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Pack de 30 fiches de droit commercial – Jurixio
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SOMMAIRE
PARTIE PRÉLIMINAIRE : INTRODUCTION AU DROIT COMMERCIAL
Fiche n°1 : Présentation du droit commercial ........................................................................... 6
AVERTISSEMENT
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sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et
opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d'ordre intellectuel et moral ainsi que des
attributs d'ordre patrimonial, qui sont déterminés par les livres Ier et III du présent code. »
PARTIE PRÉLIMINAIRE
INTRODUCTION AU DROIT
COMMERCIAL
Plan de la fiche :
Le droit commercial désigne la branche du droit relative au statut des commerçants, aux
activités commerciales et au fonds de commerce.
C’est une branche du droit privé (règles applicables aux personnes privées, particuliers et
entreprises).
A noter : le droit commercial fait plus généralement partie de ce que l’on appelle le « droit des affaires ». Au sein
du droit des affaires, on trouve donc le droit commercial mais aussi le droit des sociétés, le droit pénal des affaires,
le droit des procédures collectives (liquidation judiciaire…), le droit cambiaire, le droit bancaire ou encore le droit
de la concurrence.
Sur certains aspects, le droit commercial est fondé sur les mêmes règles que le droit civil.
Exemple : pour conclure valablement un contrat de bail commercial ou de location-gérance, il faut respecter les
conditions de validité de tout contrat, posées par l’article 1128 du Code civil (capacité, consentement, contenu
licite et certain).
Exemple : entre commerçants, la preuve est libre, c’est-à-dire qu’elle peut être apportée par tous moyens. En
revanche, en droit civil, c’est le système de la preuve littérale (par écrit) qui prévaut.
Exemple : en matière commerciale, la solidarité est présumée alors que, en droit civil, elle ne se présume pas :
elle doit être expressément stipulée dans l’acte.
1- Le Code de commerce
Parmi les sources nationales, on trouve tout d’abord le Code de commerce (le premier date
de 1807).
A noter : pour l’essentiel, en droit commercial, ce sont principalement les Livres I, II et VII qui sont importants.
Ainsi, de façon générale, la loi, les décrets et les arrêtés sont des sources importantes en droit
commercial. La jurisprudence (ensemble des décisions de justice) joue également une place
essentielle en la matière.
2- Les usages
Les usages sont des habitudes répétées et habituelles qui peuvent avoir une valeur de règle
de droit (et qui doivent donc être respectées).
Ils jouent de façon implicite : pour écarter cet usage, il faut que les parties le prévoient
expressément dans leur contrat (si les parties ne prévoient rien, l’usage s’applique). L’usage
doit être prouvé par le commerçant qui l’invoque.
Exemple : dans le commerce du bois non débité (le bois n’est pas encore découpé), il existe un usage selon lequel
si des défauts dans le bois sont découverts au moment du sciage, c’est l’acheteur (et non le vendeur) qui supporte
le risque de ces défauts.
A noter : les usages de fait peuvent être notamment prouvés par un parère, attestation écrite délivrée par une
autorité (chambre de commerce) venant attester l’existence d’un usage.
ð Les usages de droit (les « coutumes ») : ce sont des pratiques répétées et habituelles
qui acquièrent une valeur juridique contraignante et obligatoire avec le temps.
Les usages de droit ont valeur de règle de droit. Ils n’ont pas à être prouvés par celui qui les
invoque (le juge est censé connaître l’existence de l’usage). Ils sont parfois consacrés par une
décision de justice.
Exemple : la solidarité commerciale. La solidarité est le mécanisme qui permet à un créancier ayant plusieurs
débiteurs de demander le paiement de l’intégralité de la dette à un seul des débiteurs. En matière commerciale
(contrairement au droit civil), la solidarité est présumée : cela veut dire que, pour être écartée, une clause du
contrat doit prévoir l’exclusion de la solidarité. C’est un usage qui joue comme une règle de droit (elle doit être
respectée par les commerçants).
Tout d’abord, on trouve les traités internationaux (accords entre Etats), lesquels ont une
valeur supérieure à la loi nationale.
Exemple : la Convention sur la vente internationale de marchandises (1980), les conventions de Genève sur la
lettre de change et le chèque (1930-1931) ou encore la Convention de Berne sur les transports ferroviaires
(1980).
Exemple : les INCOTERMS (International Commerce Terms) sont des règles d’usage définies par la Chambre de
Commerce Internationale (ICC) et qui concernent la livraison de marchandises dans une vente internationale.
A noter : ces usages internationaux viennent généralement compléter les traités internationaux (lorsque ceux-ci
sont muets sur un point) ou même servir de base pour trancher des conflits commerciaux internationaux.
Le droit de l’UE est notamment fondé sur des principes essentiels, tels que la liberté de
circulation des marchandises et des capitaux ainsi que la liberté de la concurrence.
Ø Les règlements de l’UE (obligatoires directement dans les Etats Membres) et les
directives de l’UE (qui nécessitent une loi ou un décret de transposition pour être
obligatoires)
ð Les règles relatives aux COMMERÇANTS : qu’est-ce qu’un commerçant ? Quelles sont
les obligations des commerçants ? Quelles différences entre un commerçant, un
artisan, un agriculteur et un professionnel libéral ?
PARTIE 1
Plan de la fiche :
Le commerçant, c’est celui qui accomplit des actes de commerce. Cependant, la loi ne définit
pas ce qu’est un « acte de commerce ».
Simplement, le Code de commerce énumère – sous forme de listes – les différents actes de
commerce (aux articles L110-1 et L110-2 C. com.).
Exemple : l’article L110-1 du Code du commerce, qui concerne des opérations de commerce terrestre précise
ainsi que « La loi répute actes de commerce : 1° Tout achat de biens meubles pour les revendre, soit en nature,
soit après les avoir travaillés et mis en oeuvre (…) 4° Toute entreprise de location de meubles (…) 6° Toute
entreprise de fournitures, d'agence, bureaux d'affaires, établissements de ventes à l'encan, de spectacles publics
; 7° Toute opération de change, banque, courtage, activité d'émission et de gestion de monnaie électronique et
tout service de paiement (…). »
Exemple : l’article L110-2 du Code de commerce, quant à lui, porte plutôt sur des opérations de commerce
maritime puisqu’il énonce que « la loi répute pareillement actes de commerce : 1° Toute entreprise de
construction, et tous achats, ventes et reventes de bâtiments pour la navigation intérieure et extérieure ; 2° Toutes
expéditions maritimes (…). »
A noter : ces 2 listes ne sont pas limitatives, d’autres actes de commerce peuvent exister.
Pour des questions pédagogiques, les actes de commerce vont être présentés sous la forme
de la classification traditionnelle.
Les actes de commerce par nature sont des actes qui correspondent à une activité purement
commerciale, ce sont des actes de commerce en raison de leur objet.
Autrement dit, peu importe leur forme, ces actes de commerce sont présumés (en principe)
commerciaux. Si un individu exerce ces actes de façon habituelle, professionnelle et
indépendante, il est considéré comme « commerçant ».
En revanche, si l’acte a été réalisé de façon isolée par une personne non-commerçante dans
le cadre d’une activité civile, cet acte ne sera pas un acte de commerce mais un acte civil (et
donc, le droit commercial ne s’appliquera pas). Dans cette situation, la présomption de
commercialité des actes de commerce par nature sera donc écartée.
L’achat d’un bien meuble pour le revendre est un acte de commerce (art. L110-1 2° C. com.).
Il y a ici une idée de spéculation : si j’achète pour revendre (plus cher), c’est pour faire du
profit.
Exemple : le fait d’acheter un objet sur un site internet pour le revendre plus cher sur le sien est un achat pour
revente. Si un individu fait cet acte de façon habituelle et à titre indépendant, cet individu est commerçant.
ð Les activités agricoles (vente d’une récolte) : ce sont des actes civils.
Enfin, les activités d’extraction d’une mine sont des actes de commerce (art. L131-3 du Code
minier).
L’achat d’un bien immeuble dans le but de le revendre est un acte commercial par nature (art.
L110-1 2° C. com.).
Exemple : une personne passe ses journées à acheter des appartements en vue de les revendre plus cher pour
se faire du profit. Il s’agit d’actes de commerce par nature. Si cette personne réalise ces actes de façon habituelle
et indépendante, il s’agit d’un commerçant.
En revanche, l’activité de promotion immobilière n’est pas un acte de commerce mais un acte
civil (art. 110-1 2° C. com.).
Exemple : si l’acheteur de l’immeuble a acheté dans le but de construire un ou plusieurs bâtiments pour ensuite
les vendre (en bloc ou par locaux), il s’agit d’une activité de promotion immobilière qui n’est pas un acte de
commerce.
Les intermédiaires sont ceux qui ont pour rôle de représenter des personnes et/ou de
mettre en relation des personnes.
Ainsi, les agences immobilières – dont la mission est de mettre en relation des vendeurs et
des acheteurs – réalisent des actes de commerce par nature.
A noter : en revanche, s’il s’agit d’une agence de location immobilière, cette agence ne réalise pas une activité
commerciale mais une activité civile (Civ. 30 avr. 1940). Par contre, si une personne loue des chambres d’hôtes à
l’année, elle réalise un acte de commerce.
Par ailleurs, les agences de voyage ou encore les agences de recouvrement de créances
accomplissent également des actes de commerce (art. L110-6° C. com.). Idem pour les
gestionnaires de patrimoine et les généalogistes.
En outre, les courtiers accomplissent également des actes de commerce (art. L110-7 C. com.).
A noter : le courtage désigne l’opération par laquelle une personne (le courtier) va mettre en relation 2 ou
plusieurs personnes dans le but que celles-ci concluent un contrat. Ainsi, le courtier en assurance met en relation
une compagnie d’assurance avec une personne souhaitant s’assurer dans le but de conclure un contrat
d’assurance. Contrairement au commissionnaire et au mandataire, le courtier ne représente aucune des parties
au contrat, il se contente de les mettre en relation.
Exemple : le courtier en assurance qui met en relation une compagnie d’assurance avec une personne souhaitant
s’assurer.
Enfin, comme on va le voir, les agences d’affaires et les commissionnaires réalisent des actes
de commerce.
L’entreprise de location de meubles est une activité commerciale par nature (art. L110-1 4°
C. com.). Pour qu’il s’agisse d’un acte de commerce, la location de meubles doit être faite « en
entreprise », c’est-à-dire professionnellement.
En revanche, en principe, la location d’un immeuble n’est pas un acte de commerce mais un
acte civil (et ce, même s’il s’agit d’un local commercial ou encore même s’il s’agit d’un
logement meuble).
A noter : dès lors, compte tenu de ce caractère civil, si un litige survient à l’occasion d’un bail commercial, ce sont
les juridictions judiciaires qui sont compétentes (et non le tribunal de commerce). Bien évidemment, si le litige
intervient à l’occasion d’un bail d’habitation, ce sont les juridictions judiciaires qui sont aussi compétentes.
Par contre, si c’est une société commerciale qui met en location un local, il s’agira d’un acte
de commerce (par la forme).
4- L’entreprise de manufacture
L’entreprise de manufacture – qui correspond à une activité industrielle dont le but est
d’acheter une matière première pour la transformer – est une activité commerciale par nature
(art. L110-1 5° C. com.).
Pour qu’il s’agisse d’un acte de commerce, cette activité de transformation doit simplement
être faite « en entreprise », c’est-à-dire professionnellement.
En revanche, les artisans ne réalisent pas d’actes de commerce mais des actes civils.
5- L’entreprise de commission
L’activité de commission – lorsqu’elle est réalisée à titre professionnel – est une activité
commerciale par nature (art. L110-5 C. com.).
A noter : l’activité de commission doit tout d’abord être distinguée du mandat. Dans un contrat de mandat, une
personne (mandant) demande à une autre personne (mandataire) de la représenter afin que celle-ci agisse en
son nom et pour son compte. Or, dans le contrat de commission, le commissionnaire agit certes en son propre
nom, mais pour le compte d’une autre personne (le commettant). L’activité de commission doit également être
distinguée de l’opération de courtage. Dans l’opération de courtage, le courtier ne représente personne, il n’agit
au nom et pour le compte d’aucune des parties en relation.
6- L’entreprise de transport
Il peut s’agir du transport terrestre (voiture), ferroviaire (train), aérien (avion) ou maritime
(bateaux). Il peut autant s’agir du transport de personnes que du transport de marchandises.
A noter : la jurisprudence considère que lorsque le transport est exercé par une personne physique à titre onéreux
(taxi individuel), il ne s’agit pas d’une activité commerciale mais d’une activité (Com. 4 déc. 1968). En revanche,
si c’est une entreprise de taxi qui possède plusieurs véhicules, cette entreprise réalise des actes de commerce.
Enfin, le covoiturage n’est bien évidemment pas une activité commerciale puisque, par définition, il n’y a pas
d’intention spéculative.
Tout d’abord, les activités de fourniture de services ou de biens sont commerciales par nature
(art. L110-1 6° C. com).
Les opérations financières sont ainsi des activités commerciales par nature. Cela concerne :
ð Les opérations de change
ð Les opérations de bourse (elles ne sont commerciales que si elles sont réalisées à titre
professionnel)
Les entreprises de ventes à l’encan désignent des entreprises de ventes publiques aux
enchères lorsque cette vente aux enchères de biens est réalisée de façon volontaire. Il s’agit
d’une activité commerciale par nature (art. L110-1 6° C. com.).
La vente à l’encan s’oppose ainsi aux ventes effectuées après la saisie d’un bien, lesquelles
doivent être réalisées par un commissaire-priseur.
Les actes de commerce par la forme sont des actes de commerce qui sont nécessairement
des actes de commerce, peu importe si l’auteur de l’acte est commerçant ou non-
commerçant.
Autrement dit, que l’acte soit accompli par un commerçant à titre professionnel ou par un
non-commerçant de façon isolée, il s’agit nécessairement d’un acte de commerce. Ces actes
sont toujours commerciaux : ils ne peuvent jamais être civils.
1- La lettre de change
La lettre de change est un document écrit par lequel une personne (le créancier tireur - A)
donne ordre à son débiteur (le tiré - B) de payer un tiers (le porteur bénéficiaire - C) une
somme d’argent à une échéance déterminée.
Exemple : une lettre de change peut être conclue par une personne (un créancier A) afin de donner l’ordre à son
client (débiteur B) de payer une certaine somme d’argent en respectant une échéance.
Ø Le tiré : c’est le débiteur B qui va recevoir l’ordre de payer à un tiers (le porteur) une
somme d’argent
Ø Le porteur bénéficiaire : c’est celui qui va recevoir le paiement à une date déterminée.
A la date d’échéance inscrite sur la lettre de change, le bénéficiaire pourra se présenter
à la banque pour que la somme convenue lui soit versée.
La lettre de change est un acte de commerce par la forme (art. L110-1 10° C. com.) : une
personne (qu’elle soit commerçante ou non) qui signe une lettre de change réalise un acte de
commerce, et donc se soumet au droit commercial (et donc à la compétence du tribunal de
commerce).
A noter : de façon plus générale, la lettre de change est ce que l’on appelle un « effet de commerce ». Un effet de
commerce est un moyen de paiement qui permet de constater l’existence d’une créance au profit d’un créancier
et ainsi de faire circuler les créances d’un créancier à un autre. Ce sont des titres (documents écrits) qui
généralement peuvent être librement cédés entre 2 personnes (titres « négociables ») et sont caractérisés le
respect de règles de forme (mentions obligations, écrit exigé…). Parmi les autres effets de commerce, on trouve
donc la lettre de change, mais aussi le chèque, le billet à ordre ou le warrant. Seule la lettre de change est un acte
de commerce : un chèque ne sera considéré comme un acte de commerce que s’il se rattache à une activité
commerciale (en application de la théorie de l’accessoire, v. plus bas).
Pour être valable, la lettre de change doit être conclue par écrit (sous signature privée ou par
acte notarié) et doit contenir certaines mentions obligatoires (celles de l’article L511-1 C.
com.).
En principe, pour déterminer si une société est civile ou commerciale, il faut regarder l’activité
exercée par cette société.
Cependant, par exception, la loi considère que certaines sociétés sont obligatoirement
commerciales, peu importe leur activité : ce sont les sociétés commerciales par la forme (art.
L210-1 al. 2 C. com.).
Dans une société en nom collectif (SNC), les associés doivent répondre solidairement des
dettes sociales : le créancier d’une SNC peut agir indifféremment contre tel ou tel associé pour
obtenir le paiement de l’intégralité de la dette. L’associé poursuivi pourra alors ensuite se
retourner contre les autres pour obtenir leur part.
En outre, dans une SNC, les associés doivent répondre indéfiniment des dettes sociales : ils
sont responsables sur leur propre patrimoine personnel, il n’y a pas de responsabilité limitée
au montant des apports.
Par ailleurs, tous les associés d’une SNC ont la qualité de commerçant. Par conséquent, pour
être associé d’une SNC, il faut être capable de devenir commerçant.
Enfin, en général, dans une SNC, la personnalité de chacun des associés est essentielle
puisqu’il n’y a pas de responsabilité limitée. Ils se connaissent généralement et se font
confiance.
En général, une société en commandite simple (SCS) est choisie par des personnes désireuses
de créer une entreprise mais qui n’ont pas de fonds suffisants pour réaliser leur projet
entrepreneurial. La forme de cette société va permettre de faire appel à des apporteurs en
capitaux (des investisseurs) pour apporter de l’argent à la société.
Plus précisément, dans une société en commandite simple (SCS), il y a 2 types d’associés :
ð Les associés commandités (les « associés en nom ») : ce sont eux qui jouent un rôle de
gestion de la société, ils ont un rôle actif. Ils sont tenus d’une responsabilité illimitée
(responsables sur leurs biens personnels). Ils ont la qualité de commerçant.
