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Annales.

Economies, sociétés,
civilisations

La sociobiologie et son explication de l'humanité


Chandler Davis

Abstract
Sociobiology and its explanation of humanity

Sociobiologists claim to explain human social behavior in terms of genetic evolution. The claim demands serious consideration
by social scientists, for biological evolution unquestionably formed human beings, who are the components of social phenomena
In this article, three characteristic sociobiological explanations are cited and analysed. In terms of these examples, and of some
principles of evolutionary biology which are reviewed, an attempt is made to bring out some peculiarities of sociobiological
reasoning, to determine to what extent they are inherent in the method, and to show how they affect the scope of its
applicability.
The author argues that evolutionary explanations have validity in social science only subject to some conceptual precautions
not currently observed by sociobiologists. In particular, he tries to show how such an explanation can be vitiated by defining the
trait to be explained in simplistic, post facto terms, or by failing to set the postulated change in the period of prehistory when it
must have occurred.

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Davis Chandler. La sociobiologie et son explication de l'humanité. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 36ᵉ année,
N. 4, 1981. pp. 531-571;

doi : https://doi.org/10.3406/ahess.1981.282766

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1981_num_36_4_282766

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INTER -SCIENCES

LA SOCIOBIOLOGIE
ET SON EXPLICA TION DE HUMANIT

Un phénomène certainement la publication du livre de Edward


Wilson en 1975 la sociobiologie fut accueillie comme une science nouvelle et
révolutionnaire importants articles dans le New York Times2 le Time3
Psychology Today et le Figaro-Magazine pour ne mentionner que ceux-là en
firent une description dithyrambique et acquirent ses promoteurs comme ses
théories de très nombreux lecteurs La doctrine nouvelle est même enseignée
hui dans les établissements secondaires sous une forme simplifiée
Certains se font une très haute idée de son importance et de sa pertinence en ce
qui concerne la socialite humaine Tel Wilson le porte-parole de la nouvelle école
pour qui
Une des fonctions de la sociobiologie est donc de reformuler les fondements des
sciences sociales pour intégrer ces matières dans la Nouvelle Synthèse c.a.d. la
théorie evolutionniste néo-darwinienne

ou encore plus audacieux Robert Trivers


Tôt ou tard la science politique le droit économie la psychologie la psychiatrie
et anthropologie seront autant de branches de la sociobiologie8

ou encore David Barash pour qui évolution est


Non seulement la manière dont la vie est apparue et le mécanisme de ses
changements futurs mais aussi. le principe directeur qui permet de comprendre
pourquoi les êtres vivants sont comme ils sont9

La riposte des spécialistes de sciences sociales ne est pas fait attendre particulière
ment celle de Marshall Sahlins qui réfute idée que les sciences sociales puissent
jamais être intégrées dans le schéma biologique
La culture est pas organisée par les émotions primitives de hypothalamus ce
sont les émotions qui sont organisées par la culture et pour prendre un exemple
célèbre ce sont les conflits sociaux qui déterminent agression et non inverse 10

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INTER-SCIENCES

Plus significative encore la cinglante réfutation parue sous le titre Sociobio-


logy new biological determinism Cet ouvrage été écrit par un groupe de trente-
cinq biologistes 11 dont Stephen Jay Gould Ruth Hubbard et Richard Lewontin
qui par ailleurs ont écrit indépendamment importantes critiques
La plupart des scientifiques restent sceptiques Lorsque American Association
for the Advancement of Science préparait sa première session sur la sociobiologie
organisateur un sociobiologiste annon ait comme devant être un débat sur la
controverse 12 Le Figaro-Magazine 13 quant lui va comparer Wilson
Galilée et voir en lui le fondateur une grande science nouvelle persécuté pour
ses innovations
énorme intérêt suscité par la question et la véhémence de la critique
explique clairement par utilité apparente de la sociobiologie pour idéologie
conservatrice Rien de plus naturel donc que de commencer par traiter ce
problème ce que nous ferons dans la Section trop brièvement pour un tel sujet
Cependant le présent article avant tout pour objet exposer et évaluer le
contenu scientifique de la sociobiologie ainsi que ce elle peut offrir la
sociologie Dans la Section II nous présenterons trois des modèles explicatifs les
plus typiques de la sociobiologie savoir les raisonnements portant sur la
différenciation sexuelle Sous-section 2) la sélection dep rente Sous-section
et la sélection de groupe Sous-sections Dans la Section III nous
examinerons les particularités méthodologiques de la science en question en
nous référant plus spécialement aux exemples donnés la section précédente
ainsi que sa relation ambiguë avec la biologie evolutionniste proprement parler
Dans la Section IV nous essayerons de répondre au défi de la sociobiologie et de
réexaminer interaction des processus biologiques et sociaux dans le développe
ment du comportement humain et de la culture 14

est soc/a et est du darwinisme mais est-ce du darwinisme soda

Certaines des maximes présentées hui comme une science nouvelle ont
été énoncées peu près dans les mêmes termes il cent ans Anatole France disait
déjà en 1886
homme est soumis aux fatalités de son origine Sa nature est être violent15

Et Paul Bourget en 1900


Que dit encore la Science une autre loi du développement de la Vie est la
sélection est-à-dire hérédité fixée Quoi de plus contraire ce principe dans
ordre social que égalité Que dit encore la Science un des facteurs les plus
puissants de la personnalité humaine est la race 16

Et Anatole France encore un tantinet ironique


Les vertus militaires Elles ont enfanté la civilisation tout entière Industrie arts
police tout sort elles 17

Durant toute la fin du xixe siècle nous retrouvons constamment ces quatre
prétendues conséquences suivantes du darwinisme

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les hommes sont par nature hostiles les uns aux autres
inégalité sociale est une conséquence nécessaire
inégalité raciale est également naturelle
la guerre stimule le progrès
positions qui sont peut-être parmi les plus caractéristiques du darwinisme
social
Cette doctrine été attaquée par un certain nombre de critiques qui lui
reprochent être une pure apologie des dirigeants capitalistes et notamment par le
socialiste Emile Gautier
Le livre de Darwin va devenir la bible des nouveaux exploiteurs ce sera par et au
nom de la science que le sacrifice des faibles accomplira En autres termes la
défaite est toujours méritée parce elle est indice une défectuosité une
infirmité. Tout est donc pour le mieux dans la meilleure des sociétés 18

Au moment de la première guerre mondiale les critiques semblaient avoir


emporté Et en 1944 pour Richard Hofstadter le chapitre était clos encore une
résurgence du darwinisme social parût toujours possible aussi longtemps exis
terait un fort élément de prédation dans la société 19 La prédation nous avons
toujours et nous retrouvons sous la bannière nouvelle de la sociobiologie les
quatre thèses qui la justifient Pour les deux premières reportons-nous ce
écrivait Alain de Benoist en 1979
la sociobiologie. implique. la rivalité et la compétition entre les individus et
par suite la stratification sociale

ou comme exprime le titre Les lois de la vie condamnent le nivellement


mondial.20
Alain de Benoist revigore aussi la troisième thèse il cite en approu
vant le sociobiologiste Hamilton
Certains traits souvent considérés comme purement culturels par exemple la
discrimination sociale ont de profondes racines dans notre passé animal et
reposent donc très probablement sur des fondements nettement génétiques 21

Quant aux effets salutaires de la guerre Richard Alexander soutenu dans


plusieurs articles que était grâce elle en fin de compte que nous étions devenus
des humains que
la guerre été le véhicule principal de la sélection inter-gro upes et que la sélection
inter-groupes eu plus importance dans explication du changement rapide des
hommes vivant en bandes et de la divergence si grande de homme par rapport
ses parents vivants les plus proches 22

Comment expliquer le réveil de la droite intellectuelle au cours de la dernière


décennie et pourquoi a-t-elle repris le motif biologique est là une question
cruciale mais je ne la traiterai pas dans cet exposé Mon propos étant avant tout
étudier les aspirations scientifiques de la sociobiologie je me contenterai de
débarrasser le sujet des slogans que optique droitière fait dériver de la théorie mais
qui en découlent nullement Ainsi il existe aucun argument evolutionniste sur
lequel étayer la notion de stratification sociale qui dispense les privilégiés de

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INTER-SCIENCES

épreuve de la compétition) pas plus on ne peut déduire de la réussite


commerciale un homme un quelconque mérite moral ou biologique 23 Nous
rencontrerons autres conclusions arbitraires de ce genre
Plus généralement laissons donc tomber idée fallacieuse que la sociobiologie
puisse apporter un fondement scientifique aux affirmations relatives la nature
humaine Les articles de vulgarisation sur la sociobiologie pourraient intituler
Les gènes égoïstes poussent un comportement égoïste 24 ou avenir est la
famille traditionnelle 25 mais ces assertions ne reposent sur aucun argument
scientifique Comme je le montrerai Section V.I) le raisonnement sociobiolo-
gique ne conduit pas ce genre de conclusions
Pas plus ailleurs il ne démontre ni ne suppose que les causes génétiques
prédominent dans la détermination de nos actions Wilson donne hui un
champ très large ce qui est caractéristiquement humain26 Et de même Richard
Dawkins dans un livre précédé une introduction enthousiaste écrite par Trivers
restreint lui aussi influence des causes génétiques sur les humains porteurs de
culture27 Certains adeptes conservateurs de la sociobiologie ont également
renoncé au déterminisme biologique simpliste La déclaration suivante Alain de
Benoist est on ne peut plus claire sous ce rapport
homme est un animal. Mais il est pas un animal contrairement ce
que prétendent les adeptes des diverses variétés de biologisme darwinisme
social etc.)..
homme est donc loin être intégralement programmé Sa nature est
une base un socle sur lequel il est sans cesse amené construire et
reconstruire. homme ne naît pas avec une culture idée une culture
surgissant tout armée des chromosomes est un fantasme raciste) mais avec la
faculté assimiler une culture28

Le but de explication evolutionniste doit être de décrire interaction du


biologique et du culturel comme nous le verrons plus en détail la Section IV
Bien que le problème ne se réduise pas simplement opposition Nature
Nurture* il reste il bien un problème La sociobiologie se distingue par une
explication evolutionniste particulière du comportement humain La question est
de savoir exactement ce elle explique

Quelques paradigmes de explication sociobiologique

La toile de fond
abord que doit offrir toute explication evolutionniste darwinienne
Tout trait possédé par un animal se retrouvera plus largement répandu la
génération suivante il agit un trait hérité et si celui-ci accroît les chances de
survie et le taux de reproduction des sujets qui le possèdent Pour une
explication evolutionniste de existence de tel ou tel trait dans une population

Le mot anglais nurture correspond au mot fran ais nourriture dans son acception
ancienne de soins éducation formation On nourrit et cultive un être vivant pour lui permettre de
se développer Nature versus nurture est opposition de inné et de acquis N.d.T.)

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actuelle soit complète elle doit comporter les éléments suivants la vérification
un facteur nouveau du matériel héréditaire est apparu un quelconque moment
dans le passé son apparition initiale pas besoin être expliquée établisse
ment un rapport entre ce matériel héréditaire nouveau et le trait expliquer et
la mise en évidence de la chaîne causale conduisant du trait en question une
supériorité en ce qui concerne les chances de survie et le taux de reproduction
Développons ce dernier point en nous référant pour simplifier une espèce dont la
population totale demeure peu près constante On parle de aptitude un type
génétique ou génotype Dire un génotype AA une aptitude de tandis
un génotype aa une aptitude de 09 signifie un individu de type aa aura en
moyenne 09 fois autant de descendants la génération suivante que individu de
type AA en sorte que dans le cas excessivement simplifié où un individu serait
suffisamment caractérisé par sa classification dans un ou autre de ces deux types
et en supposant il ait pas de croisements le type AA augmentera sa
population au détriment de autre type suivant une loi facilement calculable et la
limite finira par le supplanter Le succès du type qui emporte peut résulter de
diverses stratégies de reproduction soit il produise un plus grand nombre de
descendants ayant un taux de survie identique soit il produise des descendants
moins nombreux mais possédant un taux de survie supérieur etc Le naturaliste
evolutionniste efforce de montrer pourquoi les conditions de vie une espèce
favorisent telle stratégie plutôt que autres qui étaient également possibles pour
espèce On essaie par exemple de voir pourquoi dans certaines circonstances une
espèce réussit mieux en se reproduisant abondamment et vite et dans autres en
élevant des descendants moins nombreux et présentant une longue période
immaturité et dans certains cas exceptionnels en étant capable des deux moyens
de alternative 29
La sociobiologie étend ce type explication aux traits comportementaux classés
en tant que traits sociaux Pour bien voir ce il de caractéristique dans cette
approche considérons quelques exemples de raisonnement sociobiologique en ai
choisi trois qui me paraissent représentatifs par leur démarche théorique par
importance que les sociobiologistes eux-mêmes leur accordent et par leur rapport
évident même quand ils sont appliqués autres espèces avec les relations sociales
humaines

Le maître du harem30
on soutient notamment en ce qui concerne les mammifères qui ont une
longue période de gestation et de lactation31 que la stratégie optimale de
reproduction peut être différente pour les mâles et pour les femelles une même
espèce Le mâle parce que son rôle dans la procréation est bref et que le nombre de
descendants il est potentiellement capable avoir est très grand peut escompter
une rémunération plus haute en nombre de rejetons survivants de effort il
investit pour avoir de nombreuses partenaires la femelle qui moins gagner
dans cette direction accroîtra davantage son aptitude en orientant ses efforts vers le
soin de sa progéniture laquelle existe déjà et une manière générale en effor ant
accroître les chances de survie de ses petits Les mâles se font concurrence parce
il est besoin que de quelques gagnants pour engendrer la génération
suivante tandis un grand nombre de mères est nécessaire en sorte que les
femelles ont moins gagner rivaliser entre elles Un schéma de différenciation

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INTER-SCIENCES

sexuelle est donc censé se développer Conformément cet argument on pourrait


donc considérer comme un archétype de la différenciation des rôles sexuels chez les
mammifères le comportement espèces telles que celle de éléphant de mer où un
mâle victorieux occupe avec plusieurs femelles un territoire de reproduction où il
exclut violemment les autres mâles adultes ou encore celle du lion Afrique où le
mâle peut aller tuer les petits un autre mâle dont il usurpe le territoire et le
harem)32
utilité un paradigme est de suggérer au chercheur autres régularités que
on peut alors efforcer de retrouver dans la nature On peut par exemple inférer
une mère faible assurera plus sûrement des descendants de la deuxième
génération en mettant au monde des filles qui toutes ont des chances avoir des
petits) alors une mère forte aura des chances avoir des petits-enfants plus
nombreux en enfantant des fils dont les plus forts engendreront plus de
descendants que ne le ferait aucune fille où on pourrait attendre ce que la
proportion des sexes parmi les descendants dépende de la vigueur de la mère 33
De nombreux auteurs ont prétendu déduire de la même manière une raison
génétique la différenciation sexuelle dans le comportement humain traditionnel
Pour David Barash par exemple investissement plus grand des femmes dans la
reproduction et incertitude de paternité des hommes expliquent que
Les hommes se sentent plus menacés par les activités sexuelles de leur femme
que les femmes ne devraient se sentir menacées par infidélité sexuelle de leurs
hommes En termes aptitude darwinienne les hommes sont menacés plus que
les femmes par les copulations extra-conjugales de leur partenaire En fait je suis
en train de suggérer un fondement biologique possible la double norme34

Ces justifications biologiques de la double norme apparaissent très clairement


dans la présentation populaire qui est faite de la sociobiologie 35 et ont donné lieu
des critiques incisives 36

La tante stérile
Charles Darwin est intéressé particulièrement ce il considérait comme
une difficulté spéciale
qui tout abord est apparue insurmontable et même fatale toute ma théorie
Je fais allusion aux sujets neutres ou femelles stériles dans les communautés
insectes Ces neutres sont souvent très différents tant dans leur instinct que dans
leur morphologie des mâles et des femelles fertiles de leur espèce et cependant
étant stériles ils ne peuvent pas se reproduire en tant que genre37

