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 L'humanité a survécu, sans doute, parce que les interdits religieux

ont émergé assez tôt pour empêcher la nouvelle espèce de


s'autodétruire.

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2008/11/20/violence-et-mythes-fondateurs-des-
societes-humaines-par-rene-girard_1120970_3232.html
 Mais comment expliquer cette émergence ? Pour comprendre ce qui s'est passé, nos
seuls indices sont les récits qui racontent la naissance des cultes auxquels ils
appartiennent. On les appelle mythes fondateurs ou mythes des origines.
 Ils commencent en général par le récit d'une crise destructrice. Dans le mythe
d'Œdipe, c'est une peste, ailleurs un monstre cannibale. Derrière ces thèmes, se cache
ce que Hobbes appelle "la guerre de tous contre tous" : des explosions de rivalité
assez intenses pour détruire des communautés. La soif de vengeance se concentre sur
un nombre de plus en plus restreint d'individus. A la fin, la communauté fait bloc
contre un seul, celui que j'appelle le bouc émissaire. Le groupe se réconcilie autour de
cette unique victime, à un coût qui semble miraculeusement bas.

Si la sensibilité contemporaine aux actes violents s’exacerbe, il est naturellement


essentiel de définir la notion même de violence, même si Georges Sorel (1847-
1922)9 ou Hannah Arendt (1906-1975)10 ont pu consacrer des ouvrages entiers au
sujet sans jamais le faire11. Notre terme « violence » dérive directement du
latin violentia, qui désigne un caractère violent ou farouche, avec l’idée d’un usage de la
force, le verbe violare indiquant le fait de porter atteinte, de profaner, d’outrager.

 12 Ibid., p. 4.

 13 Cf. LSJ, s. v.

 14 DELG, s. v.

 15 DELG, s. v.
 16 DELG, Paris, rééd. 1999, supplément, p. 1436-1437.

8La violentia est une manière d’expression de la vis, c’est-à-dire de « la force en


action, la ressource d’un corps pour exercer sa force, […] donc la puissance, la valeur, la
force vitale »12. Le grec ἴς est de même racine ; chez Homère, au VIII siècle, et chez
e

Hésiode, vers 700, il désigne la force d’un héros, du vent ou d’un fleuve 13. En grec, ἴς a
été concurrencé par βία, qui désigne la force physique et la violence, et qui est en soi
un « vieux nom racine », selon P. Chantraine14, tandis que ῥώμη désigne la force sans
connotation péjorative. Quant à ἰσχύς la force physique, son étymologie reste
incertaine15, alors qu’ ὕβρις au sens de « voies de fait, violence physique, viol, outrage,
démesure, injustice brutale », pourrait être mis en relation avec le verbe ἐπβρίθω, qui
signifie « peser sur, s’abattre violemment sur » (à propos du combat ; cf. Iliade, VII,
343)16.

 17 Y. Michaud, La Violence, op. cit., p. 3.

 18 Travaux, 213.

9Ainsi nommée, la violence peut, semble-t-il, être conçue sous deux aspects
principaux : elle est une « manière d’être de la force, du sentiment ou d’un élément
naturel »17 ; elle est aussi un ensemble d’actes qui modifient (souvent brusquement)
l’état des choses. Au vrai, pour ce qui est de sa première valeur, elle se mesure surtout
dans ses effets pratiques : il est difficile, sinon dans des analyses à caractère littéraire,
de mesurer une intensité de violence, de donner une échelle de celle-ci tant qu’elle
demeure potentielle. Et pour ce qui est des actes violents, les nommer tels, c’est leur
attribuer une valeur et, généralement, commencer à s’y opposer. Ainsi en va-t-il par
exemple quand Hésiode, vers 700, exhorte son frère Persès à écouter la justice et à ne
pas laisser en lui grandir la démesure (σὺ δʹ ἄκουε δίκης, μηδʹ ὕβριν ὄφελλε18).

 19 Travaux, 220 et 264.

10Parler de violence c’est donc, au moins implicitement, faire référence à une norme.
Celle-ci est explicitée chez Hésiode quand il dénonce les avis intéressés rendus par des
juges dôrophagoi19, « mangeurs de présents », qui rendent des sentences torses après
avoir été corrompus. Mais la norme est variable selon les temps et les lieux. Un acte
violent doit donc être considéré comme tel surtout si le regard des contemporains
permettait de le qualifier ainsi.

 Au reste, un ensemble de pratiques et de représentations voisines justifie que


l’on étudie conjointement la violence dans le monde grec et dans le monde
romain. Néanmoins, des différences existent. Si les formulations mythiques
paraissent plus riches dans le domaine grec que dans le domaine romain, en
revanche, les détails portant sur la nature même des violences doivent être plus
abondants dans les sources latines20, d’où la formule de Nicole Loraux
déclarant : « Supplices corporels et peine de mort dans la cité antique : face à un
tel sujet, qui dira la triste situation de l’historien de la Grèce, et l’envie qu’il
éprouve devant la riche documentation du spécialiste de Rome ? »21
 Aux origines mêmes de l’histoire des communautés, la violence joue un rôle
décisif dans l’établissement de règles sociales, et les tensions qu’elle suscite
provoquent un riche ensemble de conceptualisations. La violence, enfin, est aussi
plus ou moins souveraine des actions guerrières des hommes, domaine au titre
duquel elle est encore susceptible d’appréciations diverses.

 Comment Cronos est-il tué ?


Cronos est renversé par Zeus et ses autres enfants lors de la Titanomachie. Certaines
sources disent qu'il a été envoyé au Tartare avec le reste des Titans, tandis que d'autres
sources affirment qu'il a été envoyé dans les îles des Bienheureux pour y vivre le reste
de ses jours.

Cronos est-il bon ou mauvais ?


Selon la façon dont on le regarde, Cronos est à la fois bon et mauvais. En tant que roi
du monde, Cronos a supervisé un âge d'or où il n'y avait ni maladie ni faim et où tout
le monde vivait heureux et longtemps. En tant que père, il était paranoïaque à l'idée
que ses enfants puissent un jour le renverser, et il a donc avalé chaque enfant dès sa
naissance, causant une grande détresse à sa femme, Rhéa.

Cronos a-t-il mangé Zeus ?


Non. Rhéa a donné naissance à Zeus sur l'île de Crète et a trompé Cronos avec une
pierre emmaillotée, qu'il s'est empressé d'avaler, pensant qu'il s'agissait de Zeus. Zeus
a pu devenir un homme fort qui a été formé pour renverser son père, Cronos.

De quoi Cronos avait-il peur ?


Cronos craignait que ses enfants ne le renversent, tout comme il avait autrefois
renversé son père Uranus. C'est pourquoi il a avalé chacun de ses enfants dès leur
naissance, à l'exception de Zeus.

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