Vous êtes sur la page 1sur 17

Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

FISCALITE DIRECTE COMPARÉE

Professeur Titualire MEDE Nicaise

Directeur du Centre d’Études et de Recherches en Administration et en Finances (CERAF)

Docteur HOUNDEFFO Carlos

Chercheur associé au CERAF


Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

PLAN

INTRODUCTION

Chapitre 1 : L’IMPÔT SUR LE REVENU HARMONISE DANS L’ESPACE UEMOA


I / L’imposition des valeurs mobilières
A – Les revenus distribués par les organismes de gestion collective
B- Les opérations des intermédiaires financiers
II / L’imposition des bénéfices des personnes morales
A – Le champ d’application
B - Les modalités d’imposition
C- La détermination du résultat imposable
D- L’acompte sur impôt assis sur les bénéfices

Chapitre 2 : LA LIASSE FISCALE


I/ La notion de liasse fiscale
II / L’établissement de la liasse fiscale

Chapitre 3 : L’IMPÔT SUR LES SOCIETES DANS LES ETATS MEMBRES DE L’UEMOA
I/ Le champ d’application et les modalités d’imposition
II/ La détermination du résultat imposable et l’acompte sur impôt assis sur les bénéfices
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

INTRODUCTION

Le mot fiscal est un adjectif désignant ce qui « …se rapporte à l’impôt… » et vient du
latin fiscus signifiant panier. Les mots « imposteur » et « impôt » ont la même racine. Aucun
texte ne définit précisément l’impôt.

Gaston JEZE, auteur français a donné une définition célèbre du mot impôt qui a été
relayée par l’ensemble de la doctrine. Selon ce dernier, l’impôt est une prestation pécuniaire
requise des particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie en vue de la
couverture des charges publiques.

La fiscalité est une branche du droit. Elle ne relève ni du droit public ni du droit privé :
elle est de nature mixte. Le droit fiscal est l’ensemble des règles juridiques relatives aux
impositions. En droit fiscal, il existe les sources d’édiction (normes) et les sources
d’interprétation (doctrine administrative et la jurisprudence). Le droit fiscal comporte des
normes internationales, des normes communautaires et des normes internes.

Le droit fiscal international est composé de conventions fiscales destinées à éviter les
doubles impositions et à prévenir l'évasion et la fraude fiscales. À titre illustratif, il existe au
sein de l’UEMOA, le Règlement n°08/2008/CM/UEMOA portant adoption des règles visant à
éviter la double imposition au sein de l’UEMOA et des règles d’assistance en matière fiscale,
faisant office de convention fiscale multilatérale entre les États membres de cette Union.

Les normes communautaires régissant la matière fiscale sont composées des décisions, des
directives et des règlements de l’UEMOA. L’Union économique et monétaire ouest africaine
est un espace intégré et composé de huit pays : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-
Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et le Bénin. Le droit de l’organisation pour
l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), irrigue la fiscalité de ces Etats
même si son Traité ne régit pas la matière fiscale ; que le Traité de l’OHADA ne régisse pas la
matière fiscale ne signifie pas que le droit de l’OHADA est sans incidence sur le droit fiscal.

La Constitution, la loi et les règlements forment le droit fiscal interne. La Constitution


doit être entendue au sens large, intégrant notamment d’une part, la Constitution et la Charte
africaine des droits de l’Homme et des peuples et intégrant d’autre part, la jurisprudence
constitutionnelle. L’impôt ne peut être perçu qu’en vertu d’un texte législatif voté par

3
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

l’Assemblée nationale. Les règlements internes quant à eux sont composés des arrêtés et de
décrets pris en matière fiscale.

Il existe plusieurs types d’impôts dont les impôts directs et les impôts indirects. Ces
derniers sont perçus auprès de collecteurs appelés redevables légaux qui assument un rôle
d’intermédiaire entre l’État et le redevable réel : la TVA. Les impôts directs sont perçus dans
la bourse du contribuable qui en est le redevable : l’IS.

Chapitre 1

L’IMPÔT SUR LE REVENU HARMONISE DANS L’ESPACE UEMOA

En principe, l’imposition du revenu est composée de l’imposition du revenu des


personnes physiques et de l’imposition du revenu des personnes morales. En droit
communautaire, il s’agit notamment de l’imposition des valeurs mobilières (I) et de
l’imposition des bénéfices des personnes morales (II).

