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Le contrôle des opérations internationales- prix de transfert

Introduction
Le contrôle fiscal des opérations internationales revêt une importance de premier plan en raison
des difficultés qu’éprouvent nos administrations fiscales à appréhender les pratiques
dommageables constatées dans les opérations effectuées par la plus part des entreprises
multinationales. La multiplicité et les complexités de ces opérations internationales ne sont pas
de nature à faciliter leur contrôle au plan fiscal au vu des enjeux financiers importants auxquels
font face les administrations fiscales.

En effet, les opérations internationales cachent le plus souvent des transferts indirects de
bénéfices sous la forme de prix de transfert. La notion de prix de transfert se rapporte à
l’établissement des prix pratiqués dans le cadre des transactions transfrontalières de biens, de
services, d’actifs incorporels entre entreprises du même groupe. Ces prix ont une incidence
directe sur le résultat accusé par la comptabilité et par conséquence, sur les impôts et taxes
que les entreprises de groupe doivent payer dans chacun des pays où elles sont installées.
Selon les estimations de l’OCDE, les pertes fiscales dues à des stratagèmes de BEPS (base
érosion, Price shifting) atteignent annuellement 100 à 240 milliards de dollar. D’après GFI1, en
Guinée, au Mali et au Togo, les pertes annuelles moyennes causées par la manipulation de la
facturation des transferts étaient estimées à respectivement 16%, 25% et 13% des recettes de
l'Etat entre 2002 et 20062.
De nos jours, au sein de nos administrations fiscales, ce phénomène de transfert indirect de
bénéfice existe sous leurs formes diverses et prend de plus en plus de l’ampleur.

Dans le processus de contrôle des prix de transfert, les vérificateurs font face à ce phénomène
avec des moyens techniques et normatifs très limités : frais de siège, ou redevances excessifs,

Les difficultés d’appréciation des prix de transfert (absence de comparables), le suivi des
investissements dans le cadre des contrats, la prime de réassurance dans les sociétés de

1
Groupe Français d’Informatique.

1
réassurance, la rémunération du personnel expatrié, les artifices anormaux de sous-
capitalisation, le régime de la TVA pour compte de tiers et de la retenue pour les opérations
des prestataires non domiciliés fiscalement dans le pays.

Il faut faire observer qu’en plus des conséquences en matière d’impôt sur les sociétés (IS), il
faut relever les conséquences en matière de revenus distribués lorsque des rehaussements de
la base d’imposition à l’IS sont effectués.

Le présent document est articulé autour des points suivant :

I- Définition des principaux termes ;


II- Dispositif juridique existant ;
III- Opérations transfrontalières et risques fiscaux liés ;
IV- Quelques observations ;
V- Conclusion.

I- Définition des principaux termes

I-1 Prix de transfert : les prix de transfert s sont des prix auxquels une entreprise transfère
des biens corporels, des actifs incorporels ou rend des services à des entreprises
associées. (OCDE).

Nb : le prix de transfert ne signifie pas de facto un abaissement de la base imposable à


l’impôt sur les sociétés. C’est un prix convenu d’accord partie entre entreprises du même
groupe dans le cadre de leurs relations commerciales.

Au sein d'un groupe, une filiale A établie en Côte d’Ivoire vend des ordinateurs à une autre
filiale B établie au Togo, le prix de vente des ordinateurs est un prix de transfert

Il faut relever que généralement, en fixant leurs prix de transfert, les groupes opèrent des
choix qui affectent de façon immédiate et directe l'assiette fiscale des États concernés par les
transactions.

Toutefois, un prix de transfert peut ne pas susciter un transfert de bénéfice.

I-2 Entreprises associées ou liées , entreprises controlées ( art 107 du CGI nouveau) :
«1- Deux entreprises sont considérées comme associées ou liées lorsque :

a- Une entreprise participe directement ou indirectement à la direction, au contrôle ou au


capital de l’autre entreprise, ou
b- La même personne ou les mêmes personnes participent directement ou indirectement à
la direction, au contrôle ou au capital des deux (2) entreprises.

2
2- une personne ou une entreprise participe directement ou indirectement à la direction, au
contrôle ou au capital d’une entreprise si :

a- Elle détient directement ou indirectement, plus de 50% du capital social de l’entreprise,


ou
b- Elle a la capacité effective d’influer sur les décisions commerciales de l’entreprise.

3- des entreprises indépendantes sont des entreprises qui ne sont pas associées l’une à
l’autre.

4- une transaction contrôlée est une transaction entre des entreprises associées.

5- une transaction sur le marché libre est une transaction entre des entreprises qui sont
indépendantes. »

I-3 principe de pleine concurrence : Suivant ce principe, les prix pratiqués pour des transactions
entre sociétés liées doivent être établis par référence aux prix pratiqués par des entreprises
indépendantes sous peine de correction de bénéfice par les administrations fiscales. Autrement
dit, le prix de pleine concurrence doit correspondre au prix qui aurait été pratiqué et accepté par
des entreprises indépendantes dans des circonstances comparables. Dès lors, afin d’éviter tout
risque fiscal, l’entreprise doit s’assurer que ses prix de transfert ne s’écartent pas de ce prix de
transfert.

I-4 paradis fiscal : Il n'existe pas de définition législative des paradis fiscaux.
Toutefois, l'Organisation de coopération et de développement économique
(OCDE) considère qu'il faut quatre critères pour les définir :

 impôts inexistants ou insignifiants ;


 absence de transparence ;
 législation empêchant l'échange d'informations avec les autres
administrations ;
 et enfin tolérance envers les sociétés-écran ayant une activité
fictive.

I-5 Etats ou territoires non coopératifs à des fins fiscales : sont des territoires sur lesquels la
fiscalité est très basse en comparaison à celle des pays de l’OCDE. De plus, ces territoires sont
caractérisés par le secret bancaire au nom duquel les banques refusent de divulguer certaines
données sur les comptes.

Dans la plus part des législations, ce que le langage commun appelle paradis fiscaux, porte 2
noms : les États non coopératifs en matière fiscale et les États faisant bénéficier de régimes
fiscaux privilégiés.