Comment la sélection naturelle peut-elle donner un animal un comportement


et une structure qui ne pourront jamais conduire cet animal se reproduire Pour
Darwin le problème ne réside pas dans le nombre important individus stériles si
leur stérilité jouait avantage de la reproduction globale de leur famille les
tendances produisant de nombreux rejetons stériles seraient préférées par la
sélection) mais dans le développement chez les ouvrières de traits spécialement
adaptés au soin de leurs urs plutôt au soin elles-mêmes et de leur
progéniture La solution lucide apportée par Darwin cette difficulté demeure
hui encore incontestée Pour employer la terminologie moderne nous

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présenterons les choses comme suit les parents féconds peuvent porter et
transmettre un gène qui ne exprime que chez les descendants stériles Si le trait qui
en résulte chez le descendant stérile profite suffisamment la colonie le gène aura
alors une haute valeur adaptative autrement dit les descendants féconds de ces
mêmes parents tendront survivre parce que la colonie survivra
Bien plus récemment Hamilton soutenu que cette forme de sélection
est plus susceptible agir chez les hyménoptères guêpes fourmis abeilles) que
chez les autres animaux en vertu une particularité de leur reproduction Le mâle
un seul jeu de chromosomes et donc deux urs ont en commun de leur
héritage au lieu de 1/2 comme est le cas dans la plupart des espèces sexuées
est un héritage commun plus large que celui elles partageraient avec leurs
enfants quand elles en ont ce qui accroît avantage darwinien potentiel du soin
apporté aux urs 38
Cependant pour le mode plus courant de transmission héréditaire il reste vrai
que les germains ont en commun de nombreux gènes parce ils sont germains
en moyenne la moitié Donc le raisonnement de Darwin applique aux oiseaux
aux canins aux primates et toutes les autres espèces où on rencontre le
comportement de maternage collatéral ou comportement alloparental le
plus souvent cette sollicitude maternelle est le fait une ur aînée ou une tante
Wilson fait observer 39 ce que ne font pas les exposés moins consciencieux il
peut avoir autres avantages discernables cette propension occuper de frères
et urs ou autres petits qui ne sont pas les vôtres explication la plus
sociobiologique est celle de Hamilton tout gène tendant induire en vous un
comportement favorisant la survie de votre germain aura une certaine valeur
adaptative car votre germain portera aussi le gène dans un rapport de probabilité de
et tirera de votre comportement une potentialité accrue le transmettre et la
même chose applique vos neveux et vos nièces en rempla ant le coefficient
par le coefficient etc Cet effet que on appelle la sélection de parenté est
invoqué pour expliquer toute une variété de comportements 40
Prenons par exemple le cas de homosexualité masculine chez les humains et
voyons explication qui en est donnée Pour le sociobiologiste qui explique ce
comportement par une différence génétique et qui admet un tel comportement
diminue les chances de reproduction il là un défi pourquoi évolution ne a-
t-elle pas éliminé La réponse spéculative apportée par Wilson fait appel la
sélection de parenté après lui les membres homosexuels des sociétés
primitives peuvent avoir joué un rôle auxiliaires familiaux soit la chasse avec
les autres hommes soit dans des occupations plus domestiques sur les sites
habitation Libérés des obligations spécifiquement parentales ils peuvent avoir
apporté une aide particulièrement efficace leurs proches De ce fait les gènes
favorisant homosexualité pourraient être maintenus un niveau équilibre
assez élevé en vertu de la seule sélection de parenté En supposant que les
familles produisant trop peu homosexuels aient eu moins de chances de survie
cause du manque auxiliaires familiaux et que les familles produisant trop
homosexuels aient eu un taux de reproduction plus faible que les autres un
équilibre peut être instauré dans incidence des gènes en question41

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INTER-SCIENCES

altruiste et le chauviniste
une manière plus générale que dire un animal qui porte secours un autre
en exposant lui-même un risque ou une perte Un homme ou un loup peuvent
en faire autant indépendamment de tout lien de parenté avec ceux ils assistent
Quand les individus appartiennent pas la même espèce nous ne pouvons que
nous demander ce que le donneur re oit en échange Peut-être rien Dans ce cas
nous décrivons la relation comme parasitaire et nous disons aussi éventuellement
que le donneur est fait avoir par le parasite La même conclusion pourrait
appliquer deux individus de la même espèce mais là nous parlons de
comportement social et éventuellement nous regardons cela comme de
abnégation ou de altruisme Cependant si les termes sont plus sympathiques la
question demeure de savoir comment le fait de porter assistance un autre peut
améliorer aptitude adaptative un organisme et partant nous devons nous
demander comment ce type de comportement peut se développer Les donneurs ne
sont pas tous des dupes
Voyons par exemple habitude auraient les dauphins aider un congénère
blessé revenir la surface pour respirer 42
Pouvons-nous supposer que cette pratique soit le résultat une évolution
autrement dit elle explique par la présence un ou de plusieurs gènes de
sauveteur qui seraient devenus plus répandus dans espèce que certains al eles
non-sauveteurs et ce uniquement parce ils rendaient possible la pratique du
sauvetage arrivait-il époque peut-être lointaine ou le gène sauveteur
était présent mais non général Au sein une même école de dauphins les
individus privés du gène en question devaient réussir mieux que ceux qui en étaient
porteurs car ils profitaient quand ils étaient blessés de avantage avoir des
compagnons sauveteurs sans avoir eux-mêmes payer le prix il en coûte de
sauver les autres Expliquer les choses en termes échange de bons procédés est
pas non plus convaincant car les occasions de rendre ce même service sont très
rares Partant ne doit-on pas conclure que le gène sauveteur serait désavanta
geux et il devrait tendre disparaître Ce raisonnement paraît première vue
réfuter existence un gène sauveteur
Le sociobiologiste accepte pas volontiers cette restriction applicabilité de la
théorie En fait certaines présentations de la sociobiologie caractérisent précisé
ment cette théorie par son effort pour faire entrer altruisme dans le champ de
explication génétique Des exemples comme celui du dauphin sauveteur parais
sent bien difficiles inclure dans explication génétique Les sociobiologistes
essaient appliquer tous ces cas un petit nombre de mécanismes communs En
partie ils visent simplifier et étendre la compréhension du comportement
animal Mais leur motivation est aussi partiellement idéologique comme nous
pouvons le voir dans introduction un article de Trivers
Les modèles qui efforcent expliquer la conduite altruiste en termes de
sélection naturelle sont des modèles con us pour vider altruisme de altruisme 43

Nous en inférons il cherche non pas expliquer altruisme mais trouver


une explication qui en débarrasse est-à-dire détecter des mobiles intéressés de
peur peut-être que on trouve quelque réconfort Mais quelle que soit la

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Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

motivation les modèles ont tout de même de intérêt Je présenterai ici celui qui me
paraît avoir la portée la plus générale
Il agit de ce on appelle la sélection de groupe Dans le cas des dauphins
le raisonnement est le suivant bien que le compagnon blessé ait guère de chances
avoir un lien particulier de parenté avec son sauveteur il agit néanmoins un
compagnon qui nagé dans la même école depuis sans doute assez longtemps En
moyenne le taux de consanguinité entre deux de ces sujets sera plus élevé entre
deux dauphins pris au hasard dans océan Ceci peut tout comme le mécanisme
plus facile analyser de la sélection de parenté favoriser aptitude globale du
gène sauveteur par rapport aux alternatives ce gène44
Notons que selon ce modèle la fréquence du gène sauveteur tend décroître
dans chaque école mais accroître pour ensemble de la population des
dauphins en raison du taux de survie plus élevé des populations des écoles où ce
comportement de sauvetage est habituel Si la migration entre écoles est trop
fréquente la sélection de groupe ne pourra pas se produire car alors les différences
entre écoles estompent En supposant que la migration entre écoles soit peu
fréquente il semblerait que la sélection de groupe ne puisse pas non plus se produire
en raison de infériorité aptitude du gène sauveteur dans chacune des écoles
infériorité qui conduira finalement élimination du gène dans toutes les écoles
Considérons cependant le cas extrême où il aucune migration inter-groupes
nos groupes sont alors des populations reproductrices isolées Il peut fort bien
arriver notamment il beaucoup de petits groupes que la distribution au hasard
des chromosomes lors de accouplement élimine dans un groupe qui de la
chance tous les gènes non-sauveteurs et que ce groupe qui bénéficie de
avantage du comportement de sauvetage ait des chances de survie supérieures
celles des autres groupes où ce comportement est resté rare La modification
évolutive due aux fluctuations de hasard intérieur de petites populations isolées
est ce on appelle la dérive génétique dans le cas extrême où une population
est issue un petit nombre individus accidentellement isolés et trop peu
nombreux pour pouvoir représenter tous les al eles présents dans une population
plus large on parle effet fondateur On considère parfois que ces mécanismes
sont très largement responsables des transformations observées dans les espèces 45
Si ceci est vrai la sélection de ce que les sociobiologistes appellent des traits
altruistes explique plus aisément mais seulement pour les petites popula
tions isolées et non dans les populations nombreuses et bien adaptées
on accordera autant plus importance la sélection de groupe dans le
développement du comportement coopératif que on considérera ce comportement
comme ayant une valeur adaptative non seulement de fa on directe en augmentant
les chances de survie du congénère assisté et partant les chances de survie du
groupe mais aussi de fa on indirecte en élaborant une socialite du groupe qui
présente autres avantages Certains sociobiologistes semblent aveugles cet
aspect de la question 46
Le mécanisme agira beaucoup plus rapidement si animal prête assistance de
fa on préférentielle ceux de ses congénères qui se trouvent être porteurs du même
gène Il est ailleurs pas nécessaire de supposer pour cela que le gène altruiste
en question soit un gène dont la présence chez autre puisse être reconnue par
animal On peut imaginer par exemple que le dauphin qui porte secours un
compagnon familier refusera son aide un inconnu qui passe Ou encore un
quelconque gène sans rapport avec celui qui nous intéresse fournisse un signe

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INTER-SCIENCES

distinct grâce auquel animal peut reconnaître les congénères susceptibles avoir
un quelconque degré de consanguinité avec lui insecte augmentera ses chances
de perpétuation dans la mesure où elles dépendent de la sélection de groupe il
possède les moyens chimiques de repérer les insectes génétiquement similaires
oiseau en fera autant il reconnaît les oiseaux génétiquement semblables aux
détails de leur chant et il en ira de même pour homme qui peut reconnaître ceux
des hommes qui ont des chances de lui être semblables la ressemblance de leur
visage ou après la tribu laquelle ils sont dits appartenir 47
Ceci nous ramène une des positions les moins attirantes du darwinisme
social du xixe siècle savoir sa justification du chauvinisme et de la guerre Charles
Darwin lui-même attribue le développement des capacités intellectuelles et des
facultés sociales et morales principalement ce que on appelle de nos jours la
sélection de groupe
Quand deux tribus primitives vivant dans le même pays entraient en
compétition si toutes autres circonstances étant égales une des tribus comptait
parmi ses membres plus hommes courageux sympathiques et loyaux cette
tribu réussissait mieux et conquérait autre48

En lisant ce passage on peut se demander si auteur parle uniquement


amélioration génétique évolution darwinienne ou il voit dans la supériorité de
la tradition culturelle transmise par la tribu victorieuse une force auxiliaire
contribuant au progrès est une ambiguïté que je traiterai plus loin Sec
tion Le sociobiologiste moderne lui intéresse surtout aspect génétique
en envisageant
certains des traits les plus nobles de humanité compris esprit équipe
altruisme le patriotisme la bravoure sur le champ de bataille etc comme le
produit génétique de la guerre49

Une autre confusion demeure dont orientation idéologique est si évidente et si


déformante queje ne crois pas nécessaire de attarder les sociobiologistes tout
comme Darwin en arrivent parfois perdre de vue que les groupes peuvent se
trouver en compétition sélective un groupe accroissant le nombre de ses membres
plus que autre sans pour autant être en guerre est-à-dire sans un groupe
cherche détruire autre Insistons sur la distinction et passons sur la question de la
guerre
Mais inférence troublante qui conduit de la sociobiologie au chauvinisme en
demeure pas moins emploie ce terme plutôt que celui de racisme car il est
pas nécessaire que le groupe en question puisse être qualifié de race. Le
raisonnement se présente comme suit le chauvinisme accélère la sélection de
groupe importante dans le développement des traits sociaux partant le
chauvinisme pourrait avoir été lui-même sélectionné dans notre passé 50 où le
chauvinisme peut hui être inné Le syllogisme est peine logique Mais
ceci ne empêche pas être tout fait conforme au mode inférence socio-
biologique il est ailleurs exprimé peu près dans les mêmes termes par
Barash 51 et peut-être est-ce aussi ce que veut dire Wilson il attire notre
attention sur le fait que attitude coopérative vis-à-vis des membres du groupe
pourrait bien accompagner agressivité égard des étrangers 52
Sont-ce là des conséquences inévitables de la sociobiologie Vu le caractère

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Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN DEBAT

brûlant du sujet je lui consacrerai la sous-section suivante pour être sûr éviter
tout malentendu

Suite avec disgression sur une typologie du racisme


Nous devons tout abord distinguer deux sortes de doctrines que on retrouve
toutes les deux dans les écrits de racistes tels que Paul Bourget et Madison Grant
Le racisme relatif qui justifie la préférence donnée par tout individu sa propre
race Madison Grant déclare par exemple que le sentiment de race que on peut
bien qualifier de préjugé est une antipathie naturelle qui sert maintenir
la pureté du type 54 tout aussi naturelle sans doute quelle que soit la race de la
personne qui éprouve
Le racisme absolu qui justifie la préférence donnée par un individu la race
dominante en affirmant la supériorité une souche génétique Pour Madison
Grant par exemple dans Europe actuelle la proportion de sang nordique dans
chaque nation est exacte mesure de sa force au combat et de son niveau de
civilisation 55
Le raciste absolu peut envisager les races inférieures non pas comme
condamnées extinction mais comme adaptées en termes évolution une
niche subalterne Grant par exemple concède Aussi longtemps que les Noirs
resteront dans le même rapport que par le passé vis-à-vis des Blancs ils
constitueront un élément précieux dans la communauté 56
Le racisme absolu et le racisme relatif quoi que compatibles entre eux et admis
souvent tous les deux par une même personne sont tout fait différents quant leur
contenu Logiquement aucun des deux implique autre
Les critiques adressées au racisme scientifique 57 visent généralement le racisme
absolu et ses prétentions de supériorité objective Aucun protagoniste de la
sociobiologie jamais soutenu ce genre de prétentions Et il est donc tout fait
juste même pour un critique virulent du racisme scientifique et de la sociobiologie
de dire que La sociobiologie est pas une doctrine raciste 58
est de racisme relatif il agit dans le passage de Hamilton cité plus
haut59 et de même est au racisme relatif que nous conduits la déduction tirée de
la sous-section précédente
Qui plus est la conviction que les attitudes chauvinistes militaristes ou sexistes
ont très probablement des causes génétiques directes 60 implique pas il faille les
accepter comme impossibles extirper pas plus elle implique il faille les
favoriser Nous devons admettre la sincérité de Wilson il déclare
Quand un penchant génétique c.a.d. une tendance inhérente au matériel
génétique humain est démontré il ne saurait être utilisé pour justifier la
continuation une quelconque pratique dans les sociétés présentes et venir 61

