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L’empire des gènes | Jacques G. Ruelland
11. L’idéologie de la
sociobiologie
p. 231-257
Texte intégral
À force de vouloir rechercher les origines, on
devient écrevisse. L’historien voit en arrière ; il
finit par croire en arrière.
Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles
1 Certains modèles ont un effet important, mais indirect,
sur la formulation des théories sociobiologiques : ce
sont les idéologies, qui sont des « modèles
inconscients », des schèmes de valeurs, des ensembles
d’idées qui guident le savant – ou quiconque – à son
insu, dans le choix qu’il croit exercer librement en
agissant de telle ou telle manière, en formulant telle ou
telle théorie, en développant telle ou telle hypothèse.
2 Wilson affirme que « le marxisme est en grande partie
une sociobiologie sans biologie »1 ; ailleurs, il se réclame
de la pensée freudienne ; ailleurs encore, il cite Camus ;
cela ne fait pas de lui un marxiste, un psychanalyste ou
un existentialiste, mais constitue seulement un indice
sur les sources idéologiques possibles de la
sociobiologie. L’idéologie travaille toujours à deux
niveaux : au niveau de la pensée, c’est-à-dire de la
conscience (au sens moral), et au niveau de l’action,
justifiant la nécessité dont elle investit celle-ci par la
transformation qu’elle fait subir à celle-là.
3 Les sociobiologistes américains comme Wilson
n’échappent pas à la règle générale : pour eux aussi,
l’idéologie est l’ensemble des idées de la classe
dominante à une époque déterminée2 – la classe
dominante étant, dans leur cas, non seulement celle des
scientifiques, mais aussi celle d’une certaine élite
intellectuelle américaine, une élite scientiste, qui croit
que la science est à même de résoudre tous les
problèmes de l’humanité et, bien sûr, la science du plus
puissant pays au monde : les États-Unis d’Amérique.
Quant aux sociobiologistes non américains – fort rares, -
au demeurant –, ils épousent les mêmes vues et se
trahissent pas leur scientisme et leur
« américanophilie » : une confiance aveugle en la
science, une absence d’esprit critique à l’endroit des
théories les plus récentes et les plus prometteuses
quoique souvent aussi les plus étonnantes (des théories
« à la fine pointe du progrès », comme l’on dit), une
absence de conscience sociale, c’est-à-dire de conscience
des dangers que peuvent représenter certaines théories
pour la société, ou une pleine conscience de ces dangers
doublée de la conviction que ces derniers constituent en
fait un « progrès », regrettable mais nécessaire, pour
l’humanité.
4 L’idéologie des scientifiques allemands sous le iiie Reich
prétendit que la race aryenne était supérieure aux
autres ; cela mit en péril les autres « races », jugées
inférieures, et s’est traduit par le massacre de millions
de victimes innocentes, des êtres décrétés « inférieurs ».
L’effet de cette action sur la conscience (au sens moral)
de la plupart des savants qui avaient mis au point les
diverses théories que commandait leur idéologie fut nul.
Ils croyaient ainsi assurer l’avenir de « leur » race.
L’idéologie avait fait son travail : elle avait transformé
les « dangers » en « progrès » pour la « race » aryenne,
et elle avait justifié la nécessité absolue et
incontournable de cette action. Sans insinuer que la
sociobiologie humaine puisse avoir des conséquences
aussi désastreuses que l’idéologie nazie, elle suit les
mêmes schèmes conceptuels. Elle occulte les dangers
potentiels qu’elle fait courir à l’humanité et justifie
certaines actions éventuelles ou réelles dans divers
domaines, principalement dans le domaine
sociopolitique. Pour agir ainsi, il faut que la
sociobiologie humaine soit déjà elle-même une
idéologie ; mais pour devenir telle, elle doit avoir des
racines idéologiques, elle doit elle-même être bâtie sur
des fondements idéologiques.
5 Il existe au moins trois preuves du caractère idéologique
de la sociobiologie humaine :
Le scientisme de la sociobiologie
9 En présentant la sociobiologie humaine comme la
nouvelle synthèse qui donnera aux sciences sociales les
assises scientifiques qui lui manquent, Wilson évite de
la fonder sur une position philosophique clairement
exposée. Mais cela ne l’empêche pas d’être lui-même
influencé par des idéologies et de les exprimer peut-être
à son insu. La sociobiologie s’abreuve de formules
idéologiques visant à reculer les bornes de
l’individualisme au profit d’une sorte de prise en charge
de l’individu par l’État et surtout par les scientifiques.