3
II- Dispositif juridique existant

L’examen de la législation nationale fait ressortir l’existence d’un dispositif spécifique au prix
de transfert qui s’articule autour des points suivants :

Tableau n°01 : dispositions du CGI du Togo

N° CGI CGI/LPF/ Dispositions Brève explication Observ


ancien nouveau on
Art 1185 Art 98 /LPF Sous réserve de l'application des L’objectif visé par la
conventions fiscales internationales, présente disposition est de
donnent lieu à l'application d'une rapprocher au maximum le
retenue à la source lorsqu'ils sont payés par taux de la retenue au taux
un débiteur établi au Togo à des personnes de l’IS afin de lutter contre
ou des sociétés relevant de les transferts indirects de
l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les bénéfice.
sociétés, qui n'ont pas dans ce pays Cette retenue est supportée
d'installations professionnelles par le prestataire étranger
permanentes : et n’est pas déductible de la
271 base de l’IS.
1) les sommes versées en rémunération
d'une activité déployée au Togo dans
l’exercice d’une profession libérale ;
2) les produits perçus par les inventeurs ou
au titre de droits d'auteur ainsi que les
produits tirés de la propriété industrielle ou
commerciale et de droits assimilés ;

3) les sommes payées en rémunération des


prestations de toute nature fournies ou
utilisées au Togo.
Le taux de la retenue est fixé à vingt pour
cent (20%) des sommes et produits bruts
ci-dessus…..

1 Art 39-1 Art. 98/CGI Le bénéfice est établi sous déduction de Bien souvent, l’effectivité
toutes les charges remplissant les de la dépense pose
conditions suivantes: problème et la justification
-être exposées dans l’intérêt direct de suffisante est remise en
l’entreprise ou se rattacher à la gestion cause.
normale de l’entreprise ;
-correspondre à une charge effective et
être appuyée de justifications suffisantes ;
-se traduire par une diminution de l’actif
net de l’entreprise ;
-être comprises dans les charges de
l’exercice au cours duquel elles ont été

4
engagées ;
-concourir à la formation d’un produit non
exonéré d’impôt sur le bénéfice.
Sous les conditions générales ci-dessus et
spécifiques ci-après, sont notamment
déductibles les charges énumérées aux
articles 99 à 102.

2 Art Les redevances de cession ou concession Il est signifié dans cet article
.99-k/CGI de licences d’exploitation, de brevets une double condition à la
d’invention, de marques de fabrique, déductibilité des charges
procédés ou formules de fabrication et énumérées à savoir :
autres droits analogues en cours de validité o La limitation
sont déductibles dans la limite de 5% du desdites charges à
chiffre d’affaires hors taxes. Toutefois, les 5% du CA ;
sommes payées ne sont admises en o Le caractère réel et
déduction du bénéfice que si le débiteur non exagéré des
apporte la preuve que ces dépenses charges
correspondent à des opérations réelles et
qu’elles ne présentent pas de caractère
exagéré.
3 Art 39- Art.99-l/CGI Les frais d’assistance technique et la quote- Trois observations à noter :
1-m part des frais de siège incombant aux o la précision des frais
sociétés résidentes au Togo ne peuvent de siège ;
dépasser 10% du bénéfice imposable o la limitation de ces
desdites sociétés avant déduction des frais frais à 10% du
en cause. bénéfice ;
En cas de déficit, cette disposition o le report de
s’applique sur les résultats de l’exercice déduction en
bénéficiaire le plus récent non prescrit. Si période déficitaire
aucun exercice non prescrit n’est
bénéficiaire, le droit à déduction est
définitivement perdu.
Les frais de siège correspondent aux frais
de secrétariat, rémunérations du personnel
employé au siège et autres frais engagés
par la société mère pour les besoins de
l’ensemble des filiales et/ou établissements
stables.
4 Art 39- Art.99-m/ Les intérêts servis aux sociétés à raison des o Les intérêts alloués
1-n CGI sommes versées par eux dans la caisse aux associés des
sociale, en sus de leur part de capital, sociétés sont
quelle que soit la forme de la société, sont déductibles au taux
déductibles dans la limite de ceux calculés légal plus 3 points ;
au taux d’intérêt légal majoré de trois(03) o Ceux liés aux
points. emprunts auprès
Les intérêts des emprunts réalisés par les des personnes
sociétés auprès de personnes physiques ou étrangères, autres
morales étrangères domiciliées ou que les banques,
résidentes hors du Togo autres que les sont déductibles au
banques et établissements financières sont taux légal ;

5
déductibles, à condition que ces emprunts o En tout état de
soient justifiés et ce, dans la limite du taux cause, la charge
d’intérêt légal. d’intérêts
Cette déduction est subordonnée à la déductibles au titre
condition que le capital de la société ait été d’un exercice ne
entièrement libéré, qu’il s’agisse de peut être
constitution de société ou d’augmentation supérieure à 30%
de capital. d’EBE.
Toutefois, le montant total des intérêts
déductibles ne peut pas excéder trente
pour cent (30%) de l’excédent brut
d’exploitation ; cette disposition ne
s’applique pas aux banques et aux
établissements financiers.
5 Art 112 Art.99-s/CGI 1.Toutes sommes correspondant à des
dépenses déductibles en vertu des o Le renversement de
dispositions du présent code payées ou la charge de la
dues par une personne physique ou morale preuve au cas où le
domiciliée ou établie au Togo à des prestataire est situé
personnes physiques ou morales qui sont dans un pays à
domiciliées ou établies dans un Etat fiscalité privilégiée
étranger ou un territoire situé hors du Togo ou un territoire non
et y sont soumises à un régime fiscal coopération ;
privilégié, ou un pays non coopératif, ne o La même limitation
sont admis comme charges déductibles s’impose lorsque
pour l’établissement de l’impôt que si le des transactions
débiteur apporte la preuve que les s’effectuent sur le
dépenses correspondent à des opérations territoire togolais
réelles et qu’elles ne présentent pas un entre des
caractère anormal ou exagéré. entreprises
2. Cette limitation s’applique également aux n’appartenant pas à
transactions effectuées entre les la même juridiction
entreprises établies sur le territoire fiscale.
togolais, dont l’une bénéficie d’un régime
fiscal privilégié, en vertu d’une loi, d’une
convention, ou de toutes autres
dispositions.
3. Les personnes sont considérées comme
soumises à un régime fiscal privilégié, dans
l’Etat ou le territoire considéré comme
soumises a régime fiscal privilégié, dans
l’Etat ou le territoire considéré, si elles n’y
sont pas imposables ou si elles y sont
assujetties à des impôts sur les bénéfices ou
sur les revenus, dont le montant est
inférieur de plus de la moitié à celui de
l’impôt sur les bénéfices ou sur les revenus
dont elles auraient été redevables dans les
conditions de droit commun au Togo, si
elles y avaient été domiciliées ou établies.
4. Sont considérés comme non coopératifs,