Wilson estime en droit de considérer notre espèce comme naturellement


chauviniste et de recommander néanmoins de la remodeler sous ce rapport
Malheureusement le public profane trouvera autant incitation la bigoterie dans
la démonstration scientifique il agit un sentiment naturel que dans une
exhortation scientifique maintenir ce sentiment Les sociobiologistes qui font
des réserves de ce genre ont donc la même responsabilité que ceux qui ne les font
pas une responsabilité tant politique que scientifique en ne en prenant pas
aux conclusions pessimistes sur la nature morale de homme

541
INTER-SCIENCES

Analyse de approche sociobiologique

atomisme
Sur un point assurément la sociobiologie contemporaine contraste singulière
ment avec le darwinisme social initial savoir son atomisme 62 Alors que les
tenants du darwinisme social parlaient de vagues supériorités de races mal définies
et de strates sociales mal démarquées les sociobiologistes eux se réfèrent ou
annoncent leur intention de se référer des propriétés bien tranchées que chaque
individu possède ou ne possède pas
Ceci conduit certains lecteurs les prendre pour des naïfs Les sociologues
auxquels expérience appris que les distinctions sont rarement tranchées et que les
phénomènes importants sont fondamentalement collectifs ont du mal prendre au
sérieux la promesse de résoudre les problèmes sociologiques au moyen de concepts
isolés
Mais peut-être est-ce un de ces faits que nous devons accepter il nous plaise
ou non La Nouvelle Synthèse de la biologie moléculaire et du darwinisme est de
avis général une composante réelle et importante de notre connaissance de
univers Peut-être est-ce en fin de compte que notre lenteur absorber le
message elle nous livre qui nous rend soup onneux égard des approches
atomistes
Si on regarde de plus près on se rend compte que atomisme de la pensée
sociobiologique est triple les populations animales sont décomposées en
individus leur héritage génétique est décomposé en gènes leur comporte
ment est décomposé en traits Nous devons examiner ces trois atomismes
séparément car leurs rôles dans la théorie sont différents

1.1 atomisme des individus La conception darwinienne de évolution exige une


focalisation sur individu Les variations constatées un individu autre ne
doivent pas être regardées comme des déviations sans importance par rapport un
idéal typique de espèce car elles constituent le matériau même de la modification
subséquente de espèce et il faut comprendre que énoncé des caractéristiques
une population envisagée dans son ensemble dérive de faits relatifs des
individus La réticence voir les choses sous cet angle fut peut-être bien la
principale raison pour laquelle on eut tant de mal percevoir la possibilité de
évolution par la sélection naturelle63
Assurément nous devons prendre individu comme unité dans analyse de la
variation génétique et de ses conséquences Ce qui ne nous oblige nullement
envisager la société comme une collection individus isolés et indépendants ni
ignorer les relations mutuelles entre les individus autres que accouplement dans
analyse de leur comportement et de ses conséquences ni ne nous impose de
limitation quant échelle que nous appliquons la société Ceci implique encore
moins un jugement de fait quant égoïsme ou aliénation de qui que ce soit et ne
met aucune limite la générosité pas plus la perfidie dont chacun est capable
on me pardonne cette série de mises en garde qui tombent sous le sens mais il
est déjà arrivé elles aient été perdues de vue

542
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

La théorie evolutionniste nous oblige penser de fa on individualiste en ce sens


uniquement que évolution procède par adaptation différentielle des individus
Mais en même temps la théorie evolutionniste nous oblige penser
collectivement pour cette autre raison importante que la source de la descendance
potentielle au millénaire prochain une population actuelle ce ne seront pas les
individus aujourdhui envisagés isolément mais ensemble des individus de cette
population car ils se croiseront entre eux Une théorie adéquate de évolution
une quelconque propriété devra faire appel la notion de pool génétique
autrement dit la somme des alternatives génétiques dont dispose une population
qui se reproduit Le nombre des variations qui se produisent dans une population
naturelle est énorme Je parlerai plus en détail de cet aspect quantitatif par la suite.
on doit recourir aux statistiques on doit additionner les effets des différents
gènes la complexité de la situation est inextricable De ce fait le qualitatif et le
continu reviennent dans le champ où atomisme semblait avoir instauré son
empire
Enfin ajouterai que les groupes mêmes qui se croisent ne sont pas toujours des
entités discontinues car leurs frontières sont souvent mal définies Il arrive par
exemple que les oiseaux vivant la limite Nord une aire habitation une
espèce et ceux qui vivent la limite Sud de cette même aire ne puissent plus
accoupler alors que les uns et les autres se croisent avec la population vivant dans
la zone intermédiaire Cette situation ne peut pas être laissée hors de la théorie car
elle est essentielle pour comprendre comment une espèce en arrive se scinder en
plusieurs espèces séparées ce qui est un processus fréquent et de la plus grande
importance 64 Nous devons apprendre envisager conceptuellement cette espèce
comme ayant un pool génétique unique mais mal brassé 65 faute de quoi nous
devrions renoncer étudier les ramifications des lignées évolutives tout comme le
fait avoir érigé les espèces en types idéaux platoniques signifié un renoncement
pur et simple la théorie evolutionniste

1.2 atomisme des gènes Ceci pourrait apparaître comme le triomphe absolu du
digital Tout notre héritage biologique est inscrit dans un langage précis son
alphabet les nucléotides est réduit et connu sa sémantique la correspondance
entre les triples nucléotides et les acides aminés dont ils détiennent le code est
définie de fa on presque aussi rigide et semble avoir subi presque aucun
changement durant le milliard années duré évolution des métazoaires Tout
ce développement est une question de réagencement des séquences formées
par ces unités Le caractère discret et fixe de ces unités et le fait que ces séquences ne
soient pratiquement pas susceptibles de modifications sont des faits établis et qui
plus est ils sont considérés comme essentiels au fonctionnement de évolution Ils
constituent le premier grand succès difficilement remporté de la sélection
naturelle laquelle rendu possible tout le reste Et même les exceptions est-à-
dire les mutations font partie intégrante du système
Ce tableau de héritage biologique est certes bien établi et avec force détails
Nous les non-spécialistes devons nous efforcer de incorporer dans notre
réflexion sur les autres problèmes qui rattachent une manière ou une autre
tels que la société Ce faisant nous devons nous rappeler que certaines zones du
tableau sont plus détaillées que autres qui restent floues et muettes
Le gène régit directement la synthèse une protéine particulière Si donc cette
protéine est un enzyme dont le rôle dans la vie de organisme est connu la présence

543
INTER-SCIENCES

du gène est per ue par la présence un processus spécifique Grâce aux élégantes
méthodes de laboratoire les renseignements accumulent maintenant très rapide
ment sur ces cas bien définis action des gènes
Mais il plus que cela dans hérédité Le fait que notre corps soit capable de
faire la synthèse une hormone ne signifie pas que cette hormone sera synthétisée
dans importe quelle cellule importe quel moment bien que tous les gènes
soient présents tout moment dans toutes les cellules hormone ne sera produite
que dans les glandes appropriées certains stades seulement de existence et sous
effet de certains stimuli Le reste du temps le gène qui porte le code de la structure
de cette hormone demeurera non-exprimé autrement dit il ne participera pas au
processus de synthèse des protéines Il est clair que histoire biochimique de
organisme dépend essentiellement de la régulation des gènes laquelle les fait
intervenir dans la synthèse des protéines ou les en empêche
De plus la plupart des effets de activité chimique des cellules sont moins
directs Les produits de cette activité chimique et certains parmi les plus vitaux ne
sont pas tous des protéines Une propriété de animal dans son entité telle que sa
taille sa masse ou son acuité visuelle dépend ce on croit de action
conjuguée de toute une armée de gènes Et ceci est encore plus vrai il agit de
son intelligence ou de son agressivité Sous ce rapport seuls certains écarts très
importants par rapport la norme une population peuvent être associés aux
caractères mendéliens existence autres sortes de matériel génétique est une
possibilité qui nullement été exclue pas plus que la possibilité une
intervention des gènes dans autres réactions non moins vitales que la synthèse
des protéines 66
Parmi les traits dont le mode de transmission pas été élucidé se trouve
notamment le mécanisme qui régit expression des gènes Par rapport au domaine
déjà connu ce domaine encore inconnu peut être tenu pour très important on
établi que par rapport au critère de la différence des gènes eux-mêmes le chimpanzé
et homme sont des espèces très proches mais que notre impression une
différence considérable est néanmoins valable objectivement67 Pour Allan
Wilson la différence pourrait peut-être expliquer par le mécanisme de
régulation des gènes 68
En bref le schéma un gène-un trait est établi que pour aptitude
produire des protéines spécifiques explication de hérédité par les gènes est une
théorie admise mais avec certaines réserves quant son champ application bien
que nous parlions de gènes régissant certains grands traits physiques tels que la
taille nous ne le faisons en inférant partir autres cas or il est douteux de
compter sur le parallèle entre un cas où intervient un seul locus et un cas où
figurent plusieurs loci Nous reviendrons sur cette question dans la Section III
Cependant il existe un argument très fort appui de notre croyance existence
de gènes qui pourtant ont encore jamais été observés puisque nous croyons que
ubiquité du codage ADN et de la méiose dans les organismes complexes est une
conséquence de leur efficacité dans le jeu de la sélection naturelle et que celle-ci est
origine de la complexité nous devons bien nous attendre ce que les gènes
jouent un rôle dans un processus vital important même si nous ne pouvons pas voir
comment ils le jouent

1.3 atomisme des traits Le comportement humain et une manière générale


le comportement animal est pas normalement descriptible en termes

544
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

alternatives Robert est bon Charles est cruel La sociobiologie nous


demande de le considérer comme fait de choix entre différentes possibilités ou
ceci... ou cela... et nous assure une telle approche conduirait une nouvelle
compréhension Comment pouvons-nous admettre de nous écarter ce point du
sens commun
Premièrement nous pouvons invoquer analogie avec les traits physiques
par exemple la couleur des yeux qui certainement dépend largement de facteurs
génétiques Ces traits doivent assurément être étudiés isolément bien il ne
agisse pas alternatives parfaitement tranchées chez animal adulte Il arrive que
les yeux aient une couleur intermédiaire mais il est préférable étudier le
problème en comman ant par les distinctions les plus claires.
Deuxièmement nous pouvons aussi nous appuyer sur argument que ai déjà
développé savoir que ce que nous essayons expliquer est pas le détail exact de
chaque action un animal mais des normes de réaction des aptitudes ou
tendances agir de telle ou telle manière Comme exprime Ernst Mayr ce qui est
inné est bien sûr uniquement la norme de réaction qui possède une gamme
plus ou moins large expressions phénotypiques Le fait que la tendance stocker
soit innée chez le rat de Norvège est pas contredit par le fait que certains
traitements et expériences puissent réduire cette tendance ou oblitérer complète
ment La plupart des mammifères ne peuvent pas être induits stocker quel que
soit le traitement on leur fasse subir69

La chose expliquer la propension accumuler peut être clairement présente


ou absente bien que observation de accumulation effective chez les animaux
nous permette de voir des gradations continues dans intensité du trait
Il est raisonnable donc de faire effort atomiser le comportement potentiel
en traits distincts Nous le faisons titre expérimental avec espoir être
récompensés par une meilleure compréhension Après tout les sociologues
recourent couramment des atomisations de ce genre par exemple en submergeant
énorme diversité de activité économique des familles sous un schéma qui les
range dans un petit nombre de classes économiques Ici cependant nous devons
faire une mise en garde En effet ce que la sociobiologie nous demande de faire
est pas la même chose
Lorsque nous dressons des tableaux où toutes les familles Europe sont
réparties en disons trois classes nous cherchons comprendre une réalité trop
complexe en la simplifiant de manière pouvoir appréhender Nous pouvons ou
non espérer que la définition de la classe ouvrière que nous avons adoptée
correspondra une réalité fonctionnelle mais nous savons que si elle le fait elle
en existe pas moins dans un sens complexe et une échelle plus large elle existe
par intégration des vies individuelles et appartenance des individus cette classe
est pas une propriété locale inhérente chacun eux Il en va tout autrement
quand on divise théoriquement la population des dauphins en sauveteurs et
non-sauveteurs Dans cet exercice explication que nous cherchons ne peut
être trouvée que si nous avons choisi la bonne catégorisation Il ne suffit pas que les
catégories adoptées conviennent la compréhension intuitive du zoologiste ou du
dauphin elles doivent être les catégories qui ont des concomitances génétiques
est une exigence difficile satisfaire mais qui peut parfois être satisfaite Nous
serons constamment ramenés dans la suite de cet article la question comment
pouvons-nous espérer satisfaire cette exigence

545
INTER-SCIENCES

Le mode hypothétique
Les explications sociobiologiques sont hypothétiques
Lorsque ai décrit dans la Section 11.1 ce que doit être une explication
evolutionniste complète un trait ai enumeré trois éléments brièvement le
gène son rapport avec le trait étudié et le mécanisme de sa sélection Une
bonne part des raisonnements évolutionnistes et notamment les explications
sociobiologiques typiques en tiennent au dernier de ces trois éléments On part
habituellement une prémisse non formulée du genre Supposons un gène
apparu un moment donné dans une espèce en tant que mutation et dont la
présence affecte espèce en question de telle ou telle manière. et là commence le
raisonnement
Cette nature hypothétique est voilée par toutes sortes assertions avancées la
légère par les sociobiologistes et par leurs vulgarisateurs par exemple
Certains sociobiologistes vont suggérer il peut avoir des gènes
humains responsables de comportements tels que le conformisme homosexua
lité la malveillance 70

Mais les arguments de Wilson sur homosexualité tels que nous les avons
rapportés plus haut ne sont guère de nature convaincre qui que ce soit il existe
une différence génétique entre les individus que on voit se comporter comme des
homosexuels et ceux que on voit se comporter comme des hétérosexuels Ce que
propose cette argumentation est un mécanisme par lequel un gène il en un
responsable dans un environnement donné de homosexualité et donc réduisant
la reproduction pourrait être maintenu dans une population Ceci peut diminuer
notre incrédulité quant existence possible un gène mais apporte aucune
preuve que ce gène existe bien Quant altruisme et la malveillance le cas est
encore plus extrême Wilson traite non un gène dont existence serait affirmée
ou même suggérée mais de modalités de sélection telles que la sélection de parenté
et la sélection de groupe)71
Et il en va de même pour les autres modèles explication que ai cités et pour
ceux que aurais pu citer Au mieux le sociobiologiste suppose une quelconque
variation génétique ayant induit telles ou telles différences comportementales et il
reconstruit une sélection avec un certain nombre de conséquences évolutives
Comment accepter de telles reconstructions
Nous sommes habitués accepter les brillantes reconstructions de Darwin telle
celle que ai citée la Section 11.3) bien il agisse arguments de plausibilité
équivalents La vie du passé lui étant largement dissimulée Darwin eu recours au
mode hypothétique pour montrer que la sélection naturelle pouvait suffire
produire la variété observée des espèces Pour défendre la thèse de intervention de
certains processus dans le passé il est appuyé sur ce que Whewell avait appelé
la présomption uniformité savoir que les lois de la nature auraient pas changé
qualitativement depuis époque préhistorique
Soit mais ce qui était acceptable au xixe siècle peut ne plus être Le progrès de
la connaissance biologique nous a-t-il libérés des limitations de la méthode a-t-il
lieu hui de stigmatiser le raisonnement hypothétique des évolutionnistes
comme superficiel et doit-on réexaminer toutes les applications que Darwin en

546
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

faites Non le raisonnement hypothétique est souvent encore tout ce dont nous
disposons et ce pour trois raisons
Premièrement le matériel génétique si incroyablement ouvert notre inspec
tion dans les organismes contemporains est pratiquement jamais disponible
quand il agit organismes du passé Dans le cas extrêmement rare où on
retrouve un animal momifié ou congelé ses restes peuvent être étudiés par la
biochimie mais autrement le paléontologiste étudie toujours que des formes72
Deuxièmement même pour les organismes vivants il reste toujours très
difficile de préciser la relation existant entre le matériel génétique et son reflet dans
la structure et le comportement de organisme Ceci est particulièrement vrai pour
les êtres humains vu leur complexité et impossibilité admettre des expériences
qui risqueraient de blesser les sujets Et ceci est encore plus vrai pour le
comportement social que pour les autres traits Comme exprime Stephen Jay
Gould

