur un endroit tion une très grande flexibilité. Ainsi,
1 10 Ω.cm pour les ­nanotubes bien précis. malgré sa rigidité élevée, le nanotube
de c a rbone mono -feu i l let sem i- de carbone a une facilité à se courber
­conducteurs, L’émission électronique des nanotu- jusqu’à des angles très importants, à se
1 104 Ω.cm pour les nanotubes de bes de carbone (assemblés sous forme déformer et à se tordre selon son axe. La
carbone multi-feuillets. de films) est de : courbure semble entièrement réversible
jusqu’à un angle critique qui atteint
Les nanotubes de carbone mono- 1 10 7 A/cm2 pour les nanotubes 110° pour un nanotube mono-feuillet.
feuillet possèdent de meilleures carac- de carbone mono-feuillet , Certains nanotubes de carbone présen-
téristiques électriques que les multi- 1 de 10 6 à 10 8 A/cm 2 pour les tent également une dureté supérieure à
feuillets en raison notamment des inter­ nanotubes de carbone multi-feuillets. celle du diamant.
actions électriques, de type Van der
Waals, qui surviennent entre les diffé-
rents feuillets de graphène.

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Figure 6 et 7
Nanotubes de carbone multi-feuillets observés en microscopie électronique en transmission
Multi-wall carbon nanotubes characterised by transmission electronic microscopy
© INRS - O. Rastoix.

© INRS - O. Rastoix.

Propriétés thermiques Par ailleurs, les nanotubes de car- Leurs propriétés électriques sem-
bone présentent une excellente inertie blent en faire un matériau de choix
Les nanotubes de carbone ont une chimique et une très bonne stabilité pour l’électronique, la recherche de la
conductivité thermique supérieure à à haute température sous atmosphère miniaturisation étant dans ce domaine
celle de l’argent, du cuivre et du dia- inerte. Ils sont ainsi insolubles dans les un souci primordial [1]. Les nanotubes
mant (entre 1 000 et 2 600 W/mK) et solvants organiques et dans l’eau. de carbone conducteurs peuvent être
constituent les meilleurs conducteurs considérés comme un modèle de ce
thermiques connus (cf. Tableau III). que seront les fils conducteurs utilisés
Les principales applications notamment en connectique dans les
Les propriétés chimiques actuelles et potentielles années 2010-2015 (un nanotube peut
supporter des courants qui font fondre
Les nanotubes de carbone possèdent Du fait de leurs propriétés excep- un fil de cuivre de même dimension).
des propriétés chimiques très attrayan- tionnelles, les nanotubes de carbone Les nanotubes de carbone semi-con-
tes [1]. Il est en effet possible : recèlent de potentialités très diverses et ducteurs devraient permettre, quant à
leurs utilisations ouvrent de nombreu- eux, d’élaborer des composants électro-
1 de fonctionnaliser leur surface ses perspectives. niques fonctionnels et logiques tels que
par greffage moléculaire afin, par exem- des transistors ou des diodes avec des
ple, de procéder au tri des nanotubes L’application la plus directe envisa- performances supérieures à celles du
selon leurs caractéristiques électroni- gée consiste à les utiliser comme additifs silicium.
ques ; pour polymères (thermoplastiques, ther-
1 d’intercaler des atomes ou des modurcissables et élastomères) [2]. Les Les nanotubes de carbone utili-
molécules (dopage) entre les nanotubes propriétés spécifiques des nanotubes de sés comme émetteurs ou générateurs
mono-feuillet d’un faisceau (intercala- carbone peuvent ainsi être transposées d’électrons semblent parfaitement adap-
tion inter-tubulaire) ainsi qu’entre les dans des matrices, à condition d’assurer tés pour concevoir la nouvelle généra-
différentes parois d’un nanotube multi- une bonne dispersion de l’additif dans le tion d’écrans plats de télévision à effet
feuillets (intercalation inter-­planaire) composite. Il est alors possible de choisir de champ [1]. Par ailleurs, la finesse
afin par exemple de contrôler les pro- d’apporter une propriété bien précise des extrémités des nanotubes à laquelle
priétés électroniques des nanotubes des nanotubes (conductivité thermique s’ajoutent leurs propriétés mécaniques
semi-conducteurs ; ou électrique, renforcement mécanique, et électriques en font des pointes idéales
1 de remplir par capillarité le canal etc.) ou, au contraire, une multi-fonc- déjà utilisées en microscopies en champ
central des nanotubes de carbone mono tionnalité. Des matériaux composites proche pour sonder les propriétés de la
et multi-feuillets par des atomes ou des haute performance ou des polymères matière.
composés cristallins de façon à obtenir conducteurs peuvent ainsi être élaborés
des nanofils encapsulés. trouvant leurs applications dans l’auto- Ils présentent d’excellentes qualités
mobile (peintures conductrices évitant en catalyse notamment en raison de
La surface spécifique des nanotu- l’emploi de solvants polaires), l’aéronau- leur inertie chimique et de leur stabilité
bes de carbone est de surcroît élevée, tique (ailes d’avions, trains d’atterrissage à haute température sous atmosphère
ce qui leur confère une très bonne des hélicoptères, etc.), les composants inerte. À ces propriétés similaires aux
capacité d’adsorption. Elle est voisine de électroniques (diodes, transistors, etc.), charbons actifs s’ajoute leur très grande
2 700 m2/g pour les nanotubes mono- la défense, les équipements sportifs surface externe. L’absence de micropo-
feuillet et est généralement inférieure (raquettes de tennis, vélos, kayaks, clubs rosité permet, de surcroît, l’accès rapide
à 1 300 m2/g pour les nanotubes multi- de golf, etc.), la médecine, les textiles aux sites. Ils permettent une activité
feuillets (cf. Figures 6 et 7). techniques (vêtements plus résistants), augmentée et une meilleure sélecti-
etc. vité. Enfin, leurs propriétés mécani-

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ques exceptionnelles ne limitent plus la Tableau IV
durée de vie du catalyseur, qu’il s’agisse Exemples de producteurs de nanotubes de carbone
d’hydro­génation, d’oxydation sélective Examples of carbon nanotube producers
ou d’hydrodésulfuration.