6
les Etats et territoires qui ne se conforment
pas aux standards internationaux en
matière de transparence et d’échange
d’informations dans le domaine fiscal, de
manière à favoriser l’assistance
administrative nécessaire à l’application de
la législation fiscale togolaise et qui observe
une fin de non-recevoir à une demande de
signature de convention en matière
d’échange de renseignements formulée par
le Togo.
La liste desdits Etats et Territoires est fixée
par arrêté du ministre chargé des finances.
6 Art. 104 1. Aux fins de l’application des règles o Rappel du principe u
relatives à la détermination du de pleine
résultat fiscal lorsqu’une entreprise concurrence ;
s’engage dans une ou plusieurs o Rehaussement de la
transactions commerciales ou base à l’IS lorsque
financières avec une entreprise les prix pratiqués
associée qui n’est pas établie au ne respectent pas
Togo chacune de ces entreprises les prix du marché
doit déterminer le montant de ses concurrentiel.
bénéfices imposables de manière
conforme au principe de pleine
concurrence. Le montant des
bénéfices imposables établi par une
entreprise qui effectue une ou
plusieurs transactions
commerciales ou financières avec
une entreprise associée respecte le
principe de la pleine concurrence si
les conditions de ces transactions
ne différent pas de celles qui
seraient convenues entre des
entreprises indépendantes pour
des transactions comparables dans
des circonstances comparables.
2. Lorsque les conditions convenues
ou imposées dans des transactions
commerciales ou financières entre
entreprises associées auxquelles les
dispositions exposées au point 1
s’applique ne sont pas conformes
au principe de la pleine
concurrence, les bénéfices qui, sans
ces conditions, auraient été réalisés
par l’une des entreprises et
imposés à la charge de cette
entreprise au Togo mais n’ont pu
l’être en fait à cause de ces
conditions, peuvent être inclus

7
dans les bénéfices de cette
entreprise et imposés en
conséquence.
7 Art 112 Art.105/CGI 1. Deux entreprises sont considérées
comme associées ou liées lorsque :
a- une entreprise participe directement
ou indirectement à la direction, au
contrôle ou au capital de l’autre
entreprise, ou
b- la même personne ou les mêmes
personnes participent directement ou
indirectement à la direction, au
contrôle ou au capital des deux(02)
entreprises.
2- Une personne ou une entreprise
participe directement ou indirectement à la
direction, au contrôle ou au capital d’une
entreprise si :
a- elle détient, directement ou
indirectement, plus de 50% du
capital social de l’entreprise, ou
b- elle a la capacité effective d’influer
sur les décisions commerciales de
l’entreprise.
3-Des entreprises indépendantes sont des
entreprises qui ne sont pas associées l’une
à l’autre.
4-Une transaction contrôlée est une
transaction entre des entreprises
associées.
5-Une transaction sur le marché libre est
une transaction entre des entreprises qui
sont indépendantes.
9 Art 142 Art.107/CGI Les produits bruts des participations d’une o pour la
société mère dans le capital d’une société détermination du
filiale sont retranchés du bénéfice net total bénéfice imposable,
défalcation faite d’une quote-part lorsque les
représentative de frais et charges. Cette conditions requises
quote-part est fixée uniformément à 5% du pour qu'une société
produit total des participations mais elle ne puisse bénéficié du
peut excéder, pour chaque période régime des sociétés
d’imposition, le montant total des frais et mères sont
charges de toute nature exposés par la remplies, les
société participante au cours de ladite produits des actions
période ……… ou parts d'intérêt
de la filiale perçus
par la société mère
au cours de
l'exercice peuvent
être retranchés de
son bénéfice net

8
total, défalcation
faite d'une quote-
part de frais et
charge

o Les revenus autres


que les produits des
participations
n'ouvrent pas droit
à l'application du
régime spécial.

Il en est ainsi notamment :

des revenus
d’obligations ;
des produits des
titres autres que
ceux des filiales.

10 Art 106 /CGI -Obligation documentaire En cas de vérification de


Les contribuables doivent réunir des comptabilité, l’entreprise
informations et mener des analyses doit être en mesure de
suffisantes pour s’assurer que les justifier la politique de prix
conditions de leurs transactions avec les de transfert, la pertinence
entreprises associées sont conformes aux de la méthode de
dispositions de l’article 104 du présent rémunération choisie et
code. Ces informations et analyses doivent surtout la normalité de la
être communiquées à l’Administration rémunération pratiquée en
fiscale dans les conditions fixées par l’article se fondant à la fois sur une
206 du livre de procédures fiscales. analyse fonctionnelle
pertinente et sur un examen
de comparabilité

La documentation devra
comporter des informations
d’ordre juridique, économique,
fiscal, comptable et
méthodologique quant aux
modalités de détermination et
de validation des prix de
transfert.

9
Tableau n°02 : dispositions du CGI du Sénégal

N° Art du CGI dispositions observation


01 17
Prix de transfert
1. Pour l'établissement de l'impôt sur les sociétés dû
par les entreprises qui sont sous la dépendance ou qui
possèdent le contrôle d'entreprises situées hors du
Sénégal, les bénéfices indirectement transférés à ces
dernières soit par majoration ou diminution des prix
d'achat ou de vente, soit par sous-capitalisation, soit
par tout autre moyen, seront incorporés aux résultats
accusés par les comptabilités.
Il est procédé de même pour les entreprises qui sont
sous la dépendance d'une entreprise ou d'un groupe
possédant également le contrôle d'entreprises situées
hors du Sénégal.
2. La condition de dépendance ou de contrôle n'est pas
exigée lorsque le transfert s'effectue avec des
entreprises établies dans un Etat étranger ou dans un
territoire situé hors du Sénégal dont le régime fiscal est
privilégié, ou dans un pays non coopératif, au sens de
l'article 18.
3. Des liens de dépendance sont réputés exister entre
deux entreprises :
a- lorsque l'une détient directement ou par personne
interposée la majorité du capital social de l'autre ou y
exerce en fait le pouvoir de décision ;
b- lorsqu'elles sont placées l'une et l'autre, dans les
conditions définies au a, sous le contrôle d'une même
entreprise.
4. En cas de défaut de réponse à la demande écrite
formulée par l’administration, en application des
dispositions de l’article 570 sur des informations
concernant les modalités de fixation du prix des
transactions intragroupe ou en cas d'absence de
production ou de production partielle de la
documentation mentionnée aux articles 638 et 639, les
bases d'imposition concernées par la demande sont
évaluées par l'administration à partir des éléments dont
elle dispose.
5. A défaut d'éléments précis pour opérer les
rectifications prévues aux alinéas précédents, les
produits imposables sont déterminés par comparaison
avec ceux des entreprises similaires exploitées
normalement.
2 18
Limitation de déduction de sommes versées dans un