Quelle preuve directe avons-nous que le comportement social humain


spécifique est sous le contrôle des gènes Pour le moment la réponse est
aucune 73

Quand Yves Christen affirme véhémentement le contraire 74 on se demande


quels comportements il pense et de quelle preuve il parle 75 Certaines qualités
grandes et complexes intelligence le talent musical sont parfois présentées
comme héréditaires mais on ne peut sérieusement supposer elles soient
déterminées par des gènes isolés Certaines insuffisances métaboliques biochi
miques par nature sont associées tels ou tels gènes particuliers et ont
effectivement comme toute incapacité un retentissement sur le comportement
mais elles ne relèvent pas semble-t-il de la sociobiologie La schizophrénie peut si
on veut être présentée comme ayant un rapport avec la sociobiologie mais le
diagnostic de la schizophrénie et son etiologie sont si insaisissables que tout ce on
peut dire de son caractère héréditaire est imprécis et mal démontré La composante
génétique est manifeste pour une variable importante le sexe mais même en ce qui
concerne influence génétique sur les différences mâle-femelle les résultats sont
maigres et équivoques 76
Il existe que quelques cas dans toute espèce où le lien entre un gène et un trait
de comportement au sens où nous entendons peut être établi avec quelque
certitude 77 Un seul cas de ce genre été rapporté chez les mammifères il concerne
une lignée de rats de laboratoire systématiquement croisés de manière minimiser
la variation génétique 78 Line population comme celle-là ne permet guère espérer
comprendre la génétique des populations naturelles hautement variables79
Troisièmement les gènes sont extrêmement nombreux de ordre de 50 000
loci chez homme Ceci empêcherait pas de détecter influence de gènes
particuliers si la variabilité des gènes était rare autrement dit si le matériel
génétique de tous les membres une même population naturelle était presque
identique Ce tableau la théorie classique était autrefois accepte par de
nombreux évolutionnistes appuyant sur le raisonnement que lorsque deux gènes
alternatifs se trouvent dans le pool génétique pour un même locus un des deux
aura généralement une inoindre aptitude et sera donc éliminé au bout un certain
nombre de générations relativement faible par rapport au taux apparition de
nouvelles mutations La biologie moléculaire permet hui observer les

547
INTER-SCIENCES

différences structurales un même enzyme chez des individus une même espèce
ce qui offre la possibilité de tester la théorie Les résultats sont nets

Les populations naturelles aussi bien de mouches que hommes sont


immensément variables génétiquement les membres une même population et
même une seule famille diffèrent un de autre plusieurs milliers de loci80

On affirme parfois la théorie neutre que la plupart de ces variations doivent


être sans conséquences pour organisme car autrement elles auraient été éliminées
par la sélection 81 Cette thèse cependant est pas généralement acceptée car il
des mécanismes par lesquels une population peut demeurer polymorphe pour
un même locus autrement dit peut garder dans son pool génétique un nombre
appréciable de chacun des deux gènes allélomorphes même si la différence entre
les deux affecte les chances de survie Cette question entre dans notre propos et
expliquerai donc deux de ces mécanismes
Le plus direct est illustré par anémie sickiémique chez les humains Le
génotype SS donne un individu souffrant de cette maladie tandis que le génotype
AS donne un individu qui ne présente aucun symptôme de plus individu AS est
nettement plus résistant la malaria que le type AA qui est le type normal
anémie exerce une forte sélection encontre du gène sickiémique mais
immunité contre la malaria contrebalance effet de cette sélection du moins dans
les environnements où exposition la malaria est fréquente Dans ce type de
milieu une population possédant la fois le gène et le gène dans son patrimoine
génétique tendra un rapport équilibre entre les deux incidence de est autant
plus élevée que la menace de malaria est plus grande 82 Le gène sickiémique est le
seul exemple vérifié de cette sorte équilibre Est-ce donc un phénomène rare On
croit au contraire que de tels équilibres sont fréquents que le cas de la sickiémie
est singulier en ce il est exceptionnellement facile observer Il présente
une différence aptitudes particulièrement marquée Vraisemblablement il arrive
souvent dans la nature une paire allélomorphes donne une différence
aptitudes suffisante pour maintenir un équilibre par ce mécanisme mais non pas
suffisante pour on puisse la discerner Confirmer un cas comme celui-là avec
des taux aptitude se situant entre disons 095 et serait une difficulté quasi
insurmontable 83
La variation adaptative est une seconde source de polymorphisme non neutre
Si par exemple une espèce oiseaux occupe une aire comportant des terres basses
et des régions montagneuses il est pratiquement sûr il se trouvera quelque locus
où des gènes assureront une meilleure adaptation un une existence en altitude
élevée et autre une existence en basse altitude et on peut attendre constater
une extrémité autre de aire habitation une gradation de la fréquence de
allèle haute altitude en fonction de altitude Des gradients de ce genre sont très
couramment observés Il peut certes arriver que aire habitation de espèce se
partage une population qui précédemment interfécondait en vienne se
scinder en deux populations et que dans une un des deux gènes disparaisse tandis
que autre gène disparaîtra dans autre Mais ceci peut aussi ne pas se produire En
attendant le polymorphisme est maintenu par la sélection naturelle84 Ce
mécanisme fonctionne particulièrement bien dans une espèce occupant des habitats
exceptionnellement variés et partant soumise des pressions sélectives exception
nellement diverses notamment si elle une population nombreuse qui entre-

548
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

croise ce qui la protège contre extinction des gènes due la dérive génétique est
précisément le cas de notre espèce
Comment cette extrême variation du pool génétique inscrit-elle dans notre
compréhension de évolution Premièrement elle justifie notre hypothèse que les
alternatives sur lesquelles la sélection peut jouer sont souvent déjà présentes dans le
patrimoine génétique et donc il est pas toujours nécessaire pour faire face une
nouvelle exigence imposée organisme attendre une nouvelle mutation Mais
deuxièmement et là je reviens mon point de départ cela signifie aussi que les
alternatives sont bien plus nombreuses que ne peut en étudier le scientifique et
partant il est pas de bonne stratégie attendre pour reconstruire évolution
que toutes les données gène par gène soient disponibles
Supposons évolution en cours un locus donné une espèce que nous
sommes en train étudier allèle par exemple accroissant son taux de fréquence
dans une population aux dépens de allèle Ceci pourrait ne pas être dû au fait que
aa ait une plus grande valeur adaptative que AA La raison pourrait être plus
compliquée comme dans le cas où exposition la malaria favorise le gène de la
sickiémie De plus pour mesurer aptitude respective des types aa AA et Aa nous
serions handicapés par impossibilité de disposer échantillons des trois types
identiques pour tous les autres loci85 Et si la nouvelle pression sélective exer ait
sur un trait général tel que la taille de nombreuses autres paires alléliques
pourraient aussi être soumises une modification de leur taux de fréquence
simultanément il pourrait donc être impossible et peut-être même sans intérêt de
distinguer leur influence de celle des al eles A/a
En bref nous ne pouvons pas reprocher aux sociobiologistes utiliser
approche hypothétique Celle-ci est parfois source de lumière et nous pouvons
donc continuer dans cette voie car nous sommes encore loin de pouvoir espérer
voir directement influence génétique sur le comportement

Confirmation et falsification des reconstructions

Cependant évidence doit tout de même bien intervenir une quelconque


manière Certains sociobiologistes se retrouvent la tête énormes quantités
observations par exemple études pratiques sur le comportement animal86 ou
études du comportement humain dans toute une variété de sociétés 87 La
pertinence de ce matériel est pas toujours claire Certaines critiques frappantes ont
reproché aux présumées démonstrations de faire entrer leurs conclusions en
contrebande par le choix des termes employés dans les rapports relatifs au
comportement88 ou encore de avoir simplement rien voir avec la conclusion
cherchée 89 Quelles sortes de preuves pourraient confirmer ou infirmer les scenarii
hypothétiques proposés par les sociobiologistes
Premièrement quand une espèce présente un trait supposé résulter de causes
génétiques la reconstruction élaborée pour expliquer la situation pourrait être
confirmée par la comparaison de espèce en question avec une espèce similaire
laquelle manquerait une des conditions nécessaires la reconstruction et par la
constatation que le trait en question lui fait également défaut ou par la
comparaison avec une espèce laquelle la reconstruction pourrait effectivement
appliquer et par la constatation que cette espèce présente elle aussi le trait étudié 90
Il est difficile appliquer cette méthode de vérification homo sapiens car les

549
INTER-SCIENCES

espèces qui nous sont proches sont trop peu nombreuses et de plus elles diffèrent de
nous de trop nombreux égards
Deuxièmement comme pour toute autre hypothèse scientifique une recons
truction evolutionniste pourrait être justifiée par le fait de conduire autres
assertions convaincantes Les sociobiologistes revendiquent effectivement cette
sorte de confirmation Mais leurs assertions dérivées sont parfois tout aussi
hypothétiques que les thèses dont elles découlent et de ce fait la confirmation en
question est simplement que différée
Troisièmement le bien fondé une reconstruction pourrait être démontré par
la mise en évidence des stades intermédiaires impliqués par la reconstruction Bien
on ne puisse pas observer la diffusion dans le pool génétique proto-humain un
gène dont on postule existence on pourrait essayer de voir si archéologie
corrobore existence des conditions qui sont supposées avoir favorisé ce gène ou si
elle démontre le comportement qui allait avec ce gène ou les deux Comme le
font observer Washburn et McCown les sociobiologistes essaient même pas
obtenir ce genre de confirmation
Curieusement ils sont aussi peu intéressés que possible par les données
fossiles par archéologie adaptation au climat ou les preuves anatomiques du
comportement de homme dans ses formes anciennes 91
Cela dit ces trois moyens de confirmation sont peu de chose côté du puissant
répertoire du laboratoire biochimique Mais ceci est une raison de plus de les
utiliser dans toute la mesure du possible Gardant pour la Section IV nos
commentaires sur le troisième moyen nous présenterons ici des applications
illustrant les deux premiers
Supposons que nous veuillons confirmer la théorie de Barash sur le fonde
ment biologique de la double norme en matière de jalousie sexuelle Section 11.2
par la méthode comparative Pouvons-nous trouver une espèce semblable la
nôtre où les conditions nécessaires cette explication de la double norme fassent
défaut Bien sûr que non car ces conditions sont trop générales Donc cette moitié
de la méthode déjà est inapplicable explication en question Pouvons-nous
trouver une espèce où les conditions nécessaires explication existent
videmment oui pour la même raison Pour limiter les variables étrangères la
question considérons seulement les singes anthropoïdes Pour que la thèse soit
confirmée il faut que tous les singes manifestent une jalousie sexuelle plus mâle que
femelle De plus nous devons compter avec une certaine part erreur liée aux
conditions de expérience car nous sommes prévenus par Wilson lui-même que
souvent un type donné de comportement ne devient apparent au bout un
temps observation passant le cap des mille heures 92 et par Sherwood Washburn
que les différents comportements des singes ont été étudiés que récemment et
par un très petit nombre de chercheurs 93
Il se peut donc que le comportement que nous essayons de confirmer se soit
manifesté dans la nature sans avoir fait objet un rapport Les gibbons et les
orangs-outans étant pas bien étudiés dans la nature nous accorderons peut-
être pas beaucoup de signification au fait que les mâles de ces espèces ont pas la
réputation être très portés courtiser le beau-sexe ou abandonner la
vengeance sous empire de la jalousie Quant aux gorilles ils ne réagissent
pratiquement jamais par la colère nous les laisserons donc de côté considérant que
si même ils étaient jaloux ils ne sauraient peut-être pas comment exprimer Mais

550
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN DEBAT

que dire en apprenant que le comportement prédit est totalement absent chez le
chimpanzé qui est le singe qui été le mieux observé Les mâles chimpanzé
traitent leurs femelles avec une extrême violence même si on se réfère aux critères
humains et malgré cela une des situations qui ne les incite pas la violence est
justement la copulation sans discrimination une femelle conduite qui les laisse
parfaitement calmes94
Mais notre exercice pourtant pas eu raison de argument Le sociobiologiste
Barash répliquerait que les chimpanzés ont de toute manière perdu pour une raison
quelconque leur aptitude la jalousie dans un et autre sexe et que si celle-ci
devait réapparaître elle le ferait certainement avec plus intensité chez le mâle
Quoi il en soit la démonstration pas conduit la confirmation de la thèse et
me paraît au contraire avoir établi que les choses sont plus compliquées que Barash
ne le laisse entendre
Je me permettrai un commentaire Les singes et les hominiens sont plutôt
proches ils avaient encore un ancêtre commun oligocène Tout trait
commun entre eux peut expliquer non par une cause identique ayant agi de fa on
semblable dans chacune des lignées après que celles-ci aient divergé mais par une
cause unique ayant agi une fois chez ancêtre commun avant que les lignées ne
divergent Nous devrions hésiter invoquer une quelconque uniformité entre
espèces apparentées pour corroborer une thèse moins être sûrs de pouvoir les
considérer comme des cas séparés plutôt que comme un cas unique
La terminologie employée est la suivante un même trait se manifestant chez
des individus différents est dit homologue il résulte de la même cause
génétique découlant une commune descendance autrement le trait est simple
ment analogue Les membres antérieurs du phoque et du dugong sont
homologues en ce ils sont des membres antérieurs de mammifères mais
comme ancêtre commun le plus récent du phoque et du dugong était sûrement un
terrien effacement des membres antérieurs en une sorte de pagaie que nous
retrouvons dans les deux espèces est un trait analogue 95 Quand nous observons
un comportement similaire chez des espèces différentes nous devons nous
demander comme pour les structures similaires si la similarité représente une
homologie ou une analogie96 Il va sans dire il sera plus difficile dans ce cas de
répondre la question
Pour illustrer maintenant la seconde sorte de vérification reprenons le
paradigme de la jalousie mâle La thèse veut que ce phénomène soit régi par des
facteurs génétiques non encore directement observables) favorisés par la sélection
parce que les mâles qui en étaient porteurs étaient plus aptes assurer le droit
exclusif de féconder leurs femelles La vérification consiste en principe dériver
de la thèse un certain nombre de corollaires et si ceux-ci sont vérifiés par
expérience ou tout au moins ils sont acceptables on en conclut une certaine
confirmation
Là je dois dire nous obtenons quelque chose qui ressemble fort une reductio
ad absurdum La sélection qui sert de base au modèle appuie sur des taux de
reproduction différentiels entre mâles Le mâle qui emporte dans ces conditions
est celui qui sauvegarde la fidélité de sa femelle tout en sapant celle des autres Si
un trait quelconque de jalousie mâle outre son existence est prévu par ce modèle
cela ne pourra être assurément une jalousie exprimée et imposée par chaque
mâle individuellement encontre de ses concurrents Au lieu de cela ce que nous
trouvons du moins dans les sociétés humaines peut-être pas parmi les babouins

551
INTER-SCIENCES

hamadryas est une fidélité des épouses imposée collectivement en vertu un code
social auquel les hommes et parfois aussi les femmes coopèrent
Le paradigme ne résiste donc pas la vérification 97 Comme plus haut il est
pas totalement réfuté Le mécanisme postulé peut avoir agi un moment donné
chez certaines espèces peut-être même chez un ancêtre récent de homme
pour perpétuer un certain comportement décrit grosso modo comme jalousie mâle
Il est pas exclu que quelque ingrédient génétique dont action ait pu être
canalisée par les transformations de environnement social ait affecté alors la
double norme qui existe dans humanité historique Ce qui est réfuté est
impression que Barash élucidé la question par une unique et simple vision de
esprit quelque intention il ait eue de le faire croire

