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SECRET
PROFESSIONNEL
BRUYLANT
BRUXELLES
2 0 0 5
Cet ouvrage sera intégré dans le Répertoire pratique du droit belge,
complément, tome X, après mise à jour lors de sa publication.
ISBN 2-8027-2043-0
D / 2005 / 0023 / 28
© 2005 Etablissements Emile Bruylant, S.A.
Rue de la Régence 67, 1000 Bruxelles.
IMPRIMÉ EN BELGIQUE
AVANT-PROPOS
....
8 INTR0DUCTION HIST0RIQUE
médecins qui entrent dans la maison et sous le toit d' au trui doivent
garder le secret sur bien des choses, même sous la contrainte, quel-
que difficile qu'il soit de se taire sous la douleur). En revanche, dans
ses Philippiques, Cicéron flétrit l' avocat qui trahit la confiance
nécessaire que le client doit à son défenseur. Quant aux Capitulaires
de Charlemagne, elles ne font pas mention de secret professionnel.
5. Ce concept a en réalité franchi une étape supplémentaire gràce
à l'enseignement de l'Eglise catholique. L'inviolabilité du secret de
la confession a été affirmée, dès le IVe siècle, au concile de Carthage,
en même temps que se répandait à cette époque, la pratique de la
confession privée. Très töt, l'Eglise catholique a posé en principe
que les confidences reçues au cours de la confession, devaient
demeurer secrètes. En 1215, le 4e concile de Latran édicta la règle
suivante:
<<Celui qui aura découvert Ie péché ( ... ) reçu par la voie de la confession sera,
par notre ordonnance, non seulement déposé de la dignité sacerdotale, mais encore
enfermé dans un monastère d'étroite observance, pour y faire pénitence Ie reste
de ses jours».
Au XVIe siècle, le concile de Trente confirma le principe du secret
absolu: « Nullo modo debet testimonium ferri, quia hujus modi non
scit ut homo, sed tanquam Dei minister, et majus est vinculum sacra-
menti quo libet hominis praecepto » (En aucun cas un témoignage ne
doit être produit, parce que le prêtre n'agit pas en tant qu'homme,
mais comme ministre de Dieu, et le lien du sacrement est plus fort
que les conventions humaines, Qaest., 70, art. 1 in Corp. ibid). Cet
enseignement est rep ris par Thomas d' Aquin quelques années plus
tard, (Michel ROBIN, <<Le secret professionnel du ministre du culte>>,
Rec. Dall., 1982, chron., p. 221). L'inquisition elle-même, que l'on
sait ne s'être jamais montrée bien délicate sur les moyens de péné-
trer dans les secrets de ceux qu' elle considérait comme des ennemis
de Dieu, tenait pour principe, dans la 1561 e règle de l'Ordre, que
jamais et dans aucun intérêt, le secret de la confession ne pouvait
être violé, (DALLOZ, aîné, Répertoire de législation, de doctrine et de
0
fondre les chirurgiens avec les barbiers, mais on les considéra tou-
jours comme appartenant à une profession inférieure à celle des
médecins jusqu'au décret du 18 août 1792 qui supprima les Univer-
sités, les facultés et les corps savants. Les ordonnances de l'époque
révolutionnaire ne parlent plus de «chirurgien», le terme ayant été
partout remplacé par l' appellation d' officier de santé.
L'ensemble des dispositions prévues par l'édit de Saint-Germain-
en-Laye et les ordonnances de police ont été implicitement abrogées
par le Code pénal de 1810.
nouvelle dans nos lois; sans doute il serait à désirer que la délica-
tesse la rendit inutile; mais combien ne voit-on pas de personnes
dépositaires de secrets dus à leur état, sacrifier leur devoir à la caus-
ticité, se jouer des sujets les plus graves, alimenter la malignité par
des révélations indécentes, des anecdotes scandaleuses, et déverser
ainsi la honte sur les individus en portant désolation dans les
familles. La disposition nouvelle qui a pour objet de prévenir et de
réprimer de pareils abus vous paraîtra, sans doute, un hommage à
la morale et à la justice ... ►> (LocRÉ, op. cit., p. 464).
13. Tels sont les travaux préparatoires de l' article 378 du Code
pénal de 1810; ils sont assurément succincts. Ils montrent en tous
cas clairement que jusqu'alors l'obligation au secret, particulière-
ment de la part des professions médicales qui sont les seules nom -
mément visées par le texte, n' était guère respectée : elle ne ressor-
tissait en tous cas, qu' à la seule conscience morale individuelle. L' on
notera, au passage, que le texte légal est inséré dans le chapitre
relatif aux attentats contre les personnes.
Les travaux préparatoires fournissent l'objet d'une deuxième
constatation, plus importante encore : la protection des personnes
s'efface devant les nécessités du <<salut public ►>, chaque fois que la
loi exige la révélation des secrets confiés à leur dépositaire. Autant
dire que l' obligation au secret professionnel a un caractère relatif,
puisque légalement elle est subordonnée à une obligation plus impé-
rieuse de dénoncer certains faits à l' autorité, en raison de son intérêt
social, dirions-nous aujourd'hui.
14. L' adoption de la législation nouvelle devait logiquement con-
duire, tant en France qu'en Belgique, à un grand nombre de déci-
sions répressives. Or, en Belgique, les seules décisions de jurispru-
dence relatives à la révélation de secrets, sous l'empire des
dispositions du Code pénal de 1810 - qui demeurèrent inchangées
jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi du 8 juin 1867 contenant le
nouveau Code pénal - concernent soit le refus des médecins de
déposer en justice lors de poursuites pénales à la suite d'un duel ou
lors d'une procédure en divorce, soit encore le refus de révéler le
nom de la mère lors de la naissance d'un enfant naturel (respecti-
vement, en cas de duel: corr. Bruxelles, 11 avril 1845, Belg. jud.,
1845, col. 622 et Bruxelles, 23 mai 1845, Belg. jud., 1845, col. 742
ou Pas., 1845, II, p. 307, et la note; voy. également après l'adop-
14 INTR0DUCTION HIST0RIQUE
tion du Code pénal de 1867 : corr. An vers, 4 juin 1880, Pas., 1880,
III, p. 327 et Bruxelles, 8 novembre 1880, Pas., 1881, II, p. 93.; en
cas de divorce: civ. Bruxelles, 27 janvier 1853, Belg. jud, 1853, col.
477; et en cas de déclaration de naissance: cass., 14 nov. 1853, Pas.,
1854, I, p. 10 et les concl. du procureur général LECLERCQ; cass.,
10 juil. 1855, Pas., I, p. 303 et les concl. conf. du 1er avocat général
DELEBECQUE; corr. Dinant, 30 nov. 1886, Pas., 1887, III, p. 198).
Dans chacune de ces circonstances, les médecins ont préféré encou-
rir des amendes plutöt que de déposer en justice.
CHAPITRE I
LE FONDEMENT
DU SECRET PROFESSIONNEL
SECTION 1. - LA THÉORIE
DU FONDEMENT CONTRACTUEL
20. S' appuyant sur la lettre de l' article 378 du Code pénal de
1810 qui utilise l'expression de «personnes dépositaires ... des secrets
qu 'on leur confie », certains auteurs en ont déduit que l' on se trou-
vait en présence d'un contrat de dépöt (Charles Merger, Le secret
professionnel, thèse de la Faculté de droit de Paris, Paris, Chau-
mont, 1895, pp. 17 et s.; Alfred MoREAU, <<De la divulgation des
secrets médicaux>>, in Ann. soc. méd. lég. de Belg., 1892, p. 3; Paul
VERWAEST, Le secret professionnel médical, Giard-Brière et Jouve,
Paris, 1892, pp. 19 et s.).
L'erreur juridique sur laquelle repose cette conception a été mise
en lumière dès la fin du XIXe siècle. Le terme <<dépositaire>> utilisé
par l'article 378 du Code pénal ne revêt pas le sens juridique que
lui donne le Code civil. Le contrat de dépöt civil vise la garde et la
conservation provisoire d'une chose qui doit ensuite être restituée;
en outre, il ne peut avoir pour objet que des choses mobilières.
Enfin, le secret couvre non seulement ce qui a été confié, mais
encore ce que le praticien a simplement surpris ou appris, même à
l'insu de son client.
21. Aussi, certains auteurs ont-ils soutenu que l'obligation au
secret résultait d'un contrat de louage de services ou de mandat,
voire d'un contrat innommé formé entre le médecin et son malade,
entre l'avocat et son client, (voy. André PERRAUD-CHARMANTIER,
Le secret professionnel, ses limites, ses abus, L.G.D.J., Paris, 1926,
p. 227).
Si le contrat de mandat peut expliquer une partie non négligeable
des relations entre l'avocat et son client, il paraît difficile de l'envi-
sager sérieusement pour expliquer les relations de confesseur à péni-
tent, de médecin à malade. En outre, le mandat prend fin en même
temps que l' affaire pour laquelle il avait été confié et, en tous cas,
avec la mort du mandant. Comment expliquer, dès lors, que lepra-
ticien continue à être tenu au secret, même après l' accomplissement
de ses prestations et après la mort de son client? Le contrat aurait
pris fin, mais une de ses obligations subsisterait, dotée d'une vie
prop re et indépendante !
22. La théorie du fondement contractuel traduisait, en vérité, les
conceptions libérales et individualistes de la plus grande partie du
XIXe siècle. Quelle que soit sa désignation juridique, qu'il s' agisse
du dépöt, du mandat, du louage de services ou du contrat
LE FONDEMENT DU SECRET PROFESSIONNEL 19
SECTION 3. - LA THÉORIE
DU FONDEMENT MIXTE OU MORAL
dée non plus sur une convention, mais sur le principe fondamental
de l'inviolabilité de la personne humaine, (René SAVATIER, Jean-
Marie AuBY, Jean SAVATIER et Henri PEQUIGNOT, Traité de droit
médical, Lib. techn., Paris, 1965, n° 8 303 et 304).
Cette idée, quelque séduisante qu'elle puisse être, ne permet pas
d' être généralisée à tous ceux qui sont tenus au secret professionnel
et notamment lorsqu'il s' agit de la préservation de secrets adminis-
tratifs ou économiques. Partant, elle ne peut servir de base à une
théorie générale du secret professionnel.
31. Certains auteurs ont recherché en dehors du système juridi-
que proprement dit un fondement purement moral au secret profes-
sionnel.
Le secret puise dans la dignité de l'homme sa raison d'être, son
explication et ses limites, écrit J. Garniet: il est l'intimité à laquelle
notre civilisation nous donne droit et qu'elle protège en protégeant
le domicile, la correspondance ou la liberté mythique; le secret pro-
fessionnel constitue l'une des garanties de la personne humaine, et
à ce titre il n'est point besoin de lui trouver dans le système juri-
dique un fondement différent. Toute autre notion déforme la vérité
et ne traduit pas la vie (note s/ Paris, 23 octobre 1952, J.C.P., 1952,
Il, n° 7313).
On objecte immédiatement que le secret ne constitue pas unique-
ment une garantie de la personne humaine et qu'il couvre un
domaine infiniment plus.large.
32. La conception du fondement moral du secret professionnel a
été développée en Belgique par Robert Legros qui a constaté, après
Pierre Bouzat, que la protection pénale du secret professionnel met-
tant en jeu des intérêts extrêmement complexes, a un fondement
controversé, alors que la répression de la plupart des infractions que
connaissent les législations pénales modernes, apparaît comme émi-
nemment justifiée (Robert LEGROS, <<Considérations sur le secret
médical, Rev. dr. pén., 1952-1958, p. 859, et spécialt sub 15°; Pierre
BouzAT, <<La protection juridique du secret professionnel en droit
pénal comparé ►>, Rev. sc. crim. et dr. pén. camp., 1950, p. 541).
Le secret lié à l' exercice de la profession, n' est-ce pas une vue
quelque peu étroite, demande Robert Legros. Le respect du secret
n'est-il pas une obligation morale au fondement beaucoup plus
général? Est-ce qu'une confidence d' ami, sous le sceau de l' absolu
LE FONDEMENT DU SECRET PROFESSIONNEL 25
SECTION 4. - LA THÉORIE
DES CONFLITS DE DEVOIRS
SECTION 5. - LA THÉORIE
DES C0NFLITS DE VALEURS
déjà fait dans son arrêt du 3 mai 2000, que <<si le secret profession-
nel, dont la violation est sanctionnée notamment par l 'article 458 du
Code pénal, doit rester la règle lorsque l 'avocat exerce sa mission, cette
règle doit céder lorsqu 'une nécessité l 'impose ou lorsqu 'une valeur
jugée supérieure entre en conflit avec elle » ( voy. le considérant
B.12.3).
55. Le Code pénal de 1810 avait hérité de l' Ancien Régime une
dérogation traditionnelle au secret professionnel, l'obligation de
dénoncer à l' autorité certains faits jugés particulièrement graves.
Ainsi que l' a souligné le conseiller Monzein, on ne peut manquer
42 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
d' être frappé par le choix des mots utilisés par les rédacteurs de
l'article 378 du Code pénal de 1810, dans lequel l'on trouve la for-
mule «hors le cas ou la loi oblige à se porter dénonciateurs>>. Ce der-
nier mot a un sens précis et le caractère péjoratif qui s'y rattache
n'est guère discutable. Le verbe transitif <<dénoncer>>, adopté par le
législateur, va bien au-delà de <<faire savoir>>, <<faire connaître>>,
<<Ïnformer», <<signalen>, <<révéler», ... Dénoncer, c'est livrer, c'est tra-
hir, c'est enfreindre une règle de morale élémentaire, et l'on com-
prend la réticence de ceux qui hésitent ou refusent de se porter
<<dénonciateurs>> (<<Réflexions sur le secret médicah, Dall., 1984,
chron., II, p. 9).
On sait que le Code pénal de 1867 a modifié les termes employés.
56. Que subsiste-t-il dans le droit positif actuel de l' obligation de
dénonciation aux autorités? On trouve deux textes légaux dans le
Code d'instruction criminelle (art. 29 et 30), outre des dispositions
particulières relatives à la déclaration des maladies contagieuses
(voy. infra n° 8 126 et 187) auxquelles se sont ajoutées, plus récem-
ment, celles qui concernent le traitement des malades mentaux
(voy. infra n° 128), les obligations imposées aux détectives privés
(voy. infra n° 429), la protection de la vie privée à l'égard des trai-
tements de données à caractère personnel (voy. infra n° 193) et
l' obligation de dénonciation contenue dans la législation relative à
la répression du blanchiment d' argent et du financement du terro-
risme (voy. infra n° 8 75 et suiv.).
L' article 29 du Code d'instruction criminelle de 1808, toujours en
vigueur, tel qu'il a été modifié par la loi du 10 juillet 1967 pour une
question de forme, énonce : « Toute autorité constituée, tout fonction-
naire ou officier public, qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquerra
la connaissance d 'un crime ou d 'un délit, sera tenu d 'en donner avis
sur-le-champ au procureur du Roi près le tribunal dans le ressort
duquel ce crime ou délit aura été commis ou dans lequel l 'inculpé
pourrait être trouvé, et de transmettre à ce magistrat, tous les rensei-
gnements, procès-verbaux et actes qui y sant relatifs ».
L' article 30 du même Code dispose : «Toute personne qui aura été
témoin d 'un attentat, soit contre la sûreté publique, soit contre la vie
ou la propriété d 'un individu, sera pareillement tenue d 'en donner
avis au procureur du Roi soit du lieu du crime ou délit, soit du lieu
ou l 'inculpé pourra être trouvé».
LES DIFFÉRENTS C0NFLITS DE VALEURS 43
un médecin les blessures qu' avant de mourir une victime lui a infli-
gée en se défendant (<<Le secret professionnel médical», op. cit.,
p. 78).
La cour d'appel de Mons a fait, au stade de la détention préven-
tive, une parfaite application de cette conception le 22 novembre
1996 en considérant que <<le médecin traitant qui informe le procu-
reur du Roi de ce que son patient a commis des attentats à la
pudeur sur un enfant et qui craint que ce dernier ne commette de
nouvelles infractions, viole le secret professionnel, (mais) toutefois,
il est justifié par l'état de nécessité dans lequel il s'est trouvé en vue
d' empêcher que l'inculpé ne réitère les infractions dont il est en
aveux, sur des enfants, ce qui représente un intérêt supérieur à tout
autre dans le cas d'espèce>> (Mons, ch. mis. acc., 22 novembre 1996,
Rev. dr. pén., 1997, p. 575; voy. dans la même affaire, cass.
4 décembre 1996, J.L.M.B., 1997, p. 487). Saisi des poursuites au
fond, le tribunal correctionnel de Charleroi a jugé, le 25 mars 1997,
que «les poursuites menées contre un prévenu fondées sur une vio-
lation du secret professionnel mais dont les circonstances de fait de
la cause révèlent que cette violation s'est limitée au strict nécessaire
pour éviter un mal objectivement inacceptable sont recevables>>
(corr. Charleroi, 25 mars 1997, J.L.M.B., 1997, p. 1167).
Il est effectivement permis de s'interroger sur la hiérarchie de
valeurs telle qu' elle est admise généralement, mais l'idée que le cri-
minel doit pouvoir s' adresser à cel ui qui le soigne en étant certain
de sa discrétion, est à ce point ancrée dans les esprits qu' elle y a le
poids d'un postulat. Ce sentiment dit-on, fait la richesse et la valeur
de notre société et de notre civilisation. Celles-ei doivent-elles cepen-
dant, à peine de déchoir, préférer en toutes circonstances le criminel
à sa victime? L' auteur de ces lignes n'en est personnellement pas
convaincu.
expression qui fit florès: <<Le syndrome des enfants battus>> (voy.
Lucien SLACHMUYDER, << Secret professionnel et protection de la
jeunesse>>, Journ. trib., 1967, p. 529; l'étude de Suzanne ÜSCHINSKY
analysant notamment les travaux et les initiatives successives en
faveur de l'enfance martyre, <<Les enfants battus>>, Journ. trib.,
1980, p. 592; voy. aussi le compte rendu des journées d'études inter-
disciplinaires organisées à Bruxelles, les 11 et 12 mars 1983, sur le
thème <<L'enfant battu ou gravement négligé - Aspects juridiques et
médico-sociaux>>, par Suzanne ÜSCHINSKY et Michèle DEL CARRIL,
Journ. trib., 1983, p. 296; voy. égalt le numéro spécial de la Revue
de droit pénal et de criminologie d'avril 1990, intitulé <<Secret
professionnel», contenant un avant-propos de Henry Bosly, les con-
tributions de Pierre LAMBERT (<<Enfants maltraités et toxicomanes
dans la polémique du secret professionnel»), Georges DEMANET
(<<Secret professionnel et collaboration entre juristes et thérapeutes
dans les secteurs de la toxicomanie et des enfants victimes de mau-
vais traitements >>), Catherine MARNEFFE (<<Secret professionnel et
enfance maltraitée: quand le silence est d'on>), J.-Fr. MAHY (Ce
n'est un secret pour personne: juges et psychiatres collaborateurs ...
en faveur d'un ordre social); voy. égalt N. CoLETTE-BASECQZ, <<Le
secret professionnel face à l'enfance maltraitée», Ann" dr. Louvain,
2002, p. 3). Selon un éditorial de l' Association médicale américaine,
cité lors des débats à l'Assemblée nationale française, le 9 mai 1971,
le drame des enfants battus serait une cause de mortalité infantile
plus fréquente que la leucémie; il serait à l' origine des infirmités
mentales acquises et définitives aussi fréquemment que les accidents
de la circulation et les encéphalites toxiques ou infectieuses réunies
(J.O., Ass. nat., déb. parl., p. 1758). Force est de constater que les
tribunaux ont souvent à connaître de poursuites pour coups et bles-
sures à des enfants; la presse se fait fréquemment l' écho de faits
divers dont la description est parfois atroce, toujours bouleversante.
65. L' Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe recom-
mandait, le 30 septembre 1969, au Conseil des ministres d'inviter les
gouvernements membres à <<prendre les mesures nécessaires en vue
de permettre aux personnes soumises au secret professionnel de
révéler, sur la base de procédures déterminées et de façon compati-
ble avec leurs éthiques professionnelles, les cas de sévices ou de pri-
vations infligés à des mineurs, notamment en édictant à cette fin
des dispositions législatives ou en encourageant l' adoption de dispo-
LES DIFFÉRENTS CONFLITS DE VALEURS 49
67. Pour ten ter de franchir l' obstacle légal du secret profession-
nel, plusieurs propositions de loi ont été déposées au Parlement
(I. VAN DER STRAETE et J. PuT, <<La zone de tension entre le secret
professionnel et la maltraitance des enfants : des initiatives législa-
ti ves en Belgique et aux Pays-Bas ►>, Rev. dr. santé, 2001-2002,
p. 70).
La plus ancienne est celle du député Brimant, déposée le 29 jan-
vier 1976, reprise le 19 octobre 1978 par le sénateur Ryckmans et
visant à compléter l' article 458 du Code pénal en précisant que les
personnes tenues au secret professionnel n' encourent aucune peine
lorsqu'elles informent les autorités judiciaires de sévices ou priva-
tions sur la personne de mineurs de moins de 15 ans (Doe. parl.,
Chambre, sess. 1975-1976, 771-1; Doe. parl., Sénat, sess. 1977-1978,
467-1).
Ensuite, l' ancien ministre de la Justice, Herman Vanderpoorten,
déposa sur le bureau du Sénat, le 29 mars 1980, une proposition
allant plus loin que les propositions précédentes, créant, sur le
modèle hollandais, l'institution de médeeins de eonfianee, à qui les
personnes visées à l' article 458 du Code pénal devaient obligatoire-
ment dénoncer <<les actes de sévices, de privations ou d' abandon
commis sur la personne de mineurs de moins de 16 ans et dont elles
avaient connaissance par l'exercice de leur profession ►>, l'article 458
ne leur étant, dans ce cas, pas applicable (Doe. parl., Sénat, sess.
1979-1980, 421-1). Ainsi, écrivait l'auteur de la proposition de loi,
<<il n'y aurait pas violation du secret professionnel de la part du
médecin ordinaire qui ne ferait que le partager avec un confrère. La
tàche principale des médeeins de eonfianee consisterait à apprécier la
valeur des renseignements reçus. Au cas ou l' enquête révélerait qu'il
y a eu effectivement des mauvais traitements, ils devraient prendre
les mesures nécessaires à la protection de l' enfant et organiser
l' assistance. Au besoin, ils pourraient faire appel au service social du
comité de protection de la jeunesse. Ce n'est que dans l'éventualité
ou toutes ces mesures n' auraient eu aucun résultat que le médeein
de eonfianee pourrait transmettre l' affaire au parquet>>.