10
régime fiscal privilégié
1. Les intérêts, arrérages et autres produits des
obligations, créances, dépôts et cautionnements, les
redevances de cession ou concession de licences
d'exploitation, de brevets d'invention, de marques de
fabrique, procédés ou formules de fabrication et autres
droits analogues ou les rémunérations de services,
payés ou dus par une personne physique ou morale
domiciliée ou établie au Sénégal à des personnes
physiques ou morales qui sont domiciliées ou établies
dans un Etat étranger ou un territoire situé hors du
Sénégal et y sont soumises à un régime fiscal
privilégié, ou un pays non coopératif, ne sont admis
comme charges déductibles pour l'établissement de
l'impôt que si le débiteur apporte la preuve que les
dépenses correspondent à des opérations réelles et
qu'elles ne présentent pas un caractère anormal ou
exagéré.
2. Il en est de même pour tout versement effectué sur
un compte tenu dans un organisme financier établi
dans un des Etats ou territoires non coopératifs ou à
fiscalité privilégiée.
3. Les personnes sont considérées comme soumises à
un régime fiscal privilégié dans l'Etat ou le territoire
considéré si elles n'y sont pas imposables ou si elles y
sont assujetties à des impôts sur les bénéfices ou les
revenus dont le montant est inférieur de plus de la
moitié à celui de l'impôt sur les bénéfices ou sur les
revenus dont elles auraient été redevables dans les
conditions de droit commun au Sénégal, si elles y
avaient été domiciliées ou établies.
4. Sont considérés comme non coopératifs, les Etats et
territoires qui ne se conforment pas aux standards
internationaux en matière de transparence et
d'échange d'informations dans le domaine fiscal, de
manière à favoriser l'assistance administrative
nécessaire à l'application de la législation fiscale
sénégalaise. La liste desdits Etats est fixée par décision
du Ministre chargé des Finances.
3 570
Lorsqu’au cours d'une vérification de comptabilité
l'administration a réuni des éléments faisant présumer
qu'une entreprise a opéré un transfert indirect de
bénéfices, au sens des dispositions de l’article 17, elle
peut demander à cette entreprise des informations et
documents précisant :
1° la nature des relations entrant dans les prévisions de
l’article 17, entre cette entreprise et une ou plusieurs
entreprises exploitées hors du Sénégal ;
2° la méthode de détermination des prix des opérations
de nature industrielle, commerciale ou financière qu'elle
effectue avec des entreprises, sociétés ou
groupements visés au 1° et les éléments qui la justifient
ainsi que, le cas échéant, les contreparties consenties ;
3° les activités exercées par les entreprises, sociétés

11
ou groupements visés au 1°, liées aux opérations
visées au 2° ;
4° le traitement fiscal réservé aux opérations visées au
2° et réalisées par les entreprises qu'elle exploite hors
du Sénégal ou par les entreprises visées au 1° dont
elle détient, directement ou indirectement, la majorité
du capital ou des droits de vote.
Les demandes visées au premier alinéa doivent
indiquer explicitement, par nature d'activité ou par
produit, le pays ou le territoire concerné, l'entreprise, la
société ou le groupement visé ainsi que, le cas
échéant, les montants en cause. Elles doivent, en
outre, préciser à l'entreprise vérifiée le délai de réponse
qui lui est ouvert. Ce délai, est de vingt (20) jours, et
peut être prorogé sur demande motivée sans
pouvoir excéder au total une durée de
quarante-cinq (45) jours.
04 630
Lorsque l'administration a, dans le délai initial de
reprise, demandé à l'autorité compétente d'un autre
Etat des renseignements concernant soit les relations
d'un contribuable qui entrent dans les prévisions de
l’article 638 avec une entreprise établie dans cet Etat,
soit les biens dont il dispose dans cet Etat, les
omissions ou insuffisances d'imposition y afférentes
peuvent être réparées, même si le délai initial de
reprise est écoulé, jusqu'à la fin de la quatrième année
qui suit celle de la réponse à la demande.

05 638
Obligation documentaire sur les prix de transfert :
dispositions générales
I. La personne morale établie au Sénégal doit tenir à
la disposition de l'Administration des impôts une
documentation permettant de justifier la politique de
prix pratiquée dans le cadre de transactions de toute
nature réalisées avec des entreprises associées
établies à l’étranger au sens de l’article 17. Cette
obligation s’applique à la personne morale si :

a) elle a un chiffre d'affaires annuel hors taxes


supérieur ou égal à cinq (5) milliards de francs ;
b) elle détient à la clôture de l'exercice, directement
ou indirectement, plus de la moitié du capital ou des
droits de vote d'une société établie ou constituée au
Sénégal ou hors du Sénégal, remplissant la condition
mentionnée au point a) ;
c) plus de la moitié de son capital ou des droits de
vote est détenue, à la clôture de l'exercice,
directement ou indirectement, par une société
remplissant la condition mentionnée au point a).
II. La documentation mentionnée au I comprend :
1. des informations générales sur le groupe

12
d'entreprises associées, notamment :
- une description générale de l'activité déployée,
incluant les changements intervenus au cours des
exercices vérifiés ;
- une description générale des structures juridiques
et opérationnelles du groupe d'entreprises associées,
comportant une identification des entreprises
associées du groupe engagées dans des
transactions contrôlées ;
- une description générale des fonctions exercées et
des risques assumés par les entreprises associées
dès lors qu'ils affectent l'entreprise vérifiée ;
- une liste des principaux actifs incorporels détenus,
notamment brevets, marques, noms commerciaux et
savoir-faire, en relation avec l'entreprise vérifiée ;
- une description générale de la politique de prix de
transfert du groupe ;
2. des informations spécifiques concernant
l'entreprise vérifiée, notamment :
a) une description de l'activité déployée, incluant les
changements intervenus au cours des exercices
vérifiés ;
b) une description des opérations réalisées avec
d'autres entreprises associées, incluant la nature et
le montant des flux, y compris les redevances ;
c) une liste des accords de répartition de coûts ainsi
qu'une copie des accords préalables en matière de
prix de transfert et des rescrits relatifs à la
détermination des prix de transfert, affectant les
résultats de l'entreprise vérifiée ;
d) une présentation de la ou des méthodes de
détermination des prix de transfert dans le respect du
principe de pleine concurrence, comportant une
analyse des fonctions exercées, des actifs utilisés et
des risques assumés ainsi qu'une explication
concernant la sélection et l'application de la ou des
méthodes retenues ;
e) lorsque la méthode choisie le requiert, une
analyse des éléments de comparaison considérés
comme pertinents par l'entreprise.