Parlons-nous ou non le langage des gènes


La sociobiologie est tristement vulnérable au genre de déconvenue que nous
venons de voir Constamment le sociobiologiste commence par postuler quelque
pression sélective censée en vertu un certain nombre priori devoir agir
dans une population après quoi il procède allègrement énumération des
propriétés elle doit nécessairement avoir pour constater finalement que sa
conclusion ne tient pas examen Comme le dit Wilson Le plus grand piège du
raisonnement sociobiologique est aisance avec laquelle il est conduit98
Cela dit toute théorie simple sur une question très vaste ne peut en rendre
compte incomplètement mais si cela était son unique défaut nous ne pourrions
même pas parler de défaut du tout La question qui se pose est plus profonde
Il un hyper-optimisme systématique quant la vertu de la méthode Cet
optimisme est inhérent la conviction que tout trait un animal peut être défini au
gré du chercheur il peut être détaché aux fins explication du reste de animal
ce que ai appelé plus haut atomisme des traits et il peut être incontinent
présumé soumis la sélection naturelle Cette croyance est exprimée par Wilson
dans les termes suivants Tous les traits sociaux une espèce quelconque sont
susceptibles une évolution rapide et importante commen ant importe quel
moment
expliquerai dans cette section après avoir passé en revue les conditions un
changement évolutif rapide pourquoi cette croyance est en général injustifiée
Partant de là nous verrons que même le meilleur modèle abstrait évolution
comportementale ne peut correspondre la réalité que si des conditions secondaires
sont remplies conditions qui de plus sont pour nous extrêmement difficiles
vérifier

4.1 évolution rapide Une évolution rapide est quelque chose qui peut arriver 100
Une différence même très minime de la valeur adaptative chiffrable disons par un
rapport de 09 suffit élever le taux de fréquence un gène dans une population
de 024 en dix générations seulement En sorte que le temps géologique est
amplement suffisant pour permettre aux différences aptitudes agir amplement
Ceci suppose cependant que alternative soit possible est-à-dire que le pool
génétique comporte déjà quoique peut-être un taux de fréquence assez bas le
gène favorisé par la sélection Si espèce doit attendre apparition un nouveau
gène par le biais de la mutation on ne peut dire combien de temps il lui faudra
attendre 101 Et elle devra attendre autant plus longtemps que plusieurs gènes

552
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

nouveaux différents loci seront nécessaires les mutations nouvelles étant des
événements indépendants et aléatoires leurs probabilités devront être multipliées
évolution peut être bloquée faute de composants Si les hominiens avaient eu
besoin de six membres pour développer leur aptitude fabriquer des outils nous
serions encore en train attendre 102
Mais ce est pas tout Nous limitant aux changements utilisant des gènes déjà
présents dans le pool génétique nous rencontrerons de plus des restrictions quant
aux différentes directions que peut prendre la sélection naturelle

4.2 Le problème du vocabulaire Supposons que nous ayons prouvé notre


satisfaction un organisme aura de meilleures chances de survie si sa couleur est
modifiée dans le sens une plus grande intensité sans changer la teinte ni la
luminosité utilise le système de description des couleurs proposé par Helmhoitz
et je suppose priori que cette orientation de la modification est exactement la plus
favorable organisme Devons-nous conclure comme des darwiniens croyants
que seule cette modification ensuivra brève échéance
Non parce que les déterminants génétiques de la couleur peuvent ne pas suivre
comme nous la répartition spatiale des couleurs proposée par Helmhoitz tout
comme les langues humaines diffèrent dans le vocabulaire par lequel elles décrivent
les couleurs La difficulté existe même il se trouve assez de gènes rares disponibles
pour assurer la variation dans les trois dimensions indiquées par Heimhoitz
illustrerai ceci en me servant un nombre aussi restreint que possible de loci
Disons par exemple un de ces loci le gène courant des al eles rares et
donnant des modifications opposées de la couleur-type courante de même
des al eles rares et et des al eles rares et Ne tenons pas compte pour
le moment une éventuelle non-additivité des effets régis par les différents loci en
question Cela dit il ne ensuit pas que la substitution de un des six al eles rares
son al ele courant correspondant donnera effet recherché Cela serait possible si
nous pouvions être sûrs que disons le locus la code intensité que le locus
code la teinte et que le locus /c code éclat Il se peut tout autant que
donne une couleur plus intense que ABC mais également plus claire que
Ab donne une couleur plus intense que ABC mais en même temps plus rouge
tandis que ABc donne une couleur plus intense que ABC mais en même temps
plus sombre et plus bleue Pourquoi pas Même si les gènes fournissent toutes les
possibilités de variation exigées par Helmhoitz ils ne sont pas obligés de exprimer
dans les termes de Helmhoitz On peut organiser un même espace tridimensionnel
en choisissant un système de coordonnées différent La configuration obtenue en
changeant les gènes est décidée par la biochimie et par le mode de croissance de
organisme non par la manière dont le zoologiste humain per oit les conséquences
qui en découlent pour organisme Dans le vocabulaire du zoologiste un effet qui
dans le langage des gènes est un effet simple sur organisme peut devoir être décrit
comme le changement simultané de plusieurs traits 103 est simplement que le
zoologiste ne parle pas le langage des gènes
Cet enchevêtrement des effets des différents gènes doit être très courant Un
exemple intriguant sous ce rapport est le développement du menton humain 104
Quel intérêt homo eredus pouvait-il avoir développer ce menton Ne serait-ce
pas que la rangée inférieure de dents étant resserrée plus que le maxillaire qui la
portait os en question été àtitre effet secondaire obligé de se projeter en avant
on donc avancé que ce trait que on per oit est-à-dire la présence un

553
IIMTER-SCIENCES

menton devait être considéré comme une résultante non sélectionnée de la


correspondance de taille de deux organes moins visibles pour observateur mais
soumis chacun indiscutablement la sélection naturelle. Si je renonce hypo
thèse simplificatrice que les gènes des différents loci interfèrent pas réciproque
ment dans leur action respective argument devient naturellement plus fort Il est
certain que interaction entre loci peut être un facteur majeur dans la réalité
comme dans les cas les plus nets action directe des gènes un gène peut coder
un enzyme et un gène en coder un autre et ces deux enzymes intervenir dans un
unique processus biochimique en sorte que toute modification de pourrait
affecter ou même inhiber action de
Les conséquences de action multiples loci sont appréciables pour évolution
Si le changement adaptatif ne peut pas résulter du remplacement un seul des gènes
courants ABC si disons seul le génotype bc présente un réel avantage sur
ABC en matière aptitude il va de soi que la tendance évoluer vers le type
amélioré sera beaucoup plus lente et risquera davantage être submergée par
les effets secondaires ou par les fluctuations aléatoires
Il existe un processus plus subtile mais apparemment important action de la
sélection un processus où le codage plusieurs loci peut différer significativement
du codage un seul locus La différence tient existence une hétérosis au
niveau un certain nombre de loci autrement dit aptitude supérieure du type
mixte Au par rapport aux types purs correspondants soit AA soit aa 105 Les
simulations de Monte Carlo faisant une supposition symétrique simple propos de
interaction des différents loci montrent une petite partie seulement des
génotypes théoriquement disponibles est utilisée chez la plupart des individus 106
La raison en gros en est que de cette manière la plupart des descendants auront
beaucoup plus de loci porteurs allèles différents que si tous les gènes étaient
distribués indépendamment dans la population Ainsi hétérosis au niveau un
seul locus en absence interaction dans le fonctionnement des gènes entraîne-
t-elle des corrélations arbitraires entre les gènes
En bref aussi représentable que puisse être un trait nouveau par le pool
génétique une espèce et donc accessible cette espèce par le jeu de la sélection
naturelle) il est pas nécessairement représentable efficacement car il peut exiger
de multiples substitutions Et dans ce cas nous ne pouvons pas être sûrs que la
sélection naturelle progressera vers le trait en question sans défaillance et
rapidement Pour commencer la théorie évolutive de action combinée de
plusieurs gènes est encore très peu développée Mais ce est pas uniquement la
limitation de notre entendement qui est en cause Si plusieurs gènes doivent être
modifiés le processus sera nécessairement plus lent et plus incertain et si même un
seul gène devait être modifié rien ne garantirait que effet qui en suivrait irait
nécessairement dans la direction optimale 107
La conclusion ne doit pas conduire un scepticisme généralisé Je ne doute
nullement que la substitution un seul gène puisse parfois correspondre un
changement perceptible dans le sens une meilleure adaptation Si elle avait
jamais bien correspondu nos perceptions la génétique ne se serait pas
développée et si elle avait jamais correspondu aux besoins une population la
sélection naturelle aurait pas fonctionné Le scepticisme de notre conclusion
concerne les explications évolutionnistes priori et non-empiriques

4.3 Le problème de ordre de grandeur Il existe une autre raison être prudents

554
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

une raison quantitative Dans exemple que ai donné plus haut le trait en question
présentait trois degrés de liberté et ai indiqué quelques-uns des obstacles nous
empêchant de présumer une sélection portant sur trois gènes entraînerait
nécessairement évolution dans la direction la plus favorable que nous puissions
imaginer Il pourrait sembler que rien empêche tout au moins de penser que les
organismes ont des degrés de liberté suffisamment nombreux pour évoluer
quoique peut-être très lentement dans une quelconque direction Après tout ai
insisté sur le très grand nombre de loci et nous pouvons supposer que bon nombre
entre eux agissent sur un trait donné
Eh bien non La complexité des résultats descriptibles pour organisme
excède en ordre de grandeur toute information génétique susceptible être
contenue dans le code génétique si riche il soit La raison en est très générale
indépendante des détails du mécanisme de reproduction
exposerai le problème en prenant le cas du codage du comportement puisque
nous parlons de comportement et que la disparité est particulièrement nette dans ce
domaine Le code ne dicte pas le comportement lui-même est-à-dire les actes
mais les normes de réaction est-à-dire les aptitudes de conduite oiseau le plus
complètement programmé ne re oit pas de ses gènes ordre de chanter tel
moment pré-désigné mais tout au plus de chanter dans certaines conditions
quelque prescrite que soit la conduite elle est tout de même contingente Le
programme correspond en termes de théorie des jeux non un jeu mais une
stratégie est un lieu commun de la théorie des jeux que même dans un jeu
somme nulle où le choix se limite quelques mouvements et quelques alternatives
chaque tour et même en ne tenant compte que des pures stratégies le nombre de
stratégies possibles est immense 108
Ceci complique le problème du choix des paramètres dont ai parlé plus haut
Le raisonnement sociobiologique 109 présente souvent un aspect du comportement
comme un choix de stratégie Mais si le jeu utilisé est suffisamment complexe pour
bien représenter la réalité il offre un terrain de stratégies qui vont bien au-delà du
nombre des dimensions représentables par une variation touchant plusieurs
centaines de loci génétiques Les stratégies du sociobiologiste doivent donc
entendre comme un raccourci verbal pour exprimer de larges ensembles de
stratégies mais aussi les larges ensembles de stratégies sont tout ce que les gènes
sont capables de coder Particulièrement il aucun sens traiter deux stratégies
alternatives quelle que soit leur complexité même dans un raisonnement illustratif
hypothétique comme si elles pouvaient être interverties par la substitution un
unique gène 110 Ce qui nous reste est un raisonnement hypothétique sur des
modèles de jeu trop simples pour être réalistes Car comme nous avons vu les
traits au codage complexe évoluent différemment des traits au codage simple et ce
genre de raisonnement risque de nous induire systématiquement en erreur
Je ne conseille pas pour autant abandonner la notion de stratégie Les modèles
sur-simplifiés peuvent être origine de conceptions nouvelles en ce sens étant
analysables ils peuvent nous révéler des phénomènes que on peut par la suite
rechercher dans la réalité plus complexe est un rôle analogue on envisagé
pour la théorie des jeux deux partenaires dans étude des relations sociales ln
application de ces théories semble prometteuse pourvu on reste bien
conscient du décalage fondamental entre le modèle et les cas réels

555
INTER-SCIENCES

IV Que peut offrir la sociobiologie la sociologie

Portée des explications évolutionnistes


Quand nous tenons une explication evolutionniste un trait de comportement
avons-nous en main exactement Prenez un des paradigmes exposés plus haut
celui que vous voudrez Pour plus de précision je fixerai mon choix sur la sélection
de parenté Section 11.3 Supposons que nous soyons accord avec Hamilton et
avec Wilson ce qui est le cas en ce qui me concerne quant au fait que ce mécanisme
quasi certainement joué un rôle dans évolution du comportement social et
notamment du comportement social humain Supposons en présentant les
choses sous un angle plus spécifique et donc avec moins de certitude que nous
admettions aussi que la sélection de parenté joué pour favoriser la propension des
adultes humains occuper enfants adoptifs Que ensuit-il
Premièrement il est clair que nous ne pouvons en inférer aucune similitude
entre le comportement parental adoptif des humains et le parentage adoptif
instinctif que on rencontre chez les autres espèces Il paraît évident que la
capacité de certains oiseaux élever des oisillons sortis ufs qui ont été placés
dans leur nid par expérimentateur humain est un effet secondaire de leur aptitude
normale élever leur progéniture et jamais constitué en soi un trait favorisé ou
défavorisé par la sélection car il eu aucune contrepartie de ce trait durant la
longue période évolutive des oiseaux libres alors de toute ingérence humaine
ailleurs nous devons aussi classer comme adventices certains aspects de
aptitude humaine adoption toutes les conséquences liées au fait que enfant
adopté va prendre le nom des parents adoptifs et hériter de leur patrimoine par
exemple auraient pas pu faire objet une sélection ni dans le sens positif ni
dans le sens négatif avant que les noms de famille et le droit de succession aient été
inventés Chez certaines espèces capables adopter la pratique aura été favorisée
par la sélection de parenté ce qui été le cas apparemment chez les chimpanzés et
les hominiens une époque récente autres espèces celles qui adoptent
rarement et celles comme les humains aujourdhui où enfant peu de chances
avoir un lien de parenté étroit avec les parents adoptifs ne subissent pas cette
influence Parmi les espèces dont aptitude adopter est favorisée par la sélection de
parenté le comportement ainsi développé peut différer au niveau du détail et si ce
comportement est extérieurement similaire il sera plus vraisemblablement analo
gue homologue
Deuxièmement rien ne peut être inféré quant la susceptibilité du comporte
ment observé varier quand les circonstances se modifient Le gène confère une
norme de réaction un jeu de réponses aux différents environnements Ce que
furent les réponses dans les environnements du passé déterminé le caractère
favorable du génotype mais les réponses du même génotype dans des environne
ments nouveaux ont pas pu être favorisées par la sélection et ne peuvent pas être
aisément devinées certainement pas par les chétifs modèles sociobiologiques La
conduite elle-même est pas déterminée Ceci est on ne peut plus évident dans
notre propre cas Nous avan ons dans la vie en accomplissant presque exclusive
ment des actes qui auraient été inappropriés durant les époques qui ont été témoins
une grande partie de évolution de notre génotype

