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La nécessité de réformer le système fiscal de la Côte d’Ivoire s’est imposée aux différents
Premiers Ministres qui se sont succédés à la tête du gouvernement depuis 2013, eu égard au
poids des défis à relever tant au plan du renforcement du rendement fiscal qu’à celui de la
recherche de la compétitivité de l’économie ivoirienne.
Prenant en compte les résultats des réflexions et des travaux organisés successivement sous
l’égide de Monsieur Kablan Duncan et de feu Gon Coulibaly, et tenant compte des évolutions
récentes, le Premier Ministre Patrick ACHI a mis en place, par arrêté, le Cadre d’Élaboration des
Réformes Fiscales dont les travaux sont placés sous sa responsabilité directe.
L’objectif assigné à ce Cadre par Monsieur le Premier Ministre le 4 juillet 2022, à l’occasion de
l’installation du Comité Scientifique, est d’élaborer un projet de réformes fiscales
ambitieuses, se traduisant par des mesures d’optimisation du rendement du système fiscal,
de renforcement de la compétitivité et de l’attractivité de l’économie ivoirienne.
Les travaux du Comité Scientifique ont effectivement débuté le 15 juillet 2022 et se sont
achevés le 14 octobre 2022.
L’engouement et le sérieux qu’ont connu les travaux ont montré que le Chef du
Gouvernement, en prenant cette initiative, venait combler une forte attente.
À l’heure de la production de ce rapport, je voudrais saluer la très bonne qualité de la
collaboration qui a régné lors des travaux. Les Structures techniques d’appui ont été constantes
tout au long de ces trois mois de travaux, en termes de disponibilité, d’écoute et de production
d’inputs pour l’élaboration du rapport.
Ces travaux se sont déroulés dans un esprit de dialogue constructif et sans langue de bois et
l’ensemble des mesures proposées ont emporté l’adhésion de tous, tant en ce qui concerne
les mesures de gouvernance que celles relatives à l’amélioration de l’environnement fiscal de
l’activité économique. Cette disponibilité et la flexibilité, qui allaient parfois au-delà des règles
qui encadrent la gestion administrative, ont fortement contribué à la qualité de ce rapport.
Il convient d’exprimer toute ma reconnaissance à Monsieur le Premier Ministre, Son Excellence,
Monsieur Patrick ACHI pour l’honneur qu’il m’a fait en portant son choix sur ma modeste
personne, pour présider les travaux du Comité scientifique de cet important cadre.
J’associe, tout naturellement, à ces remerciements, le Secteur privé à travers la
Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire et son Président, Monsieur Jean Marie
ACHAH, pour l’appui inestimable qu’ils ont apporté à l’organisation et au bon déroulement de
nos travaux.
Je tiens à exprimer ma sincère gratitude au Directeur de Cabinet du Premier Ministre pour
l’appui et les initiatives entreprises pour le bon déroulement des travaux.
Je souhaite que ce rapport suive un cheminement qui aboutisse au Conseil des Ministres, afin
que les mesures proposées, malgré leur coût budgétaire à court terme, engagent l’ensemble
des membres du Gouvernement et aient des chances d’être appliquées.
Le comité scientifique n’ayant pas été en mesure d’effectuer le chiffrage du coût budgétaire
des reformes proposées, il conviendrait de confier ce chiffrage aux services spécialisés du
Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat ou à un Cabinet privé.
2
Puissent ces mesures rythmer la marche de la Côte d’Ivoire vers l’atteinte de la vision d’une
Côte d’Ivoire Solidaire, que le Chef de l’Etat a fixée comme Objectif de son Programme du
Gouvernement.
3
SOMMAIRE
Acronymes et abréviations………………………………………………………………………………………………………… 5
Introduction………………………………………………………………………………………………………………………………. 6
VIII-Annexe .…………………………………………………………………………………………………………………………. 44
4
ACRONYMES ET ABREVIATIONS
5
INTRODUCTION
6
A la fin de ses travaux, elle a produit un Rapport contenant plus de 70 mesures, répondant
aux principales préoccupations exprimées par l'ensemble des acteurs du système fiscal,
notamment le Gouvernement, les Administrations publiques, le secteur privé et la société civile.
Toutefois, ce rapport n’a pu être examiné par le Conseil des Ministres afin de partager les
mesures préconisées avec l’ensemble des membres du Gouvernement et de faciliter sa mise en
œuvre.
7
et du Développement, du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, ainsi
que du Directeur de Cabinet du Premier Ministre. Il est également chargé de définir
les grandes orientations et les objectifs des réformes à élaborer, de fixer le périmètre
et le contenu de celles-ci. In fine, le Comité d’Orientation valide les propositions issues
des travaux du Comité Scientifique et du Comité Technique ;
- le Comité Technique : il a en charge l’examen des réformes proposées par le Comité
Scientifique et de les soumettre à la validation du Comité d’Orientation. Il est également
chargé d’organiser des échanges avec les partenaires techniques et financiers. Il est
présidé par le Directeur de Cabinet du Premier Ministre et comprend les conseillers
sectoriels du Premier Ministre ;
- le Comité Scientifique : il a pour mission de revisiter le Rapport de la Commission de
Réforme Fiscale de 2014, de recueillir les besoins des Ministères techniques et ceux
du secteur privé, de les examiner, de les traduire en propositions de réformes et de
les soumettre au Comité Technique. Placé sous la présidence du Conseiller spécial du
Premier Ministre en charge des réformes fiscales, il comprend les représentants des
Ministères à missions économiques et financières, du secteur privé et des Chambres
consulaires. Cette composition mixte a été retenue pour respecter la tradition de
dialogue qui existe entre l’Etat et le secteur privé.