Aucune de ces initiatives parlementaires n' a abouti devant le
Parlement. En revanche, un décret de la Communauté flamande du
29 mai 1984 a porté création d'un organisme dénommé «Kind en
Gezin>> (Enfance et famille), en exécution duquel furent créés des
centres de confiance pour enfants maltraités (voy. l'arrêt du Gou-
LES DIFFÉRENTS C0NFLITS DE VALEURS 51
D. - Le témoignage en justice
81. C' est un principe général de notre droit que toute personne
est redevable de son témoignage en justice. Acquitter cette dette est
un devoir de citoyen qui oblige, comme les lois de police et de
sûreté, tous ceux qui habitent sur le territoire, selon les termes de
l' article 3 du Code ei vil. Il en est ainsi non seulement dans les affai-
res pénales, mais également dans les affaires civiles 011 la société,
quoique moins directement intéressée que dans les cas de répression
des infractions, a cependant une mission indispensable à remplir,
celle de rendre à chacun la justice à laquelle il a droit.
La loi, du reste, a consacré ce principe en termes généraux par
des dispositions formelles, tant du Code d'instruction criminelle que
du Code judiciaire, même s'il existe entre elles des nuances qu'il
importe de ne pas perdre de vue.
Lors des travaux préparatoires du Code pénal de 1867, il a été
expressément déclaré par les rapporteurs, à la Chambre des repré-
sentants et au Sénat, que le dépositaire par état ou par profession
des secrets d'autrui, ne peut faire l'objet de poursuites sur la base
de l'article 458 du Code pénal lorsqu'il dépose en justice. <<La révé-
lation du secret cesse d'être punissable dans le cas 011 le médecin,
l' avocat, le prêtre, cités comme témoins et interpellés de dire toute
la vérité, ont révélé le secret à la justice. Ces personnes peuvent
s'abstenir de déposer; elles peuvent invoquer, avant de prêter ser-
ment, l' obligation qui leur incombe de garder le secret qui leur a été
confié en raison de leur état ou de leur profession, et dans l'exercice
de eet état ou de cette profession. Mais lorsque, répondant à l'inter-
62 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
pellation qui leur a été adressée, elles ont révélé des faits dont elles
avaient ainsi acquis la connaissance, elles ne sont pas passibles des
peines portées par l'article 458>> (rapport de M. HAus, cité par
NYPELS, Législation criminelle, op. cit., t. III, n° 182, p. 273).
une amende de cent francs à dix mille francs sans préjudice des dom-
mages-intérêts au profit de la partie». Il s'agit d'amendes civiles qui
ne sont dès lors pas susceptibles d' être augmentées des décimes
additionnels prévus pour les amendes pénales (cass. 26 avril 1974,
Pas., 1974, I, p. 882).
La seule incapacité de témoigner qui subsiste dans le Code judi-
ciaire est celle prévue par l' article 931, al. 2 : elle concerne les des-
cendants qui «ne peuvent être entendus dans les causes oû leurs
ascendants ont des intérêts opposés ». Cette incapacité de témoigner
est prescrite à peine de nullité, aux termes de l' article 961, 1° du
Code judiciaire.
93. L'article 928 dispose que l'amende n'est applicable qu'au
témoin qui refuse de prêter serment ou de déposer, sans motif légi-
time. Si le témoin allègue qu'il existe un motif légitime qui le dis-
pense de prêter serment ou de déposer, le juge statue sur !'incident.
L' article 929 précise qu' «est notamment tenu pour un motif légitime
le secret professionnel dont le témoin est le dépositaire >>. Le législateur
a ainsi expressément sauvegardé le respect du secret professionnel.
Indépendamment du secret professionnel, des raisons morales impé-
rieuses, par exemple la circonstance que le témoin ne pourrait dépo-
ser sans s'accuser d'une infraction, seraient susceptibles d'être admi-
ses (voy. Charles VAN REEPINGHEN, Rapport sur la Réforme
judiciaire, éd. Man. b., 1964, p. 347).
justice n'est pas détourné de son but et est justifié par le caractère
secret des faits sur lesquels il est entendu (cass., 22 mars 1888, Pas.,
1888, 1, p. 129, Journ. trib., 1888, col. 481 et Belg. jud., 1888, col.
465; cass., 17 juill. 1899, Pas., 1899, 1, p. 342; cass., 22 mars 1905,
Pas. 1905, 1, p. 176; cass., 23 juin 1958, Pas., 1958, 1, p. ll80 et
la note; Rev. dr. pén., 1957-1958, p. 1020; Journ. trib., 1957, p. 597,
et la note de Léon Carlier; cass. 30 oct. 1978, Pas. 1979, 1, p. 249;
Journ. trib., 1979, p. 369; cass. 20 mars 1989 - en l'occurrence, il
s' agissait du refus d'une autorité disciplinaire de l' Ordre des méde-
cins de déposer au greffe de la juridiction des documents qu' elle
détenait, Pas., 1989, 1, p. 749, Journ. trib., 1990, p. 194, et la note
de Pierre LAMBERT, << Secret professionnel et dossier disciplinaire>>).
Selon la Cour, le secret n'a <<pour raison d'être que la protection de
cel ui qui est visé par la procédure disciplinaire>>; en l' espèce, l'inté-
ressé avait demandé lui-même que le secret soit levé et ce, dans son
propre intérêt (cass., 17 juin 1992, Journ. trib., 1993, p. 106).
95. Il a été jugé que les personnes visées par l' article 458 du Code
pénal, lorsqu' elles sont appelées à témoigner en justice sont tenues
de comparaître et de faire connaître les circonstances dans lesquelles
le secret est venu à leur connaissance, afin que le tribunal puisse
vérifier si le témoin se trouve dans les conditions de droit et de fait
requises pour se retrancher derrière le secret professionnel (civ.,
Anvers, 22 janv. 1944, Pas., 1945, 111, p. 65, et la note). En outre,
elles ne peuvent refuser de déposer relativement à un fait matériel,
dénué de tout caractère secret, même si ce fait est venu à leur con-
naissance dans l'exercice de leur profession (cass., 23 juin 1958,
Pas., 1958, 1, p. ll80, et la note, Journ. trib., 1958, p. 597, et la
note critique de Léon CARLIER; Rev. dr. pén., 1957-1958, p. 1020;
dans le cas d' espèce, il s' agissait du témoignage d'un médecin sur la
présence anormale de deux compresses dans !'abdomen de la cliente,
fait considéré par la cour d' appel comme <<accident>> et << en soi
étranger» à toute affection de la maladie et ne présentant comme tel
aucun caractère de nature à <<faire souhaiter la discrétion ni dans
l'intérêt de la patiente, ni dans celui de la profession médicale>>).
96. En ce qui concerne le témoignage en matière civile, l' article
926 du Code judiciaire énonce expressément qui si le témoin allègue
qu'il existe un motif légitime qui le dispense de témoigner, le juge
statue sur !'incident.
70 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
lui-même, soit dans son honneur, soit dans son intérêt ou dans ses
affections : le secret professionnel n' a pas été institué afin de proté-
ger les membres du corps médical contre les patients qui auraient
été victimes de fautes ou d' erreurs perpétrés par eux; le médecin a
non seulement le droit, mais le devoir de se libérer du secret pro-
fessionnel chaque fois qu'il y va de l'intérêt majeur de son client
(Journ. trib., 1958, p. 90, et la note critique de Léon CARLIER). La
cour aurait pu aj outer : ... et chaque fois qu' aucune valeur supé-
rieure n'y fait obstacle. Cet arrêt a été confirmé par la Cour de cas-
sation le 23 juin 1959. Il constitue une application parfaitement
adéquate de la notion de hiérarchie des valeurs à laquelle le secret
professionnel est soumis.
dans un litige de droit commun qui n'a pas pour objet la perception
de l'impöt ou même la recherche d'une somme due en vertu des lois
d'impöts>> (cass., 18 mai 1972, Pas., 1972, I, p. 861, Rev. fisc., 1973,
p. 74).
En outre, il a été jugé que, dans la mesure ou aucune disposition
relative à l'établissement ou au fonctionnement des juridictions dis-
ciplinaires de l'Ordre des médecins ne s'y oppose, les dispositions
des article 877 et suivants du Code judiciaire trouvent application
dans les procédures se déroulant devant ces juridictions (Bruxelles,
7 avril 1998, Pas., 1997, II, p. 65).
109. Cette procédure nouvelle retient l'attention dans la mesure
ou elle se heurte au secret professionnel. Le législateur a du reste
prévu que le refus ou l' abstention de produire le document réclamé
par le juge, ne ferait l'objet d'une sanction que pour autant que ce
refus ou cette abstention ne puisse s' autoriser d' aucun motif légi-
time, selon les term es figurant à l' article 822 du Code j udiciaire. Le
texte ne précise pas ce qu'il faut entendre par cette expression.
Dans son rapport sur la Réforme judiciaire, le Commissaire royal se
borne à indiquer que <da légitimité du motif invoqué à l' appui du
refus est laissé à l' appréciation souveraine du juge>>.
Au premier rang des <<motifs légitimes>> admissibles, figure à l'évi-
dence le secret professionnel qui << appartient à ces institutions qui
contrebalancent le devoir de vérité>>, selon l'expression de Jean-Jac-
ques Daigre (La production forcée de pièces dans le procès civil,
P.U.F., Paris, 1979, p. 228). A l'appui de cette opinion, l'on peut
faire valoir que l' article 929 du Code judiciaire considère le secret
professionnel comme un motif légitime justifiant un refus de témoi-
gner.
En revanche, lorsque le juge de paix ordonne à l' administration
des contributions directes de fournir des renseignements qu' elle pos-
sède sur le montant des revenus, créances et produits du travail des
époux ou de l'un d'eux, le secret imposé aux fonctionnaires de cette
administration en vertu des lois relatives aux impöts sur les reve-
nus, est levé (art. 221 du Code civil, al. 2; voy. l'article 1280, al. 5
du Code judiciaire qui confère les mêmes pouvoirs au président du
tribunal statuant en référés).
110. Sans doute faut-il faire le départ entre ce qui est couvert par
le secret professionnel et ce qui lui est étranger. A eet égard, il faut
80 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
que les documents reçus l' aient été en raison de la profession de leur
détenteur et à l' occasion de l' exercice de son activité professionnelle.
Si les correspondances échangées entre l' avocat et son client, ainsi
que leurs notes ou mémoires, sont assurément confidentielles, et à
ce titre ne pourraient être soumises à l' obligation de production en
j ustice, il n'en est pas nécessairement de même des pièces ou des
documents que le client aurait déposés chez son conseil. On ne pour-
rait, en effet, admettre qu'il suffise à un plaideur de déposer une
pièce chez son avocat pour la soustraire à la justice.
Le juge peut ainsi ordonner, sans mettre en péril les droits de la
défense, la production d'un rapport établi par le conseil technique
d'une partie, dès l'instant ou il apparaît des pièces versées aux
débats que ce rapport est purement technique et est, en consé-
quence, susceptible de contenir la preuve de faits pertinents n' étant
pas assimilables à une consultation sur les responsabilités (Bruxel-
les, 3 juin 1986, Journ. trib., 1986, p. 558; voy. dans le même sens:
Mons, 21 juin 1995, R.G.A.R., 1997, n° 12.793; civ. Namur, 26 mars
1996 - qui concerne le conseil technique d'une compagnie d' assu-
rances - Journ. proc., 17 mai 1996, p. 28, et la note de Jacques
ENGLEBERT, <<L'obligation de collaborer à l'administration de la jus-
tice dans le procès civil: Tu montreras tout, même ce que tu n' as
pas envie de montreri>).
Il a été jugé que sur la base de ces dispositions, le juge peut con-
traindre un notaire à produire des actes authentiques manuscrits
parmi les minutes de son étude, et passés par son prédécesseur, sans
qu'il puisse s'y opposer en invoquant son obligation au secret pro-
fessionnel. De même, la loi permet d' ordonner la production de piè-
ces par la chambre des notaires (cour trav. Gand, 6 juin 1997,
Chron. dr. soc., 1999, p. 121).
Il en est de même d'un centre de transfusion sanguine, sous peine
d'astreinte (Anvers, 15 janvier 2001, Rev. dr. santé, 2001-2002,
p. 163).
Si le juge peut contraindre une personne à produire des docu-
ments, il ne peut cependant l'obliger à les commenter (comm.
Namur, 29 j uin 1995, J ourn. trib., 1995, p. 328 et Rev. rég. dr. ,
1995, p. 471; en l'occurrence, il s'agissait d'un banquier).
111. En règle, le médecin n' a pas le droit de révéler l' objet ou le
résultat de ses examens à des tiers.
LES DIFFÉRENTS C0NFLITS DE VALEURS 81
G. - La justice disciplinaire
négligé d'en informer qui de droit» (art. 13, al. 1). Si le prévenu est
médecin, l'amende sera de 250 à 2.500 florins (art. 13, al. 2).
92 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
pénal par les cours et tribunaux (Jean VAN HouTTE, <<Le secret pro-
fessionnel et le fisc>>, Rev. fisc., 1970, p. 505, citant le rapport de la
commission des Finances du Sénat, Doe. parl., Sénat, sess. 1961-
1962, 366, p. 294 et le Commentaire administratif du Code des impóts
sur les revenus, sub. ancien art. 241, n° 7).
138. Un arrêt isolé rendu le 11 juin 1957 par la cour d'appel de
Gand avait admis qu'un notaire, dont la comptabilité était irrégu-
lière, puisse refuser de produire au controleur des contributions le
<<registre des balances>> imposé par la comptabilité notariale, parce
que ce livre révélait des données personnelles à un tiers. La produc-
tion de ce registre, dit l' arrêt, ne pourrait être exigée par l' adminis-
tration sans exposer le notaire à des difficultés en rapport avec le
secret professionnel (Rev. prat. not., 1958, p. 333; en l'espèce, le
notaire avait fait l'avance à un client de l'étude d'un acompte sur
le prix de ven te d'un immeuble dont l' acte ne fut pas réalisé et il
prétendait déduire le montant de ce prêt devenu irrécouvrable, au
titre de charge professionnelle).
C. - Le droit à ['information
a. Le secret de l 'instruction
139. Le Conseil d'Etat a souligné dans un arrêt relativement
ancien qui conserve sa pertinence que <de secret de l'instruction en
matière pénale ( ... ) est établi dans un hut d'intérêt général, non
seulement pour préserver l'honneur d'inculpés présumés innocents,
mais aussi pour éviter que certaines divulgations empêchent la
manifestation de la vérité en provoquant la subornation de certains
témoins, des menaces ou des représailles à l' égard d' au tres ou encore
diverses manomvres ou procédés destinés à effacer les preuves des
infractions ou les indices pouvant en révéler les auteurs>> (arrêt
n° 22.450 Piraux c. la Régie des postes, du 14 juillet 1982).
Rappelant, à son tour, qu'en sa phase préparatoire, la procédure
pénale est en principe inquisitoire et secrète, la Cour d' arbitrage,
dans un arrêt du 27 mai 1998 a souligné que << ce caractère secret se
justifie notamment par le souci, d'une part, de garantir une effica-
cité maximale dans la recherche de la vérité et, d' autre part, de pro-
téger la présomption d'innocence>> (arrêt n° 58/98, Journ. trib., 1998,
p. 507; J.L.M.B., 1998, p. 1044).
LES DIFFÉRENTS C0NFLITS DE VALEURS 103
148. D'un autre cöté, comme le public est toujours friand d'infor-
mations plus ou moins sensationnelles, touchant aux affaires péna-
les, il serait vain d' espérer que la presse puisse s' abstenir de donner
la moindre indication sur ces affaires aussi longtemps qu' elles n' ont
pas été jugées définitivement. De là est né un conflit entre le droit
à l'information et la présomption d'innocence que rappellent la
Déclaration universelle des droits de l'homme, en son article 11, 9°
et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme
et des libertés fondamentales, en son article 6, 2° (voy. Paul TAPIE,
<<Les problèmes posés par la publicité donnée aux actes criminels et
aux procédures pénales - Les aspects sociaux et culturels>>, Rev. int.
dr. pén., 1959, p. 345; Christian VANDERVEEREN, <<Les points de vue
de la défense>>, ibid., p. 429; Pierre LAMBERT, <<Le secret de l'instruc-
tion et la liberté de la presse>>, Journ. proc., 1992/220, p. 11;
R. TACHEAU, <<Secret de l'instruction et devoir d'informen, Rev. dr.
pén., 1996, p. 165; J. LECLERCQ, <<Magistrature - barreau - presse
et conférence de presse>>, Rev. dr. pén., 1987, p. 871).
En outre, le röle de la presse dans le controle de la fonction juri-
dictionnelle est fondamental dans un pays démocratique (Jacques
VELU, <<Propos sur les normes européennes applicables aux relations
entre la justice et la presse>>, Journ. trib., 1995, pp. 577 et suiv.). La
Constitution proclame le principe de la liberté de la presse et pro-
hibe l' établissement de la censure; elle prévoit, en outre, la publicité
des audiences des cours et tribunaux. Celle-ci, fondée sur la concep-
tion individualiste issue de la Révolution française, avait pour
objectif de s'opposer à l'arbitraire des princes (voy. Léo DE BRAY,
Gustave F1scHER et Séverin-Carlos VERSELE, <<J ustice et publicité>>,
Rev. dr. pén., 1959-1960, p. 490). Le principe de l'absence de publi-
cité de l'instruction préparatoire est fondé sur des raisons sociales
et individuelles. Au point de vue social, le secret de l'instruction est
nécessaire au succès des recherches destinées à réunir les éléments
des infractions et à découvrir les auteurs et leurs complices. Au
point de vue individuel, le secret permet de ne pas jeter prématu-
rément le discrédit sur des personnes soupçonnées d' avoir commis
une infraction, sans pour autant être nécessairement coupables. Une
des règles de notre droit pénal n'est-il pas qu'un prévenu est pré-
sumé innocent tant qu'il n' est pas condamné?
Sous la pression des conceptions nouvelles, le secret professionnel
qui couvre tous les faits de l'instruction pénale a perdu une grande
LES DIFFÉRENTS C0NFLITS DE VALEURS 109
licite, ni que ces rapports doivent toujours être écartés des débats
quand ils sont invoqués en justice par ce tiers>> (Journ. trib., 1961,
p. 60). En effet, aucun texte légal ni aucun principe général de droit
administratif ne dénie de façon générale et absolue aux administrés
le droit d' obtenir des pouvoirs publics le renseignement qu'ils dési-
rent. C' est ainsi que la cour d' appel de Bruxelles a j ugé, dans un
arrêt rendu le 17 septembre 1981 qu'aucun texte légal n'impose à
l'Etat de considérer les données du fichier d'immatriculation auto-
mobile comme confidentielles et que le refus de communication
inflige aux entreprises concernées un dommage hors de proportion
avec les avantages que peut retirer le citoyen de ce refus de com-
munication (Journ. trib., 1982, p. 412, et la note de Philippe QuER-
TAINMONT).
154. U ne législation spécifique souhaitée depuis longtemps en
vue de fixer les conditions du droit à l'information des citoyens
pour aboutir à une administration transparente à l'image de ce qui
se construit à l'étranger a été adoptée par la loi du 11 avril 1994
relative à la publicité de l'administration (voy. l'analyse de Robert
ANDERSEN, <<Information et publicité en droit fiscal», in Sécurité
juridique et fiscalité, Bruylant, coll. <<Les Cahiers de l'Institut d'étu-
des sur la justice>>, n° 4, Bruxelles, 2003, pp. 15 et suiv.;
C. BENEDEK et Ph. DE BRUYCKER, <<La transparence de l'adminis-
tration - Quelques observations à propos de l' accès aux documents
administratifs en droit belge>>, in Présence du droit public et des
droits de l'homme - Mélanges offerts à Jacques Velu, éd. Bruylant,
1992, t. II, p. 781).
L' article 6 de la loi dispose que l' autorité administrative rejette
la demande de consultation, d'explication ou de communication
sous forme de copie d'un document administratif si elle a constaté
que l'intérêt de la publicité ne l'emporte pas sur la protection de
l'un des intérêts suivants : « (. .. ) 2° le caractère par nature confiden-
tiel des informations d 'entreprise ou de fabrication communiqués à
l 'autorité; ... 8° le secret de l 'identité de la personne qui a communi-
qué le document ou l 'information à l 'autorité administrative à titre
confidentiel pour dénoncer un fait punissable ou supposé tel» (§ 1er).
De même, l'autorité administrative pourra rejeter la demande si la
publication du document administratif porte atteinte : 1 ° à la vie
privée ... , 2° à une obligation de secret instaurée par la loi; 3° au
secret des délibérations du Gouvernement ... » (§2).
114 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
pourra être faite avant qu'un officier de police, assisté d'un méde-
cin, n'ait dressé procès-verbal de l'état du cadavre et des circons-
tances y relatives, ainsi que des renseignements qu'il aura pu
recueillir sur l'identité du défunt (art. 81 du Code civil).
167. Depuis l'arrêté royal du 6 octobre 1966 prescrivant l'établis-
sement d'une statistique annuelle des causes de décès, toute décla-
ration de décès comporte la délivrance, par un médecin, d'un for-
mulaire, dont les volets A et C constituent, le premier, un certificat
médical de constat qui précise si la mort est naturelle ou violente,
et le second, la consignation sous enveloppe scellée, des causes de la
mort.
Les renseignements fournis, le cas échéant, par le médecin trai-
tant seront extrêmement laconiques et se borneront à indiquer qu'il
s' agit d'une mort naturelle ou accidentelle, et s'en tiendront à des
généralités sur la cause du décès, tel <<décès consécutif à une affec-
tion du système circulatoire, respiratoire, digestif ou nerveux ►> (voy.
Charles VAN REEPINGHEN, <<Le secret professionnel du médecin ►>,
Journ. trib., 1950, p. 444, n° XVII; voy. égalt au sujet des formu-
laires, Jac. RAVESCHOT (Dr), <<De 'Aangifte van Overlijden' en de
behandelende geneesheer ►>, R. W., 1955-1956, col. 576).
L'incinération d'un cadavre humain est notamment subordonnée
à la production d'un certificat délivré par le médecin traitant ou le
médecin qui a constaté le décès indiquant «s'il y a eu mort naturelle
au violente au une cause de décès impossible à déceler» (art. 22, §ler
de la loi du 20 juillet 1971 sur les funérailles et sépultures, tel qu'il
a été modifié par l' art. 22 de la loi du 20 septembre 1998). Le méde-
cin traitant ne pourrait se retrancher derrière le secret professionnel
pour se soustraire à la délivrance de pareil certificat car l'incinéra-
tion faisant disparaître le cadavre, il est légitime que la loi exige
cette attestation et subordonne le permis d'incinérer à son obten-
tion ( RYCKMANS et MEERT-VAN DE PuT, Les droits et les obligations
des médecins, Larcier, 2e éd., Bruxelles, 1972, t. I, p. 140, n° 194).
D. - L 'intérêt du confident
a. Le principe
que leurs membres aient parfois payé de leur vie leur refus de violer
le secret professionnel.