La société à responsabilité limitée (SARL) est la forme sociale plus commune en France ; elle
est généralement utilisée par des petites et moyennes entreprises (souvent familiales).
Dans une SARL, les associés ne sont tenus de payer les dettes de la société qu’à hauteur du
montant de leurs apports : c’est pour celà que l’on parle de société à « responsabilité
limitée ». Autrement dit, en cas de faillite (= liquidation judiciaire), l’associé ne peut perdre
que le montant qu’il a investi.
La SARL est dirigée par un gérant et les associés sont titulaires de « parts sociales » (qui
représentent leurs parts dans la société).
Enfin, une SARL peut ne comporter qu’un seul associé : on parle alors d’EURL (Entreprise
Unipersonnelle à Responsabilité Limitée). Ainsi, l’EURL – contrairement à l’EIRL – est une
véritable société.
A noter : la distinction entre « EIRL » et « EURL » devrait perdre de son importance car la loi du 14 février 2022 a
supprimé la possibilité de créer des « EIRL ». Désormais, il y a un seul statut unique : celui de l’entrepreneur
individuel (EI).
La société anonyme (SA) est une société de capitaux au sein de laquelle les apports en argent
(ce qu’on appelle les « apports en numéraire ») sont plus importants que la personnalité des
associés. C’est une société qui convient pour des projets importants.
La société anonyme doit avoir un capital social minimum de 37 000€. Il doit y avoir
obligatoirement 2 associés.
Dans une SA, les associés (qu’on appelle des « actionnaires ») sont titulaires « d’actions ». Leur
responsabilité est limitée au montant de leurs apports. En cas de faillite (liquidation judiciaire),
l’actionnaire ne peut perdre que l’argent investi.
La société par actions simplifiées (SAS) est une société de capitaux dont l’organisation et le
fonctionnement sont librement déterminés par les associés.
C’est la souplesse qui caractérise cette société : contrairement à une SARL ou une SA
(énormément réglementée par la loi), les associés d’une SAS peuvent librement déterminer
les règles d’organisation de la société dans les statuts.
Exemple : dans les statuts, les associés peuvent prévoir des règles particulières relatives à la cession des actions,
à la révocation des dirigeants, aux assemblées générales, au vote des associés…
Au sein d’une SAS, les associés (les « actionnaires ») détiennent des « actions ». La
responsabilité des actionnaires est limitée au montant des apports.
La SAS peut ne comporter qu’un seul associé : on parle alors de « société par actions
simplifiées unipersonnelle » (SASU).
La société en commandite par actions (SCA) est conçue de la même façon qu’une société en
commandite simple (avec des associés commandités et des associés commanditaires).
Rappel : les associés commandités (ceux qui jouent un rôle de gestion de la société) sont responsables
indéfiniment et solidairement des dettes de la société. Les associés commanditaires, quant à eux, sont les
investisseurs de la société et leur responsabilité est limitée au montant de leurs apports.
2 principales différences existent avec la société en commandite simple (SCS) :
ð Une SCA doit comporter au minimum 4 associés, dont 1 commandité et 1
commanditaire (alors que dans une SCS, elle doit comporter au minimum 2 associés,
dont 1 commandité et 1 commanditaire)
ð Une SCA doit comporter un capital social minimum de 37 000€ (alors que, dans une
SCS, aucun capital minimum n’est exigé).
Les actes de commerce par accessoire sont des actes qui sont normalement des actes civils
mais qui deviennent des actes de commerce parce qu’ils sont conclus par un commerçant
dans le cadre de son activité commerciale ou parce qu’ils sont liés à une opération
commerciale principale.
A noter : la catégorie des actes de commerce par accessoire est fondée sur l’article L110-1 9° du Code de
commerce qui prévoit que « la loi répute actes de commerce (…) toutes les obligations entre négociants,
marchands et banquiers ».
Exemple : le commerçant achète du matériel pour les besoins de son activité commerciale, il conclut un contrat
d’assurance pour assurer ce matériel… De la même façon, si une société commerciale (SARL…) contracte un prêt
pour développer son activité, le contrat de prêt – qui est normalement un acte civil – devient commercial.
ð En cas d’accessoire OBJECTIF : ici, l’acte civil devient commercial puisqu’il est lié à une
opération commerciale principale alors même qu’il a été accompli par un non-
commerçant (« objectif » renvoie ici à l’objet commercial de l’opération)
Exemple : si une personne cède son fonds de commerce, elle accomplit alors un acte de commerce.
Exemple : si un actionnaire majoritaire d’une société (qui détient plus de 50% des parts) cède toutes ses actions
à une autre personne, cette cession du contrôle de la société est un acte de commerce (alors que, normalement,
la cession isolée d’une part est un acte civil).
Exemple : le cautionnement, qui est normalement un acte civil, devient un acte commercial lorsqu’il est conclu
par un commerçant à l’occasion de son activité professionnelle (accessoire subjectif) ou lorsqu’il est conclu pour
garantir la dette d’une société commerciale (accessoire objectif). Le cautionnement est le contrat par lequel une
personne (appelée « caution » - A) s’engage envers une autre personne (créancier - C) à payer la dette du
débiteur (B) si celui-ci ne paie pas. Autrement dit, si le débiteur principal (A) ne paie pas sa dette, le créancier C
pourra obtenir le paiement auprès de la personne qui s’est portée caution.
Un acte mixte est un acte qui est à la fois commerçant pour une partie (le commerçant) et
civil pour l’autre partie (le non-commerçant).
Exemple : si un consommateur achète un téléphone auprès d’un vendeur de téléphone, il s’agit d’un acte mixte.
Dans cette hypothèse, le consommateur est ici un non-commerçant alors que le vendeur professionnel est un
commerçant. Par conséquent, pour le consommateur, l’acte conclu est un acte civil alors que, pour le
professionnel, c’est un acte de commerce.
Exemple : entre le consommateur et le vendeur, une question de preuve se pose. Le consommateur, qui souhaite
prouver l’existence d’une obligation pesant sur le vendeur (commerçant) peut prouver cette obligation par tout
moyen (principe de liberté de la preuve en droit commercial). En revanche, le vendeur commerçant qui souhaite
prouver une obligation à l’égard du consommateur, il devra apporter la preuve d’un écrit si la somme est
supérieure à 1 500€ (principe de la preuve littérale applicable en droit civil).
Exemple : si le vendeur commerçant souhaite poursuivre le consommateur devant les tribunaux, il devra
obligatoirement le faire devant les juridictions civiles (le tribunal judiciaire) et non devant le tribunal de
commerce. A l’inverse, le consommateur qui souhaite poursuivre le vendeur commerçant peut choisir d’exercer
son action soit devant le tribunal judiciaire (juridiction civile), soit devant le tribunal de commerce. Il dispose en
effet d’une option de compétence.
Cependant, parfois, par exception, dans une situation donnée, seules les règles du droit civil
ou seules les règles du droit commercial pourront s’appliquer en présence d’un acte mixte. Il
n’y a pas ici d’application distributive mais une application unitaire.
Exemple : les clauses attributives de compétence territoriale sont interdites dans les actes mixtes, elles ne
peuvent être conclues que dans les actes entre commerçants (art. 48 du Code de procédure civile).
Comme on l’a vu, il n’y a aucune définition générale de l’acte de commerce donnée par la loi.
Par conséquent, les auteurs ont cherché à mettre en évidence les critères qui permettaient
de reconnaître l’existence d’un acte de commerce.
Cependant, aucun de ces critères ne parvient réellement à caractériser – à lui tout seul –
l’existence d’un acte de commerce.
Plan de la fiche :
Pour qu’un contrat soit conclu, une offre doit rencontrer une acceptation. En principe, en droit
civil, sauf exception, le silence gardé sur une offre ne vaut pas acceptation (art. 1120 C. civ.).
Art. 1120 C. civ. : « Le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu'il n'en résulte autrement de la loi, des usages,
des relations d'affaires ou de circonstances particulières. »
La matière commerciale est l’une des exceptions : dans certains cas, en matière commerciale,
le silence peut valoir acceptation. C’est le cas en présence d’une « relation d’affaires » entre
les parties.
Autrement dit, si 2 commerçants étaient déjà en relation d’affaires suivies et qu’ils eussent
l’habitude de conclure le même type de contrat, le silence de l’un sur une nouvelle proposition
de contrat de l’autre peut s’analyser comme valant acceptation.
Tout d’abord, le mineur non émancipé ne peut ni être commerçant, ni effectuer des actes de
commerce. Il ne peut pas se livrer à une activité commerciale. Si le mineur non émancipé
venait malgré tout à faire du commerce, tous les actes accomplis pourraient être annulés.
Si le mineur non émancipé hérite d’un fonds de commerce, il ne peut pas l’exploiter. Il doit le
vendre, l’apporter en société ou le donner en location-gérance.
Enfin, si le mineur a plus de 16 ans, il peut être autorisé par ses parents à accomplir seul les
actes d’administration nécessaires à la création et à la gestion d’une entreprise individuelle à
responsabilité limitée (EIRL) ou d’une société unipersonnelle (SASU, EURL).
2- Le mineur émancipé
Le mineur émancipé peut être commerçant, à condition d’obtenir l’autorisation d’un juge
d’effectuer le commerce (art. L121-2 C. com.). Par conséquent, s’il obtient cette autorisation
judiciaire, il pourra alors accomplir des actes de commerce.
A noter : l’émancipation est un mécanisme par lequel un individu mineur se voit accorder la capacité juridique
d’un majeur. Elle est possible à partir de 16 ans en cas de « justes motifs ».
La sauvegarde de justice est un régime juridique qui concerne tous les individus qui ont
besoin d’être protégés de manière temporaire dans les actes de la vie civile.
Le majeur sous sauvegarde de justice conserve en principe sa capacité juridique : il peut donc
devenir commerçant. L’intérêt de ce régime de protection est de pouvoir remettre en cause
plus facilement les actes conclus par le majeur protégé.
La curatelle est un régime juridique qui concerne tous les individus qui, sans être hors d’état
d’agir eux-mêmes, ont besoin d’être conseillés ou contrôlés pour les actes importants de la
vie civile. Il s’agit d’un régime d’assistance.
Le majeur doit être assisté (et non représenté) par son curateur pour l’accomplissement de
certains actes.
Aucun texte n’interdit à la personne en curatelle d’exercer le commerce, elle doit simplement
être assistée de son curateur pour accomplir les actes importants que requiert l’exercice de
son activité (Civ. 1re avis 6 déc. 2018).
La tutelle concerne toutes les personnes qui ont besoin d'être représentées d'une manière
continue dans les actes de la vie civile.
Il s’agit d’un régime de représentation : le tuteur va représenter le majeur dans tous les actes
de la vie civile.
En principe, en matière commerciale, les contrats sont consensuels : ils se forment par le
simple échange des consentements, aucun écrit n’est nécessaire. C’est la règle du
consensualisme, que l’on retrouve en droit civil. Par conséquent, un acte de commerce peut
valablement être conclu oralement.
Cependant, par exception, la loi exige parfois que certains actes de commerce soient écrits.
En matière commerciale (contrairement au droit civil), la solidarité est présumée : cela veut
dire que, pour être écartée, une clause du contrat doit prévoir l’exclusion de la solidarité.
Exemple : Arnaud et Bertrand (débiteurs) doivent payer une dette de 100 000€ à Chris (créancier). Ils sont tous
les 3 commerçants. S’il n’y a pas de solidarité (l’obligation est « conjointe »), Arnaud et Bertrand ne sont donc
tenus de payer à C que 50 000€ (chacun sa part). Ainsi, si Chris (créancier) poursuit uniquement Arnaud en
paiement (Bertrand est insolvable), Arnaud n’est tenu de payer que sa part : 50 000 €.
En revanche, en cas de solidarité, si Chris (créancier) poursuit Arnaud en paiement, Arnaud est tenu de payer
l’intégralité : il doit payer 100 000 € à Chris. Il appartiendra ensuite à Arnaud de se retourner contre Bertrand
pour qu’il puisse obtenir le remboursement de ce qu’il a payé en trop.
En principe, entre commerçants, la preuve des actes juridiques est libre : les actes de
commerce peuvent se prouver par tous moyens (art. L110-3 C. com.).
Art. L110-3 C. com. : « A l'égard des commerçants, les actes de commerce peuvent se prouver par tous moyens à
moins qu'il n'en soit autrement disposé par la loi. »
Exemple : la preuve d’un acte de commerce peut donc être apportée par un écrit (acte sous signature privée ou
acte authentique), par des papiers d’affaires (devis accepté), par des documents comptables (bilans, livres
comptables) et même par SMS !
A noter : cette règle de la liberté de la preuve vient aussi déroger à la règle de la preuve littérale que l’on trouve
en droit civil. Selon cette exigence de la preuve littérale, un acte civil doit être obligatoirement prouvé par écrit
s’il est supérieur à 1 500€.
En revanche, par exception (rare), la loi exige parfois que la preuve soit apportée au moyen
d’un écrit.
Exemple : pour faire la preuve d’un contrat de nantissement de fonds de commerce, il faut un écrit.
PARTIE 2
LA QUALITÉ DE
COMMERÇANT
LA DÉFINITION DU COMMERÇANT
- Fiche n°4 -
Plan de la fiche :
Le commerçant est celui qui réalise des actes de commerce, de façon indépendante, et qui
en fait sa profession habituelle.
Art. L121-1 C. com. : « Sont commerçants ceux qui exercent des actes de commerce et en font leur profession
habituelle. »
A noter : la définition du commerçant est très importante puisque si une personne est considérée comme
« commerçante », elle est soumise à de nombreuses obligations (obligations de publicité, obligations
comptables…).
Pour être commerçant, une personne doit tout d’abord accomplir des actes de commerce.
Autrement dit, si une personne a une activité commerciale, cela suppose sa qualité de
commerçant (à condition de l’exercer de façon indépendante et habituelle).
Exemple : un entrepreneur fait quotidiennement de l’achat pour revente et gagne sa vie avec le profit réalisé.
A noter : en revanche, le fait d’être immatriculé au RNE (Registre national des entreprises) ne suffit pas à attribuer
la qualité de commerçant (il faut en plus exercer ces actes à titre indépendant et de façon habituelle.
L’immatriculation au RNE permet uniquement, au niveau de la preuve, de présumer la qualité de commerçant
d’une personne (mais cette présomption peut être renversée en prouvant que cette personne n’est pas
commerçante).
Par ailleurs, ce sont uniquement les actes de commerce par nature qui suffisent à conférer la
qualité de commerçant à celui qui les accomplit. En revanche, un acte de commerce par
accessoire ne peut pas conférer la qualité de commerçant (car il faut que l’acte principal soit
réalisé par un commerçant).
De la même manière, si une personne accomplit fréquemment des lettres de change (acte de
commerce par la forme), elle n’est pas commerçante pour autant puisque cet acte ne suffit
pas attribuer la qualité de commerçant.
Exemple : les sociétés commerciales par la forme (SNC, SCS, SARL, SAS, SA, SCA) sont des sociétés ayant la qualité
de commerçant (peu importe leur objet social). De la même manière, les associés commandités (dans une SNC)
et les associés en nom collectif (SNC) sont commerçants. C’est ce que l’on a déjà évoqué lorsqu’on a parlé des
actes de commerce par la forme.
Pour être un commerçant, il faut accomplir des actes de commerce de façon indépendante.
Autrement dit, celui qui accomplit de tels actes agit pour son nom et pour son propre compte
(sans lien de subordination).
Par conséquent, ne peuvent pas être commerçants (puisqu’ils ne sont pas indépendants) :
ð Les salariés : ils agissent pour le compte de leur employeur
ð Les agents commerciaux : ils agissent en tant que mandataire de la société pour
laquelle ils travaillent, ils agissent au nom et pour le compte de la société (et non pour
leur propre compte)
ð Les dirigeants de sociétés : ils agissent en tant que mandataire de la société qu’ils
représentent, ils agissent au nom et pour le compte de la société.
ð Les VRP (voyageurs, représentants et placiers) : ce sont des représentants salariés qui
sont liés par un contrat de travail avec la société, ils ne sont pas indépendants.
Enfin, pour être commerçant, il faut accomplir ces actes de commerce à titre de profession
habituelle, ce qui suppose une certaine idée de répétition et d’habitude.
Exemple : celui qui fait une fois de l’achat pour revente sur Leboncoin n’est pas un commerçant car il s’agit d’un
acte isolé. En revanche, celui qui le fait tous les jours et en fait une source de revenus importante est considéré
comme un commerçant.
Il n’y a pas besoin que l’activité commerciale soit exclusive : un artisan peut très bien cumuler
son statut avec celui de commerçant.
Plan de la fiche :
ð Le commissionnaire : il agit en son propre nom mais pour le compte d’un tiers (le
commettant). Le commissionnaire ne révèle pas l’identité de son commettant
(contrairement à l’agent commercial).
ð Le vendeur à domicile indépendant (VDI) : c’est celui qui vend des produits ou des
services d’une entreprise avec laquelle il a conclu un contrat de distribution de
produits. Il vend les produits en direct aux clients (ventes Tupperware, lingeries
Charlott’). C’est un travailleur indépendant : il n’est pas lié par un contrat de travail
avec l’entreprise (il s’organise comme il le souhaite)
C’est une personne qui, de façon indépendante et permanente, négocie et conclut des
contrats de vente ou de prestation de services au nom et pour le compte de producteurs,
industriels ou commerçants. Même s’il est indépendant (il est chef d’entreprise), l’agent
commercial n’est pas commerçant puisqu’il représente l’entreprise pour le compte de
laquelle il agit : il est un simple « mandataire ».
ð Le gérant-mandataire
LE PRINCIPE DE LA LIBERTÉ DU
COMMERCE ET D’INDUSTRIE
- Fiche n°6 -
Plan de la fiche :
§1 : Le sens du principe
§2 : La valeur du principe
§1 : Le sens du principe
C’est un principe notamment affirmé par le « décret d’Allarde » (loi des 2 et 17 mars 1791).