8
- l’organisation d’exposés et de conférences animés par des experts et des personnes-
ressources issus de l’Administration publique et du secteur privé ;
- la présentation, par un consultant, des résultats des revues documentaires, à la
recherche de bonnes pratiques fiscales à travers le monde ;
- l’exposé des propositions de réformes issues du Rapport de la Commission de
Réforme fiscale de 2014 dénommé "Réformer le système fiscal et douanier pour
soutenir le développement de la Côte d’Ivoire" ;
- l’organisation des débats et l’élaboration des propositions de réformes.
Deux importants exposés ont été faits en prélude aux travaux du Comité scientifique. Il s’agit de
:
- la « Vision Côte d’Ivoire 2030 » par le Directeur adjoint de cabinet du Premier Ministre
en charge du secteur privé qui retrace les grandes orientations du Gouvernement en
matière économique et qui met le secteur privé au cœur du développement national ;
- la « Côte d’Ivoire 2040 : le défi du meilleur » par le Directeur exécutif de la
Confédération générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) qui expose les
principales préoccupations du secteur privé en vue de la transformation structurelle
de l’économie nationale.
Le présent Rapport qui a sanctionné les travaux du Comité Scientifique, intitulé « Pour une
fiscalité douce et efficace » s’appuie sur :
- les propositions du Rapport de la Commission de Réforme fiscale de 2014 dont les
principales mesures n’ont pu être mises en œuvre ;
- les recommandations et suggestions tirées des communications et des débats ;
- les enseignements relevés dans les revues documentaires.
S’il ne peut être nié que des efforts considérables ont été faits depuis 2011 en vue
d’améliorer le système fiscal ivoirien, il n’en demeure pas moins qu’il existe encore des
marges de manœuvre pour optimiser ce système fiscal.
9
I- Mesures de renforcement du rendement du système fiscal
Le potentiel fiscal de la Côte d’Ivoire, malgré d’importants progrès réalisés ces dernières années,
est érodé par la fraude sous toutes ses formes, tant au plan national qu’international et par le
développement incontrôlé du secteur informel qui représente environ 49 % du PIB, selon
l’Institut National de la Statistique.
Les mesures proposées ont pour but d’améliorer le rendement du système fiscal à travers la
lutte contre la fraude, la réduction du secteur informel et l’imposition de certaines niches
fiscales.
2°-L’obligation pour les collectivités locales d’aménager des espaces dédiés aux
activités commerciales
Cette mesure vise à favoriser la sédentarisation des petits opérateurs économiques du
secteur dit informel et à faciliter leur immatriculation dans les fichiers de l’Administration
1
Source : Direction Générale des Impôts.
10
fiscale. Des programmes d’investissements doivent être conçus dans ce sens par les autorités
locales et soumis au Gouvernement.
11
fiscale, doit mettre en place des solutions techniques et pratiques appropriées, en
collaboration avec les collectivités locales, les tribunaux et l’Administration fiscale,
pour une prise en compte accélérée des données de ces immatriculations massives. Il
doit également fédérer toutes les initiatives qui sont prises ou envisagées en cette
matière, par les différents ministères techniques ;
- mettre en place des dispositifs incitatifs afin d’obtenir l’adhésion des petites
entreprises à ces programmes d’identification fiscale. Dans ce sens et afin d’inciter au
paiement des impôts et de contribuer à l’amélioration du civisme fiscal, il est proposé
de coupler les procédures fiscales avec celles appliquées en matière de cotisations
sociales ;
- rejeter dans les transactions commerciales et les déclarations fiscales, les factures
émanant d’entreprises non immatriculées au fichier de l’Administration fiscale.
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2- La rationalisation des exonérations fiscales et douanières
Les exonérations fiscales et douanières sont devenues, au fil des années, dans le système
fiscal ivoirien, les principaux instruments d’incitation fiscale.
Elles sont contenues dans divers textes particuliers dont les principaux sont, notamment, les
conventions de partenariat public-privé, le Code des Investissements, le Code minier et le
Code pétrolier. Les manques à gagner de ces mesures se sont chiffrés, en 2019 à 381,7 milliards
de francs2 . Le principal prélèvement en cause est la taxe sur la valeur ajoutée.
Le niveau élevé de ces manques à gagner oblige à les encadrer et à les maîtriser. Dans ce
sens, il est proposé :
- de poursuivre la mise en œuvre du plan de rationalisation des exonérations
adopté par le Gouvernement3, tout en préservant l’objectif économique et social qui
a guidé l’instauration de celles-ci ;
- d’instituer des mesures correctives afin de contenir les déviations qu’elles
induisent, notamment, en termes de fraude et d’évasion fiscales. Ainsi, la préférence
doit désormais être donnée à l’utilisation des crédits et réductions d’impôts ou, au
besoin, des subventions budgétaires ;
- d’accompagner les suppressions des exonérations contenues dans le Code général
des Impôts en matière de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), en raison du caractère
sensible de certains produits et services concernés. Cet accompagnement devrait
se traduire entre autres, par l’adoption de taux réduits pour les produits tels que
les engrais, les aliments pour bétail, les farines de céréales et du taux zéro pour les
produits alimentaires d’origine naturelle.
Afin de réduire l’importance de la fraude liée à ces exonérations en la matière qui motive la
demande de leur suppression, il convient de digitaliser leur gestion.
2
Données issues de la présentation du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat sur le thème relatif à la
suppression des exonérations et des régimes spéciaux.
3
Communication en Conseil des Ministres enregistrée sous le rôle n° 0000503 du 25 mars 2019.