556
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

Troisièmement pour la même raison rien ne peut être inféré propos du


comportement lui-même Comme exprimé Sherwood Washburn Si je veux
savoir comment marchent les êtres humains je ne perdrai pas un instant sur les
fossiles fragmentaires 112
Si nous voulons savoir comment les êtres humains se comportent socialement
mieux vaut les observer Les sociobiologistes peuvent toujours nous affirmer par
exemple que nous devons pour des raisons évolutives nous comporter de fa on
agressive contre ceux qui ne font pas partie de notre parenté est en fait quelque
chose qui demande être observé et observation montre comme nous le
rappelle ironiquement Margrit Eichler 113 que de nos jours la violence individuelle
est surtout dirigée contre les proches
En réalité nous devons rejeter complètement la plupart des idées que le public
fait découler de la sociobiologie
Dans ces conditions quoi peut servir une explication evolutionniste Elle
peut fournir le mécanisme qui régit une série de changements observés Ce faisant
elle peut permettre intégrer les changements dans un schéma plus large et nous
confirmer dans la certitude ils se sont effectivement produits Mais est tout Si
je dis que la sélection de parenté probablement favorisé le développement du
comportement adoptif je ne peux pas raisonnablement vouloir dire que aurais pu
prédire existence du comportement adoptif Ce est pas diffamer les reconstruc
tions évolutionnistes que de dire elles sont beaucoup moins concluantes que
observation directe bien des théories nous permettent de mieux comprendre un
processus sans pour autant nous permettre de faire des prédictions détaillées vu
énorme disparité entre abondance de information sur humanité contempo
raine et la rareté de information sur ses antécédents toute théorie evolutionniste
du comportement humain sera inévitablement une théorie de ce genre Elle
appliquera donc posteriori
Deux espèces confrontées une diminution des ressources en eau potable
réagiront différemment une par exemple en se mettant consommer une
nourriture riche en eau et autre peut-être en modifiant sa régulation thermique
de manière réduire la transpiration Nous pourrions être conscients du problème
sans savoir quelle est la solution la plus facile mettre en pratique dans une et
autre espèce Exceptionnellement une même espèce peut avoir deux solutions
praticables et différentes sous-populations peuvent suivre des voies différentes et
former finalement deux espèces distinctes La pression du milieu qui selon une
reconstruction proposée aurait fait sortir nos ancêtres dryopithèques de la forêt
pour aller vivre dans les espaces découverts peut avoir pas provoqué que cette
réponse autres dryopithèques soumis la même pression peuvent avoir
répondu en accrochant avec plus de persévérance la forêt et seraient en fin de
compte devenus des chimpanzés
Certaines autres branches de la science qui reposent tout autant que évolution
sur les processus aveugles du hasard permettent de faire des prédictions précises
Pour que mon argument soit plus clair je les confronterai Si une solution aqueuse
contient la fois des ions plomb et des ions sulfate il est énergétiquement parlant
intéressant pour les ions de se combiner pour former un sulfate de plomb non
soluble Bien que ceci ne puisse arriver que par rencontre fortuite entre ions plomb
et ions sulfate nous pouvons calculer avec une grande précision quelle fraction de
la quantité ions sera retirée de la solution et quelle vitesse Pourquoi nous
paraît-il plus aisé de traiter cette situation que celle où les ions sont remplacés par

557
INTER-SCIENCES

des animaux dans une population et les différences énergie par les pressions
sélectives En partie parce que la population des ions est vaste et homogène Mais
surtout parce que les ions sont très simples et uniformes et que la précipitation
effectue plus rapidement que tout autre changement qualitatif qui pourrait se
produire simultanément La sélection ne satisfait ce schéma que dans les
conditions de laboratoire simplifiées extrême
Donc honnêteté scientifique normale nous interdit de décréter même si nous
en avons envie Vous humains devez naturellement être dominance
masculine Tout ce que nous pouvons espérer pouvoir dire et encore après une
étude scrupuleuse des données expérience est de ordre Dans la mesure où il
existe une dominance masculine chez les humains elle semble être apparue comme
suit. Les scenarii du type de ceux qui sont proposés par les sociobiologistes
pourraient intégrer une reconstruction comme celle-là en indiquant les
mécanismes travers lesquels les progrès individuels ont été réalisés
Il ne agit pas de proposer un mécanisme sélectif pour chaque trait la sélection
de groupe poussant par exemple dans le sens de la coopération et la sélection
individuelle dans le sens de la férocité)114 Un même scénario pourrait expliquer le
succès de traits très différents différents endroits un mécanisme sélectif
peut exercer pour importe quel gène un même mécanisme peut éventuellement
pousser dans des directions contradictoires et même simultanément Après tout
dans le cas de la sickiémie 115 la sélection encontre de AA et la sélection
encontre de SS exerce travers le même mécanisme exactement individu
porteur de ce génotype ne survit pas longtemps Et il en irait de même pour un
mécanisme sélectif moins direct.
En bref une explication evolutionniste du comportement sur le modèle
sociobiologique peut tout au plus dire ce qui peut avoir été mais non ce qui doit
être

Vers la rédemption de notre nature bestiale

Si pour Trivers le principe directeur est inévitable implacable egoïsme de


humain mortel autres sociobiologistes écartent quelque peu de la pureté de
cette vision Dawkins part avec une idée pour le moins aussi peu altruiste de notre
essence il une morale humaine tirer est que nous devons enseigner
altruisme nos enfants car nous ne pouvons guère nous attendre ce il fasse
partie de leur nature biologique 116
Mais il accorde avec cet enseignement nous pouvons arriver au non-
égoïsme malgré notre bestialité naturelle quelque chose quoi aucune autre
espèce jamais aspiré n7
Ce dualisme extrême accompagne chez Dawkins une extrême dichotomie
des causes Dans sa version n8 toutes les influences culturelles rédemptrices qui se
sont exercées sur humanité seraient intervenues après que nous en ayons eu fini
avec les influences biologiques corruptrices ce que Clifford Geertz appelle la
théorie du point critique n9
Les évolutionnistes ont généralement donné au développement culturel un rôle
dominant dans le processus de différenciation qui nous éloignés de nos ancêtres
du paléolithique et ils ont distingué le mécanisme du développement culturel de
celui de la sélection naturelle biologique 120 Exactement cela ils sont tous les deux

558
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

importants et tout fait distincts Je efforcerai de montrer dans cette sous-section


il serait gravement erroné établir une dichotomie entre les deux
Tout abord elle se heurte des difficultés chronologiques Les processus
culturels ont dû commencer être importants de très bonne heure La transmission
culturelle des modes de comportement existe chez de nombreuses espèces non
humaines Rappelons-nous les nombreuses observations inventions techniques
en matière alimentaire chez les macaques du Japon 121 On observé par exemple
que le lavage des pommes de terre dans la mer été inventé initialement par une
jeune femelle et on pu se rendre compte que la technique été adoptée par
autres individus et autres troupes Le rôle de apprentissage est considéré
comme particulièrement important dans le comportement social Geertz cite des
récits relatant que les chimpanzés mâles doivent être initiés par autres la
copulation 122 Il sera peut-être plus convaincant de prendre un exemple dans la
nature en voici un concernant un primate encore plus inférieur Hans
Kummer découvert que la grande différence organisation des troupes qui
distingue les deux espèces de babouins apparentées que sont les anubis et les
hamadryas dépend dans une large mesure de phénomènes acculturation plutôt
que de différences génétiques
Le nouveau système le groupe comportant un seul mâle chez les babouins
hamadryas demandait aussi certaines adaptations sociales secondaires Les
femelles hamadryas doivent répondre la menace un mâle en approchant
agresseur alors que toute autre femelle primate compris anubis prend la
fuite dans une telle situation Ce renversement paradoxal de la réponse nor
male suscité une série expériences sur le terrain dans lesquelles des femelles
adultes anubis étaient transférées dans des troupes hamadryas Les résultats ont
été assez impressionnants. les femelles anubis ont appris en espace une heure
en moyenne suivre le mâle hamadryas qui les mena ait et les attaquait et
avoir de relations avec aucun autre mâle. Dans les expériences inverses des
femelles hamadryas se sont facilement adaptées la vie indépendante dans un
groupe anubis elles se sont accouplées avec plusieurs mâles successivement et ont
cessé de suivre un mâle particulier 123

Nous en concluons avec assurance que innovation et la transmission


culturelle ont dû être très importantes parmi nos ancêtres une période disons
oligocène où ils étaient encore proprement parler des singes et avaient un aspect
et un comportement très différents des nôtres Mais leur évolution génétique peut
difficilement être arrêtée aussi bonne heure
Deuxièmement évolution culturelle peut mimer la sélection de groupe
puisque comme je ai expliqué les détails génétiques sont dans tous les cas
inconnus il nous faudrait une analyse beaucoup plus fine pour distinguer les deux
types de processus Stephen Jay Gould en donne une bonne illustration on
rapporte il arrive souvent chez certaines peuplades eskimos que la pénurie de
vivres oblige une famille isolée quitter le pays et que
les grands-parents âgés restent volontairement sur place pour mourir) plutôt que
de risquer de mettre en danger la survie de toute la famille en ralentissant une
migration ardue et périlleuse. explication de cette conduite par la sélection de
parenté est plausible assurément mais guère concluante il existe aussi
une explication non-génétique et simple il pas là le moindre gène altruiste et
en fait aucune différence génétique importante entre les familles Eskimos le

559
INTER-SCIENCES

sacrifice des grands-parents est un trait culturel adaptatif non-génétique Les


familles sans tradition de sacrifice ne survivent pas durant de nombreuses
générations 124

Les premiers évolutionnistes tel Herbert Spencer ne faisaient pas toujours la


différence entre les conséquences génétiques et non-génétiques de la survie des
tribus manifestant un comportement adaptatif Ainsi quand Spencer écrit que
les expériences de utilité organisées et consolidées durant toutes les générations
successives passées de la race humaine ont donné lieu des modifications
correspondantes qui par la transmission et acculturation continues sont
devenues en nous certaines facultés intuition morale 125

parle-t-il de sélection de groupe ou de sélection culturelle comme dans exemple de


Gould ou une simple imitation sans sélection Des passages comme celui-là
ont toujours frappé par leur manque de rigueur mais admirons néanmoins la
prudence de Spencer comme il serait difficile de dire dans tel ou tel cas particulier
quelle sorte de mécanisme était oeuvre
Nous ne sommes guère armés pour faire des reconstructions hypothétiques sur
le développement culturel préhistorique ayant une notion rudimentaire des
forces qui peuvent avoir guidé Ainsi dans exemple des Eskimos outre
explication par la sélection culturelle que Gould choisit pour son parallélisme
avec explication génétique de la sélection de groupe on peut aisément inventer
diverses explications culturelles indirectes encore plus plausibles entre lesquelles
on aurait bien du mal choisir Peut-être pourrait-on créer une théorie de
évolution culturelle analogue au darwinisme ce programme souhaité par
Dawkins fait objet une étude méticuleuse et encourageante par Marion
Blute 126 Dans le contexte actuel le seul commentaire que je puisse en faire est
négatif dans la mesure où la sélection naturelle doit son emprise sur évolution
organique une relative permanence un mode uniforme de reproduction et au
caractère aléatoire des mutations du matériel génétique évolutionnisme ne me
paraît pas susceptible être transféré dans le domaine du culturel De toute
évidence la transmission culturelle quel que soit le type de transmission proposée
effectue par des vecteurs le morphème instruction adage la chanson la
structure des rapports de parenté etc. auxquelles manquent une ou plusieurs de ces
propriétés En particulier la vitesse plus grande de adaptation culturelle
justement vantée comme son grand avantage sur le changement génétique est
également sa faiblesse non seulement la tradition peut changer plus vite que le
facteur inné dans la plupart des situations mais elle ne peut pas empêcher de
changer ses unités de transmission sont incapables une duplication aussi fidèle
que celle du gène Et leurs altérations ne sont pas auto-limitées alors que la dérive
génétique et la mutation agissent sur les gènes un par un. La modification sans
finalité de modèles appris été qualifiée de dérive de la tradition par analogie
avec la dérive génétique et on voulu lui attribuer une grande importance 127
Là pourrait peut-être se réfugier le dualisme Peut-être pourrait-on soutenir
que les changements culturels du genre Homo une période relativement
récente doivent être regardés comme des fluctuations au hasard une échelle
temporelle plus petite que son évolution génétique et indépendante de celle-ci et
donc ils pourraient être ignorés La théorie du point critique pourrait être

560
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

réactualisée en définissant ce point comme étant non le moment où le développe


ment culturel est devenu important cela tombe beaucoup trop tôt) mais le moment
où son échelle temporelle devint échelle appropriée pour mesurer le progrès
disons le début de la révolution néolithique
Je efforcerai de démontrer que même cette reformulation échoue Au cours
des quelques millions années de évolution des hominiens un anthropoïde
bipède est développé économiquement pour passer de utilisation court terme
des outils et de la consommation immédiate de la nourriture la fabrication outils
ainsi au transport et au partage de la nourriture économies de chasseurs-
collecteurs il développé un langage partant un niveau inconnu mais sans
doute rudimentaire pour arriver un niveau comparable au nôtre il appris
compter il développé des structures familiales et institutionnelles qualitative
ment plus complexes et plus durables que celles qui existaient jusque-là Ces
développements culturels dépendaient de apprentissage individuel et de la
transmission Ils se seraient tous réduits néant en une seule génération si les jeunes
avaient dû grandir isolés de leurs aînés Cela dit admets que dans le détail le
langage une quelconque population hominiens devait sans doute être soumis
des changements profonds avec le temps quelques centaines années faisant
comme pour nos langues actuelles une très grosse différence et des sociétés
tahitiennes aux Eskimos il en est sans doute allé de même pour les détails des
institutions sociales et des techniques alimentation admets aussi que ces
changements trop rapides pour que la sélection naturelle puisse jouer devaient
avoir une influence beaucoup moins importante sur les gènes que sur les
phénotypes de ces populations Cependant humanisation générale est certaine
ment accompagnée une accumulation de modifications génétiques ayant avec
humanisation un rapport évident Ainsi nos organes de la parole permettent une
articulation des sons plus fine que ceux des autres espèces Nous possédons dans le
cerveau des aires spécialisées qui interviennent dans la parole aire de Broca aire de
Wernicke) dans la récognition des visages etc Et il est pas douteux outre la
liste de plus en plus longue de ces aires spécialisées il existe autres particularités
neurales facilitant les aptitudes culturelles quoique moins localisées dans le
cerveau Notre cerveau est plus volumineux que celui des autres mammifères de
notre taille et nous consacrons une part extraordinairement grande de notre
énergie métabolique 20 96 notre système nerveux central128
On ignore dans quelle mesure nos comportements linguistique et social actuels
dépendent de capacités innées spécifiques cette vieille controverse associée
hui aux thèses de Noam Chomsky est sans aucun doute loin être réglée
et je peux soutenir ici mes arguments sans entrer dans le débat On ne sait pas dans
quel ordre exactement les traits génétiques qui nous distinguent des autres
anthropoïdes ont évolué ni si cette évolution est produite graduellement ou bien
en un ou plusieurs bonds soudains 129 Mais nous devons néanmoins supposer que
quelque chose dans nos particularités biologiques est essentiel notre humanité Si
vraiment tout ce dont nous avons besoin pour être des hommes était un équipement
sensoriel et neural minimum si par exemple Skinner et ses disciples avaient
raison de prétendre comme ils le font que la capacité apprentissage du langage
chez les pigeons ressemble la nôtre) comment expliquer alors que parmi les
milliers espèces partageant le même équipement et ayant de plus des rapports
sociaux seule notre espèce ait élaboré un langage ainsi une structure sociale et
une technologie complexes En particulier la part énergie exceptionnellement

