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¶ 37-201-A-25

Obésité infantile : aspects cliniques,


psychopathologiques et thérapeutiques
G. Kechid, J.-L. Goeb, V. Lemaître, R. Jardri, P. Delion

En France, comme dans de nombreux pays, l’obésité infantile alerte les autorités sanitaires et médicales.
Sa prévalence croissante, les conséquences médicales à plus ou moins long terme, mais aussi ses
implications étiologiques multiples en font une pathologie complexe difficile à prendre en charge. Dans ce
contexte, l’abord psychopathologique de l’obésité infantile est une approche permettant d’envisager les
expériences alimentaires précoces au sein de la dyade mère-enfant, les caractéristiques de la personnalité
de l’enfant puis de l’adolescent obèse ainsi que la place de la pathologie dans le système familial. Un
rapprochement peut être également effectué avec les pathologies à composante psychosomatique et les
pathologies addictives. Ainsi, de nouvelles perspectives thérapeutiques peuvent être envisagées, incluant
les soins psychiques pour l’enfant et sa famille au sein même d’une longue prise en charge
pluridisciplinaire.
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Mots clés : Expériences alimentaires précoces ; Interactions mère-bébé ; Image du corps ; Identité sexuelle ;
Système familial ; Psychosomatique ; Addictions ; Soins psychiques

Plan fortement exposés au risque de développer une surcharge


pondérale avec des conséquences médicales, psychologiques et
sociales parfois dramatiques. La compréhension psychopatholo-
¶ Introduction 1
gique s’avère donc primordiale pour cette pathologie qui
¶ Définition 1 s’inscrit précocement dans le lien mère-enfant et qui implique
¶ Épidémiologie 2 le plus souvent une dynamique familiale complexe.
¶ Facteurs de risque 2
¶ Facteurs génétiques
Facteurs socioéconomiques
2
3
■ Définition
Facteur culturel : l’inactivité physique 3 L’obésité est définie comme étant un excès de masse grasse.
Facteurs prédictifs : les premières expériences alimentaires, Il est donc nécessaire de pouvoir évaluer l’adiposité en se
la croissance 3 référant à des valeurs seuils. En France, chez l’enfant, les
¶ Conséquences médicales de l’obésité de l’enfant 3 courbes de croissance du poids et de la taille selon l’âge,
figurant dans le carnet de santé, sont utilisées depuis longtemps.
¶ Expériences alimentaires précoces 3
Elles sont indispensables pour surveiller l’évolution des enfants.
¶ Structuration de la personnalité de l’enfant obèse 4 Une courbe de taille régulière dans un même couloir comprise
¶ Obésité à l’adolescence 5 entre les bornes de – 2 et + 2 déviations standards indique que
¶ Enfant obèse dans sa famille 5 la croissance staturale est normale. Cependant, ces courbes
présentent certaines limites, notamment dans l’évaluation de
¶ Obésité infantile et psychosomatique 6 l’adiposité (masse grasse). Des courbes évaluant la corpulence en
¶ Obésité et addictions 6 s’appuyant sur l’évaluation de l’indice de masse corporelle (IMC)
¶ Quels soins pour l’enfant obèse ? 6 ont donc été établies en 1982 puis révisées en 1991. L’IMC est
Prévention 6 égal au rapport : poids (kg)/taille en mètre au carré (m2). Les
Traitement 6 courbes de corpulence tracées en fonction de l’âge tiennent
Psychothérapies 7 donc compte simultanément des trois données : poids, taille et
Cadre thérapeutique 7 âge, donnant ainsi une évaluation plus précise du statut
pondéral de l’enfant. Elles permettent de suivre l’évolution de
¶ Conclusion 7
l’adiposité au cours de la croissance de manière dynamique.
Elles figurent depuis quelques années à la fin du carnet de
santé. On retient alors le diagnostic d’obésité lorsque la valeur
■ Introduction de l’IMC de l’enfant est située au-dessus du 97e centile.
Au cours de la croissance, l’IMC va diminuer entre l’âge de
L’obésité, de par son inquiétante évolution, est aujourd’hui 1 an et 6 ans, traduisant une diminution physiologique de
en France un véritable problème de santé publique. Les récentes l’adiposité. Puis, on notera un rebond à partir de l’âge de 6 ans
données épidémiologiques font état d’une croissance fulgurante. dit « rebond d’adiposité ». Ce rebond est considéré comme
L’obésité touche de plus en plus et de plus en plus tôt. Les prédictif du risque ultérieur d’obésité : plus il est précoce, plus
enfants, y compris les plus jeunes, et les adolescents sont le risque de devenir obèse est élevé.

Psychiatrie/Pédopsychiatrie 1
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0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
32 32
31 31
Seuil degré 2 =
30 30
centile IOTF C-30
29 29
28 28
27 27
Obésité de Obésité de
26 degré 2 degré 1 977 26 97e centile
Indice de masse corporelle (IMC)

25 25
24 900 24
Zone d'obésité
23 23
755
22 22
21 500 21
20 20
25
19 19
18 10 18

17 3 17 3e centile
Zone d
Zone
Zo dee corpulence
corpu
o pulence
16 normale
m 16
15 15
14 14
13 13
Insuffisance pondérale IMC
12
12 Père : .................................
Mère : .................................
11 11
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Âge (années)
Figure 1. Courbes d’obésités. Obésité de degré 1 et obésité de degré 2. IMC : poids (kg)/taille2 (m). IOTF: International Obesity Task Force (IOTF).

Dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS), publique. Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) s’est
une nouvelle présentation des courbes de corpulence a été d’ailleurs fixé, parmi ses objectifs, la stabilisation de cette
établie, intégrant les courbes de corpulences françaises et celles prévalence.
établies par l’International Obesity Task Force (IOTF). On
distingue alors deux stades d’obésité : obésité de degré 1 (IMC
supérieur ou égal au 97 e centile des courbes françaises) et ■ Facteurs de risque
obésité de degré 2 (IMC supérieur à la courbe) (Fig. 1).
Plusieurs facteurs de risque semblent être identifiables :
• des facteurs génétiques (origine ethnique, obésité familiale) ;
■ Épidémiologie • des facteurs socioéconomiques ;
• un facteur culturel : l’activité ou l’inactivité physique ;
En France, comme dans de nombreux autres pays industria- • des facteurs prédictifs : les premières expériences alimentaires,
lisés, la prévalence de l’obésité augmente de plus en plus la croissance.
rapidement depuis plusieurs dizaines d’années. Si les chiffres de
prévalence varient d’une étude à une autre, du fait notamment
des différences de méthode d’évaluation, des modes d’échan- ■ Facteurs génétiques
tillonnage et des variations interrégionales, toutes les études
s’entendent pour décrire une nette inflation de la prévalence. De nombreuses études ont cherché à établir le risque d’obé-
« Dans l’étude réalisée en Lorraine, le seuil définissant l’obésité sité chez un enfant ayant un parent biologique obèse [2] .
était le 97,5e centile de la distribution de l’échantillon examiné Certaines d’entre elles ont ainsi estimé l’odds ratio d’obésité des
en 1980. Il y avait donc, par définition, 2,5 % d’obèses en 1980. enfants selon l’IMC des parents. Selon ces études, il existerait
Ce pourcentage est passé à 3,2 % 10 ans plus tard, correspon- une association significative entre l’IMC des parents et l’IMC
dant à une augmentation de 28 %. C’est ainsi que, dans le des enfants et ce, dès l’âge de 3 ans jusqu’à l’âge adulte.
Centre Ouest, la prévalence de l’obésité, passant de 5,1 % à Reste à déterminer la part d’implication respective de la
12,5 % chez les enfants de 10 ans, a donc plus que doublé en génétique et de l’environnement familial vis-à-vis de l’augmen-
16 ans. Dans le département de l’Hérault, chez des enfants de tation du risque d’obésité, lorsque l’on a un parent obèse. Les
4-5 ans, la prévalence est passée de 1,9 % à 4,9 % en 5 ans. » [1]. contributions relatives de l’hérédité et de l’environnement
D’après l’Institut national de la santé et de la recherche familial peuvent être évaluées par les études d’héritabilité. Ces
médicale (INSERM), sur la base du 97e percentile des courbes de études portent sur des jumeaux monozygotes élevés séparé-
référence françaises, il y aurait aujourd’hui 10 % à 12 % ment [3], sur des enfants adoptés [4] ou sur des familles nucléai-
d’enfants souffrant d’obésité parmi les Français âgés de res [5, 6]. Selon le type d’études, les valeurs d’héritabilité de
5-12 ans [1]. l’obésité varient de 10 % à 80 %, ce qui illustre entre autres leur
Si ces chiffres sont moins alarmants que ceux observés aux imprécision méthodologique [1]. Cependant, une revue analyti-
États-Unis (22 % chez les 6-11 ans), il semble néanmoins que que de la littérature portant sur plus de 100 000 individus
la vitesse d’augmentation de la prévalence de l’obésité en France retrouve une héritabilité de 50 % à 90 % [7].
soit aujourd’hui au moins aussi élevée qu’aux États-Unis [1]. Pour autant, même si l’existence d’une prédisposition généti-
La problématique de l’obésité de l’enfant et de l’adolescent que à l’obésité est de plus en plus évoquée, il n’y a pas actuel-
est donc devenue en France une priorité en matière de santé lement d’élément permettant de prédire quelle en sera la