13
par le Conseil de l’Europe et l’Organisation de Coopération et de Développement
économiques (OCDE) en 1988.
Cette convention institue entre les Etats signataires, l’échange automatique de renseignements
d’ordre fiscal et financier, aux fins de lutter efficacement contre l’érosion des bases imposables.
La Côte d’Ivoire n’a à ce jour, pas encore adhéré à cette convention qui comporte des dispositifs
importants en matière de lutte contre la fraude.
Dans le même sens, la Côte d’Ivoire doit adhérer à l’accord relatif à l’assistance mutuelle en
matière fiscale du Forum sur l’Administration fiscale africaine (ATAF) qui permet l’échange
d’informations fiscales entre les pays africains.
4
https://www.icrict.com/icrict-in-thenews/2019/2/5/prix-de-transfert-comment-les-multinationales-excellent-
dans-lvasion-fiscale.
14
Concernant les métaux, notamment l’or, des avancées ont été enregistrées dans la recherche
de solutions grâce à la détermination d’une valeur de référence sur le marché mondial, au
contraire des grands produits agricoles d’exportation tels que le cacao, le café, l’anacarde, la
banane et le coton. Pour ces produits, la problématique des prix de transfert se pose avec
acuité.
S’agissant du cas particulier du cacao, la détermination des prix de transfert par les sociétés
locales, qui sont pour la plupart des filiales entièrement contrôlées par des maisons-mères à
l’étranger et à qui elles effectuent la totalité de leurs livraisons, est contestée par
l’Administration fiscale.
De cette situation, naissent de façon récurrente, de difficiles contentieux en raison de
l’existence de plusieurs types de prix qui sont :
- le prix CAF de référence fixé par le Conseil du Café Cacao. Ce prix prévoit toutes les
charges supportées localement sur les fèves de cacao, y compris la rémunération des
entreprises exportatrices. Ce prix CAF correspond au prix moyen pondéré des ventes
réalisées par anticipation et des ventes réalisées en cours de campagne ;
- le prix de confirmation de vente ou prix de déblocage pour la concession des droits
d’exportations des fèves de cacao : c’est le prix convenu entre la société exportatrice
locale et le Conseil du Café Cacao ou entre le client à l’étranger et le Conseil du Café Cacao
;
- le prix de contrepartie commerciale qui est le prix effectif de vente des fèves de cacao.
Ce prix est celui qui est effectivement négocié et pratiqué entre la filiale exportatrice et
sa société mère à l’étranger ou le client à l’étranger.
Les exportateurs ivoiriens considèrent le prix CAF, qui est en réalité un prix administratif, comme
étant le prix de pleine concurrence. Cette position est contestée par l’Administration fiscale. En
la matière, il n’y a, malheureusement, aucun repère dans la recherche de solution, ni au plan
de la doctrine administrative, ni au plan de la loi. Il urge donc de combler ce vide juridique afin
de renforcer la contribution de ce secteur aux recettes fiscales qui demeure faible.
En effet, les montants de l’impôt sur les bénéfices et de l’impôt sur le revenu des valeurs
mobilières tirés en 2021 du cacao, principal produit d’exportation de notre pays, s’établissent,
respectivement à 6,7 milliards de francs et de 431,1 millions de francs pour un chiffre
d’affaires global de 2 064,1 milliards de francs. Le bénéfice réalisé par les entreprises du
secteur est de 22,1 milliards de francs, soit 1,07 % du chiffre d’affaires, ce qui apparaît bien
faible5. En termes de comparaison, l’impôt sur les bénéfices du secteur du cacao, principal impôt
sur l’exploitation, représente 0,3 % du chiffre d’affaires contre 5,40 %6 dans les
télécommunications en 2021.
Dans le but d’apporter des réponses à la problématique des prix de transfert dans le secteur du
cacao et de permettre à l’Etat de tirer un meilleur profit de ce grand produit d’exportation, au
plan fiscal le Comité propose, les mesures ci-après :
- pour les fèves, fixer par la loi, le prix de pleine concurrence au niveau du prix de
contrepartie commerciale. Ce prix doit correspondre aux données du London
5
Source : Direction générale des Impôts.
6
Données fournies par l’Union nationale des Entreprises de Télécommunications (UNETEL).
15
International Financial Futures and options Exchange ou LIFFE, précisément au prix
de clôture à la date du contrat de contrepartie en tenant compte du différentiel
d’origine. Le prix de pleine concurrence ainsi déterminé ne doit, en aucun cas, être
inférieur au prix de déblocage ;
- pour les produits transformés, appliquer un coefficient dit ratio de transformation,
au prix de vente du produit concerné sur le marché mondial. Ce coefficient doit
être calculé chaque année à partir des données commerciales recueillies tant sur
le plan local que sur le plan international. En cas de changement notable sur le
marché, ce prix pourra être corrigé en fin d’exercice.
Le Gouvernement ne peut laisser prospérer cette pratique de fraude face à laquelle
l’Administration fiscale se trouve totalement désarmée.
En tout état de cause, et compte tenu de la complexité de la problématique des prix de
transfert, il est très fortement recommandé :
- le renforcement de la règlementation fiscale par l’instauration de la possibilité de
conclure des accords préalables en matière de prix de transfert. Ainsi, le prix de
transfert peut faire l’objet d’accord avec les entreprises, comme le recommande
l’OCDE ;
- le recours systématique par l’Administration fiscale à des experts nationaux et
internationaux. Il y aura un prix à payer et le Gouvernement ne doit pas lésiner sur
les moyens en raison de l’importance des enjeux financiers en cause.
