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13-17)
Pour l’essentiel on s’est rendu compte que les projets isolés sont inefficaces et qu’il n’existe pas de
solutions basées sur un seul facteur: il faut toujours appréhender le système tout entier. Et il faut
toujours le faire de façon participative, avec les partenaires locaux mais aussi avec les parents.
L’éducation est un secteur qui est encouragé depuis le début de la coopération au développement.
Initialement la priorité a été accordée à la promotion de l’enseignement supérieur et de la formation
professionnelle, l’éducation de base ayant été intégrée de façon marginale. Pendant longtemps
l’enseignement secondaire a été appuyé par l’envoi d’enseignants des anciennes puissances
coloniales.
Les banques multilatérales de développement ont commencé, grosso modo, au même moment. Le
premier rapport de la Banque Mondiale sur l’éducation de base date de 19651). Les banques ont
donc amassé elles aussi une précieuse somme d’expériences.
Cet article tente de faire le point des principales expériences, tant positives que négatives, de
manière à voir quels enseignements nous pouvons en tirer pour la future coopération au
développement dans le secteur de l’éducation. Il se base principalement sur les expériences de la
GTZ et de la KfW, mais inclut aussi les expériences des banques multilatérales et s’appuie tout
spécialement, pour ce qui est des sources individuelles, sur les évaluations de projets du BMZ2)
dans l’éducation de base et sur le rapport d’Oxfam3 ) sur l’éducation.
Les approches
La promotion de l’éducation est assurée par la coopération financière, la coopération technique et
l’envoi de personnel. Les églises et les organisations non gouvernementales (ONG) sont elles aussi
actives dans la promotion de l’éducation. Beaucoup de projets et de programmes associent la
coopération financière et la coopération technique, parfois même l’envoi de personnel via le CIM et
le DED. Les approches sectorielles (Sector Wide Approach, SWAp) et les programmes
d’investissements sectoriels (PIS) représentent pour l’avenir des formes d’action qui n’existent
encore qu’à l’état d’ébauche. La tendance internationale consiste à s’écarter du petit projet isolé, à
caractère modèle, pour aller vers une application nationale, ou au moins régionale, de l’approche
sectorielle, laquelle s’attaque de manière combinée aux principaux problèmes du secteur de
l’éducation de base.
La promotion de l’éducation se déroule à différents niveaux et dans différents domaines. Les plus
importants sont les suivants:
La promotion de l’éducation de base peut tirer profit de toute une série d’expériences générales. Les
organisation exécutantes comme les organisations partenaires nationales ont appris ce qui suit:
1. Eviter les projets pilotes: les petits projets limités dans l’espace, et à plus forte raison les projets
modèles, sont peu judicieux dans la mesure où les systèmes d’éducation ont toujours une portée
nationale. Les améliorations limitées dans l’espace n’influent que très rarement sur l’ensemble du
système. Lorsqu’elles sont une réussite technico-pédagogique, elles accroissent même les inégalités
sociales puisque très peu d’élèves seulement en profitent. Bien souvent les projets pilotes ou
modèles sont néanmoins nécessaires dans les innovations pédagogiques. Dès le début toutefois ils
doivent être conçus dans la perspective d’une généralisation au système éducatif tout entier. Un
exemple issu de la coopération technique est fourni par l’élaboration, depuis 1976, d’un programme
scolaire complet pour l’éducation de base en quechua et en aymara au Pérou. Il a d’abord été
appliqué dans une région pilote du département de Puno avant d’être étendu progressivement à
d’autres régions parlant les mêmes langues.
Des expériences similaires ont été faites au Rwanda dans l’amélioration de l’enseignement des
matières concernant la vie pratique. Dans les années 80, les partenaires rwandais avaient insisté sur
leur seul besoin d’équipements. Après avoir eux-mêmes constaté que ces équipements n’étaient pas
utilisés, ils ont donné leur accord au perfectionnement des instituteurs à titre de mesure
complémentaire.