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complexité c’est-à-dire de prédire le nombre de gènes impliqués, Facteurs prédictifs : les premières
le nombre de variants dans chacun de ces gènes, leurs effets
respectifs et leurs éventuelles interactions. Il n’existe à ce jour
expériences alimentaires, la croissance
qu’un seul gène dans lequel de nombreuses mutations ont été Plusieurs études rétrospectives ont mis en évidence, par le
impliquées dans une prédisposition à l’obésité commune chez calcul de l’IMC de l’enfant selon l’existence d’un allaitement
l’enfant. Ce gène est le MC4-R [1]. Il semble que des mutations maternel ou d’une alimentation lactée artificielle, le rôle
y soient retrouvées chez 1 % à 3 % des enfants obèses. L’hété- protecteur de l’allaitement. Certaines ont également établi des
rogénéité de la fonction de chacune des mutations retrouvées liens avec la durée de l’allaitement. Toutefois, une étude
dans ce gène ainsi que la complexité de l’interaction de longitudinale et une étude cas-témoins n’observent pas de
chacune de ces mutations avec l’environnement peut éventuel- relation significative entre le type d’alimentation du nourrisson
lement servir de paradigme à la complexité de la prédisposition et le risque d’obésité chez l’enfant [2]. Les conclusions sont donc
génétique à l’obésité. D’après l’INSERM, l’utilisation de la difficiles à tirer et il semblerait que d’autres études soient
nécessaires pour préciser l’intérêt de l’allaitement maternel du
génétique comme outil de santé publique est donc, dans le cas
nourrisson, très évident, en outre, pour la prévention de
de l’obésité, actuellement illusoire [1].
l’obésité de l’enfant.
Concernant l’origine ethnique, si, pour certaines études, elle
semble prédisposer à un risque d’obésité chez l’enfant, il est
toutefois impossible de conclure, à partir des données de ces ■ Conséquences médicales
études, que les différences de corpulence et de risques d’obésité
entre groupes ethniques sont d’origine biologique ou plutôt de l’obésité de l’enfant
explicables par des différences de mode de vie entre Le premier risque d’une obésité constituée pendant l’enfance
communautés [8]. est sa persistance à l’âge adulte. Les conséquences médicales
sont alors multiples. Ainsi, on dénonce des pathologies cardio-
Facteurs socioéconomiques vasculaires avec une athérosclérose pouvant débuter pendant
l’enfance. L’insulinorésistance, une concentration abaissée
Chez l’enfant et l’adolescent comme chez l’adulte, l’obésité se d’apolipoprotéine A1 (contenue dans le high density lipopoprotein
distribue dans les diverses sociétés selon les statuts économiques [HDL]-cholestérol), l’hyperleptinémie, l’hyperferritinémie, et
et sociaux. Un niveau socioéconomique bas est de plus en plus l’accumulation prépondérante de la masse grasse au niveau
considéré aujourd’hui, comme un possible facteur de risque abdominal sont autant de facteurs métaboliques prééminents
d’obésité dans les pays socioéconomiques développés comme la chez l’enfant obèse et qui déterminent le risque vasculaire à
France. Dans les pays pauvres ou en voie de développement, on l’âge adulte. Pour les spécialistes, la reconnaissance d’un lien
observe le phénomène inverse, un niveau socioéconomique direct entre l’obésité de l’enfant et le risque vasculaire à l’âge
élevé est davantage associé au risque de développer une obésité. adulte combinée avec l’accroissement constant de la prévalence
« Dans les sociétés développées, le lien entre l’obésité et les de l’obésité infantile laisse donc craindre une considérable
recrudescence de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaire
statuts socioéconomiques peut être expliqué par les modes de
au cours des prochaines décennies [10].
vie susceptibles de déterminer certains facteurs importants de la
D’autres pathologies connues pour être associées à l’obésité
prise de poids comme les pratiques alimentaires ou l’activité
pourraient également être initiées dès l’enfance. En effet, le
physique ». C’est ainsi que, dans les sociétés modernes, les
risque de cancer colorectal et de goutte chez l’homme et le
dépenses énergétiques des individus ont considérablement risque d’arthrose chez la femme sont augmentés en cas d’obésité
baissé. Les causes en sont le chauffage et la climatisation des durant l’adolescence et cela, indépendamment de l’évolution
locaux d’habitation, le développement des moyens de transport ultérieure du poids [10].
individuel ou collectif, les formes de l’activité professionnelle,
notamment dans le secteur tertiaire, ce que C. Fischler nomme
la « civilisation du bureau » [1]. Parallèlement à cette baisse de la ■ Expériences alimentaires
dépense énergétique, les consommations alimentaires auraient,
elles aussi diminué, mais cependant pas autant que le besoin.
précoces
Surtout, la baisse se serait opérée de façon socialement diversi- De nombreuses études s’accordent à montrer qu’un rebond
fiée. J.-L. Lambert, sur la base de calculs macroéconomiques, d’adiposité survenant précocement, c’est-à-dire avant l’âge de
considère qu’il existerait un écart de plus de 200 calories par 5 ans, constitue un facteur de risque de développer une obésité
jour entre les couches moyennes et supérieures et les classes à court ou à moyen terme. Cela nous conduit donc sur la piste
populaires au profit de ces dernières. Cette analyse pourrait des expériences alimentaires précoces, voire très précoces et de
fournir une première explication du développement de l’obésité leur intérêt dans la compréhension des obésités infantiles. Il
dans les couches basses de la société [1, 9]. paraît alors difficile d’envisager un tel trouble du comportement
« Le lien entre l’obésité et la position sociale dans les sociétés alimentaire sans s’intéresser à la dyade mère-bébé. « Un bébé
en développement peut être expliqué, pour les classes populai- tout seul ça n’existe pas » disait D. Winnicott. « Le bébé ne
res, par une faible disponibilité alimentaire, parfois même la désire pas tant qu’on lui donne un repas convenable à un
famine, associée à des modes de vie demandant une importante moment convenable, que d’être nourri par quelqu’un qui aime
dépense énergétique. La forte corrélation entre obésités et le nourrir [...]. Le plaisir de la mère doit être là, sinon tout est
statuts socioéconomiques résulterait d’une plus grande capacité mort, sans utilité et mécanique. Des plaisirs tellement grands
de ces groupes sociaux à se procurer des aliments, liée à une dérivent les liens intimes, temporels et spirituels qui peuvent
valorisation positive des corps gros décodés comme un signe de exister entre le bébé et sa mère. » [11]
bonne santé, d’abondance » [1]. Ces temps de repas s’intègrent très vite dès la 3 e ou
4e semaine de vie dans une organisation rythmée qui intègre les
rythmes du sommeil, de l’éveil, de l’élimination. Le bébé vit
Facteur culturel : l’inactivité physique tour à tour des moments de tension comme lors des moments
de faim suivis de moments de détente lorsque ses besoins sont
Plusieurs études ont estimé indirectement l’inactivité des satisfaits. Une fois les tensions éliminées, il retrouve un état
enfants et adolescents par le temps passé devant la télévision [2]. d’apaisement dit homéostasique jusqu’au retour des tensions
Cette mesure semble significativement associée à l’obésité de suivantes, états corporels de manque et de besoin, que l’objet
l’enfant. L’activité physique modérée à forte semble au contraire maternel reconnaît et auquel il répond activement. Déjà S.
être un facteur protecteur. Reste à savoir si c’est l’inactivité qui Freud, dès 1895, dans l’Esquisse d’une psychologie scientifique
serait à l’origine de l’obésité ou l’obésité qui conduirait l’enfant faisait état de « l’épreuve de satisfaction » au cours de laquelle
vers un mode de vie sédentaire. une tension interne déclenchée par un besoin instinctuel

