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EN PRATIQUE

Activité physique
chez l’enfant et l’adolescent
en surpoids ou obèse
Modalités de prescription
INTRODUCTION La prescription en AP s’inscrit dans
la durée afin de pérenniser des com-
L’augmentation importante de la prévalence de l’obésité de l’enfant portements actifs. Elle peut avoir
en fait un problème majeur de santé publique. Les obésités com- pour objectifs le reconditionnement
munes sont consécutives à des apports énergétiques dépassant les physique, l’amélioration de l’image
dépenses, quels que soient les mécanismes en cause. La diminution de soi, la resocialisation… Pour cela,
progressive des temps consacrés à la pratique d’activité physique (AP), il est nécessaire de connaître les ca-
ractéristiques, les déterminants, les
dans les sociétés industrialisées, joue très certainement un rôle majeur
contraintes et les bénéfices attendus
dans le développement de l’obésité pédiatrique. Chez les enfants et
de l’AP ainsi que les différentes pos-
les adolescents en surpoids ou obèses, ce manque chronique d’AP sibilités de pratique. Il est également
entraîne une altération progressive de leur condition physique et une nécessaire de bien connaître les para-
image corporelle négative. Plus vulnérables face aux moqueries de mètres d’évaluation clinique à prendre
leurs camarades, les activités physiques et sportives (APS) deviennent en compte afin de réaliser une pres-
synonymes de souffrances physiques et morales. Ils développent alors cription d’AP la plus adaptée aux spé-
cificités de chaque enfant pour une
des attitudes d’évitement, voire de rejet des pratiques sportives. Les
orientation en toute sécurité.
jeux vidéo, l’ordinateur ou encore la télévision occupent, de ce fait,
une place de plus en plus importante chez ces jeunes.
Dr Hélène Thibault*, Sylvain Quinart**, Sophie Renaud***, DÉFINITION,
David Communal****, Dr Jean-Baptiste Mouton***** BÉNÉFICES,
CONTRAINTES ET
DÉTERMINANTS DE
RECOMMANDATIONS Autorité de Santé (HAS) (1) a actua- L’ACTIVITÉ PHYSIQUE
DE LA HAUTE AUTORITÉ lisé fin 2011 ses recommandations CHEZ L’ENFANT ET
DE LA SANTÉ de bonne pratique sur « Surpoids L’ADOLESCENT OBÈSE
Dans le cadre du Programme Natio- et obésité de l’enfant et de l’adoles-
nal Nutrition Santé (PNNS), la Haute cent ». Fondée sur les principes de DÉFINITION
l’éducation thérapeutique du pa- L’activité physique se définit comme
* Pédiatre CHU de Bordeaux - RéPPOP Aquitaine
tient, la prise en charge doit aider « tout mouvement corporel produit
** Enseignant APA, RéPPOP-Franche Comté - CHU l’enfant/adolescent et sa famille à par les muscles squelettiques qui en-
Besançon faire des choix raisonnés qui visent à traîne une augmentation substantielle
*** Enseignante APA, RéPPOP-Aquitaine Bordeaux
lutter progressivement contre le dé- de la dépense d’énergie au-dessus de la
**** Directeur et Enseignant en Activité Physique
Adaptée de l’Association Prof’APA (Bordeaux) - Maître séquilibre entre apports (alimenta- dépense énergétique de repos » (2).
de conférences associé (MAST) à l’UFR STAPS - UPS tion) et dépenses énergétiques (ac- Elle se caractérise par sa nature
Toulouse III
tivité physique) (1). En prenant en (type), son intensité, sa durée, sa
***** Pédiatre, praticien hospitalier, service des
maladies cardiovasculaires congénitales, Hôpital compte les aspects physiologiques, fréquence et son contexte de pra-
Haut-Lévèque psychologiques et sociaux. tique et comprend :