I / L’imposition des valeurs mobilières

Les prélèvements effectués dans un État membre, sur les revenus des valeurs mobilières
et les plus-values résultant de leur cession, sont libératoires de tous autres impôts et taxes
équivalents, dans les autres Etats membres de l’UEMOA. L’harmonisation de l’imposition des
valeurs mobilières concerne surtout les revenus distribués par les organismes de gestion
collective (A) et les opérations des intermédiaires financiers (B).

A – Les revenus distribués par les organismes de gestion collective

Les revenus distribués par les d’Organismes de Placement Collectif en Valeurs


Mobilières (OPCVM) et les autres formes de placement collectif agréées par le Conseil
Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) sont exonérés de
l’impôt applicable aux revenus des valeurs mobilières. Les plus-values résultant des cessions
de parts ou actions d’OPCVM et de toute autre forme de placement collectif agréée par le
CREPMF effectuées par leurs adhérents sont exonérées de l’impôt applicable aux revenus des
valeurs mobilières.

4
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

B- Les opérations des intermédiaires financiers

Les prestations de services directement liées aux opérations du marché financier et


effectuées par les intermédiaires financiers agréés par le CREPMF, sont assimilées à des
exportations en ce qui concerne la taxe sur la valeur ajoutée. Ces opérations sont également
exonérées des taxes indirectes sur les opérations financières, autres que la TVA.

Les services visés sont les suivants :

• le conseil en ingénierie financière lié aux opérations de marché ;


• la structuration et l’arrangement d’opérations liées au marché financier ;
• le placement et la garantie de placement de titres ;
• l’introduction de titres en bourse ;
• la souscription et le rachat de titres d’OPCVM et de toute autre forme de placement collectif
agréée par le CREPMF ;
• le conseil en placement ou investissements boursiers ;
• la négociation de valeurs mobilières ;
• l’animation de titres sur le marché secondaire;
• la tenue de compte titres ;
• la conservation de titres ;
• le service financier de titres ;
• la gestion sous mandat ;
• le transfert et le nantissement de titres ;
• tout autre service lié aux activités du marché financier et considéré comme tel par le
CREPMF.

II / L’imposition des bénéfices des personnes morales

L’imposition des bénéfices des personnes morales dans l’UEMOA est basée sur quatre
axes principaux : d’une part, le champ d’application (A) et les modalités d’imposition (B) et
d’autre part, la détermination du résultat imposable (C) et l’acompte sur impôt assis sur les
bénéfices (D).

5
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

A – Le champ d’application

L’impôt assis sur les bénéfices industriels et commerciaux constitue le prélèvement qu’un
État effectue, chaque année, sur le résultat bénéficiaire des personnes morales, au titre de
l’impôt sur le revenu. Les bénéfices visés sont ceux provenant des professions commerciales,
industrielles, artisanales, des exploitations forestières, des entreprises minières et des
exploitations agricoles, qu’elles soient exploitées par des concessionnaires, des amodiataires,
sous -amodiataires ou par des titulaires de permis d’exploitation.

Sous réserve des dispositions des conventions internationales relatives aux doubles
impositions, l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux est dû à raison des bénéfices
réalisés dans un État par toute personne morale se livrant à une exploitation ou à des opérations
à caractère lucratif et non exonéré de cet impôt.

Sont exonérés de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux :

1) Les plus-values provenant de la cession, en cours d'exploitation, d'éléments de l'actif


immobilisé, si dans la déclaration des résultats dudit exercice, le contribuable prend
l'engagement de réinvestir en immobilisations, dans ses entreprises situées dans les Etats de
l’UEMOA, avant l'expiration d'un délai de 3 ans, une somme égale au moins au montant de ces
plus-values majoré du prix de revient des éléments cédés. Si le remploi est effectué dans le
délai prévu ci-dessus, les plus-values distraites du bénéfice imposable viennent en déduction du
prix de revient des nouvelles immobilisations, soit pour le calcul des amortissements s'il s'agit
d'éléments d'actif amortissables, soit pour le calcul des plus -values réalisées ultérieurement.