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fiscales de 287 milliards de francs7. Malgré ce niveau de recettes fiscales, tous impôts
confondus, le secteur des télécommunications se caractérise par une grande faiblesse des
bénéfices commerciaux déclarés. En 2021, le montant des bénéfices réalisés s’élève
seulement à 61 milliards de francs.
Cette situation s’explique en partie par le poids de la parafiscalité qui s’élève à près de 116
milliards de francs8 et qui entame lourdement le rendement des impôts leaders tels que
l’impôt sur les bénéfices et l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières.
Les entreprises du secteur dénoncent une pression fiscale élevée qui est due également à
l’absence d’une taxation appropriée des géants du numérique (Google, Apple, Facebook,
Amazone, Microsoft, etc.) en Côte d’Ivoire.
Compte tenu de la complexité de l’industrie du numérique, perméable à l’évasion fiscale, il
convient, afin d’assurer un contrôle fiscal efficace et de parvenir à une meilleure imposition
optimale du secteur, de recourir de façon systématique à des experts nationaux et
internationaux.
7
Données fournies par l’Union nationale des Entreprises de Télécommunications (UNETEL).
8
Données fournies par l’Union nationale des Entreprises de Télécommunications (UNETEL).
17
4- L’imposition des institutions de microfinance
Il est de plus en plus constaté l’entrée des sociétés commerciales, notamment des banques
classiques, dans le secteur des microfinances. Cette situation, source d’évasion fiscale,
pourrait s’expliquer par l’existence des avantages fiscaux accordés à ce secteur d’activités.
Aussi conviendrait-il d’exclure les sociétés de capitaux exerçant dans le domaine de la
microfinance, du champ d’application des exonérations prévues en matière d’impôt sur les
bénéfices et d’impôt sur le revenu des créances.
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7- Les mesures de renforcement des ressources fiscales des collectivités locales
Pour renforcer les ressources des collectivités locales, il est proposé la création d’une
nouvelle taxe, le relèvement de la quote-part des recettes de certains impôts d’Etat
rétrocédés aux collectivités locales, la mise en application de la taxe d’habitation et la
rationalisation de la fiscalité locale.
19
En conséquence, il est proposé de mettre en place un mécanisme de reversement automatique
de tous les impôts ou quotités d’impôts et taxes prélevés au profit des collectivités territoriales.
20
II- Mesures d’amélioration de la compétitivité de l’économie ivoirienne
Le système fiscal ivoirien se caractérise par un niveau élevé du taux d’imposition totale. Ce
taux traduit le pourcentage du bénéfice consacré au paiement des impôts dans un pays. Il est
de 48,3 % en Côte d’Ivoire contre une moyenne de 36,5 % pour les pays à économie
performante d’Asie Pacifique et de 31,6 % pour l’Asie Centrale et l’Europe de l’Est. Quant aux
moyennes africaine et mondiale, elles se situent respectivement à 47,0 % et 40,1 %.9
Par ailleurs, il ressort des résultats des revues documentaires que sur la période 2018-2020, le
flux des investissements directs étrangers de la Côte d’Ivoire représentait 1 % du PIB contre
1,2 % en Afrique du Sud, 1,9 % au Maroc et 2,4 % au Rwanda10.
Cette situation traduit le manque de compétitivité de notre économie et appelle l’adoption
de mesures urgentes conduisant à la mise en place d’une fiscalité douce.
Dans ce cadre, il est proposé des mesures d’allègement du poids de la fiscalité, aussi bien au
double plan global et sectoriel qu’au plan des procédures.
1- La suppression d’impôts
Les mesures de suppression concernent les impôts dont le caractère antiéconomique est avéré.
Elles concernent :
1-1- La patente commerciale
La suppression de cette taxe qui est prélevée du seul fait de l’exercice d’une activité
professionnelle, se justifie par son caractère désuet et anti-investissement qui est fortement
décrié.
1-2- L’impôt minimum forfaitaire
Ce prélèvement est acquitté sur les résultats déficitaires. Il ne traduit pas, de ce fait, la faculté
contributive réelle des entreprises concernées et donne le sentiment de pénaliser les
contribuables en difficultés.
1-3- La contribution nationale pour le développement économique, culturel et social
de la nation concernant le personnel local
Cette mesure vise à réduire la charge fiscale globale sur les salaires du personnel local.
9
Source : Cabinet PWC.
10
Source : Cabinet PWC.
21
1-4- Les prélèvements à la source à la charge des opérateurs économiques connus
des fichiers de l’Administration fiscale
L’existence de retenues à la source se justifie, notamment, par la volonté de fiscaliser les
opérateurs économiques non immatriculés au fichier de l’Administration fiscale. Pour cette
raison, l’appliquer aux opérateurs fiscalement immatriculés apparaît comme une double
imposition.
1-5- L’impôt foncier sur les bâtiments en cours de construction
La législation fiscale prévoit l’imposition des bâtiments en cours de construction à l’impôt sur
le patrimoine foncier. Une telle disposition est non seulement antiéconomique, mais elle va à
l’encontre du principe de l’imposition des bâtiments à l’achèvement.
En vue d’alléger la charge fiscale des entreprises, il est proposé de supprimer cette
disposition.
22
Le taux de 10 % devra être ramené à 5 % pour les petites et moyennes entreprises et pour les
sociétés cotées à la Bourse régionale des Valeurs mobilières.