Son recours constant à des lois de développement
téléologique et son dessein eschatologique la
métamorphosent en historicisme pronaturaliste. La
seule chose qui soit quelque peu rassurante dans ce
tableau, est le fait que la science n’a pas encore pu
répondre à toutes les questions que la philosophie lui
pose4.
10 En se développant autour de thèses scientifiques, la
sociobiologie humaine présente un danger : celui de ne
plus être qu’une idéologie scientiste. Nombre
d’idéologies scientistes ont généré des catastrophes
sociales et n’ont servi ni la science ni l’humanité. Parmi
les idées scientistes véhiculées par la sociobiologie
humaine, il y a le sexisme, l’eugénisme et le racisme, qui
ont en commun le fait de constituer un raisonnement où
l’on infère l’inégalité de la diversité5, ce qui constitue un
sophisme, et de générer des règles de vie sociale (c’est-à-
dire des énoncés normatifs) à partir de constats factuels
(c’est-à-dire des énoncés de faits), ce qui est logiquement
inacceptable. Ce procédé, connu depuis Henry Sidgwick
et George E. Moore sous le nom de naturalistic fallacy,
avait déjà été décrit par David Hume en 1739 dans son
Traité de la nature humaine6. Les caractéristiques
sexistes, eugénistes et racistes de la sociobiologie la
mettent dans une position où, non seulement l’on ne
pourrait la prendre au sérieux d’un point de vue
scientifique, mais où encore elle se révèle comme le pur
produit de ce que Louis Althusser appelait « la
philosophie spontanée des savants ».
11 Au sujet du raisonnement qui infère l’inégalité des
hommes à partir de leur diversité, Albert Jacquard fait
remarquer que la notion d’inégalité ne peut s’employer
que pour des quantités et non pour des qualités7. Si l’on
admet la singularité génétique de chaque individu, on
ne peut soutenir qu’un individu soit supérieur à un
autre, à moins que l’on ne parle que de la quantité de
gènes qu’il véhicule. On ne peut parler d’inégalité que si
l’on peut comparer deux éléments à un même étalon-
mesure8. En outre, on ne peut juger de la qualité d’un
patrimoine génétique que par rapport à un milieu
biologique et social qui fixe des critères de normalité
toujours variables – puisque toujours en évolution. Il ne
peut y avoir d’étalon-mesure dans ces conditions. Un
même amalgame de gènes peut être bénéfique ou
néfaste selon les circonstances9. Ces problèmes relèvent
de la logique, des choix méthodologiques et des abus de
langage, et débouchent tous sur des questions d’éthique.
Le sexisme
12 Nul ne songe à contester les différences biologiques qui
existent entre hommes et femmes, ou entre mâles et
femelles d’une espèce animale. Non seulement les êtres
sexués sont différents de par leur sexe, mais ils le sont
également entre eux de par leur bagage génétique
individuel. Aucun homme n’est la copie conforme d’un
autre et, à plus forte raison, ne peut être la copie d’une
femme ! Le problème du sexisme apparaît lorsque, sur
ce rapport de différence dans la diversité, on fonde un
rapport de supériorité d’un sexe sur un autre. À maintes
reprises, le discours sociobiologique consacre la
« naturalité » de la différence entre hommes et femmes
pour démontrer l’infériorité de celles-ci. Dans la
perspective sociobiologique, le fait de définir le rapport
homme / femme comme une lutte amène à penser que,
l’homme étant « plus fort » que la femme (sous la
plupart des aspects : économique, social, physique), la
lutte entre les sexes aboutit nécessairement à la victoire
de l’un sur l’autre, le vainqueur étant alors considéré
comme supérieur au vaincu.