Décret d’Allarde (loi des 2 et 17 mars 1791) : « Il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer telle
profession, art ou métier qu'elle trouvera bon. »
Puis, par la suite, ce principe a été confirmé par la « loi le Chapelier » (loi des 14 et 17 juin
1791), qui est venue supprimer les corporations.
A noter : sous l’Ancien Régime, les corporations étaient des associations d’artisans ou de marchands spécialisés
dans un certain domaine (boucherie, orfèvrerie…). Avec la loi le Chapelier, il s’agit d’interdire ces communautés
pour permettre à chacun de s’installer librement.
ð La liberté d’exploitation : toute personne peut librement choisir les moyens qui lui
permettent d’exploiter son activité économique (ex : signer les contrats qu’elle
souhaite).
A noter : comme on le verra dans la prochaine fiche, la liberté du commerce et de l’industrie comporte de
nombreuses limites (autorisations administratives, personnes protégées, diplômes, étrangers...).
Puisque c’est une liberté publique, cela veut dire que seule la loi peut venir apporter des
limites à ce principe fondamental.
Plan de la fiche :
A) Les mineurs
Tout d’abord, le mineur non émancipé ne peut ni être commerçant, ni effectuer des actes de
commerce. Il ne peut pas se livrer à une activité commerciale. Il ne peut pas non plus accomplir
des actes de commerce de façon isolée.
A noter : cependant, si le mineur a plus de 16 ans, il peut être autorisé par ses parents à accomplir seul les actes
d’administration nécessaires à la création et à la gestion d’une entreprise individuelle (EI) ou d’une société
unipersonnelle (SASU, EURL).
Ensuite, le mineur non émancipé ne peut pas être inscrit au RNE et il ne peut pas être attrait
devant le tribunal de commerce.
Enfin, le mineur émancipé peut être commerçant, à condition d’obtenir l’autorisation d’un
juge d’effectuer le commerce (art. L121-2 C. com.). Par conséquent, s’il obtient cette
autorisation judiciaire, il deviendra commerçant et il pourra alors accomplir des actes de
commerce.
A noter : le mineur, même s’il est émancipé, ne peut signer une lettre de change.
Le majeur sous sauvegarde de justice conserve en principe sa capacité juridique : il peut donc
devenir commerçant. En théorie, il peut donc accomplir les actes de commerce (à moins que
le juge n’ait désigné un mandataire chargé d’accomplir ces actes).
Le majeur sous curatelle peut exercer le commerce. Pour les actes importants, il doit être
assisté par son curateur.
Le majeur sous tutelle ne peut pas être commerçant. En outre, le tuteur (la personne chargée
de représenter le majeur protégé) ne peut, même avec une autorisation judiciaire, exercer le
commerce au nom du majeur protégé (art. 509 C. civ.).
§2 : Les étrangers
ð La personne étrangère est ressortissante d’un Etat tiers à l’UE : si elle souhaite devenir
commerçante, elle doit obtenir une carte de résident (valable 10 ans). De plus, elle ne
peut pas exercer certaines activités (débit de boissons, activités de surveillance…).
Art. L314-4 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile : « Lorsqu'elle a été délivrée à un
étranger résidant sur le territoire de la France métropolitaine, la carte de résident en cours de validité confère à
son titulaire le droit d'exercer, sur ce territoire, la profession de son choix, dans le cadre de la législation en
vigueur. »
Avant la loi du 4 août 2008 (loi « LME »), si une personne était condamnée pour un certain
type d’infractions (abus de confiance, escroquerie), elle était automatiquement condamnée à
une peine d’interdiction de diriger, d’administrer, de gérer ou de contrôler une entreprise
commerciale ou industrielle. La peine était automatique.
Cependant, depuis cette loi, il ne s’agit plus d’une peine automatique mais il s’agit d’une peine
complémentaire. Cela veut dire que le juge doit expressément prévoir cette peine dans sa
décision (alors qu’auparavant, la sanction était automatique).
Dans sa décision, le juge peut ainsi condamner l’auteur de l’infraction à une peine
d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, d’administrer,
de gérer ou de contrôler une entreprise commerciale ou industrielle (art. 131-27 et s. C. pén.).
Cette sanction est soit définitive, soit temporaire (15 ans maximum).
Enfin, un chef d’entreprise qui a commis des fautes de gestion (fautes graves, fraude…) ayant
entrainé la faillite de son entreprise (= liquidation judiciaire) peut être condamné à une
sanction particulière : la faillite personnelle. Cela entraine, pour le chef d’entreprise, une
interdiction de gérer.
§4 : Les incompatibilités
L’incompatibilité désigne une interdiction selon laquelle celui qui exerce une profession n’a
pas le droit de cumuler cette profession avec une autre.
En effet, certaines professions ne peuvent pas être cumulées avec une autre activité
commerciale (les 2 activités ne peuvent pas être exercées en même temps). La raison d’être
de ces incompatibilités est simple : le cumul de ces 2 activités est susceptible d’apparaître
comme entrainant un conflit d’intérêts ou poser des problèmes éthiques. Il peut aussi s’agir
de protéger l’intérêt général (pour les fonctionnaires).
Autrement dit, en principe, ces différentes professions ne peuvent pas exercer une activité
commerciale à côté.
Si une personne cumule sa profession avec une activité commerciale qui est incompatible, elle
risque des sanctions disciplinaires (ex : radiation de l’ordre des avocats, révocation d’un
fonctionnaire) et, éventuellement, des sanctions pénales.
En outre, cette personne sera considérée comme une « commerçante de fait », ce qui
implique la possibilité de la mettre en faillite (liquidation judiciaire).
Certaines activités commerciales sont interdites pour des raisons sanitaires ou morales. Sont
notamment interdites :
ð L’activité de fabrication de jouets dangereux
ð L’activité de fabrication d’absinthe
ð L’activité de fabrication de stupéfiants
ð L’activité de maison close
D’autres activités commerciales sont sous monopole public, ce qui signifie qu’elles ne peuvent
être exercées que par l’Etat.
Enfin, pour exercer certaines activités commerciales, la loi pose certaines conditions.
Il peut tout d’abord s’agir d’obtenir une autorisation administrative, d’une licence, d’une
déclaration ou d’un agrément.
Exemple : pour ouvrir une officine de pharmacie, il faut obtenir une licence délivrée par le directeur général de
l’agence régionale de la santé.
Exemple : l’implantation d’une grande surface est soumise à une autorisation administrative afin de protéger les
petits commerçants.
Exemple : si un bar ou un restaurant souhaite vendre de l’alcool, il doit obtenir une licence de débit de boissons :
c’est une autorisation administrative. En outre, le propriétaire doit avoir suivi une formation particulière.
Exemple : seule une personne « qualifiée professionnellement » peut exercer les activités commerciales
suivantes : l’entretien et la réparation de véhicules ; la construction, l’entretien et la réparation des bâtiments ;
le ramonage ; les soins esthétiques ; la réalisation de prothèses dentaires ; la coiffure (art. 16-I de la loi du 5
juillet 1996). Les exigences de qualification sont précisées par décret pour chacune de ces professions.
Exemple : pour s’installer en tant que pharmacien, il faut avoir le diplôme. Idem pour les opticiens.
La convention de non-concurrence est un accord par lequel une personne (le débiteur)
s’engage envers une autre (le créancier) à ne pas exercer une activité qui lui ferait
concurrence.
Autrement dit, 2 personnes vont se mettre d’accord pour faire en sorte que, à l’issue de leur
contrat, l’une d’entre elles s’engage à ne pas faire concurrence à l’autre.
Exemple : 2 personnes (A et B) font des affaires entre elles. Elles concluent une convention de non-concurrence
selon laquelle, à l’issue de leur contrat, A s’engage à ne pas faire concurrence à B. En cas de non-respect de cette
clause, A devra payer une indemnité à B (pour violation de l’obligation de non-concurrence).
A noter : si une clause de non-concurrence est insérée dans un contrat de travail, l’employeur doit verser une
indemnité au salarié.
Plan de la fiche :
§4 : L’interdiction du parasitisme
Dans le cadre son activité, le commerçant doit respecter les règles du droit de la concurrence.
Le commerçant est en effet frappé par 4 interdictions :
ð L’interdiction des pratiques anticoncurrentielles
ð L’interdiction des pratiques restrictives de concurrence
ð L’interdiction des actes de concurrence déloyale
ð L’interdiction du parasitisme
A noter : si une entreprise commet l’une de ces pratiques anticoncurrentielles, les juges peuvent prononcer des
sanctions civiles (exemple : nullité du contrat, dommages-intérêts) et des sanctions pénales (peut aller jusqu’à 4
ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende). Par ailleurs, l’Autorité de la concurrence peut prononcer des
sanctions financières dont le double objectif est de punir l’entreprise et de dissuader les autres.
Une « entente », c’est un accord, une concertation entre plusieurs entreprises. Concrètement,
plusieurs entreprises vont se mettre d’accord sur un point donné.
En elles-mêmes, les ententes ne sont pas interdites : seules les ententes qui ont un effet nocif
pour la concurrence sont interdites !
Plus précisément, seules sont interdites les ententes qui ont pour effet d’empêcher, de
restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché.
Art. L420-1 C. com. : « Sont prohibées (…) lorsqu'elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d'empêcher, de
restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes
expresses ou tacites ou coalitions, notamment lorsqu'elles tendent à : 1° Limiter l'accès au marché ou le libre
exercice de la concurrence par d'autres entreprises ; 2° Faire obstacle à la fixation des prix par le libre jeu du
marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse ; 3° Limiter ou contrôler la production, les
débouchés, les investissements ou le progrès technique ; 4° Répartir les marchés ou les sources
d'approvisionnement. »
Exemple : en 2012, plusieurs entreprises du secteur du luxe (Dior, Guerlain, Chanel) ont été condamnées à payer
une amende de plusieurs millions d’euros car elles avaient fixé d’un commun accord un prix indicatif dans le but
d’uniformiser les prix vers le haut (au détriment du consommateur).
Il se peut qu’une entreprise domine un marché. Si elle abuse de sa position pour mettre la
pression sur ses concurrents, il s’agit d’une pratique anticoncurrentielle : l’abus de position
dominante.
En soi, le fait qu’une entreprise domine un marché n’est pas condamnable. Ce qui est
sanctionné, c’est le fait pour cette entreprise d’abuser de cette position pour mettre en
difficulté ses concurrents.
Cette pratique peut ainsi avoir pour but d’éliminer un concurrent ou alors d’empêcher
l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché.
Art. L420-2 C. com. : « Est prohibée (…) l'exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d'entreprises d'une
position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci. Ces abus peuvent notamment
consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de vente discriminatoires ainsi que dans la rupture
de relations commerciales établies, au seul motif que le partenaire refuse de se soumettre à des conditions
commerciales injustifiées. »
En principe, une entreprise est libre de fixer le prix de vente de ses services ou de ses produits.
Cependant, cette liberté n’est pas totale : une entreprise n’a pas le droit de pratiquer un prix
abusivement bas.
En effet, si une entreprise pratique un prix considéré comme trop bas par rapport aux coûts
de production, de transformation ou de commercialisation, il peut s’agir d’une pratique
anticoncurrentielle.
Art. L420-5 C. com. : « Sont prohibées les offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs
abusivement bas par rapport aux coûts de production, de transformation et de commercialisation, dès lors que
ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d'éliminer d'un marché ou d'empêcher d'accéder
à un marché une entreprise ou l'un de ses produits. »
A noter : une entreprise peut être tentée de pratiquer un prix bas pour faire en sorte d’amener la clientèle chez
elle et ainsi éliminer les concurrents. Une fois la clientèle chez elle, elle pourra alors remonter les prix. Cette
pratique est anticoncurrentielle.
Enfin, la revente à perte – qui consiste à vendre en dessous du prix d’achat – est une infraction
pénale.
Art. L442-5 C. com. : « I.-Le fait, pour tout commerçant, de revendre ou d'annoncer la revente d'un produit en
l'état à un prix inférieur à son prix d'achat effectif est puni de 75 000 € d'amende. »
Certaines pratiques, dont l’effet est de porter atteinte à la concurrence, sont interdites :
ð La revente à perte : c’est le fait de vendre un produit en dessous du prix d’achat
ð Le prix minimum imposé : c’est le fait d’imposer un prix de revente à son distributeur
Tous ces comportements peuvent être sanctionnés dans le cadre d’une action en concurrence
déloyale.
1- Le dénigrement
Le dénigrement consiste à tenir des propos péjoratifs concernant un bien ou service d’un
concurrent dans le but de détourner la clientèle.
Autrement dit, le but du dénigrement est de jeter le discrédit sur les produits du concurrent.
Exemple : une entreprise qui affirme que les produits vendus par son concurrent sont « invendables, inutilisables
et de mauvaise qualité » commet un dénigrement et peut donc être sanctionnée au titre d’une action en
concurrence déloyale.
2- La confusion
La confusion consiste pour une entreprise à s’approprier le succès de l’un de ses concurrents
en créant une confusion pour tromper la clientèle.
Exemple : une entreprise utilise un nom commercial similaire à celui de son concurrent ou encore une enseigne
qui y ressemble fortement.
Pour agir sur le fondement de la concurrence déloyale, il faut se fonder sur les règles de la
responsabilité civile délictuelle, prévue par l’article 1240 du Code civil.
Art. 1240 C. civ. : « Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer. »
Autrement dit, celui qui s’estime victime d’un acte de concurrence déloyale doit prouver ces
3 éléments :
ð Une faute (dénigrement, confusion…)
ð Un préjudice (perte de la clientèle, diminution du chiffre d’affaires)
ð Un lien de causalité entre la faute et le préjudice
Si l’action aboutit, le juge peut prononcer la cessation des actes de concurrence déloyale et
condamner l’auteur de tels actes à des dommages-intérêts.
§4 : L’interdiction du parasitisme
Autrement dit, une entreprise va s’immiscer dans le sillage d’une entreprise concurrente afin
de profiter de sa notoriété, de ses investissements et de son savoir-faire.
Exemple : l’entreprise Cartier utilise depuis longtemps une panthère comme signe distinctif. Dans l’une de ses
campagnes publicitaires, L’Oréal a utilisé un félin tacheté (qui ressemble à une panthère) pour faire la promotion
du parfum « Opium ». D’ailleurs, L’Oréal a utilisé un code couleur très proche de celui du groupe Cartier. Le
groupe L’Oréal a été condamné pour parasitisme.
Ce comportement, qui n’est pas sanctionné au titre de la concurrence déloyale, est fondé
sur l’article 1240 du Code civil.
Plan de fiche :
Le commerçant a des droits… mais il est également tenu par plusieurs obligations principales :
ð Le commerçant doit s’inscrire au Registre national des entreprises (RNE)
ð Le commerçant doit tenir une comptabilité
ð Le commerçant doit réaliser des factures
A noter : le commerçant est également obligé de détenir un compte bancaire (art. L123-24 C. com.).
A) Présentation du RNE
Le RNE (Registre national des entreprises) est un registre unique sur lequel apparaissent de
nombreuses informations légales relatives aux sociétés et commerçants.
A noter : le RNE est venu remplacer, au 1er janvier 2023, l’ancien registre national du commerce et des sociétés
(RCS), l’ancien registre de l’agriculture et l’ancien répertoire des métiers (RM). La loi « PACTE » du 22 mai 2019
prévoyait la création d’un registre unique des entreprises. L’ordonnance du 15 septembre 2021 a créé le RNE, qui
est entré en vigueur au 1er janvier 2023. Le RCS n’est aujourd’hui plus qu’un registre tenu localement par les
greffiers du tribunal de commerce.
Le RNE permet tout d’abord de centraliser les informations relatives aux entreprises sur un
registre unique. En outre, il permet aux tiers d’avoir des informations relatives aux sociétés et
aux commerçants (identité, début d’activité, immatriculation…).
Exemple : un tiers peut ainsi demander à un dirigeant de société la délivrance d’un « extrait Kbis », document
sur lequel apparaissent toutes les informations qui se trouvent sur le RNE à propos de telle société. Autrement
dit, ce document atteste de l’immatriculation d’une société au RNE.
ð Les sociétés ayant leur siège dans un département français (SARL, SA, SAS…)
ð Les sociétés commerciales dont le siège est situé en dehors d’un département français
mais qui ont un établissement dans un département français
La procédure d’immatriculation doit être réalisée sur le site internet du guichet des formalités
entreprises.
Tout d’abord, pour les personnes physiques, le fait de s’immatriculer implique que
l’entrepreneur est présumé être commerçant (art. L123-7 C. com.). Autrement dit, sauf si un
tiers ou l’administration parvient à prouver le contraire (en prouvant qu’il n’est pas
commerçant), l’entrepreneur personne physique qui s’est immatriculé est commerçant.
Art. L123-7 C. com. : « L'immatriculation d'une personne physique emporte présomption de la qualité de
commerçant. Toutefois, cette présomption n'est pas opposable aux tiers et administrations qui apportent la
preuve contraire. Les tiers et administrations ne sont pas admis à se prévaloir de la présomption s'ils savaient que
la personne immatriculée n'était pas commerçante. »
Par ailleurs, pour les personnes morales (sociétés), l’immatriculation au RNE confère la
personnalité juridique (personnalité morale) à la société (art. L210-6 al. 2 C. com.). La société
peut alors devenir titulaire de droits et être soumise à des obligations.
Art. L210-6 al. 2 C. com. : « Les sociétés commerciales jouissent de la personnalité morale à dater de leur
immatriculation au registre du commerce et des sociétés. »
Enfin, une fois l’immatriculation réalisée, l’entrepreneur commerçant (ou la société) reçoit un
numéro d’identification attribué par l’INSEE : c’est le numéro « SIREN » (Système
d’identification du répertoire des entreprises). Il est composé de 9 chiffres et doit être indiqué
sur les différents documents de l’entreprise (factures, correspondances…).