Amérique du Nord Europe Asie
Ils peuvent également être utili-
sés dans le domaine de la filtration, Canada Allemagne Chine
principalement dans les secteurs agro­ Raymor Industries Bayer Materials Sciences Guangzhou Yorkpoint
alimentaire et médical. Les membranes Future Carbon Sun Nanotech
États Unis
à base de nanotubes peuvent constituer Belgique Corée
Ahwahnee
­d’excellents filtres, et les débits impor- Apex nanomaterials Nanocyl Iljin Nanotech
tants qu’elles acceptent sont un atout Buckly USA
supplémentaire pour une filtration effi- Carbolex Chypre Japon
cace. Carbon Nanotechnologies Rosseter Mitsui Carbon Nanotech
Carbon Solutions Showa Denko Inorganic Materials
Hyperion Catalysis France Carbon w research Institute
Enfin, les caractéristiques géomé- MER Arkema Mitsubishi Corp.
triques des nanotubes de carbone (sur- MicroTechNano
Grande-Bretagne
face, cavité intérieure, etc.) sont propices Nanocs
aux manipulations chimiques telles que Nanolab Thomas Swan
NAM
l’adsorption de gaz et le greffage de SES Research Russie
molécules. Les nanotubes de carbone Sigma Aldrich NanoCarbLab
pourraient ainsi être employés pour le SouthWest NanoTechnologies
­stockage de gaz et de l’énergie et la
réalisation de capteurs chimiques [1].
Cependant, les études sur le ­stockage de
l’hydro­gène pour les piles à ­combustibles devraient être opérationnelles en 2008. détection rapide d’effets éventuels) et les
concluent à des possibilités limitées, Avec sa nouvelle unité de production caractéristiques physiques et chimiques
inférieures au seuil fixé par l’industrie d’une capacité de 10 tonnes par an inau- des nanotubes utilisés y sont rarement
automobile notamment. gurée début 2006, le groupe chimique précisées (types, granulométrie, pré-
français Arkema s’engage également sence de métaux, etc.). Or les propriétés
dans la fabrication de nanotubes de toxicologiques des nanotubes de car-
Les producteurs carbone multi-feuillets (Graphistrengh) bone sont directement ­corrélées à leurs
à l’échelle industrielle. Il a pour objectif caractéristiques physico-­c himiques.
Déjà présent sur le marché du car- de se doter d’un pilote de production L’extrapolation des résultats de ces étu-
bone au début des années 80, l’amé- avec une capacité de 200 tonnes par des, souvent contradictoires, à l’homme
ricain Hyperion Catalysis fait figure an courant 2009 et de passer en 2015 à doit donc être faite avec précaution en
d’acteur historique (cf. Tableau IV). une étape d’industrialisation de masse. tenant par ailleurs compte des multiples
Il produit des nanotubes de carbone Sa gamme de produits comprend éga- différences anatomiques, biologiques et
multi-feuillets (Fibril) vendus unique- lement deux précomposites directe- physiologiques entre l’homme et l’ani-
ment en pré-mélanges dans des résines ment vendus sous forme de granulés mal de laboratoire.
thermoplastiques à une teneur voisine (nanotubes multi-feuillets mélangés à
de 15 à 20 %. Il ne divulgue pas ses un polymère). Les autres acteurs sont Les risques toxicologiques des nano-
capacités de production mais évoque principalement des petites entreprises tubes de carbone sont liés aux trois voies
plusieurs tonnes par an. Il vient de com- essaimées de laboratoires universitaires d’exposition potentielles : l’inhalation,
mercialiser des fluoropolymères et des telles que Nanocyl (Belgique), créée en l’ingestion et le contact cutané [3, 4].
élastomères dans sa gamme très axée 2002, qui produit environ 30 tonnes de L’appareil respiratoire constitue la voie
sur les propriétés de conductivité. En nanotubes multi-feuillets par an. majeure de pénétration de nanotubes
2004, Thomas Swan (Grande-Bretagne) de carbone dans l’organisme humain.
a lancé la production de nanotubes Toutes les étapes de la production allant
mono et multi-feuillets (Elicarb) pour de la réception et de l’entreposage des
des applications variées (compo­sites,
papier, stockage d’énergie, etc.). Fin
Dangers et Risques matières premières jusqu’au condition-
nement et à l’expédition des produits
2005, Bayer (Allemagne) a franchi le finis, en passant par le transfert éven-
stade commercial avec le lancement des tuel de produits intermédiaires peu-
Baytubes (nanotubes multi-feuillets). Les risques toxicologiques vent exposer les salariés aux nanotubes
Sa capacité de production est voisine de carbone. De même, leur utilisation
de 30 tonnes par an et devait doubler Très peu de connaissances sont et, plus précisément, leur manipula-
d’ici la fin de l’année 2007. Raymor actuellement disponibles sur la toxicité tion, leur incorporation dans diverses
(Canada) s’est, quant à lui, spécialisé pour l’homme des nanotubes de carbone. matrices ainsi que l’usinage (découpe,
dans la production de nanotubes mono- La plupart des données toxico­logiques polissage, nettoyage, perçage, etc.) de
feuillet avec une capacité de produc- proviennent d’études réalisées in vitro composites en contenant constituent
tion ­d’environ 4 tonnes par an. Celle- ou in vivo chez l’animal. Ces travaux des sources d’exposition supplémen-
ci devait tripler au cours de l’année sont de surcroît de portée limitée (expo- taire. Leur nature (poudre, suspension
2007 et deux unités supplémentaires sitions uniques de courte durée pour la dans un liquide, intégration dans une

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matrice polymère, etc.), les méthodes de tubes de carbone monoparois hydroxy- de manière dose-dépendante et l’aug-
synthèse utilisées, le degré de confine- lés administrés avaient été excrétés avec mentation de la concentration d’un mar-
ment des différentes étapes, la quantité une distribution de 94 % dans l’urine et queur d’inflammation (l’interleucine-8)
de produits manipulée, les moyens de 6 % dans les fèces. Wang et coll. [7] ont de manière proportionnelle à la durée
protection mis en place et la capacité également remarqué que les nano­t ubes d’exposition.
des produits à se retrouver dans l’air ou de carbone mono-feuillet hydroxylés
sur les surfaces de travail constituent les administrés par gavage chez la souris Bottini et coll. [11, 12] ont mis en
principaux paramètres qui influent sur (100 µL d’une solution de 15 µg/mL) é­ vidence une apoptose des lympho­
le degré d’exposition. se sont distribués dans la majorité des cytes T en fonction de la dose et de la
organes et des tissus, à l’exception du durée d’exposition à des nanotubes de
cerveau. carbone multi-feuillets.