L’éducation informelle n’est pas une alternative à l’enseignement scolaire4 . Elle peut compléter la
scolarité en donnant une deuxième chance à certains groupes cibles (jeunes ou adultes qui n’ont
jamais été scolarisés, jeunes qui ont quitté prématurément l’école, enfants qui travaillent), mais elle
doit alors avoir un rapport clairement défini avec l’enseignement formel pour qu’il soit possible
d’établir des passerelles entre les deux et de passer des examens officiellement reconnus.
Les expériences faites avec les grands programmes d’alphabétisation sont elles aussi dégrisantes.
C’est ainsi que sur 94 centres d’alphabétisation attendus en Inde, moins de 10 seulement
fonctionnaient5 ). La coopération allemande au développement a fait de bonnes expériences dans
l’éducation fonctionnelle et ciblée des adultes, par exemple l’alphabétisation d’ouvriers de
l’industrie en Egypte, de femmes réfugiées afghanes avec perfectionnement en matière de santé
familiale, de femmes rurales au Sénégal en liaison avec des programmes générateurs de revenu, ou
d’élus communaux ruraux initiés aux rudiments de leur nouvelle fonction.
La coopération allemande au développement a acquis dans ce domaine une solide renommée. Elle a
été et elle reste active en Amérique latine (Pérou, Bolivie, Equateur, Guatemala), de même qu’en
Afrique subsaharienne (Ghana, Madagascar, Mali, Mozambique, Namibie, Niger, Sénégal, Tchad)
et en Asie (Pakistan, Sri Lanka). Elle joue sur ce terrain un rôle dirigeant à l’échelon mondial.
10. Seule la participation à tous les niveaux engendre une identification et une responsabilité
propre. Le succès des programmes d’appui voit son efficacité accrue par une intégration dans des
stratégies sectorielles et des stratégies nationales de développement cohérentes, élaborées et
appliquées conjointement par les pays partenaires et la communauté de donateurs. Le futur
développement de l’éducation de base doit être activé par des stratégies sectorielles définies par
chaque pays et conformes à ses priorités.
Rien n’est plus difficile que d’élaborer des stratégies, un travail dominé la plupart du temps par des
experts. Au Yémen il a été possible, avec l’aide de la coopération technique, d’initier, d’encadrer et
d’accompagner un processus hautement participatif. La participation de fonctionnaires de
l’éducation et de représentants de la société civile est un phénomène encore inhabituel. Le Yémen
ne fait pas exception à cette règle. L’approche innovatrice n’a pas seulement produit des résultats
extrêmement intéressants qui sont à présent analysés et complétés par des experts avérés, elle a
aussi engendré chez les décideurs du ministère de l’éducation et dans la société civile un haut degré
d’identification.
Conclusions
Sous quelles formes ces expériences peuvent-elles être exploitées? Une chose est sûre: le temps des
projets isolés, petits ou grands, arrive à son terme. L’élaboration de programmes est en cours; dans
le seul secteur de l’éducation de base la coopération allemande au développement table pour l’année
prochaine sur huit programmes, beaucoup d’entre eux étant des projets de coopération entre
coopération technique et coopération financière. A l’avenir la tendance sera à l’intégration de la
coopération bilatérale dans des programmes de développement sectoriels nationaux, conjointement
avec d’autres donateurs. Les réflexions théoriques de même que les propositions d’ordre
méthodologique et les instruments sont en chantier.
Les approches expérimentales, qui ont souvent été au centre de projets, ne devraient plus être
pratiquées qu’à des fins de démonstration, ce pour quoi elles sont indispensables. Les approches
éprouvées ailleurs doivent également faire la preuve de leur faisabilité dans des conditions
différentes.
Les grands programmes sectoriels bilatéraux et multilatéraux s’articulent fréquemment autour d’une
combinaison de tous les instruments de la coopération financière, de la coopération technique et de
l’envoi de personnel.
Les discussions menées dans le cadre du processus du G8 ont mis en relief l’importance d’une
promotion fiable et à long terme. Les décisions de la Banque Mondiale et son initiative «fast-track
countries» (promotion rapide de plans décennaux de développement homologués) vont dans cette
direction. Pour cela les pays ont besoin d’engagements de financement fiables. La tendance à
l’abandon des crédits de développement de très courte durée (trois à quatre ans dans les banques
multilatérales) est une reconnaissance de la réalité. Le conseil politique et l’évolution
organisationnelle demandent beaucoup de temps, entre autres parce que les gens doivent modifier
durablement leur comportement. L’expérience faite jusqu’à présent avec les SWAps laisse présager
des phases de planification de cinq à sept ans. Il importe de les raccourcir.