Des situations analogues peuvent se présenter sous n'importe
quel régime totalitaire ou dans n'importe quelle période de troubles
graves. Cette question a été portée à l'ordre du jour d'une réunion
de l' International Law Association qui s' est tenue à Helsinki, en
1966. On s'est demandé si un médecin peut être contraint en temps
de guerre de dénoncer aux autorités de droit ou de fait, un malade
ou un blessé qui s'est confié à ses soins. Ou bien le médecin obéit à
l'occupant, dénonce son patient et est poursuivi par les autorités de
son pays à la fin des hostilités, ou bien il garde le secret et, s'il est
découvert, est condamné par un tribunal de guerre de l'ennemi
(Journ. trib., 1966, p. 419). L'héroïsme, en pareil cas, est un devoir,
écrivent Louis MELENNEC et Jean S1cARD (<<Le secret professionnel
et le médecin poursuivi>>, Gaz. Pal., 1974, 1, D, p. 85). En l'occur-
rence, le devoir patriotique et le devoir professionnel se rejoignent
pour s' opposer à une loi injuste.
177. L'obligation au secret ou le droit de parler se posent surtout
lorsque le praticien se voit contraint d' agir en justice pour obtenir
le paiement des honoraires relatifs à ses prestations, ou encore,
lorsqu'il entend protéger son honorabilité, sa dignité, voire sa
liberté, mises en cause à l' occasion d'une procédure en responsabi-
lité devant les tribunaux civils ou correctionnels.
Il ne paraît pas possible d'invoquer pour chacune de ces occasions
une prétendue légitime défense alors que le péril imminent auquel
se réfère l'article 416 du Code pénal, fait défaut. La Cour de cassa-
tion estime qu'il n'y a <<nécessité actuelle de la légitime défense>> de
soi-même ou d'autrui selon les termes de l'article 416 du Code pénal,
que si l' attaque est imminente sans qu'il soit nécessaire qu' elle soit
réalisée (cass., 26 janvier 1959, Pas., 1959, I, p. 526). En outre,
seule la légitime défense de la personne est une cause de
justification: celle-ci ne s'étend pas à la défense des choses ou des
droits sur les choses (cass., 28 juin 1938, Pas., 1938, 1, p. 232).
Enfin, il faut relever que l'article 416 ne concerne que l'homicide,
les blessures et les coups.
L' appel à la notion de l' << état de nécessité >> pourrait être plus
déterminant si l' on estime que la contrainte morale est telle que le
praticien ne peut sauvegarder autrement, devant un mal grave et
LES DIFFÉRENTS CONFLITS DE VALEURS 131
la justice» (art. 459, §3, tel qu'il a été modifié par l'article 3, 2° de
la loi du 19 novembre 1992). Ce texte reprend quasi textuellement
celui de l'article 6, 1°, in fine de la Convention européenne des
droits de l'homme.
194. Il con vient tout d' abord de signaler ce que l' expression secret
partagé peut avoir de sémantiquement discutable. Pour le juriste,
partager ne veut pas dire détenir en commun, mais au contraire ne
plus détenir en commun et faire cesser une détention indivise,
laquelle impose l'indisponibilité de tout pour un seul; c'est pourquoi
l' expression secret collectif serait préférable; elle n' est cependant pas
usuelle (LAPORTE, <<Le secret partagé, solution au problème du
secret médical en matière sociale>>, Rev. aide sociale, 1959, p. 14, cité
par Louis KoRNPROBST, Georges JuLLIEN et André MATHIAS, Les
auxiliaires médicaux, Masson, Paris, 1966, p. 143).
L'expression de <<secret partagé>> est devenue habituelle, sa vogue
datant de travaux récents, dans lesquels des médecins ont cherché
à concilier le principe du secret dû au malade avec certaines néces-
sités nouvelles de la médecine sociale (René SAVATIER, Jean-Marie
AUBY, Jean SAVATIER et Henri PEQUIGNOT (Dr.), Traité de droit
médical, Lib. techn., Paris, 1956, p. 279). En réalité, relève René
Savatier, l'idée de partage du secret correspond à des situations très
anciennes : il en est ainsi chaque fois que le malade, maître du
secret, exprime implicitement ou explicitement sa volonté libre d'y
comprendre d' au tres personnes que le médecin traitant. Ce sont
d' abord les mem bres de sa famille; ce sont également les au tres
LES DIFFÉRENTS C0NFLITS DE VALEURS 143
fidentialité, soit il a renvoyé à l' article 458 du Code pénal et, par-
tant aux sanctions qu'il prévoit, soit il a prévu des peines spécifi-
ques souvent plus sévères. C'est le cas notamment de la loi du
12 juin 1991 relative au crédit à la consommation, de la loi du
19 juillet 1991 organisant la profession de détective privé, ainsi que
de la loi du 30 novembre 1998 organique des services de renseigne-
ments et de sécurité.
Le Code pénal n' a prévu, en l' occurrence, ni interdiction de droits
professionnels - sous la réserve du cas de la violation du secret fiscal
et de l' application d'une peine disciplinaire de suspension ou de
radiation ayant le même résultat - ni publication de la décision, à
titre de peines accessoires.
a. L 'élément matériel
tiel (voy. cass, 20 février 1905, Pas., 1905, I, p. 141, et les concl. du
procureur général JANSSENS). Il faut bien reconnaître cependant
que la détermination de la qualité de confident nécessaire peut
apparaître comme étant très incertaine et parfois arbitraire.
L' expression de confidents nécessaires que l' on trou ve pour la pre-
mière fois sous la plume de Muteau, a fait fortune dans la doctrine
et dans la jurisprudence. Elle ne satisfait qu' à moitié car elle a le
tort de ne pas mettre assez en relief l' élément de profession qui est,
cependant, essentie! pour l'incrimination légale de la révélation du
confident. Toutes les personnes visées par l' article 458 sont des con-
fidents nécessaires, mais tous les confidents nécessaires ne sont pas
visés par l'article 458. Une personne peut, dans telle circonstance
facile à imaginer, devenir un confident nécessaire, sans se trouver,
pour autant soumis à l' application de l' article 458 dès lors que ce
n' est pas son état ou sa profession qui a déterminé la confidence ou
la découverte du secret. Pour être un confident punissable pénale-
ment, il faut que la connaissance du secret provienne de l' exercice
même de la profession (voy. cass. 20 février 1905, Pas., 1905, I,
p. 141, et les concl. du procureur général JANSSENS).
203. Le Code pénal ne vise que les secrets confiés à certaines per-
sonnes en raison de leur état ou de leur profession. Il ne concerne
pas les circonstances étrangères aux révélations qui ont pu être fai-
tes ou les révélations reçues en tant que particuliers (NYPELS, Légis-
lation criminelle en Belgique, op. cit., t. III, p. 295, n° 87 et p. 597,
n° 45, citant les rapports fait au nom des commissions de la Justice
de la Chambre ou du Sénat par MM. LELIÈVRE et FoRGEUR, sur le
projet de loi contenant le Code pénal de 1867).
En effet, les informations veriues à la connaissance du profession-
nel, même à l' occasion de l' exercice de sa profession, mais étrangè-
res à eet exercice, ne sauraient être couvertes par le secret profes-
sionnel. La loi n' a entendu, en effet, punir que la violation des
secrets nécessaires : la divulgation d'un secret confié à une personne
qui n' est pas astreinte par son état ou sa profession à l' obligation
de se taire, constitue une action immorale, mais non un délit
(D. DALLOZ, aîné, Répertoire de législation, de doctrine et de jurispru-
dence, t. 39, éd. Bureau de jur. gén., v 0 <<Révélation de secrets ►>,
p. 476, n° 7).
SANCTIONS DE LA VIOLATION DU SECRET PROFESSIONNEL 151
204. La loi n' a pas défini ce qu' est un secret et la notion peut
être parfois délicate à cerner.
Le secret se définit en général comme un fait qui n'est pas connu,
sauf du confident, et qui doit demeurer caché. L'interprétation du
texte pénal est cependant plus large : les tribunaux considèrent en
effet, à juste titre, que les faits qui ne sont connus du public que
dans une mesure fragmentaire ou d'une manière douteuse, ne peu-
vent être révélés et que le praticien ne peut, en les confirmant, leur
donner un caractère de certitude ou les faire connaître avec plus de
précisions (Charles MuTEAU, Du secret professionnel, de son étendue
et de la responsabilité qu'il entraîne, Maresq, Paris, 1870, p. 193,
n° 20). /
205. En dehors des confidences proprement dites, il est d' au tres
faits couverts par le secret professionnel et dont la loi punit la révé-
lation. Certains auteurs et certaines décisions judiciaires, partant
des termes qu'on «leur confie» contenus dans l'article 458, ont pensé
que le secret professionnel ne concernait que les confidences reçues.
Cette conception n'est plus admise aujourd'hui: selon la jurispru-
dence actuelle, le secret professionnel est entendu comme traduisant
une obligation générale qui ne couvre pas seulement les secrets con-
fiés par le client, mais aussi ceux que Ie praticien surprend ou
découvre dans l'exercice de sa profession.
206. Pour être punissable, la révélation doit être effective, la ten-
tative de révélation ne constituant pas un délit, en l' absence de dis-
position spéciale de la loi (Robert Vourn et Michèle-Laure RASSAT,
Droit pénal spécial, Paris, Précis Dalloz, 5e éd., 1983, p. 345, n° 250;
Raymond LEGEAIS, <<Violation du secret professionnel, J.C.P., 1992,
n° 267). La révélation doit revêtir, en outre, un minimum de préci-
s10n.
Cela étant, sa forme importe peu, qu'elle soit orale ou écrite, posi-
tive ou résultant d'un acquiescement à des questions précises, totale
ou partielle ou encore faite à tout un public ou à une seule per-
sonne.
Il peut suffire que la révélation soit indirecte pour que l'infrac-
tion de violation du secret professionnel soit établie. Ainsi Ie méde-
cin spécialiste pourrait encourir une sanction pénale en révélant le
nom d'un de ses patients, ce qui pourrait révéler la nature de
l' affection dont il souffre.
152 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
b. L'élément moral
209. La violation du secret professionnel n' est punissable que si
elle est intentionnelle, aucun dol spécial n'est requis et Ie mobile est
indifférent (cass. 14 juin 1965, Pas., 1965, 1, p. 1102 et cass. 26 sep-
tembre 1966, Pas., 1967, 1, p. 89). Commise par négligence ou à la
suite d'une imprudence, elle ne serait pas pénalement punissable et
ne pourrait donner lieu qu' à l' octroi de dommages-intérêts à titre de
sanction civile (corr. Huy, 25 mai 1934, Jur. Lg, 1934, p. 224 et
Rev. dr. pén.,1934, p. 1063 - N.B.: la première partie du sommaire
publié ne correspond pas parfaitement au contenu du jugement;
voy. égalt cass., 14 décembre 1970, Pas., 1971, 1, p. 353).
Il était généralement admis au XIXe siècle que le délit supposait
l'intention de nuire et de porter atteinte à autrui (voy. nott. CHAU-
VEAU et HÉLIE, annoté par Nypels, op. cit., t. II, n° 3135). Cette
thèse s' appuyait sur la circonstance que la violation du secret pro-
fessionnel se trouvait placée dans Ie Code pénal après les disposi-
tions relatives à la calomnie et à l'injure pour lesquelles l'intention
de nuire est requise. La thèse était conforme aux règles générales de
la loi pénale, la volonté, considérée comme élément d'un délit,
reprenant essentiellement l'intention de nuire.
Cette conception ancienne a été totalement abandonnée : elle con-
fondait, en effet, l'intention et Ie mobile. Le mobile de la révélation
importe peu, en effet, qu'il s' agisse de la méchanceté, de la cupidité,
du simple désir d'éblouir, d'une plaisanterie, du désir d'éviter un
scandale ou de couper court à des bruits calomnieux (corr. Liège,
27 octobre 1938, Pas., 1939, 111, p. 45; Pand. pér., 1939, p. 158,
n° 63; Rev. dr. pén., 1938, p. 324 et Ing. Gons., 1939, p. 87; cass.,
26 septembre 1966, Pas., 1967, 1, p. 89 et Rev. dr. pén., 1966-1967,
p. 301 et les concl. de l'avocat général CüLARD).
154 LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
1893, Belg. jud., 1893, col. 1222). L'élément moral requis par l'arti-
cle 458 du Code ·pénal est la volonté consciente de révéler un secret
professionnel (Bruxelles, ch. mis. acc., 12 mars 1992, Rev. dr. pén.,
1993, p. 457, obs.).
La révélation intentionnelle ne doit donc pas être confondue avec
l'intention de nuire qui est le dessein de porter atteinte aux droits
et aux intérêts d' au trui qu'il s' agisse de particuliers ou de personnes
publiques.
En outre, l' existence d'un préjudice dans le chef de la personne
qui s' est confiée n' est pas requis.
pèse à la fois sur celui qui viole le secret et sur celui qui en provoque
la violation.
Même si l'intention coupable requise pour constituer le délit fai-
sait défaut et si la révélation du secret résultait d'une imprudence
ou d'une négligence, la responsabilité civile de l' auteur de l'impru-
dence ou de la négligence pourrait être engagée soit sur une base
contractuelle soit sur la base des articles 1382 et 1383 du Code civil.
Il en va de même pour ceux qui sont tenus non au secret profes-
sionnel proprement dit, mais à un simple devoir de discrétion.
Indépendamment des dommages-intérêts qui peuvent être accor-
dés à la victime d'une révélation indiscrète, qu'elle soit volontaire
ou résulte d'une imprudence, la violation du secret professionnel
constitue dans un contrat de travail, une faute d'une gravité excep-
tionnelle qui justifie le renvoi pour motif grave (trib. trav. Namur,
22 mai 1978, Pas., 1979, III, p. 28; en l'espèce, il s'agissait d'une
auxiliaire médicale; voy. en ce qui concerne les centres publics
d'aide sociale, les articles 22 pour les mandataires, et 51 et suiv.
pour les membres du personnel, de la loi organique).
1, p. 89; civ. Bruxelles, 28 avril 1967, Pas., 1968, 111, p. 20; cass.
29 mai 1986, Pas., 1986, 1, p. 1194; R. W. 1985-1986, col. 1027;
Bruxelles, 16 mars 1988, Journ. trib., 1988, p. 589, et la note d'Oli-
vier KLEES qui attire l' attention sur la distinction entre la nullité
de l'action publique et la nullité des poursuites que la cour a
prononcée; corr. Bruxelles, 14 février 1991, J.L.M.B., 1992, p. 61).
Il a été jugé que l' action publique demeure recevable lorsque la
violation du secret professionnel n' a aucune incidence sur la preuve
des faits reprochés au prévenu, la preuve de l'illégalité des poursui-
tes ne pouvant être étendues aux préventions reposant sur des preu-
ves indépendantes de la violation du secret professionnel (Bruxelles,
23 décembre 1987, J.L.M.B., 1988, p. 232).
218. Il ne peut dès lors être tenu compte d'un rapport d'expertise
établi sur la base de documents et de renseignements couverts par
le secret professionnel et qui ne seraient parvenus à l' expert qu' à la
suite d'une violation de ce secret (cass. 4 mai 1953, Pas., 1953, 1,
p. 673; civ. Bruxelles, 11 mars 1969, Pas., 1969, 111, p. 132, Journ.
trib., 1969, p. 334 et R W., 1968-1969, col. 1515).
Des cotisations fiscales doivent être annulées lorsque la commu-
nication à l' administration des contributions directes, des données
sur lesquelles elles sont assises, constitue une violation du secret
professionnel de l' a vocat auquel elles ont été confiées par le contri-
buable, en vue de sa défense dans une affaire correctionnelle (Gand,
13 mai 1977, Journ. dr. fisc., septembre-octobre 1977, p. 286).
Par contre, des poursuites pénales ont été jugées recevables con-
cernant des faits révélés à l'autorité judiciaire par un praticien lié
par le secret professionnel, celui-ci ne s' étendant pas à des faits qui
lui sont étrangers en raison de leur illégalité, mais encore directe-
ment contraires à l'exercice de la profession considérée et à ses fins
légitimes : l' affaire concernait le fait d' avoir établi de fausses ordon-
nances médicales (Bruxelles, 7 novembre 1991, J.L.M.B., 1992,
p. 446 - L' arrêt réformait le jugement du tribunal correctionnel de
Bruxelles, rendu le 14 février 1991, J.L.M.B., 1992, p. 61).
Des poursuites pénales ont également été déclarées recevables
alors qu' elles étaient fondées sur une violation du secret profession-
nel <<mais <lont les circonstances de fait de la cause révélaient que
cette violation s' était limitée au strict nécessaire pour éviter un mal
SANCTIONS DE LA VIOLATION DU SECRET PROFESSlONNEL 161
Pas., 1972, II, p. 56; Liège, 20 juin 1979, Pas., 1979, II, p. 130;
voy. égalt cass. fr., 22 janvier 1957, Journ. trib., 1957, p. 717, et la
note de Charles VAN REEPINGHEN). Tout donne à penser que ces
décisions sont fondées moins sur des positions de principe que sur
des éléments de faits étrangers à ceux-ci.
222. Le professionnel et lui seul est tenu au secret professionnel.
Il en résulte, a jugé la cour du travail de Liège, le 25 avril 2002, que
si un document ayant de près ou de loin un usage thérapeutique
tombe entre les mains d'un tiers, régulièrement ou non, le tiers ne
peut se voir opposer le secret professionnel et ce seront les règles
relatives à la production par un tiers d'un document confidentie!
qui s'appliqueront (cour trav. Liège, 25 avril 2002, Rev. rég. dr.,
2002, p. 266, note F. LAGASSE et J.L.M.B., 2003, p. 107 - En
l'occurrence, le document était le journal intime d'une patiente
entretenant des relations amoureuses avec son psychologue; voy.
Magdi SAMI ZAKI, <<La preuve par le journal intime>>, Rev. dr. civ.,
1980, p. l).
TITRE II
GÉNÉRALITÉS
223. L' énumération con tenue dans l' article 458 du Code pénal
n' est pas limitative. Outre les personnes qui y sont visées expressé-
ment, il existe un grand nombre de <<dépositaires par état ou par
profession, des secrets qu' on leur confie ►>. Ce n' est d' ailleurs pas un
moindre paradoxe de constater que la loi pénale, d'interprétation
restrictive par sa nature même, a laissé au juge le soin d'établir le
champ d' application exact du texte répressif. Des lois particulières
visant telle ou telle catégorie professionnelle se réfèrent, en outre,
fréquemment aux dispositions de l' article 458.
Le texte du Code pénal interdit la révélation à tous les dépositai-
res de secrets par état ou par profession. Ces deux termes sont à peu
près synonymes et ne semblent pas désigner deux ordres d'idées
nettement distincts. Pour Littré, état signifie position sociale; quant
au mot profession, il lui donne la signification de << état, emploi,
conditiorn> et il cite à titre d' exemple, la profession de médecin,
d'avocat, etc. Il faut donc penser que le législateur de 1810, puis
cel ui de 1867, sans donner aux deux expressions une valeur parti-
culière, n' ont voulu, en les rapprochant, que rendre la formule très
large et très générale; c' est une redondance inscrite dans la loi afin
de prévenir une interprétation trop stricte (voy. André HALLA YS,
Le secret professionnel, Librairie nouvelle de droit et de jurispru-
dence Arthur Rousseau, Paris, 1890, p. 119).
Si le Code pénal n' a parlé que des personnes qui par état ou par
profession sont dépositaires des secrets d'autrui, c'est qu'à l'égard
de toutes au tres personnes, le secret qu' on leur confie est purement
volontaire, et que celui qui le confie ne peut ignorer Ie risque qu'il
166 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
court envers des personnes que la loi n'oblige pas à le garder sous
peine de sancti ons pénales; ces personnes ne sont tenues qu' en cons-
cience ou en vertu d'une obligation purement civile, mais la révéla-
tion ne constitue pas un délit.
224. Outre les professions médicales expressément v1sees par
l' article 458, l' on rencontre au premier rang des dépositaires par
état ou par profession des secrets d' au trui, les professions tenues
traditionnellement au secret qui sont celles de l' avocat, du notaire
ou du ministre du culte. <<En premier lieu, a-t-il été précisé au cours
des travaux préparatoires de la loi contenant le Code pénal de 1810,
doit figurer le prêtre à qui une confidence a été faite sous le secret
de la confession ou de tout autre acte religieux. Il en est de même
de l'avocat ou de l'avoué, relativement à ce qu'ils ont appris de
leurs clients dans l' exercice de leur profession. Ce principe est aussi
applicable au notaire, mais le secret doit être restreint aux faits qui
sont présumés confidentiels>> (NYPELS, Législation criminelle de la
Belgique, t. III, p. 294, n° 87, citant le rapport fait au nom de la
commission de la Justice de la Chambre par M. Lelièvre).
Pour le surplus, l' article 458 est applicable à toutes les personnes
investies d'une fonction ou d'une mission de confiance qui sont
constituées par la loi, la tradition ou les mamrs, dépositaires des
secrets qu'on leur confie (cass., 20 février 1905, Pas., 1905, I, p. 141,
et les concl. conf. du procureur général JANSSENS).
Les règles du secret professionnel doivent également s' appliquer
aux auxiliaires, aides, stagiaires et collaborateurs indispensables
auxquelles la loi ou l'usage reconnaît, selon la formule consacrée, la
qualité de <<confidents nécessaires>> (corr. Bruxelles, 6 mars 1973,
Entr. et dr., 1976, p. 314; voy. un attendu du jugement qui n'est
pas rep ris dans le sommaire malgré son importance; Jean CONS-
TANT, Manuel de droit pénal, t. 1, p. 310, n° 1278 et les références
citées; Jos GoEDSEELS, Oommentaire du Code pénal belge, Bruylant,
2 8 éd., Bruxelles, 1948, n° 2713).
Je ne puis me ranger à l'idée, écrivait déjà Muteau, que le chi-
rurgien qui opérera sera tenu de garder le secret sur l' opération qu'il
aura faite et que la personne qui l' aura aidé de son concours, si elle
n' a pas de diplöme, ne le sera pas; que le notaire qui aura authen-
tifié un acte préparé par son principal clerc après des pourparlers et
des discussions qui n' ont sou vent lieu que devant ce dernier entre
GÉNÉRALITÉS 167
les clients, ne pourra rien révéler de tout cela sans encourir de péna-
lité, tandis que ce principal clerc sera autorisé à tout dévoiler; que
le prêtre qui aura reçu d'un mourant en présence de son assistant
un dernier aveu, sera contraint, non seulement par son devoir cano-
nique, mais par devoir légal, de le garder secret, tandis que l' assis-
tant aura toute liberté de le divulguer (Charles MuTEAU, Du secret
professionnel, de son étendue et de la responsabilité qu 'il entraîne,
Maresq, Paris, 1870, p. 559).
