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RÉSUMÉ
Initié en 1804, l'Empire napoléonien s'effondre après la défaite militaire de Waterloo et l'abdication définitive
de Napoléon en 1815. Les monarques vainqueurs reconfigurent l'Europe à leur avantage au cours du
congrès de Vienne de 1815. Entre 1814 et 1848, la France renoue avec la monarchie constitutionnelle qui
repose sur une Charte : c'est la « Restauration ». Après les règnes de Louis XVIII et Charles X qui limitent les
libertés, la révolution de juillet 1830 porte au pouvoir Louis-Philippe Ier qui instaure la « monarchie de Juillet ».
En février 1848, les tensions politiques et sociales provoquent une nouvelle révolution qui restaure la
république. Durant la première moitié du XIXe siècle, « l'Europe des rois » est contestée par « l'Europe des
peuples ». Inspirés par la Révolution française, les mouvements libéraux et nationaux agitent l'Europe.
Comment les tensions politiques en France et en Europe évoluent-elles entre 1814 et 1848 ?
I
La restauration de la monarchie à partir de 1815 et le
congrès de Vienne
Les armées coalisées russes, prussiennes et autrichiennes passent à l'offensive en janvier 1814 et
envahissent Paris. Napoléon abdique à Fontainebleau le 6 avril 1814 : c'est la fin du Premier Empire.
Napoléon est condamné à l'exil sur l'île d'Elbe en Méditerranée. La monarchie est alors rétablie en France :
c'est la Restauration. Un congrès a lieu, entre les grandes puissances européennes, le congrès de Vienne. Il
a pour but de rétablir l'ordre en Europe et particulièrement en France, après la Révolution française et
l'Empire. Ce nouvel ordre européen a pour but de garantir la paix après les guerres napoléoniennes et
d'empêcher les révolutions.
A Le rétablissement de la monarchie
Les monarques européens prennent en main l'avenir politique de la France. Selon eux, la légitimité du
pouvoir n'appartient pas au peuple mais à une famille de souverains. Ils imposent le rétablissement de la
dynastie des Bourbons : le frère de Louis XVI, le comte de Provence, en exil depuis 1791, est rétabli sur le
trône. Napoléon tente un retour, que l'on appelle les Cent-Jours, entre mars et juin 1815, mais il est de
nouveau vaincu à Waterloo le 18 juin.
Dès l'abdication de Napoléon Ier, le 6 avril 1814, Louis XVIII, frère de Louis XVI, devient roi de France. Avec
cette décision, les monarques européens envoient un message fort au peuple français et à tous les peuples
d'Europe : la période révolutionnaire ouverte en 1789 est définitivement terminée.
Le processus de restauration monarchique est interrompu au cours d'une parenthèse de « Cent-Jours » entre
mars et juin 1815 : pendant un peu plus de 3 mois, Napoléon reprend les rênes du pouvoir. Il quitte
secrètement l'île d'Elbe et, avec 800 soldats, débarque en Provence en mars 1815. Soutenu par une partie des
Français qui refuse l'occupation étrangère, il parvient à rallier les soldats venus l'arrêter et remonte vers Paris :
c'est « le vol de l'aigle ». Le 20 mars 1815, il entre à Paris et provoque la fuite de Louis XVIII. Les monarchies
européennes lui déclarent la guerre et l'armée napoléonienne est vaincue à Waterloo le 18 juin 1815. Pour la
seconde fois, Napoléon abdique. Il est de nouveau condamné à l'exil mais cette fois-ci beaucoup plus loin, sur
l'île de Sainte-Hélène, au large de l'Afrique, dans l'océan Atlantique, où il meurt en 1821.
B Le congrès de Vienne
En 1815, la Sainte-Alliance par laquelle l'Autriche, la Prusse et la Russie s'engagent à « se prêter assistance,
aide et secours en toute occasion » : il s'agit d'une alliance destinée à restaurer et à maintenir une Europe
monarchique et chrétienne.