Dans ses grandes lignes comme dans ses détails la planification de vastes programmes de
développement de l’éducation doit prendre en compte les expériences existantes. Il y a ici un urgent
besoin d’une «gestion du savoir». Le savoir accumulé ne fait l’objet d’aucune mise à jour
systématique et n’est pas facilement accessible. Le rapport d’Oxfam marque ici un début et s’appuie
sur des sources très étendues. Cela ne suffit toutefois pas. Il convient d’exploiter tout le potentiel
des nouveaux médias pour mettre à la disposition des décideurs et des planificateurs les expériences
centrales dans leurs variantes locales.
La plupart des innovations internationales dans l’éducation de base sont déjà intégrées sous une
forme ou sous une autre dans la coopération allemande au développement. Afin d’intensifier l’appui
à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication comme
innovation stratégique dans le secteur de l’éducation, une offre d’assistance-conseil sera
prochainement préparée.
En matière de conseil les futurs besoins se situent selon nous dans les domaines suivants: gestion du
secteur de l’éducation, planification financière des systèmes d’éducation, pédagogie pré-scolaire,
enseignement dans des écoles faiblement subdivisées (où le même maître enseigne à plusieurs
classes d’âge) et thèmes transversaux comme éducation et droits de l’homme, éducation et
promotion de la démocratie.
Après avoir évalué des activités pilotes dans des écoles modèles de certains pays en voie de
développement de l’Asie (le Népal, le Laos et le Cambodge), un ensemble d’orientations destinées
aux décideurs sera développé, afin de promouvoir une plus grande participation des filles à
l’enseignement technique et professionnel (ETP).
a. accroître l’accès des filles des pays en voie de développement aux programmes de formation
pratique et pédagogique, afin de leur garantir l’accès à des professions où les femmes sont
traditionnellement sous-représentées;
b. aider les responsables pédagogiques, les planificateurs et les professeurs à adopter
effectivement des mesures, des matériels pédagogiques et des programmes novateurs, afin
d’associer les filles aux domaines scientifiques et techniques, dans certaines écoles modèles
des trois pays choisis;
c. fournir aux décideurs des orientations en vue de mieux promouvoir la participation des filles
à un enseignement professionnel, technique et scientifique, fondé sur l’expérience de ces
écoles modèles via un monitorat rapproché et des études comparées sous la responsabilité de
spécialistes.
Ce projet est censé influer non seulement sur le renforcement des capacités de ceux qui en sont
directement bénéficiaires, notamment les adolescentes scolarisées (de 13 à 17 ans environ) et les
professeurs en activité dans les écoles modèles, mais aussi sur celui des responsables et des
planificateurs pédagogiques ainsi que des décideurs à l’échelle nationale. De plus, bien que la mise
en oeuvre des activités se concentre sur un nombre limité de pays pilotes, les résultats de la
recherche et les orientations politiques issus de l’expérience des écoles modèles devraient aussi
pouvoir servir à différentes parties prenantes (professeurs, décideurs, chercheurs, responsables et
planificateurs pédagogiques) à l’échelle mondiale, notamment dans les pays en voie de
développement.
Le rôle de l’UNESCO est de promouvoir une telle approche participative et de favoriser des
échanges d’idées et d’informations sur les activités novatrices entre différentes parties prenantes et
dans différents pays, à un stade ultérieur du projet.
L’UNESCO est également très intéressée par toutes les initiatives intéressantes encourageant
actuellement la participation des filles à l’ETP, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en
voie de développement.
Herbert Bergmann: planificateur senior pour le secteur «éducation de base» dans le département
Education et Santé de la GTZ. Travaille dans le domaine de l’éducation de base depuis 1974
D+C Dévelopment et Coopération, edité par: InWEnt - Internationale Weiterbildung und Entwicklung gGmbH
Rédaction:
D+C Dévelopment et Coopération, B.P., D-60268 Frankfurt, Allemagne.
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