A noter : le numéro SIREN ne doit pas être confondu avec SIRET (Système Informatique pour le Répertoire des
Entreprises sur le Territoire), lequel est un numéro de 14 chiffres, qui permet d’identifier chacun des
établissements de l’entreprise. Le numéro SIRET est composé de la façon suivante : numéro SIREN (9 chiffres) + 5
chiffres (le NIC - Numéro Interne de Classement) propres à chacun des établissements. Cela veut donc dire qu’une
entreprise qui a plusieurs établissements a plusieurs numéros SIRET.
Le commerçant (ou la société) est également obligé de tenir une comptabilité (art. L123-12
C. com.). En général, c’est un expert-comptable qui s’occupe de la comptabilité.
Art. L123-12 C. com. : « Toute personne physique ou morale ayant la qualité de commerçant doit procéder à
l'enregistrement comptable des mouvements affectant le patrimoine de son entreprise. Ces mouvements sont
enregistrés chronologiquement. »
ð Des sanctions civiles : il peut être tenu d’indemniser les tiers ou les associés si la
mauvaise gestion comptable a entrainé un préjudice
A noter : en outre, si la comptabilité a été tenue de façon irrégulière, l’auteur de la comptabilité ne peut pas
l’invoquer en justice pour faire preuve entre commerçants (art. L123-23 C. com.).
Tout d’abord, le commerçant doit au moins tenir 2 livres (lesquels doivent être tenus sans
altération ni blanc) :
Ø Le livre-journal : c’est un document qui enregistre les mouvements affectant le
patrimoine de l’entreprise opération par opération et jour par jour
Ø Le grand livre : c’est un fichier qui comporte toutes les écritures du livre-journal mais
selon les règles comptables, donc avec une présentation différente (ils sont
notamment classés selon le Plan comptable : compte Fournisseurs 401 / compte
banques 512)
A noter : le commerçant peut également tenir un livre d’inventaire. C’est un document qui relève l’existence et la
valeur de tous les éléments d’actif et de passif à la date de la clôture de l’exercice (au moment de l’inventaire). Sa
tenue n’est en revanche pas obligatoire.
Ø Le compte de résultat : c’est un document qui présente les ressources et les charges
de l’entreprise durant l’exercice comptable (permet de dire si l’on a fait des bénéfices
ou si l’on est en déficit durant l’exercice)
Les documents comptables sont établis en euros et en langue française. Ils doivent être
conservés pendant 10 ans.
Art. L441-9 C. com. : « I.-Tout achat de produits ou toute prestation de service pour une activité professionnelle
fait l'objet d'une facturation. »
La facture est un document écrit qui détaille les prestations réalisées ou les marchandises
vendues et indique le montant à payer. La facture doit comprendre plusieurs mentions
obligatoires (numéro de TVA, identité du professionnel…).
Plan de la fiche :
Exemple : A et B sont mariés. A exploite une boulangerie. Son conjoint (B) s’occupe d’accueillir, servir les clients
et de la comptabilité. Dans ce cas, B (le conjoint) participe à l’activité commerciale de son époux commerçant
(A).
L’idée est de faire en sorte que le conjoint qui a participé à l’activité commerciale ait des droits
à faire valoir (rémunération, droits à la retraite…) et donc ne se retrouve pas démuni en cas
de séparation.
Il y a 3 statuts :
ð Le statut de conjoint associé
ð Le statut de conjoint collaborateur
ð Le statut de conjoint salarié
A noter : une dernière situation doit être évoquée. C’est le cas dans lequel le conjoint du commerçant exerce lui
aussi un commerce à titre indépendant (contrairement aux 3 statuts qui concernent le cas du conjoint qui
participe à l’activité commerciale du conjoint commerçant). Dans ce cas, ce conjoint sera considéré comme lui-
même commerçant et aura donc l’obligation de s’inscrire au RNE en tant que commerçant. L’article L121-3 du
Code de commerce précise en effet que « le conjoint d'un commerçant n'est réputé lui-même commerçant que
s'il exerce une activité commerciale séparée de celle de son époux. » Dans cette hypothèse, le choix du régime
matrimonial (séparation de biens, communauté…) peut avoir une lourde incidence concernant la possibilité pour
les créanciers de saisir des biens appartenant à l’autre époux.
Le statut du conjoint doit être déclaré au RNE dont dépend le commerçant. Cette déclaration
peut se faire soit lors de l’immatriculation de l’entreprise du commerçant, soit plus tard.
§1 : Le conjoint associé
Le conjoint associé est le statut ouvert au conjoint d’un commerçant qui est associé d’une
société dont son époux est le dirigeant et au sein de laquelle il exerce une activité régulière.
A noter : le statut est aussi ouvert à la personne liée au commerçant par un PACS. En revanche, il est exclu pour
les concubins.
Comme son nom l’indique, le conjoint associé (ou le partenaire) est un « associé » d’une
société avec son conjoint. Concrètement, le conjoint peut choisir ce statut si son époux
commerçant est le dirigeant d’une SARL, d’une SNC ou encore d’une SAS.
Le conjoint du commerçant ne pourra obtenir le statut de conjoint associé que s’il remplit les
2 conditions suivantes :
ð 1re condition : il exerce une activité professionnelle régulière dans l’entreprise
ð 2e condition : il a des parts dans la société
Si le conjoint est déclaré comme conjoint associé, cela signifie donc qu’il peut lui aussi
participer à la gestion de l’entreprise et bénéficier des avantages sociaux (assurance maladie,
maternité, assurance vieillesse…).
En outre, en tant qu’associé, le conjoint associé peut percevoir des dividendes (distribution
des bénéfices réalisés par la société).
A noter : en revanche, le conjoint du commerçant ne devient pas lui-même commerçant sauf dans le cas où c’est
une SNC qui a été constituée (société qui confère la qualité de commerçant à tous ses associés).
§2 : Le conjoint collaborateur
A noter : le statut est aussi ouvert à la personne liée au commerçant par un PACS. En revanche, il est exclu pour
les concubins.
Autrement dit, le conjoint collaborateur n’est pas associé car il n’a pas de parts dans la société
de son époux commerçant. Il n’est pas non plus salarié puisqu’il ne perçoit aucune
rémunération à l’occasion de son travail. Il est donc considéré comme un « collaborateur » du
commerçant, ce qui lui confère certains avantages.
A noter : le statut du conjoint collaborateur peut être choisi même si le conjoint a une activité en dehors de
l’entreprise.
Exemple : le conjoint collaborateur peut signer des devis ou des factures à la place de son époux commerçant.
En revanche, il ne peut pas conclure les actes de disposition (actes graves), tel que la vente du
fonds de commerce par exemple. De plus, le conjoint collaborateur bénéficie d’une protection
sociale minimale (assurance maladie…) et cela lui permet aussi de cotiser pour la retraite.
Le principal avantage de ce statut est son coût puisqu’il entraine moins de charges pour
l’entreprise par rapport au statut de conjoint salarié. En revanche, l’inconvénient principal est
que la protection sociale est minimale : ainsi, le conjoint collaborateur ne peut pas prétendre
au versement du chômage.
§3 : Le conjoint salarié
Le conjoint salarié est le statut ouvert au conjoint d’un commerçant lorsque ce conjoint
participe habituellement à l’activité de l’entreprise, est titulaire d’un contrat de travail et
perçoit une rémunération au moins égale à celle du SMIC.
A noter : le statut est aussi ouvert à la personne liée au commerçant par un PACS. En revanche, il est exclu pour
les concubins.
Autrement dit, le conjoint salarié est considéré comme un « salarié » de l’entreprise de son
époux commerçant. Par conséquent, il va bénéficier de tous les avantages du droit du travail
liés à la qualité de salarié.
Exemple : le conjoint salarié doit donc percevoir une rémunération minimale (le SMIC), des congés payés, un
temps de travail réglementé. Il bénéficie également de la formation professionnelle et d’une protection sociale
complète (il est affilié au régime général de la Sécurité Sociale). Il est donc considéré comme n’importe quel
salarié.
En outre, pour rappel, le statut de conjoint salarié est le statut applicable à défaut de
déclaration par le commerçant.
Enfin, le principal avantage du statut de conjoint salarié est la protection sociale complète : il
peut bénéficier des indemnités en cas d’arrêt maladie, d’accident du travail ou en cas de
maternité. En outre, le conjoint salarié peut bénéficier du chômage en cas de rupture de son
contrat de travail.
En revanche, l’inconvénient principal est qu’il coûte cher à l’entreprise : le commerçant paie
de lourdes cotisations sociales lorsqu’il verse le salaire à son conjoint.
Plan de la fiche :
§1 : L’artisan
A) La notion d’artisan
B) Le régime juridique de l’artisan
§2 : L’agriculteur
A) La notion d’agriculteur
B) Le régime juridique de l’agriculteur
§3 : Le professionnel libéral
A) La notion de professionnel libéral
B) Le régime juridique du professionnel libéral
Le commerçant est celui qui réalise des actes de commerce, de façon indépendante, et qui
en fait sa profession habituelle (art. L121-1 C. com.).
A noter : dans un cas pratique, il est essentiel de déterminer si la personne concernée est un « commerçant » ou
non. En effet, si c’est un commerçant, il faudra faire application des règles du droit commercial (avec notamment
les obligations dont sont tenus les commerçants). A l’inverse, si elle n’est pas un commerçant, ce sont d’autres
règles (celles du droit civil) qui vont avoir vocation à s’appliquer.
§1 : L’artisan
A) La notion d’artisan
L’artisan est celui qui réalise, à titre de profession habituelle et pour son compte, une
activité principalement manuelle sans faire de spéculation.
L’artisan ne spécule pas sur la main d’œuvre d’autrui, ni sur les marchandises. Il ne cherche
pas à faire de profit sur la marchandise ou sur le travail d’autrui. L’artisan tire l’essentiel de
ses revenus de son travail manuel et personnel (Com. 11 mars 2008).
A noter : le critère principal de distinction entre le commerçant et l’artisan est donc le critère de la spéculation. Le
commerçant spécule alors que l’artisan ne spécule pas sur les matières utilisées ou sur le travail d’autrui.
Par conséquent, si un individu spécule sur les marchandises (il fait de l’achat-revente pour en
retirer un profit), il n’est pas artisan mais commerçant.
L’artisan exerce donc une activité civile (et non commerciale). A ce titre, il est soumis aux
règles du droit civil et ne doit pas tenir une comptabilité commerciale.
A noter : concernant la compétence juridictionnelle, les artisans relevaient normalement des juridictions civiles
(tribunal judiciaire) puisque c’est une activité civile. Cependant, depuis le 1er janvier 2022, le tribunal de
commerce est compétent pour connaître des litiges entre artisans et des litiges entre commerçants et artisans.
L’artisan peut exercer son activité sous la forme d’une entreprise individuelle ou alors passer
en société.
Depuis le 1er janvier 2023, l’artisan doit être immatriculé au Répertoire national des
entreprises (RNE), en se déclarant sur internet via le guichet des formalités des entreprises
(article L. 123-36 C. com.).
Cette immatriculation pose une présomption simple : sauf preuve contraire, l’individu
immatriculé est présumé artisan. Les juges peuvent cependant renverser cette preuve et
démontrer qu’en réalité il est commerçant.
A noter : si l’artisan accomplit également des actes de commerce (le coiffeur qui vend des produits capillaires), il
reçoit la double qualification : artisan et commerçant.
§2 : L’agriculteur
A) La notion d’agriculteur
L’agriculteur est celui qui, à titre de profession habituelle et pour son compte, exerce une
activité qui correspond à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique animal ou
végétal (art. L311-1 C. rural.).
Art. L311-1 C. rural : « Sont réputées agricoles toutes les activités correspondant à la maîtrise et à l'exploitation
d'un cycle biologique de caractère végétal ou animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au
déroulement de ce cycle ainsi que les activités exercées par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement
de l'acte de production ou qui ont pour support l'exploitation. »
Autrement dit, l’agriculteur, c’est donc celui qui travaille la terre ou celui qui élève des
animaux. Plus généralement, c’est celui intervient dans une étape (au moins) qui permet le
développement du végétal ou de l’animal (cycle biologique).
Il n’est pas commerçant puisque sa récolte n’est pas précédée par un achat mais par un travail
de la terre par exemple.
D’ailleurs, les activités exercées par un agriculteur – qui sont dans le prolongement de
l’activité agricole – sont assimilées à des activités agricoles.
Exemple : la vente du vin issu de l’exploitation viticole de l’agriculteur est une activité agricole car elle se situe
dans le prolongement de l’activité de viticulture. Ce n’est pas une activité commerciale car ce qui est vendu est
issu de l’exploitation agricole (il n’y a pas d’intention spéculative sur les marchandises ou le travail d’autrui).
Les activités agricoles sont des activités civiles (art. L311-1 al. 2 C. rur.) : elles sont donc
soumises au droit civil. L’agriculteur doit s’immatriculer au RNE (article L. 123-36 C. com.).
L’agriculteur exploite un fonds agricole. Il peut exercer son activité sous la forme individuelle
(entreprise individuelle) ou sous la forme d’une société, comme l’EARL (Exploitation Agricole
à Responsabilité Limitée) ou le GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun).
Les entreprises agricoles peuvent être soumises aux procédures collectives (liquidation
judiciaire, redressement judiciaire…). Cependant, la juridiction compétente est ici le tribunal
judiciaire (et non le tribunal de commerce).
Enfin, les litiges relatifs à la location d’un terrain agricole relèvent de la compétence d’une
juridiction spécifique : le tribunal paritaire des baux ruraux (TPBR). En dehors de ce cas
particulier, c’est le tribunal judiciaire qui est compétent.
§3 : Le professionnel libéral
Art. 29 I de la loi du 22 mars 2012 : « Les professions libérales groupent les personnes exerçant à titre habituel,
de manière indépendante et sous leur responsabilité, une activité de nature généralement civile ayant pour objet
d'assurer, dans l'intérêt du client ou du public, des prestations principalement intellectuelles, techniques ou de
soins mises en œuvre au moyen de qualifications professionnelles appropriées et dans le respect de principes
éthiques ou d'une déontologie professionnelle. »
Autrement dit, celui qui exerce une profession libérale exerce une activité principalement
intellectuelle ou technique, en toute indépendance (sans subordination).
A noter : si le professionnel libéral exerce son activité sous la subordination de quelqu’un d’autre, il sera alors
considéré comme un « salarié » (et non comme un professionnel libéral).
Certaines professions libérales (pas toutes !) sont des « professions réglementées » : elles
font l’objet d’un important encadrement juridique.
Exemple : l’avocat, le notaire, le médecin sont tenus par des règles déontologiques et éthiques, dont la violation
peut être sanctionnée par les organisations professionnelles (Ordre des avocats, Ordre des médecins, Conseil
supérieur du notariat…). Ainsi, un avocat peut être radié de l’ordre en cas de violation des règles professionnelles.
Les activités libérales sont des activités civiles : elles sont donc soumises au droit civil. Le
professionnel libéral exploite un fonds libéral.
A noter : pendant longtemps, la cession de clientèles de professions libérales (les « clientèles civiles ») était
refusée. Cependant, en 2000, la Cour de cassation opère un revirement de jurisprudence et admet la cession des
clientèles civiles (Civ. 1re 7 nov. 2000).
Le professionnel libéral peut exercer son activité sous la forme d’une entreprise individuelle
ou d’une société. Il doit être immatriculé au RNE (article L. 123-36 C. com.).
Exemple : sont des sociétés fréquemment utilisées par les professionnels libéraux : la SCM (la Société Civile de
Moyens), la SCP (la Société Civile Professionnelle) ou encore la SEL (la Société d’Exercice Libéral).
Enfin, le professionnel libéral peut cumuler son activité avec une activité commerciale.
A noter : si l’activité commerciale est prépondérante par rapport à l’activité libérale, le professionnel libéral sera
requalifié en commerçant. Tel est le cas du dentiste qui a pour activité principale de vendre du dentifrice.
PARTIE 3
LE FONDS DE COMMERCE ET
SES ÉLÉMENTS
Plan de la fiche :
Autrement dit, le fonds de commerce est donc un ensemble d’éléments qu’un commerçant
va utiliser afin d’attirer une clientèle pour développer son activité commerciale.
A noter : le droit au bail commercial (aussi appelé « propriété commerciale ») désigne le droit reconnu au
commerçant - locataire d’un local commercial (en vertu d’un bail commercial) – de pouvoir obtenir le
renouvellement de son bail commercial. Le droit au bail fait partie du fonds de commerce. En cas de cession du
fonds de commerce, le droit au bail commercial est aussi transmis. Les règles relatives au bail commercial seront
étudiées dans la partie 5 relative au bail commercial.
Exemple : si le boulanger (commerçant) est propriétaire du local dans lequel il exploite sa boulangerie, ce local
ne fait pas partie du fonds de commerce car c’est un bien immeuble. Or, le fonds de commerce ne comprend pas
de biens immeubles, il ne comprend que des éléments mobiliers (corporels ou incorporels).
En outre, les dettes du commerçant ne font pas partie du fonds de commerce. En cas de
cession du fonds de commerce, elles restent donc personnelles au commerçant (elles ne sont
pas transmises en même temps que le fonds).
Exemple : le fonds de commerce peut donc être vendu à autrui (cession de fonds commerce) ou être apporté à
une société (apport en société d’un fonds de commerce). Dans ces hypothèses, la vente ou l’apport en société
entrainera le transfert de l’intégralité des éléments qui comportent le fonds de commerce (clientèle, enseigne,
mobilier…) à l’acheteur ou à la société.