Les sources d’exposition profession­
nelle aux nanotubes de carbone [3] : Toxicité in vitro Manna et coll. [13] ont constaté des
effets cytotoxiques provoqués par l’ex-
• fabrication, manipulation, transfert, Jia et coll. [8] ont comparé la cyto- position d’une lignée de kératinocytes
échantillonnage, conditionnement et toxicité de nanotubes de carbone mono- épidermiques humains à des nanotubes
stockage des produits ; feuillet et multi-feuillets ainsi que celle de carbone mono-feuillet. Outre la dimi-
• nettoyage, entretien et maintenance de fullerènes (C60) sur des macrophages nution de la prolifération cellulaire, ils
des équipements et des locaux ; alvéolaires de cobayes. Aucune cytotoxi- ont observé la présence d’un stress oxy-
• traitement des déchets ; cité n’a été observée pour les fullerènes. dant avec activation de différentes voies
• opérations sur les nanocomposites Les nanotubes de carbone mono-feuillet de signalisation intracellulaire.
(découpe, polissage, perçage, etc.). ont montré une plus grande cytotoxicité
que les nanotubes de carbone multi- Shvedova et coll. [14] ont également
feuillets à concentrations massiques rapporté une diminution significative
Toxicocinétique égales (les nanotubes de carbone multi- de la viabilité cellulaire avec une relation
feuillets ayant eux-mêmes induit une dose-réponse ainsi qu’une augmenta-
In vitro cytotoxicité plus élevée que le quartz). tion de la production de radicaux libres
In vitro, les nanotubes de carbone sont (hydroxyles) lors de l’introduction de
Monteiro-Rivière et coll. [5] ont phagocytés et peuvent déclencher des nanotubes de carbone mono-feuillet
exposé des kératinocytes épidermiques mécanismes précurseurs d’inf lam- dans des cultures de kératinocytes épi-
humains à des nanotubes de carbo- mation. Jia et coll. [8] ont de surcroît dermiques humains. L’addition d’un
ne multi-feuillets. Ils ont constaté par démontré que les nanotubes de carbone chélateur de métaux supprimait la pro-
microscopie électronique la présence de mono-feuillet ont causé une diminution duction de radicaux libres et améliorait
nanotubes de carbone dans les vacuo- de la phagocytose à une dose inférieure la viabilité cellulaire. Ils concluent que
les cytoplasmiques de ces kératino­ à celle qui est nécessaire pour une dimi- l’exposition aux nanotubes de carbone
cytes après des expositions de 1 heure nution équivalente avec les nanotubes mono-feuillet non raffinés peut induire
à 48 heures : 59 % des cellules conte- de carbone multi-feuillets. une augmentation de la toxicité cutanée
naient des particules à 24 heures, 84 % chez les travailleurs exposés.
à 48 heures. Les nanotubes de carbone Potapovich et coll. [9] ont incubé
seraient donc capables de pénétrer dans des macrophages murins en présence Kisin et coll. [15] ont rapporté sur des
la cellule. de nanotubes de carbone mono-feuillet kératinocytes épidermiques humains et
contenant différents niveaux de fer sur des cellules épithéliales bronchiques
Pantarotto et coll. [6] ont étudié le (non purifiés, ces nanotubes recelaient des modifications ultra-structurelles et
transport intracellulaire de nanotubes ­jusqu’à 40 % en masse de fer). Les morphologiques en présence de nano-
de carbone mono-feuillet fonctionna- macrophages internalisaient les nano- tubes de carbone mono-feuillet (expo-
lisés, c’est-à-dire conjugués avec de la tubes et, à des niveaux de fer élevé, sition de 18 heures). La formation de
lysine, sur des fibroblastes humains et l’anion radical oxygène était efficace- radicaux hydroxyle, l’accumulation de
de souris (1, 5 et 10 mM). Ils ont démon- ment converti en radical hydroxyle. Les produits de peroxydation, la déplétion
tré que les nanotubes peuvent traverser deux types de nanotubes de carbone en anti-oxydants, la diminution de la
la membrane cellulaire, s’accumuler induisaient l’émission de cytokines pro- viabilité cellulaire et l’apoptose met-
dans la cellule et se retrouver dans son inflammatoire et fibrogène. taient en évidence un stress oxydant et
noyau. une toxicité cellulaire.
Monteiro-Rivière et coll. [10] ont
In vivo exposé des kératinocytes humains à des Sur cellules épithéliales bronchi-
nanotubes de carbone multi-feuillets et ques exposées pendant 18 heures à
Wang et coll. [7] ont montré que ont analysé le protéome. L’expression de 0,06, 0,12 ou 0,24 mg/ml de nanotubes
des nanotubes de carbone mono-feuillet 22 protéines était significativement alté- mono-feuillet, Keshava et coll. [16] ont
hydroxylés administrés par la voie intra- rée, ce qui semble indiquer des troubles observé la modification de l’expression
péritonéale chez la souris (100 µL d’une dans de nombreux systèmes de régula- de divers gènes, dont certains impliqués
solution de 15 µg/mL) se distribuent tion cellulaire. Monteiro-Rivière et coll. dans le métabolisme ou le contrôle du
dans tout l’organisme, à l’exception du avaient également constaté dans une cycle cellulaire.
cerveau, et s’accumulent dans les os. Ils étude similaire [5] que des nanotubes
ont de plus constaté que 11 jours après de carbone multi-feuillets provoquaient Cui et coll. [17] ont montré, sur cellu-
l’exposition, environ 80 % des nano­ la diminution de la viabilité cellulaire les de peau humaine, que des nanotubes

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 1er trimestre 2008 - 210 / 49
de carbone mono-feuillet induisaient un Toxicité in vivo chez l’animal 5 mg/kg). La préparation était de la suie
arrêt du cycle cellulaire et diminuaient selon les voies d’exposition agglomérée constituée de 50 à 60 % de
l’expression des gènes codant pour les nanotubes de carbone, de 30 à 40 % de
protéines de l’adhérence cellulaire. Toxicité des nanotubes de carbone carbone amorphe et de 5 % de cobalt et
par inhalation de nickel. Les animaux traités avec 5 mg
Radomski et coll. [18] ont étudié les de préparation de nanotubes de car-
interactions entre l’agrégation de pla- Lam et coll. [24] ont étudié la toxi- bone ont accusé une mortalité de 15 %
quettes sanguines humaines et la pré- cité pulmonaire de l’exposition aiguë à dans les premières 24 heures causée
sence de nanotubes de carbone mono et trois préparations de nanotubes de car- a priori par un blocage mécanique des
multi-feuillets, de fullerènes (C60), d’un bone mono-feuillet et de sérum chez la voies respiratoires supérieures. Seul le
mélange de particules issues de sources souris mâle (instillation intra-­trachéale groupe d’animaux exposés au quartz a
de combustion et de particules urbaines unique). Les nanotubes de carbone de montré une inflammation pulmonaire
type (de 1,4 µm de diamètre moyen). la première préparation contenaient dose-dépendante et des signes précur-
Toutes ces particules favorisaient l’agré- 27 % de fer, ceux de la seconde prépa- seurs de fibrose. Une inf lammation
gation plaquettaire (mélange de parti- ration contenaient 26 % de nickel et pulmonaire transitoire et des granulo-
cules issues de sources de combustion 5 % ­d’yttrium et ceux de la troisième mes multifocaux non dose-dépendants
> nanotubes de carbone mono-feuillet préparation étaient purifiés (2 % de fer). ont été constatés chez les rats traités
> nanotubes de carbone multi-feuillets Deux doses de chaque préparation ont avec la préparation de nanotubes de
> particules urbaines type), à l’exception été instillées (0,1 et 0,5 mg). Aucun carbone.