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comme la faim ne pouvait être déchargée que par l’intervention de grande prématurité, B. Pierrehumbert a pu mettre en évi-
d’une personne extérieure [12]. Le nourrisson serait alors capable dence les conséquences néfastes d’un tel événement sur la
d’associer la suppression du déplaisir au souvenir de cette qualité des interactions mère-bébé, particulièrement lorsque le
personne extérieure, mais également de développer des senti- parent répercute mentalement l’événement sous forme de
ments hostiles envers la personne à l’origine de la frustration et symptômes de stress post-traumatique menant à un désengage-
de la douleur liée à la faim. S. Freud introduisit ainsi une ment émotionnel ou à une surimplication préoccupée dans les
dimension affective dans les relations d’objet qui s’installent soins à l’enfant [15].
autour de l’alimentation. Dans une telle dynamique, il importe alors de considérer le
Au-delà de la satisfaction de la faim ou de la soif, la fonction vécu fantasmatique de la mère et ses difficultés dans sa repré-
d’alimentation est aussi une expérience sensorielle et motrice sentation psychique de son enfant. Ainsi, certaines mères
qui satisfait des pulsions orales au travers de l’activité de trouvent dans le nourrissage excessif à chaque sollicitation du
succion des lèvres, de la langue, du palais et du pharynx. bébé un moyen de se dégager et se protéger de leurs propres
Rappelons que, pour Freud, la succion détient un des rôles angoisses et des angoisses archaïques projetées du bébé. Face à
principaux dans le développement des pulsions libidinales. ces sollicitations alimentaires excessives, il convient également
Bowlby, quant à lui, distingue deux types de succion : l’une de tenir compte de l’équipement personnel du bébé qui trouve
nutritive et la seconde non nutritive qu’il rattache à l’ensemble ou non les ressources psychiques suffisantes pour y répondre
des comportements qui médiatisent l’attachement et notam- dans une lutte active qui peut dès lors prendre la forme d’une
ment aux comportements dits « d’approche » dont l’effet est anorexie du nourrisson. Ces expériences alimentaires précoces,
d’amener l’enfant à la mère (le suivi de la mère, l’agrippement empreintes de charges émotionnelles puissantes, peuvent alors
et, justement, la succion non nutritive). « La succion non s’enraciner dans le mode d’interaction de la dyade mère-bébé et
nutritive des enfants humains est une activité en soi, distincte être la source d’une obésité infantile.
de la succion nutritionnelle ; que dans l’environnement d’adap-
tétude évolutionniste de l’homme, la succion non nutritionnelle
fait partie intégrante du comportement d’attachement et que ■ Structuration de la personnalité
son résultat prévisible est la proximité avec la mère. » [13] M.
Klein aborde la succion du côté de l’activité fantasmatique
de l’enfant obèse
primitive du nourrisson où l’intensité de la voracité traduit une L’enfant n’ayant pu précocement expérimenter les sensations
émotion particulière du bébé marquant la force des pulsions de faim, d’attente, puis de réplétion peut développer, selon H.
destructrices par rapport aux pulsions libidinales. En effet, lors Bruch, une déficience fonctionnelle de la reconnaissance du
de l’éprouvé de la faim, la douleur et ses propres cris peuvent besoin de manger [16]. Ainsi, en grandissant, il peut conserver le
être ressentis comme des attaques persécutrices, attaques contre même mode de réponse aux frustrations. Face à un état de
lesquels il se défend par une activité destructrice fantasmatique tension interne qu’il s’agisse de faim, de froid, d’ennui,
lors de la tétée. Parallèlement, lorsqu’il est apaisé et sur le point d’anxiété, de solitude, de besoin affectif, l’enfant a tendance à
de s’endormir, il peut reproduire des bruits et des mouvements s’alimenter tout comme lorsqu’il était bébé, et que sa mère le
de succion traduisant alors, selon M. Klein, le fantasme de sucer nourrissait à chaque manifestation. Pour H. Bruch, cette
ou de s’incorporer ce bon sein si généreux [14]. Enfin pour la perturbation de la notion de faim et de satiété peut avoir de
pensée psychosomatique, la succion appartient aux procédés lourdes répercussions sur la structuration de la personnalité de
autocalmants dont le rôle est de permettre au Moi de s’adapter l’enfant et sur son identité corporelle. Selon elle, ces enfants
ou de se protéger face à des dangers pouvant menacer son peuvent avoir des difficultés à développer et à intégrer leur
intégrité. image du corps et sont sans recours face aux besoins corporels
Aussi le comportement alimentaire du bébé peut être ou ont le sentiment que ces besoins corporels sont contrôlés de
influencé par la qualité des échanges et de l’interaction entre sa l’extérieur comme s’ils n’étaient pas les propriétaires de leur
mère et lui. Bien que moins décrite car moins alarmante en corps et de leurs sensations.
apparence que l’anorexie du nourrisson, l’hyperphagie, du fait du Cette notion de fragilité de représentation de l’image du corps,
risque ultérieur d’obésité infantile, doit être considérée comme développée par H. Bruch, nous renvoie à l’idée d’une fragilité
un trouble du comportement alimentaire du bébé. Pour autant, dans la constitution des enveloppes psychiques. On peut alors
cette hyperphagie n’est pas agie seulement par le bébé, mais supposer qu’un épaississement de la partie adipeuse de la peau
aussi par l’objet maternel qui, à l’image des « dangereuses pourrait, d’un point de vue métaphorique, traduire une incapa-
sorcières » décrites par D. Winnicott, ne respecte pas les rythmes cité du bébé à se sentir suffisamment contenu dans sa propre
physiologiques et biologiques de l’enfant, satisfaisant les besoins peau par défaut d’expérience d’un objet maternel suffisamment
alimentaires du bébé avant même qu’ils n’aient pu s’élaborer en contenant. Au travers de ses travaux, E. Bick nous montre
désir. Le délai d’attente entre l’expression de la faim et sa comment cet objet contenant est éprouvé comme une peau
satisfaction, délai indispensable pour l’élaboration fantasmati- unificatrice et à quel point les perturbations de cette fonction
que du bébé, est alors écrasé. La satisfaction hallucinatoire « première-peau » peuvent retentir sur le nourrisson alors
n’apparaît pas. Il n’y a pas de frustration, or, l’expérience de contraint de renforcer sa partie adipeuse sur un mode passif ou
l’objet absent, et donc frustrant, stimule le développement et la de constituer une « seconde peau » musculaire sur un mode
mise en place des processus de pensée chez l’enfant. Si le actif [17]. Pour E. Bick, le nourrissage représente l’expérience
nourrisson peut tenter de s’opposer initialement par un refus de prototypique du rassemblement à l’intérieur d’une peau. La
l’alimentation, il prend vite une position passive, seule issue jonction entre les différentes modalités sensorielles, le portage,
face aux intrusions répétées menaçant ses processus de l’enveloppement, le bain de paroles donne au bébé un senti-
mentalisation. ment moïque primaire. On en vient alors à la notion de moi-
Les troubles des interactions précoces mère-bébé s’interrogent peau développée par D. Anzieu [18]. Celui-ci évoque ainsi trois
également dans les cas dits de « rattrapage » de poids lors des expériences différentes éprouvées en même temps par le bébé
deux premières années de vie chez des enfants nés hypotrophes. lorsqu’il est nourri par sa mère : l’expérience d’un contact
Ce rattrapage désigne en pédiatrie une croissance plus rapide différenciateur par la sensation du mamelon dans la bouche et
que la normale et qui pourrait être responsable d’obésité dans l’incorporation, l’expérience d’un centre de gravité par la
l’enfance. Les raisons de ce rattrapage semblent complexes : réplétion et une expérience tactile et corporelle dans le portage
conséquences d’un retard de la croissance utérine, facteurs par la mère. Le bébé devient alors capable de distinguer une
génétiques, métaboliques, alimentation spécifique hypercalori- surface ou « interface » avec sa face interne et sa face externe,
que, ...Mais on est également en droit de s’interroger sur la différenciant ainsi le dehors et le dedans avec un volume lui
possibilité d’un nourrissage excessif proposé à l’enfant par sa permettant d’éprouver la sensation d’un contenant et d’une
mère et venant compenser ou « rattraper » des interactions enveloppe corporelle intègre.
précoces fragilisées par les soins en néonatalogie (hospitalisa- Ce sentiment d’intégrité donne au Moi une enveloppe
tions prolongées, soins en couveuse, etc.). En effet, dans les cas narcissique et un bien-être de base qui, chez l’enfant obèse, peut