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UÊ les activités scolaires et de la vie organes et fonctions de façon très  Importance des facteurs
courante ; différente selon leur type, leur in- psychologiques
UÊ les activités de loisir (structurées tensité et leur durée. Chez le jeune Les déterminants psychologiques
ou non) avec : obèse, la surcharge pondérale peut conditionnent la pratique d’AP. En
- l’exercice physique : activité mus- entraîner des sollicitations énergé- effet, une bonne estime de soi favo-
culaire planifiée, répétée et contrô- tiques plus importantes et motrices rise l’engagement dans une AP, en
lée permettant d’améliorer sa différentes de celle du jeune non particulier par le biais de la motiva-
condition physique ; obèse même sédentaire. tion (2).
- le sport, AP codifiée et organisée Certains enfants en surpoids peu-
avec ou sans compétition.  Des contraintes au niveau de vent exprimer un mal-être lié à
l’appareil locomoteur une mauvaise image de leur corps
INTÉRÊT Lors de la pratique d’AP, les engendrant des réticences à la pra-
L’intérêt de l’AP dans la prévention contraintes imposées à l’appareil tique de l’AP. De plus, les enfants
et le traitement de l’obésité infan- locomoteur et les risques trauma- obèses bénéficient parfois de moins
tile n’est plus à démontrer (3). L’AP tiques induits sont plus élevés chez de soutien parental (encourage-
a des effets significatifs sur la condi- l’enfant obèse du fait de l’encom- ment ou pratique personnelle).
tion physique et la composition brement et du poids des membres L’obésité peut également conduire
corporelle (4). Par ailleurs, l’aug- alors même que la force musculaire à un isolement secondaire et à une
mentation de l’AP chez l’enfant ou peut être proche de celle des séden- stigmatisation par les camarades qui
l’adolescent obèse induit des béné- taires. peut pousser l’enfant à éviter ses pairs
fices sur les facteurs de risque méta- ou du moins à éviter de partager avec
boliques et cardiovasculaires, et les  Des sollicitations cardio- eux certaines AP. Durant ces périodes
facteurs psychologiques (l’estime vasculaires plus importantes de solitude, l’ennui et la culpabilité
de soi, image corporelle) indépen- Pour un niveau d’exercice iden- mènent au grignotage et à la séden-
damment de la baisse de l’indice de tique, les sollicitations cardiovas- tarité, ce qui participe à l’entretien ou
masse corporelle (IMC) (5). culaires et respiratoires sont plus au développement de l’obésité.
importantes chez l’enfant et l’ado-
 Des sollicitations énergétiques lescent obèse, avec des fréquences
différentes cardiaques et des débits ventila- RECOMMANDATIONS
Les AP sollicitent les systèmes, toires plus élevés. GÉNÉRALES EN TERMES
D’ACTIVITÉ PHYSIQUE
ENCADRÉ 1 - RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES De nombreuses recommandations
AUX ENFANTS ET ADOLESCENTS (1). existent dans le domaine de l’acti-
vité physique. Certaines ont seule-
Chez l’enfant à partir de 6 ans et les adolescents : ment pour objectif de contribuer
s Il est recommandé de parvenir à cumuler plus de 60 minutes au maintien de l’état de santé. Ce-
d’activité physique quotidienne modérée à intense, sous forme de : pendant, des recommandations
- jeux : activité récréative notamment à l’extérieur (ballon, vélo, plus spécifiques, visant à améliorer
rollers, frisbee...) ; l’état de santé pour les enfants et
- loisirs : danser, aller à la piscine, à la patinoire, au bowling, etc. ; adolescents (www.mangerbouger.
- sports : scolaire, association sportive, maison de quartier, etc. ; fr) et en particulier chez les jeunes
- déplacements : promener le chien, aller à l’école à vélo, privilégier en surpoids, précisent qu’il est
les escaliers, etc. ; nécessaire de cumuler au moins
- activités de la vie quotidienne : passer l’aspirateur, faire les courses, 60 minutes d’activité physique par
tondre la pelouse, etc. jour (1). Ces activités doivent être
s Il est recommandé de limiter au maximum les comportements principalement endurantes, in-
sédentaires, notamment les temps d’écran à visée récréative clure systématiquement des pra-
(télévision, console de jeux, ordinateur, téléphone portable). tiques plus vigoureuses, et favoriser
Extraits des recommandations de bonnes pratiques « Surpoids et obésité de l’enfant le renforcement musculaire et os-
et de l’adolescent - Actualisation des recommandations 2003 » - Septembre 2011 (www.has.fr). seux 2 à 3 fois par semaine (Enca-
drés 1 et 2).