2) Les produits bruts des participations d’une société mère dans le capital d’une société
filiale, déduction faite d’une quote-part représentative des frais et charges. Les modalités de
déduction de cette quote-part ne peut être inférieure à 5% du produit net des participations. Ce
régime fiscal des sociétés mères et filiales s’applique lorsque les quatre conditions ci-après sont
cumulativement remplies :

• la société mère et la société filiale sont constituées sous la forme de sociétés par actions ou
à responsabilité limitée ;
• la société mère et sa ou ses filiales ont leur siège social dans l’un des Etats membres de
l’UEMOA et sont passibles de l’impôt sur les bénéfices ;
• les actions ou parts d’intérêts possédées par la première société représentent au moins 10%
du capital de la seconde société ;

6
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

• les actions ou parts d’intérêts susvisées sont souscrites ou attribuées à l’émission et sont
inscrites au nom de la société ou que celle-ci s’engage à les conserver pendant deux années
consécutives au moins sous la forme nominative. La lettre portant cet engagement doit être
annexée à la déclaration des résultats.
• Lorsque les produits de participation ne sont pas éligibles au régime des sociétés mères et
filiales ci-dessus, la société participante n’est soumise à l’impôt sur les bénéfices sur lesdits
produits que sur une part représentative d’au moins 40% du produit des participations.

3) Les plus-values provenant de la cession de titres de participation par les sociétés de


holding de droit national si le portefeuille desdites sociétés est composé d’au moins 60% de
participation dans les sociétés dont le siège est situé dans l’un des Etats membres de l’UEMOA.

4) Les intérêts des emprunts obligataires et tous autres titres d’emprunts émis par les Etats
membres et leurs collectivités décentralisées.

B - Les modalités d’imposition

Le régime d’imposition de droit commun est celui d’imposition d’après le bénéfice réel ou
régime du réel. Celui-ci s’applique obligatoirement aux :

1) sociétés et personnes morales qui effectuent des livraisons de biens, des ventes à
consommer sur place, de fournitures de logement, de travaux immobiliers et travaux publics,
les exploitants agricoles, les planteurs, les éleveurs et les pêcheurs lorsque leur chiffre d’affaires
annuel hors taxes est supérieur à 100.000.000 de francs ;

2) sociétés et personnes morales qui réalisent des opérations autres que celles visées ci-
dessus, lorsque leur chiffre d’affaires annuel hors taxes est supérieur à 50.000.000 de francs ;

A contrario, sont placés sous le régime du bénéfice réel simplifié d’imposition :

1) les sociétés et personnes morales qui effectuent des livraisons de biens, des ventes à
consommer sur place, de fournitures de logement, de travaux immobiliers et travaux publics,
les exploitants agricoles, les planteurs, les éleveurs et les pêcheurs lorsque leur chiffre d’affaires
annuel hors taxes est inférieur ou égal à 100.000.000 de francs ;

2) les sociétés et personnes morales qui réalisent des opérations autres que celles visées ci-
dessus lorsque leur chiffre d’affaires hors taxes est inférieur ou égal à 50.000.000 de francs.

7
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

L'impôt est établi chaque année sur les bénéfices réalisés l’exercice précédent. Les
contribuables sont tenus d’arrêter chaque année leurs comptes à la date du 31 décembre, sauf
en cas de cession ou de cessation d’activité en cours d’année. Les contribuables qui créent leur
entreprise postérieurement au 30 juin sont autorisés à arrêter leur premier exercice comptable
le 31 décembre de l’année suivante.

L’impôt est néanmoins établi sur les bénéfices réalisés au cours de la période allant du jour
de la création de l’entreprise au 31 décembre de la même année. Ces bénéfices sont déterminés
d’après les comptes intermédiaires arrêtés à la date du 31 décembre de l’année de création de
l’entreprise. Ils viennent ensuite en déduction des résultats du premier exercice comptable clos.

Pour l’imposition des bénéfices industriels et commerciaux, le taux est compris entre 25 %
et 30%.