III. Cette documentation ne se substitue pas aux


justificatifs afférents à chaque transaction. Elle est
tenue à la disposition de l'administration à la date
d'engagement de la vérification de comptabilité.
Si la documentation requise n'est pas mise à sa
disposition à cette date, ou ne l'est que partiellement,
le service des impôts peut adresser à la personne
morale visée au I une mise en demeure de la
produire ou de la compléter dans un délai de quinze
(15) jours, en précisant la nature des documents ou

13
compléments attendus.
06 639
Obligation documentaire sur les prix de transfert :
dispositions particulières
Lorsque des transactions de toute nature sont réalisées
avec une ou plusieurs entreprises associées établies
dans un Etat ou territoire non coopératif au sens de
l’article 18, la documentation mentionnée à l'article
précédent comprend également, pour chaque
entreprise bénéficiaire des transferts, une
documentation complémentaire comprenant l'ensemble
des documents qui sont exigés des sociétés passibles
de l'impôt sur les sociétés, y compris le bilan et le
compte de résultat établis dans les conditions prévues
par l’article 31.

Tableau n°02 : dispositions du CGI /LPF de la France

N° Art CGI /LPF disposition observation


01 Art 57 du CGI L’article 57 du CGI dispose que pour l’établissement
de l’impôt sur le revenu dû par les entreprises qui
sont sous la dépendance ou qui possèdent le contrôle
d’entreprises situées hors de France, les bénéfices
indirectement transférés à ces dernières, soit par voie
de majoration ou de diminution des prix d’achat ou de
vente, soit par tout autre moyen, sont incorporés aux
résultats accusés par les comptabilités.

02 Art 238A du Les intérêts, arrérages et autres produits des


CGI obligations, créances, dépôts et cautionnements, les
redevances de cession ou concession de licences
d'exploitation, de brevets d'invention, de marques de
fabrique, procédés ou formules de fabrication et
autres droits analogues ou les rémunérations de
services, payés ou dus par une personne physique
ou morale domiciliée ou établie en France à des
personnes physiques ou morales qui sont domiciliées
ou établies dans un Etat étranger ou un territoire situé
hors de France et y sont soumises à un régime fiscal
privilégié, ne sont admis comme charges déductibles
pour l'établissement de l'impôt que si le débiteur
apporte la preuve que les dépenses correspondent à
des opérations réelles et qu'elles ne présentent pas
un caractère anormal ou exagéré.

Pour l'application du premier alinéa, les personnes


sont regardées comme soumises à un régime fiscal
privilégié dans l'Etat ou le territoire considéré si elles
n'y sont pas imposables ou si elles y sont assujetties
à des impôts sur les bénéfices ou les revenus dont le

14
montant est inférieur de plus de la moitié à celui de
l'impôt sur les bénéfices ou sur les revenus dont elles
auraient été redevables dans les conditions de droit
commun en France, si elles y avaient été domiciliées
ou établies.

Les dispositions du premier alinéa s'appliquent


également à tout versement effectué sur un compte
tenu dans un organisme financier établi dans un des
Etats ou territoires visés au même alinéa.

03 ARTICLE Lorsque, au cours d'une vérification de comptabilité


L13B du LPF ou d'un examen de comptabilité, l'administration a
réuni des éléments faisant présumer qu'une
entreprise, autre que celles mentionnées au I de
l'article L. 13 AA, a opéré un transfert indirect de
bénéfices, au sens des dispositions de l'article 57 du
code général des impôts, elle peut demander à cette
entreprise des informations et documents précisant :

1° La nature des relations entrant dans les prévisions


de l'article 57 du code général des impôts, entre cette
entreprise et une ou plusieurs entreprises exploitées
hors de France ou sociétés ou groupements établis
hors de France ;

2° La méthode de détermination des prix des


opérations de nature industrielle, commerciale ou
financière qu'elle effectue avec des entreprises,
sociétés ou groupements visés au 1° et les éléments
qui la justifient ainsi que, le cas échéant, les
contreparties consenties ;

3° Les activités exercées par les entreprises, sociétés


ou groupements visés au 1°, liées aux opérations
visées au 2° ;

4° Le traitement fiscal réservé aux opérations visées


au 2° et réalisées par les entreprises qu'elle exploite
hors de France ou par les sociétés ou groupements
visés au 1° dont elle détient, directement ou
indirectement, la majorité du capital ou des droits de
vote.

Les demandes visées au premier alinéa doivent être


précises et indiquer explicitement, par nature
d'activité ou par produit, le pays ou le territoire
concerné, l'entreprise, la société ou le groupement
visé ainsi que, le cas échéant, les montants en cause.
Elles doivent, en outre, préciser à l'entreprise vérifiée
le délai de réponse qui lui est ouvert. Ce délai, qui ne
peut être inférieur à deux mois, peut être prorogé sur

15
demande motivée sans pouvoir excéder au total une
durée de trois mois.

Lorsque l'entreprise a répondu de façon insuffisante,


l'administration lui adresse une mise en demeure
d'avoir à compléter sa réponse dans un délai de
trente jours en précisant les compléments de réponse
qu'elle souhaite. Cette mise en demeure doit rappeler
les sanctions applicables en cas de défaut de
réponse (1).

04 ARTICLE Lorsque l'administration a, dans le délai


188A du LPF initial de reprise, demandé à l'autorité
compétente d'un autre Etat ou territoire des
renseignements concernant un contribuable,
elle peut réparer les omissions ou les
insuffisances d'imposition afférentes à cette
demande, même si le délai initial de reprise
est écoulé, jusqu'à la fin de l'année qui suit
celle de la réception de la réponse et, au plus
tard, jusqu'au 31 décembre de la troisième
année suivant celle au titre de laquelle le
délai initial de reprise est écoulé.