225. Un auteur établit une distinction entre les auxiliaires des
personnes soumises à l' article 458, selon que le concours prêté est
fortuit ou, au contraire, se répète assez fréquemment pour consti-
tuer rnne manière d'être continue>> (Auguste TAPIE, Du délit de révé-
lation de secrets, thèse de l'Université de Toulouse, Saint-Cyprien,
1899, p. 150). Dans le premier cas, il estime que l'on ne peut punir
l'indiscrétion éventuelle des peines prévues à l' article 458, mais il lui
semble qu'il devrait en être autrement dans le second cas, par
exemple pour les secrétaires d' avocat ou les clercs de notaire << dont
la manière d'être constitue un véritable état qui les appelle à rece-
voir des confidences>>.
Cette distinction ne peut être retenue car elle n' est pas inscrite
dans la loi qui n'impose pas l'exercice continu de la profession ou
de l'état. Prétendra-t-on que l'avocat assumé en qualité de juge ne
serait pas tenu au secret du délibéré, que le juré serait libre de toute
révélation? Nulle part il n'est dit dans la loi que la fonction devrait
être permanente.
CHAPITRE I
LE SECRET MÉDICAL
BIBLIOGRAPHIE SPECIALE
1. - DOCTRINE BELGE
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J. V A:--1 STEEN BERGE (éd.), Medisch beroepsgeheim en verzekeringen, Die Keure,
Bruges, 1994; Charles VAN REEPINUHEN, <<L<: secret profossionnel du médecin,,,
.Journ. trib., 1950, p. 441 et Rev. dr. pin. 195.'i-1956, p. 85; Marie-Noëlle
170 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
SECTION 1. - lNTRODUCTION
ont comme les médecins, <<souvent des occasions ou les secrets des
malades ou de leur famille leur sont découverts, soit pas la con-
fiance qu' on peut avoir en eux, ou par les conjonctures qui rendent
leur présence nécessaire dans le temps ou l' on traite d' affaires, ou
d' au tres choses qui demandent le secret; c' est un de leurs devoirs de
ne pas abuser de la confiance qu'on leur a faite et de garder exac-
tement et fidèlement le secret des choses qui sont venues à leur con-
naissance et qui doivent rester secrètes>> (DüMAT, Lois civiles, t. II,
titre XVII, sect. II, p. 129).
Il faut attendre l'aube du XIXe siècle et le Code pénal de 1810
pour voir cette obligation morale traduite dans un texte légal
assorti de sanctions pénales.
L' article 19 des instructions pour les chirurgiens du royaume des
Pays-Bas, du 31 mai 1818, leur imposait, lors de leur réception, de
prêter entre les mains du président de la Commission médicale pro-
vinciale, notamment, le serment de ne jamais révéler à personne,
excepté au juge s'ils en étaient requis, les secrets des patients qui
parviendraient à leur connaissance dans l' exercice de leur art et
dont la découverte pourrait faire tort ou honte soit à eux, soit à
d'autres (cité par DE JoNGH, <<Le secret professionnel des médecins>>,
Rev. dr. b., 1890, p. 528). Cette disposition était reprise dans des
termes analogues pour les accoucheuses et les apothicaires, aux ter-
mes des articles 17 et 19. Ces instructions, ainsi que celles de la
même date concernant les médecins furent abrogées expressément
et remplacées par l'arrêté royal du 31 mai 1885 approuvant les nou-
velles instructions pour les médecins, les pharmaciens et les droguis-
tes.
p. 65; Mons, 9 décembre 1975, Pas., 1976, II, p. 159 et Rev. not.
b., 1977, p. 123; Anvers, ch. mis. acc., 2 novembre 2000, Limb.
Rechts., 2002, p. 192, note J. KERKHOFS);
- les membres du personnel médical, paramédical, social et juridique
d'une institution hospitalière, d'un centre de consultation préma-
trimoniale, matrimoniale et familiale, d'un cent re d' aide et
d'information scxuelle, conjugale et familiale ou assimilés (art. 3
du décret de la Communauté française du 10 juillet 1984 relatif à
l' éducation sanitaire et à !'information de la jeunesse ainsi qu' à
l' aide et l' assistance aux familles dans les domaines relatifs à la
contraception et à la parenté responsable. Il faut souligner qu' aux
termcs de l' article 5, les infractions à ce décret sont punies d'une
peine de 100 à 1. 000 francs d' amende);
- les psychologues et conseillers conjugaux (voy. pour cette dcrnière
catégorie : Nathalie H US TIN- DE NIES, << Le secret professionnel des
médiateurs familiaux et des conseillers conjugaux>>, Journ. trib.,
1998, p. 129);
- les ambulanciers et les conducteurs d 'ambulance (corr. Charleroi,
27 juin 1974, Journ. trib., 1975, p. 28, jugement confirmé par un
arrêt de la cour d'appel de Mons du 9 janvier 1976).
235. Il a été soutenu que le droguiste, en tant que débitant de
drogues et de médicaments simples était soumis au secret profes-
sionnel (Pand. b., v 0 Secret professionnel, n° 18, citant Alphonse DE
BusscHERE, op. cit., n° 7, p. 16; ,Jos GoEDSEELS, Commentaire du
Code pénal belge, Bruylant, 2" éd., Bruxelles, 1948, n° 2712). C'était
perdre de vue que l' articlc 3 7 de l' arrêté royal du 31 mai 1885
approuvant les nouvellcs instructions pour les médecins, pour les
pharmaciens et pour les droguistes, énonce que ces derniers <<ne peu-
vent vendre au exposer en vente aucune préparation au composition
pharmaceutique, aucune spécialité pharmaceutique; ils ne peuvent non
plus mélanger des médicaments simples, ni préparer des remèdes, ni
exécuter des recettes prescrites par des praticiens de l 'art de guérir au
par d 'autres personnes ». Les droguistes n' exercent pas unc profes-
sion qui relève, même accessoirement, de l' art de guérir. Ils ne sont
pas tenus au secret professionnel.
Il en est de même de I'hótesse d'accueil d'une clinique ou d'un
höpital qui n' exerce pas une profession médicale, mais remplit des
178 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
C. - La Commission d 'évaluation
des interruptions de grossesse
236. La loi du 13 août 1990 visant à créer une Commission d'éva-
luation de la loi du 3 avril 1990 relative à l'interruption de grossesse
énonce à l' article 7 : «Toute personne qui, en quelque qualité que ce
soit, prête son concours à l 'application de la présente loi, est par là
même responsable du secret des données qui lui sont confiées dans
l 'exercice de cette mission et qui ont trait à l 'exercice de cette mission.
L 'article 458 du Code pénal lui est applicable ».
Il a été précisé lors des travaux préparatoires de la loi que les
rapports individuels sont transmis anonymement à la Commission
d'évaluation, que les renseignements qu'ils contiennent sont confi-
dentiels et ne peuvent être communiqués à aucune autre autorité,
y compris le Parlement et, enfin, que les membres de la Commission
et toutes les personnes qui sont chargées de l' application de la loi
sont tenues par le secret professionnel. Il a en outre été précisé que :
<<cela implique notamment que ces dossiers médicaux ne peuvent
être demandés directement par le parquet ou les services de police.
Une instruction doit être ouverte au préalable, ce qui délie le méde-
cin de son devoir de discrétion. Même dans ce cas, le médecin peut
encore invoquer le secret professionnel et refuser de transmettre le
dossier, mais le juge d'instruction dispose toutefois toujours d'un
droit de perquisition et de saisie. Lorsque c'est le médecin lui-même
qui est soupçonné d'un délit professionnel, il ne peut invoquer le
secret professionnel en ce qui concerne les documents qui ont trait
au délit» (voy. le rapport fait au nom de la Commission de la Santé
publique et de l'Environnement par Mme BuRGEON et Mme
MECKX-VAN GoEY, Doe. parl., Chambre, sess. 1989-1990, 1150/5,
Pasin., 1990, pp. 2203 et suiv.).
A. - L'étendue
237. L' article 458 du Code pénal est rappelé à l' article 19 de
l'arrêté royal du 31 mai 1885, approuvant les nouvelles instructions
LE SECRET MÉDICAL 179
pour les médecins, pour les pharmaciens et pour les droguistes, dans
des termes à peu près semblables : << Les médecins et toutes autres per-
sonnes dépositaires par état ou par profession des secrets qu 'on leur
confie, qui, hors le cas ou ils sant appelés à rendre témoignage en jus-
tice et celui ou la loi les oblige à faire connaître ces secrets, les auront
révélés, seront punis des peines prévues par l 'article 458 du Code
pénal >>. Le caractère superflu de ce rappel est indéniable.
Par ces dispositions, le législateur a voulu sanctionner pénale-
ment la révélation des secrets dont le médecin est dépositaire nans
l'exercice de sa profession. Le Code de déontologie médicale, élaboré
par le Conseil national de l'Ordre des médecins, en application de
l'article 15 de l'arrêté royal n° 79 du 10 novembre 1967 relatif à
l'Ordre des médecins, et mis à jour en 1995, contient deux articles
qui précisent l' obligation au secret professionnel :
- Article 56 : «Le secret professionnel du médecin comprend aussi
bien ce que le patient lui a dit ou confié que tout ce que le médecin
pourra connaître ou découvrir à la suite d 'examens ou d 'investiga-
tions auxquels il procède ou fait procéder ».
- Article 57: <<Le secret professionnel s'étend à tout ce que le méde-
cin a vu, connu, appris, constaté, découvert ou surpris dans l'exer-
cice ou à l' occasion de l' exercice de sa professiorn>.
Cette dernière disposition est plus large que le texte pénal
puisqu'elle vise non seulement les faits connus par le médecin en
raison de l' exercice de la profession, mais également tous ceux
venus à sa connaissance à l' occasion de l' exercice de sa profession.
Cette extension aux faits connus << à l' occasion ►> de l' exercice de la
profession est contredite par la jurisprudence de la Cour de cassa-
tion qui considère que les personnes tenues au secret professionnel
ne peuvent refuser de déposer en justice relativement à un fait
dénué de tout caractère secret, même s'il est venu à leur connais-
sance à l' occasion de l' exercice de leur profession (voy. notamment
cass. 23 juin 1958, Pas., 1958, I, p. ll80; voy. infra, n° 239).
Il a été jugé que le Conseil de l'Ordre peut infliger une sanction
disciplinaire à un médecin lorsqu'il constate que celui-ci a violé le
secret professionnel même si la décision se réfère à un code de déon-
tologie médical auquel le Roi n' a pas donné force exécutoire (cass.
19 mai 1988, Pas., 1988, I, p. ll47 et R. W., 1988-1989, col. 645).
180 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
B. - Le dossier médical
245. Tout médecin praticien consciencieux tient note des consta-
tations qu'il fait au cours des examens successifs auxquels il soumet
ses malades, et des traitements qu'il leur prescrit. Les protocoles
d' analyses ou d' examens spéciaux y sont annexés, ainsi que les
radiographies. Plus ces fiches sont détaillées et soigneusement
tenues à jour, plus le praticien montre de dévouement à sa tàche et
plus il apporte la preuve de son soin dans l'accomplissement du con-
trat tacite qui le lie à son client. Ainsi s'exprimait le docteur Mau-
rice De Laet qui en avait conclu qu'il ne pourrait être contesté que
ces documents sont la propriété exclusive du médecin, car il les a
établis par lui-même, dans le seul intérêt des soins qu'il donne au
malade (Maurice DE LAET, <<Documents médicaux et secret
professionneL>, Rev. dr. pén., 1955-1956, p. 4 7; voy. également sur
cette question Kris SCHUTYSER, << Eigendomsrecht en medische
dossiers)>, R. W., 1983-1984, col. 3021).
LE SECRET MÉDICAL 185
qu'un patient n' est pas atteint de telles affections, sont aussi cou-
verts par le secret médical). A l'inverse, les certificats fournis en
conformité avec les règles du secret médical peuvent être accueillis
par le juge comme mode de preuve (civ. Bruxelles, 27 février 1975,
R.G.A.R., 1976, n° 9581). L'affirmation de ces principes n'a d'autre
résultat que de déplacer les difficultés lorsqu'il s' agit de déterminer
si un certificat est délivré ou non en violation du secret profession-
nel.
252. Il convient de distinguer le cas d'un certificat produit par
le patient lui-même du cas ou ce document est invoqué par un tiers
ou par un héritier du patient. Dans le premier cas, l' obligation au
secret médical ne peut avoir pour objet et ne peut avoir pour effet
d'interdire au médecin, lorsqu'il est requis par son client, de délivrer
à celui-ci des certificats, attestations ou documents destinés à expri-
mer les constatations qu'il est en mesure de faire sur sa personne
(Xavier RYCKMANS et Régine MEERT-VAN DE PuT, op. cit., n° 207).
C'est dès lors à juste titre qu'il a été jugé à !'occasion d'une procé-
dure en nullité de donation exercée par le donateur pour cause
d' absence de consentement à l' époque des libéralités, que les certi-
ficats médicaux délivrés par le médecin au disposant lui-même ne
doivent pas être écartés des débats (civ. Liège, 19 février 1991,
J.L.M.B., 1992, p. 620). Il en va de même si le certificat est remis
par le médecin d'un prévenu à l'avocat de ce dernier (cass., 6 avril
1982, Pas., 1982, I, p. 924; en l'occurrence, la Cour a jugé que de
la seule circonstance que le médecin traitant d'un prévenu a adressé
des certificats médicaux au conseil de ce dernier, il ne se déduit pas
nécessairement que ceux-ci ont été délivrés en violation du secret
médical, en sorte que l' arrêt qui écarte à tort ces certificats des
débats au seul motif qu'il y a eu violation du secret professionnel,
viole notamment les droits de la défense).
253. Le médecin est-il fondé à refuser la délivrance d'un certificat
au patient? L' article 67 du Code de déontologie médicale,
élaboré par le Conseil national de l'Ordre des médecins énonce, dans
sa mise à jour de 1995 : << Le médecin a le droit mais non l 'obligation
de remettre directement au patient qui le lui demande un certificat
concernant son état de santé. Le médecin est fondé à refuser la déli-
vrance d 'un certificat. Il est seul habilité à décider de son contenu et
de l 'opportunité de le remettre au patient ». Le texte ajoute: << Lorsque
190 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
voy. également cour. trav. Mons, 20 septembre 1977, Rev. dr. soc.,
1978, p. 203).
Il en irait autrement si le patient s' opposait à la transmission de
tels éléments; ceux-ci devraient alors être écartés des dé bats (pol.
Florenville, 20 février 1968, Journ. trib., 1970, p. 311 et Jur. Lg.,
1968-1969, p. 38; corr. Dinant, 7 mai 1968, Journ. trib., 1968,
p. 440).
Le médecin traitant ne peut, à peine de sanction pénale, faire
obstacle à l' accomplissement de la mission de controle des méde-
cins-conseils et des médecins-inspecteurs des organismes assureurs
(art. 171, al. icr de la loi). Toutefois, il n'y pas d'infraction s'il invo-
que le secret médical comme justification lorsque la mission «vise
des documents ou renseignements autres que ceux qu 'une disposition
légale ou réglementaire oblige à produire ... », et si le juge estime que
cette cause d'excuse est fondée. A cette fin, le magistrat peut dési-
gner comme expert un membre du conseil de l'Ordre des médecins
(art. 171, al. 3).
270. Le Code de déontologie médicale, dans sa version de 1995
adoptée par le Conseil national de l' Ordre des médecins, range
parmi les exceptions légales au secret professionnel << la délivrance de
certificats médicaux réglementaires en vue de permettre les déclarations
d 'accidents de travail et contenant toutes les indications en rapport
avec le traumatisme eaus al>> (art. 58, f). Le conseil de l' Ordre des
médecins du Brabant était allé plus loin encore en énonçant: <<La
loi sur la réparation des accidents du travail est une loi d'intérêt
public et la notion du secret médical n'est pas d'application lorsque
des renseignements d' ordre médical sont demandés à un médecin
traitant au sujet d'un accidenté du travail par un médecin expert,
désigné par le tribunal du travail; il existe dans ce cas une excep-
tion légale à la règle du secret médical>> (Bull. de l 'Ordre des méde-
cins du Brabant, 1971, n° 2, p. 40).
La jurisprudence n' a pas suivi cette opinion. La Cour de cassa-
tion, dans un arrêt rendu le 30 octobre 1978, qui consacrait, à l'épo-
que, de façon contestable, la théorie du secret médical absolu, a
jugé que le médecin directeur d'un établissement hospitalier dans
lequel la victime d'un accident a reçu des soins, est tenu au secret
professionnel au même titre que le médecin traitant de cette vic-
time. Il en résulte, a dit la Cour, qu'est illégale la décision du juge
202 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
274. Au cours des affaires qui lui sont confiées, le juge d'instruc-
tion peut avoir à procéder à une perquisition et à effectuer des
saisies; ce droit est réglé par les articles 87 et 88 du Code d'instruc-
tion criminelle qui sont d' application générale; ils permettent au
juge de se transporter en tout lieu ou pourraient se trouver des
papiers, effets et généralement tous objets jugés utiles à la manifes-
tation de la vérité.
Dans l'étude des pouvoirs du juge d'instruction, on trouve peu de
restrictions au droit du juge de procéder à une perquisition (voy.
Jacques HoEFFLER, Traité de l'instruction préparatoire en matière
pénale, Courtrai, éd. U.G.A., 1956). Faustin Hélie enseignait que
«lorsque la visite a été prescrite par le juge et qu' elle a été pratiquée
par lui, il y a lieu de présumer, d'abord, qu'elle a été mûrement
délibérée et par conséquent qu' elle était nécessaire, ensuite, qu' elle
a été entourée de toutes les form es légales >> ( Traité de l 'instruction
criminelle ou théorie du Code d'instruction criminelle, éd. belge par
NYPELS et HANSSENS, 3 t., Bruxelles, Bruylant-Christophe, 1845-
1869).
La loi n' apporte aucun tempérament particulier aux dispositions
précitées lorsque le lieu de la perquisition est cel ui ou s' exerce l' acti-
vité d'une personne tenue au secret professionnel, tel un médecin.
275. L'usage voudrait que le juge d'instruction ne perquisitionne
chez une personne tenue au secret professionnel qu' avec une parti-
culière circonspection et seulement s'il existe des présomptions suf-
206 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
BIBLIOGRAPHIE SPÉClALE
1. - DOCTRINE BELGE
SECTION 1. ~ lNTRODUCTION
277. Alors que les textes romains sont muets sur le secret médi-
cal, l' obligation des gens de justice y est mentionnée dans le Digeste
(Digeste, Loi XXII, V, <<De testibus>>, 25 et Loi IX, II, Ad legem
aquiliam, 41) et, plus tard, dans les Commentaires du célèbre juris-
consulte Farinacius. Celui-ci fonde l'obligation au secret sur l'idée
de protection affectueuse que le patron doit au client, cette protec-
tion prohibant la révélation des confidences reçues et interdisant à
l' avocat de porter témoignage contre ses clients (« Advocatus in
causa in qua est causa, propter praesumtam affectionem, testimonium
ferre non potest», Farinacius, Quaest, 60, n° 155).
Si l' Ancien Droit n' a pas connu de texte général prescrivant le
secret professionnel, les ordonnances royales et les arrêts des Parle-
210 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
ments de l' Ancien Régime ont admis l'impérieuse nécessité de l' obli-
gation au secret professionnel qui pèse sur l' avocat.
L'Edit de Louis XI du 22 décembre 14 77 reconnaissait à l' avocat
le droit de refuser son témoignage à la justice, en raison du secret
dont il est dépositaire, sous la seule réserve du crime de lèse-
majesté.
Encore qu'elle ne fut inscrite formellement dans aucun texte, la
règle du secret professionnel des avocats était unanimement admise
au Souverain Conseil du Brabant. Elle était sanctionnée par l' article
18 de l' ordonnance albertine d'une seule peine et c' était la plus
forte: la privation de la robe. Quant au témoignage en justice, l' opi-
nion des auteurs était divisée. La jurisprudence du Grand Conseil de
Malines n'interdisait pas de faire entendre un avocat contre son
client, avec cette restriction que sa déposition devait se bomer à ce
qu'il savait «par ses sens propres>> à l'exclusion de ce qu'il avait
appris de son client pour la préparation du dossier (Jean NAUWE-
LAERS, Histoire des avocats au Souverain Oonseil de Brabant, Bruy-
lant, 1947, t. 1, Bruxelles, pp. 366 et suiv.).
278. Bien que l' avocat ne soit pas expressément désigné par
l'article 378 du Code pénal de 1810, il fut très rapidement admis
qu'il était placé sur le même plan que le prêtre et devait aux con-
fidences qui lui sont faites, un secret non moins inviolable. La juris-
prudence a très töt accepté la dispense de déposer sur les faits que
l' avocat a appris dans ses fonctions (Faustin HÉLlE, Traité de l 'ins-
truction criminelle, éd. augmentée par NYPELS et HANSSENS, Bruy-
lant-Christophe, t. Il, Bruxelles, 1865, n° 2436). Cette dispense était
considérée comme une nécessité du droit de défense dont le libre
exercice constitue une des sources de la vérité et, par conséquent,
un élément essentie! de la justice (civ. Gand, 17 janvier 1853, Belg.
jud., 1853, col. 429; Bruxelles, 26 novembre 1853, Belg. jud., 1854,
col. 364; Bruxelles, 14 novembre 1859, Belg. jud., 1860, col. 385,
obs.).
Le principe n'en a j amais été contesté; seules les limites firent
l' objet de décisions prenant en compte les circonstances de fait, plus
particulièrement, selon qu'elles avaient été connues dans l'exercice
de la profession ou en dehors de celle-ci. La Cour de cassation a pro-
clamé implicitement la dispense de témoigner par ses arrêts des
LE SECRET PR0FESSIONNEL DE L' AV0CAT 211
ceci dans l'intérêt général, pour que tous ceux qui s' adressent à lui
en confiance puissent avoir la certitude que les secrets qu'ils con-
fient à leur conseil ne courent pas le risque d' être dévoilés à des
tiers>>. Il en résulte, poursuit l' arrêt, que l' avocat est également tenu
au secret lorsque, dans l'exercice de sa profession, il lui est demandé
de devenir le complice d'un délit; en décider autrement reviendrait
à mettre en péril le caractère absolu de l' obligation au secret pro-
fessionnel (Pas., 1975, II, p. 42; Journ. trib., 1976, p. 11; voy. dans
le même sens: corr. Bruxelles, 29 mars 2001, Journ. trib., 2001,
p. 61 7, note Pierre LAMBERT, << Le secret professionnel de l' a vocat et
les conflits de valeur; cass., 9 juin 2004, Larcier Cassation, 2004,
n° 797).