des fullerènes et accéléraient l’apparition signe clinique n’a été rapporté chez les
de thromboses (induites par le chlorure souris traitées avec 0,1 mg ni chez les Müller et coll. [26] ont administré
ferrique) dans la carotide du rat. souris traitées avec 0,5 mg de nanotubes des nanotubes de carbone multi-feuillets
purifiés. Par contre des signes cliniques (15 couches en moyenne), dont certains
Dans leur étude de cytotoxicité sur modérés et transitoires de léthargie, broyés, à des rats femelles (instillation
des macrophages pulmonaires murins, d’hypothermie, de perte de poids, etc. intra-trachéale unique aux doses de 0,5,
Soto et coll. [19] ont constaté que des ont été constatés chez les animaux trai- 2 et 5 mg). Deux mois après instillation,
nanotubes de carbone multi-feuillets tés avec 0,5 mg de nanotubes de carbone les nanotubes de carbone sont enco-
présentaient une toxicité comparable à non purifiés. Des granulomes et autres re largement présents dans les tissus
celle de fibres d’amiante chrysotile. Ils lésions pulmonaires ont été observés pulmonaires : plus de 80 % pour les
posent la question des effets potentiels chez les souris traitées avec 0,5 mg de nanotubes classiques et 36 % pour les
sur la santé, particulièrement à long nanotubes de carbone purifiés et non nanotubes broyés. Ce résultat semble
terme. purifiés ainsi qu’avec 0,1 mg de nano- indiquer que la longueur des nanotubes
tubes de carbone purifiés et contenant module leur clairance. Une inflamma-
À l’inverse de ces diverses publica- du fer. Le nombre de ces granulomes, tion pulmonaire et la formation de gra-
tions qui montrent une cytotoxicité des souvent localisés aux sites interstitiels, nulomes autour des agrégats de nano-
nanotubes de carbone, Chopek et coll. augmentait avec le temps et la dose. Un tubes de carbone ont été constatés. Les
[20] ont rapporté l’excellente biocompa- accroissement de la mortalité a égale- nanotubes broyés se sont dispersés de
tibilité de nanotubes de carbone multi- ment été constaté chez les animaux trai- manière plus homogène, évitant la for-
feuillets hautement purifiés sur des tés avec 0,5 mg de nanotubes de ­carbone mation de ces agrégats dans les voies
fibroblastes et des ostéoblastes. Garibaldi contenant du nickel (5 souris sur 9). Le aériennes ; ils ont cependant également
et coll. [21] ont également constaté que noir de carbone, le sérum utilisé pour entraîné la formation de granulomes.
cette compatibilité est bonne pour des les préparations et le quartz ont été L’accumulation de collagène indique le
nanotubes de carbone mono-feuillet for- utilisés comme témoins : aucun signe possible caractère fibrosant des nano-
tement purifiés vis-à-vis des cardiomyo- clinique n’a été rapporté, des signes tubes de carbone. Cette étude apporte
cytes. Une possible action à long terme d’inflammation faibles à modérés ont des éléments sur la biopersistance des
résulterait selon eux davantage de fac- uniquement été observés avec 0,5 mg nanotubes de carbone et confirme leur
teurs physiques que d’interactions chi- de quartz et aucun granulome n’a été capacité à engendrer une inflammation,
miques. Le comportement en situation répertorié. Il apparaît donc que les trois voire une fibrose pulmonaire.
« réelle » des nanotubes de carbone, à types de nanotubes de carbone sont pha-
l’origine de la formation ou de la cap- gocytés par les macrophages et induisent Shvedova et coll. [27] ont administré
ture de radicaux libres, en fonction des des granulomes interstitiels de manière par voie pharyngée des nanotubes de
conditions expérimentales, demeure à dose-dépendante. Ces effets s’observent carbone mono-feuillet à des souris. Une
approfondir (Fenoglio et coll. [22]). Il se même chez les souris traitées avec des inflammation pulmonaire aiguë a été
pourrait que de telles divergences soient nanotubes de carbone purifiés. constatée, ainsi qu’une réponse fibro-
dues aux impuretés ainsi qu’aux techni- sante (formation de granulomes autour
ques de synthèse employées (Donaldson Warheit et coll. [25] ont étudié la des agrégats de nanotubes et apparition
et coll. [23]). toxicité pulmonaire de l’exposition d’une fibrose interstitielle diffuse ainsi
aiguë à du quartz, à des particules de que d’un épaississement de la paroi
Plusieurs études menées « in vitro » fer carbonyle, à un mélange de particu- alvéolaire).
ont ainsi déjà permis de mettre en évi- les de graphite et de particules issues
dence le caractère insoluble des nanotubes de catalyses ainsi qu’à une prépara- Kisin et coll. [28], Mercer et coll.