13 La sociobiologie étaye ses thèses sexistes sur des
données biologiques mal utilisées. C’est l’usage abusif de
ces arguments qui permet de taxer ces thèses de
sexisme scientiste. Wilson s’est vigoureusement défendu
contre les accusations de sexisme portées à l’endroit de
ses théories. Michael Ruse s’insurge contre cette
interprétation : il n’y a rien de sexiste dans la
description d’une réalité10, dit-il : les hommes et les
femmes sont en perpétuelle lutte pour conserver leurs
avantages au sein de l’espèce, et dans cette lutte, les
victimes sont les femmes. Cependant, il ne s’agit pas ici
de discuter ce que chacun peut constater, mais plutôt de
critiquer le choix méthodologique consistant à utiliser
dans la compréhension de rapports humains le concept
purement biologique de lutte pour l’existence. C’est de
ce choix méthodologique que découle le caractère
sexiste du constat empirique des sociobiologistes, et non
des faits eux-mêmes, car ceux-ci ne peuvent générer des
normes – et encore moins des normes méthodologiques.
14 Ruse relève un « cas » de sexisme dans les dessins
illustrant Sociobiology : ces illustrations furent réalisées
par une dame, Sarah Landry, qui esquissa, d’après les
directives d’une équipe de biologistes11, des scènes de la
vie aux temps préhistoriques (notamment l’illustration
27-512, montrant des hommes primitifs chassant
l’éléphant, l’hyène et le léopard ; les femmes sont
absentes de cette image). Sur la base de cette illustration
et d’autres, des critiques accusèrent Wilson de
sexisme13. Ruse trouve cette accusation un peu faible14 –
ce dont nous convenons. On peut supposer que Sarah
Landry, en tant que graphiste, n’avait pas les
connaissances nécessaires pour discuter du sexisme des
thèses sociobiologiques ; en outre, elle ne faisait
qu’exécuter une commande, en suivant strictement les
directives données par une équipe de biologistes qui
n’étaient pas tous des hommes15. Toutefois, ce ne sont
pas les illustrations de Sociobiology, ni même les
métaphores utilisées par l’auteur qui prouvent le
sexisme de sa théorie, mais plutôt les présuppositions
méthodologiques et les concepts de base que l’on trouve
aux sources de la théorie – non seulement chez Wilson
d’ailleurs, mais aussi chez les autres sociobiologistes.
15 Un des choix méthodologiques douteux des
sociobiologistes se trouve dans leurs théories
anthropologiques et paléontologiques. Partant de l’idée
formulée par Darwin selon laquelle la sélection
naturelle opère aussi dans le domaine de la sexualité,
les anthropologues actuels expliquent celle-ci en termes
de « combat pour la vie » et de « victoire du mieux
armé ». Quelle victoire ? Celle de se reproduire en
donnant naissance à des rejetons « viables », en bonne
santé. C’est ainsi qu’Helen E. Fisher expose cette thèse
en traçant en huit étapes l’historique de l’infériorisation
des femmes16. Certains généticiens vont même lier
l’évolution du bagage génétique humain à l’adoption de
la bipédie17. Cette hypothèse anthropologique, devenue
classique puisqu’elle est reprise dans plusieurs ouvrages
de sexologie18, d’ethnologie, de génétique, etc., n’est
fondée que sur des observations très discutables du
monde animal et de quelques squelettes d’humanoïdes
préhistoriques. On la retrouve dans l’œuvre de Wilson ;
mais cette idée s’est généralisée parmi les scientifiques
de tous domaines ayant épousé les thèses de la
sociobiologie.
16 Tout en appuyant les thèses sociobiologiques, Fisher
n’étaye pas sa théorie avec des arguments d’ordre
génétique. Mais il ne faudrait pas en conclure que les
généticiens sociobiologistes tiennent un autre discours :
en termes de génétique, la sexualité est le théâtre d’une
lutte serrée de certains gènes, à travers la sélection
sexuelle, pour faire valoir leurs droits ! Dawkins déclare
à ce propos que « Vous ne pouvez parler de sélection de
parentèle ou de n’importe quelle autre forme de
sélection darwinienne sans tenir compte explicitement
ou autrement des gènes qu’elle implique »19. Dawkins
expliquait ailleurs la « guerre des sexes » (the battle of
sexes)20 par la nécessité de survie de la « machine
génique » (the gene machine)21. Il en résulte que la
sexualité est envisagée sous l’angle de la compétition :
« Si une femelle accroît son aptitude en choisissant ses
partenaires sexuels mâles, elle supplantera les femelles
qui ne font pas de tels choix »22. Il faut alors s’attendre à
ce que les « moyens » utilisés par les humains ou les
animaux pour faire valoir leurs « charmes » et attirer le
ou la partenaire (la taille, la force musculaire, le
plumage, les cris, etc.) soient eux aussi génétiquement
déterminés, puisque profitables au vainqueur23. Ce
point de vue permet d’expliquer la « distribution » ou la
« démographie sexuelle » d’une espèce (sex-ratio)24, mais
aussi certains comportements comme l’infanticide chez
les Yanomamis25. Dans tous les cas, il s’agit d’un enjeu :
la survie de l’individu dans sa progéniture ou la
reproduction du patrimoine génétique. C’est pourquoi
« Les sociobiologistes considèrent l’attraction sexuelle
humaine très proche de la survie génétique »26.