561
INTER-SCIENCES

importante que nous consacrons notre système nerveux central devrait normale
ment subir une pression sélective adverse si elle était justement nécessaire
quelque chose qui nous aide survivre Selon toute vraisemblance ce quelque
chose est précisément notre activité nerveuse la plus caractéristique notre activité
socio-linguistico- intellectuelle En bref quels que soient les détails une
conclusion impose laquelle il est pratiquement pas possible échapper
savoir que des changements génétiques qui ont été nécessaires pour que nous en
arrivions notre niveau culturel actuel ont eu lieu durant la même période de
quelques millions années au cours de laquelle les processus non génétiques
conduisaient au niveau culturel de homme de âge de la pierre
Accepter cette conclusion ne nous oblige pas accorder la victoire aux innéistes
dans la controverse déjà centenaire où sont opposées la nature et la culture Le
tableau qui émerge de tout cela diffère considérablement tant de celui de
héréditarisme extrême que de celui de environnementalisme extrême
Selon les estimations courantes du temps il fallu cette évolution si nous
sommes impressionnés par ampleur des changements génétiques intervenus nous
devons nous dire que ces changements ont dû se produire par stades partant sur
une période de temps plus longue que ne saurait durer une quelconque langue ou
une quelconque institution sociale Vu la différence échelle temporelle les
capacités développées ont pu être que des capacités très générales La faculté
apprendre une langue peut avoir été favorisée par la sélection mais non telle ou
telle grammaire et encore moins le vocabulaire de même aptitude apprendre
une culture pu être favorisée par la sélection mais certainement pas la croyance en
la métempsycose ou en la propriété privée esprit humain peut certes être une
tabula rasa avant que ne inscrive le message de la culture mais il besoin une
structure bien adaptée pour recevoir inscription
Lorsque nous nous effor ons de retracer évolution de ces capacités qui
permettent la culture nous nous doutons bien cf la discussion de la Section III
que le plus difficile sera de définir ce elles sont Mais voici une clé Il existe dans
le cerveau humain des zones intervenant spécifiquement dans le processus de la
lecture et tous les hommes quelle que soit leur culture peuvent apprendre lire
même ceux qui ont jamais eu ancêtres sachant lire or ces mécanismes
neuraux doivent bien avoir évolué une époque où il existait pas écrits Ceci
donc nolis invite chercher importants aspects de la culture pré-scripturale qui
aient pu faire appel aux mêmes mécanismes neuraux leur permettant de
développer ces capacités de portée générale
Ce que annonce ici de fa on convaincante espère est une réconciliation
complète dans la guerre de inné et de acquis une synthèse intégrale du dualisme
entre notre nature grossière et notre esprit raffiné Je récuse ils puissent être
dissociés bien il faille tenir compte des différences existant dans leurs lois
propres de développement Si les conditions génétiques nécessaires activité
culturelle humaine se sont formées en tant adaptation au cours du paléolithique
il en résulte presque par définition elles ont été tributaires du changement
culturel concomitant si la culture avait été interrompue dans une quelconque
population si par exemple les enfants de cette population avaient été élevés dans le
mutisme alors les nouvelles aptitudes seraient sorties usage et quelles aient
été les pressions sélectives qui dirigeaient leur évolution elles se seraient aussi
interrompues Donc parmi les déterminants de la valeur adaptative relative une
quelconque paire allèles nous devons tenir compte non seulement du milieu et de

562
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

la toile de fond génétique mais aussi de la culture ambiante De plus comme il


existe des tendances long terme dans la toile de fond culturelle de même que
des fluctuations rapides et que les unes et les autres dépendent de la nature des
acteurs participant au grand drame de la culture les développements non-
génétiques et les développements génétiques doivent être traités comme étant
couplés 130

De hypothétique au réel
II est permis de se demander non pas comment nous devons avoir évolué
mais comment nous avons effectivement évolué Plusieurs douzaines de cher
cheurs nullement découragés par le peu information dont nous disposons sur ce
qui est passé efforcent de appuyer sur observation des primates dans la nature
Jane van Lawick-Goodall George Schaller) sur les nouvelles découvertes de
fossiles et Leakey Don Johanson) et sur observation approfondie des
chasseurs-collecteurs actuels Richard Lee et autres) pour reconstruire notre
passé une manière un peu moins spéculative Ce travail de spécialistes tels Jane
Lancaster et Sherwood Washburn une tout autre saveur que la sociobiolo
gie est néanmoins dans la direction de ces chercheurs que entraîneront les
conclusions de mon analyse de la sociobiologie
Ceci parce examen ai acquis la conviction que les influences évolutives
qui ont agi sur notre comportement ne pouvaient être comprises que dans leur
optique synthétique empirique et que les explications sociobiologiques qui
semblent vouloir prendre un raccourci et se veulent apparemment universelles sont
spécieuses Les théories de investissement parental et de la sélection sexuelle par
exemple bien indubitablement valables en partie ne peuvent pas être acceptées
comme cela de fa on simpliste sans conduire des conclusions absurdes où
on prétend par exemple que dans toutes les espèces formant des couples les
mâles doivent rivaliser entre eux pour les femelles et celles-ci occuper des
petits ou encore que les parades nuptiales voyantes doivent toutes être
des parades de mâles etc La fa on dont Darwin présente les choses pour
impressionnante et empirique elle soit tombe elle aussi de la même manière
exactement dans certaines contradictions entre les déductions et évidence 131
Wilson dans son traitement parallèle stipule prudemment que le sexe qui
courtise est pas nécessairement le sexe mâle 132 innombrables auteurs se sont
demandé comment il se faisait que chez homme les mâles soient le sexe qui
courtise tandis que les femelles sont le sexe qui se pare il agisse là de
questions bien antérieures la mode actuelle en ce domaine exemple est pas
plus mauvais un autre pour montrer impossibilité de faire de évolution du
comportement une science deductive Toute déduction qui se voudrait de portée
universelle appliquerait un trop grand nombre espèces or on peut voir que
les espèces diffèrent entre elles considérablement est pourquoi ai soutenu que la
sorte explication evolutionniste que nous examinons ici ne peut être crédible
en appuyant plus largement sur les données empiriques
Nous demandant donc non pas comment ensemble du comportement
animal évolué mais comment le nôtre peut avoir évolué et reconnaissant le rôle
important de environnement compris de environnement social il nous paraît
que le programme simpliste des sociobiologistes présente encore un défaut Tout
gène ou toute constellation de gènes possibles pour des humains doivent avoir été

563
INTER-SCIENCES

sélectionnés positivement ou négativement durant le paléolithique où se situe


notre évolution) en fonction du comportement ils conditionnaient dans le
contexte paléolithique et non du comportement ils conditionnent dans le
contexte moderne Il pas de correspondance générale entre les deux En
supposant il ait eu des gènes conduisant hominien mâle préhistorique
venger le meurtre de son frère faut-il croire que les mêmes gènes puissent conduire
un Allemand moderne venger la mort de son frère se venger du Traité de
Versailles ou engager dans les sports de compétition Mon avis est que non
seulement nous ne pouvons pas répondre cette question mais surtout que la
question rien voir avec les gènes les forces sélectives qui ont agi sur eux
âge de la pierre ont agi sans se soucier des conséquences que pourrait avoir leur
action au xxe siècle ai choisi cette illustration cause de éthologie en vogue de
nos jours mais les mêmes considérations sont applicables tous les cas que vous
voudrez
La conclusion est que toute explication evolutionniste du comportement
humain doit passer par le comportement des hominiens
Il ensuit mon sens que les questions qui doivent être posées ne sont pas dans
ensemble celles qui fascinent les sociobiologistes et les idéologues conservateurs
La question est pas de savoir si le maternage collatéral devait étendre aux
cousins du premier ou du second degré mais comment évolué la manière elle-
même de occuper des enfants et de les éduquer ni de savoir si les commer ants
trichent vis-à-vis des étrangers mais comment le commerce atteint un degré
organisation tel on puisse même définir en quoi consiste la tricherie ni de
savoir comment Eleonore Aquitaine en est venue faire la guerre son fils lequel
avait en commun avec elle la moitié de ses gènes mais comment un grand pays pu
avoir un symbole tel une couronne pour laquelle on ait pu se battre on espère
des explications coinvaincantes même si la plupart des détails doivent rester
jamais inconnus mais on ne attend pas pour les raisons que ai exposées
Section III 4) ce une réponse puisse être aussi simple que opposer un al ele
un autre Encore moins attend-t-on pouvoir articuler grand-chose sur la
compétition entre un al ele altruiste et un al ele égoïste ou malveillant car la
sociabilité poussé ses rameaux dans de si nombreuses directions que cette
dimension particulière dont la définition reflète nos préoccupations post-chrétien
nes ne pourrait être que par une coïncidence un peu forcée celle qui est trouvée en
jeu dans la sélection un quelconque gène unique
Ceux qui efforcent présentement de découvrir le cours réellement suivi
évolution humaine sont accord pour ne rien prendre aux modèles actuellement
tripotés par les sociobiologistes Mais ils ne sont pas accord quant utilité future
de ces modèles évolutionnistes voyez le contraste par exemple entre le
scepticisme de Washburn déjà cité 133 et optimisme amical de Glynn Ll Isaac 134
Mon opinion comme je me suis efforcé de expliquer est que si la sociobiologie
entend jouer un rôle constructif et significatif en sociologie elle doit apporter
quelque chose ces utilisateurs et pour cela le premier pas il lui faut faire et
depuis longtemps est de ouvrir rapidement humilité

Chandler DAVIS
University of Toronto
Traduction de Nina Godneff

564
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

NOTES

Sociobiology the new synthesis Cambridge Mass. Harvard 19 Le mot été employé bien
avant par Stuart Altmann et autres sans il ait nécessairement connotation explication
evolutionniste Je le prends dans acception définie par ce que Wilson développe dans son livre Dans
ce sens il existe une bibliographie de la sociobiologie écrite par Alan MILLER The genetic
Imperative -fact and fantasy in sociobiology Toronto Pink Triangle 1979 Je citerai fréquemment le
recueil Arthur CAPLAN éd. The sociobiology debate New York Harper 1978
Edward WILSON Human decency is animal New York Times Magazine 12 oct 1975
pp 36-50
Why you do what you do Time 1er août 1977 pp 54-61
David BARASH Sexual selection in birdland Psychology Today 11 10) mars 1978
pp 82-86
30 juin 1979 pp 60-63
Voir Joseph ALPER Jon BECKWITH et Lawrence MILLER Sociobiology is political
issue Tlie sociobiology debate pp 476-488
Sociobiology
Why you do what you do Time 54
Sociobiology and behavior New York Eisevier 1977
10 SAHLINS The use and abuse of biology Ann Arbor University of Michigan 1976 Je cite ici
Jean-Luc CHODKIEWICZ Les anthropologues et la sociobiologie La Recherche 76 mars 1977)
pp 292-294 Il résume le commentaire de Sahlins sur Wilson Sociobiology De même voir
économiste Michael MCPHERSON Sociobiological imperialism and the sciences of man
Berkshire Review 13(2) 1978 pp 52-64
11 Le Sociobiology Study Group of Science for the People article figure pp 133-149 dans
Ann Arbor Science for the People Collective Biology as social weapon Minneapolis Burgess 1977
Il en existe une version plus succincte dans The sociobiology debate pp 280-290
12 Des comptes rendus ont été publiés dans Science for the People 10(2)mars 1978pp 38-39
Psychology Today 11 12) mai 1978 pp 23-24 Le procès-verbal de la session été récemment
publié sous la direction de George BARLOW et James SILVERBERG Sociobiology beyond naturel
nurture AAAS Selected Symposium 35 Washington American Association for the Advancement
of Science 1980
13 Yves CHRISTEN Hier Galilée hui Wilson Figaro-Magazine 17 mars 1980
pp 84-85
14 Pour la préparation du présent article ai eu recours des spécialistes de différents
domaines qui ont fourni informations et conseils Je remercie Frances Burton Mina Davis
Caulfield Bert Hansen Richard Lewontin et bien autres qui ont aidé et je leur présente
aussi mes excuses car je suis sûr que chacun eux trouvera ici quelque chose récuser
15 Le Temps juillet 1886
16 Lettre Charles Maurras Cf. MAURRAS Enquête sur la monarchie Paris Nouvelle Librairie
Nationale 1924 117
17 Loc cit
18 Le darwinisme social Paris Dervaux 1880 xiv 77 Ou cf. Jacques Novicow La
critique du darwinisme social Paris Alean 1910 387 Pour une étude de la controverse Linda
LOEB CLARK Social Darwinism and French intellectuals 1860-1915 Thèse de doctorat Université de
la Caroline du Nord Chapel Hill 1968
19 Social Darwinism in American thought ea rev) Boston Beacon 1955 203
20 Figaro-Magazine 30 juin 1979 61

565
INTER-SCIENCES

21 Innate social aptitudes of man an approach from evolutionary genetics pp 133-155


dans Robin Fox éd. Biosocial anthropology New York Halstead 1975 Voir 134 Figaro-
Magazine 30 juin 1979 61
22 The search for an evolutionary philosophy of man Proceedings of the Royal Society of
Victoria 84(1) 1971 pp 99-119 Voir 117
23 Darwin noté cet usage abusif de ses idées dans une lettre Lyell citée par HOFSTADTER
Social Darwinism in American thought 85
24 Toronto Globe and Mail nov 1979 25
25 Figaro-Magazine 30 juin 1979 61
26 New York Times nov 1975 On human nature Cambridge Mass. Harvard 1978
humaine nature Paris Stock 1979 320p
27 The selfish gene New York-Oxford Oxford Univ Press 1976 Le gène égoïste Paris
Mengès 1978.
28 Les idées endroit Paris Hallier 1979 pp 93-94
29 Sociobiology pp 99-103 et les notes de référence incluses Pour les espèces deux
alternatives Stephen JAY GOULD Ever since Darwin New York Norton 1977 Chap 10
30 Robert TRIVERS Parental investment and sexual selection pp 136-179 dans
CAMPBELL éd. Sexual selection and the descent of man 1871-1971 Chicago Aldine 1972
Sociobiology pp 324-329
31 Sociobiology 456
32 George SCHALLER cité par exemple dans Sociobiology pp 85 504 Le même comporte
ment draconien été relaté chez un primate par Kenji YOSHIBA Local and intertroop variability in
ecology and social behavior of common Indian langurs pp 217-242 dans Phyllis JAY éd.)
Primates studies in adaptation and variability New York Holt Rinehart Winston 1968 voir
pp 236-237 Christian Vogel et autres soutiennent cependant que cette sorte infanticide est pas
confirmée par les observations mais été rapportée par des observateurs disposés avance
croire Voir EiBL-EiBESFELDT Human ethology concepts and implications for thé sciences of
man Behavioral and brain sciences 1979) pp 1-57 et 1980) pp 623-636 en particulier
pp 631-632
33 TRIVERS et WILLARD cités dans Sociobiology pp 317-318
34 Sociobiology and behavior New York Eisevier 1977 293 Il résume cet aspect de son
livre dans Sexual selection in birdland Psychology Today cité plus haut
35 Par exemple Sociobiology and sex Time 1er août 1977 60 Alain DE BENOIST dans
Figaro-Magazine 30 juin 1979 61
36 Barbara CHASIN Sociobiology sexist synthesis Science for the People 3) mai-juin
1977 pp 27-31 Ruth HUBBARD Have only men evolved pp 7-35 dans Ruth HUBBARD Mary
Sue HENIFIN et Barbara FRIED éd. Women look at biology looking at women Cambridge Mass-
Schenkman 1979 Ruth HUBBARD et Marian WE éd. Genes and gender II New York Gordian
1979
37 The origin of species Chap extrait cité dans The Sociobiology debate pp 17-22
38 The genetical theory of social behavior II Journal of theoretical biology 7(1) pp 415-
418
39 Sociobiology pp 349-352 Je reviens sur cette question la section suivante
40 Noter les nombreux sujets sous la rubrique Kinship selection dans index de Sociobio
logy
41 Sociobiology 555 Dans son article du New York Times cité plus haut 48) Wilson est
avis que cette hypothèse bien que non confirmée par les faits ou par analyse critique est
suffisamment plausible pour nous amener réfléchir avant de qualifier homosexualité de maladie
Depuis cette explication été avancée plusieurs reprises et avec moins hésitation titre
argument en faveur de la normalité de homosexualité James WEINRICH Harvard Thèse de
doctorat 19 76 et ailleurs Michael RUSE Sociobiology sense or nonsense Dordrecht Reidei 1979
Section 5.4 et ailleurs
42 Sociobiology 475 Les témoignages pour cet exemple sont maigres je ai choisi
uniquement pour sa clarté