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plusieurs consultations et être réali-


ENCADRÉ 2 - RECOMMANDATIONS SPÉCIFIQUES À L’ENFANT
sée par différents professionnels.
ET L’ADOLESCENT EN SURPOIDS OU OBÈSE (1).
EVALUATION STATURO-PONDÉRALE
s ,ES NOTIONS de plaisir, de rencontre et de bien-être physique et
L’évaluation de l’importance du
psychique doivent être mises en avant pour faciliter la pratique
surpoids comprendra la mesure du
d’une activité physique et son maintien au long cours.
poids, de la taille, du tour de taille
s ,OBJECTIF EST DE FAIRE émerger chez la famille les ressources
et le calcul de l’IMC (IMC = poids/
nécessaires afin que l’environnement devienne favorable à une
taille²) et le rapport du tour de taille/
pratique physique plus régulière.
taille (si le rapport tour de taille/
s ,ES OBJECTIFS ET CONSEILS EN ACTIVITÏ PHYSIQUE DOIVENT ÐTRE AJUSTÏS
taille est > 0,5, l’enfant présente un
en fonction des facteurs personnels de l’enfant (âge, sexe, niveau
excès de graisse abdominale asso-
de surpoids, capacités physiques, pratiques physiques existantes,
cié à un risque cardiovascualire et
motivation…) et de ses facteurs extrinsèques (possibilités familiales,
métabolique accru). Les courbes de
environnement…).
poids, de taille et de corpulence se-
s %N CAS DE GÐNE Ì LA PRATIQUE DE LACTIVITÏ PHYSIQUE EN PARTICULIER DANS
ront tracées à partir des données an-
le cadre scolaire, il est recommandé d’utiliser un certificat médical
térieures de poids et de taille en se
d’inaptitude partielle (précisant les limites physiques, physiologiques
référant, pour définir le surpoids et
et psychologiques) plutôt qu’une dispense totale d’activité physique
l’obésité, aux seuils recommandés
et sportive.
des courbes de corpulence du PNNS
Extraits des recommandations de bonnes pratiques « Surpoids et obésité de l’enfant
2010 adaptées à la pratique clinique
et de l’adolescent - Actualisation des recommandations 2003 » - Septembre 2011 (www.has.fr).
chez l’enfant et l’adolescent jusqu’à
18 ans (Tab. 1). Ces seuils sont issus
à la fois des références françaises (6)
et des références de l’IOTF (interna-
EVALUATION d’une évaluation du niveau d’ex-
tional obesity task force) (7).
PRÉALABLE À LA cès de poids, d’un examen clinique
PRESCRIPTION centré sur les aptitudes physiques
EVALUATION CLINIQUE CENTRÉE
D’ACTIVITÉ PHYSIQUE et d’un diagnostic éducatif ou d’un
SUR LES APTITUDES PHYSIQUES
POUR LES ENFANTS entretien de compréhension autour
L’examen clinique comprendra :
OU ADOLESCENTS EN de l’activité physique et de la sé-
UÊun entretien précis avec la famille
SURPOIDS OU OBÈSES dentarité. Elle sera éventuellement
avec recherche des antécédents
L’objectif est de prescrire les APS les complétée par des examens supplé-
personnels et familiaux pouvant
plus adaptées aux besoins de l’en- mentaires.
évoquer l’existence d’un facteur de
fant, dans un cadre sécuritaire, tout Compte tenu de l’ensemble des élé-
risque étiologique et/ou traduisant
en favorisant le plaisir perçu. ments nécessaires à cette évaluation
l’existence d’une éventuelle comor-
L’évaluation initiale est composée initiale, celle-ci pourra se dérouler sur
bidité ou de complications ;
UÊ le repérage d’éventuels signes de
Tableau 1 - Termes et seuils recommandés pour définir le surpoids souffrance psychologique, en parti-
et l’obésité chez l’enfant et l’adolescent jusqu’à 18 ans, selon les culier de trouble de l’estime de soi et
courbes de corpulence du PNNS de l’INPES (www.inpes.sante.fr/ du corps ;
CFESBases/catalogue/pdf/IMC/courbes_enfants.pdf). UÊ un examen médical complet sur
la base des recommandations de la
IMC < 3e percentile Insuffisance pondérale
e e
HAS (1) comprenant en particulier :
3 ) IMC < 97 percentile Corpulence normale
- la recherche des signes d’une pa-
e
IMC * 97 percentile Surpoids (incluant l’obésité) thologie endocrinienne ou d’une
IMC * seuil IOTF-30* Obésité** obésité syndromique ;
*IOTF-30 = courbe atteignant la valeur 30 à 18 ans (la valeur 30 étant le seuil définissant l’obésité - la recherche de comorbidités de
chez l’adulte).
**L’obésité, qui débute à partir du seuil de l’IOTF-30, est une forme sévère du surpoids. l’obésité et indications d’examens
s %XTRAITS DES RECOMMANDATIONS DE BONNES PRATIQUES i 3URPOIDS ET OBÏSITÏ DE LENFANT complémentaires ;
ET DE LADOLESCENT !CTUALISATION DES RECOMMANDATIONS  w 3EPTEMBRE  WWWHASFR 
- l’évaluation de la tolérance