17 Il est curieux de constater que l’hypothèse de la lutte
sexuelle comme moyen de sélection naturelle ait tant
séduit les sociobiologistes, puisqu’il a été démontré
qu’elle conduit à un paradoxe : selon George C.
Williams, la survie des êtres vivants est bien plus
fonction de leur coopération que de leurs luttes ; en
conséquence, la « lutte pour l’existence » devrait être
fatale aux espèces, plutôt que bénéfique27.
Notes
1. E. O. Wilson (1977a), p. 135.
2. « Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les
époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la
puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance
dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la
production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la
production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées
de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle
sont soumises du même coup à cette classe dominante. Les pensées
dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des
rapports matériels dominants, elles sont ces rapports matériels
dominants saisis sous forme d’idées, donc l’expression des rapports
qui font d’une classe la classe dominante ; autrement dit, ce sont les
idées de sa domination » (F. Engels et K. Marx, 1970, p. 74, nous
soulignons).
3. G. W. Barlow (1980), p. 4.
4. Alan P. Lightman exprimait cette idée à sa façon en 1984 : « Au
cours des dernières décennies, la science a plongé tête première
dans plusieurs problèmes philosophiques très anciens. Un vieux
débat est la question de la liberté versus le déterminisme des
actions humaines. Le principe d’incertitude de Heisenberg en
physique, stipulant que les trajectoires de particules élémentaires
ne peuvent être prédites avec précision, a donné des munitions aux
partisans du libre arbitre, alors que les études portant sur les
gènes, l’ADN et le champ nouveau-né de la sociobiologie
appliquaient un baume sur le cœur des déterministes. Et alors
arriva l’ancienne controverse au sujet de l’origine matérielle de la
pensée. J’imagine que le problème corps / esprit doit avoir des
choses à prendre dans les récents développements de la
neurobiologie, particulièrement les résultats indiquant que des
activités mentales telles le langage et les émotions pourraient être
localisées sur des parties spécifiques du cerveau. La science n’a
réellement répondu à aucune de ces questions, mais elle continue
d’aiguiser sa vue » (A. P. Light-man, 1984, p. 49).
5. J.-F. Skrzypczak (1989), p. 38.
6. .« Dans tous les systèmes de morale que j’ai rencontrés jusqu’ici,
j’ai toujours remarqué que l’auteur procède quelque temps selon la
manière ordinaire de raisonner, qu’il établit l’existence de Dieu ou
qu’il fait des remarques sur la condition humaine ; puis tout à coup
j’ai la surprise de trouver qu’au lieu des copules est ou n’est pas
habituelles dans les propositions, je ne rencontre que des
propositions où la liaison est établie par doit ou ne doit pas. Ce
changement est imperceptible ; mais il est pourtant de la plus haute
importance. En effet, comme ce doit ou ce ne doit pas expriment
une nouvelle relation et une nouvelle affirmation, il est nécessaire
que celles-ci soient expliquées, et qu’en même temps on rende
raison de ce qui paraît tout à fait inconcevable, comment cette
nouvelle relation peut se déduire d’autres relations qui en sont
entièrement différentes » (D. Hume, 1962, p. 585 ; cité dans M. J.
Osler, 1980, p. 282) ; voir aussi A. Flew, 1978b, p. 148-150.