La Quadruple-Alliance est scellée la même année entre l'Autriche, la Prusse, la Russie et le Royaume-Uni qui
s'engagent à se réunir régulièrement pour empêcher le développement des mouvements nationaux et
libéraux. En 1820, les membres de cette Quadruple-Alliance s'accordent un droit d'ingérence : elles
s'autorisent à intervenir militairement en dehors de leur zone d'influence. L'alliance s'élargit en 1818 lorsque
la France l'intègre : c'est « la Quintuple-Alliance ». Ils inventent une nouvelle forme de gouvernance
multilatérale : ils gèrent l'Europe ensemble, par la concertation et sans entrer en conflit. Ils préservent un
équilibre des puissances qui sert leur principal intérêt : conserver le pouvoir et empêcher le réveil de la
révolution.
II
La Restauration en France de 1814 à 1830
Entre 1814 et 1830, la France entre dans sa période de Restauration. Il faut faire oublier la Révolution
française. Louis XVIII met en place une monarchie constitutionnelle, conscient qu'un retour à la monarchie
absolue ne serait pas accepté, qui repose sur une charte. Les clivages politiques sont importants sous la
Restauration, et à la mort de Louis XVIII, son successeur Charles X rejette l'héritage révolutionnaire et
impose le retour à une monarchie absolue.
Louis XVIII est conscient de l'attachement des Français aux principes révolutionnaires. Beaucoup de Français
se sont habitués aux droits et aux libertés acquises grâce à la Révolution. Louis XVIII souhaite réconcilier les
Français en tentant un compromis entre monarchie et révolution. Le 4 juin 1814, un texte définit la nouvelle
organisation des pouvoirs. Cette charte met en place une monarchie constitutionnelle. Le principe de la
séparation des pouvoirs est appliqué :
La question du suffrage est essentielle pour comprendre la nature du régime politique. La Charte de 1814 est
un compromis car les Français peuvent bel et bien participer à la vie politique par le vote, mais le suffrage
censitaire est préféré au suffrage universel.
Le régime politique qui naît en 1814 a l'aspect d'une monarchie constitutionnelle mais ni la séparation des
pouvoirs ni la souveraineté nationale ne sont réellement appliquées. Le projet de réconciliation nationale est
rapidement contesté : Louis XVIII est critiqué par les bourgeois et par le peuple. Malgré la censure, les
caricatures du « roi obèse » circulent.
Après une période de libéralisation mise en œuvre par le chef du gouvernement Louis Decazes, l'année 1820
marque le tournant réactionnaire de la Restauration. Le 14 février 1820, le duc de Berry, neveu et héritier de
Louis XVIII, est assassiné par l'ouvrier libéral antimonarchiste Louvel. Les ultra-royalistes instrumentalisent cet
événement pour faire prendre un virage nettement plus conservateur et réactionnaire au régime :
En septembre 1824, la mort de Louis XVIII accélère le retour à l'absolutisme : c'est Charles X qui lui succède.
C Le règne de Charles X
Membre de la dynastie des Bourbons, frère de Louis XVI et de Louis XVIII, Charles X rejette totalement
l'héritage révolutionnaire :
Dès son arrivée au pouvoir, il modifie la Charte de 1814 : le roi est désormais déclaré « inviolable et sacré ».
Le 29 mai 1825, il renoue avec une cérémonie que la France n'a pas connue depuis 1775 : il se fait roi dans la
cathédrale de Reims.
Le message envoyé au peuple est clair : c'est le retour, sans compromis, de la monarchie absolue de droit
divin. Majoritaires à la Chambre, les députés ultra-royalistes détricotent l'héritage révolutionnaire. De 1824 à
1830, ils votent de nombreuses lois réactionnaires :
III
La monarchie de Juillet en France de 1830 à 1848
La politique de Charles X est tout de suite mal perçue par l'opinion publique et des insurrections ont lieu.