2-4- La fiscalité foncière rurale
1°-L’accession à la propriété foncière en milieu rural
Les coûts de l’accession en pleine propriété en milieu rural sont dissuasifs et hors de portée des
populations. Il convient de les réduire afin d’inciter les populations à l’immatriculation de leurs
parcelles. Pour cela, l’Etat doit aider à la réduction des coûts des formalités d’accès à la
propriété foncière en :
- s’impliquant davantage dans la fixation des coûts techniques ;
- procédant à une réduction drastique de la fiscalité appliquée.
2°-L’impôt foncier sur les exploitations agricoles
Les tarifs actuels apparaissent dissuasifs et incitent à la fraude. Il convient de les réduire afin
d’obtenir l’adhésion des propriétaires concernés. Les différents recensements en cours au
niveau des organisations interprofessionnelles agricoles doivent aider à l’application de cette
mesure.
23
alimentaires naturels et halieutiques. Le régime du taux zéro se traduit par le
remboursement de la TVA supportée sur les coûts de production ;
- l’institution d’un régime de franchise de TVA au profit des entreprises qui exportent
plus de 90% de leur production ;
- l’assujettissement du secteur des assurances à la TVA en remplacement de la taxe sur
les contrats d’assurances, afin de permettre aux entreprises du secteur de bénéficier
des avantages de la TVA.
11
Source : Direction générale des Impôts.
24
des technologies de l’information et de la communication et des entreprises émettrices de
monnaies électroniques.
25
- d’étendre le taux zéro de la TVA aux produits du secteur ;
- d’exonérer des droits de douane les intrants et matériels d’insémination, les
équipements et matériels de production des aliments pour les ressources animales
et halieutiques ;
- d’octroyer des crédits d’impôts pour investissements aux acteurs de ce secteur.
3- L’écologie
La Côte d’Ivoire fait face à de nombreux défis environnementaux et de développement durable.
Il s’agit notamment de la pollution environnementale, de la dégradation des sols, de la perte
de la diversité biologique et des changements climatiques.
Pour faire face à ces défis, il est recommandé d’exonérer de la taxe sur les opérations
bancaires les prêts consentis par les banques et établissements financiers pour le
financement des projets à impact environnemental avéré, notamment les projets de
réduction des pollutions, les projets de valorisation des ressources et du couvert forestier.
12
Source : Association Professionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés de Côte d’Ivoire.
26
- d’exonérer de la taxe sur les opérations bancaires, les opérations de refinancement
des institutions de microfinance auprès des banques en vue de réduire le coût du
crédit à leur clientèle.
27
2- Adoption par voie législative d’un Livre de procédures des vérifications douanières
Les procédures relatives à la vérification douanière ont été prises par voie règlementaire.
Pour donner plus de force à ces textes, il est recommandé de transformer toutes les
dispositions en vigueur en lois et de les codifier dans un texte unique.
28
III- Mesures spécifiques en faveur des ports autonomes
Il s’agit essentiellement d’aménager le régime fiscal des ports autonomes pour assurer leur
compétitivité.
En effet, le décret portant approbation des statuts des ports prévoit la création au profit de
ces entités d’un régime fiscal de faveur. Toutefois, ce régime particulier n’est pas, jusqu’à ce
jour, mis en place.
Compte tenu, d’une part, de l’importance des programmes d’investissements que les ports
doivent exécuter et d’autre part, des lourdes charges de fonctionnement auxquelles ils
doivent faire face, il est proposé en leur faveur le régime fiscal ci-après :
A- En matière d’investissements
Il est proposé :
- d’exonérer les ports autonomes des droits de douanes sur les acquisitions de biens et
services destinés à la réalisation des grands travaux d’extension ;
- de mettre en place un mécanisme de financement de la TVA supportée dans le cadre
de ces grands travaux.
B- En matière d’exploitation
Il est recommandé :
- d’inciter les ports autonomes à exercer l’option prévue pour l’application de la TVA sur
les locations d’immeubles nus pour leur permettre de bénéficier pleinement des
avantages liés à cette taxe ;
- d’exonérer les ports de l’impôt sur les bénéfices.
29
IV- Mesures techniques
Il s’agit essentiellement :
- d’une part, de rationaliser le système d’imposition des revenus des personnes
physiques ;
- et, d’autre part, d’instituer un impôt sur les sociétés en remplacement de l’impôt sur
les bénéfices industriels et commerciaux.
13
Annexe fiscale à la loi n° 2016-116 du 8 décembre 2016 portant Budget de l’Etat pour l’année 2017, article 4.
30
3- Introduction graduelle de la progressivité dans l’imposition des revenus catégoriels
Le système d’impositions libératoires des revenus catégoriels préconisé doit être limité dans
le temps et évoluer à moyen ou long terme vers un système de taux progressifs, plus juste et
équitable.
31
V- Mesures de privilèges fiscaux
32
Ces dispositions doivent être réaménagées, l’objectif étant d’élargir le champ des avantages
de droit commun en vue de rendre exceptionnel le recours au Code des Investissements.
Ainsi, il est proposé pour les entreprises nouvelles :
- une réduction dégressive de l’impôt sur les bénéfices sur une période qui ne peut
excéder cinq ans ;
- l’octroi de crédits d’impôts ;
- la suspension de la TVA au moment de la création ;
- l’exonération de droits de douane sur les acquisitions de biens d’équipements.
Le bénéfice de ces dispositions devra être acquis d’office, sur autorisation du Directeur
Général des Impôts ou du Directeur Général des Douanes.
3- Le Code Minier
Les avantages fiscaux dans le secteur minier sont accordés dans le cadre des conventions
signées entre le Gouvernement et l’entreprise. Il est à noter que ces conventions comportent
généralement des dispositions fiscales plus favorables que celles prévues dans le Code minier,
ce qui paraît anormal, l’exonération relevant du domaine de la loi.