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être très fragilisé. Sa personnalité peut alors s’en trouver affectée. alors inconsciemment de se différencier sexuellement. L’adoles-
Ainsi, l’enfant obèse est souvent décrit comme timide, peu cent obèse peut en effet présenter une gynécomastie et des
dynamique, voire apathique. Il est fréquemment en échec rondeurs féminines qui induisent une certaine ambiguïté dans
scolaire où on lui reproche souvent une grande passivité. Cette son développement pubertaire. Parallèlement, la surcharge
passivité peut être très ancienne chez ces enfants peu encoura- pondérale s’accompagne habituellement d’une grande force
gés à l’autonomie. L’acquisition de la marche avec tous les physique traduisant une certaine virilité. Cela soulève alors la
« dangers » qu’elle représente n’est souvent pas survenue problématique des ambiguïtés sexuelles ou états intersexués
précocement. Peu turbulent, il peut par la suite se montrer particulièrement étudiés par Kreisler. Se rapprochant du mythe
réticent face aux activités physiques souvent associées à un de l’hermaphrodite, l’adolescent exhibe sa double identité
sentiment d’insécurité. Pour G. Schmit, il s’agit d’un investisse- confirmant son incapacité à choisir entre le masculin et le
ment particulier de la motricité intégré au fonctionnement du féminin. Se référant à une catégorie d’ambigus capables de voir
sujet comme un trait de caractère « comme si les expériences modifier sans dommage leur sexe d’éducation, R.J. Stoller leur
émotionnelles précoces n’avaient pas permis un développement a attribué un type particulier d’identité sexuelle qu’il qualifie
normal de la fonction motrice, ni un plaisir pris à ce d’hermaphrodite. « Ils n’ont pas de doute sur leur sexe, mais
développement » [19]. sont convaincus d’appartenir à un sexe douteux à la fois
Pour certains enfants chez lesquels l’obésité semble d’appari- masculin et féminin, ou ni l’un ni l’autre. Ils se sentent
tion plus tardive, se pose la question du caractère réactionnel de appartenir authentiquement au troisième genre, le genre
la surcharge pondérale dans les suites d’un événement potentielle- hermaphrodite. » Pour C. Chiland (citée par G. Schmit) [19],
ment traumatisant ou dans une situation nouvelle pour laquelle l’adolescent obèse, dans son ambiguïté sexuelle exhibée, impose
il présente des difficultés d’adaptation. Ces troubles peuvent « le mythe de l’homme perpétuellement enceint comme s’il leur
aussi s’entendre dans le cadre d’un syndrome dépressif où était nécessaire à eux-mêmes et aux autres un signe corporel
l’hyperphagie et le ralentissement psychomoteur traduiraient visible niant l’appartenance à un seul sexe ».
une tristesse et une anxiété chez l’enfant. Il importe alors de L’autre problématique est celle de l’enfant obèse devenant
vérifier si les troubles du comportement alimentaire sont récents adolescent. Pour certains, cela peut être l’occasion d’enfin
et congruents avec une modification de l’humeur de l’enfant, s’approprier ce nouveau corps en le reconnaissant comme sien
laquelle doit être prise en charge en priorité. Lorsque la et en s’engageant dans une dynamique d’individuation et
surcharge pondérale est installée depuis plusieurs mois ou d’autonomie. C’est d’ailleurs souvent à cette occasion qu’ont
années, il paraît néanmoins difficile de déterminer si les lieu les premières consultations spécialisées en vue d’une prise
troubles de l’humeur et les troubles anxieux sont la source de en charge. Pour G. Schmit, le rôle de la famille est alors
l’hyperphagie ou bien la conséquence d’un rejet social imposé primordial lorsqu’elle soutient l’adolescent dans sa volonté de
par notre culture actuelle. Zipper et al. ont en effet repéré que séparation. Mais pour certains adolescents et leur famille,
sur 84 enfants souffrant d’obésité âgés de 5 à 16 ans, plus de la envisager un autre mode relationnel et un autre moyen de
moitié présentaient un trouble psychiatrique selon la classifica- résolution des conflits psychiques est insupportable et la
tion du Diagnostic and Statistical Mental Disorder IV (DSM IV) [20] constitution de l’obésité semble devoir se poursuivre sans aucun
et qu’il s’agissait le plus souvent de troubles anxieux (phobie aménagement possible [19].
sociale, anxiété de séparation et anxiété généralisée) [21].
■ Enfant obèse dans sa famille
■ Obésité à l’adolescence La réflexion clinique autour de l’obésité infantile nous a
La question de l’obésité à l’adolescence soulève plusieurs d’emblée amenés à nous intéresser à la famille tant d’un point
problématiques. La première est celle de l’adolescent(e) qui, de vue génétique, socioéconomique, culturel que psychopatho-
jusque-là, n’avait pas présenté de surcharge pondérale et qui logique. Tous ces facteurs impliqués de manière complexe
développe des troubles du comportement alimentaire à l’entrée donnent lieu dans notre société actuelle à des scènes de repas
dans la puberté. L’hyperphagie peut alors, chez la jeune fille, familiaux pris devant la télévision dits « plateaux télé » où les
laisser la place à des accès boulimiques inconstamment associés échanges entre les différents membres de la famille sont
à une obésité du fait de l’accompagnement fréquent de périodes remplacés par les dialogues des protagonistes des différentes
restrictives ou de vomissements provoqués en fin d’accès. séries télévisées. Chez les enfants et adolescents, les repas sont
Du fait des modifications hormonales et corporelles de la bien souvent précédés de goûters prolongés « sucrés salés »
puberté ainsi que des bouleversements psychiques associés, associant chips, sucreries et sodas en tous genres, le tout ingéré
l’adolescence semble une période particulièrement propice au devant un écran d’ordinateur, une console de jeux ou la
développement de l’obésité. L’expression d’une féminité ou télévision. La télévision n’est dès lors ni plus ni moins qu’un
d’une masculinité par le développement des caractères sexuels gavage sensoriel de stimuli visuels où remplissages visuels et
secondaires peut être réprimée ou masquée par le développe- alimentaires sont concomitants. La récente et très médiatisée
ment d’une masse adipeuse tenant les adolescents à l’écart étude nord-américaine du Dr L.H. Epstein parle d’elle-même :
d’une quelconque convoitise et les gardant ainsi d’exprimer tout diminuer progressivement le nombre d’heures passées devant
désir sexuel. un écran chez des enfants de 4 à 7 ans en surcharge pondérale
Chez la jeune fille, l’obésité peut s’accompagner d’une amé- permettrait une nette diminution de l’IMC, davantage imputa-
norrhée secondaire et d’un hirsutisme par hyperandrogénie. ble, selon l’étude, à la baisse des apports énergétiques qu’à
L’apparence de son corps s’éloigne de celui d’une femme l’augmentation de l’activité physique [23]. Cette étude concerne
sexuellement mature et féconde. Elle ne ressemble ni à la les enfants américains certes, mais il ne faut pas pour autant
plupart des jeunes filles de son âge, ni probablement à sa mère sous-estimer nos petits Français : selon Médiamétrie, les
à l’égard de laquelle elle a réprimé toute rivalité, lui permettant 4-10 ans passeraient en moyenne 131 minutes par jour devant
ainsi de rester à ses côtés [19] . Sa volonté d’autonomie ne la télévision, 144 pour les 11-14 ans et 128 chez les 15-24 ans
s’exprime pas, il n’est pas question de se détacher. Pour J.M. et ce, dès les premières heures de la journée... Ces habitudes
Alby, leurs difficultés d’identification sexuelle sont caractérisées, sont bien ancrées dans la famille puisque les adultes âgés de 25
notamment par le désir d’un rôle sexuel masculin. « Tout se à 59 ans passent en moyenne 199 minutes par jour devant le
passe comme si l’obésité était un écran derrière lequel l’identi- petit écran. En France comme ailleurs, la télévision est partout :
fication se trouve masquée et protégée ; le fait de maigrir serait dans tous les foyers, dans toutes les pièces de la maison (y
alors l’abandon de l’espoir masculin. » [22] compris dans les chambres d’enfants) et même dans les mater-
Chez le jeune garçon, exprimer son identité sexuelle masculine nités ! Lorsque la mère nourrit son bébé devant la télévision, les
signifie s’éloigner de l’univers féminin maternel pour appartenir échanges et les interactions sont substitués par les flux senso-
définitivement au genre masculin paternel, ce qui peut (ré)acti- riels multiples venant de la télévision. L’attraction consensuelle
ver une anxiété de séparation. En développant une obésité, il maximale est pervertie, le développement de l’intersubjectivité
peut signifier une incapacité à vivre cette séparation, refusant est mis à mal.