Le présent article s'applique dans la mesure


où le contribuable a été informé de
l'existence de la demande de renseignements
dans le délai de soixante jours suivant son
envoi ainsi que de l'intervention de la
réponse de l'autorité compétente de l'autre
Etat ou territoire dans le délai de soixante
jours suivant sa réception par
l'administration.

05 ARTICLE Les personnes morales établies en France :


L13 AA du
LPF a) Dont le chiffre d'affaires annuel hors taxes ou l'actif
brut figurant au bilan est supérieur ou égal à 400
millions d'euros, ou

b) Détenant à la clôture de l'exercice, directement ou


indirectement, plus de la moitié du capital ou des
droits de vote d'une entité juridique – personne
morale, organisme, fiducie ou institution comparable
établie ou constituée en France ou hors de France –
satisfaisant à l'une des conditions mentionnées au a,
ou

c) Dont plus de la moitié du capital ou des droits de

16
vote est détenue, à la clôture de l'exercice,
directement ou indirectement, par une entité juridique
satisfaisant à l'une des conditions mentionnées au a,
ou

d) (Périmé)

e) Appartenant à un groupe relevant du régime fiscal


prévu à l'article 223 A ou à l'article 223 A bis du
même code lorsque ce groupe comprend au moins
une personne morale satisfaisant l'une des conditions
mentionnées aux a, b, c ou d,

doivent tenir à disposition de l'administration une


documentation permettant de justifier la politique de
prix de transfert pratiquée dans le cadre de
transactions de toute nature réalisées avec des
entités juridiques liées au sens du 12 de l'article 39 du
même code établies ou constituées hors de France,
ci-après désignées par les termes : " entreprises
associées ”.

II. - La documentation mentionnée au I comprend


deux parties. La première partie constitue le fichier
principal et comprend des informations sur le groupe
d'entreprises associées et la seconde partie constitue
le fichier local et comprend des informations sur
l'entreprise vérifiée.

1. Le fichier principal comprend :

a) Un schéma illustrant la structure juridique et


capitalistique du groupe ainsi que la situation
géographique des entités opérationnelles ;

b) Les sources importantes de bénéfices du groupe ;

c) Une description de la chaîne d'approvisionnement


des cinq principaux biens et services offerts par des
entreprises du groupe ainsi que de tout autre bien et
service représentant plus de 5 % du chiffre d'affaires
du groupe ;

d) Une liste et une description des accords importants


de prestations de services entre entreprises
associées, à l'exclusion des accords afférents à des
services de recherche et développement. Ces
informations incluent une description des capacités
des principaux sites fournissant les services
importants et des politiques appliquées en matière de
prix de transfert pour répartir les coûts des services et
déterminer les prix facturés pour les services intra-
groupe ;

17
e) Une description des principaux marchés
géographiques sur lesquels les biens et services du
groupe sont vendus ;

f) Une analyse fonctionnelle décrivant les principales


contributions des différentes entités du groupe à la
création de valeur, c'est-à-dire les fonctions-clés
exercées, les risques importants assumés et les actifs
importants utilisés ;

g) Une description des opérations importantes de


réorganisations d'entreprises ainsi que d'acquisitions
et de cessions d'éléments d'actif intervenues au cours
de l'exercice ;

h) Une description générale de la stratégie du groupe


en matière de mise au point, de propriété et
d'exploitation des actifs incorporels. Cette description
comporte notamment la localisation des principales
installations de recherche et développement et celle
de la direction des activités de recherche et
développement ;

i) Une liste des actifs incorporels ou des catégories


d'actifs incorporels qui sont importants pour
l'établissement des prix de transfert ainsi que des
entités qui en sont légalement propriétaires ;

j) Une liste des accords importants entre entreprises


associées relatifs aux actifs incorporels, y compris les
accords de répartition de coûts, les principaux
accords de services de recherche et les accords de
licence ;

k) Une description générale des éventuels transferts


importants de parts d'actifs incorporels entre
entreprises associées, mentionnant les pays et les
rémunérations correspondantes ;

l) Une description générale de la façon dont le groupe


est financé, y compris une description des accords de
financement importants conclus avec des prêteurs
indépendants du groupe ;

m) L'identification de tous les membres du groupe


multinational exerçant une fonction de centrale de
financement pour le groupe, y compris du pays de
constitution des entités considérées et de leur siège
de direction effective ;

n) Une description générale des politiques du groupe


en matière de prix de transfert relatives aux accords
de financement entre entreprises associées ;

18
o) Les états financiers consolidés annuels du groupe
pour l'exercice fiscal s'ils sont préparés par ailleurs à
des fins d'information financière, réglementaires, de
gestion interne, fiscales ou autres ;

p) Une liste et une description des accords préalables


en matière de prix de transfert unilatéraux conclus par
le groupe et des autres décisions des autorités
fiscales concernant la répartition des bénéfices entre
pays.

2. Le fichier local comprend :

a) Une description de la structure de gestion et un


organigramme de l'entreprise ;

b) Une description des activités effectuées et de la


stratégie d'entreprise mise en œuvre en indiquant
notamment si l'entreprise a été impliquée dans ou
affectée par des réorganisations d'entreprises ou des
transferts d'actifs incorporels pendant l'exercice ou
l'exercice précédent et en expliquant les aspects de
ces transactions qui affectent l'entreprise ;

c) Une description des transactions importantes avec


des entreprises associées et des conditions dans
lesquelles elles sont réalisées. Cette description porte
notamment sur les achats de services de fabrication,
les acquisitions de biens, la fourniture de services, les
prêts, les garanties financières et garanties de bonne
exécution, la concession de licences portant des
actifs incorporels ;

d) Les montants des paiements et recettes intra-


groupes pour chaque catégorie de transactions
impliquant l'entreprise vérifiée ventilés en fonction de
la juridiction fiscale du payeur ou du bénéficiaire
étranger ;

e) Une identification des entreprises associées


impliquées dans chaque catégorie de transactions
contrôlées et des relations qu'elles entretiennent avec
l'entreprise vérifiée ;

f) Une copie de tous les accords intra-groupes


importants conclus par l'entreprise vérifiée ;

g) Une analyse de comparabilité et une analyse


fonctionnelle détaillées de l'entreprise vérifiée et des
entreprises associées pour chaque catégorie de
transactions, y compris les éventuels changements
par rapport aux exercices précédents ;