de carbone, leur capacité à pénétrer à tion de nanotubes de carbone mono- [29] et James et coll. [30] confirment la
l’inté­rieur des cellules et à provoquer une feuillet chez le rat mâle (instillation formation dose-dépendante de granu-
cyto­toxicité. intratrachéale unique aux doses de 1 et lomes pulmonaires et la survenue de

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 1er trimestre 2008 - 210 / 50
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fibrose chez des souris après instillation systémique des nanotubes de carbone leur surface spécifique est grande) et en
par voie pharyngée de plusieurs types mono-feuillet chez la souris. particulier de sa sensibilité à l’inflam-
de nanotubes de carbone (synthétisés mation par étincelle. Or, l’apparition
selon des méthodes différentes et possé- Les nanotubes de carbone sont d’électricité statique dans les procédés
dant des teneurs en métaux variées). insuffisamment étudiés sur le plan toxi- de fabrication des nanotubes de car-
cologique (voies de pénétration, cinéti- bone est quasi systématique. Un faible
Li et coll. [31] ont étudié le retentis- que, métabolisme, toxicité chronique par seuil d’inflammation conjugué à une
sement cardiovasculaire lors de l’ins- inhalation, génotoxicité, etc.). La recher- production naturelle de charges pen-
tillation par voie pharyngée d’une dose che d’effets pulmonaires chez l’animal a dant la manipulation rendent le risque
unique de nanotubes de carbone à des été menée uniquement par instillation d’amorçage d’explosions par étincelles
souris (0,5, 1, 2 mg/kg). Les nanotu- intra-trachéale. Il est possible que les électrostatiques élevé et nécessitent le
bes de carbone induisaient une atteinte effets observés résultent d’une surchar- développement de moyens de prévention
dose-dépendante de l’ADN mitochon- ge des macrophages, dont la capacité et de lutte spécifiques. La mise en œuvre
drial aortique (paramètre lié au stress d’épuration serait dépassée. Plusieurs d’un procédé de production et d’entrepo-
oxydant) et une modification de l’ex- études menées « in vivo » démontrent sage sous atmosphère contrôlée (azote,
pression génique au niveau du cœur. cependant déjà clairement la biopersis- gaz inerte…) peut s’avérer nécessaire.
Ces effets ont aussi pu être constatés in tance de ces nano-objets et leur capacité
vitro sur des cellules endothéliales de à engendrer une inflammation pulmo- La prévention des risques d’explo-
l’aorte humaine, ils pourraient favoriser naire (formation de granulomes) ainsi sion et d’incendie doit tenir compte
l’athérogenèse. qu’une fibrose pulmonaire. Ces résul- des réglementations en vigueur, notam-
tats, qui demandent à être confirmés ment au niveau des installations électri-
Selon Tsuji et coll. [32], la compa- par des études par inhalation, avec des ques et non-électriques (hydrauliques,
raison des effets pulmonaires des nano- temps d’exposition et des durées d’obser- mécaniques, etc.). Pour ce faire, le chef
tubes de carbone et du quartz devrait vation plus longs, incitent pour le moins d’établissement doit notamment se réfé-
impliquer la mise en place d’une valeur à la prudence. rer aux deux directives relatives aux
limite d’exposition professionnelle pro- atmosphères explosives dites « directi-
visoire pour les nanotubes de carbone ves ATEX » [35, 36].
inférieure à 50 µg/m3 , en attendant Les risques d’incendie
l’avancée des études toxicologiques en et d’explosion Les nanotubes de carbone ont une
cours. Dans leur revue critique des don- température minimale d’inf lamma-
nées toxicologiques, Lam et coll. [33] Les risques d’incendie et d’ex- tion supérieure à 400°C, une vitesse
proposent une valeur limite provisoire plosion sont encore peu documentés maximale de montée en pression de
à 100 µg/m3 . dans la littérature. Les connaissances 89 bar. m/s (classe d’explosivité ST1) et
relatives aux poudres fines voire ultra- une concentration minimale d’explosion
Toxicité des nanotubes de carbone fines doivent donc être extrapolées en de 30 g/m3 (particules de diamètre infé-
par contacts cutanée et oculaire demeurant cependant prudent compte rieur à 63 µm).
tenu des changements importants des
Huczko et coll. [34] ont mené une propriétés chimiques et physiques des
expérience sur 40 volontaires présen- particules dont le diamètre est inférieur
tant des irritations et une susceptibilité
allergique. Un patch-test saturé de suie
à 100 nm.
Prévention
contenant des nanotubes de carbone Les nanotubes de carbone sont com-
(mono-feuillet pour la plupart) a été bustibles et peuvent former un mélange
appliqué sur leur peau. Le temps d’ap- explosif avec l’air sous certaines con- Les nanotubes de carbone présen-
plication des patchs, les concentrations ditions. Le comportement des nuages tent des propriétés physiques, chimi-
en nanotubes de carbone et les métho- de nanotubes de carbone devrait se ques et biologiques extrêmement varia-
des d’observation ne sont pas précisés. rapprocher de celui des nuages de gaz. bles. Les procédés de mise en œuvre
Aucune réaction n’a été constatée après Cependant, la présence de très fines pour la recherche et le développement,
4 jours. Ils ont également instillé dans particules est susceptible de bouleverser la production ou l’utilisation sont éga-
l’œil de 4 lapins albinos une suspension significativement le régime d’échanges lement susceptibles de présenter une
aqueuse de suie contenant des nanotu- thermiques. Les projections théoriques grande diversité. Par ailleurs, les con-
bes de carbone : aucune anomalie n’a été prédisent que la vitesse de f lamme naissances relatives aux dangers pour la
observée. La méthode d’instillation et pourrait être plus élevée mais également santé humaine attachés à la fabrication
les techniques d’observation des lésions moins prévisible. Dans ce contexte, les et à l’utilisation des nanotubes de car-
ne sont pas indiquées, ce qui rend l’in- modèles habituellement utilisés pour bone sont encore très lacunaires. Des
terprétation de cette étude difficile. les explosions de gaz et de poussières mesures de précaution doivent donc
deviendraient caduques, en particulier être définies et mises en place jusqu’à ce
Toxicité des nanotubes de carbone dans la manière de dimensionner les que l’importance des expositions profes-
par ingestion dispositifs de sécurité. Par ailleurs, la sionnelles aux nanotubes de carbone et
diminution de la taille des particules les risques sur la santé correspondants
Il n’existe pas de donnée relative à la s’accompagne généralement d’une aug- soient mieux connus et évalués.