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37-201-A-25 ¶ Obésité infantile : aspects cliniques, psychopathologiques et thérapeutiques

Mais que traduit ce phénomène de société qui touche sur le devenir de l’enfant. Explorant les relations entre troubles
l’ensemble des pays développés ? On évoque bien souvent les de l’attachement et addictions chez des adolescents, B. Pierre-
« bénéfices secondaires » obtenus par l’enfant obèse de l’ordre humbert a mis en évidence une corrélation entre des troubles
d’une éviction des conflits et d’une mise à distance des pulsions d’attachement, se manifestant chez les adolescents étudiés par
agressives, mais il semble que ces bénéfices ou plutôt ce des phénomènes d’« exclusion défensive » et de « confiance en
fonctionnement puissent être considérés à l’échelle familiale. En soi compulsive » décrits par Bowlby, et une toxicodépen-
face à face ou en toile de fond, la télévision et le gavage associé dance [29]. C’est donc bien à ce niveau précoce des interactions
permettent d’éviter d’éprouver l’attente, le silence, ou l’ennui. que peut se déterminer une fragilité dans la constitution de la
Les frustrations de chacun et du groupe familial n’ont plus à personnalité de l’enfant et qui peut se manifester par une
être supportées, l’éviction est la règle d’or. Le système se solidifie obésité, voire ultérieurement par des conduites addictives. En
et se rigidifie. Et si, malgré tout, les conflits évités et refoulés se outre, dans les récentes études américaines sus-citées, on
matérialisent sous la forme d’une obésité infantile, celle-ci peut s’aperçoit qu’en sevrant peu à peu l’enfant obèse de télévision,
être déniée ou minimisée par le reste du groupe. Ainsi, les prises on constate une diminution de poids importante [23].
en charge médicales, bien que réclamées consciemment par
l’enfant et soutenues par l’entourage familial, peuvent être
enrayées inconsciemment par un système familial rigide se ■ Quels soins pour l’enfant obèse ?
défendant et résistant devant l’annonce des changements à Jusqu’à présent, les solutions thérapeutiques proposées pour
venir. Les soins doivent donc inclure une prise en charge la prise en charge de l’obésité de l’enfant et de l’adolescent ont
familiale à l’échelle psychologique. bien souvent été marquées par des échecs. La composante
multifactorielle de l’obésité, sa dimension psychopathologique,
■ Obésité infantile le trop tardif dépistage, l’implication nécessaire de nombreux
acteurs de proximité pour sa prise en charge et son suivi
et psychosomatique prolongé en rendent en partie compte.
Pour certains auteurs, l’obésité peut aussi être observée du Prévention
point de vue psychosomatique où l’excès de poids bénéficierait
d’une fonction salvatrice et organisatrice dans l’économie En matière de prévention, le Programme national nutrition
psychosomatique de l’individu. Déjà, L. Kreisler évoquait le cas santé (PNNS) a formulé comme objectif de « diminuer le taux
d’enfants et d’adolescents obèses dont « le contact éveille chez d’obésité chez les enfants en France ». Plusieurs campagnes de
l’observateur une fâcheuse impression de pauvreté de la person- prévention primaire sont apparues ces dernières années, pro-
nalité » [24]. Il décrit chez eux une expression verbale terne, trop mulguant une alimentation saine (« éviter les aliments gras,
concrète sans couleurs ni nuances. Leurs jeux sont dépourvus de salés, sucrés ») et une activité physique régulière (« Pour votre
qualités imaginatives, traduisant une absence de liberté fantas- santé, pratiquez une activité physique régulière »). En milieu
matique. Pour P. Marty, il y a une pauvreté de la rêverie comme scolaire, les enfants bénéficient de plus en plus d’une éducation
de la vie onirique, un appauvrissement des échanges interper- nutritionnelle qui s’applique également lors des repas pris à la
sonnels, associés à un dessèchement et à une sclérose de cantine. Depuis la rentrée 2005, les distributeurs de confiserie
l’expression verbale, de sorte que les vagues inconscientes ne sont interdits dans les établissements scolaires. En outre, une
semblent pas d’ordinaire troubler la surface lisse d’une cons- journée nationale par an est consacrée au dépistage de l’obésité
cience apparemment simple [25]. Ce que L. Kreisler et P. Marty infantile dans les écoles primaires. Néanmoins, il semble que ces
nommaient pensée opératoire, traduisant cette pauvreté fantas- programmes de prévention peinent à endiguer le phénomène
matique par une incapacité projective, est aujourd’hui repré- d’inflation en matière d’obésité infantile. Plusieurs auteurs
senté d’un point de vue nosographique par l’alexithymie avec s’attachent alors davantage à l’intérêt d’une prévention secon-
une tendance à l’agir observée plus fréquemment chez les sujets daire consistant à repérer les enfants à risque et à les accompa-
obèses d’après certaines études. L’obésité infantile peut donc gner afin d’éviter l’apparition de la surcharge pondérale [30]. Les
être également considérée comme une pathologie de la somati- agents de prévention sont avant tout les médecins généralistes,
sation relevant de carences psychiques et représentatives, d’une pédiatres, médecins de protection maternelle et infantile (PMI),
impossible élaboration des excitations ou de conflits intraitables puéricultrices... Ainsi, il est aisé de repérer une obésité parentale
ou inendiguables psychiquement [25]. Pour autant, cherchant à ou un âge de rebond de l’IMC précoce, mais il faut également
explorer les conflits dynamiques à l’origine de la survenue de se montrer attentif aux mères prises dans des conflits psychi-
l’obésité infantile, M. Soulé en vient aux mêmes hypothèses que ques perturbant les interactions précoces avec leur enfant, et de
celles citées précédemment, à savoir celle d’un trouble de les en dégager rapidement en soutenant leur fonction mater-
l’oralité ou encore celle d’une crainte de toute forme de nelle afin que l’enfant acquière une autonomie progressive dans
sexualité dans un conflit œdipien [26]. l’expression de ses besoins alimentaires [19]. Un suivi pédopsy-
chiatrique sous forme de thérapie mère-enfant peut ainsi leur
être proposé.
■ Obésité et addictions
D’un point de vue biologique, de nombreux arguments font
Traitement
pressentir un lien entre obésité et addictions. La dopamine, La question du traitement apparaît lorsque l’obésité est
neurotransmetteur principal du plaisir, incriminée dans les installée. Actuellement, les soins proposés reposent sur des
pathologies addictives, semble également jouer un rôle prépon- prises en charge individuelles et/ou en groupe, centrées sur les
dérant dans la physiopathologie de l’obésité. En effet, chez modifications des comportements et habitudes de vie de la
certains modèles animaux d’obésité, l’activité dopaminergique famille et/ou de l’enfant et de l’adolescent, associées à une
est réduite au niveau de l’hypothalamus. Chez ces mêmes éducation diététique et à un encouragement à l’activité physi-
animaux, un traitement par un agoniste dopaminergique que. La prise en charge se veut donc multidisciplinaire associant
semble entraîner une perte de poids [27]. En outre, en imagerie pédiatres, nutritionnistes ou diététiciens, mais aussi depuis peu
cérébrale, les sujets obèses semblent avoir une diminution des psychothérapeutes. Les mesures diététiques appliquées nécessi-
récepteurs dopaminergiques D2 du striatum, tout comme les tent d’obtenir l’adhésion de l’enfant, mais aussi de toute sa
sujets toxicomanes. Le taux de ces récepteurs chez le sujet obèse famille. Parmi ces mesures diététiques, on retrouve fréquem-
est inversement proportionnel à l’IMC, suggérant ainsi le rôle de ment :
la dopamine dans la prise alimentaire compulsive. Des anoma- • augmenter les apports réalisés par le petit-déjeuner, ce qui
lies du cortex préfrontal sont également retrouvées en imagerie s’accompagne d’une diminution spontanée des apports
cérébrale chez les sujets obèses et toxicomanes [28]. énergétiques du reste de la journée ;
Établir des parallèles entre obésité et addictions interroge une • obtenir que l’enfant mange plus lentement et donc favoriser
nouvelle fois l’influence de la qualité des interactions dyadiques la consommation d’aliments demandant une mastication ;