19
h) Une indication de la méthode de détermination des
prix de transfert la plus adaptée pour chaque
catégorie de transactions et des raisons pour
lesquelles cette méthode a été choisie ;

i) Une indication de l'entreprise associée qui a été


choisie comme partie testée, le cas échéant, et une
explication des raisons de cette sélection ;

j) Une synthèse des hypothèses importantes qui ont


été posées pour appliquer les méthodes de fixation
des prix de transfert ;

k) Le cas échéant, une explication des raisons pour


lesquelles une analyse pluriannuelle des méthodes
de prix de transfert a été appliquée ;

l) Une liste et une description des transactions


comparables sur le marché libre et des indicateurs
financiers relatifs à des entreprises indépendantes
utilisés dans le cadre de l'analyse des prix de
transfert, y compris une description de la méthode de
recherche de données comparables avec l'indication
de la source de ces informations ;

m) Une description des éventuels ajustements


effectués en indiquant si ces ajustements ont été
apportés aux résultats de la partie testée, aux
transactions comparables sur le marché libre ou aux
deux ;

n) Une description des raisons pour lesquelles il a été


conclu que les prix des transactions avaient été
établis conformément au principe de pleine
concurrence en application de la méthode de prix de
transfert retenue ;

o) Une synthèse des informations financières utilisées


pour appliquer la méthode de détermination des prix
de transfert ;

p) Une copie des accords de fixation préalable des


prix de transfert unilatéraux, bilatéraux et
multilatéraux existants ainsi que des décisions
d'autres autorités fiscales et qui sont liés à des
transactions contrôlées avec l'entreprise vérifiée ;

q) Les comptes financiers annuels de l'entreprise


vérifiée ;

r) Des informations et des tableaux de répartition


indiquant comment les données financières utilisées
pour appliquer la méthode de détermination des prix
de transfert peuvent être reliées aux états financiers

20
annuels ;

s) Des tableaux synthétiques des données


financières se rapportant aux transactions
comparables utilisées avec l'indication des sources
dont ces données sont tirées.

III. – Cette documentation, qui ne se substitue pas


aux justificatifs afférents à chaque transaction, est
tenue à la disposition de l'administration à la date
d'engagement de la vérification de comptabilité.

Si la documentation requise n'est pas mise à sa


disposition à cette date, ou ne l'est que partiellement,
l'administration adresse à la personne morale
mentionnée au I une mise en demeure de la produire
ou de la compléter dans un délai de trente jours, en
précisant la nature des documents ou compléments
attendus. Cette mise en demeure doit indiquer les
sanctions applicables en l'absence de réponse ou en
cas de réponse partielle.

06 ARTICLE lorsque des transactions de toute nature sont


L13AB réalisées avec une ou plusieurs entreprises
associées établies ou constituées dans un Etat
ou territoire non coopératif au sens de l'article
238-0 A du code général des impôts, la
documentation mentionnée à l'article L. 13 AA
comprend également, pour chaque entreprise
bénéficiaire des transferts, une documentation
complémentaire comprenant l'ensemble des
documents qui sont exigés des sociétés
passibles de l'impôt sur les sociétés, y compris
le bilan et le compte de résultat établis dans les
conditions prévues par le IV de l'article 209 B du
code général des impôts

III- Opérations transfrontalières et risques fiscaux liés

L’optimisation fiscale par la manipulation des prix de transfert est considérée comme l’une des
méthodes les plus utilisées par les entreprises multinationales pour transférer leurs bénéfices
dans des pays dont la fiscalité est plus avantageuse. Ces prix peuvent être déterminés de
manière à transférer les bénéfices d’un groupe dans ses filiales implantées dans les territoires à

21
faible fiscalité. Il ressort de la constatation générale que les transferts indirects des bénéfices
sont réalisés par les pratiques suivantes :

III-1l’analyse des contrats intra groupe

Il a été relevé que nos administrations fiscales manifeste peu d’intérêt aux contrats intra groupe
dans le processus de vérification des Operations internationales. Ces contrats embrassent tous
les secteurs d’activités et des échanges internationaux. L’implication des grands groupes
internationaux et l’importance des flux financiers liés aux clauses contractuelles a amené les
administrations fiscales africaines à s’interroger sur les risques fiscaux afférents à la non
maitrise de ces conventions ou contrats. En effet, ces contrats sont relatifs à des actes à
accomplir, des biens à fournir sous certaines conditions. Dès lors, il est important de
s’intéresser à la qualification du contrat ainsi que les obligations de chacune des parties
relativement au droit fiscal national.

Le pouvoir de contrôle dont jouit l’administration fiscale s’entend de l’ensemble des


prérogatives à elle dévolues légalement e vue d’assurer le respect des dispositions de la loi
fiscale par le contribuable.

L’administration fiscale dispose à l’égard des contrats ou conventions d’un pouvoir


d’interprétation qui lui permet de restituer aux Operations contractuelles leurs véritables
caractères et de tirer les conséquences fiscales découlant de cette requalification.

Par ailleurs, l’administration fiscale dispose du pouvoir d’examiner les contrats des postes
spécifiques de la comptabilité.

III-2 Assistance technique et autres prestations intra groupe

22
Aux termes d’une convention entre la mère et la filiale, la mère s’engage à fournir à la fille une
assistance technique permanente, directement ou par l’intermédiaire d’une filiale qu’elle
précisera, notamment dans les domaines ci-après : Conseil en organisation générale ;

 Ingénierie financière ;
 Recherche de financement ;
 Recherche de partenaires technique et de partenaire en capital ;
 Stratégie de développement et d’implantation ;
 Evaluation, implantation et gestion de supports informatique ;
 Communication, publicité et promotion de l’image auprès de partenaires ;
 Missions d’inspection générale technique, juridique et financière des activités de la
société ;
 Contrôle et animation des directeurs généraux et des directeurs centraux ;
 Relations publiques et négociations avec les groupements, les administrateurs et les
autorités de tutelle dans le cadre de la stratégie de croissance ;
 Recherche et mise à disposition des compétences en matière de ressources humaines
dont les directeurs généraux et les directeurs centraux ;
 Recherche et coordination des politiques du personnel dans les domaines de
recrutement, de la formation, de la rémunération et du transfert de savoir-faire ;
 Etc.²

Généralement, ces frais d’assistance techniques sont déterminés par les sociétés à partir d’un
taux adossé au CA, à EBE ou au bénéfice déclaré par comptabilité, sans pour autant donner
l’indication valorisée de chaque domaine d’intervention. Ce qui ne permet pas à l’administration
fiscale de juger du caractère normal ou anormal de la dépense. De plus, la détermination
forfaitaire de la charge d’assistance technique n’est pas conforme aux conditions de
déductibilité d’une charge, notamment « correspondre à une charge effective et être appuyées
de justifications suffisante ».
L’assistance technique constitue un mode de transfert de bénéfices utilisés par les sociétés.
Les administrations éprouvent des difficultés à prouver la réalité de ces prestations et à
déterminer leur véritable coût.