Pour cette raison, il est proposé de limiter désormais les dispositions des conventions
minières signées avec l’Etat aux seuls aspects techniques liés à l’activité minière et de se référer
au Code Minier pour les dispositions fiscales.
4- Le Code Pétrolier
Les sociétés pétrolières, par une interprétation abusive des dispositions du Code pétrolier et
des contrats de partage de production, incluent les impôts de tiers dans la part de pétrole
versée en nature à l’Etat.
Il s’agit notamment des impôts sur les traitements et salaires, de l’impôt sur le revenu des
valeurs mobilières, de l’impôt sur le revenu des créances et de la retenue au titre de l’impôt
sur les bénéfices non commerciaux. Les sociétés pétrolières sont chargées de les retenir à la
source et de les reverser au Trésor public pour le compte des contribuables concernés qui ne
sont pas visés par le Code Pétrolier.
33
Il est recommandé d’affirmer dans le Code Pétrolier et dans les contrats de partage de
production, que la part de pétrole versée en nature à l’Etat, par les sociétés pétrolières ne
comprend pas les impôts de tiers.
Par ailleurs, il est proposé d’instituer une obligation de transmission à l’Administration fiscale
par les entreprises pétrolières, de l’ensemble de leurs coûts pétroliers, des volumes et valeurs
du pétrole et du gaz vendus. Elles doivent également communiquer les détails des coûts
supportés par leurs prestataires de services pétroliers.
34
2°- L’aménagement de la fiscalité applicable
- Les régimes du forfait
Les mesures proposées sont destinées à alléger la fiscalité applicable aux PME relevant de la
taxe d’Etat de l’entreprenant, c’est-à-dire, celles réalisant un chiffre d’affaires de 10 à 50
millions de francs, en phase d’investissements et en phase d’exploitation.
Pour les entreprises en phase d’investissements, il est proposé une exonération des droits de
douane pour les acquisitions de biens d’équipements.
S’agissant des PME en phase d’exploitation, il est recommandé de fixer un taux unique de
1,5 % sur le chiffre d’affaires pour la détermination de la taxe d’Etat de l’entreprenant.
En ce qui concerne les PME relevant du régime des microentreprises, il est proposé en phase
d’investissements une exonération des droits de douane pour les acquisitions de biens
d’équipements, et en phase d’exploitation, un taux d’imposition de 2,5 % du chiffre d’affaires
pour la détermination de l’impôt des microentreprises.
- Les régimes du réel d’imposition
En phase d’investissements, il est proposé d’exonérer les PME de la taxe sur les opérations
bancaires (TOB) pour les prêts destinés à l’acquisition des biens d’investissements,
d’équipements et à la constitution de leurs fonds de roulement. L’exonération proposée
porte également sur les droits de douane et la TVA pour les acquisitions de biens
d’investissements et d’équipements.
En phase d’exploitation, les avantages accordés portent sur l’impôt sur les bénéfices, l’impôt
sur le revenu des valeurs mobilières, la TVA et les droits d’enregistrement.
Au titre de l’impôt sur les bénéfices, il est proposé :
d’accorder aux PME nouvelles, une exonération totale de l’impôt sur les bénéfices sur
les deux premières années de leur création ;
de fixer le taux de l’impôt sur les bénéfices pour les PME à 10 % ;
d’accorder aux grandes entreprises une réduction de 25 % de l’impôt sur la part de
bénéfices résultant des contrats de sous-traitances avec les PME.
En ce qui concerne l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières, il est recommandé :
de réduire le taux de l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières de 15 à 5 % pour les
petites et moyennes entreprises.
S’agissant de la taxe sur la valeur ajoutée, il est suggéré :
d’exonérer de la taxe sur la valeur ajoutée, l’énergie utilisée par les PME industrielles
pour leur fonctionnement.
En matière de droits d’enregistrement et de promotion des centres de gestion agréés, il est
proposé :
d’exonérer les PME du droit de bail ;
Par ailleurs, il convient d’adopter des mesures incitatives au profit des experts-comptables et
des conseils fiscaux pour les inciter à créer des CGA pour l’encadrement des contribuables.
35
Cette mesure ne peut s’appliquer que si les comptes du contribuable sont certifiés par un
expert-comptable agréé.
1-2- Mesures spécifiques en matière d’investissements
Pour encourager l’installation des PME industrielles et de services relevant d’un régime réel
d’imposition, un régime spécial mérite d’être aménagé.
Sont concernées par ce régime fiscal, les PME industrielles et de services relevant d’un régime
réel d’imposition. Les privilèges fiscaux qui leur sont accordés le sont en fonction de la phase
d’investissement ou de la phase d’exploitation.
1°- En phase d’investissements et de développement d’activités, il est proposé au
profit de ces PME :
- l’exonération de droits de douane et la suspension de la TVA sur les acquisitions de
biens d’investissement y compris le matériel informatique ;
- l’exonération de TOB pour les prêts destinés aux acquisitions de biens d’équipement
et à la constitution de fonds de roulement ;
- l’exonération du droit de bail.
2°- En phase d’exploitation, les mesures suivantes sont recommandées :
- En matière d’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux :
accorder l’exonération de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux
sur une période de 3 ans maximum pour la zone d’Abidjan. Cette durée est
portée à cinq ans pour les investissements réalisés à l’intérieur du pays;
fixer, au terme de la période d’exonération, un taux dégressif en matière
d’impôt sur les bénéfices, sur une période de deux ans pour la zone d’Abidjan
et de trois ans pour l’intérieur du pays ;
octroyer un crédit d’impôt de 50 % maximum du montant des investissements
réalisés et imputable sur toutes les autres natures d’impôts.