C- La détermination du résultat imposable

Le bénéfice imposable est le bénéfice net déterminé d’après les résultats d’ensemble des
opérations de toute nature effectuées par l’entreprise, y compris, notamment, les cessions
d’éléments quelconques de l’actif, soit en cours, soit en fin d’exploitation. Le bénéfice net est
constitué par la différence entre les valeurs de l’actif net à la clôture et à l’ouverture de la période
dont les résultats servent de base à l’impôt, diminuée des suppléments d’apports et augmentée
des prélèvements effectués au cours de cette période par le ou les associés. L’actif net s’entend
de l’excédent des valeurs d’actif sur le total formé au passif par les créances des tiers, les
amortissements et les provisions justifiés.

Les stocks doivent être évalués au prix de revient ou au cours du jour à la date de clôture si
ce cours est inférieur au prix de revient. Les travaux en cours doivent être évalués au prix de
revient.

Les plus -values provenant de la cession d’éléments d’actif immobilisé en fin d’exploitation
ou en cas de cession partielle d’entreprise et les indemnités reçues en contrepartie de la cessation
de l’exercice de la profession ou du transfert d’une clientèle peuvent être comptées, dans les
bénéfices commerciaux et les bénéfices des professions non commerciales imposables, pour la
moitié de leur montant. Toutefois, lorsque la cession, le transfert ou la cessation intervient plus
de cinq ans, après la création ou l’achat du fonds, de l’office ou de la clientèle, la plus-value
n’est retenue dans les bénéfices imposables que pour le tiers de son montant.

8
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

Le bénéfice est établi sous déduction de toutes les charges remplissant les conditions
suivantes :

- être exposées dans l’intérêt direct de l’entreprise ou se rattacher à la gestion normale de


l’entreprise ;
- correspondre à une charge effective et être appuyée de justifications suffisantes ;
- se traduire par une diminution de l’actif net de l’entreprise;
- être comprises dans les charges de l’exercice au cours duquel elles ont été engagées ;
- concourir à la formation d’un produit non exonéré d’impôt sur le bénéfice.

Sont considérés comme charges déductibles, notamment:

1) les frais généraux de toute nature, les dépenses de personnel, de main d’œuvre, les
indemnités de fonction allouées aux mandataires sociaux, le loyer des biens meubles et
immeubles dont l’entreprise est locataire, le loyer versé par le crédit preneur pour la partie
représentant les charges d’intérêt. Concernant les dépenses de personnel et les rémunérations
allouées aux mandataires sociaux, elles doivent correspondre à un travail effectif et ne pas être
excessives au regard du travail effectué.

2) les redevances de cession ou de concession de licences d’exploitation, de brevets


d’invention, les contrats de marques, procédés ou formules de fabrication, autres droits
analogues et les frais d’assistance technique. Toutefois, les sommes payées ne sont admises en
déduction du bénéfice que si le débiteur apporte la preuve que ces dépenses correspondent à
des opérations réelles et qu’elles ne présentent pas un caractère exagéré.

3) les impôts à la charge de l’entreprise mis en recouvrement au cours de l’exercice, à


l’exception de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux et de l’impôt minimum
forfaitaire ;

4) les amortissements linéaires réellement comptabilisés, dans la limite de ceux qui sont
admis d’après les usages, y compris ceux qui sont réputés différés en période déficitaire.

5) les provisions constituées en vue de faire face à des pertes et charges nettement précisées
et que les évènements en cours rendent probables ;

6) les intérêts servis aux associés, à raison des sommes qu’ils mettent à la disposition de la
société en sus de leur part de capital, quelle que soit la forme de la société, à condition que le

9
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

taux d’intérêt ne dépasse pas le taux d’escompte de la BCEAO majoré de trois points et que le
capital social soit entièrement libéré ;

7) les versements effectués au profit d’œuvres ou organismes d’intérêt général à caractère


philanthropique, éducatif, scientifique, social ou familial reconnus d’utilité publique.

8) les abondements ou versements complémentaires effectués à l’occasion de l’émission et


l’achat de parts de fonds commun de placement d’entreprise, à la condition que ledit fonds soit
établi dans un État membre de l’Union.

9) les primes d’assurances versées à des compagnies d’assurances établies dans un État
membre de l’UEMOA, en vue de couvrir des risques dont la réalisation entraîne une diminution
de l’actif net de l’entreprise.

10) le déficit provenant d’un exercice antérieur. Si le bénéfice n'est pas suffisant pour que
la déduction de ce déficit puisse être intégralement opérée, l'excédent du déficit est reporté
successivement sur les exercices suivants.