toxicité in vivo des nanotubes de carbone mentation de la réactivité du nuage (les
à l’exception de l’étude de Wang et coll. poussières sont d’autant plus explosibles Il n’existe pas, en l’état actuel du
[7] qui a mis en évidence la distribution qu’elles sont fines et que corrélativement droit, de réglementation particulière

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 1er trimestre 2008 - 210 / 51
applicable à ce domaine. Ce sont donc ainsi que l’automatisation de l’ensemble La protection collective
les règles générales de prévention du du procédé doivent être envisagés et mis
­r isque chimique définies par les articles en œuvre dès que le contexte le per- La ventilation
R. 231-54 à R. 231-54-17 du Code du met afin de limiter les interventions et
­travail qui doivent être appliquées. donc les expositions des opérateurs. Le Au cours de certaines étapes des
concept de procédé intégré, déjà appli- procédés de fabrication et d’utilisation
La démarche de prévention doit qué par certains industriels, permet nécessitant généralement une interven-
­s’articuler comme suit : d’éliminer les manipulations entre les tion humaine, il est impossible d’éviter
différentes étapes, ainsi que les ruptu- le dégagement ou le relargage de nano-
1 identifier les dangers présentés res de confinement. En cas de procédé tubes de carbone dans l’atmosphère des
par les nanotubes de carbone, particulièrement polluant qui ne peut lieux de travail, notamment lors des
1 évaluer les risques pour la santé être confiné, les opérateurs doivent être ­opérations de récupération, d’échan-
au travail en fonction des procédés appli- installés dans des postes de commande tillonnage, de transfert, de pesée, de
qués et des modes de travail, ou de contrôle séparés de l’atelier de conditionnement ou d’usinage (­découpe,
1 mettre en place des mesures production et mis sous ambiance con- perçage, etc.). Ces travaux doivent donc
pour limiter ou prévenir les risques, trôlée. être réalisés en mettant en œuvre un
1 vérifier l’efficacité des mesures captage des polluants à la source. La
prises. La production doit être effectuée en ventilation par aspiration localisée cons-
continu plutôt que par campagnes. Les titue la méthode de référence. Il s’agit de
nanotubes de carbone seront fabriqués capter les produits dégagés au fur et à
Les principales voies de prévention : et employés de préférence sous forme mesure de leur production, au plus près
de suspensions, de solutions, de gels ou de leur source d’émission, et aussi effi-
• optimiser le procédé de fabrication incorporés dans des matrices organi- cacement que possible en tenant compte
ou d’utilisation pour obtenir un ques ou minérales. La manipulation et de la nature, des caractéristiques et du
niveau d’empoussièrement aussi le transfert des produits formés, surtout débit des polluants ainsi que des mou-
­faible que possible afin de limiter ceux à l’état pulvérulent, ainsi que le vements d’air. Le captage à la source par
­l’exposition (privilégier les systèmes nettoyage et la maintenance des instal- des extractions localisées permet ainsi
clos et automatisés) ; lations doivent être réduits et contrôlés d’éviter la propagation des nanotubes
• fabriquer et utiliser la substance sous afin d’éviter ou de limiter la dispersion de carbone dans l’atmosphère des lieux
une forme limitant sa dispersion : des polluants et la formation d’aérosols. de travail. Les dispositifs qui ont fait la
de préférence des nanotubes de La récupération, le conditionnement, preuve de leur efficacité pour le cap-
­carbone en suspension dans un milieu le stockage et le transport, qui sont des tage des vapeurs et des gaz devraient,
liquide plutôt qu’en poudre, intégrés étapes critiques d’exposition des opéra- en ­l’absence de champs thermiques,
dans une matrice minérale ou organi- teurs, doivent être automatisés et inté- électrostatiques ou magnétiques signi-
que, etc. ; grés dans les filières de production et ficatifs, se montrer efficaces pour les
• capter les polluants à la source d’utilisation. Idéalement, les nanotubes nano-aérosols. La ventilation générale
­(ventilation locale) ; de carbone doivent être directement pro- n’est pas satisfaisante car elle entraî-
• f iltrer l’air avant rejet à l’extérieur duits sur leur site d’utilisation. Le recy- ne un niveau de pollution résiduelle
du local de travail ; clage des produits ne répondant pas aux ainsi que des gradients de concentration
• employer un équipement de protec- critères de fabrication exigés ainsi que la importants entre la source et l’ambiance
tion individuelle ; collecte, l’évacuation et le traitement des de l’atelier. Elle ne doit être utilisée
• collecter et traiter les déchets ; déchets doivent être prévus dès le lan- qu’en complément de la ventilation loca-
• former et informer les salariés cement de la production : il faut bannir le, notamment pour assurer un apport
­exposés ; tout rejet dans la zone de travail et dans minimum d’air neuf dans les locaux et
• évaluer et suivre régulièrement l’environnement. diluer les polluants résiduels non captés
­l’exposition des salariés. par les systèmes d’aspiration localisés.

Les valeurs limites d’exposition En laboratoire, il est conseillé de


­professionnelle capter les nanotubes de carbone à la
Les bonnes pratiques de travail source à l’aide de dispositifs à flux lami-
Les connaissances toxicologiques sont naire : hottes, boîtes à gants, etc. (les
Les bonnes pratiques de travail à encore insuffisantes pour établir des courants d’air sont moins accusés ?et
appliquer ne sont pas très différentes valeurs limites d’exposition profession- la manipulation est plus aisée). Dans
de celles qui sont recommandées pour nelle aux nanotubes de carbone. les ateliers où les opérations manuelles
toute activité exposant à des produits Il convient, en leur absence dans les d’échantillonnage, de récupération, de
chimiques dangereux, mais elles pren- législations française et européenne pesée, etc., ne peuvent être effectuées
nent une importance particulière en de rechercher le niveau d’exposition sous des hottes ou des boîtes à gants,
raison de la très grande capacité de dif- le plus bas possible. il est recommandé de les réaliser dans
fusion des nanotubes de carbone dans des salles ou des cabines mises en
l’atmosphère. dépression vis-à-vis du reste des locaux
et munies de dispositifs de captage des
La production des nanotubes de polluants à la source. De même, bien
carbone requiert l’isolement complet du que la fabrication des nanotubes de
procédé (en vase clos). L’encoffrement carbone nécessite des procédés en vase

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 1er trimestre 2008 - 210 / 52
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clos, des dysfonctionnements ou des unes aux autres doit comporter les ins- porter un appareil filtrant anti-aérosols
fuites peuvent survenir. L’installation tallations nécessaires au changement [37], plus précisément un demi-masque
des équipements de production dans d’équipements de protection éventuels. ou un masque complet à ventilation
des locaux, mis en dépression par un L’installation de vestiaires doubles per- libre muni d’un filtre de classe 3 (P3
système d’extraction équipé de filtres, met d’éviter tout risque de contamina- ou FFP3). Si les travaux sont amenés à
permet également d’éviter la dispersion tion à l’extérieur des aires de travail. durer plus d’une heure, il est conseillé
des nanotubes de carbone dans l’ensem- Les sols et les surfaces de travail (de de porter un demi-masque, un masque
ble du bâtiment. préférence lisses avec des coins arron- complet ou une cagoule à ventilation
dis) doivent être régulièrement et soi- assistée muni d’un filtre de classe 3.