- En matière d’impôt sur le revenu des valeurs mobilières, réduire de moitié, le taux de
l’impôt.
- En matière de redevance industrielle, réduire de 75 % maximum, le montant de la
redevance industrielle.
- En matière d’impôt sur le patrimoine foncier et d’impôt sur le revenu foncier, réduire
de 50 % maximum, le montant de l’impôt sur le patrimoine foncier et de l’impôt sur le
revenu foncier.
-
2- Le Code de Promotion de l’Habitat économique et social
Selon les statistiques du Ministère en charge de la Construction, le déficit en logements est
estimé aujourd’hui à plus de 600 000 unités, avec un accroissement de 10 % chaque année.
Dans le but de parvenir à résorber ce déficit, il est recommandé d’adopter par une loi portant
Code de Promotion de l’Habitat économique et social, des mesures d’incitation fiscales au
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profit des entreprises de promotion immobilière. Les privilèges fiscaux à accorder aux sociétés
de promotion immobilière concernent :
- les logements destinés à la vente directe ;
- les logements destinés à la location-vente ;
- les logements destinés à la location simple ;
- les résidences universitaires et les internats.
Les privilèges fiscaux bénéficient aux maisons basses et aux bâtiments en hauteur à caractère
économique et social et sont octroyés dans des conditions allégées.
Ainsi, il est proposé les mesures suivantes :
1°-En phase d’investissements
- Accorder l’exonération des droits de douane sur les acquisitions des matériaux non
produits localement et destinés à la construction des logements ;
- réduire de moitié, le montant de la TOB sur les prêts accordés aux promoteurs
immobiliers par les banques.
2°-En phase d’exploitation
- Réduire de 60 % maximum, le montant de l’impôt sur les bénéfices. Pour les grands
investissements dans l’habitat, est proposé de porter ce taux à 75 % maximum ;
- réduire de 30 % maximum, le montant de l’impôt sur le revenu des valeurs
mobilières ;
- réduire de 50 % maximum, le montant de l’impôt sur le patrimoine foncier et de
l’impôt sur le revenu foncier pendant 10 ans, aussi bien pour le promoteur que pour
l’acquéreur ;
- exonérer de TOB, les crédits accordés aux primo-acquéreurs par les banques.
S’agissant des constructions de logements destinés à la location-vente, la location simple, aux
résidences universitaires et aux internats, ces mesures sont accordées sous la condition que
l’Etat intervienne dans la fixation du montant des loyers.
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Si l’application de l’exonération des droits de douane n’appelle pas d’observations particulières,
il n’en est pas de même en ce qui concerne l’exonération de la TVA qui constitue une
source importante d’évasion fiscale.
Ainsi, il est proposé de mettre en place un mécanisme de prise en charge par l’Etat de la TVA
appliquée aux projets. Le mécanisme proposé distingue les contrats de partenariat public- privé
à paiement public de ceux à paiement usagers.
Pour les contrats de partenariat public-privé à paiement public, il est recommandé de
mettre en place un mécanisme de financement public permettant la prise en charge
de la TVA par l’Etat. En effet, pour ce type de contrat, l’entreprise supporte la TVA et
les droits de douane pour lesquels elle est obligée de se financer auprès des banques
à des taux élevés. Ce qui contribue à renchérir le coût du projet.
En remplacement de l’exonération de la TVA actuellement pratiquée, il doit être proposé un
mécanisme de crédit garanti par l’Etat sur le moyen terme. Les charges liées à ce crédit
doivent être supportées par l’État ou intégrées dans le coût du projet.
Pour les contrats de partenariat public-privé à paiement usagers, il convient de faire
supporter la TVA et par l’entreprise dans la mesure où le paiement du service fourni
est facturé directement aux utilisateurs.
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VI- Mesures institutionnelles
Une véritable réforme de fonds doit être engagée en matière de Gouvernance fiscale comme
c’est le cas dans plusieurs pays à travers le monde y compris en Afrique.
En effet, il est établi qu’aucun système fiscal, quelles que soient ses qualités, ne peut donner
un meilleur rendement, s’il n’est pas conduit par une gouvernance institutionnellement forte.
Dans ce sens, les mesures suivantes sont proposées.
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Ces agences doivent être dotées de moyens conséquents déterminés par un pourcentage des
recettes fiscales et douanières recouvrées.
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4- La création d’une Autorité nationale de Promotion du Civisme fiscal
Cette proposition prend en compte l’impérieuse nécessité d’opérer un changement radical de
mentalité des ivoiriens vis-à-vis de l’impôt.
L’Autorité nationale de Promotion du Civisme fiscal sera chargée de mettre en œuvre un
programme national de promotion du civisme fiscal en direction de toutes les couches
sociales de la population, y compris les pouvoirs publics et les autorités politiques pour
valoriser voire sublimer le devoir fiscal dans notre pays.
Cette Autorité nationale doit avoir l’ancrage le plus élevé possible et prendre en compte,
notamment :
- la redevabilité de l’impôt, en particulier à l’endroit des autorités politiques et
administratives ;
- la formation et la sensibilisation des opérateurs économiques à leurs obligations
fiscales et comptables ;
- la publication d’un rapport annuel sur l’état du civisme fiscal, la situation de la fraude
fiscale et de la corruption en matière fiscale en Côte d’Ivoire ;
- l’amélioration du consentement à l’impôt en valorisant l’effort fiscal des citoyens.