Charles X abdique et c'est Louis-Philippe qui prend sa place. Il instaure la monarchie de Juillet de 1830 à
1848. C'est une monarchie constitutionnelle qui repose sur une charte, avec de nouvelles institutions.
L'instabilité sociale et politique perdure néanmoins durant tout le régime. De nouvelles insurrections
poussent Louis-Philippe à abdiquer et la IIe République est proclamée le 24 février 1848.
Louis Philippe donne l'accolade au duc d'Orléans au balcon de l'hôtel de ville de Paris, Anonyme, 1830.
Domaine public, © Wikimedia Commons
B Le règne de Louis-Philippe
L'établissement de la monarchie constitutionnelle repose sur une nouvelle charte, la Charte de 1830, et de
nouvelles institutions dans lesquelles le pouvoir est partagé entre le roi et les députés qui représentent la
nation.
Louis-Philippe fait diffuser dans tout le royaume des portraits officiels où il est représenté en « roi-citoyen »,
vêtu d'un uniforme militaire tricolore bardé de médailles et la main appuyée sur la Charte de 1830 sur laquelle
il prête serment. Les attributs royaux sont invisibles ou très discrets. Le message semble clair : le roi descend
de son trône pour se rapprocher de la nation.
La nouvelle charte établit une monarchie constitutionnelle avec la séparation des pouvoirs :
Dans les messages qu'il adresse aux villes du royaume en 1831, Louis-Philippe résume lui-même la monarchie
de Juillet par cette formule : « Nous chercherons à nous tenir dans un juste milieu, à la fois éloigné des excès
du pouvoir populaire (la république) et des abus du pouvoir royal (la monarchie absolue). »
1. L'instabilité politique
Sous la monarchie de Juillet, la vie politique est rythmée par l'opposition entre les nombreux partis qui ont
des programmes politiques et sociaux radicalement différents. Pour gouverner, tous cherchent à
convaincre les électeurs afin d'obtenir le plus de députés possible. Cette instabilité politique mène à de la
violence et notamment à un attentat contre Louis-Philippe qui durcit alors le régime. Le chef de file de
l'opposition bonapartiste, Louis-Napoléon Bonaparte, tente deux coups d'État.
Le régime de la monarchie de Juillet dure 18 ans, mais 13 gouvernements se succèdent entre 1830 et 1840,
soit en moyenne un gouvernement tous les 8 mois. Cette instabilité est une conséquence du régime
parlementaire. Le jeu des alliances éphémères entre les députés des différents partis politiques fragilise les
gouvernements. Puisque le gouvernement a besoin du soutien des députés, l'absence de majorité nette et
stable au Parlement crée de l'instabilité. Louis-Philippe accentue cette instabilité puisqu'il dissout sept fois la
Chambre des députés. C'est pour le roi un moyen de fragiliser le Parlement et de peser davantage sur la vie
politique.
Cette « valse des gouvernements » décrédibilise le régime aux yeux du peuple qui dénonce la corruption des
députés.
Les rivalités politiques débouchent aussi parfois sur des actes terroristes. C'est le cas le 28 juillet 1835,
lorsqu'à l'occasion d'un défilé militaire, le corse Giuseppe Fieschi, aidé par un militant républicain, déclenche
une fusillade au passage du cortège royal. Le roi survit à cet attentat et décide de faire prendre un virage
autoritaire au régime. En septembre 1835, le gouvernement fait voter une série de lois répressives :
Accusée de troubler l'ordre public, la presse est censurée et toutes les caricatures politiques sont interdites,
notamment celles qui représentent Louis-Philippe se transformant en poire.
La liberté de réunion est limitée afin d'empêcher les opposants au régime, et notamment les républicains, de
se réunir pour déclencher une insurrection.
Selon les journaux républicains, la monarchie de Juillet est un « régime qui ne sait répondre à la misère que par
des coups de fusil ». Face à ces contestations, la monarchie de Juillet choisit l'intransigeance et s'enferme
dans le conservatisme politique et l'immobilisme social. À partir de 1840, Louis-Philippe confie le
gouvernement à François Guizot qui défend une vision conservatrice du régime :
Politiquement, il reste sourd aux classes moyennes qui réclament une modification du code électoral qui leur
permettrait de voter.