Les outils mécaniques portatifs gneusement nettoyés à l’aide de linges
(scie, perceuse, etc.), utilisés par exem- humides et d’un aspirateur équipé de Pour les travaux exposants (fabrica-
ple lors de l’usinage de nanocomposites filtres à très haute efficacité (supérieure tion, manipulation, transfert de nanotu-
à base de nanotubes de carbone, doivent à H 13) afin de réduire la contamination bes de carbone, etc.), il est recommandé
être munis de systèmes de captage des des lieux et la remise en suspension de porter un appareil isolant à apport
polluants intégrés. dans l’air des nanotubes de carbone déjà d’air externe, à savoir un masque, une
déposés. L’utilisation d’un jet d’air (souf- cagoule ou une combinaison complète à
La filtration flette) ou d’un balai est à proscrire. Tout adduction d’air comprimé [37].
renversement doit être immédiatement
L’air des locaux, dans lesquels des nettoyé selon une procédure établie en La protection cutanée
nanotubes de carbone sont fabriqués ou fonction du risque. La présence sur les
utilisés, doit être filtré avant tout rejet lieux de travail d’éviers et de douches Il est préconisé de revêtir une com-
dans l’atmosphère. est nécessaire pour la décontamination binaison à capuche jetable de type 5
des régions cutanées exposées aux nano­ (étanche aux poussières) avec serrage
Dès lors que la taille des particules, tubes de carbone. Le linge souillé ne au cou, aux poignets et aux chevilles,
des agrégats ou des agglomérats est doit pas être apporté au domicile. Afin dépourvue de plis ou de revers et munie
supérieure à 5 nanomètres, leur capture d’éviter l’ingestion de nanotubes de car- de poches à rabats. Une bonne étanchéi-
par des médias fibreux est réalisable. bone, il doit être défendu de boire ou té entre la capuche de la combinaison
L’utilisation de filtres céramiques (fil- de manger sur les lieux de travail, sauf et la jupe du masque doit être assurée
tres à particules) dans l’épuration des dans des aires strictement réservées à avant de pénétrer dans la zone de travail
fumées de moteur diesel atteste de cet usage qui doivent être maintenues afin d’améliorer le niveau de protection
­l’efficacité de cette technologie. Dans le propres. respiratoire. Il est également conseillé
domaine de la protection des personnes, de porter des surbottes, des gants étan-
des lieux de travail et de l’environne- ches ainsi que des lunettes équipées de
ment, l’utilisation de filtres à fibres à Les équipements de protection protections latérales. Ces effets doivent
très haute efficacité, supérieure à H 13, individuelle être maintenus en bon état et nettoyés,
est recommandée (selon la classification pour ceux qui ne sont pas jetables, après
européenne EN 1822 relative aux filtres à Le port des équipements de protec- chaque usage. La littérature actuelle ne
air à très haute efficacité HEPA et filtres tion individuelle est réservé aux situa- permet cependant pas de déterminer
à air à très faible pénétration ULPA). En tions où les bonnes pratiques de travail l’efficacité réelle de ces équipements de
effet, compte tenu des caractéristiques sont peu ou pas applicables et où les protection cutanée.
physiques et dimensionnelles des nano- mesures de prévention collectives sont
tubes de carbone, un filtre susceptible insuffisantes.
de les retenir doit avoir une efficacité Le stockage des produits
supérieure à 99,97 %. En revanche, La protection respiratoire et le traitement des déchets
bien que l’efficacité de capture soit gou-
vernée par la diffusion brownienne de Si le captage est insuffisant dans les Les nanotubes de carbone doivent
sorte que l’efficacité du filtre augmente ateliers de production ou d’utilisation être conditionnés de manière totale-
lorsque la taille de la particule diminue, des nanotubes de carbone, il est recom- ment hermétique dans des emballages
il est légitime de s’interroger sur l’effica- mandé de porter un appareil de protec- doubles en matière plastique déposés
cité de filtration pour des particules de tion respiratoire ; en tenant compte du dans des containers en acier inoxydable
taille inférieure à 5 nanomètres, compte fait que les objets de taille nanométri- fermés et maintenus sous-vide ou sous
tenu du faible nombre d’études et de que sont susceptibles de passer par la atmosphère contrôlée afin de réduire les
leurs conclusions contradictoires. moindre fuite. L’efficacité de protection dégagements de poussières. Ces embal-
et les bonnes conditions d’utilisation de lages doivent être étiquetés.
Les lieux de travail l’appareil employé doivent être vérifiées
en situation réelle et dans la durée (satu- Le stockage doit s’effectuer dans
La zone de travail doit être signa- ration, usure…). des locaux secs, bien ventilés, à l’abri
lisée, délimitée et restreinte aux seuls des rayons solaires et à l’écart de toute
salariés directement concernés par la Pour les travaux peu exposants source de chaleur ou d’ignition et des
fabrication ou l’utilisation des nano­t ubes (maintenance, nettoyage d’équipements matières inflammables.
de carbone. Les zones susceptibles d’ex- préalablement décontaminés), de courte
poser aux nanotubes de carbone doivent durée et lorsque l’air ambiant contient Les déchets - matériels, condition-
être clairement identifiées et séparées suffisamment d’oxygène (minimum nements, filtres, parties d’installations,
des zones « propres ». Le passage des 17 % en volume), il est préconisé de équipements, vêtements contaminés

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 1er trimestre 2008 - 210 / 53
ainsi que produits ne répondant pas aux réglementaires précisent les indications primordial d’insister sur les aspects de
critères de fabrication exigés - doivent que la FDS doit comporter au sein de prévention technique qui permettront
être traités comme des déchets dange- ses 16 rubriques. L’arrêté du 5 janvier de maîtriser les expositions. Il convient
reux. Ils doivent être sortis de la zone de 1993 modifié par l’arrêté du 9 novembre de réaliser une évaluation la plus précise
production ou d’utilisation conditionnés 2004 fixe les modalités d’élaboration et possible des expositions aux nanotubes
dans des sacs fermés, étanches et éti- de transmission des FDS et présente, en de carbone.
quetés. Par la suite, les déchets doivent annexe, un guide pour la rédaction de
être traités dans des installations appro- ces fiches. Un suivi médical comportant un
priées, principalement par incinération. bilan de référence au début de l’activité,
associant une radiographie pulmonaire
La formation du personnel standard de face et une spirométrie
L’information pourrait être proposé.