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EN PRATIQUE

Tableau 2 - Évaluation de l’activité physique et de la sédentarité.


Facteurs à évaluer Exemple de questions à poser (enfant/parents)
Les pratiques physiques et sportives antérieures et leur contexte psychologique et social
s 2EPRÏSENTATION DES !03 Quelles activités sportives as-tu déjà pratiquées ?
s 0LAISIR RESSENTI Quelles sont les activités que tu as appréciées ?
s 3ENTIMENT DE COMPÏTENCE Quelles sont les raisons qui ont fait que tu as arrêté cette
s 2ELATION AUX AUTRES STIGMATISATION activité ?
s )MAGE DU CORPS Lorsque tu pratiques, es-tu gêné par quelque chose ?
s )NTOLÏRANCE Ì LÏCHEC %ST CE QUIL ARRIVE QUE LON SE MOQUE DE TOI 
As-tu des difficultés pour t’intégrer dans un groupe ?
Les habitudes de vie acquises et les goûts actuels pour les APS
s #ONDITIONS DINACTIVITÏ PHYSIQUE ET DE #OMBIEN DE TEMPS PASSES TU DEVANT LES ÏCRANS LE WEEK END  LES
sédentarité jours d’école ?
- équipements multimédia et audio-visuel 9 A T IL UNE 46  UN ORDINATEUR DANS TA CHAMBRE 
- lieu et durée d’utilisation Qu’est-ce que tu aimes dans ce jeu vidéo ?

s #ONDITIONS DE LA PRATIQUE PHYSIQUE Quelles activités sportives pratiques-tu en dehors de l’école ?


- encadrée (scolaire, association sportive) (nature, fréquence, durée, intensité)
- non structurée (loisir, jeu) Comment te rends-tu à l’école ? Que fais-tu en rentrant ?
- en autonomie (déplacement à pied/vélo) As-tu d’autres loisirs ? (musique, théâtre…)
L’environnement dans lequel vit l’enfant et les possibilités qui lui sont offertes
s #ONTEXTE FAMILIAL Y a-t-il des pratiques physiques communes dans ta famille ?
s .IVEAU SOCIO ÏCONOMIQUE As-tu accès à des loisirs actifs ? (parc, vélo, rollers…)
s 2ÏSEAUX SOCIAUX Quelle est la distance domicile - école ?
s %NVIRONNEMENT GÏOGRAPHIQUE Qui peut te soutenir dans ton projet sportif ?
s 4ISSU ASSOCIATIF LOCAL Penses-tu qu’il faille limiter le temps d’écran à la maison ?
/UTIL ACCOMPAGNANT LA RECOMMANDATION DE BONNE PRATIQUE i 3URPOIDS ET OBÏSITÏ DE LENFANT ET DE LADOLESCENT !CTUALISATION DES RECOMMANDATIONS
 w 3EPTEMBRE  WWWHASFR 