Dans ce sens, les responsables politiques doivent changer de discours et faire
comprendre aux citoyens que les grandes réalisations de l’Etat sont la matérialisation
de leur effort fiscal.
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VII- La gestion des coûts attendus
Les conclusions des travaux du Comité Scientifique du Cadre d’Elaboration des Réformes
Fiscales répondent pour l’essentiel aux grandes préoccupations relayées par l’ensemble des
acteurs du système fiscal, notamment les Administrations publiques et le secteur privé.
Cependant, certaines des mesures préconisées engendreront des pertes de recettes dont le
chiffrage doit être effectué. Il s’avère donc nécessaire que ce chiffrage des coûts soit confié aux
services spécialisés du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat ou à un cabinet privé.
Cela permettra d’élaborer un chronogramme qui intègre les différentes contraintes aussi
bien budgétaires, qu’économiques.
Ainsi, il convient de noter que les réformes identifiées se caractérisent par leur cohérence
globale et doivent pour cette raison, être examinées dans leur ensemble. La combinaison des
effets négatifs des unes et des effets positifs des autres devrait assurer leur équilibre global
et, in fine, la sécurité des recettes.
Il faudrait donc éviter de tomber dans la tentation qui consisterait à ressortir ces mesures de
façon isolée, en les détachant de cette cohérence générale, pour les intégrer, selon les
besoins du moment, dans les Lois de Finances annuelles, en dehors d’un chronogramme de
mise en œuvre, établi en fonction de diverses contraintes relevées.
Les coûts, qui pourraient être à l’origine des craintes sont à la fois directs, indirects et généraux.
Les baisses de recettes résident dans les propositions de réduction des taux de TVA, d’impôt
sur les BIC, ainsi que dans la suppression de certains prélèvements, notamment la patente, la
contribution nationale pour le développement économique et social et l’impôt minimum
forfaitaire. Elles ressortent également des régimes particuliers proposés notamment en
faveur des PME et de l’habitat économique et social.
La réduction des pertes liées à ces mesures proviendra des gains attendus des créations de
nouvelles taxes proposées.
Mais il conviendrait d’aller au-delà de ce calcul « mécanique » et de prendre en compte les
effets indirects de certaines mesures en raison de leur impact bénéfique sur l’économie.
Ainsi, la suppression de certains prélèvements tels que la patente, l’impôt minimum
forfaitaire, certaines taxes spéciales ou parafiscales sont de nature à impacter positivement le
rendement des impôts sur les BIC et sur le revenu des valeurs mobilières, du fait de l’allègement
des charges déductibles dans les comptes des entreprises que la mesure entraînera.
Les différentes mesures de lutte contre la fraude, proposées au plan national comme à
l’international, devraient renforcer l’efficacité du système fiscal.
S’agissant des effets généraux positifs non chiffrables attendus, ils concernent les réductions
de taux de prélèvements et de propositions d’organisation et de gouvernance.
Ainsi :
- la réduction du taux de la TVA permettra de relancer la consommation et d’augmenter
les recettes de cette taxe ;
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- l’allègement des taux et des tarifs d’impôts rendra la fraude peu rentable et
découragera les candidats à la fraude. La baisse du niveau général de la fiscalité
allègera le poids de l’impôt sur l’économie et sur les ménages. En effet, le paiement
de celui-ci, rendu facile, limitera les résistances au devoir fiscal ;
- les propositions relatives à la gouvernance fiscale avec la création des Agences
autonomes des Impôts et des Douanes induiront, pour les responsables choisis selon
leur mérite, une obligation de résultat qui les exposera à des sanctions en cas de faute
ou d’insuffisance de résultat ;
- la création des tribunaux spécialisés en matière fiscale, renforcera positivement la
lutte contre la fraude ;
- l’établissement d’un programme national d’éducation au civisme fiscal, animé par une
Autorité indépendante à ancrage élevé, fera émerger la soumission à l’obligation
fiscale comme une norme sociale. L’accomplissement du devoir fiscal ainsi érigé en vertu
célébrée, rendra moins douloureux le paiement des impôts ;
- certaines de ces mesures doivent être soumises à des études préalables ;
- l’organisation d’une bonne redevabilité de l’impôt proposée par le Comité, permettra
de montrer au contribuable la bonne utilisation de sa contribution aux charges de
l’Etat et à celles de développement du pays.
Au total, ces mesures d’organisation, d’éducation et de gouvernance favoriseront le
changement de comportement du citoyen face à l’impôt et son refus de rentrer dans les chaînes
de fraude et de corruption.
Au demeurant, les réformes préconisées rentrent dans le cadre d’une démarche de
changements, porteurs de progrès et susceptibles d’entraîner des coûts, mais ceux-ci ne
devraient pas constituer un frein à la marche en avant. La nécessité d’études préalables pour
certaines mesures et leur application progressive dans le temps, dans un chronogramme de
mise en œuvre bien agencé, devraient permettre de lever les craintes en matière budgétaire.
Il faut saisir l’opportunité qu’offre la forte croissance que connaît l’économie ivoirienne pour
engager des réformes courageuses de notre système fiscal.
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ANNEXE 1
ARRETE N°0585/PM/CAB DU 20 MAI 2022 PORTANT
CREATION, ATTRIBUTIONS, ORGANISATION ET
FONCTIONNEMENT DU CADRE D'ELABORATION DES
REFORMES FISCALES
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49
ANNEXE 2
ARRETE N°07341PM/CAB DU 07 JUILLET 2022
PORTANT NOMINATION DES MEMBRES DU COMITE
SCIENTIFIQUE DU CADRE D'ELABORATION DES
REFORMES FISCALES
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