Socialement, il reste aveugle à la misère des prolétaires qui prend des proportions dramatiques dans la
capitale.
L'impopularité du régime est déjà élevée lorsque la crise économique frappe la France à partir de 1846. Les
mauvaises récoltes et le ralentissement de la production dans l'industrie textile et la métallurgie font exploser
le chômage.
En 1848, sous le gouvernement Guizot, des manifestations et des insurrections ont lieu : le 22 février 1848,
ouvriers et étudiants parisiens se regroupent sur la place de la Concorde et ils entonnent La Marseillaise
devant la Chambre des députés. Le 23 février, les manifestants sont rejoints par des soldats de la Garde
nationale. Louis-Philippe pense calmer les esprits en renvoyant Guizot mais l'insurrection redouble et les
troupes tirent sur le peuple. Le 24 février, Paris se couvre de barricades et les insurgés assiègent le palais des
Tuileries. Louis-Philippe abdique, les révolutionnaires envahissent l'Assemblée où ils déclarent l'abolition de la
monarchie et la IIe République est immédiatement proclamée à l'Hôtel de Ville.
IV
Les mouvements libéraux et nationaux en Europe de 1815
à 1848
L'ordre monarchique rétablit au congrès de Vienne rencontre rapidement une opposition. Après 25 ans
d'influence française, les idéaux politiques et sociaux de 1789 ont circulé et se sont imprégnés dans les
sociétés européennes. Ainsi, la Restauration est rapidement contestée par les mouvements libéraux puis
nationaux.
Dans plusieurs royaumes allemands comme la Bavière et le Bade, les insurgés libéraux imposent aux
souverains des constitutions.
En Italie, les Carbonari (« charbonniers » en français) organisent des révoltes à Turin et Naples.
En Espagne, le roi doit renoncer à l'absolutisme et accepter une constitution qui limite ses pouvoirs.
En Russie, les « décabristes », jeunes officiers admirant la Révolution française, se soulèvent pour forcer le
tsar à accepter des réformes libérales.
Le bilan de cette première vague d'insurrections libérales des années 1820 est négatif. Elles échouent toutes
face à la répression militaire que les monarques coordonnent au cours des réunions de la Sainte-Alliance. En
représailles, les monarques limitent encore davantage les libertés :
Le roi de Prusse, l'empereur d'Autriche et le tsar de Russie rétablissent les droits des seigneurs sur les
paysans.
Dans les États allemands de la Confédération germanique placés sous le contrôle de l'Autriche, Metternich
impose le contrôle des enseignants et la censure de la presse. Les chefs de file libéraux sont étroitement
surveillés puis traqués par la police. Beaucoup d'entre eux s'exilent à Londres ou Paris pour continuer la lutte.
Dans ces États multinationaux, la cohabitation des cultures devient difficile. Se considérant différents, ces
peuples développent un sentiment national au nom duquel ils réclament leur indépendance en tant que nation
souveraine.
Au sein de la Confédération germanique composée d'une mosaïque de cultures placées sous le contrôle de
la Prusse et de l'Autriche, les Allemands appellent à l'unification des peuples de langue germanique. Une
association d'étudiants baptisée la Burschenschaft (« fraternité » en allemand) multiplie les actions pour
défendre les idéaux libéraux et nationaux.
En 1817, les Burschenschtaften (« frères ») de Thuringe, arborant leurs couleurs noir, rouge et or, organisent
la fête de la Wartburg au cours de laquelle ils brûlent le texte du congrès de Vienne. Ils sont soutenus par des
intellectuels qui mettent leurs talents au service de l'unification allemande comme l'auteur romantique
Goethe notamment connu pour la pièce de théâtre dans laquelle le docteur Faust signe un pacte avec le
diable.
Cependant, entre 1820 et 1821, toutes les insurrections se soldent par un échec. Dans les années 1820, le
seul mouvement national qui parvient à son but est celui qui se développe en Grèce.