11) les frais de siège. Ceux-ci s’entendent des frais de secrétariat, rémunérations du
personnel employé au siège et autres frais engagés par la société mère pour les besoins de
l’ensemble de ses filiales et/ou établissements stables.

12) les dépenses d’études et de prospections exposées en vue de l’installation dans les Etats
membres de l’UEMOA, d’un établissement de vente, d’un bureau d’études ou d’un bureau de
renseignements, ainsi que les charges supportées pour le fonctionnement dudit établissement
ou bureau pendant les trois premiers exercices.

Ne sont pas considérées comme charges déductibles les transactions, amendes,


confiscations, pénalités de toute nature, notamment celles mises à la charge de contrevenants à
la réglementation régissant les prix, le contrôle des changes, ainsi que de l’assiette, la
liquidation et le recouvrement des impôts, contributions, taxes et tout droit d’entrée, de sortie,
de circulation ou de consommation.

Sont également admis comme charges déductibles les amortissements et les provisions :

1) les amortissements accélérés

Peuvent faire l’objet d’un amortissement accéléré, les matériels et outillages neufs
remplissant la double condition, d’être utilisés exclusivement pour les opérations industrielles
de fabrication, de manutention, d’hôtellerie, de téléphonie, de transport ou d’exploitation
10
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

agricole et d’avoir une durée de vie supérieure à cinq (5) ans. Pour ces matériels et outillages,
le montant de la première annuité d’amortissement, calculé d’après leur durée d’utilisation
normale, pourra être doublé, cette durée étant alors réduite d’une année.

2) les amortissements dégressifs

Les entreprises imposées d'après le régime du bénéfice réel ou tout autre régime équivalent
peuvent amortir, suivant le système dégressif, leurs matériels et outillages neufs. Le taux
dégressif est obtenu par l’affectation au taux d’amortissement linéaire d’un coefficient fixé en
fonction de la durée de vie du bien, comme ci-après : 1,5 lorsque la durée normale d’utilisation
du bien est de trois ou quatre ans ; 2,0 lorsque cette durée normale est de cinq ou six ans ; 2,5
lorsque cette durée normale est supérieure à six ans.

Sont exclus du bénéfice de l’amortissement dégressif les immobilisations autres que les
matériels et outillages, ainsi que les matériels et outillages qui sont déjà usagés au moment de
leur acquisition, et ceux dont la durée normale d’utilisation est inférieure à trois ans.

3) Amortissements des biens loués en crédit-bail

Les biens donnés en location, dans le cadre d’une opération de crédit-bail, sont
amortissables chez le crédit-bailleur sur la durée du contrat ou chez le preneur sur la durée
d’utilisation du bien. En cas de non levée de l’option d’achat par le preneur, la reprise du bien,
objet de l’opération de crédit-bail par le crédit-bailleur est assimilée à une opération de cession.

4) Les provisions pour créances douteuses et litigieuses, effectuées par les banques et
établissements financiers en application de la réglementation bancaire ;

5) Les provisions pour sinistres tardifs et les provisions pour annulation de primes constituées
suivant le Code de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances, par les compagnies
d’assurances ayant la forme de sociétés de capitaux ;

Les provisions admises en déduction du résultat imposable, qui, en tout ou en partie reçoivent
un emploi non conforme à leur destination ou deviennent sans objet au cours d’un exercice
ultérieur sont rapportées au résultat dudit exercice.

Les pertes ou charges ci-après ne peuvent donner lieu à constitution de provisions


déductibles :

- les provisions de propre assureur constituées par les entreprises ;

11
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

- les provisions que constitue une entreprise en vue de faire face au versement d’allocations
en raison du départ à la retraite ou pré -retraite des membres de son personnel ;

- l’indemnité pour congés payés.

D- L’acompte sur impôt assis sur les bénéfices

L’AIB constitue un minimum d’imposition des entreprises non assujetties au régime


d’imposition réel. Le principe est l’assujettissement à un acompte sur impôt assis sur les
bénéfices de toutes importations et de toutes ventes effectuées par une entreprise assujettie à un
régime d’imposition réel et destinées à une autre entreprise quel que soit son régime
d’imposition. L’acompte supporté est imputable sur l’impôt assis sur les bénéfices ou à défaut
sur l’impôt minimum forfaitaire (IMF) par toute entreprise assujettie à un régime d’imposition
réel.