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Obésité infantile : aspects cliniques, psychopathologiques et thérapeutiques ¶ 37-201-A-25

• éliminer les fritures et la cuisson grasse, pour laquelle les Cadre thérapeutique
phénomènes de régulation sont inopérants ;
• encourager la consommation d’aliments de faible densité Il importe donc de proposer à l’enfant et à sa famille un
énergétique, comme les soupes qui diminuent spontanément cadre thérapeutique pluridisciplinaire adapté à leur demande et
la prise alimentaire dans la suite du repas ; à leur capacité d’accepter les soins, y compris au-delà des
• ne servir qu’une fois l’enfant ; premiers objectifs pondéraux. Ces soins peuvent ainsi être
• maintenir la consommation de laitages et une alimentation envisagés à temps complet dans des centres dits de moyens
variée... [31] séjours ou de manière ambulatoire avec l’intervention d’une
équipe de pédopsychiatrie de liaison du centre hospitalier ou du
En outre, toutes les prises en charge préconisent fortement la
centre médicopsychologique du secteur. Il convient aux diffé-
réduction de l’inactivité physique et du temps passé devant les
rents professionnels d’articuler les soins entre eux en impliquant
écrans de jeux et de télévision tout en augmentant les activités
le médecin généraliste et/ou le pédiatre avec lesquels l’alliance
sportives. Cela permet une réduction pondérale, de la masse
familiale est le plus souvent de bonne qualité. Enfin, il importe
grasse et des facteurs de risque cardiovasculaire, en particulier si
d’inscrire ces soins dans la durée, car les risques de rechute à
elle est associée à une réduction des apports énergétiques [31].
moyen ou à long terme sont conséquents. Si la perte de poids
initiale est réjouissante, les conflits intrapsychiques et intrafa-
Psychothérapies miliaux ne sont pas tous résolus pour autant, le psychothéra-
peute étant souvent confronté dans cette pathologie à des
Les thérapies proposées sont diverses. Les techniques cogniti- résistances particulièrement tenaces.
vocomportementales sont notamment utilisées dans les centres
de moyens séjours pour enfants obèses. Elles visent à modifier
les comportements dans les domaines de l’alimentation et de
l’exercice physique, mais aussi à améliorer l’estime de soi de ■ Conclusion
l’enfant ou de l’adolescent obèse. Elles sont le plus souvent
L’obésité de l’enfant apparaît donc comme une pathologie à
proposées en groupe. Les principales techniques employées sont caractère complexe, pouvant s’apparenter aux pathologies
celles de l’autocontrôle du comportement alimentaire, de la addictives et pour laquelle de simples mesures diététiques ne
démarche de résolution de problèmes, de la restructuration semblent pas pouvoir « faire le poids ». L’intérêt porté à nos
cognitive, de la relaxation et de l’affirmation de soi. Un carnet jeunes patients en surcharge pondérale implique donc nécessai-
alimentaire d’auto-observation journalière peut ainsi être rement une observation clinique et psychopathologique minu-
proposé. Il a pour objectif une certaine prise de conscience des tieuse et prudente à la fois du patient et de son système
prises alimentaires en qualité et surtout en quantité, le degré de familial, dans une perspective à long terme. Pour autant, serons-
restriction alimentaire, les sensations d’absence de contrôle, et nous de taille à endiguer ce phénomène de société de plus en
les événements et situations en rapport avec cette absence de plus envahissant qu’est l’obésité ? L’avenir nous le dira...
contrôle. Certaines thérapies comportementales s’adressent à
l’ensemble de la famille avec pour objectif de modifier le style
de vie et le microenvironnement à la maison ainsi qu’à renfor-
cer le rôle éducatif parental. La thérapie vise en particulier à .