7. A. Jacquard (1978), p. 188.
8. « Nous avons constaté qu’il y avait une singularité de chaque
patrimoine génétique. Déduire une inégalité de cette différence
signifierait que l’on puisse affirmer que tel individu a plus de gènes
qu’un autre. Or, à l’heure actuelle, on ne sait combien l’homme
possède de gènes ! On avance des chiffres allant de quelques
milliers à quelques millions. Une évaluation récente montre que
chez les végétaux supérieurs, il y aurait 15 000 gènes et chez les
mammifères 25 000 à 30 000. On avait localisé 1 200 gènes
seulement sur les chromosomes en 1977. Une telle comparaison ne
peut donc avoir de signification scientifique » (J. F. Skrzypczak,
1989, p. 39).
9. Une anomalie de l’hémoglobine constitue un handicap dans
certains milieux de vie, mais en Afrique, elle protège du paludisme
ceux qui la portent.
10. M. Ruse (1979), p. 95.
11. E. O. Wilson (1975a), p. v-vi. Sarah Landry a également illustré
l’ouvrage de Wilson, The Diversity of Life (1992). Une autre dame,
Laura Simonds Southworth, a illustré Naturalist (1995) et In Search
of Nature (1996). Dans la « Préface à la version abrégée » (datée de
septembre 1979) de La Sociobiologie, Wilson précise que « Sarah
Landry a réalisé les dessins des sociétés animales présentés aux
chapitres 19 à 26. En ce qui concerne les espèces vertébrées, ses
compositions comptent parmi les premières à illustrer des sociétés
complètes, en respectant les proportions démographiques réelles et
en présentant autant d’interactions sociales que possible en un seul
tableau » (E. O. Wilson, 1987, p. 10).
12. E. O. Wilson (1987), p. 10.
13. M. Ruse (1979), p. 93.
14. Ibid., p. 94.
15. Robert T. Bakker, Brian Bertram, Iain Douglas-Hamilton,
Richard D. Estes, F. Clark Howell, Allison Jolly, John H. Kaufmann,
Hans Kummer, George B. Schaller et Glen E. Woolfenden (E. O.
Wilson, 1987, p. 10-11).
16. 1) À la suite de changements climatiques et écologiques
importants, certains hominidés ont dû s’habituer à la station
verticale et devenir bipèdes. 2) La bipédie a engendré un
rétrécissement du bassin du squelette humain, rendant les
accouchements plus difficiles et plus risqués. 3) La sélection
naturelle a favorisé des mères qui mettaient prématurément leur
enfant au monde. 4) Mais ces enfants prématurés nécessitaient des
soins supplémentaires. 5) La mère ne pouvait donc plus être
autonome et devait obtenir la collaboration de mâles pour
rapporter de la nourriture. 6) Afin d’obtenir cette nourriture, les
mères ont le plus souvent possible offert leurs « charmes » aux
mâles. 7) Par la suite, la sélection naturelle a favorisé les femmes
aptes à offrir leurs « charmes » en permanence, ce qui explique
que, maintenant, elles peuvent connaître l’orgasme sexuel en tout
temps. 8) Le comportement sexuel trouve donc son origine dans
une lutte des femmes pour la survie de leur progéniture (H. E.
Fisher, 1983).
17. J. N. Spuhler (1979), p. 455.
18. Notamment J. H. Barkow (1982).
19. R. Dawkins (1990a), p. 27.
20. R. Dawkins (1990b), p. 140.
21. Ibid., p. 46.
22. C. R. Cox et B.J. Le Bœuf (1980), p. 320.
23. B. S. Low (1979), p. 462.
24. R. D. Alexander, J. L. Hoogland, R. D. Howard, K. M. Nooman, et
P. W. Sherman (1979), p. 402.
25. N. A. Chagnon, M. V. Flinn, et T. F. Melançon (1979), p. 291. Les
Yanomamis pratiquent l’infanticide sélectif des filles afin de
maintenir la prépondérance numérique des hommes dans leur
tribu.