La formation et la sensibilisation
L’étiquetage des salariés aux risques et aux moyens Les modalités du suivi médical
de les prévenir est primordial. Ces devront être adaptées en fonction de
L’étiquetage est la première infor- actions doivent concerner tous les sala- l’évolution des connaissances et des
mation, essentielle et concise, fournie riés au sein de l’entreprise amenés à résultats de recherches qui pourront
à l’utilisateur sur les dangers présentés travailler en présence de nanotubes de être réalisées chez les professionnels
par les nanotubes de carbone et sur les carbone. Les bonnes pratiques dans le exposés.
précautions à prendre lors de leur utili- domaine de la sécurité évoluent cons-
sation [38, 39]. Il prend notamment en tamment, notamment dans un secteur
compte les risques toxicologiques et les aussi récent que les nanotechnologies,
risques d’incendie et d’explosion. Les
nanotubes de carbone ne figurent pas
et ne doivent jamais être considérées
comme définitivement acquises. Les
Conclusion
dans l’annexe I de la directive 67/548/ actions de formation doivent donc être
CEE qui regroupe les substances dange- régulièrement renouvelées.
reuses faisant l’objet d’une classification Découverts depuis à peine plus
et d’un étiquetage harmonisés au niveau La formation du personnel doit por- d’une quinzaine d’années, les nano-
européen (c’est-à-dire qu’une décision ter sur : tubes de carbone sont devenus le fer
européenne concernant leur classifica- de lance des nanotechnologies. Objets
tion et leur étiquetage a été rendue obli- 1 les risques pour la santé ; unidimensionnels, à la fois cristaux et
gatoire par un vote des États membres). 1 les risques d’incendie et d’ex- molécules, les nanotubes de carbone
L’annexe I n’est cependant pas une liste plosion ; sont d’une simplicité chimique et d’une
exhaustive : la classification et l’étique- 1 les mesures de prévention à res- singularité structurale absolument
tage de la majorité des ­substances mises pecter lors : uniques. Leurs caractéristiques dimen-
sur le marché n’ont pas été examinés • de la fabrication, de la manipula- sionnelles associées à des propriétés
au niveau européen. Pour les substan- tion, du transfert, du conditionnement physiques, mécaniques et électriques
ces non reprises à l’annexe I telles que et du stockage des produits ; remarquables ouvrent à l’industrie des
les nanotubes de carbone, il est de la • du nettoyage, de l’entretien et de perspectives d’innovations nombreuses
responsabilité du fabricant, de l’impor- la maintenance des équipements et des et prometteuses. L’éventail des applica-
tateur ou du revendeur de les étiqueter locaux ; tions actuelles et potentielles suggère
en fonction de leurs propriétés intrin- • du traitement des déchets ; que le risque d’exposition professionnel-
sèques. • des opérations sur les nanocom- le aux nanotubes de carbone est d’ores
posites ; et déjà une réalité dans de nombreux
La fiche de données de sécurité 1 l’utilisation et la maintenance secteurs d’activité tels que la chimie,
des équipements de protection collective la plasturgie, l’électronique, la santé,
La fiche de données de sécurité et individuelle ; l’énergie, l’automobile, l’aéronautique.
(FDS) est délivrée par le fournisseur 1 les mesures d’hygiène : le per- La production, l’utilisation, le transfert,
des nanotubes de carbone et vient en sonnel doit respecter l’ensemble des l’échantillonnage, le conditionnement
complément de l’étiquetage [40]. Elle règles d’hygiène en vigueur dans l’en- et le stockage des produits ainsi que le
renseigne de manière beaucoup plus treprise ; nettoyage et la maintenance des équi-
complète que l’étiquette sur les risques 1 la lecture de l’étiquetage des pro- pements et des locaux et enfin le trai-
de toute nature que présentent les nano- duits et des FDS pour les utilisateurs. tement des déchets peuvent exposer
tubes de carbone et sur les mesures de les salariés aux nanotubes de carbone.
prévention à respecter lors de leur utili- À l’heure actuelle, il n’existe cepen-
sation. Considérant que la FDS consti- La surveillance médicale dant pas de méthode de mesure qui
tue un outil important pour l’évaluation des travailleurs soit stabilisée, ou qui fasse l’objet d’un
des risques et un support essentiel pour consensus, pour caractériser l’exposi-
la rédaction des notices de poste et Il n’existe pas de suivi médical tion professionnelle autour de procédés
des fiches d’exposition, il convient d’en- réglementaire. En raison de l’absence de ou d’opérations mettant en œuvre des
courager fortement, même en l’absence données concernant le retentissement nanotubes de carbone.
de caractère obligatoire comme c’est le potentiel chez l’homme, il n’est pas
cas pour les nanotubes de carbone, le possible de recommander des modalités Les connaissances sur la toxicité
fabricant à en fournir une. Des textes standardisées de suivi médical. Il est des nanotubes de carbone sont, égale-

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ment, très lacunaires. La plupart des une inf lammation pulmonaire ainsi stratégies de prévention et de bonnes
données proviennent d’études, géné- qu’une fibrose. Ces premiers résultats pratiques adaptées à la nature et à la
ralement de portée limitée, réalisées suggèrent que les nanotubes de carbone quantité de produits utilisés, aux procé-
in vitro ou in vivo chez l’animal. Les seraient potentiellement toxiques pour dés mis en oeuvre et aux modes de tra-
caractéristiques physico-chimiques des l’homme et doivent donc inciter à la vail. L’attitude à tenir doit reposer essen-
nanotubes de carbone dont dépendent prudence. tiellement sur une application pondérée
principalement leurs propriétés toxico- et actualisée du principe de précaution
logiques y sont, de surcroît, rarement Dans un tel contexte où une éva- en fonction des avancées de la recherche
précisées. Néanmoins, les recherches luation quantitative et une maîtrise des sur les effets adverses biologiques des
menées sur cellules ont déjà mis en évi- risques s’avèrent délicates, il est recom- nanotubes de carbone.
dence le caractère insoluble des nanotu- mandé de rechercher, lors de la mani-
bes de carbone, leur capacité à pénétrer pulation de ces nouvelles substances
à l’intérieur des cellules et à provo- chimiques, le niveau d’exposition le plus
quer une cytotoxicité. Chez l’animal, les bas possible. Pour ce faire, il importe
études ont montré que les nanotubes de développer une approche basée sur Reçu le : 12/10/2007
de carbone sont capables d’engendrer la précaution et de mettre en place des Accepté le : 04/12/2007

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