Il ne s'étend pas cependant à des faits qui, en raison de leur illé-
galité, sont non seulement étrangers, mais encore directement con-
traires à l'exercice de la profession d'avocat et à ses fins légitimes;
en aucune manière, il ne peut servir à couvrir des infractions (corr.
Bruxelles, 29 mars 2001, précité).
280. Longtemps, la doctrine professionnelle a proclamé à l' envi
le caractère absolu et intangible de l' obligation de l' avocat, en ajou-
tant qu'il ne saurait appartenir à personne de l'en affranchir, le
client lui-même ne pouvant l'en délier. Il faut constater que les
résolutions réglementaires des ordres professionnels sont d'une sévé-
rité extrême en ce qui concerne le respect du secret professionnel,
allant jusqu' à interdire à l' avocat de déposer en justice, même sur
une circonstance purement matérielle à laquelle il a été mêlé dans
l' exercice du mandat de défense qui lui a été confié (décision du
conseil de l'Ordre du barreau de Bruxelles du 14 octobre 1980, Let-
tre du bátonnier, octobre 1980; pp. 58 et 63; voy Pierre LE GROS,
<< Les conséquences disciplinaires de la révélation du secret par l' avo-
en utilisant une très grande partie de ce que le client lui a dit sous
le sceau de la confidence. Les plaidoiries sont prononcées en
audience publique et voilà non seulement le secret professionnel
révélé, mais même étalé. Ce n'est là qu'une dérogation apparente à
la règle du secret; c' est l' exercice même de la profession ( voy.
Eugène REUMONT, op. cit., n° 12).
283. Hors cette circonstance, l' avocat est tenu au secret sur tout
ce qu'il a appris par l'exercice de sa profession.
C'est ainsi qu'il a été jugé que viole le secret professionnel, l'avo-
cat, chargé de la défense à une action en divorce, qui révèle aux
parents de sa cliente des faits de caractère scandaleux imputés à
celle-ci et venus à sa connaissance par la relation d'une tierce per-
sonne, même si ces faits sont étrangers aux griefs articulés dans la
procédure (cass., 11 février 1946, Pas., 1946, 1, p. 66).
Il en est de même pour l'avocat qui communique la copie d'un
dossier répressif à un écrivain pour lui permettre de publier un livre
concernant une affaire pénale, même si cette communication est
autorisée par le client. Ce dossier contient, en effet - relève le tri-
bunal - des dépositions étrangères à celles du client et celui-ci ne
peut valablement délier son conseil de l' obligation au secret pour
l'ensemble du dossier (Gand, 30 novembre 1961, Pas., 1963, Il,
p. 127; voy. dans le même sens corr. Liège, 15 septembre 1998,
Journ. procès, 2 octobre 1998, p. 28).
L' avocat est tenu au secret non seulement concernant les confi-
dences relatives à son client, mais également celles relatives à des
tiers. Les procès apprennent, en effet, fréquemment sur des person-
nes qui y sont étrangères, des c~10ses de nature confidentielle (REu-
MONT, op. cit., n° 6).
284. L' avocat peut être confronté à un conflit entre son obliga-
tion au secret professionnel et l'obligation qui lui est faite par l'arti-
cle 508/18 du Code judiciaire de déposer une requête motivée au
Bureau d' aide juridique «lorsque le bénéficiaire ne satisfait plus aux
conditions prévues>> légalement. Si, en effet, l' avocat acquiert la cer-
titude, soit des pièces du dossier, soit d'une confidence de son client,
que ses ressources ne sont pas insuffisantes au sens de la loi
(art. 508/13 du Code judiciaire) pour bénéficier partiellement ou
entièrement de l'aide juridique, il lui appartient de déposer une
requête motivée, c'est-à-dire qui énonce les raisons qui lui permet-
LE SECRET PR0FESSIONNEL DE L'AVOCAT 215
tent d' affirmer que son client ne remplit pas ou plus les conditions
de l'obtention du bénéfice de l'aide juridique. Comment concilier
cette obligation avec les exigences du secret professionnel et avec la
prohibition absolue pour l' avocat de s' associer comme co-auteur ou
complice du détournement au préjudice de la collectivité que com-
met son client?
Devant tenter d'harmoniser deux exigences inconciliables,
l'assemblée générale de l'Ordre des barreaux francophones et ger-
manophone a décidé, dans un règlement entré en vigueur le 1er jan-
vier 2002, que l' avocat se limiterait à déposer une requête non moti-
vée aux termes de laquelle il signale que le client ne remplit pas ou
plus les conditions prévues pour bénéficier de l' aide juridique. Au
préalable, il aura tenté de convaincre son client de renoncer volon-
tairement au bénéfice de l'aide juridique (voy. Robert DE BAERDE-
MAEKER et Pierre CoRVILAIN, <<Règlement sur l'article 508/18 du
Code judiciaire et le secret professionneL>, La Tribune de l 'Ordre des
barreaux, 2001, p. 11).
285. L'avocat, appelé à déposer en justice, ne peut invoquer le
secret professionnel que relativement à des faits confiés ou appris
par lui dans l' accomplissement de sa mission; ce serait dépasser le
hut et méconnaître la volonté de la loi que d'étendre la dispense de
déposer aux faits que l' avocat a connus en dehors de sa qualité de
confident nécessaire et, notamment, à ceux qu'il a appris avant
même d'avoir été consulté (cass., 27 mars 1905, Pas., 1905, I,
p. 176, et les concl. du procureur général JANSSENS; Belg. jud., 1905,
col. 941 et Journ. trib., 1905, col. 606).
Il en est de même, a décidé la cour d'appel de Liège, dans un
arrêt vivement controversé du 25 juin 1958, à propos de faits d'un
domaine étranger à la confidence proprement dite, comme par
exemple, la question de savoir si un acte rédigé en la présence de
l'avocat existe ou non (Pas., 1958, II, p. 108; Jur. Liège, 1958-1959,
p. 66 et J ourn. trib., 1959, p. 45; voy. aussi l' analyse de Charles
VAN REEPINGHEN, << Remarques sur le secret professionnel de
l'avocat ►>, Journ. trib., 1959, p. 37).
Il en est encore de même lorsque les actes accomplis par l' avocat
sortent de ses attributions normales, comme à !'occasion d'un man-
dat ou d'un dépót qu'il aurait accepté à titre de corollaire de sa
fonction de conseil. Dans ce cas, l' avocat mandataire peut être tenu
216 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
293. Une saisie-arrêt peut-elle être pratiquée entre les mains d'un
avocat et celui-ci peut-il être contraint de faire la déclaration de
tiers saisi prévue par l' article 1452 du Code judiciaire? (voy. sur ces
questions: Anne-Marie STRANART, <<La saisie-arrêt entre les mains
d'un avocat, Journ. trib., 1985, p. 693; Pierre CoRVILAIN, <<La saisie-
arrêt entre les mains d'un avocat», Cah. dr. jud., 1991, p. 79; Jean-
Pierre BuYLE, <<Les jardins secrets du compte bancaire professionnel
de l'avocat» in Liber amicorum Lucien Simont, Bruylant, 2002,
p.953)
222 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
Dans le ressort de la cour d' appel de Liège, ils résultent d'une cir-
culaire du parquet général du 5 mai 1987 (Cire. 6/87D767, Cahiers
de déontologie du barreau de Liège, mai 2001, citée par Patrick
HENRY, << Le secret professionnel de l' avocat ►> in Regards sur les
règles déontologiques et professionnelles de l 'avocat, éd. du Jeune bar-
reau de Liège, 2001, p. 195, note 55). Selon cette circulaire, le délé-
gué du bätonnier examine préalablement les pièces que le juge
d'instruction se propose de saisir, retire du dossier les pièces qui
contiennent ou font référence aux confidences reçues par l' avocat
(correspondances confidentielles, ... ) et remet les au tres au juge
d'instruction.
Dans le ressort de la cour d' appel de Bruxelles, les usages avaient
fait l'objet d'une circulaire de l'auditeur général près la cour mili-
taire, le 23 janvier 1947 (Cire. n° 1831 G 11-10; voy. Albert NYS-
SENS, Introduction à la vie du barreau, 5e éd. mise à jour par
Antoine BRAUN, préface de Jean Cruyplants, 2003, n° 77; voy. éga-
lement le Recueil des décisions de principe prises par le conseil de
l'Ordre durant les années judiciaires 1948-1949 à 1951-1952, n° 108).
Elle a été rappelée par le procureur général près la cour d' appel le
25 septembre 1992. Selon ces usages, le juge d'instruction assiste en
personne à l' exécution de son mandat de perquisition, après avoir
invité le bätonnier de l'Ordre à être présent ou à se faire représenter
par un membre du conseil de l'Ordre; la saisie se limitera au <<corps
du délit ►>, tels l'arme du crime, les titres volés, les pièces constituti-
ves du faux, les lettres con tenant les menaces ou le chantage ...
Si l' avocat conservait le produit du délit, en connaissance de
cause, il se rendrait coupable de recel; le recel de l'instrument du
délit pourrait, le cas échéant, eu égard aux circonstances, donner
lieu à une incrimination également. Il est clair que l' avocat sortirait
absolument de sa mission s'il cachait dans son cabinet les pièces à
conviction nécessaires à l'instruction pénale ( voy. Bruxelles,
22 mars 1837, Pas., 1837, II, p. 63).
La saisie ne peut porter sur les pièces confidentielles, spéciale-
ment sur les correspondances échangées entre l'avocat et son client;
elle ne peut porter davantage sur les notes personnelles de l' avocat
prises soit lors d'un entretien avec son client, soit au cours d'une
étude du dossier en vue de préparer l' audience; si le magistrat ins-
tructeur a des raisons de supposer que le <<corps du délit,> se trouve
dans le dossier de l'avocat, il l'indique au bätonnier qui procède lui-
228 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
l' affirmative, de les rejeter des dé bats, même si, in tempore, le mem-
bre du conseil de l'Ordre délégué par le bàtonnier pour assister à la
perquisition, avait estimé ne pas devoir faire acter une remarque à
eet égard.
Ainsi, malgré le pouvoir quasi illimité attribué au juge d'instruc-
tion par les articles 87 et 88 du Code d'instruction criminelle, cer-
tains documents échappent à la perquisition et à la saisie (Eugène
REUMONT, <<Le secret professionnel des avocats ►>, Journ. trib., 1948,
p. 585, n° 15; Charles HUBERLANT, rapport avant l'arrêt Delhauteur
du Conseil d'Etat du 8 juin 1961, Journ. trib., 1962, p. 172).
D'ailleurs, ne serait-il pas contradictoire que le secret profession-
nel, admis sans réserve en cas de production forcée de documents
(voy. supra n° 107 et suiv.) ou lorsque l'avocat est appelé à témoi-
gner en justice sur des faits venus à sa connaissance en raison des
intérêts dont la défense lui est confiée, ne triomphe pas également,
sans restriction, en matière de perquisition et de saisie de docu-
ments et de lettres confidentielles? Les confidences écrites sont, par
leur nature, aussi secrètes que des confidences orales; elles ne peu-
vent être ni saisies ni consultées par des tiers (voy. J.H. SuETENS,
<<L'instruction - La chambre du conseil ►> in Novelles, v 0 Procédure
pénale, t" 1, n° 136).
302. Force est de reconnaître qu'il est séduisant de vouloir sou-
mettre à la juridiction du fond - aujourd'hui à la chambre des mises
en accusation ou à la chambre du conseil - après un débat contra-
dictoire, la contestation relative au caractère confidentie! de telle ou
telle pièce. Cette manière de procéder évite assurément l' écueil
d' attribuer à une personne - fût-elle le chef de l'Ordre des avocats
- le pouvoir quasi souverain et sans controle, de remettre telle pièce
au magistrat instructeur pour la saisir et de retenir telle autre. Les
inconvénients de cette manière de faire sont indéniables.
Mais d'un autre cöté, le magistrat instructeur en compulsant, au
cours de la perquisition, l'intégralité des pièces du dossier d'un avo-
cat, pourrait être amené à surprendre les confidences qu'il a reçues.
Assurément, il ne pourrait en faire état. Mais il découvrira peut-être
la retraite du prévenu qui se cache, recueillera l'aveu de sa faute s'il
en a fait la confidence, prendra connaissance de ses moyens de
défense, bref, il aura connaissance de tout ce que le prévenu a confié
à son avocat, sachant que la confidence ne peut être révélée à qui-
LE SECRET PROFESSIONNEL DE L'AVOCAT 231
BIBLIOGRAPHIE SPÉCIALE
l. - DOCTRINE BELUE
SECTION 1. ~ LE PRINCIPE
tre, le notaire ne serait qu'un simple rédacteur d' actes. L' on sait
que son röle est bien plus large et qu'il lui appartient, non seule-
ment de donner aux conventions des parties les formes légales et
l' authenticité, mais également de les conseiller et de les éclairer.
La mission du notaire n' a-t-elle pas un champ plus vaste encore?
Ne parle-t-on pas des «fonctions officieuses)> du notaire chargé de
gérer la fortune mobilière ou immobilière de ses clients, d' effectuer
pour eux des placements sous la forme de prêts d' étude, de réaliser
l' actif d'une succession et d' en régler le passif... Mandataire, régis-
seur, séquestre, gérant de biens, le notaire reçoit des confidences en
ces diverses qualités, mais n' accomplit-il pas ainsi des táches extra-
professionnelles, qu'elles soient accessoires ou habituelles (voy.
P. HARMEL, Organisation et déontologie du notariat, Répertoire nota-
rial, t. XI, Larcier, Bruxelles, 1979, n° 8 227 et suiv.; R. DE VALK-
ENEER, Précis du notariat, Bruylant, Bruxelles, 1988, pp. 40 et
suiv.)? Et dans ce cas, ces confidences sont-elles encore couvertes
par le secret professionnel ou par un simple devoir de discrétion, eu
égard au caractère hybride de la profession?
310. Un arrêt de la Cour de cassation, rendu le 15 octobre 1888,
indique que «les personnes dépositaires par état des secrets d' au trui
ne peuvent refuser de répondre à des questions qui portent sur des
faits dont elles n'ont pas eu connaissance à titre confidentieL> (Pas.,
1888, I, p. 339). L'analyse de l'arrêt montre que le cas d'espèce
n' était pas très significatif: il s' agissait du refus de déposer par un
avocat candidat notaire; en outre, les questions posées à l'intéressé
concernaient uniquement des faits dont il avait été non le confident,
mais le témoin.
Autrement significatif est un arrêt rendu le 5 février 1901 par la
cour d' appel de Gand qui décide que l'invocation du secret profes-
sionnel par un notaire ne peut avoir pour objet que des faits qui lui
auraient été révélés sous le sceau du secret dans l' exercice de son
ministère. Il ne lui est pas permis, dit la cour d'appel, d'invoquer
le secret professionnel pour refuser de répondre à un interrogatoire
sur faits et articles, lorsque les questions posées se rapportent, non
à un acte de son ministère, mais à des faits engendrant une obliga-
tion de droit commun qu'il aurait personnellement contractée
envers l'auteur de la partie qui demandait à l'interroger (Pas., 1901,
p. 241 et Rev. not., 1901, p. 366). En l'occurrence, il s'agissait d'une
238 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
leurs droits s' arrêtent là. Le notaire doit tenir pour secret tout ce
qui s' est passé entre lui et son client décédé; il serait coupable s'il
communiquait à l'héritier de son client des notes confidentielles con-
cernant ce dernier ( voy. Versailles, 20 août 1868, cité par Louis
CLÉMENT, op. cit., p. 90).
314. La loi du 5 juillet 1998 relative au règlement collectif de
dettes et à la possibilité de vente de gré à gré des biens immeubles
saisis a introduit dans Ie Code judiciaire un article 1675/8 dont l'ali-
néa 2 énonce que lorsqu'il est fait injonction à un tiers de fournir
tous renseignements sur des opérations accomplies par Ie débiteur
ainsi que sur la composition et la localisation de son patrimoine, «en
toutes hypothèses, le tiers tenu au secret professionnel ou au devoir de
réserve ne peut se prévaloir de celui-ci >>.
Cette disposition a été annulée par l' arrêt de la Cour d' arbitrage
rendu Ie 3 mai 2000 (voy. supra n° 42) en tant qu'elle concerne les
avocats, la Cour considérant que <<s'il est vrai que la règle du secret
professionnel doit céder lorsqu'une nécessité l'impose ou lorsqu'une
valeur supérieure entre en conflit avec elle ►>, la disposition visée
<< établit une levée du secret professionnel absolue et a priori ( ... ) qui
n' est pas raisonnablement proportionnée à l' o bj ectif poursui vi ►>
(voy. les considérants B.8.1. et B.9. de l'arrêt).
Même si l' arrêt de la Cour d' arbitrage ne vise expressément que
les avocats - les seuls à avoir introduit un recours en annulation -
nous pensons avec Jean-François Taymans que si un notaire invo-
quait Ie secret professionnel dans les mêmes circonstances, la Cour
d' arbitrage, éventuellement saisie par une question préjudicielle
posée par la juridiction concernée, ne pourrait que répondre de
manière semblable par identité de motifs, pour autant qu'en
l' occurrence, la détention de fonds soit couverte par Ie secret pro-
fessionnel et non par une simple obligation de discrétion (J.-F. TAY-
MANS, <<Notaires ►>, op. cit., p. 976).
BIBLIOGRAPHIE SPÉCIALE
1. - DOCTRINE BELGE
SECTION 1. - LE PRINCIPE
SECTION 2. - L'ÉTENDUE
A. - L'objet
320. S'il fut admis très töt que les confidences faites en confes-
sion devaient demeurer secrètes en raison de l' enseignement de
l'Eglise catholique - selon le Code de droit canonique, le secret de
la confession est absolu et inviolable -, accepté par les cours et tri-
bunaux, il n'en fut pas de même en ce qui concerne les confidences
faites à un prêtre en dehors de eet acte religieux (voy. Bruxelles,
28 juin 1988, R. W., 1988-1989, p. 340). Cette question donna lieu à
de vives controverses.
Les premiers commentateurs du Code pénal de 1810 estimaient
que si des faits sont parvenus à la connaissance des ministres du
culte autrement que par la voie de la confession, les prêtres sont
soumis comme tous les au tres citoyens à l' obligation de rendre
témoignage en justice, car le titre de ministre d'un culte n'est pas
par lui-même un motif de dispense (Jean-Marie LE GRAVEREND,
Traité de législation criminelle, 5 t., Tarlier, Bruxelles, 3e éd., 1832,
p. 251).
Une partie de la doctrine enseignait que le prêtre pouvait refuser
son témoignage dans tous les cas ou les faits sur lesquels il serait
appelé à déposer, auraient été portés à sa connaissance par suite de
l 'exercice de ses fonctions sacerdotales, même par une autre voie que
la confession. Cette doctrine faisait valoir qu' on ne pourrait, sans
offenser la religion et l'Humanité, soutenir qu'un prêtre appelé pour
porter la consolation de la religion à un homme, doive faire connaî-
tre les confidences reçues à cette occasion : qui oserait prétendre que
lorsque l' aumönier qui accomp.agne le condamné dans sa charrette
quitte le pied de l' échafaud, le juge d'instruction puisse le faire
venir dans son cabinet pour l' entendre sur les révélations que le
condamné a pu lui faire même en dehors de la confession, et distin-
guer subtilement la simple confidence de la confession régulière.
Cette doctrine trouvait à s' appuyer sur un arrêt de la cour
d'appel d'Angers rendu le 31 mars 1841 qui avait déclaré légitime
le refus d'un évêque de déposer sur les faits venus à sa connaissance
dans l' exercice de sa juridiction épiscopale disciplinaire (cité par
Charles MuTEAU, op. cit., p. 42). Elle était cependant loin de faire
l'unanimité et fut vivement combattue par Faustin Hélie qui, le
LE SECRET PROFESSIONNEL DU MINISTRE DU CULTE 24 7
B. - Les personnes
323. Prétendre que le secret se restreint aux seuls faits révélés en
confession serait aboutir à cette inconséquence, dont l'intransi-
geance n' échappera à personne, que seuls les ministres du culte
catholique pourraient invoquer l' article 458 du Code pénal, puisque
seul ce culte connaît la pratique de la confession.
La détermination, aujourd'hui unanimement acceptée, de l'éten-
due du secret professionnel des ministres du culte conduit naturel-
lement à l'idée que la solution admise, d' abord, pour les prêtres de
la religion catholique, doit être identique pour les ministres des cul-
tes protestant, anglican, juif, islamique et orthodoxe (voy. la loi du
4 mars 1870 sur le temporel des cultes, modifiée par les lois du
15 juillet 1974 sur la comptabilité des autres cultes reconnus et du
17 avril 1985 portant reconnaissance des administrations chargées
de la gestion du tempo rel du culte orthodoxe; voy. égalt le décret
de la Communauté flamande du 7 mai 2004 relatif à l' organisation
matérielle et au fonctionnement des cultes reconnus).
La logique veut qu'il en aille de même pour les conseillers laïcs.
Tous sont en effet appelés à remplir des devoirs sinon identiques, en
tous cas analogues et leurs fonctions ne peuvent être exercées que
si le public est assuré de la confidence la plus totale en s' adressant
à eux.
Il a été jugé qu' en révélant le résultat de ses observations et en
livrant ses impressions à la suite d'un entretien préliminaire au
250 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
C. - Les limites
325. Les dérogations légales prévues par les articles 458 et 458bis
du Code pénal sont évidemment applicables au ministre du culte.
Il existe en outre diverses autres limites. Le secret professionnel
n' existe pas pour les faits qui sont connus à un autre titre que cel ui
de ministre du culte, par exemple au titre de parent ou d'ami. Ainsi
en a décidé la Cour de cassation de France, dans un arrêt du 11 mai
1959, à !'occasion de révélations contenues dans une lettre adressée
à un abbé pour lui soumettre non un problème de conscience mais
une question d'argent (cass. fr. crim., 11 mai 1959, Gaz. Pal., 1969,
2, p. 79 et Dall. pér., 1959, I, p. 312, et la note; voy. aussi cass. fr.
crim., 12 juin 1965, Dall. pér., 1965, J, p. 627, et la note). Il a été
jugé qu'un aveu de paternité peut être recherché dans une lettre
écrite par un jeune homme à un prêtre, son ancien précepteur et son
ami de toujours, oncle de la jeune fille séduite, qu'il a pris pour con-
fident et conseil (Toulouse, 14 mars 1928, Sirey, 1928, 2, p. 130;
J.O.P., 1928, II, n° 1139 et Gaz. Pal., 1928, 2, p. 157).
De même, il a été jugé que le trésorier d'une caisse diocésaine de
bonnes amvres et le secrétaire de l'évêché ne peuvent invoquer le
secret professionnel pour refuser de déposer comme témoins sur les
opérations se rapportant à la gestion de cette caisse (Bruxelles,
22 janvier 1895, Pas., 1895, II, p. 139).