Sont soumis à un prélèvement au titre de l’acompte les opérations d’importation, y compris


les mises en régime suspensif à l’exception des marchandises en transbordement ou celles
manifestées en transit et, les achats commerciaux effectués en régime intérieur auprès
d’importateurs, de producteurs et de revendeurs. Sont soumises à l’acompte sur impôt assis sur
les bénéfices, les livraisons de biens réunissant les deux conditions suivantes :

• être effectuées à titre onéreux par un assujetti à un régime d’imposition réel ;


• être présumées présenter un caractère commercial.

Sont exonérés les ventes d’eau et d’électricité sont exonérées de l’acompte sur impôt assis
sur les bénéfices. Peuvent être exonérés de l’acompte sur impôt assis sur les bénéfices, les
importations et les achats locaux effectués par les entreprises éligibles aux codes minier,
pétrolier et forestier ainsi qu’au code des investissements, sous réserve que ces entreprises
soient exonérées de l’impôt sur les bénéfices.

Le fait générateur de l’acompte sur impôt assis sur les bénéfices est constituée en ce qui
concerne les importations, par la mise à la consommation des marchandises ou par l’entrée sous
un régime suspensif douanier sans que l’acompte ne soit exigible plus d’une fois du même
contribuable, au titre de la même marchandise et en ce qui concerne les ventes, par la livraison.

12
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

La base d’imposition est constituée en ce qui concerne les livraisons de biens, par le prix
toutes taxes comprises et en ce qui concerne les importations, par la valeur en douane des
marchandises, majorée de l’ensemble des droits et taxes exigibles.

Les prélèvements supportés sont imputables sur les impôts dus au titre des bénéfices. Dans
le cas où l’entreprise qui a supporté l’acompte sur impôt assis sur les bénéfices relève d’un
régime de patente synthétique ou d’un régime forfaitaire, l’acompte constitue un prélèvement
définitif. Le droit à imputation est accordé aux seules entreprises soumises au régime
d’imposition réel. La déduction est opérée par l’assujetti par imputation sur le montant de
l’impôt sur le bénéfice exigible, qu’il s’agisse d’un acompte ou d’un solde d’impôt. Les crédits
résultant de l’imputation sont reportables ou remboursables.

Les contribuables réalisant des ventes entrant dans le champ d’application du prélèvement,
sont tenus de délivrer à leurs clients une facture mentionnant distinctement le montant du
prélèvement exigible. Tout prélèvement facturé est dû du simple fait de sa facturation.

Les prélèvements facturés au cours d’une période d’imposition donnée (mois ou trimestre)
sont versés au fisc. En ce qui concerne les prélèvements effectués au cordon douanier, la
liquidation est faite par l’administration des douanes.

Chapitre 2

LA LIASSE FISCALE

La liasse fiscale est un outil fondamental du système d’imposition des personnes morales.
Il faut la définir (I) avant de pouvoir l’établir (II).

I/ La notion de liasse fiscale

La déclaration de résultats doit être souscrite au moyen d’un formulaire comportant une
liste de lignes et de tableaux. Elle comporte un certain nombre d'indications qui sont demandées
aux entreprises en vertu de dispositions diverses. Il s'agit, soit d'informations générales, soit
d’informations de nature comptable et fiscale devant permettre au fisc d'asseoir et de contrôler
l'impôt. Cette déclaration doit s’accompagner du dépôt des états financiers.

13
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

II / L’établissement de la liasse fiscale

DOSSIER

La SA Continent, au capital de 20 000 000, vous consulte pour connaître l’IS dont elle est
redevable au titre de l’exercice N. On vous indique que le bénéfice comptable prend en compte
les informations suivantes :

1. formation en fiscalité pour le personnel 400 000 ;

2. indemnités de fonction pour les administrateurs

2 900 000 ;

3. intérêts versés au président directeur général qui a laissé toute l’année en compte courant
la somme de 30 000 000 rémunérée au taux de 10% ;

4. pénalités d’assiette relatives à un redressement fiscal 1 375 000 ;

5. frais de restauration du personnel 3 000 000 ;

Ces frais constituent des avantages en nature pour le

personnel.