26. H. V. C. Harris (1984), p. 319.
27. G. C. Williams (1980).
28. Notamment H. B. Robinson, A. E. Williams, et S. C. Woods (1980),
p. 94 ; T. H. Clutton-Brock (1983), p. 476 ; J. H. Barkow (1982), p. 108 ;
H. V. C. Harris (1984), p. 318.
29. M. Ruse (1981), p. 228.
30. Y. Conry (1983), p. 166, 168.
31. B. Malinowski (1932).
32. M. Ruse (1981), p. 224.
33. J. Alper, J. Beckwith, et L. G. Miller (1978), p.482.
34. Dans un contexte différent, Althusser qualifiait de
« réactionnaire » l’attitude des communistes qui récusaient la
psychanalyse freudienne en la taxant de « science bourgeoise » :
« Disons-le sans détour : qui veut aujourd’hui tout simplement
comprendre la découverte révolutionnaire de Freud, non
seulement reconnaître son existence, mais aussi connaître son sens,
doit traverser, au prix de grands efforts critiques et théoriques,
l’immense espace de préjugés idéologiques qui nous sépare de
Freud » (L. Althusser, 1965, p. 88). Les motivations des
sociobiologistes sont évidemment très différentes de celles des
communistes dont parlait Althusser et elles s’insèrent dans un
contexte qui n’a rien de commun avec celui dans lequel il
s’exprimait. Mais, dans les deux cas, c’est la même attitude non
critique qui est à l’œuvre : dans le premier cas, elle aboutit au rejet
indiscuté de la psychanalyse freudienne et, dans l’autre, à son
« adoption » tout aussi indiscutée. C’est cette attitude non critique
des sociobiologistes que nous qualifions ici de « conservatrice ».
35. La sixième édition de L’Origine des espèces, qui est aussi la
dernière du vivant de l’auteur, date de 1872.
36. « Lorsque les idées que j’ai avancées dans cet ouvrage […]
seront généralement admises par les naturalistes, nous pouvons
prévoir qu’il s’accomplira dans l’histoire naturelle une révolution
importante. […] Un champ immense et encore presque vierge de
recherches sera ouvert sur les causes et les lois des variations. » Et
Darwin continue en parlant de l’application de sa théorie à la
géologie, à la paléontologie et à la psychologie (C. Darwin, 1973,
« Récapitulation et conclusions », p. 486-489).
37. « Son œuvre, Sigmund Freud l’a construite non en mesurant les
astres, les crânes ou les grands flux économiques, mais en écoutant
l’inaudible, le honteux et l’incohérent des êtres humains. Et d’abord
de lui-même. Il a inventé une œuvre théorique à partir de sa
propre intimité » (L. Flem, 1986, p. 13).
38. L. Althusser (1974), p. 98, 124.
39. P. Tort (1983), p. 525.
40. P. Tort (1989), p. 344-345.
41. J.-G. Ruelland (1991).
42. C. J. Lumsden et E. O. Wilson (1981), p. 295.
43. R. Lewin (1982), p. 220.
44. E. O. Wilson (1979a), p. 273-274.
45. P. Ladrière (1980), p. 82.
46. G. Duby (1980), p. 38.
47. Jean, Apocalypse, traduction de L. Segond (1977), p. 1053-1054.
48. Le terme anglais snake désigne le reptile ; le terme serpent est
utilisé en anglais pour désigner le serpent de la mythologie,
l’incarnation de Satan ou le serpent que l’on voit en rêve – et qui est
souvent de mauvais augure selon les traditions ésotériques ou
religieuses occidentales.
49. E. O. Wilson (1948), p. 83-85. Afin de distinguer les termes
anglais snake (serpent) et serpent (Satan), nous avons orthographié
ce dernier terme avec une majuscule.
50. J. Chevalier et A. Gheerbrant (1974), vol. 4, p. 198.
51. Littéralement : « l’amour de la vie » – ou, dans l’optique
sociobiologique : le changement d’attitude à l’endroit des sciences
biologiques.
52. P. Lavedan (1931), p. 803.
53. D. Kravitz (1975), p. 79.
54. E. O. Wilson (1987), p. 13. La version anglaise de la même
citation tirée de la même upanisad est un peu différente (E. O.
Wilson [1975a], p. 1).
55. La lecture de A. C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada [1975]
nous apprend qu’il s’agit de deux passages de la Bhagavad- gītā,
1 :37-39 et 2 : 19-20, p. 12 et 13. Le texte que nous avons consulté est
légèrement différent de celui que donne Wilson.
56. R. Lewin (1982), p. 225.
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes
importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention
contraire.
Histoire de la sociobiologie
Jacques G. Ruelland