326. En revanche, la Cour de cassation de France a cassé l' arrêt
d'une cour d'appel qui avait décidé qu' <<il convient de faire droit à
une demande de communication des pièces d'une procédure en
annulation du mariage religieux en vue d'une action en divorce)>:
elle a estimé que l' autorité religieuse avait un motif légitime de
refuser la communication de pièces qui ne sont parvenues à sa con-
naissance qu'en raison de la confiance qui lui a été accordée et qui
concernent la vie privée d'une des parties en litige (cass. fr. civ .,
29 mars 1989, Rec. Dall., 1990, J., p. 45, et la note de Michel
RoBINE; J.O.P., 1990, II, n° 21586, et la note de Franck Bous-
QUEAU).
A peu près à la même époque, le tribunal de première instance de
Bruxelles, dans un jugement du 1er décembre 1988 considérait que
les dépositions des témoins entendus lors d'une procédure ecclésias-
tique ne peuvent être portées qu' à la seule connaissance des époux
en cause; ces témoins sont en effet assurés du secret de leur dépo-
252 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
sition à l' égard des tiers. Cette décision a été confirmée par l' arrêt
(inédit: R.G. n° 1783/89) de la cour d'appel rendu le 20 avril 1993,
qui a pris en compte le fait que le demandeur n'était pas partie à
la cause soumise au tribunal diocésain, qu'il avait acquis la connais-
sance des éléments contenus dans les témoignages en méconnais-
sance des droits au secret garanti par l'autorité qui les avait
recueillis, ce droit au secret s' apparentant en réalité au secret des
lettres et ce droit à la confidentialité se trouvant, en l'occurrence,
conforté par la circonstance que les témoignages sont recueillis par
des autorité religieuses en principe tenues au secret par profession
ou par état (Journ. trib., 1989, p. 167)
327. La controverse a rebondi en France à l'occasion de la con-
damnation d'un évêque pour s'être abstenu de dénoncer aux auto-
rités judiciaires un prêtre de son diocèse, coupable de pédophilie
(voy. trib. gde inst. Caen, 4 septembre 2001, Dall., 2001, p. 2721;
Gaz. Pal., 7-8 novembre 2001, p. 4, obs. André DAMIEN; voy. égalt
les commentaires de la doctrine, certains d'entre eux étant publiés
avant même la décision de justice: Claire RocA, <<Secret de la con-
fession, secret professionnel et atteintes sexuelles sur mineur>>, Peti-
tes affiches, 6 avril 2001, p. 10; Olivier EcHAPPÉ, <<Le secret profes-
sionnel de l'ecclésiastique ►>, interview par Pierre Rancé, Dall., 2001,
p. 2606; Yves MAYAUD, <<La condamnation de l'évêque de Bayeux
pour non-dénonciation, ou le tribut payé à César ... ►>, Dall.,
6 décembre 2001, p. 3454; cass. fr. crim., 17 décembre 2002 - l'arrêt
casse l'arrêt de la cour d'appel de Versailles du 9 avril 2002 annu-
lant une perquisition et la saisie des pièces du dossier de l'enquête
canonique opérées dans les bureaux d'une autorité religieuse -, La
Sem. jur., 8 mars 2003, I, Il, n° 10.036, p. 403; Les Annonces de la
Seine, 31 mars 2003, p. 12, et la note de Serge PETIT, <<La procédure
pénale et le secret professionnel des ministres du culte ►>; Gaz. Pal.,
23-24 mai 2003, p. 12, et les concl. de l' avocat général Dominique
CAMMARET ainsi que la note d' André DAMIEN et Olivier EcHAPPÉ;
Dall. 2004, 1., p. 302, et la note de Claude BouvrnR-LE BERRE: <<La
saisie par le juge d'instruction de documents soumis au secret de la
confession ►>).
CHAPITRE V
LES AUTRES CATÉGORIES
PROFESSIONNELLES
Bibliographie spéciale
l. - DOCTRINE BELGE
Roger DALCQ, «Expertises civiles et secret professionnel des médecins, Liber arnico-
rurn Ernest Krings, Bruxelles, Story, 1991, p. 495; Benoît DEJEMEPPE, «T,e secret
profcssionnel des autorités judiciaires et administratives à l'égard de l'assureuJ')),
Rev. dr. U LB, 2000, p. 127; Xavier DE RrnMAECKER, <<Les magistrats,> in Didace
KrnANAHE et Yves PouLLET, dir., Le secret professionnel, La Charte, Bruxelles,
2002, p. 153; Ph. GLESENER, << Le secret professionnel des assistants sociaux dans
Ie cadre de la loi sur la probatiom, Rev. dr. pén., Hl!lO, p. :rn:{; Max HonE, Henri-
Michel HovEN et François PrnDBOElTF, <<Le sccn·t professionnd et la justice1>, rap-
port ronéotypé présenté lors des journées d'dude du barreau de Liège des 8-9 et
10 mai 1980; Nathalie HusTIN-ÜENIES. «Le sc<,ret prnfcssionnel des médiateurs
familiaux et des conseillers conjugaux>>, .Journ. trib., 1998, p. 129; Marc LEGEIN,
<<Secret professionnel et institutions publiques de la jeunesse>>, .Journ. des jeunes,
1995, p. 197; J. MATRAY, <<Le secret professionnel des huissiers de justice>>, L'huis-
sier de justice, 2000, p.l; Lucien NotrWYNCK, <<Le secret professionnel et ses impli-
cations sur l'utilisation de rapports d'expertise, d'enquêtes sociales, d'études
sociales et de rapports de guidance sociale dans des procédures distinctes de celles
dans lesquelles ils ont ét<> ótablis», Rev. dr. pén., 2002, p. 625: du même auteur:
<<La protection juridique du secret professionnel des acteurs psycho-médico-
sociaux intervenant dans un contexte judiciaire>>, mercuriale prononcée lors de la
rentrée solennelle dC' la cour d' appel de Bruxelles, Ic 1er septembre 2004. à
paraîtrc: Simon SAKSERATH, <<Quelques considérations sur Ie secret profcssionnel
des magistrats et des avoeats», Rev. dr. pén., 1948-1949, p. 114; Guy Vo01urnc-
KER, <<L'expertisc et Ie secret médieali> in Jean-Luc FAGNART et Alain PmE, dir"
Problèrnes actuels de la réparation du dornrnage corporel, Bruylant, Bruxelles,
19\!3, p. 91.
aux employés des greffes ainsi que des parquets (Max HOGE, Henri-
Michel HovEN et François PrnDBOEUF, <<Le secret professionnel et
la justice)>, rapport ronéotypé présenté lors des journées d'étude du
barreau de Liège des 8-9 et 10 mai 1980). Cette thèse ne peut être
admise, l'arrêté du Régent du 3 mai 1948 ayant été pris en appli-
cation de l'article 19 du statut des agents de l'Etat et eet article
figurant dans Ie chapitre relatif au recrutement et n' attribuant
expressément une délégation particulière de pouvoirs au Roi que
dans ce domaine.
Les greffiers, les employés du greffe ainsi que les référendaires
doivent être compris parmi les dépositaires de secrets par état ou
par profession, visés par l' article 458 du Code pénal. L' obligation au
secret a dès lors la même étendue que celle qui touche les magistrats
au délibéré desquels ils assistent et dont ils dactylographient les
jugements ou dont ils ont connaissance par l'exercice des fonctions
qu'ils exercent.
lis sont aujourd'hui visés expressément, dans le domaine pénal,
par la loi du 12 mars 1998 qui a inséré les articles 28quinquies et 57
nouveau dans Ie Code d'instruction criminelle.
337. La jurisprudence est peu abondante sur le sujet, ce qui est
à l'honneur des greffiers et des employés des greffes.
Un arrêt de la cour d'appel de Gand, rendu le 25 février 1914 a
estimé qu'il n'y a pas lieu de rejeter des débats d'une procédure en
divorce, sous prétexte qu' elle est produite en violation du secret
professionnel, la déposition du greffier d'une justice de paix, qui, à
l' occasion d'une levée de scellés préalable à un inventaire au domi-
cile conjugal, a constaté les traces matérielles de l' adultère du mari.
La cour a considéré que la règle du secret n'est applicable qu'aux
confidences proprement dites, reçues ou venues à la connaissance du
greffier en la qualité ou il procède, abstraction faite d'une simple
concomitance occasionnelle de temps et de lieu, et qu'en toutes
hypothèses, l' article 458 du Code pénal réserve le cas du témoignage
en justice (Pas., 1914, II, p. 156 et Belg. jud., 1914, col. 853, et
l'avis contraire de l'av. gén. PENNEMAN).
La jurisprudence n'est guère plus abondante en ce qui concerne
les employés du greffe. Un arrêt de la cour d'appel de Gand du
12 février 1960 a condamné un employé du greffe qui, sans autori-
sation du procureur général, avait communiqué à un avocat des
260 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
C. - Le policier
338. La question du secret professionnel des membres de la police
concerne moins leur obligation au secret que le droit pour eux de
taire leurs sources d'information. A eet égard, elle présente certaines
analogies a vee ce que l' on qualifie erronément de << secret profession-
nel du journaliste>>. Comme celui-ci, il a pour röle de recueillir des
informations et, pour ce qui le concerne plus particulièrement, des
éléments de preuve à l'intention d'un juge d'instruction ou du par-
quet.
Une jurisprudence constante consacrée par plusieurs arrêts de la
Cour de cassation estimait qu'un membre de la police pouvait invo-
quer à bon droit le secret professionnel en refusant de divulguer
quand il était appelé comme témoin, le nom de la personne dont il
avait reçu, en raison de ses fonctions, des renseignements destinés
aux autorités judiciaires (Liège, 31 juillet 1914, Pand. pér., 1914,
n° 1360 et Jur. Lg., 1914, p. 322; cass., 22 mars 1926, Pas., 1926,
I, p. 310, et les concl. de l'avocat général JoTTRAND; corr. Marche-
en-Famenne, 18 février 1954, Jur. Lg., 1953-1954, p. 243 et Journ.
trib., 1954, p. 593, et la note de Robert LEGROS; Bruxelles, 9 décem-
bre 1976, Journ. trib., 1977, p. 457; cass. 10 jan vier 1978, Pas.,
1978, I, p. 515; cass. 26 février 1986, Journ. trib., 1986, p. 328; Rev.
dr. pén., 1986, p. 619; Pas., 1986, I, p. 801). D'une manière géné-
rale, les cours et tribunaux mettaient l' accent sur l'intérêt primor-
dial de la lutte contre la criminalité qui justifie le recours à des indi-
cateurs dont il n'est, à l'évidence, pas opportun de dévoiler
l'identité.
339. Il reste qu'un conflit peut, à cette occasion, opposer les droits
de la défense et les intérêts de la répression (voy. Robert LEGROS,
note s/ corr. Marche-en-Famenne, 18 février 1954, Journ. trib., 1954,
p. 593; Victor RE NIER, << Le secret professionnel des officiers de police
judiciaire>>, Rec. jurisp. des trib. de l'arr. de Nivelles, 1959, p. 1; Alain
LES AUTRES CATÉGORIES PR0FESSIONNELLES 261
E. - L 'expert judiciaire
344. Le secret professionnel de l'expert judiciaire donne lieu à des
controverses, particulièrement lorsque l'expert désigné par le juge
ou le ministère public exerce une profession qui le rend dépositaire
264 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
des secrets d' au trui. Il existe, en effet, dans eet te situation une
ambiguïté qui concerne plus particulièrement l'expert-médecin. <<Mis
en confiance par le fait que celui qui les interroge a souvent com-
mencé par les ausculter, a pris leur tension, bref, s' est comporté en
tout point comme leur médecin habituel, des inculpés ont tendance
à lui raconter des quantités de choses qu'ils n' auraient j amais révé-
lées au juge d'instructiom (René FLORIOT et Raoul CüMBALDIEU, Le
secret professionnel, Flammarion, Paris, 1973, p. 95).
345. Il est parfois prétendu que l'expert judiciaire doit révéler au
juge qui l' a désigné, absolument tout ce qu'il a pu constater. Dans
cette thèse, rien de ce qu'il observe ou de ce que la personne sou-
mise à l' expertise lui avoue, ne devrait être considéré comme confié
à l'expert sous le sceau du secret.
Cette conception a eu les faveurs de la doctrine (Paul LuRQUIN,
Précis de l 'expertise du Code judiciaire, Bruxelles, Bruylant, 28 éd.,
1973, n° 137; Anselme SACERDOTE, <<Le secret professionnel du psy-
chiatre expert judiciaire ►>, Rev. dr. pén., 1959-1960, p. 230). Elle
repose sur l'idée que l'expert est le mandataire du juge et elle abou-
tit pratiquement à faire de lui une sorte d'officier de police judi-
ciaire. Cette opinion ne peut être admise : l' expert ne peut être qua-
lifié de mandataire, car le juge ne lui a pas délégué ses pouvoirs et
n' est pas lié par les conclusions du rapport d' expertise qui n' ont que
la valeur d'un avis, quelle qu'en soit l'importance. Comme le dit un
arrêt de la cour d'appel de Bruxelles, rendu le 12 février 1913, «les
considérations et les conclusions d'un rapport d' expertise ne sont
qu'un avis que le juge ne suit, même au point de vue technique, que
s'il y trouve les éléments propres à déterminer sa décision et s'il ne
lui apparaît pas en contradiction avec d' autres éléments probants
que la cause révèle (Pas., 1913, II, p. 117, voy. concernant la portée
de !'expertise, cass., 14 septembre 1992, Pas., 1992, I, p. 1021).
Quelques exemples peuvent illustrer la question. Un médecin
légiste est désigné pour autopsier le corps d'une jeune femme céli-
bataire tuée dans un accident; l' expertise révèle un état de
grossesse; le médecin légiste est-il tenu de consigner cette informa-
tion dans son rapport; est-il au contraire tenu de se tai re; ou
encore, peut-il se substituer au juge pour décider si eet élément pré-
sente ou non un intérêt en la cause? Au tres exemples : au cours
d'une expertise mentale, la mère de l' accusé révèle au médecin
expert que l'intéressé est un enfant adultérin, ce que son père légal
LES AUTRES CATÉGORIES PROFESSIONNELLES 265
Cette opinion doit être nuancée et appelle les mêmes réserves que
celles formulées à !'occasion de l'examen de la situation dans
laquelle se trouve le médecin-expert - et plus particulièrement le
médecin psychiatre - à l' égard du j uge qui l' a désigné ( voy.
J.P. AGNEESSENS, <(Protection de la jeunesse et secret judiciaire>>;
L. DE GROOTE, <(Secret professionnel et travailleurs sociaux>>;
F. EssER, <<Secret professionnel et éducateurs>>: rapports présentés
le 14 février 1981 lors de la journée d'étude organisée par le Comité
de contact des organismes d' aide à la jeunesse in Contact, n° spécial
1981, respectivement pp. 1, 41 et 61).
357. Aucune exception n'est prévue en faveur des personnes
visées par la loi relative à la protection de la jeunesse lorsqu'elles
sont appelées à rendre témoignage en justice, qu'il s' agisse d'un juge
de la j eunesse ou d'un assistant social. Il leur appartiendra d' appré-
cier, comme tout autre praticien tenu au secret professionnel, le
comportement à adopter, compte tenu de la nature et de l'étendue
du secret professionnel dont ces personnes sont des détenteurs (cour
ass. Brabant, 9 avril 1992, Journ. trib., 1992, p. 442).
La tendance actuelle de la doctrine recommande le silence que
seuls des motifs réellement graves permettraient de rompre. Ce sera
au délégué à trancher la question d' après les intérêts en cause et
suivant sa conscience. Le juge ne pourrait ici intervenir d' autorité.
L'intérêt des mineurs, l'intérêt de la fonction de délégué représen-
tent des valeurs sociales importantes. Il faudra en tous cas un exa-
men approfondi des intérêts en cause pour les sacrifier. Cité comme
témoin dans une enquête civile au cours d'une instance en divorce,
les délégués, auxiliaires du juge des enfants, n' ont pas la mission de
départager les parents en désaccord. De ce point de vue, le silence
semble devoir sou vent être préféré, à moins que l'intérêt de l' enfant
ne soit gravement en cause (Victor DELVAUX, <<Secret professionnel
des délégués à la protection de l'enfance>>, Rev. dr. pén., 1952-1953,
p. 660).
Ce droit au silence n'a jamais été contesté dans la jurisprudence
belge. Il reste que dans la matière de la rééducation des jeunes
délinquants, un conflit oppose souvent les exigences de la répression
aux nécessités de la prévention.
358. Le décret de la Communauté française du 4 mars 1991 rela-
tif à l'aide à la jeunesse dispose que «l'article 458 du Code pénal est
274 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
Bibliographie spéciale
Benoît DEJEMEPPE, <<Le secret professionnel des autorités judiciaires et administra-
tives à l'égard de l'assureur», Rev. dr. ULB, 2000, p.127; David D'HoooHE,
<<Openbaarheid van bestuur en de bescherming van vertrouwelijke
bedrijfsinformation», Tijds. Best. en Publ., 1982, p. 549; Michel HERBIET, <<Le
secret dans l'administration en droÎt beige>> in Le secret et le droit, Travaux de
!' Association Henri Capitant - Journées libanaises, Dalloz, Paris, 1974, p. 639;
Henri lNGBERG, <<Le point de vue de la fonction publique» in Le devoir de réserve :
l 'expression censurée ?, Bruylant, Bruxelles, coli. <<Les Cahiers de l'Institut d' étu-
des sur la justice,> n° 5, 2004, p. 59; Edmond JoRION, <<Le secret administratif
dans les pays développés,>, rapport beige présenté lors des journées d'étude de
l'Institut international des sciences administratives sur Ie thème: «L'accès des
administrés aux informations détenues par l'administration», Cujas, Paris, 1977,
p. 145; Philippe QuERTAIMONT, «La responsabilité des pouvoirs publics en
matière documentaire>>, Rev. dr. ULB, 1992, pp. 119 et suiv., spécialt pp. 128 et
suiv.: «La sanction de la violation du secret professionnel,>; Philippe LAMBRECHT,
LES AUTRES CATÉGORIES PROFESSIONNELLES 275
ment sur la base de l' article 458 du Code pénal, le fonctionnaire qui
communique à un entrepreneur évincé d'une soumission publique,
une note interne à l'administration proposant d'écarter l'offre d'un
autre soumissionnaire. Le secret des soumissions dans les adjudica-
tions de l' Etat et des administrations, dit le tribunal, est d' ordre
public et a pour hut d'empêcher que tous les marchés passés par
eux ne soient discutés sur la place publique; il en est de même de
tous les documents confidentiels relatifs à ces marchés (corr. Bruxel-
les, 6 mars 1973, Entr. et dr., 1976, p. 314).
La loi du 24 décembre 1993 relative aux marchés publics et à cer-
tains marchés de travaux, de fournitures et de services, telle qu'elle
a été complétée par la loi-programme du 9 juillet 2004 prévoit qu'il
appartient, lors de l' attribution d'un marché, d'informer «les candi-
dats non sélectionnés et les soumissionnaires dont l 'offre a été jugée
irrégulière (. .. ) après la prise de décision les concernant » ( art. 2 lbis
nouveau, § 1er). Cette obligation d'informer le soumissionnaire évincé
est nuancée par un paragraphe 3 qui énonce : «Certains renseigne-
ments peuvent ne pas être communiqués lorsque leur divulgation ( ... )
serait contraire à l 'ordre public, porterait préjudice aux intérêts com-
merciaux légitimes d 'entreprises publiques ou privées ou pourrait
nuire à une concurrence loyale entre entreprises ».
L'article 139 de l'arrêté royal d'application de la loi dénonce que
<< toute personne qui, en raison de ses fonctions ou des missions qui
loi, elle est un droit qui a pour hut de permettre de mener une vie
conforme à la dignité humaine : présenter l' aide sociale comme une
simple faveur laissée à la discrétion d'un homme politique ou d'un
de ses amis, hlesse la dignité humaine que la loi se donne pour hut
primordial de sauvegarder».
374. La section de législation du Conseil d'Etat releva que si
l' ohligation au secret est rappelée expressément à l' adresse des man-
dataires, il semhlait opportun d'en faire de même à l'intention des
memhres du personnel et de toutes les personnes qui assistent aux
séances du conseil de l' aide sociale. Le texte fut amendé pour tenir
compte des ohservations du Conseil d'Etat. Le texte de l' article 36
finalement adopté est lihellé dans les termes suivants :
<< Les membres du conseil de l 'aide sociale ont le droit de prendre
surtout en vue les cas d' aide sociale individuels pour lesquels l' arti-
cle 458 du Code pénal prévoit le secret et la sanction qui s' attache
à sa violation.
- Des explications précédentes, on ne peut cependant pas déduire
qu'un conseiller ou une des personnes qui peuvent assister à la réu-
nion puisse : 1. divulguer discussions et prises de position avant que
le conseil n' ait pris une décision; 2. divulguer le contenu des discus-
sions et la manière dont le vote s' est déroulé après la communica-
tion des décisions aux autorités compétentes.
- La première restriction découle de l' article 36 déjà ei té et de
l' article 33 qui précisent que les réunions ont lieu à huis clos. La
deuxième restriction, elle, n' est pas une conséquence de l' article 36
relatif à l' obligation du secret mais est fondée sur le principe des
réunions à huis clos ►>
(Bull. quest. rép., Chambre, sess. 1985-1986, quest. n° 8 50 et 125
de MM. Van Rompuy et Van Wambeke, pp. 2733 et 3903; voy.
Mouv. comm., 1986, p. 437).
378. Une controverse est également née du fait des travailleurs
sociaux prétendant imposer l'obligation au secret au sein même du
centre public d' aide sociale et, pour ce faire, dédoubler les dossiers
à soumettre au Conseil de l' aide sociale ou au bureau permanent :
d'une part, un dossier financier rassemblant toutes les données uti-
les à une prise de décision, et, d' autre part, un dossier confidentie!
d' encadrement, rassemblant les rapports des visites à domicile et la
correspondance confidentielle (A.M. LAMBRECHTS, op. cit., p. 308;
voy. la correspondance de Herman N vs à ce propos, M ouv. comm.,
1981, p. 80). Cette distinction ne repose sur aucun fondement légal.
En réponse à une question parlementaire, il a été indiqué qu'il
n' existe pas de secret professionnel spécifique dont le travailleur
social pourrait se prévaloir pour ne pas communiquer au conseil de
l' aide sociale certaines données concernant une demande d' aide
(Bull. ques. rép., Chambre, sess. extr. 1977, n° 4, p. 146 et sess.
1986-1987, n° 22, p. 2336).
L' article 4 7, §3 de la loi énonce cependant que certaines informa-
tions confidentielles peuvent ne pas être intégrées dans le dossier, le
travailleur social chargé du dossier pouvant demander à être sim-
plement entendu à propos d'un cas individuel d'aide, eu égard à une
situation particulière et exceptionnelle de caractère confidentie!