6. versement de 670 000 à un consultant en informatique pour l’informatisation de la


gestion du stock ;

7. dons à la croix rouge de 800 000 ;

8. amortissement d’une Bentley, véhicule de fonction du directeur général adjoint 6


000 000 ;

Véhicule acquis le 6 juin N-1 à 30 000 000 et amortissable

sur 5 ans.

9. provision pour créance douteuse 290 000 ;

10. provision pour licenciement économique 6 000 000 ;

11. frais de voyage du directeur commercial et de son épouse (celle-ci est étrangère à
l’entreprise) pour la prospection de nouveaux marchés 2 500 000 pour les 2 billets
d’avion, soit 1 250 000 par billet d’avion ;

14
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

12. TVS 600 000 ;

13. frais d’organisation de l’assemblée générale 750 000.

Consigne

Établissez le tableau de passage du résultat comptable au résultat taxable avant de lui notifier
sa dette fiscale.

Précision

• bénéfice comptable 38 000 000 ;

• chiffre d’affaires 140 000 000 ;

• taux des avances de la BCEAO 6% ;

• le capital est entièrement libéré.

TRAITEMENT

1. Les frais de formation professionnelle du personnel sont déductibles. L’opération a été déjà
comptabilisée. AT
2. Les rémunérations versées aux administrateurs de sociétés sont déductibles. Ils devront être
soumis à l’IRPP au nom des administrateurs.AT
3. Intérêts déductibles :
30 000 000 X (6%+3points) = 2 700 000
Intérêts servis : 30 000 000 X 10% = 3 000 000
Intérêts non déductibles :
3 000 000 – 2 700 000 = 300 000
Réintégration = 300 000
4. Aucune pénalité n’est déductible :
Réintégration = 1 375 000.
5. Les rémunérations indirectes versées au personnel, notamment les avantages en nature, sont
déductibles dans la mesure où elles sont imposées à l’IRPP au nom du bénéficiaire. AT
6. Ce versement fait partie intégrante des frais généraux. AT
7. Dons déductibles = 1 pour mille du CA HT
Dons déductibles = 1 pour mille de 140 000 000

15
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

Dons déductibles = 140 000


Dons comptabilisés = 800 000
Excédent : 800 000 – 140 000 = 660 000
Réintégration = 660 000
8. Amortissement déductible :
25 000 000 X 20% = 5 000 000
Amortissement pratiqué = 6 000 000
Excédent : 6 000 000 – 5 000 000 = 1 000 000
Réintégration = 1 000 000
9. La provision pour créance douteuse est déductible. AT
10. La provision pour licenciement économique n’est pas déductible :
Réintégration = 6 000 000
11. Seuls sont déductibles, les frais de voyage à caractère professionnel. Le billet d’avion relatif
à l’épouse du directeur administratif sera donc réintégré.
Réintégration : 2 500 000/2 = 1 250 000
Réintégration = 1 250 000
12. La TVS n’est pas déductible :
Réintégration = 600 000
13. Les frais relatifs au fonctionnement des organes sociaux sont déductibles. AT

Tableau de passage du résultat comptable au résultat taxable

Résultat avant impôt 38 000 000


Frais et charges non déductibles 11 185 000
fiscalement
Autres déductions autorisées -
Résultat fiscal 49 185 000
Déficit antérieur reportable 0
Résultat taxable 49 185 000

16
Année universitaire 2021-2022 – Fiscalité directe comparée (DESCOGEF)

Dette fiscale

Impôt sur les sociétés = résultat taxable X taux

IS = 49 185 000 x 30 %

IS = 14 755 500

Impôt minimum = 0.75% du chiffres d’affaires HT

Impôt minimum : 140 000 000 x 0.75% = 1 050 000

IS > Impôt minimum

IS = 14 755 500

Chapitre 3 (Exposé des auditeurs, entre 5 et 10 pages par pays)

L’IMPÔT SUR LES SOCIETES DANS LES ETATS MEMBRES DE L’UEMOA

I/ Le champ d’application et les modalités d’imposition


II/ La détermination du résultat imposable et l’acompte sur impôt assis sur les bénéfices

17

Vous aimerez peut-être aussi