Puisqu’il a une valeur, le fonds de commerce peut aussi être utilisé à titre de garantie : ainsi,
un commerçant peut se servir de la valeur que représente son fonds pour l’utiliser comme
garantie d’un prêt bancaire. Cette opération s’appelle un « nantissement de fonds de
commerce. »
Exemple : un boulanger (commerçant) souhaite acquérir de nouvelles machines pour développer son activité.
Cependant, pour acheter ces nouvelles machines, il va devoir obtenir un prêt (crédit) auprès de la banque. Pour
garantir le paiement du prêt, la banque peut alors demander au commerçant de « nantir » son fonds de
commerce. Concrètement, le commerçant et la banque vont conclure un contrat de nantissement de fonds de
commerce. Dès lors, si le commerçant ne paie pas les mensualités de crédit, la banque pourra alors lui saisir son
fonds de commerce.
Le fonds de commerce est donc un bien qui peut être transmis à autrui ou servir de garantie.
Plus précisément, le fonds de commerce est un bien incorporel puisque, par nature, il n’est
pas possible de toucher physiquement un fonds de commerce.
La notion d’universalité signifie que le fonds de commerce est un ensemble de biens qui, en
tant qu’ensemble, est lui-même un bien. Cet ensemble est soumis à un régime juridique
propre, qui est différent des éléments qui le composent.
Exemple : les règles relatives à la vente d’un fonds de commerce ne sont pas les mêmes que les règles relatives
à la vente d’une marque, d’une marchandise ou du nom commercial.
La notion d’universalité « de fait » signifie que le fonds de commerce ne comprend pas les
dettes (et donc le passif ne répond pas à l’actif). En cela, le fonds de commerce s’oppose au
patrimoine, lequel est lui aussi une universalité, mais une universalité « de droit ».
A noter : en effet, au sein du patrimoine, on a un ACTIF (les biens) et un PASSIF (les dettes). Dans le patrimoine, le
passif répond à l’actif. Or, dans le fonds de commerce, il n’y a pas de dettes : le fonds de commerce est donc une
universalité de fait !
Plan de la fiche :
§1 : La notion de clientèle
A) La définition de la clientèle
B) Clientèle et achalandage
§1 : La notion de clientèle
A) La définition de la clientèle
La clientèle désigne l’ensemble des personnes (les « clients ») qui achètent régulièrement
des produits ou des services à un commerçant déterminé.
Exemple : la clientèle du boucher du village est composée de toutes les personnes qui se rendent régulièrement
chez lui pour acheter de la viande.
La clientèle est l’élément le plus important du fonds de commerce : sans la clientèle, il n’y a
pas de fonds de commerce.
ð Le simple fait qu’une clientèle existe permet de caractériser l’existence d’un fonds de
commerce
Enfin, l’existence d’une clientèle propre au commerçant permet l’application des règles
protectrices du statut des baux commerciaux (avec notamment le droit au renouvellement
du bail).
B) Clientèle et achalandage
Ø L’achalandage (les chalands) concerne plutôt des clients de passage, qui se rendent
chez le commerçant en raison de sa localisation géographique. Les chalands
n’entretiennent pas de lien de fidélité avec le commerçant.
Néanmoins, d’un point de vue pratique, cette distinction n’a pas véritablement d’intérêt : les
juges ne font pas vraiment la distinction. Que le fonds de commerce attire des « clients » ou
uniquement des « chalands », il y a clientèle dans les 2 cas.
Dans la plupart des cas, cette condition ne pose pas de problème. Cependant, parfois, dans
certaines situations, on peut se demander s’il y a véritablement une clientèle personnelle.
C’est tout d’abord le cas du franchisé : si une activité se développe dans le cadre d’un réseau
de franchise, peut-on véritablement parler d’une clientèle du franchisé ? La jurisprudence a
répondu OUI : le franchisé peut avoir sa propre clientèle (une clientèle « locale ») et, donc,
son propre fonds de commerce (Civ. 3e 27 mars 2002, arrêt « Trévisan »).
Civ. 3e 27 mars 2002, arrêt « Trévisan » : « Si une clientèle est au plan national attachée à la notoriété de la
marque du franchiseur, la clientèle locale n'existe que par le fait des moyens mis en oeuvre par le franchisé, parmi
lesquels les éléments corporels de son fonds de commerce, matériel et stock, et l'élément incorporel que constitue
le bail, que cette clientèle fait elle-même partie du fonds de commerce du franchisé puisque, même si celui-ci n'est
pas le propriétaire de la marque et de l'enseigne mises à sa disposition pendant l'exécution du contrat de
franchise, elle est créée par son activité, avec des moyens que, contractant à titre personnel avec ses fournisseurs
ou prêteurs de deniers, il met en oeuvre à ses risques et périls. »
Autre hypothèse : la personne qui exploite un commerce au sein d’un ensemble plus vaste
(centre commercial, galerie marchande, cinéma, gare, stade) a-t-elle vraiment une clientèle
personnelle ?
En principe, NON car elle bénéficie de la clientèle d’autrui (celle du centre commercial ou de
la gare par exemple…). Par conséquent, en principe, elle n’a pas de clientèle personnelle, et
donc, elle n’est pas titulaire d’un fonds de commerce (Ass. plén. 24 avr. 1970, arrêt
« Bayait »).
Dans cette affaire « Bayait », il s’agit de Monsieur Bayait, un commerçant, qui loue une partie d’un champ de
courses hippiques pour exploiter un buffet-buvette. En effet, un bail commercial est conclu entre M. Bayait et la
société des courses rouennaises.
La fin du bail arrivant, M. Bayait revendique le droit au renouvellement de son bail commercial (il se considère
comme titulaire d’un fonds de commerce et donc il estime pouvoir bénéficier du statut des baux commerciaux).
La question est la suivante : M. Bayait attire-t-il vraiment une clientèle propre et personnelle ? Si la réponse est
positive, cela veut dire qu’il exploite un fonds de commerce et donc qu’il peut bénéficier du droit au
renouvellement de son bail commercial.
Cependant, la Cour de cassation considère que NON : M. Bayait n’a pas sa propre clientèle, il bénéficie de la
clientèle du champ de courses, notamment car il ne maîtrise pas les horaires d’ouverture.
Cependant, par exception, il est possible de prouver que le commerçant est à la tête d’une
clientèle propre et personnelle (Civ. 1re 19 mars 2003). Le critère utilisé est celui de
l’autonomie de gestion.
Exemple : un commerçant a une gestion autonome de son commerce s’il maîtrise ses horaires d’ouverture, s’il
gère sa propre publicité, s’il paie lui-même les charges (eau, électricité…) et s’il fixe lui-même ses prix.
Plan de la fiche :
Le nom commercial désigne le nom sous lequel une personne physique (entrepreneur
individuel) ou une personne morale (société) exerce son activité commerciale. C’est le nom
qui permet d’identifier le fonds de commerce.
Il peut s’agir d’un prénom, d’un nom de famille ou encore d’un nom de fantaisie.
A noter : cela veut également dire que celui qui a cédé son fonds de commerce (et donc son nom commercial) ne
peut pas s’installer plus tard avec le même nom pour faire de la concurrence à l’acheteur du fonds de commerce.
Il pourrait être sanctionné dans le cadre d’une action en concurrence déloyale.
Le nom commercial ne doit pas être confondu avec la dénomination sociale, qui concerne
exclusivement les sociétés.
La dénomination sociale désigne le nom qui permet d’identifier une société. Il est indiqué
dans les statuts de la société.
En général, pour les sociétés, la dénomination sociale et le nom commercial sont les mêmes.
Le nom commercial est protégé par l’action en concurrence déloyale. C’est une action fondée
sur l’article 1240 du Code civil qui permet d’obtenir une indemnisation lorsqu’un concurrent
réalise des actes de concurrence qui apparaissent déloyaux.
Si l’action en concurrence déloyale aboutit, le concurrent indélicat peut être condamné à des
dommages-intérêts et devoir arrêter l’utilisation du nom litigieux.
A noter : par conséquent, lorsqu’on se lance dans une activité commerciale, il est donc conseillé de regarder si le
nom commercial n’a pas déjà été utilisé par quelqu’un d’autre avant nous. Il est en effet recommandé de vérifier
sa « disponibilité » sur les différentes bases de données.
Plan de la fiche :
§1 : L’enseigne
A) La notion d’enseigne
B) La protection juridique de l’enseigne
§2 : Le nom de domaine
A) La notion de nom de domaine
B) La protection juridique du nom de domaine
§1 : L’enseigne
A) La notion d’enseigne
L’enseigne désigne un signe distinctif visuel apposé sur un immeuble, qui permet d’identifier
physiquement et géographiquement l’endroit où s’exerce l’activité commerciale.
Elle est en principe cédée en même temps que le fonds de commerce. Elle peut être déposée
à titre de marque pour une meilleure protection (marque verbale, figurative…).
Comme le nom commercial, l’enseigne est protégée par l’action en concurrence déloyale
(fondée sur l’article 1240 du Code civil).
Par conséquent, celui qui utiliserait une enseigne similaire à celle d’un commerçant dans le
but de créer un risque de confusion dans la tête de la clientèle risque d’être sanctionné
(dommages-intérêts, cessation de l’utilisation du signe…).
A noter : Toutefois, pour vérifier l’existence d’un acte de concurrence déloyale, le juge va généralement prendre
en compte le périmètre géographique de la clientèle. Autrement dit, le comportement d’un concurrent indélicat
sera apprécié différemment selon que son signe ressemble à celui d’un commerçant de son quartier ou d’un
commerçant se situant de l’autre côté de la France. La notoriété de l’entreprise (nationale ou locale) et le secteur
d’activité seront également pris en compte.
§2 : Le nom de domaine
Le nom de domaine est une chaine de caractères qui permet de désigner un site internet.
C’est, en quelque sorte, une adresse internet.
Pour acquérir un nom de domaine, il faut le réserver auprès de ce que l’on appelle un
« Registrar », qui est un centre d’enregistrement des noms de domaine.
A noter : pour les extensions « .fr », il faut passer via l’AFNIC (Association française pour le nommage Internet).
Ensuite, c’est le premier qui réserve le nom de domaine qui peut utiliser ce nom de domaine :
« premier arrivé, premier servi ».
A noter : le nom de domaine qui est choisi ne doit cependant pas porter atteinte aux droits antérieurs des tiers.
Le titulaire d’un nom de domaine peut donc utiliser, à titre exclusif, le nom de domaine qu’il
a réservé. Il peut donc exercer l’action en concurrence déloyale s’il démontre qu’un tiers
utilise un nom de domaine similaire.
A noter : c’est pour cela qu’en pratique, il est recommandé d’enregistrer le nom de domaine sous la forme d’une
marque. Si le nom de domaine est protégé sous la forme d’une marque, l’action en contrefaçon (plus simple que
l’action en concurrence déloyale) sera donc possible.
Plan de la fiche :
§1 : Le brevet d’invention
A) La notion de brevet
B) Les critères de brevetabilité
C) La protection offerte par le droit de brevet
§2 : La marque
A) La notion de marque
B) Les formes de marque
C) Le choix de la marque
D) La protection offerte par le droit de marque
Dans le cadre de son activité, le commerçant peut devenir titulaire de droits de propriété
industrielle (brevet d’invention, marque, dessins et modèles). Ces éléments font partie du
fonds de commerce.
A noter : de façon plus générale, en droit français, les créations intellectuelles des individus sont protégées par le
droit de la propriété intellectuelle. Le droit de la propriété intellectuelle comprend 2 éléments : d’un côté, le droit
de la propriété industrielle, qui vient protéger les marques, les brevets et les dessins ; de l’autre côté, le droit de
propriété littéraire et artistique, qui protège les œuvres littéraires, musicales et artistiques des individus grâce
notamment au mécanisme du « droit d’auteur ». Dans cette fiche, nous allons exclusivement parler de droit de la
propriété industrielle car elle concerne plus précisément le commerçant.
Celui qui est titulaire d’un droit de propriété industrielle (droit de brevet, droit de marque,
droit relatif à un dessin) bénéficie alors d’un monopole d’exploitation. Cela lui permet
d’utiliser, à titre exclusif, sa création pour pouvoir en retirer des revenus.
Ce monopole lui permet surtout de se défendre contre toute utilisation non autorisée de sa
création industrielle. En effet, le titulaire d’un droit de propriété industrielle peut exercer une
action particulière, plus simple à mettre en pratique que l’action en concurrence déloyale :
l’action en contrefaçon (pas besoin de prouver de faute ou de préjudice, la simple preuve de
l’atteinte aux droits suffit).
Exemple : le titulaire d’un brevet, d’une marque ou d’un droit sur un dessin peut donc exercer une action en
contrefaçon.
A noter : en revanche, si la personne n’a pas de droit de propriété industrielle sur sa création, elle peut uniquement
agir dans le cadre de l’action en concurrence déloyale (dont les conditions sont plus difficiles : faute, préjudice,
lien de causalité…).
§1 : Le brevet d’invention
A) La notion de brevet
Le droit de brevet est un droit de propriété industrielle temporaire, qui confère au créateur
d’une invention, un monopole d’exploitation (art. L611-1 du Code de la propriété
intellectuelle).
Le brevet porte donc sur une invention, c’est-à-dire une innovation qui vient répondre à un
problème technique.
Exemple : breveter une machine à remonter dans le temps. Cette machine vient répondre à un problème :
voyager dans le temps.
Pour obtenir un brevet, l’invention doit être déposée auprès de l’INPI (Institut National de la
Propriété Industrielle). Dans ce cas, la protection offerte sera simplement territoriale (au
niveau français).
Toute innovation ne peut faire l’objet d’un dépôt de brevet. En effet, l’innovation doit
respecter les critères de brevetabilité posés par la loi.
ð 3e condition : l’invention doit impliquer une activité inventive (elle ne doit pas être
« évidente » pour celui qui est du métier)
A noter : le délai de 20 ans n’est pas renouvelable (contrairement à la marque). Cela veut donc dire que, au-delà
de 20 ans, l’invention tombe dans le domaine public : tout le monde peut alors librement l’utiliser.
A noter : la contrefaçon est l’utilisation non autorisée d’un droit de propriété industrielle (brevet, marque…). En
cas de contrefaçon, le titulaire du brevet peut tout d’abord obtenir des dommages-intérêts. Il peut également
obtenir la cessation des actes de contrefaçon. Enfin, le contrefacteur peut être condamné pénalement à de lourdes
peines : 3 ans d’emprisonnement, 300 000€ d’amende (art. L615-14 du Code de la propriété intellectuelle).
Enfin, durant la période de protection, le titulaire du brevet doit verser une redevance
annuelle (sinon, ses droits seront perdus). C’est une somme d’argent dont il doit s’acquitter
pour faire en sorte que le brevet soit toujours valable.
§2 : La marque
A) La notion de marque
Le droit de marque est un droit de propriété industrielle qui confère à son titulaire un
monopole d’exploitation sur un signe distinctif (art. L711-1 du Code de la propriété
intellectuelle).
Alors que le brevet portait sur une invention, la marque concerne quant à elle un signe
distinctif. Le « signe distinctif » est un signe qui permet au consommateur de distinguer les
produits ou services d’une entreprise de ceux de ses concurrents.
Exemple : la marque « Adidas » (le nom, les 3 bandes…) permet de distinguer les produits « Adidas » de ceux
proposés par « Lacoste », « Nike », « Puma ».
C) Le choix de la marque
Exemple : un signe est déceptif s’il trompe le consommateur sur la qualité ou l’origine du produit. Tel pourrait
être le cas d’une marque de montres françaises dénommée « Suissa »
Exemple : une marque intitulée « Puta Madre » ou comportant une « croix gammée » ne serait sans doute pas
acceptée.
Le titulaire d’une marque déposée bénéficie d’un monopole d’exploitation sur sa marque
pendant 10 ans, renouvelables indéfiniment.
Durant le délai de 10 ans, le titulaire peut donc exploiter sa marque pour en retirer des
revenus. Il peut aussi vendre sa marque à autrui ou conclure un contrat de licence avec un
tiers pour que celui-ci l’utilise.
Enfin, comme le breveté, le titulaire de la marque doit également payer une redevance
annuelle. Il a également l’obligation d’exploiter sa marque.
L’esthétique d’un produit peut être l’objet d’un droit de propriété industrielle grâce aux
dessins et modèles. Il s’agit de protéger l’apparence esthétique d’un produit, son design
industriel.
Le dessin est un élément graphique en 2 dimensions alors que le modèle est en 3D.
Le dessin ou le modèle doit être déposé à l’INPI pour être protégé. La protection dure 5 ans,
renouvelables plusieurs fois. Le titulaire du droit est alors titulaire d’un monopole
d’exploitation. Il doit payer une redevance annuelle et a l’obligation d’exploiter son dessin ou
son modèle.
Plan de la fiche :
§1 : Les licences
§2 : Les contrats
§1 : Les licences
Une licence est une autorisation délivrée par l’administration qui permet d’exercer certaines
activités commerciales.
Exemple : pour vendre des boissons avec un degré d’alcool supérieur à 18°, les bars doivent disposer d’une
licence de débit de boissons de niveau 4.
Certaines licences font partie du fonds de commerce, comme c’est le cas de la licence de débit
de boissons. Par conséquent, en cas de vente du fonds de commerce, ces licences sont
transmises en même temps que le fonds.
§2 : Les contrats
Exemple : les contrats de travail. Si le commerçant employait des salariés, les contrats de travail sont transférés
à l’acheteur du fonds de commerce en cas de vente du fonds.
Exemple : les contrats d’assurance du fonds de commerce ou encore les contrats conclus avec les fournitures
sont – eux aussi – souvent transmis à l’occasion de la cession.
PARTIE 4
Plan de la fiche :
La vente d’un fonds de commerce – parfois appelée « cession d’un fonds de commerce » -
est l’opération par laquelle une personne titulaire d’un fonds de commerce (le vendeur)
décide de transférer la propriété de ce fonds à une autre personne (l’acheteur).