modifier la qualité de l’alimentation et la taille des portions, les


modes de déplacement, et les activités de loisirs et sportives de ■ Références
la famille.
[1] Obésité-dépistage et prévention chez l’enfant. Expertise collective
D’autres psychothérapeutes proposent une prise en charge
Inserm. Paris: Édition Inserm; 2000.
familiale soit sous forme de thérapie systémique, soit dans le [2] ANAES. Recommandations pour la prise en charge de l’obésité de
cadre d’une thérapie familiale psychanalytique. Dans le premier l’enfant et de l’adolescent, 2003.
cas, le thérapeute porte alors son attention et son action non [3] Allison DB, Faith MS, Nathan JS. Risch’s lambda values for human
pas sur le contenu du symptôme, mais sur sa fonction au sein obesity. Int J Obes Relat Metab Disord 1996;20:990-9.
du système familial, notamment lorsque la famille se montre [4] Stunkard AJ, Sorensen TI, Hanis C, Teasdale TW, Chakraborty R. An
particulièrement résistante au changement qui menace adoption study of human obesity. N Engl J Med 1986;314:193-8.
l’homéostasie acquise. Il s’agit donc d’un accompagnement [5] Comuzzie AG, Blangero J, Mahaney MC, Haffner SM, Mitchell BD.
prudent, sur le long terme, qui permet de réinterroger les Genetic and environmental correlations among hormone levels and
relations intrafamiliales sans modifier brutalement pour autant measures of body fat accumulation and topography. J Clin Endocrinol
l’équilibre originel du système. Dans le second cas, l’exploration Metab 1996;81:597-600.
des dynamiques inconscientes de chacun des membres de la [6] Whitaker RC, Wright JA, Pepe MS, Seidel KD, Dietz WH. Predicting
famille et des effets de groupe qui en résultent est également obesity in young adulthood from childhood and parental obesity. N
Engl J Med 1997;337:869-73.
pris en considération.
[7] Maes HH, Neale MC, Eaves LJ. Genetic and environmental factors in
Au niveau corporel, il est possible de proposer à l’enfant ou relative body weight and human adiposity. Behav Genet 1997;27:
à l’adolescent obèse une prise en charge en psychomotricité. Le 325-51.
travail peut alors s’organiser autour d’une dynamisation [8] Roville-Sausse F. Évolution en 20 ans de la corpulence des enfants de 0
corporelle et des temps de relaxation permettant d’explorer à 4 ans issus de l’immigration. Rev Epidemiol Sante Publique 1999;47:
différents états toniques et émotionnels de contraction et de 37-44.
décontraction. Un nouveau dialogue tonicoémotionnel peut dès [9] Lambert JL. A table! La cuisine du statisticien. In: La cité des chiffres.
lors se mettre en place, permettant de modifier et de restructu- Autrement Sci soc 1992;5:77-85.
rer l’image du corps et l’image du soi. [10] Tounian P. Risques à l’âge-adulte associé à l’obésité de l’enfant. In:
Enfin, une prise en charge en psychothérapie individuelle Tounian P, editor. L’obésité de l’enfant. Paris: John Libbey Eurotext;
peut être proposée à l’enfant ou à l’adolescent obèse. Il peut 2006. p. 177-81.
s’agir d’une psychothérapie de soutien ou d’une psychothérapie [11] ClancierA, Kalmanovitch J. Le paradoxe de Winnicott : de la naissance
à la création. Paris: In Press éditions; 1999.
plus élaborée visant à permettre au jeune patient de faire
[12] Freud S. Esquisse pour une psychologie scientifique, 1895. In: La nais-
accéder à sa conscience des conflits psychiques se traduisant sance de la psychanalyse. Paris: PUF; 1956.
jusque-là par le symptôme obésité. Il peut ainsi prendre [13] Bowlby J. Attachement et perte. In: L’attachement. Paris: PUF; 1978.
progressivement conscience de la signification de sa faim [14] Klein M. Envie et gratitude. Paris: Gallimard; 1968.
insatiable, de son apathie, de son évitement des activités [15] Pierrehumbert B, Nicole A, Muller-Nix C, Forcada-Guex M,
physiques. En acceptant ses pulsions plus actives, voire agressi- Ansermet F. Parental post-traumatic reactions after premature birth:
ves, il a progressivement accès à des satisfactions plus élaborées implications for sleeping and eating problems in the infant. Arch Dis
et plus gratifiantes. Child Fetal Neonatal 2003;88:400-4.

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37-201-A-25 ¶ Obésité infantile : aspects cliniques, psychopathologiques et thérapeutiques

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1984. l’enfant. Med Infant (Paris) 1972;74:309-26.
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Les écrits de Martha Harris et Esther Bick. Paris: éditions du Hublot; [26] Soule M. Conflits dynamiques de la psychologie et de la thérapeutique
1998. de l’enfant obèse. Med Infant (Paris) 1972;74:329-35.
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Brain Res Mol Brain Res 2005;135:150-61.
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Robert JJ, et al. Obésité de l’enfant et de l’adolescent : troubles mentaux [28] Volkow ND, Wise RA. How can drug addiction help us understand
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Fuerch JH, et al. A randomized trial of the effects of reducing television [30] Tounian P. L’obésité de l’enfant. Paris: John Libbey Eurotext; 2007.
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Pediatr Adolesc Med 2008;162:239-45. favorisants, prise en charge. Nutr Clin Metab 2001;15:202-11.

G. Kechid.
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Pr P. Delion), CHU, 2, avenue Oscar-Lambert, 59037 Lille, France.
J.-L. Goeb.
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Pr P. Delion), CHU, 2, avenue Oscar-Lambert, 59037 Lille, France.
CNRS, UMR8160, Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, université de Lille 2, 42, rue Paul-Duez, 59800 Lille, France.
V. Lemaître.
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Pr P. Delion), CHU, 2, avenue Oscar-Lambert, 59037 Lille, France.
R. Jardri.
P. Delion (pierre.delion@chru-lille.fr).
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Pr P. Delion), CHU, 2, avenue Oscar-Lambert, 59037 Lille, France.
CNRS, UMR8160, Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, université de Lille 2, 42, rue Paul-Duez, 59800 Lille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Kechid G., Goeb J.-L., Lemaître V., Jardri R., Delion P. Obésité infantile : aspects cliniques,
psychopathologiques et thérapeutiques. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Psychiatrie/Pédopsychiatrie, 37-201-A-25, 2010.

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