(voy. Guy-Paul LIBIN, op. cit., p. 43).
286 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
l'article 337 du Code des impóts sur les revenus 1992, tel qu'il a été
complété par la loi du 6 juillet 1994, art. 64; le texte est désormais
libellé de la manière suivante :
<<Cel ui qui intervient, à quelque titre que ce soit, dans l' applica-
tion des lois fiscales ou qui a accès dans les bureaux de l' adminis-
tration des contributions directes, est tenu de garder, en dehors de
l' exercice de ses fonctions, le secret le plus absolu au sujet de tout
ce dont il a eu connaissance par suite de l'exécution de sa mission.
Les fonctionnaires de l 'administration des contributions directes et
de l 'administration du cadastre restent dans l 'exercice de leurs fonc-
tions, lorsqu 'ils communiquent aux autres services administratifs de
l 'Etat, y compris les parquets et les greffes des cours et de toutes les
juridictions, aux Communautés, aux Régions et aux établissements ou
organismes publics visés à l 'article 329, les renseignements qui sant
nécessaires à ces services, établissements ou organismes pour assurer
l 'exécution des dispositions légales ou réglementaires dont ils sant
chargés.
Les personnes appartenant aux services à qui l 'administration des
contributions directes ou l 'administration du cadastre a fourni des ren-
seignements d 'ordre fiscal en application de l 'alinéa (précédent) sant
également tenues au même secret et elles ne peuvent utiliser les ren-
seignements obtenus en dehors du cadre des dispositions légales pour
l 'exécution desquelles ils ont été fournis >>.
384. En outre, la loi du 20 février 1978 avait ajouté un alinéa
supplémentaire à l'article 244 ancien (devenu 337), aux termes
duquel sont également tenues à l' obligation au secret «les personnes
appartenant aux services à qui des renseignements d 'ordre fiscal par-
viendraient par la voie du contróle organisé » par le truchement des
carnets, livres et journaux, dont la tenue est rendue obligatoire par
les articles anciens 226 et 226bis, actuellement 320 et 321.
L'article 453 du Code dispose que <<la violation du secret profes-
sionnel, tel qu 'il est défini à l 'article 33 7, sera punie conformément à
l 'article 458 du Code pénal ».
Cette obligation au secret est à ce point contraignante que l' admi-
nistration ne pourrait s'en faire délier par une décision judiciaire,
aucun texte légal n' autorisant le juge à délier l' administration du
secret professionnel lorsque celle-ci tente d'établir le revenu impo-
sable d'un contribuable en se fondant sur une présomption de
290 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
E. - Les agents
de quelques administrations particulières
393. L' article 30 de la loi du 20 septembre 1948 portant organi-
sation de l 'économie dispose que <<l 'article 458 du Code pénal est
applicable à tout secrétaire ou membre du personnel d 'un secrétariat,
à tout membre du Conseil central de l 'économie, des conseils profes-
sionnels ou d 'un conseil d 'entreprise, qui a communiqué ou divulgué
abusivement soit des renseignements d 'ordre individuel dont il a eu
connaissance en raison de fonctions ou mandats exercés en vertu des
dispositions de la présente loi. Les mêmes peines seront applicables (à
ces) personnes, qui auront communiqué ou divulgué abusivement des
renseignements globaux de nature à porter préjudice à l 'économie
nationale, aux intérêts d 'une branche économique ou d 'une entreprise ».
La divulgation doit être << abusive>> selon les termes de la loi. Il ne
peut s' agir cependant d' exiger l'intention de nuire et de porter
atteinte à autrui, même si la notion paraît plus large que celle d'une
divulgation intentionnelle.
394. L' article 9 de la loi du 2 avril 1962 relative à une Société
fédérale d'investissement et aux Sociétés régionales d'investissement
dispose - sans qu'il soit cette fois expressément fait référence à
l' article 458 du Code pénal - que << sans préjudice des obligations qui
leur sant imposées par la loi ou par les règlements et hors les cas ou
ils sant appelés à rendre témoignage en justice, le président, les admi-
nistrateurs, les commissaires et le personnel de la S. N. I. ou des
296 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
présent arrêté ... est tenu de garder, en dehors de l 'exercice de ses Jonc-
tions, le secret le plus absolu au sujet des Jaits, documents ou décisions
dont il a eu connaissance à cette occasion». L' arrêté précise que l' arti-
cle 458 du Code pénal est applicable à la violation du secret visé.
300 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
qualité d' employé du service des postes. C' étaient d' abord les fonc-
tionnaires et les agents de l' administration des postes, quel que soit
leur grade dans la hiérarchie et quel que soit leur röle dans la trans-
mission des correspondances, qu'ils soient effectifs, auxiliaires, tem-
poraires ou intermédiaires. C'étaient ensuite tous ceux qui, bien que
ne faisant pas partie de l' administration des postes, jouent un röle
dans la transmission des correspondances par la poste.
L' article 149 ne parlait pas des employés de l' administration des
postes, mais des employés du service des postes. Ainsi pouvaient
tomber sous Ie coup de la disposition pénale, !'employé de la Société
nationale des chemins de fer belges ou de la Société nationale des
chemins de fer vicinaux, Ie préposé d'un service public d' autobus,
qui aurait ouvert ou supprimé une lettre à l' occasion du transport
de la correspondance pour Ie compte de l' administration des postes
(voy. Marcel RIGAUX et Paul-Emile TROUSSE, Les crimes et les délits
du Code pénal, t. 2, Bruylant/L.GD.J., Bruxelles/Paris, 1952,
p. 143).
La loi du 26 décembre 1956 n'a fait que confirmer cette interpré-
tation en précisant que sont assimilés aux agents des postes toutes
les personnes qui participent, d'une manière quelconque, même
occasionnellement, à l'exécution d'un service postal.
405. La loi du 19 décembre 1997 a inséré dans la loi du 21 mars
1991 portant réforme de certaines entreprises publiques un
chapitre Xbis intitulé <<Secret des communications et protection de
la vie privée>>. L' article 109ter D interdit à quiconque <<de révéler ou
de faire usage quelconque de l 'information, de l 'identification et de
données obtenues (. .. ) » en vue de la publication dans l' annuaire
(§4°). La violation de cette obligation est, aux termes de l' article 14
de la loi du 28 novembre 2000, punie d'un emprisonnement de trois
à six mois, outre une amende.
La loi du 17 janvier 2003 relative au statut du régulateur des sec-
teurs des postes et des télécommunications prévoit que les membres
du Conseil de l'Institut beige des services postaux et des télécom-
munications «sant soumis au secret professionnel>> et «ne peuvent
communiquer à des tiers les informations confidentielles dont ils ont
connaissance dans le cadre de l 'exercice de leur fonction, hormis les
exceptions prévues par la loi» (art. 23, §§Ier et art. 28). La violation
LES AUTRES CATÉGORIES PR0FESSIONNELLES 303
de ces obligations est punie des peines prévues à l' article 458 du
Code pénal, ainsi qu'il résulte de !' article 38, alinéa 2 de la loi.
406. L'étude du secret des lettres garanti par l'article 29 de la
Constitution sortirait des limites de eet ouvrage (voy. sur cette
question Eugène HANSSENS, Du secret des lettres, thèse d' agrégation
de la Faculté de droit de l'Université libre de Bruxelles, Bruylant-
Christophe, Bruxelles, 1890, p. 291).
Qu'il suffise ici de relever que le principe de l'inviolabilité du
secret des lettres, si général soit-il, n'est pas absolu. Des considéra-
tions d'intérêt public et les nécessités du service des postes, voire de
l' administration de la justice, le font parfois fléchir. C' est ainsi que
la Cour de cassation a jugé que ne viole pas le principe constitu-
tionnel de l'inviolabilité du secret des lettres, l' agent de l' adminis-
tration des postes qui, ayant régulièrement pris connaissance d'une
lettre tombée en rebut et y ayant trouvé des indices d'un crime ou
d'un délit, la transmet au procureur du Roi (cass., 18 juin 1962,
Pas., 1962, I, p. 1176).
Il a été jugé également que le secret des lettres n'empêche toute-
fois pas d'ouvrir des correspondances et de prendre connaissance de
leur contenu, s'il en résulte la preuve d'un délit et si elles ont été
saisies légalement par le juge d'instruction, fût-ce dans les bureaux
des postes. Pour les mêmes raisons d'intérêt social, il peut encore
être dérogé au principe du secret lorsque la justice est entrée de
manière légale en possession d'une lettre et il en est ainsi lorsqu'un
particulier qui a fortuitement eu connaissance du contenu d'une let-
tre, la remet ensuite à la justice (Gand, 10 novembre 1950, R. W.,
1951-1952, col. 855; voy. également Gand, 29 mars 1958, R. W.,
1958-1959, col. 1909).
SECTION 3. - CATÉGORIES
PR0FESSIONNELLES DIVERSES
Bibliographie spéciale
Th. AF8CHRIFT et F. GoDDEVRIENDT, <<Le secret professionnel des conseillcrs fiscaux:
camera obscura ou tabula rasa 1>> et << Réflexions à propos du secret professionnel
des comptables agréés,>, Tijds. fisc. recht., 2002, p. 275 et p. 799; Rik DEVLOO,
Diverse aspekten van de aansprakelijkheid van de accountant, Ced Samsam,
Diegem, 1995; L. DUPONT et S. VAN DYCK, «Quelques perspectivcs quant à la
responsabilité pénale des réviseurs d'entreprise,, in B. TILLEMAN, dir., La respon-
304 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIOKNEL
A. - Le réviseur d'entreprise
407.' L' article 27, alinéa 2 de la loi du 22 juillet 1953 créant un
Institut des réviseurs d'entreprise - tel qu'il a été modifié par la loi
du 21 février 1985 relative à la réforme du révisorat, (art. 61 A) -
prévoit que: « L 'article 458 du Code pénal s 'applique aux réviseurs
d'entreprise, aux stagiaires et aux personnes dont ils répondent. Aux
exceptions à l 'obligation du secret prévues à eet article, s 'ajoute la
communication d 'attestations ou de confirmations opérées avec l 'accord
écrit de l 'entreprise auprès de laquelle ils exercent leur fonction ou
adressées, dans le cadre du contróle des comptes annuels ou des comp-
tes consolidés d 'une entreprise dont ils sant chargés, à un commis-
saire-réviseur ou à une personne exerçant dans une entreprise de droit
étranger une jonction similaire à celle de commissaire-réviseur >>.
L' obligation pèse également à charge des employés du réviseur
d'entreprise, tant sur la base de l'article 458 du Code pénal qu'en
vertu de la loi sur les contrats de travail (civ. Bruxelles, 16 avril
1996, Rev. dr. comm. b., 1996, p. 924, obs. L. HUYBRECHTS).
408. Au cours des travaux préparatoires de la loi du 22 juillet
1953, il fut précisé: <<Le secret professionnel est rigoureux. Il ne
s' applique pas seulement aux faits et renseignements dont Ie révi-
seur reçoit la confidence, mais aussi aux faits et renseignements
dont il prend connaissance, qu'il découvre ou surprend. Le secret
couvre aussi non seulement les faits de la vie économique, financière
et comptable de l' entreprise, mais d'une manière générale tout ce
qui concerne celle-ci, ses dirigeants, son personnel, ses fournisseurs,
ses concurrents, ses clients ...
Le réviseur chargé d'une mission de vérification pourra faire men-
tion, en son rapport, des données comptables et des faits économi-
LES AUTRES CATÉGORIES PROFESSIONNELLES 305
C. - Le juriste d 'entreprise.
415. La question s'est posée de savoir si le juriste d'entreprise qui
exerce les fonctions de conseiller juridique au sein d'une entreprise,
LES AUTRES CATÉGORIES PROFESSIONNELLES 309
confie. L'article 458 du Code pénal lui est applicable ►>. Il en est
déduit que le législateur n' a pas entendu reconnaître la moindre
obligation de secret professionnel dans le chef du juriste d' ent reprise
t(voy. Jean-Pierre BuYLE et Isabelle DuRANT, <<La confidentialité
des avis des juristes d'entreprise ►> in Didace KIGANAHE et Yves
PouLLET, dir., Le secret professionnel, La Charte, Bruxelles, 2002,
pp. 187 et suiv.; H. LAMON, <<De bedrijfsjuristen zijn geen
advocaten ►>, Financ. Ec. Tijd, 27 novembre 2001, p. 2; A.-
P. DUMONT, <<A propos de la loi créant un Institut des juristes
d'entreprise. Confidentie!, vous avez dit confidentie!? ►>, Inf. et doe.
jur., 2000, n° 7, p. 27; C. VERBRAECKEN, <<Secret professionnel pour
les juristes d'entreprise! ►>, Cah. jur., 2002, p. 66; Jean DU JARDIN,
<<De plaats van de bedrijfsjurist legal privilege in een rechtstaat ►>,
Cah. jur., 2001, p. 70).,
419. Même si la consultation des travaux préparatoires de la loi
est - comme souvent - un peu décevante, la justification de cette
modification est perdue de vue, voire sous-estimée, alors qu' elle a
été clairement exposée dans !'amendement déposé par !'auteur lui-
même de la proposition initiale, le sénateur Hatry, et ensuite par le
gouvernement voulant <<limiter Ie champ d' application du secret
professionnel du juriste d' entreprise aux seuls avis juridiques que
celui-ci est appelé à rendre au sein de son entreprise, dans le cadre
de ses activités de conseil juridique ►> (voy. Doe. parl., Sénat, sess.
1998-1999, 45/5, pp. 1 et 2).
Dans une lumineuse étude, Anne Benoit-Moury et Nicolas Thi-
rion ont conclu que «Ie nécessaire secret qui doit entourer l' activité
du juriste d'entreprise dans sa mission de conseil juridique est effec-
tivement garanti par Ie droit positif►> et que l' article 458 du Code
pénal lui est applicable en ce qui concerne les avis juridiques qu'il
rend (Anne BENOIT-MOURY et Nicolas THIRION, <<Secret profession-
nel, confidentialité et juriste d' ent reprise - La nouvelle donne >>,
Journ. trib., 2001, pp. 785-796; voy. également Anne BENOIT-
MouRY et Eric JACQUES, <<Bienvenue à l'Institut des juristes
d' ent reprise - Commentaire de la loi du 1er mars 2000 créant un Ins-
titut des juristes d'entreprises ►>, Journ. trib., 2000, pp. 725 et suiv.
spécialt n° 8 31 à 47; Jettie VAN CAENEGEM, <<Confidentialiteit van
de adviezen van de bedrijfsjurist legal privilege ingevoerd in het
Belgische Recht ►>, R. W., 2000-2001, p. 1185 et sous le titre
<<Reactie ►>, voy. Bruno VAN DüRPE: <<Bedenkingen bij het artikel
312 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
... >>, R. W., 2000-2001, p. 1575; Bernard THYSSEN, <<Le secret profes-
sionnel du juriste d'entreprise>> in Didace KrnANAHE et Yves PouL-
LET, dir., Le secret professionnel, La Charte, Bruxelles, 2002, p. 225;
Lucien MARLIÈRE, << Le secret professionnel des juristes
d'entreprise>>, L'Echo, 17-19 novembre 2001, p. 14; voy. pour la
France, Bertrand HoHL, loc. cit.).
Ces auteurs ont démontré qu' au regard du secret professionnel, le
röle du juriste d' entreprise est en tous points semblable à cel ui de
l' avocat ( ... qui n' est pas davantage expressément visé par
l'article 458 du Code pénal), le lien de subordination juridique qui
le lie à son employeur ne devant pas être confondu avec l'indépen-
dance fonctionnelle << à propos de laquelle il est de longue date admis
qu'elle peut également caractériser, en fait, la situation d'un salarié
dans l'exercice de son activité rémunérée; tel est le cas des médecins
et des pharmaciens (voy. cass., 27 mars 1968, Rev. crit. jur. b. 1978,
p. 78, et la note de L. FRANÇOIS et P. GoTHOT). Une jurisprudence
récente tend même à assimiler certains avocats stagiaires à des tra-
vailleurs salariés (trib. trav. Bruxelles, 8 décembre 2000, Journ.
proc., 2001, n° 408, p. 20, et la note de Philippe DE KEYSER,
<<Révolution ou fin d'une hypocrisie?>>).
420. Il reste que le champ d' application de l' article 458 du Code
pénal est limité, en ce qui concerne le juriste d'entreprise, aux seuls
avis juridiques qu'il donne à son employeur. Tel est la portée exacte
de l' article 5 de la loi du 1er mars 2000.
Il a, à juste titre, été fait observer que l'activité du juriste
d'entreprise ne se limite pas à délivrer des avis juridiques mais
s'étend à des tàches purement administratives, telles l'établissement
des procès-verbaux d' assemblées générales ou de réunions de conseil
d' administration .... pour lesquelles l'intéressé demeure tenu à une
simple obligation de discrétion.
G. - Le détective privé
429. La loi du 19 juillet 1991, organisant la profession de détec-
tive privé, dispose en son article 10 que « ... le détective privé ne peut
divulguer à d 'autres personnes qu 'à son client ou à celles dûment
mandatées par lui, les informations qu 'il a recueillies durant l 'accom-
plissement de sa mission ». L' article 19, alinéa 4 de la loi énonce
expressément : << Les auteurs des infractions visées à l 'article 10 sant
punis des peines prévues à l'article 458 du Code pénal; lorsque les
informations divulguées sant relatives à la vie des personnes, elles sant
punies d 'un emprisonnement de six mais à deux ans et d 'une amende
de 500 à 20. 000 francs ou d 'une de ces peines seulement >>.
320 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
A. - Le banquier
Bibliographie spéciale
André AGNEESSENS, <<Bankgeheim in ons Rechtsgebouw>), Rev. banq., 1961, p. 923;
du même auteur, <<Analyse juridique du secret professionnel du banquier en droit
beige>), Rev. banq., 1963, p. 347; Jean-Pierre BouRS, <<La notion du secret dans
ses rapports avec Ie droit fiscai» in Réflexions offertes à Paul Sibille, Bruylant,
Bruxelles, 1981, p. 247; André BRUYNEEL, «Le secret bancaire en Belgique après
!'arrêt du 25 octobre 1978,), Journ. trib., 1979, p. 371; Jean-Pierre BuYLE, «Le
secret professionnel du banquier à l'égard de l'assureur,), Rev. dr. ULB, 2000,
p. 111; Jean-Pierre BuYLE et Anne WILLEMS, <<La responsabilité professionnelle
des banquiers dans l'établissement et l'utilisation de documents,>, Rev. dr. U LB,
1992, p. 145; Paolo CLAROTTI, <<Traits saillants du secret bancaire dans les Etats
membres de la Communauté européenne et en Suisse>> in Etudes et documents de
l'Union internationale des avocats, 79/3, p. 175; Pierre CoLJN, «Le secret bancaire»,
rapport ronéotypé présenté aux journées d'étude du barreau de Liège des 8-9 et
10 mai 1980 sur Ie thème: Le secret: protection ou abus de droit; Edouard DE CAL-
LATAY, <<Du devoir de discrétion du banquier et des droits du notaire commis par
justice,>, Rev. prat. not. b., 1935, p. 529; G. DE CLERCQ, <<Zoeklicht op het
bankgeheim>>, Rev. banq. 1973, p. 336; Henri-Robert DEPRET et Laurence
DEKLERCK, Le secret bancaire, Quorum Editions, Otitignies-Louvain-la-Neuve,
1991; Robert HENRION, <<Le secret professionnel du banquier », éd. Institut de
sociologie de l'Université libre de Bruxelles, 1cr éd., 1963, ze éd. 1968; Philippe
LAMBRECHT, <<Le secret professionnel des autorités de controle et la collaboration
internationale, Rev. banq., 1993, p. 503; Jacques MALHERBE et Annick V1ss-
CHERS, <<Het bankgeheim in het belgische fiscaal recht onder vuur,> in Les pou-
voirs d 'investigation du fisc, Larcier, n° spécial de la Rev. gén. cant. fisc., Bruxelles,
2003/5, pp. 83 et suiv.); Ph. MALHERBE, «Le secret bancaire en Belgique et en
Europe>>, Rev. gén. fisc., 1996, p. 397; D. MAREELS et M. BIHAIN, <<Le secret ban-
caire en droit fiscal beige,>, Journ. dr. fisc., 1996, p. 193; ,Jean P. SPREUTELS,
<<Secret bancaire et droit pénai», Rev. dr. pén., 1978-1979, p. 433; Françoise
SwEERT8, «Le secret bancaire,> in Didace KJGANAHE et Yves PouLLET, dir., Le
OBLIGATION DE DISCRÉTION OU DEVOIR DE RÉSERVE 325
B. - L'agent de change
441. Ni la nature des fonctions de l'agent de change, ni aucune
disposition légale ne confèrent à ce dernier, dans l' accomplissement
des actes de son activité, la qualité d'une personne dépositaire, par
état ou par profession, des secrets qu' on lui confie, au sens de l' arti-
cle 458 du Code pénal. Telle est l' affirmation que l' on trouve dans
un arrêt de la Cour de cassation, rendu le 26 septembre 1966 (Pas.,
1967, I, p. 89 et Rev. dr. pén., 1966-1967, p. 301, et les concl. de
l'avocat général CoLARD).
Jusqu' alors, les très rares décisions de jurisprudence étaient hési-
tantes sur la solution à adopter. Deux arrêts de la cour d' appel de
Bruxelles, rendus respectivement le 26 janvier 1935 et le 18 avril
1962 semblaient reconnaître, l'un et l' autre, à l' agent de change,
dans le premier cas, le droit de ne pas révéler à son client la per-
sonnalité de ceux avec lesquels il avait exécuté ses ordres, et dans
le deuxième cas, à l' administration fiscale, l'identité de ses clients.
Dans la première affaire, l' agent de change invoquait son obligation
au secret professionnel pour faire échec à une demande d' expertise
tendant à établir que des opérations de bourse passées dans le
compte d'un client étaient fictives. La cour a fait droit à la
demande d' expertise sans cependant que l' expert puisse rele ver le
nom des personnes avec lesquelles l' agent de change avait traité
(Jurisp. du port d'Anvers, 1935, p. 129, avec le jugement a quo
OBLIGATION DE DISCRÉTION OU DEVOIR DE RÉSERVE 329
D. - L'architecte
445. L' article 23 du règlement de déontologie de l'Ordre des
architectes, créé par la loi du 26 juin 1963, énonce: «L'architecte est
tenu à ne pas révéler les secrets dont il est dépositaire par état ou par
profession, hors le cas ou il est appelé à rendre témoignage en justice
et celui ou la loi [ 'oblige à faire connaître ces secrets ».