Comme on l’a vu, le fonds de commerce est un bien (meuble incorporel) qui peut être transmis
à autrui (comme tout bien !). Par l’effet de la vente du fonds de commerce, le titulaire du
fonds de commerce va ainsi transférer la propriété du fonds à une autre personne : l’acheteur.
Comme n’importe quel autre type de contrat, la vente d’un fonds de commerce est soumise
aux conditions de validité du droit commun.
Pour qu’un contrat soit valable, il doit réunir 3 conditions de validité (art. 1128 C. civ.) :
ð La capacité de contracter
ð Le consentement des parties
ð Le contenu licite et certain
Concernant la capacité juridique, chacune des parties (acheteur et vendeur) doit avoir la
capacité de faire des actes de commerce (l’achat et la vente d’un fonds de commerce sont des
actes de commerce). Cette exigence fait référence à la situation des mineurs et des majeurs
protégés.
A noter : ainsi, le mineur ne peut pas vendre seul un fonds de commerce dont il aurait hérité. Il lui faudra
généralement recueillir l’accord du juge des tutelles. Quant au majeur sous tutelle, il doit obtenir l’autorisation
du conseil de famille ou du juge des tutelles.
En outre, le consentement des parties doit être donné de façon libre et éclairée : il ne doit
pas y avoir de vice de consentement (dol, erreur, violence). En matière de vente de fonds de
commerce, le dol est souvent admis par les juges (ex : trafic des comptes de l’entreprise).
Rappel : le dol correspond à une manœuvre frauduleuse par laquelle une partie trompe l’autre pour l’inciter à
contracter.
A noter : également, si le propriétaire d’un fonds de commerce d’une petite entreprise souhaite vendre son fonds
de commerce à autrui, il doit d’abord en informer les salariés de l’entreprise afin de leur demander si l’un d’entre
eux souhaite se porter acquéreur (art. L141-23 C. com.). A défaut d’offre d’un salarié, le vendeur peut céder
librement son fonds.
Enfin, concernant le contenu licite et certain, le prix de vente doit être déterminé ou
déterminable au moment de la vente. Ce prix doit être réel et sérieux (pas de prix dérisoire).
Ce sont les parties qui déterminent librement le prix dans l’acte de cession.
Pendant longtemps, la vente d’un fonds de commerce devait prendre la forme d’un écrit
contenant de nombreuses mentions obligatoires. Le but de ce formalisme était simple :
informer l’acheteur sur la valeur du fonds.
Exemple : parmi les mentions obligatoires qui devaient figurer sur l’acte de vente, il fallait préciser le nom du
précédent vendeur, le prix de vente, l’état des garanties sur le fonds (nantissement, privilèges…), le chiffre
d’affaires des 3 derniers exercices, les résultats d’exploitation des 3 dernières années et les informations relatives
à un éventuel bail commercial du local commercial (art. L141-1 C. com.).
Cependant, la loi du 19 juillet 2019 (loi « Soilihi ») a supprimé ces mentions obligatoires
(l’article L141-1 C. com a été abrogé). Cela s’explique par le fait que la plupart de ces
informations sont librement accessibles à tous (notamment au RNE).
ð Dans l’acte de vente, le prix de chacun des éléments incorporels et corporels du fonds
de commerce doit être indiqué et ventilé (pour tel élément, cela vaut tant).
Par ailleurs, l’acheteur peut invoquer la garantie des vices cachés en cas d’inexactitude des
mentions relatives au fonds. Dans ce cas, l’acheteur peut soit demander la résolution de la
vente (fin de la vente), soit une diminution du prix (art. L141-3 C. com.).
La vente d’un fonds de commerce doit faire l’objet d’une publicité pour permettre aux
éventuels créanciers du vendeur de se manifester.
A noter : en cas de vente d’un fonds de commerce, les créanciers – informés de la vente par la publicité - peuvent
donc se manifester via le mécanisme de l’opposition. Cela permet aux créanciers de faire opposition au prix de
vente que l’acheteur doit payer. Le prix de vente reste alors bloqué entre les mains de l’acheteur (la somme n’est
pas transmise au vendeur). Par conséquent, la somme sera alors répartie entre les différents créanciers.
Tout d’abord, dans un délai d’un mois après sa conclusion, la vente doit être enregistrée
auprès de l’administration fiscale (art. L141-13 C. com.), sauf si la vente a été conclue par un
acte authentique (acte notarié).
Ensuite, la vente doit être publiée au BODACC (Bulletin officiel des annonces civiles et
commerciales) et dans un journal d’annonces légales. L’acheteur doit également informer le
RNE.
Dans ce cas, la vente n’est pas nulle : en effet, les règles de publicité ne sont pas posées à titre
de validité de la vente.
Art. L141-17 C. com. : « L'acquéreur qui paie son vendeur sans avoir procédé aux publications prescrites, ou avant
l'expiration du délai de dix jours, n'est pas libéré à l'égard des tiers. »
Tout d’abord, le principal effet de la vente du fonds de commerce est le transfert de propriété :
l’acheteur devient propriétaire du fonds.
Par conséquent, le vendeur est tenu par l’obligation de délivrance du fonds de commerce.
Autrement dit, il doit mettre tous les éléments du fonds de commerce à la disposition de
l’acheteur. A ce titre, il doit notamment présenter l’acquéreur à sa clientèle.
Exemple : le vendeur doit notamment remettre les clés du local commercial et les titres de propriété industrielle
(brevet, marque…). Le vendeur doit également informer le bailleur du local.
Ensuite, comme tout vendeur, le vendeur est tenu d’une obligation de garantie des vices
cachés. Concrètement, si l’acheteur découvre un vice caché qui rend l’usage du fonds
impropre à l’usage pour lequel il est destiné, il peut demander soit la résolution de la vente (=
fin du contrat), soit une diminution du prix.
Exemple : après la vente, l’acheteur découvre un élément qui vient provoquer l’extinction de la clientèle.
A noter : le vendeur est également tenu de cette garantie en cas d’inexactitude des informations mentionnées
lors de la cession (art. L141-3 C. com.).
Par ailleurs, le vendeur est également tenu par une obligation de garantie d’éviction.
Autrement dit, si un tiers (ou le vendeur) vient troubler la jouissance paisible du fonds de
commerce par l’acquéreur, ce dernier peut se retourner contre le vendeur.
Enfin, souvent, dans les actes de vente de fonds de commerce, une clause de non-
rétablissement (ou de non-concurrence) est stipulée pour protéger les intérêts de l’acheteur.
Selon cette clause, il est fait interdiction au vendeur du fonds de commerce de s’installer à
côté de l’acheteur du fonds pour lui récupérer la clientèle. Il s’agit d’une sorte d’obligation de
non-concurrence qui est faite au vendeur.
Rappel : cette clause de non-rétablissement doit être limitée dans le temps et dans l’espace pour être valable. En
outre, elle doit être limitée à certaines activités.
A noter : si aucune clause n’a été stipulée, l’acheteur demeure protégé via la garantie d’éviction, selon laquelle le
vendeur n’a pas le droit de troubler la jouissance paisible du fonds par l’acheteur.
Tout d’abord, l’acheteur est tenu de payer le prix de vente du fonds de commerce, le paiement
étant généralement étalé dans le temps. Il doit également payer les frais accessoires de la
vente, comme les frais d’enregistrement à l’administration fiscale.
Ensuite, pour garantir le paiement du prix, le vendeur dispose d’une garantie spéciale : le
privilège du vendeur (art. L141-5 C. com.). Cette garantie permet de se prémunir contre le
risque d’insolvabilité de l’acheteur.
Exemple : ce privilège concerne la situation suivante : un vendeur (A) vend à une autre personne (B) un fonds de
commerce à crédit. Puis, quelques temps plus tard, B décide de vendre lui-même le fonds de commerce à une
autre personne (C) alors même qu’il n’a pas fini de payer la première vente (celle avec A). Grâce au privilège du
vendeur, le vendeur initial (A) va pouvoir se faire payer en priorité sur les autres créanciers au moment de la
revente du fonds.
Enfin, en cas de défaut de paiement du prix, le vendeur peut demander au juge la résolution
de la vente (et ainsi récupérer le fonds de commerce).
Plan de la fiche :
L’apport en société d’un fonds de commerce désigne le contrat par lequel le propriétaire
d’un fonds de commerce choisit de transférer la propriété de son fonds de commerce à une
société (personne morale), en contrepartie de titres sociaux (parts sociales ou actions).
A noter : celui qui apporte un bien à une société (ici, un fonds de commerce) est appelé « apporteur ». L’apport
en société est donc un contrat entre 2 personnes : en général, une personne physique (l’apporteur) et une
personne morale (la société).
ð Dans l’apport en société, l’apporteur reçoit des titres sociaux (des actions ou parts
sociales) qui représentent sa participation dans le capital de la société (le « capital
social »). L’apporteur devient alors associé de la société.
Exemple : A est propriétaire d’un fonds de commerce de boulangerie. Il passe en société (SARL). Il va alors
apporter son fonds de commerce à sa société. En contrepartie, il ne va pas recevoir de prix mais il va recevoir
des parts sociales qui vont représenter sa participation dans la société (exemple : 100%, 50%, 60%...).
Puisque l’apport en société ressemble à la vente, les conditions sont quasiment les mêmes.
Les règles relatives au consentement, à la capacité et au contenu s’appliquent ici de la même
manière.
L’apport en société doit faire l’objet d’un écrit, à peine de nullité du contrat. Il peut être
constaté par un acte sous signature privée ou par un acte authentique.
En général, en cas d’apport en société d’un fonds de commerce, un commissaire aux comptes
doit être missionné pour évaluer la valeur du fonds.
Enfin, l’apport en société doit également faire l’objet d’une publicité au BODACC et dans un
journal d’annonces légales.
L’apporteur est tenu par une obligation de délivrance du fonds : il doit mettre à la disposition
de la société tous les éléments compris dans la vente.
La société bénéficie des mêmes garanties (garanties des vices cachés et d’éviction) que
l’acheteur d’un fonds de commerce (sauf le privilège du vendeur).
Plan de la fiche :
Parfois, le propriétaire d’un fonds de commerce ne peut pas exploiter lui-même le fonds. Par
conséquent, il va alors faire appel à un tiers, qui sera chargé de gérer le fonds …
Ensuite, concernant le propriétaire du fonds (le « loueur »), une règle était posée pendant
longtemps : pour mettre son fonds en location-gérance, il devait avoir exploité le fonds
pendant au moins 2 ans.
Cependant, pour étendre le recours à la location-gérance, cette exigence a été supprimée par
la loi du 19 juillet 2019 (loi « Soilihi »). Il n’y a donc plus de condition de délai.
A noter : étant donné qu’il n’est plus commerçant, le propriétaire du fonds doit se faire radier du RNE.
Enfin, la location-gérance doit faire l’objet d’une publicité dans un journal d’annonces légales
dans les 15 jours de la conclusion du contrat (art. R144-1 C. com.).
A noter : en cas de défaut de publicité, le contrat n’est pas nul. Cependant, tant que le contrat n’a pas été publié
dans un journal d’annonces légales, le loueur du fonds (le propriétaire) est solidairement responsable avec le
locataire-gérant des dettes contractées par celui-ci à l’occasion du fonds (art. L144-7 C. com.). Cela veut donc dire
que, tant que la publicité n’a pas eu lieu, le propriétaire-loueur peut être tenu de payer des dettes qui sont dues
par le locataire-gérant.
Tout d’abord, le propriétaire du fonds (le loueur) est assimilé à un bailleur (dans un bail). Par
conséquent, il doit respecter les mêmes obligations que le bailleur.
Exemple : le propriétaire du fonds doit donc faire en sorte de ne pas venir troubler la jouissance paisible du fonds.
De la même manière, il doit mettre le locataire-gérant en possession du fonds de commerce (lui donner les
clés…).
Enfin, en principe, le locataire-gérant n’a pas le droit de sous-louer le fonds, sauf s’il obtient
l’autorisation du propriétaire-loueur.
Tout d’abord, si le propriétaire du fonds avait des dettes relatives à l’exploitation du fonds, les
créanciers (ceux à qui il doit de l’argent) peuvent agir devant le tribunal de commerce pour
demander l’exigibilité immédiate de ces dettes.
Les créanciers devront prouver que la location-gérance met en péril le recouvrement de ces
dettes (art. L144-6 C. com.).
Exemple : avant de mettre son fonds en location-gérance, le propriétaire-loueur avait contracté des crédits
auprès d’une banque. La banque pourra alors demander au tribunal de commerce de prononcer l’exigibilité
immédiate de ces dettes. Cela veut dire que la banque peut exiger le paiement immédiat de la dette (plutôt que
d’attendre les futures mensualités de prêt…).
A noter : la jurisprudence admet toutefois que les contrats de travail conclus par le propriétaire-loueur peuvent
être opposés au locataire-gérant (lequel devra les exécuter).
Par ailleurs, si le local fait l’objet d’un bail commercial, il appartient au propriétaire du fonds
(et non au locataire-gérant) de demander le renouvellement du bail.
Enfin, lorsque le contrat de location-gérance prend fin, la règlementation applicable aux baux
commerciaux ne s’applique pas à la location-gérance. Cela veut donc dire que le locataire-
gérant n’a pas de droit au renouvellement du bail et il ne peut pas non plus demander le
paiement d’une indemnité d’éviction.
Plan de la fiche :
Pour développer son activité, le propriétaire d’un fonds de commerce peut avoir besoin
d’argent. Il va alors se tourner vers une banque pour obtenir un crédit.
Pour se prémunir contre le risque d’impayés du commerçant, la banque peut alors demander
une garantie (une sûreté). Elle peut alors demander au propriétaire du fonds de commerce de
consentir un « nantissement » sur le fonds de commerce.
Dans cette situation, le fonds de commerce va donc servir de garantie au paiement d’une
dette.
Art. 2355 C. civ. : « Le nantissement est l'affectation, en garantie d'une obligation, d'un bien meuble incorporel
ou d'un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs. »
Le nantissement est une sûreté, c’est-à-dire une garantie. Plus précisément, c’est une sûreté
qui porte uniquement sur un bien meuble incorporel (ici, le fonds de commerce).
A noter : le nantissement peut aussi porter sur d’autres biens meubles incorporels, par exemple sur des parts de
société. Le nantissement n’est pas la seule sûreté qui existe. Tout d’abord, on trouve le gage, qui est une sûreté
qui porte sur un bien meuble CORPOREL (exemple : un bijou). A côté du gage, on trouve également l’hypothèque,
qui porte quant à elle sur un bien IMMEUBLE (exemple : une maison), et non un bien meuble.
A) Le nantissement conventionnel
Le nantissement conventionnel doit être conclu par écrit (acte notarié ou acte sous signature
privée). De plus, dans les 15 jours de sa conclusion, le contrat doit être inscrit au sein d’un
registre spécial tenu par le greffe du tribunal de commerce.
Par ailleurs, seuls peuvent être compris dans l’assiette du nantissement (art. L142-2 C. com.),
c’est-dire ce sur quoi la banque peut se faire payer :
ð L’enseigne
ð Le nom commercial
ð Le droit au bail
ð La clientèle
ð Le mobilier commercial
ð Le matériel et l’outillage
ð Les droits de propriété industrielle (brevets, marques, dessins et modèles…)
En revanche, les marchandises (le stock) ne sont pas comprises dans le nantissement.
A noter : si les parties ne disent rien dans l’acte à propos de l’assiette du nantissement, ce dernier porte
uniquement sur l’enseigne, le nom commercial, le droit au bail et la clientèle.
B) Le nantissement judiciaire
Le nantissement judiciaire est le nantissement demandé dans le cadre d’une action en justice.
La situation est la suivante : A est propriétaire d’un fonds de commerce. L’un de ses créanciers (B) sent que ce
commerçant (A) est en train de devenir insolvable. Ce créancier (B) va donc saisir en urgence le juge afin de
demander qu’un nantissement soit pris sur le fonds de commerce de A.
Le nantissement judiciaire est possible si différentes conditions sont réunies (art. L511-1 du
Code des procédures civiles d’exécution) :
ð 1re condition : la créance du commerçant paraît fondée en son principe
ð 2e condition : il y a des circonstances susceptibles de menacer le recouvrement de
cette créance
Si ces 2 conditions sont réunies, la demande peut être portée devant le juge de l’exécution ou
devant le président du tribunal de commerce.
Si le juge octroie l’autorisation au créancier, ce dernier devra alors saisir le greffe du tribunal
de commerce pour prendre une inscription provisoire. Puis, quelques mois plus tard, il devra
obtenir une inscription définitive de son nantissement.
Si le créancier (banque) dispose d’un nantissement sur le fonds de commerce de son débiteur
commerçant, il bénéficie donc d’une sûreté sur les éléments du fonds.
En cas de non-paiement de la dette par le commerçant, le créancier peut alors saisir le fonds
de commerce et ainsi se faire payer sur le prix de vente.
ð Un droit de suite : le créancier peut faire vendre le fonds de commerce, peu importe
entre les mains de qui il se trouve (cas où le fonds a été vendu à un tiers)
PARTIE 5
Plan de la fiche :
En général, le propriétaire d’un fonds de commerce n’est pas propriétaire du local dans lequel
il exploite son fonds. C’est pour cela que le propriétaire d’un fonds de commerce va louer les
« murs » à un tiers afin d’y exploiter son commerce.
Dans cette hypothèse, un contrat est donc conclu entre le propriétaire du fonds de commerce
et le propriétaire d’un local : il s’agit d’un « contrat de bail commercial ».
Le contrat de bail commercial est un contrat par lequel une personne (le bailleur) met un
local à la disposition d’une autre personne, propriétaire de son fonds de commerce (le
preneur), en contrepartie du paiement d’un loyer.