III-3 Transfert des actifs incorporels

C’est un contrat par lequel une entreprise cède la propriété ou concède l’usage d’actifs
incorporels (brevets, marques, logiciels, etc.) à une entreprise du même groupe contre
rémunération.
En pratique, les vérificateurs éprouvent des difficultés pour contrôler la justesse de la
rémunération notamment lorsque ces actifs incorporels n’ont pas de comparable sur le marché.

L’obligation documentaire instituée par le CGI nouveau devrait permettre au vérificateur, sur la
base des informations spécifiques afférentes à la transaction contrôlée, de procéder à des
redressements lorsque des écarts importants sont constatés entre les prix déclarés et ceux
recueillis sur le marché libre.

III-4 La surévaluation des investissements de départ

23
La surévaluation des investissements de départ se retrouvent plus souvent dans les secteurs
des mines, du pétrole, les télécommunications, les industries brassicoles et les cimenteries.
Ces investissements surévalués induisent des conséquences fiscales en termes de charges
d’amortissement déductibles du résultat déclaré et d’intérêts financiers à déduire du moment
que les investissements sont financés par des prêts provenant d’une entité contrôlée. En effet,
lors de leur implantation, les entreprises étrangères font recours à d’importants investissements
qui consistent en l’acquisition de machines, d’équipements et autres engins lourds.

Lors des travaux de de contrôle, le vérificateur fait le constat de la surévaluation de ces


immobilisations corporelles, hypothéquant ainsi le résultat imposable au titre de plusieurs
années.

Les administrions fiscales ont tout intérêt à vérifier les montants desdits investissements,
surtout lorsque des clauses conventionnelles assortissent les biens corporels d’exonération de
droits de porte.

III-5 la sous-capitalisation

La sous-capitalisation est l’abaissement des capitaux propres en dessous d’un ratio de


solvabilité fixé par la loi. Lorsqu’elle n’est pas encadrée, les entreprises peuvent s’endetter de
façon excessive occasionnant un transfert de bénéfice vers l’étranger lorsque le prêteur y est
établi.

Dans la plupart de nos Etats, afin de lutter contre la sous-capitalisation, les dispositions anti
abus prévoient que les intérêts alloués aux associés à raison des sommes qu’ils mettent à la
disposition de la société en sus de leur part du capital, quelle que soit la forme de la société, ne
sont déductibles que dans la limite de ceux calculés au taux légal. Aussi, le montant total des
intérêts déductibles ne peut pas excéder trente pour cent (30%) de l’excédent brut
d’exploitation.

Dans d’autres Etats, les avances consentis par les entreprises liées ne doivent pas excéder
une fois et demie le montant de ses capitaux propres.

III-6 le crédit documentaire

L’importation de marchandises fait appel à des garanties offertes par les banques. Les crédits
documentaires constituent un mode de garantie d’une importation de biens en contrepartie
d’une commission versée par le client à la banque.
La banque correspondante étrangère peut recevoir une part de commission qui peut soulever
une problématique de prix de transfert.

Cette opération peut être examinée par l’analyse fonctionnelle qui consiste à voir les fonctions
de chaque partie, qui assume le risque en cas de défaillance et qui met en œuvre ses actifs

24
(Trésorerie). Les réponses à ces questions permettront au vérificateur d’apprécier la clé de
répartition de la commission d’engagement par signature.

III-7 le crédit –bail ou leasing

C’est un mode de financement des investissements par lequel une société financière (le crédit
bailleur) met un bien d’équipement à la disposition d’une entreprise (le crédit preneur) pour une
période donnée moyennant une redevance périodique assortie d’une option d’achat.

L’application des règles en matière d’amortissement, de détermination des redevances et de la


valeur résiduelle peut soulever des problématiques de prix de transfert lorsque l’une des parties
au contrat est située à l’étranger (par minoration ou majoration du prix du bien).

IV- Observations

 Les prix de transfert présentent pour nos administrations fiscales un enjeu financier
important vu les montants colossaux en cause ;
 L’essentiel de l’arsenal juridique encadrant les prix de transfert existent dans nos
législations ;
 La vulgarisation du dispositif anti abus s’impose ;
 Le besoin d’introduire dans la législation nationale une disposition permettant à
l’administration fiscale de procéder à la requalification de certaines clauses
contractuelles entre sociétés de groupe ;
 La nécessité d’une analyse risque basé les prix de transfert ;
 Le renforcement des capacités des vérificateurs en matière de contrôle de prix de
transfert (formation sur les méthodes d’évaluation des investissements en biens
corporels et incorporels) et de détermination du prix de pleine concurrence (exploitation
des informations de l’obligation documentaire) ;

 La nécessité de constituer une base de données des groupes de sociétés et des


sociétés apparentées se trouvant à la Direction des Grandes Entreprises(DGE) , à la
Direction des Moyennes Entreprises(DME) , éventuellement à la DCIG et à la DOFR.

 La nécessité pour nos administrations de constituer ou de s’abonner aux bases de


données nationales et internationales ;
 La nécessité de renforcer l’échange d’information entre administrations publiques
(douanes- impôts –direction des marchés publics- direction des statistiques etc.) ;
 Un besoin d’assistance de techniciens du domaine en appui aux brigades spécialisées
en prix de transfert.

IV- Conclusion

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Le contrôle des prix de transfert exige de nos administrations la réunion des conditions ci-
après :

 Une règlementation dédiée aux prix de transfert ;


 Des vérificateurs formés au contrôle des prix de transfert ;
 Un accès aux bases de données nationales et internationales ;
 Un accès à l’échange de renseignement à des fins fiscales .

ATTORO sekalon /OTR/DCF

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