La référence à l' article 458 du Code pénal saute aux yeux par la
formulation employée. Celle-ci est cependant de nature à créer une
équivoque qui est accentuée par Ie commentaire qu'en donne Paul
Rigaux, dans son ouvrage consacré à la profession ou il écrit : << Le
devoir du secret est inhérent à l'exercice d'une profession d'assis-
tance et commun à toutes les professions organisées en ordres pro-
fessionnels. Conseil et guide de son client, l' architecte devient forcé-
ment son confident. Tenu de s'enquérir d'un budget, d'en discuter
la suffisance, il obtient des informations concernant la situation de
fortune et les revenus du maître de l' ouvrage. Pour apporter à celui-
ci un concours utile dans l'élaboration d'un programme et la discus-
sion des avant-projets, il pénètre dans sa famille, ses bureaux, son
usine, observe et s' enquiert des modes de vie des occupants, des
procédés de fabricatiom (Paul RIGAUX, L 'architecte - Le droit de la
profession, Bruxelles, Larcier, 1975, p. 700).
446. Les tribunaux n'ont jamais été appelés à se prononcer sur
l' obligation au secret professionnel auquel l' architecte serait
astreint. Il est certain qu'ils considéreraient qu'il n'est tenu qu'à
332 LES PERSONNES TENUES AU SECRET PROFESSIONNEL
F. - L 'administrateur de société
449. A l'inverse du réviseur d'entreprise pour lequel la loi s'est
prononcée sans équivoque (voy. supra n° 8 407 et suiv.), et sauf le
cas particulier de la révélation de secrets de fabrication prévue par
0BLIGATION DE DISCRÉTION 0U DEV0IR DE RÉSERVE 333
l' article 309 du Code pénal, l' administrateur de société ne relève pas
du champ d'application de l'article 458 du Code pénal (voy. Robert
HENRION, <<Rapport sur le secret des affaires en droit belge>>, in Le
secret et le droit, Travaux de l' Association Henri Capitant, Dall.,
Paris, 1974, pp. 195 et sui v., spécialt p. 212; Xavier Drnux, <<La
divulgation d'informations concernant la société anonyme - Princi-
pes et sanctions>>, Rev. dr. ULB, 1992, pp. 63 et suiv., spécialt n° 17;
B. TILLMAN, <<L'obligation au secret et à la discrétion des adminis-
trateurs de société>>, Journ. trib., 1993, p. 549).
Aucune disposition légale ne prévoit davantage, de manière
expresse, une obligation de discrétion. Seules, de rares décisions de
jurisprudence l'ont consacrée (voy. civ. Gand, réf. 4 juin 1987 et
13 janvier 1990, Tijds. rechtspers. en vennoot., 1992, pp. 325 et 327).
Lorsque l' administrateur de société est également lié à celle-ci par
un contrat de travail - ce qui n'est pas inhabituel - il assume les
mêmes obligations de tout autre travailleur salarié.
450. Si l' administrateur de société n' est pas, en règle, soumis au
secret professionnel, une exception doit être retenue dans deux
domaines.
La première ressortirait - d'une manière à vrai dire assez peu uni-
voque - de la loi du 20 septembre 1948 portant organisation de
l' économie qui énonce en son article 30 que l' article 458 du Code
pénal est applicable à <<tout membre d 'un conseil d 'entreprise, qui a
communiqué ou divulgué abusivement des renseignements d 'ordre indi-
viduel, dont il a eu connaissance en raison de fonctions ou mandats
exercés en vertu des dispositions de la présente loi ».
Or, le conseil d' entreprise est composé du chef d' ent reprise et
d'un ou plusieurs délégués effectifs et suppléants désignés par lui,
avec pouvoir de le représenter et de l'engager en raison des fonc-
tions de direction qu'ils exercent dans l'entreprise. Tant ceux-ci que
le chef d'entreprise pourraient avoir la qualité d'administrateur de
la société, en sorte que la disposition de l' article 30 de la loi pourrait
leur être applicable. Il n'existe, cependant, aucune jurisprudence à
ce propos.
La seconde exception est plus nette : elle ressort des dispositions
de la loi du 4 décembre 1990 relative aux opérations financières et
aux marchés financiers, qui consacrent le délit d'initié. En effet,
l' article 189 punit d'un emprisonnement de trois mois à un an et
334 LES PERS0NNES TENUES AU SECRET PR0FESSIONNEL
G. - Le travailleur salarié
451. L' article 458 du Code pénal ne s' applique pas aux indiscré-
tions commises par les employés, ouvriers ou gens de maison qui ne
sont tenus qu' à une obligation de discrétion pour tout ce qui peut
être connu dans l'exercice de leurs fonctions. Il n'est fait exception
que pour les collaborateurs des personnes visées par cette disposi-
tion pénale (voy. supra. n° 225).
Pour les employés et les ouvriers, le Code pénal incrimine la révé-
lation des secrets de la fabrique. L'article 309 du Code pénal
dispose : <1 Gelui qui aura méchamment ou frauduleusement communi-
qué des secrets de la fabrique dans laquelle il a été ou est encore
employé, sera puni d 'un emprisonnement de trois mais à trois ans et
d 'une amende de cinquante francs à deux mille francs>>.
La Cour de cassation a défini le secret de fabrique, comme rnn
fait technique qui, contribuant à la réalisation des opérations mises
en amvre dans une fabrique pour obtenir un produit déterminé, est
de nature à procurer au fabricant des avantages techniques et à lui
assurer sur ses concurrents une supériorité d'une nature telle qu'il
y a pour lui un avantage économique à ce qu'il ne soit pas connu
de ses concurrents>> (cass., 27 septembre 1943; Pas., 1943, I, p. 358;
voy. A. VAN MENSEL, <<De bescherming van fabrieksgeheim op tech-
nische know-how naar Belgisch recht, R. W., 1981-1982, col. 2001).
La Cour de cassation a jugé que c'est au juge du fond qu'il appar-
tient de décider que le procédé de fabrication qu'il constate consti-
0BLIGATION DE DISCRÉTION 0U DEV0IR DE RÉSERVE 335
BIBLIOGRAPHIE SPÉCIALE
l. ÜOCTRINE BELGE
nent des journalistes à leur lieu de travail ou à leur domicile ont des
pouvoirs d'investigation très larges du fait qu'ils ont, par définition,
accès à toute leur documentation (voy. égalt Cour eur. dr. h., Roe-
men et Schmit c. le Luxembourg, 25 février 2003, Gaz. Pal., 30 mars-
1er avril 2003, p. 14, et la note de Christophe PETTITI).
462. Ainsi, le droit à !'information - ce dernier-né des droits de
l'homme, comme l'appelle Jean Rivero - doit parfois prévaloir sur
les nécessités de la répression des infractions quelque évidentes que
soient celles-ci.
Il a été jugé que le principe du secret des lettres ne peut être
opposé tel quel à un journaliste, car ce principe entre en conflit avec
le principe du secret des sources, principe réaffirmé par les plus hau-
tes autorités du pays parce qu' essentie! à l' exercice de la liberté de
la presse (Liège, 30 juin 1997, J.L.M.B., 1998, p. 9; voy. égalt civ.
Bruxelles, 16 décembre 1997, J.L.M.B., 1998, p. 204; Aut. et Méd.,
1998, p. 260; Journ. proc., 1998, n° 341, p. 31, obs. François
JONGEN; Bruxelles, 5 février 1999 Aut. et Méd., 1999, p. 274, obs.
Foulek RINGELHEIM; Journ. proc. 1999, n° 367, p. 26, obs. François
JONGEN).
La Commission de la Justice de la Chambre des représentants a
adopté, en mars 2004, une proposition de loi accordant aux journa-
listes le droit de taire leurs sources d'information. La proposition
n'a jusqu'à présent pas été adoptée par la Chambre.
463. Quoi qu'il en soit de l'évolution de la jurisprudence ou de
la législation, une dispense de témoigner ne saurait avoir pour résul-
tat de placer le journaliste au-dessus des lois : comme tout autre
citoyen, il ne peut échapper aux dispositions du Code pénal relati-
ves au vol et au recel notamment de documents, à la diffamation,
à la calomnie ... (voy. Bruxelles, 27 novembre 1981, Journ. trib.,
1982, p. 43). La cour d'appel de Bruxelles a estimé que <<le journa-
liste qui connaît le caractère coupable de l' origine d' une pièce - en
l' espèce, obtenue gràce à son détournement frauduleux - commet
l'infraction de recel: ce n'est pas, comme voulait le faire croire la
défense, le renseignement qui fut ainsi recelé, mais bien la photoco-
pie matérielle obtenue à l'aide d'un détournement ►>. Cet arrêt fut
confirmé par la Cour de cassation le 7 avril 1982 qui relève que
«l'objet du recel était la photocopie obtenue à l'aide d'un détourne-
ment commis par un coprévenu, document n' ayant sans doute en
LE CAS PARTICULIER DU JOURNALISTE 343
Voy. également les ouvrages et articles cités dans les chapitres consacrés à tel ou tel
domaine spécifique.
ÜUVRAGES GÉNÉRAUX
I. - Doctrine belge
Benoît ALLEMEER8CH, <<Het toepassingsgebied van art. 458 Strafwetboek. Over het
succes van het beroepsgeheim en het geheim van dat succes», R. W., 2003-2004,
p. l.
Roger 0. DALCQ, <<Réflexions sur Ie secret professionneh, R.G.A.R., 1986, n° 11.056.
Alphonse DE BusscHERE, <•Quelques mots sur Ie secret profcssionnel au point de vue
des législations beige, française et luxembourgeoise1>, Ann. soc. méd. lég. de Bel-
gique, Bruxelles, 1902.
Alain DE NAUW, Initiation au droit pénal spécial, Story-Scientia, Bruxelles, 1987,
n'" 627 à 640.
Michel FRANCHIMONT, Ann JACOBS, Adrien MAsSET, Manuel de procédure pénale, Ed.
du Jeune barreau de Liège, 1989.
Robert GROSEMANS, <<Le secret professionnel et Ie droit privé en droit beige,>, in Le
secret et le droit, Travaux de l'association Henri Capitant - Journées libanaises,
Dalloz, Paris, 1974, p. 9.
Didace KIGANAHE et Yves POULLET, dir., Le secret professionnel, La Charte, Bruxel-
les, 2002, et spécialement Didace KJGANAHE, <<La protection pénale du secret
professionneh, p. 19.
Pierre LAMBERT, Le secret professionnel, Nemesis, Bruxelles, 1985.
J. LECLERCQ, «Secret profcssionneh, Novelles - Droit pénal, t. IV, 1989, pp. 248 et
suiv.
R. VAN LENNEP, De geheimhouding, Standaard, Anvers, 1950.
Pandectes belges, t. 96, v 0 Secret professionnel, Larcier, Bruxelles, 1909.
Répertoire pratique du droit belge, t. 12, v 0 Secret professionnel, Bruylant, Bruxelles,
1943.
Jean BRETHE DE LA GRESSAYE, v 0 Secret professionnel. Encycl. Dall., Dr. pén., 1977.
André DAMIEN, Le secret nécessaire, Desclée de Brouwer, Paris, 1989.
Mireille DELMAS-MARTY, ,,Apropos du secret professionnel•>, Rec. Dall.-Sirey, 1982,
Ch., p. 267.
Victor DEMARLE, De l'obligation au secret professionnel, thèse de l'Université de
Dijon, Nouvellet, Lyon, 1900.
René FLORJOT et Raoul CoMBALDIEU, Le secret professionnel, Flammarion, Paris,
1973.
Marie-Anne FR1soN-ROCHE (dir.), Secrets professionnels, Autrement, Paris, 1999.
André HALLA YS, Le secret professionnel, Librairie nouvelle de droit et de jurispru-
dencc Arthur Rousseau, Paris, 1890.
Raymond LJWEAI8, Violation du secret professionnel, J.C.P., 1972.
Charles MEIWER, Le secret professionnel, thèse de la faculté de droit de Paris. Chau-
mont. Paris, 1895.
Charles MUTEAU, Du secret professionnel, de son étendue et de la responsabilité qu 'il
entraîne, Maresq, Paris, 1870.
André PERRAUD-CHAJtMANTIER, Le secret professionnel, ses limites, ses abus,
L.G.D.J., Paris, 1926.
Louis SADOUL, Le secret projessionnel, thèse de la faculté de droit de Nancy, Arthur
Rousseau, Paris, 1894.
Auguste TAPJE, Du délit de révélation de secrets, thèse de l'Université de Toulouse,
Saint-Cyprien, Toulousc, 1899.
Georges WERNER, Le secret professionnel, thèse de la faculté de droit de Genève,
Librairie Kündig, Genève, 1907.
INDEX ALPHABÉTIQUE
( Les chiffres renvoient aux numéros de l 'ouvrage)
A
Absolu (Secret), 46
Abstention, 66
Accès aux documents administratifs, 15:3
Accident de la circulation. 220, 227, 345
Accident du travail, 269, 270
Accoucheuse,61,226
Action en paiemcnt d'honoraires, 183
Action en rcsponsabilité, 180
Adjudications publiques, 363
Administration, 259. 360
Administration de la justice, 55
Administration provisoire, 130
Agent communal, 366
Agent de change, 437, 441
Agent d'affaires, 311
Agent de J'Etat, 359
Agent des administrations publiques, 359 et sui v.
Agent des C.P.A.S., 366,371 à :380
Agent des Monts-de-piété, :no
Agent des postes, 40:3
Agent des téléphoncs, 40:3
Agent du fisc, 381
Agent immobilier. 44 7
Agent provincial, 366
Aide à la jeuncssc, 358
Aide, 224
Aide juridiquc, 284
Aide sociale, 372. 380
Aliéné, 128
A.M. & 8. (Arrêt-). 416
Ambulancier, 234
350 INDEX ALPHABÉTIQUE
Ancien Régime, 7
Annulation de mariage, 326
Anonymat, 339 et 340
Antiquité, 3
Apothicaire, 226
Appel à témoin, 140
Appréciation du juge, 94, 112
Arbitre, 334
Architecte, 445 et 446
Assistant, 224
Assistant de justice, 4,427
Assistant de probation, 426
Assistant(e) social(e), 355,425
Assurance-vie, 258
Assurances sociales, 263
Assureur, 443
Attentat, 62, 63
Aumönier de prison, 319 et 320
Auteur (Droits d'-), 434.
Autorisation de l'intéressé, 51, 97 à 103
Autorisation du procureur général, 115
Autorisation tacite, 101, 194, 196
Autorités disciplinaires, 59, 118 à 125, 196.
Auxiliaire médical, 233
Avocat, 277 à 303
Avocat assumé, 225
Avortement, 61,219,236
B
Banque-carrefour, 193,397
Banquier, 437 à 440
Barbier, 10, 226
Belfox, 392
Bible, 4
Blanchiment d'argent, 75 à 80
Bureau d'aide judiciaire, 284
C
Capitulaires de Charlemagne, 4
INDEX ALPHABÉTIQUE 351
D
Danger (Personne en ), 18, 66, 170
Débile mental, 128 à 130,187,242
Déclaration de décès, 166
Déclaration de maladics contagieuses, 126
Déclaration de naissance, 161
Défense (Droits de la ), 48, 178
Défcnse du territoire, 360
INDEX ALPHABÉTIQUE 353
E
Echelle des valeurs, 40
Economie (Organisation de I' ), 393,450,453
Ecoutes téléphoniques, 188 à 193
Edit de Nantes, 6
Edit de Saint-Germain-en-Laye, 9, 10
Electroniques (Données -), 250
Elément matériel, 202
Elément moral, 209
Employé, 451 à 454
Employé du greffe, 336
Employeur, 271 à 273, 419 et 420
Empoisonnement, 51, 60,349
Endossement, 380
Energie nucléaire, 399
Enfant maltraité, 64 à 74
Enfant naturel, 14
Enquête parlementaire (Commission d'-), 15, 104 à 106
Entreprise d'investissement, 394
Environnement, 399
Epidémie, 127
Epilepsie, 244
Erreur judiciaire, 52, 186
Etablissement de crédit, 387
Etablissement de soins, 352
Etat, 223
Etat civil (Registre de I'--), 368
Etat de nécessité, 41, 53, 63
Etendue,237,279,308,320
Etudiant en médecine, 234
Euro, 15
Evêché (Secrétaire de I'-), 325
Examen médical, 271
Excuse (Cause d' -), 35, 188
Exercice illégal, 227
Expert comptable et fiseal, 412 à 414
Expert judiciaire, 345 à 352
Externe des höpitaux, 234
INDEX ALPHABÉTIQUE 355
F
Fabrique (Secret de - ), 399, 451
Facultés de médecine, 8
Faillitc, 42
Faits étrangers, 85,237,239,279, 285
Femme d'un ministre du culte, 324
Financement du terrorisme, 75 à 80
Fisc (Impératifs du ), 131 à 138
Fonctionnaire (voy_ Agent des administrations publiques)
Fondement contractuel, 19, 22
Fondement social et d' ordre public, 23 à 27
Fondement mixte ou mora!, 28 à 33
Fonds (Transfert de-), 291
Force irrésistible, 188
Fortuit (Concours-), 225
G
Garde-malade, 234
Gendarmerie, 401
Géomètrc-cxpert-juré, 448
Gestion de fortune, 309
Grcffier, 336
Grossesse (lnterruption de ), 61, 236
Groupe (Médecine de-), 240
Guérisseur, 227
H
Héritier, 65,255 à 257,311
Hiérarchie des valeurs, 39, 40, 63
Hippocrate, 3
Histoire (Nécessités de!'-), 159
Honoraires (Action en paiement d'-), 183
Höpital, 234
Hötesse d'accueil, 235
Huissier de justice, 344
I
Impératifs fiscaux, 131 à 138
356 INDEX ALPHABÉTIQUE
J
,Tournai intime, 222
,Journaliste, 45ö à 463
Juge, 329
,Juge consulaire, 33;3
,Juge d'instruction, 332, 340
Juge social, 333
,Juré d'assises, 159, :3;33
Juridiction disciplinaire, 118 à 125
INDEX ALPHABÉTIQUE 357
K
Kind en Gezin, 67
Kinésithérapeute, 197, 231, 2:t3
L
Légitime défonse, fi3, 178
Lettre anonyme, ;339
Lettres (Secret des ), 403 à 406
Levée du secret, (33
Libération conditionnelle, 330
Listing, 238
Louage de services, 21
M
Magistrat, 331
Maison de justice, 427
Malade (Droits du-), 173
Malade mental, 128 à 130, 187
Maladie contagieuse, 126, 187
Maladie héréditaire, 244
Maltraitance, 66
Mandat, 21,285
Marchés publics, 155, :rn:3
Marchés financiers, 387
Mariage projcté, 38, 186, 323
Matcrnité, 2:34
Maternité (Recherche de ), 163
Médecin, 227
Módccin-conseil, 198
Módecin de confiancc, 67
Módccin des prisons, 278
Módccin expert, 34(3 et 346
Médecin hospitalier, 227
358 INDEX ALPHABÉTIQUE
N
Naissance (Déclaration de-), 161
Nature du secret professionnel, 45
Nécessités de l'Histoire, 159 et 160
Nécessité (Etat de-), 41
N écessités scientifiques, 156 à 158.
Négligence, 209
Non-assistance à personne en danger, 18, 66, 170
Notaire, 304 et sui v.
Notoriété publique, 159
Nouveau-né, 165
Nuire (lntention de ), 47
0
Obligation de dénoncer, 56
Obligation de parler, 102
Obligation morale, 52
Objet, 320
Observations médicales, 157 et 158, 290
INDEX ALPHABÉTIQUE 359
p
Parents, 90,175
Pasteur, 323
Peines, 200
Pension de retraite et de survie, 400
Permis d'incinérer, 167
Perquisitions, 274, 296, 315
Pharmacien, 227, 229
Philippiques, 4
Policier, 338,342
Postes, 403
Pouvoir d"appréciation du juge, 94
Préjudice, 206, 210
Prélèvement sanguin, 220
Presse (Communication à la-), 143, 148
Prcstation de serment, 87, 93, 328
Prêt d'études, 309
Prêtre,318,319,320
Prise de sang, 220,271
Probation (Assistant de-), 426
Proches, 90, 175
Production forcée de documents, 107 à 117
Profes~on,32,33,223
Profession de soins de santé, 249
Proportionnalité, 44, 179
Protection pénale des mineurs, 18, 64 à 74
Proverbes de Salomon, 4
Provocation, 208,212
360 INDEX ALPHABÉTIQUE
R
Rabbin, :123. 324
Reccl, 463
Recensemcnt, 361
Reddition de comptes, 310
Référendaire, :136
Registre de l'état ei vil, 368
Registre national, 396
Règlement collcctif de dettes, 42, :H4
Régulateur des sectcurs des postes, 405
Rclatif (Secret ), 50
Religion réforméc, 6
Rente viagère, 2,59
Réquisition, 349
Réserve (Devoir de - ), 435
Rcsponsabilité (Mise en cause de la-), 103, 180 à 182,341
Révélation, 16
Réviseur d'cntreprises, 407
s
Sabam. 434
Sacrement, 5
Sage-femme, 15, 61,227,231
Saisie-arrêt,
- entre les mains d'un avocat, 293
entre les mains d'un notaire. 316
Saisies, 274
Salomon, 4
Salut public, 13, 50
Sanction civile, 212
Sanction disciplinaire, 213
Sanction pénale. 200
Sanction de procédurP, 217
Sang (Prise de-), 220, 271
Santé, 126
INDEX ALPHABÉTIQUE 361
T
Télécommunications, 403
Témoignageenjustice, 15, 16, 17, 81 à87
- en matière civile, 92 et 93
- en matière pénale, 88 à 91
Témoin anonyme, 340
Témoin d'un délit, 57, 58
Témoin instrumentaire, 306
Tentative de révélation, 206
Testament, 312
Terrorisme (Financement du-), 75 à 80
Thomas d' Aquin, 5
Tiers (lntérêt d'un -), 186
Ticrs saisi, 316
Traducteur, 364
Transfert de fonds, 291
Transparence administrative, 153 et 154
Travailleur salarié, 45 l
Travailleurs sociaux, 378
Tribunal de la jeunesse, 355 et 356
Tribunal militaire, 328
Tuberculose, 244
V
Valeurs (Conflit de-), 37 à 44
Vétérinaire, 232, 335
Vie privée, 134, 151,191,398
Violence conjugale, 170
w
Watelet (Arrêt -), 47
TABLE DES MATIÈRES
PAGES
AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . 5
lNTRODUCTION Hl8TORIQUE 7
TITRE I
LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
PAGES
G. - La justice disciplinaire .. 86
a. Le principe 129
PAGES
TITRE II
LES PERSONNES TENUES
AU SECRET PROFESSIONNEL
G~;NÉRALITÉS . 165
A. - Les personnes expressérnent visées par l 'article 458 du Code pénal. 171
B. Les auxiliaires rnédicaux. 176
C. - La Cornmission d 'évaluation des interruptions de grossesse . . 178
366 TABLE DES MATIÈRES
PAGES
PAGES
PAGES
PAGES
349