ð Le propriétaire d’un fonds de commerce (le « preneur ») : c’est celui qui va exploiter
le commerce dans le local loué et qui devra payer un loyer.
Exemple : Laurent souhaite se lancer dans la boulangerie. Cependant, il n’est propriétaire d’aucun local où
exercer son commerce. Par conséquent, Laurent va contacter Thierry, le propriétaire d’un local de 200 m2, afin
que celui-ci lui loue ses murs. Un contrat de bail commercial est conclu entre les 2. Ici, Laurent est donc le preneur
et Thierry le bailleur.
Lorsqu’un bail est considéré comme un « bail commercial », c’est tout un ensemble de règles
qui s’appliquent à la relation entre le bailleur et le preneur. On parle alors du « statut » des
baux commerciaux.
En effet, les règles relatives au bail commercial sont dérogatoires par rapport aux règles de
droit commun que l’on trouve dans le Code civil. Ces règles sont d’ordre public : il n’est pas
possible d’y déroger par un contrat.
ð Des mécanismes de plafonnement de loyer existent (pour éviter une hausse des
loyers)
A noter : cette protection importante du preneur s’explique par les enjeux financiers importants qui se cachent
derrière l’exploitation d’un commerce. Permettre à un bailleur de mettre fin, librement, à un bail commercial
pourrait mettre en péril l’activité commerciale (c’est pour cela que des règles existent).
1- Le bailleur
Tout d’abord, le bailleur doit être propriétaire du local (juridiquement, on parle d’immeuble).
Ensuite, si l’immeuble est un bien commun à 2 époux, il faut l’accord des 2 pour la conclusion
du bail.
A noter : si le local est en usufruit, il faut l’accord de l’usufruitier et du nu-propriétaire. Idem en cas d’indivision.
Enfin, le bailleur n’a pas besoin d’être commerçant (seul le preneur doit être commerçant).
2- Le preneur
Tout d’abord, le preneur doit être commerçant et être inscrit au RNE. Le statut des baux
commerciaux peut aussi s’appliquer à un preneur qui est artisan (pour un fonds artisanal), à
condition d’être inscrit au Répertoire des Métiers. Les associations et les professions libérales
sont donc exclues du régime des baux commerciaux.
A noter : en revanche, si le fonds de commerce fait l’objet d’une location-gérance, le propriétaire du fonds n’a pas
besoin d’être inscrit au RNE (art. L145-1 C. com.).
Ensuite, les étrangers peuvent conclure un bail commercial (depuis la loi du 18 juin 2014).
Enfin, les sociétés commerciales et les entreprises publiques peuvent elles aussi être
preneuses à bail. En revanche, les associations ne le peuvent pas (elles ne sont pas
immatriculées au RNE).
Pour être soumis aux règles des baux commerciaux, il doit s’agir de la location d’un immeuble
ou d’un local. Plus précisément, il doit s’agir d’un local stable et permanent, clos et couvert.
Exemple : un emplacement sur une place de parking ou un comptoir de vente provisoire ne sont pas des lieux
stables et permanents. Par conséquent, dans ces situations, le preneur ne peut pas être soumis au régime
favorable des baux commerciaux.
Dès lors, la location d’un terrain nu ne peut pas être soumis au régime des baux commerciaux.
A noter : en revanche, la location d’un terrain nu sur lequel a été édifiée (soit avant, soit après le bail) des
constructions à usage commercial peut être soumise aux règles des baux commerciaux, si ces constructions ont
été élevées ou exploitées avec le consentement du propriétaire du terrain (art. L145-1 I 2° C. com.).
Par ailleurs, les règles des baux commerciaux peuvent s’appliquer aux locaux ou immeubles
considérés comme « accessoires » à l’exploitation du fonds de commerce s’ils sont
indispensables à celui-ci (art. L145-1 I 1° C. com.).
Pour que les règles protectrices des baux commerciaux puissent s’appliquer, il doit s’agir de la
location d’un local dans lequel un commerçant (ou un artisan) exploite un fonds de commerce
(ou un fonds artisanal).
Il doit donc y avoir une clientèle personnelle et autonome au commerçant pour que l’on
puisse considérer qu’il y a un véritable fonds de commerce.
A noter : cela rappelle ce que l’on a vu à propos des emplacements loués dans les galeries marchandes, gares,
stades… Dans ces situations, il y aura un fonds de commerce uniquement si l’on considère que le locataire dispose
d’un pouvoir de gestion autonome de son activité.
En revanche, si le locataire n’a pas de clientèle personnelle, il ne peut pas bénéficier des règles
favorables du statut des baux commerciaux.
A noter : c’est donc là l’enjeu véritable de qualifier une situation comme étant soumise (ou non) aux règles des
baux commerciaux. S’il s’agit d’un bail commercial, le preneur va alors pouvoir bénéficier du droit au
renouvellement, de l’indemnité, de la durée minimale… En revanche, si l’on n’est pas en présence d’un bail
commercial, le locataire sera dans une situation beaucoup plus précaire.
Pour que le statut des baux commerciaux puisse s’appliquer, il faut que l’on soit en présence
d’un véritable bail. Dès lors, de nombreuses situations sont exclues de ce régime.
Tout d’abord, si une personne occupe un local à titre d’usufruitier ou d’indivisaire, le régime
des baux commerciaux ne s’applique pas. Il doit y avoir une relation de bailleur à preneur (avec
le paiement d’un loyer…).
Ensuite, les conventions d’occupation précaire ne sont pas soumises aux règles des baux
commerciaux.
A noter : une convention d’occupation précaire se caractérise, quelle que soit sa durée, par le fait que l'occupation
des lieux n'est autorisée qu'en raison de circonstances particulières indépendantes de la seule volonté des parties
(art. L145-5-1 C. com.). En général, la redevance versée par l’occupant (on ne parle de loyer car ce n’est pas un
bail) est très faible. Une telle convention peut par exemple être conclue pour l’occupation d’un immeuble destiné
à être démoli.
De la même manière, les locations saisonnières – qui se caractérisent par leur périodicité –
sont exclues du statut des baux commerciaux.
Enfin, les baux de longue durée (18 ans à 99 ans), comme le bail emphytéotique, sont exclus
du régime des baux commerciaux.
A noter : généralement utilisé pour les terres agricoles, ce bail – conclu pour une très longue durée (entre 18 et
99 ans) – confère un droit réel immobilier au locataire, moyennant le paiement d’un loyer (on parle de
« redevance »).
Plan de la fiche :
En principe, un contrat de bail commercial dure au minimum 9 ans (art. L145-4 C. com.). Le
bailleur et le preneur peuvent bien évidemment conclure un bail d’une durée plus longue ;
mais, attention, il ne doit en aucun cas être à durée indéterminée.
Art. L145-4 C. com. : « La durée du contrat de location ne peut être inférieure à neuf ans. »
Normalement, chacune des parties doit aller jusqu’au terme du contrat : en principe, aucune
résiliation anticipée du bail n’est admise.
Par ailleurs, à titre exceptionnel, le bailleur peut lui aussi mettre fin au bail tous les 3 ans dans
des situations très particulières décrites à l’article L145-4 al. 3 du Code de commerce. Il devra
alors donner congé au preneur par un acte d’huissier de justice dans les 6 mois précédant
l’extinction de la période triennale.
Art. L145-4 al. 3 C. com. : « Le bailleur a la même faculté (…) afin de construire, de reconstruire ou de surélever
l'immeuble existant, de réaffecter le local d'habitation accessoire à cet usage, de transformer à usage principal
d'habitation un immeuble existant par reconstruction, rénovation ou réhabilitation ou d'exécuter des travaux
prescrits ou autorisés dans le cadre d'une opération de restauration immobilière et en cas de démolition de
l'immeuble dans le cadre d'un projet de renouvellement urbain. »
Enfin, souvent, les baux commerciaux contiennent des « clauses résolutoires ». Il s’agit d’une
clause stipulée dans un contrat selon laquelle, si l’une des parties n’exécute pas l’une de ses
obligations issues du bail, le contrat est résolu (c’est la fin du contrat).
§2 : Le bail dérogatoire
Lors de l’entrée dans les lieux du preneur, les parties peuvent choisir de déroger à la durée de
9 ans pour conclure un bail de 3 ans maximum : elles peuvent conclure ce que l’on appelle un
« bail dérogatoire » (art. L145-5 C. com.).
La conclusion d’un tel bail peut ainsi permettre au preneur de se faire une idée du local avant
de s’engager sur une période plus longue (les 9 ans du régime des baux commerciaux).
Art. L145-5 C. com. : « Les parties peuvent, lors de l'entrée dans les lieux du preneur, déroger aux dispositions du
présent chapitre à la condition que la durée totale du bail ou des baux successifs ne soit pas supérieure à trois
ans. »
Le bail dérogatoire n’est pas soumis au statut des baux commerciaux. Ainsi, contrairement à
un bail « classique », le preneur n’a aucun droit au renouvellement du bail et ne peut réclamer
aucune indemnité d’éviction.
Au moment de l’expiration du bail, les parties ne peuvent plus conclure un bail dérogatoire.
Elles devront alors conclure un bail commercial.
A noter : si, à l'expiration de la durée du bail dérogatoire, et au plus tard à l'issue d'un délai d'un mois à compter
de l'échéance le preneur reste et est laissé en possession, il s'opère un nouveau bail, un véritable bail commercial
d’une durée de 9 ans (art. L145-5 al. 2 C. com.)
Plan de la fiche :
Le preneur, c’est celui qui va occuper un local commercial afin d’y exploiter son fonds de
commerce.
En principe, un bail commercial doit aller jusqu’à son terme, c’est-à-dire en principe 9 ans.
Cependant, en cours de bail, le preneur peut mettre fin au bail commercial de façon anticipée.
Pour cela, le preneur doit attendre la fin de chaque période triennale (3 ans / 6 ans / 9 ans).
6 mois avant l’expiration de cette période triennale, il doit envoyer une lettre de résiliation de
bail, par lettre recommandée ou acte d’huissier de justice (art. L145-4 al. 2 C. com.).
A noter : la faculté de résiliation anticipée du preneur peut être écartée par une clause du contrat de bail.
Enfin, si le preneur part à la retraite, il peut mettre fin au bail commercial à tout moment. Il
devra simplement respecter la forme (lettre recommandée, acte d’huissier) et un délai de 6
mois de préavis (art. L145-4 al. 4 C. com.).
B) La sous-location
En principe, la sous-location d’un local commercial est interdite. Cependant, par exception, le
preneur peut sous-louer le local commercial s’il obtient l’accord du bailleur ou si une clause
du bail avait rendu la sous-location licite (art. L145-31 C. com.).
Art. L145-31 C. com. : « Sauf stipulation contraire au bail ou accord du bailleur, toute sous-location totale ou
partielle est interdite. »
S’il autorise la sous-location, le bailleur (A) est appelé à concourir au contrat de sous-location.
En outre, le bailleur (A) peut demander une augmentation du loyer si le loyer de la sous-
location est supérieur à celui de la location principale.
Le sous-locataire (C) est soumis au statut des baux commerciaux : il peut ainsi demander le
renouvellement de son bail commercial auprès du preneur principal (B).
Si le preneur commerçant vend son fonds de commerce, il cède ainsi son droit au bail
commercial en même temps. En effet, comme on l’a vu, le droit au bail est l’un des éléments
du fonds de commerce, qui est transmis avec lui en cas de vente. Dans cette situation, la
cession du bail commercial est donc libre : le propriétaire ne peut pas s’opposer à cette
cession (art. L145-16 C. com.).
Art. L145-16 C. com. : « Sont également réputées non écrites, quelle qu'en soit la forme, les conventions tendant
à interdire au locataire de céder son bail (…) à l'acquéreur de son fonds de commerce ou de son entreprise. »
En revanche, le preneur commerçant peut également choisir de céder son droit au bail mais
de façon isolée (sans le fonds de commerce). Dans ce cas, la cession n’est pas libre : il faut
l’accord du propriétaire bailleur (Civ. 3e 8 fév. 1984).
A noter : parfois, dans le contrat de bail commercial, les parties peuvent stipuler une clause d’agrément. Selon
cette clause, le propriétaire du local doit être d’accord avec la personne qui sera sa future locataire.
Exemple : le bailleur et le preneur se mettent d’accord pour dire que, dans ce local, une activité de boulangerie
sera exercée.
Dès lors, en principe, le preneur ne peut pas modifier unilatéralement la destination (sans
l’accord du propriétaire bailleur). S’il le fait, le propriétaire pourra alors lui refuser le
renouvellement du bail et demander la résolution du contrat.
Cependant, par exception, la loi permet au preneur – sous certaines conditions – d’obtenir un
changement de destination des locaux. C’est ce que l’on appelle la procédure de
« déspécialisation ».
1- La déspécialisation totale
Exemple : le boulanger qui souhaite vendre des vêtements dans le même local.
Art. L145-48 C. com. : « Le locataire peut, sur sa demande, être autorisé à exercer dans les lieux loués une ou
plusieurs activités différentes de celles prévues au bail, eu égard à la conjoncture économique et aux nécessités
de l'organisation rationnelle de la distribution, lorsque ces activités sont compatibles avec la destination, les
caractères et la situation de l'immeuble. »
Pour que cette procédure puisse aboutir, il faut que le preneur soit dans la nécessité
économique de changer d’activité (ex : l’activité n’est plus rentable). Surtout, il faut que
l’activité demandée soit compatible avec les caractères et la situation de l’immeuble.
La demande doit être faite par une lettre adressée au bailleur (lettre recommandée ou acte
d’huissier). Dans sa lettre, le preneur doit indiquer la nature de l’activité dont l’exercice est
envisagé.
2- La déspécialisation partielle
Exemple : dans le bail, il est prévu que le preneur exerce une activité de boulangerie (vente de baguettes et de
pains). Il souhaite se diversifier en vendant des confiseries. C’est une hypothèse de déspécialisation partielle.
Art. L145-47 C. com. : « Le locataire peut adjoindre à l'activité prévue au bail des activités connexes ou
complémentaires. »
Le preneur doit alors faire connaître son intention au propriétaire par lettre recommandée ou
par acte d’huissier de justice. Il doit indiquer les activités dont l’exercice est envisagé.
A noter : lors de la première révision triennale suivant la demande, il peut être tenu compte, pour la fixation du
loyer, des activités commerciales adjointes, si celles-ci ont entraîné par elles-mêmes une modification de la valeur
locative des lieux loués.
En effet, si le bailleur d’un local commercial envisage de vendre son local, il doit en informer
le preneur (par lettre recommandée ou lettre remise en main propre) pour lui offrir la
possibilité de l’acheter.
Cette notification, qui doit comporter notamment le prix de vente, vaut offre de vente au
preneur. Si le preneur est intéressé par l’achat du local, il doit répondre dans un délai d’un
mois.
a) Le loyer initial
Concernant le loyer initial du bail, il est librement fixé par les parties au contrat au moment
de la conclusion du bail.
Cependant, dans leur contrat, les parties peuvent stipuler une clause d’indexation (aussi
appelée « clause d’échelle mobile »). C’est une clause qui permet de faire varier le montant
du loyer en fonction d’un indice, par exemple l’ILC (Indice des Loyers Commerciaux).
A noter : par ailleurs, dans certains baux commerciaux, une clause de loyer variable – aussi appelée « clause
recettes » permet de faire varier le montant du loyer en fonction du chiffres d’affaires du commerçant.
En plus du loyer du bail, le preneur peut être également tenu de verser ce que l’on appelle un
« pas-de-porte », qui est une sorte de droit d’entrée dans le local.
A noter : contrairement au loyer, cette somme ne doit être versée qu’une seule fois.
Pour être due, cette somme d’argent doit être expressément prévue dans le contrat de bail
commercial (elle n’est pas imposée par la loi).
En général, le montant du pas de porte est fixé par rapport à l’emplacement du local
commercial.
Oui, mais la loi pose des règles spécifiques pour encadrer la révision du loyer. En effet, chacune
des parties peut demander la révision du loyer initial en cas de bail.
S’il s’agit d’un loyer fixe, la demande de révision doit obligatoirement intervenir 3 ans au
moins après la date d’entrée en jouissance du locataire dans les lieux ou 3 ans après la date
du point de départ du bail renouvelé en cas de renouvellement (art. L145-38 C. com.). Dans
ce cas, le loyer du bail révisé doit correspondre à la valeur locative du local.
A noter : en principe, la valeur locative du local est fixée d’un commun accord entre les parties. A défaut d’accord
entre les parties, c’est le juge qui décidera de la valeur locative en tenant compte des caractéristiques du local,
de la destination des lieux, des obligations des parties, des facteurs locaux de commercialité et des prix
couramment pratiqués dans le voisinage (art. L145-33 C. com.).
Par ailleurs, la loi met en place un système complexe de plafonnement des loyers pour
empêcher une explosion du loyer (art. L145-38 al. 3 C. com.).
Art. L145-38 al. 3 C. com. : « (…) A moins que ne soit rapportée la preuve d'une modification matérielle des
facteurs locaux de commercialité ayant entraîné par elle-même une variation de plus de 10 % de la valeur locative,
la majoration ou la diminution de loyer consécutive à une révision triennale ne peut excéder la variation de l'indice
trimestriel des loyers commerciaux ou de l'indice trimestriel des loyers des activités tertiaire (…), intervenue depuis
la dernière fixation amiable ou judiciaire du loyer. Dans le cas où cette preuve est rapportée, la variation de loyer
qui en découle ne peut conduire à des augmentations supérieures, pour une année, à 10 % du loyer acquitté au
cours de l'année précédente. »
S’il s’agit d’un loyer qui est indexé (via une clause d’indexation), la révision du loyer est là aussi
possible : la révision peut être demandée chaque fois que, par le jeu de cette clause, le loyer
se trouve augmenté ou diminué de plus d'1/4 par rapport au prix précédemment fixé (art.
L145-39 C. com.).