cardio-vasculaire et respiratoire ; les habitudes de vie ayant contribué l’exercice planifié, dans le contexte
- l’évaluation de la tolérance ostéo- au développement et au maintien familial, scolaire ou communau-
articulaire (appareil locomoteur). de l’obésité (arrêt de la pratique, taire » (8).
sédentarité, temps passé devant les
DIAGNOSTIC ÉDUCATIF AUTOUR écrans, etc.).  Notion de plaisir et implication de
DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET DE LA En effet, la réussite de la prise en la famille
SÉDENTARITÉ charge de l’enfant et de l’adolescent Permettre à l’enfant d’éprouver du
obèse repose sur la modification plaisir à pratiquer une AP en toute
 Objectifs des comportements (sédentarité et sécurité est indispensable pour ob-
Il est nécessaire de réaliser un dia- AP) et dans l’individualisation des tenir des effets bénéfiques à long
gnostic éducatif ou un entretien de APS, ceci afin de pérenniser une terme. L’implication de la famille
compréhension (Tab. 2) explorant pratique physique régulière. L’OMS est essentielle pour accompagner
différentes dimensions autour de précise que pour mieux apprécier cette reprise d’activité. L’objectif est
l’activité physique et de la sédenta- toutes les dimensions de l’activité d’inscrire le jeune et sa famille dans
rité. Cet entretien permet d’évaluer physique chez l’enfant, il est indis- une démarche de projet, en prenant
la demande et les besoins exprimés pensable de considérer que « l’ac- en compte les freins qui existent au-
ou non de l’enfant ou de l’adoles- tivité physique englobe notamment tour des APS. La prise en charge sera
cent et de sa famille. Il a pour but le jeu, les sports, les déplacements, donc graduée en fonction des diffi-
d’identifier les leviers sur lesquels il les tâches quotidiennes, les activités cultés à investir le champ de l’activi-
est possible d’agir afin de modifier récréatives, l’éducation physique ou té physique (niveau d’obésité, limite

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fonctionnelle, motivation, environ- ACCOMPAGNEMENT activité physique quotidienne et


nement…). EN ACTIVITÉ PHYSIQUE à augmenter les déplacements ac-
DE L’ENFANT ET tifs : aller à l’école à pieds ou à vélo,
Le tableau 2, extrait des recomman- L’ADOLESCENT EN privilégier les escaliers, promener le
dations de la HAS (1), résume les SURPOIDS OU OBÈSE : chien… ;
principaux facteurs à évaluer et COMMENT PRESCRIRE UÊ l’augmentation de l’activité phy-
propose des exemples de ques- L’ACTIVITÉ PHYSIQUE ? sique de loisir : promenades en
tions à poser à l’enfant ou à la fa- Le but est d’augmenter l’activité famille, jeux extérieurs avec des
mille. physique et de réduire la sédentari- amis… ;
té. L’objectif de l’accompagnement UÊ l’activité sportive périscolaire,
EXPLORATIONS COMPLÉMENTAIRES par le médecin est de faire émerger l’éducation physique et sportive sco-
La prescription d’examens complé- chez la famille les ressources né- laire (EPS) et associations sportives
mentaires spécifiques à la prescrip- cessaires afin que l’environnement scolaires (USEP, UNSS) : maison de
tion d’AP sera adaptée au contexte devienne favorable à une pratique quartier, centre aéré ou de loisirs,
clinique et en particulier au niveau physique plus régulière. L’appui colonies de vacances (ACM)… ;
d’obésité et à l’existence de signes d’un enseignant en APA et santé, UÊ les associations et clubs sportifs,
cliniques évocateurs d’une mau- d’un médecin du sport, et/ou d’un clubs multisports “loisirs–santé”.
vaise tolérance à la pratique de masseur-kinésithérapeute peut être
l’activité physique : essoufflement nécessaire en fonction de la sévérité  Certificat médical d’(in)aptitude
important lors d’efforts modérés, de la situation, de l’expertise du mé- partielle
sensations de malaise, douleurs, decin dans ce domaine et du temps Pour limiter les dispenses totales
anomalies de l’appareil locomoteur que ce dernier peut y consacrer du- d’EPS et pour améliorer les pra-
et/ou désadaptation à l’effort. rant ses consultations. tiques physiques existantes (asso-
ciation sportive, scolaire…), il pour-
 L’épreuve d’effort MODALITÉS DE PRESCRIPTION ra être utile d’élaborer un certificat
Une épreuve d’effort (EE) médicale INDIVIDUELLE D’AP médical d’(in)aptitude partielle
est indiquée dans les cas d’obésité, (1). Ce certificat précise les limites
entraînant des signes cliniques  Promotion de l’AP de la vie fonctionnelles physiques, physio-
anormaux cardiovasculaires, ven- quotidienne logiques et/ou psychologiques, en
tilatoires ou métaboliques à l’effort Lors de la prise en charge d’un en- respectant le secret professionnel
quel qu’en soit le degré et/ou en cas fant ou adolescent en surpoids ou et les règles déontologiques. Ce
d’obésité majeure. L’EE s’effectue obèse, la prescription d’AP, basée certificat vise à sensibiliser les en-
dans un service spécialisé de car- sur les recommandations géné- seignants d’EPS ou les éducateurs
dio-pédiatrie ou de médecine du rales communes à tous les patients, sportifs afin qu’ils adaptent leurs
sport disposant de matériel médical prend en compte les spécificités de séances aux contraintes de l’enfant
adapté aux enfants obèses, selon chacun. Elles dépendent du niveau en surpoids ou obèse.
leurs capacités, âge, taille et poids d’obésité, des aptitudes physiques,
(tapis roulant ou cyclo-ergomètre). des expériences de pratique anté-  Autres recours
L’épreuve d’effort permet : rieures, de la motivation et des pos- Dans les situations où l’enfant pré-
UÊ de dépister d’éventuelles patho- sibilités de l’enfant et de son entou- sente des signes cliniques de mau-
logies contre-indiquant la pratique rage. vaise tolérance à l’effort, d’autres
d’un exercice physique, d’évaluer leur Dans tous les cas, la prescription recours pourront être proposés en
importance et leurs retentissements ; s’appuiera sur la promotion de l’AP complément comme :
UÊ d’orienter vers des explorations de la vie quotidienne (Encadrés 1 et 2) UÊ `iÃÊ >ÌiˆiÀÃÊ `½>V̈ۈÌjÊ « ÞȵÕiÊ
complémentaires et/ou un traite- et en particulier sur : adaptée, (associations, réseau de
ment ; UÊla lutte contre les comportements santé…) ;
UÊ d’évaluer les aptitudes aérobies sédentaires : limitation des temps UÊ`iÃÊ«Àœ}À>““iÃÊ`½j`ÕV>̈œ˜ÊÌ j-
(seuils ventilatoires, VO2 max) et d’écran récréatifs (TV, ordinateur, rapeutique (CH, réseau de santé…) ;
la perception subjective de l’effort jeux vidéo, téléphones…), réduction UÊ`iÃÊÃj>˜ViÃÊ`iʎˆ˜jÃˆÌ jÀ>«ˆiʜÕÊ
(échelle de Borg), pour adapter le des temps d’inactivité ; de psychomotricité en cabinet li-
reconditionnement à l’effort. UÊ l’incitation à la pratique d’une béral ;