Tout d’abord, le preneur doit utiliser les locaux qu’il loue comme un bon père de famille, c’est-
à-dire de façon raisonnable (art. 1728 C. civ.).
Ensuite, il doit exploiter son fonds de commerce personnellement ou le faire gérer par
quelqu’un d’autre dans le cadre d’une location-gérance.
Question : que se passe-t-il si le preneur n’exploite pas le fonds de commerce dans le local
loué ?
Art. L145-8 C. com. : « Le droit au renouvellement du bail ne peut être invoqué que par le propriétaire du fonds
qui est exploité dans les lieux. »
Cependant, une clause particulière du contrat de bail peut prévoir que le défaut d’exploitation
du fonds de commerce entraine la résiliation du bail (= fin du contrat).
Plan de la fiche :
Le bailleur, c’est celui qui est propriétaire d’un local et qui va le mettre à disposition d’une
personne (le preneur) pour que celle-ci y exploite son fonds de commerce.
Tout comme le preneur, le bailleur peut demander une révision du loyer en cours de bail (ce
sont les mêmes règles applicables).
Ensuite, en cours de bail, à l’expiration de chaque période triennale, le bailleur peut mettre
fin au contrat de bail de façon anticipée s’il s’agit par exemple de construire, reconstruire ou
de surélever l’immeuble existant (art. L145-4 al. 3 C. com.).
Comme tout bailleur, il est tenu par une obligation de délivrance des locaux loués. Ainsi, à ce
titre, le bailleur doit transmettre les clés du local au preneur.
A noter : en raison de cette obligation de délivrance, le bailleur ne peut pas interdire au preneur de mettre son
enseigne sur la façade de l’immeuble (CA Paris 5 janv. 2011).
Il doit également permettre une jouissance paisible du bien : autrement dit, le bailleur doit
laisser le locataire tranquille durant le bail, il ne doit pas venir le perturber.
Enfin, le bailleur doit établir (ou faire établir) un état des lieux. Cet état des lieux est joint au
contrat de bail (art. L145-40-1 C. com.). Si aucun état des lieux n’est établi, le preneur est
présumé avoir reçu les lieux en bon état.
Plan de la fiche :
Les règles applicables aux baux commerciaux sont particulières puisqu’elles sont très
protectrices du preneur commerçant. En effet, le preneur d’un local commercial bénéficie
notamment d’un droit au renouvellement de son bail. A défaut d’obtenir le renouvellement
du bail, il peut obtenir sous certaines conditions une indemnité d’éviction.
A noter : pour montrer l’importance de ce droit au renouvellement, on parle parfois de « propriété commerciale ».
D’ailleurs, toute clause qui aurait pour effet d’entraver le droit au renouvellement du preneur serait sans effet
(art. L145-15 C. com.).
Autrement dit, à la fin des 9 années du bail commercial, le preneur commerçant peut exiger
le renouvellement de son bail commercial auprès du propriétaire.
En cas de renouvellement, c’est un nouveau contrat de bail qui est conclu pour une durée de
9 ans (sauf durée supérieure convenue par les parties). Ce n’est donc pas la prolongation du
contrat de bail initial, c’est un nouveau contrat qui naît !
Concernant le loyer, c’est en principe le même loyer prévu dans le bail initial qui est dû par les
parties en cas de renouvellement. Cependant, en général, le bailleur va proposer une
augmentation de loyer. Le preneur peut alors contester cette augmentation en saisissant le
juge.
Pour que le preneur puisse se prévaloir du droit au renouvellement de son bail commercial,
plusieurs conditions doivent être réunies :
ð 1re condition : au moment de l’expiration du bail, le preneur commerçant est inscrit au
RNE (sauf si le fonds est exploité en cas de location-gérance).
A noter : si le bailleur ou le locataire ne bouge pas avant l’expiration du bail (ou si le congé intervient trop tard),
le bail est renouvelé par tacite reconduction. En effet, « à défaut de congé ou de demande de renouvellement, le
bail fait par écrit se prolonge tacitement au-delà du terme fixé par le contrat » (art. L145-9 al. 2 C. com.). En cas
de tacite reconduction, c’est le bail initial qui se prolonge.
Le bailleur peut être à l’origine du renouvellement du bail. Dans ce cas, 6 mois avant la fin du
contrat de bail, le bailleur doit notifier par acte d’huissier un congé avec offre de
renouvellement au preneur (art. L145-9 C. com.).
Lorsqu’il donne le congé avec offre de renouvellement, il peut alors fixer un nouveau loyer.
A noter : comme on va le voir, le bailleur peut aussi adresser un congé sans offre de renouvellement du bail 6
mois avant la fin du bail commercial. Dans ce cas, étant donné qu’il ne propose aucune offre de renouvellement,
il devra justifier d’un motif légitime de refus (sinon, il devra payer une indemnité d’éviction).
Le preneur peut lui aussi être à l’origine de la demande de renouvellement du bail. En effet, 6
mois avant la fin du bail, le preneur commerçant peut demander le renouvellement du bail
par lettre recommandée ou par acte d’huissier (art. L145-10 C. com.).
Puis, dans les 3 mois de la notification de la demande de renouvellement, le bailleur doit faire
connaître au demandeur s’il refuse le renouvellement en indiquant les raisons de son refus. Si
le bailleur ne répond pas dans ce délai de 3 mois, il est réputé avoir accepté le principe du
renouvellement.
A noter : si en revanche le preneur ne souhaite pas renouveler son bail commercial, il doit donner congé au
propriétaire dans les 6 mois avant la fin du bail. S’il ne fait rien et que le bailleur ne bouge pas non plus, le bail se
renouvèle par tacite reconduction.
Cependant, par exception, il peut refuser le renouvellement s’il invoque une cause légitime
de refus. Dans ces différentes situations, le bailleur ne doit verser aucune indemnité d’éviction
puisque son refus est fondé sur une raison justifiée.
è Tout d’abord, le refus du bailleur de renouveler le bail est justifié si le bailleur invoque un
« motif grave et légitime » à l’encontre du preneur commerçant (art. L145-17 I- 1° C. com.).
C’est le cas si le preneur n’a pas exécuté l’une de ses obligations du bail.
Exemple : le preneur ne paie plus ses loyers (ou retards récurrents), il n’entretient plus le local, il a modifié la
destination du local sans obtenir l’autorisation du bailleur (déspécialisation), il a sous-loué le local sans obtenir
l’autorisation du bailleur.
è Ensuite, le refus du bailleur de renouveler le bail est justifié si le bailleur souhaite reprendre
le local pour y habiter personnellement ou pour y loger ses proches (art. L145-22 C. com.).
A noter : pour qu’il puisse invoquer ce droit de reprise, il est nécessaire que le bénéficiaire de la reprise (conjoint,
ascendant, descendant) ne dispose pas d’une habitation correspondant à ses besoins normaux. En outre, la
reprise ne peut porter que sur la partie concernant les locaux d’habitation accessoires des locaux commerciaux.
è Enfin, le refus du bailleur de renouveler le bail est justifié s’il est établi que l’immeuble doit
être totalement ou partiellement démoli en raison de son insalubrité (art. L145-17 I- 2° C.
com.). Si le propriétaire bailleur reconstruit après la démolition, le preneur aura alors une
priorité pour louer un local dans le nouvel immeuble.
A noter : en dehors de l’hypothèse de l’insalubrité, le bailleur peut refuser le renouvellement du bail pour
construire ou reconstruire l’immeuble. Mais, il devra alors verser une indemnité d’éviction au preneur, sauf s’il
trouve un autre local au preneur (art. L145-18 C. com.).
Si le bailleur refuse de renouveler le bail et que son refus n’est pas justifié par l’une des causes
que l’on vient d’évoquer, le preneur peut réclamer au bailleur le versement d’une « indemnité
d’éviction » (art. L145-14 C. com.).
Art. L145-14 C. com. : « Le bailleur peut refuser le renouvellement du bail. Toutefois, le bailleur doit, sauf
exceptions prévues aux articles L. 145-17 et suivants, payer au locataire évincé une indemnité dite d'éviction égale
au préjudice causé par le défaut de renouvellement. »
Exemple : le refus du bailleur ne sera pas justifié s’il souhaite reprendre le local pour y exploiter lui-même un
fonds de commerce. Il sera alors tenu de payer au preneur sortant une indemnité d’éviction.
L’indemnité d’éviction est une somme d’argent (en général, assez élevée) que doit verser le
bailleur d’un local commercial au preneur pour compenser le préjudice du défaut de
renouvellement.
Le montant de l’indemnité est en principe évalué d’un commun accord entre le bailleur et le
preneur. En général, c’est un expert qui vient déterminer son montant dans le cadre d’un
procès.
Si le bailleur ne propose pas cette indemnité au preneur, ce dernier peut alors saisir le juge
pour en obtenir le paiement (il a 2 ans pour le faire).
A noter : le bailleur – qui se rend compte que l’indemnité est très élevée – peut revenir sur sa décision et ainsi
renoncer au paiement de l’indemnité d’éviction dans les 15 jours suivant la fixation de l’indemnité par le tribunal
(art. L145-58 C. com.). Il doit alors consentir au renouvellement du bail commercial.
PARTIE 6
LES INSTITUTIONS
COMMERCIALES ET
L’ARBITRAGE
Plan de la fiche :
Tout d’abord, certains ministres peuvent exercer des fonctions en relation avec le droit des
affaires.
Ensuite, certains services administratifs sont placés sous l’autorité du Premier Ministre (le chef
du Gouvernement).
Exemple : le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), le Conseil d’analyse économique (CAE) ou
encore le Comité national de l’industrie (CNI).
Les autorités administratives indépendantes (AAI) sont des organismes qui dépendent de
l’Etat mais dont la mission est de réguler certains secteurs au nom de l’Etat.
Elles agissent au nom et pour le compte de l’Etat. Pour autant, elles ne sont pas soumises à
l’autorité hiérarchique du Gouvernement (c’est en cela qu’elles sont « indépendantes »).
L’Institut national de la propriété industrielle (INPI) est un établissement public placé sous la
tutelle du ministère de l’Économie. Il est entièrement autofinancé.
C’est lui qui gère le Répertoire national des entreprises (RNE), aussi appelé « guichet
unique ».
Plan de la fiche :
Les chambres de commerce et de l’industrie (les CCI) sont des organismes professionnels
dont la mission est principalement d’accompagner et d’informer les entrepreneurs et les
créateurs d’entreprise.
A noter : à côté des chambres de commerce et d’industrie, il existe également des chambres d’agriculture et des
chambres de métiers et de l’artisanat.
Elles gèrent le centre de formalité des entreprises (CFE) et peuvent conseiller les
entrepreneurs dans leurs différentes démarches.
Au niveau national, c’est la CCI France qui gère le réseau national. En dessous, on trouve
notamment des CCI régionales (13) et des CCI territoriales (170).
Les syndicats professionnels sont des organismes professionnels dont la mission est de
représenter les intérêts de leurs membres.
Ces syndicats jouent un rôle de conseil et d’assistance auprès de leurs membres. Ils peuvent
ainsi proposer des contrats-type à leurs adhérents.
Exemple : l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) est un organisme privé dont la mission
est de promouvoir une publicité saine et véridique. Elle joue également un rôle en matière de communication.
Elle édicte notamment certaines règles déontologiques que les professionnels du secteur doivent respecter.
LE TRIBUNAL DE COMMERCE
- Fiche n°29 -
Plan de la fiche :
En droit des affaires, une juridiction est essentielle : le tribunal de commerce. A l’heure
actuelle, on en compte environ 130 sur tout le territoire.
Exemple : est-ce que c’est le tribunal judiciaire, le tribunal de commerce ou encore le conseil de prud’hommes
qui est compétent pour connaitre de l’affaire ?
Les tribunaux de commerce sont exclusivement compétents pour connaître (art. L721-3 C.
com.). :
ð Des contestations relatives aux engagements entre commerçants
ð Des contestations relatives aux engagements entre établissements de crédit
ð Des contestations relatives aux sociétés commerciales
ð Des contestations relatives aux actes de commerce entre toute personne
Par ailleurs, depuis la loi « J21 » du 18 novembre 2016, les tribunaux de commerce sont aussi
compétents pour connaître des contestations relatives aux artisans. Cependant, cette règle
entre en vigueur au 1er janvier 2022.
Question : en présence d’un acte mixte (une des parties est commerçante et l’autre non), les
tribunaux de commerce sont-ils compétents ?
Exemple : pour une affaire, est-ce le tribunal judiciaire de Lyon, de Paris ou de Marseille qui est compétent ?
A noter : néanmoins, pour les personnes morales, la jurisprudence est venue poser un tempérament avec la
théorie des « gares principales ». Selon cette théorie, il est possible d’attraire une personne morale au lieu où se
situe l’une de ses succursales, et pas forcément au lieu du siège social (Cass. 19 juin 1876, « Chemin de fer
d’Orléans »).
Par ailleurs, dans d’autres cas, la loi va ouvrir une option de compétence : le demandeur
pourra exercer son action soit devant la juridiction du lieu du domicile du défendeur
(compétence de principe), soit devant une autre juridiction.
Exemple : en matière contractuelle, le demandeur peut saisir à son choix : la juridiction du lieu du domicile du
défendeur (compétence de principe), la juridiction du lieu de livraison effective de la chose ou encore celle du
lieu de l’exécution de la prestation de service (art. 46 CPC).
Une clause attributive de compétence est une clause stipulée dans un contrat selon laquelle
les parties se mettent d’accord pour saisir en cas de litige une juridiction qui est
normalement incompétente pour connaître du litige.
Exemple : 2 commerçants se mettent d’accord pour porter leur affaire devant le tribunal de commerce de Paris
plutôt que celui de Lyon.
En revanche, si la clause est stipulée entre commerçants, elle est valable si elle a été spécifiée
de façon très apparente dans l’acte (art. 48 CPC). Par conséquent, 2 commerçants peuvent
très bien se mettre d’accord pour saisir le tribunal judiciaire plutôt que le tribunal de
commerce.
Art. 48 CPC : « Toute clause qui, directement ou indirectement, déroge aux règles de compétence territoriale est
réputée non écrite à moins qu'elle n'ait été convenue entre des personnes ayant toutes contracté en qualité de
commerçant et qu'elle n'ait été spécifiée de façon très apparente dans l'engagement de la partie à qui elle est
opposée. »
Concernant les clauses attributives de compétence matérielle, elles sont en principe valables
entre commerçants. Cependant, si l’une des parties n’est pas commerçante (acte mixte), ces
clauses sont réputées non écrites car elles sont considérées comme des « clauses abusives ».
Art. L132-1 C. conso. : « Dans les contrats conclus entre professionnels et non-professionnels ou consommateurs,
sont abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du non-professionnel ou du
consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. »
Devant les tribunaux de commerce, les juges sont appelés « juges consulaires ». Ce ne sont
pas des magistrats (issus de l’ENM) mais ce sont des commerçants élus par leurs pairs (les
autres commerçants). Lors de leur première élection, ils sont élus pour 2 ans (puis 4 ans pour
les élections suivantes).
A noter : pour être élu en tant juge consulaire, il n’y a pas besoin d’une formation juridique. Il faut simplement
avoir 30 ans et être inscrit depuis au moins 5 ans au RNE.
Juste avant leur entrée en fonction, les juges consulaires doivent prêter serment.
Devant les tribunaux de commerce, les greffiers ont un statut très particulier (très différent
des greffiers « classiques »). Ce sont des officiers publics et ministériels (comme les notaires,
les huissiers…).
Contrairement aux greffiers « classiques », ils ne sont pas payés par l’Etat (ce ne sont pas des
fonctionnaires). Ce sont des professionnels libéraux qui agissent un peu comme des
entrepreneurs.
Ils gagnent bien leur vie mais l’accès à la profession – qui se fait via un concours – est très
restreint (à l’heure actuelle, près de 220 greffiers de tribunaux de commerce en France).
A noter : ce sont les greffiers du tribunal de commerce qui délivrent gratuitement l’extrait Kbis (certificat
d’immatriculation de la société). Pour cela, il faut se connecter sur le site « Monidenum.fr ».
Tout d’abord, devant le tribunal de commerce, la représentation par un avocat n’est pas
obligatoire. Par conséquent, une personne peut choisir de se défendre seule ou de faire appel
aux services d’un avocat.
Ensuite, d’autres auxiliaires de justice occupent une place importante devant les tribunaux de
commerce : c’est le cas des administrateurs judiciaires et des liquidateurs judiciaires. Ils
jouent un rôle primordial en cas de procédure collective lorsque les entreprises sont en
difficultés (liquidation judiciaire, redressement…).
Plan de la fiche :
§1 : La notion d’arbitrage
§2 : Le recours à l’arbitrage
§3 : La sentence arbitrale
§1 : La notion d’arbitrage
L’arbitrage est un mode alternatif de règlement des différends (litiges) par lequel les parties
vont demander à un tiers – un arbitre – de venir trancher leur litige.
L’arbitrage est une forme de justice privée (non étatique) et payante (l’arbitre est payé).
§2 : Le recours à l’arbitrage
§3 : La sentence arbitrale
La décision rendue par l’arbitre (ou le tribunal arbitral) est une « sentence » arbitrale. Une
fois rendue, cette sentence bénéficie de l’autorité de la chose jugée entre les parties. Par
conséquent, il n’est pas possible de saisir plus tard un juge pour la même affaire (même
parties, même chose demandée et même objet).
La sentence arbitrale peut par la suite être exécutée. Pour que la sentence arbitrale acquiert
force exécutoire, un juge étatique français doit délivrer une ordonnance d’exequatur. Dans le
cadre de cette procédure, le juge vérifie que la sentence n’est pas contraire à l’ordre public.
A noter : la sentence arbitrale peut faire l’objet d’un appel devant la cour d’appel (mais les parties peuvent y
renoncer, ce qui est souvent le cas).