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EN PRATIQUE

UÊ`iÃÊÃjœÕÀÃÊÌ jÀ>«iṎµÕiÃÊ­Vi˜ÌÀiÊ
de soins de suite et de réadaptation).

ELABORATION D’OBJECTIFS EN
TERMES D’AP DANS UNE DÉMARCHE
D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
La prescription d’activité physique,
comme l’ensemble de la prise en
charge des enfants et adolescents en

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surpoids ou obèses, doit s’intégrer
dans une démarche globale basée
sur les principes de l’éducation thé-
rapeutique. Ainsi, à la fin de l’éva-
luation initiale, le diagnostic édu-
catif permet de faire une synthèse
avec le patient et sa famille, afin de
définir les difficultés, les ressources d’atteindre leurs objectifs. Chaque puisse s’inscrire dans la durée et de
et le savoir-faire de chacun et les objectif est donc raisonnable, attei- l’aider à maintenir sa motivation au
priorités de la prise en charge. Pour gnable et adapté aux préférences et long cours. En effet, la continuité
se faire, il est recommandé que le possibilités de l’enfant qui ont été de l’activité physique est une des
médecin aide l’enfant/adolescent identifiées au préalable. pièces maîtresses de la réussite du
et sa famille à trouver eux-mêmes traitement à moyen et long terme,
des solutions en évitant de leur im- L’enfant et sa famille seront ensuite tant sur le plan de la composition
poser son propre point de vue. En accompagnés dans le suivi par le ou corporelle que sur le plan de l’épa-
pratique, l’enfant/adolescent et sa les professionnels impliqués dans nouissement personnel.
famille choisissent avec le médecin la prise en charge globale (médecin
un nombre limité d’objectifs précis, traitant, pédiatre ou généraliste),
impliquant un changement de com- ou spécifique à l’AP (médecin du
MOTS-CLÉS
portement qu’ils se sentent capables sport, enseignant en APA, profes-
Surpoids, Obésité, Activité
de réaliser, et qu’ils envisagent en- seur d’EPS, kinésithérapeute…) de
physique, Sédentarité, Enfant
semble les stratégies permettant manière à ce que cette prescription

BIBLIOGRAPHIE
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