566
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN DEBAT

43 The evolution of reciprocal altruism pp 213-226 dans The sociobiology debate


44 Pour plus de détails et de références sur la sélection de groupe voir Sociobiology pp 107-
117 Maynard SMITH Group selection Quarterly Review of Biology 51 1976) pp 277-283
Jonathan ROUGHGARDEN Theory of population genetics and evolutionary ecology an introduction
New York Macmillan 1979 pp 283-292 Comme le fait observer Richard DAWKINS The selfish
gene chap 7) de fa on tout fait disproportionnée le gros de la discussion sur le pouvoir de la
sélection de groupe porté sur un seul aspect du comportement la limitation du taux de
reproduction Autre commentaire Michael Ruse dans un article paraître soutient que le
mécanisme de la sélection de groupe est défendu par Wallace et par les critiques de la
sociobiologie tandis que Darwin et les sociobiologistes le récusent Si Ruse avait raison il serait tout
fait hors de propos de ma part inclure la sélection de groupe dans un de mes paradigmes
sociobiologiques Mais il tort Darwin et certains sociobiologistes appuyent sur la sélection de
groupe comme le montrent les citations qui figurent dans le présent article cf particulièrement
Sodo biology 129
45 importance de la dérive génétique été soutenue particulièrement par Sewall Wright Cf
Albert JACQUART Structures génétiques des populations Paris Masson 1970 Section 13.1 effet
fondateur est souligné par Ernst MAYR Populations species and evolution Cambridge Mass.
Harvard 1970
46 Tel DAWKINS The selfish gene 109 La généreuse femelle ne fait rien de particulière
ment avantageux pour ses gènes en occupant de orphelin Sa vision du parentage adoptif il
présente comme une erreur contraste avec celle de WILSON Sociobiology pp 350-351 voir
aussi son article Human decency is animal cité plus haut Ceci peut avoir un rapport avec le rejet
catégorique par Dawkins de la sélection de groupe comme facteur évolution voir The selfish gene
chap
47 Sociobiology 237 pp 381-382
48 The descent of man chap
49 Sociobiology 573 Voir aussi Alexander cité la Section ci-dessus
50 ailleurs les animaux non sociaux peuvent pour autres raisons avoir intérêt préférer la
compagnie de ceux qui leur sont génétiquement semblables Voir par ex. Ernst MAYR Evolution and
the diversity of life Cambridge Mass. Harvard 1976 133
51 Sociobiology and behavior 311 Je fais assurément plus de réserves que lui
52 Sociobiology 575 moins accepter cette hypothèse dérivée on doit attendre ce que
le comportement coopératif égard des membres du groupe accompagne un comportement
coopératif égard des étrangers
53 On trouve des raisonnements semblables dans Joseph ALPER The ethical and social
implications of sociobiology un article que on peut se procurer Science for the People 897 Main
Street Cambridge Mass.) pp 13-16
54 Cité dans Garland ALLEN Genetics eugenics and class struggle Genetics 79 1975
pp 29-45
55 The passing of the great race New York 1922 193
56 Ibid. pp 87-88
57 Une excellente critique récente est celle qui est apportée par Stephen Jay GOULD Ontogeny
and phylogeny Cambridge Mass. Belknap 1977 notamment pp 126-135
58 Cité dans The sociobiology debate 298
59 Section
60 Cf Sections 11.2
61 Human decency is animal 50 Cf Sociobiology 565 où Wilson déplore la guerre
de toute évidence mais on ne sait pas trop si est parce elle est moralement répugnante ou parce
elle affaiblit aptitude adaptive Barash fait le même genre de récusations
62 Bien que Wilson présente cela comme le nouvel holisme the new holism
Sociobiology
63 Ernst MAYR Evolution and the diversity of life pp 27-28 282-283 Marion BLUTE
Sociocultural evolutionism an untried theory Behavioral Science 24 1979) pp 46-59 En ce

567
INTER-SCIENCES

sens Darwin avait tort de dire que sa théorie avait déjà été anticipée par Wells en 1813 car Wells
affirmait le mécanisme de la sélection naturelle au sein une même espèce.
64 Richard LEWONTIN The genetic basis of evolutionary change New York Columbia 1974
notamment pp 180-185 Voir aussi GOULD Ever since Darwin pp 61 231-236
65 JACQUARD Structures génétiques des populations Paris Masson 1970 54
66 Les bactéries pour illustrer les possibilités aussisimplement que possible portent souvent
des fragments ADN qui ne sont pas incorporés dans les chromosomes et ces fragments peuvent
diriger la synthèse des protéines Elles permettent de voir également un phénomène non mendélien
dans le domaine très étudié de la résistance aux antibiotiques un gène crucial au lieu être présent
quand il est un seul locus est présent un grand nombre de loci le nombre exact étant pas le
même dans chaque lignée et la quantité de protéine synthétisée variant avec le nombre
67 Lorraine CHERRY Susan CASE et Allan WILSON Frog perspective on the
morphological difference between humans and chimpanzees Science 200 1978) pp 209-211
Surprising similarity found in humans and apes New York Times juil 1980 pp Cl C5
68 Evolutionary importance of gene regulation Stadier genetics symposia 1975)
pp 117-134
69 Evolution and the diversity of life 685
70 Why you do what you do Time 1er août 1977 cf 54
71 Sociobiology pp 117-119
72 Il est vrai que dans une espèce bien étudiée les traits régis par un seul gène peuvent être
inférés de ces formes MOSELEY Radiographie studies in hématologie bone disease
implications for palaeopathology pp 121-130 dans Saul JARCHO éd. Human palaeopathology
New Haven Yale 1966 Mais ceci pas de rapport direct avec mon propos Ce queje veux dire est
que les méthodes de la biologie moléculaire moderne ne peuvent pas être appliquées aux fossiles
courants
73 Ever since Darwin 254
74 Figaro-Magazine 17 mars 1980 86 Les meilleurs généticiens actuels ont déjà recensé
plusieurs centaines de gènes correspondant des comportements
75 Lee EHRMAN et Peter PARSONS The genetics of behavior Sunderland Mass Sinauer 1976
publient une étude ce propos Tout lecteur de ce livre sera frappé par le contraste entre les cas très
sommaires et peu convaincants qui sont proposés en ce qui concerne notre espèce et les cas peu
nombreux mais relativement substantiels qui sont proposés pour autres espèces beaucoup moins
bien étudiées pour ne rien dire de la drosophile que on connaît bien
76 Voir le superbe compte rendu par Helen LAMBERT Biology and equality perspective
on sex différences Signs 1978) pp 97-117
77 EHRMAN et PARSONS op cit. 38 citant ROTHENBUHLER Certaines colonies abeilles
rejettent hygiéniquement dehors les larves qui sont mortes une certaine maladie ce comportement
comprend deux opérations distinctes chacune se trouvant sous la dépendance un gène récessif
Ibid. pp 75-78 Plusieurs chercheurs ont fait des progrès dans établissement un rapport entre la
réponse de la Drosophila melanogaster la gravité et certains chromosomes
78 David ADAMS possible single genetic locus determining differences in competitive
fighting of highly inbred rats Behavior Genetics 1978) 535
79 Richarde LEWONTIN The genetic basis of evolutionary change New York Columbia 1973
notamment pp 41-42
80 Ibid. 113
81 Le promoteur le plus eminent de cette théorie est le pénétrant généticien Moto Kimura Pour
un exposé récent voir son article Thé neutral theory of molecular evolution Scientific American
241 5) nov 1979 pp 98-126
82 JACQUARD Structures génétiques des populations pp 290 374
83 The genetic basis of evolutionary change notamment chap
84 Bryan CLARKE The causes of biological diversity Scientific American 233 août 1975
pp 50-60

568
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

85 The genetic basis of evolutionary change 42


86 Sociobiology chap 6-26
87 Donald SYMONS The evolution of human sexuality New York Oxford 1979 par ex.
chap
88 Sociobiology new biological determinism 141
89 bid. 143
90 la limite en ce qui concerne les insectes sociaux II tant espèces chaque stade
évolutif que on peut les échantillonner comme un statisticien Sociobiology 397 pour montrer
que on trouve tel ou tel trait de comportement surtout dans les espèces où le mécanisme explicatif
que on propose est le plus favorisé par les particularités du processus de reproduction TRIVERS
et RE Haplodiploidy and the evolution of social insects Science 191 1976) pp 249-263
91 WASHBURN et Elisabeth McCowN Human evolution and social science pp 285-
295 dans WASHBURN et McCowN éd.) Human evolution biosocial perspectives Menlo Park
Californie Benjamin/Cummings 1978
92 iobiology 247
93 New York Review of Books 29 mai 1980 50
94 Sociobiology 546 Voir également 539 Les femelles changent plus facilement de
troupe que les mâles Pour le niveau de violence voir Jane Van LAWICK-GOODALL preliminary
report on expressive movements and communication in thé Gömbe Stream chimpanzees pp 313-
374 dans Phyllis JAY éd. Primates studies in adaptation and behavior New York Holt
Rinehart Winston 1968 en particulier pp 332-343 Notons que Dian Fossey laquelle est
largement due la réputation paisible du gorille rapporté tout récemment beaucoup plus incidents
violents de la part de ses sujets auparavant et elle les explique selon le modèle du maître du
harem voir The imperiled mountain gorilla National Geographic 159(1981) pp 501 -522 Elle
suggère toutefois 518 que ce comportement est peut-être une réponse récente aux incursions
humaines dans habitat du gorille sauvage
95 on doit reconnaître existence de cas intermédiaires Pour retrouver origine commune
des Sud-Vietnamiens peau sombre et des Indiens peau sombre des Caraïbes il faudrait remonter
des populations ayant vécu il plusieurs milliers années beaucoup plus au Nord et qui
probablement avaient une peau beaucoup plus claire Les Vietnamiens aussi bien que les Indiens ont
vraisemblablement acquis leur teint sombre par une évolution indépendante Dans ce cas cependant
il est plausible que les moyens génétiques aient été non pas similaires mais identiques que les gènes
favorisant une forte production de mélanine aient été présents mais rares dans le pool génétique de
ancêtre commun arctique et que ces gènes soient simplement devenus plus courants dans chacune
des populations au cours des millénaires de leur migration vers le Sud
96 Ernst MAYR Evolution and the diversity of life Cambridge Mass. Harvard 1976 678
97 Le paradigme du maître du harem ne tient pas analyse comparative et autres tests Voir les
références fournies la Section 11.2
98 Sociobiology 28 Donald Symons op cit. fait amusantes mises en garde dans ce sens
Wilson pense que la vulnérabilité dans ce domaine vient de ce il appelle the advocacy method
Pense-t-il réellement il est si dommageable un auteur critique les propositions un autre
est une chose qui se fait dans des domaines beaucoup plus sûrs
99 Sociobiology 145
100 ai mentionné deux types de traits la couleur de la peau et la sicklemie qui ont répondu
rapidement la sélection dans notre propre espèce
101 Inexplicablement Wilson embrouille les choses Sociobiology 149 en déclarant que
quand il existe des différences génétiques elles indiquent une évolution généralement rapide Ce
il veut dire est de toute évidence que les traits qui interviennent dans un changement évolutif
actuel ou récent sont plus variables comme Darwin longuement exposé voir Origines des espèces
chap Mais Wilson aimerait en tirer la conclusion que le changement évolutif futur peut être
rapide non seulement pour ces traits mais pour beaucoup autres En fait on pense maintenant que
le polymorphisme peut exister de fa on stable de nombreux loci dans une population cf Section
III.2 Ces loci représentent les directions pour lesquelles la croyance de Wilson est justifiée une
espèce peut répondre une exigence nouvelle par un changement rapide dans ces directions mais
dans aucune autre

569
INTER-SCIENCES

102 Pour une discussion plus complète de ce point voir Stephen Jay GOUI.D The evolutionary
biology of constraint Daedalus printemps 1980 pp 39-52
103 Julian Huxley introduit le terme allométrie allometry pour les cas où la
modification de la taille tend accompagner une modification spécifique de la forme générale Le
sujet est traité de fa on très intéressante dans Sociobiology new biological determinism
pp 144-145 et GOUI.D The evolutionary biology of constraint Mais il une autre cause
tout fait différente qui peut conduire le zoologiste percevoir une allométrie Même si aventure
un accroissement de la taille était causé par une substitution un locus donné et une altération de la
forme par une substitution un autre locus il se peut une de ces substitutions entraîne autre en
modifiant les valeurs adaptatives la forme la plus adaptée pour un organisme de grandes dimensions
est pas la mieux adaptée pour un organisme de petites dimensions)
104 GOUI.D Ontogeny and phytogeny 381
105 hétérosis est illustrée par le gène sickiémique et par le gène hypothétique de homo
sexualité dont parle Wilson Les généticiens pensent que hétérosis un seul locus est très courante
bien que ceci ne puisse pas actuellement être prouvé
106 FRANKLIN et LEWONTIN Is the gene the unit of selection Genetics 65 4) 1970
pp 707-734
107 Curieusement Wilson admet la plupart des arguments développés dans ce paragraphe
Sociobiology 70
108 Anatol RAPOPORT Two-person game theory Ann Arbor University of Michigan 1966
43
109 Particulièrement les idées associées aux thèses de MAYNARD SMITH Cf Richard DAWKINS
Good strategy or evolutionarily stable strategy pp 331-367 Sociobiology beyond nature
nurture cité plus haut Mais la plupart des exemples étudiés dans le présent article sont de cette
nature quoique de fa on moins explicite
10 Wii.soN en est accord Sociobiology pp 150-151 Dawkins admis dans une conversa
tion
111 On ne peut imaginer une situation de la vie réelle où une décision importante doit être
prise ressemble beaucoup au jeu par trop simple du dilemme du prisonnier et donc il ne peut pas
servir directement de modèle des conflits et de leur résolution Mais on peut néanmoins espérer que
des recherches théoriques et expérimentales sur le dilemme du prisonnier puissent conduire la
formulation de concepts de portée générale Cf Anatol RAPOPORT dilemma
recollections and observations pp 17-34 dans Anatol RAPOPORT Game theory as theory of
conflict resolution Dordrecht Reidei 1974
112 New York Review of Books 29 mai 1980 49
113 Compte rendu de Barash paraître dans Canadian Journal of Anthropology
114 Que évidente générosité puisse profiter au donneur directement et non travers le
groupe est précisément ce que Trivers prend plaisir exposer Il lui faudrait apparemment admettre
que élan sincère de générosité puisse être le produit de la sélection individuelle est un exemple un
peu gros de idée générale que je développe
115 Discuté la Section III.2 ci-dessus
116 The selfish gene 150
117 Ibid.
118 Ibid. 208 Une fois que évolution génétique produit le cerveau capable de langage et
de culture sa propre sorte évolution bien plus rapide commence. Et une fois que cette nouvelle
évolution commencé il aucune raison nécessaire pour elle soit subordonnée ancienne
119 The growth of culture and the evolution of mind pp 55-83 dans son livre The
interpretation of cultures New York Basic 973 voir pp 62-63 Il identifie Kroeber comme le
protagoniste principal de cette théorie
120 HUXLEY est exprimé clairement sur ce point en 1894 cf The Sociobiology debate
30
121 John FRISCH Individual behavior and intertroop variability in Japanese macaques
pp 243-252 dans Phyllis JAY éd. Primates Studies in adaptation and variability New York
Holt Rinehart Winston 1968

570
Ch DAVIS LA SOCIOBIOLOGIE UN BAT

122 The growth of culture and the evolution of mind 76


123 Primate societies Chicago Aldine-Atherton 1971 pp 99-100
124 Ever since Darwin 256
125 Cité par DARWIN The descent of man chap
126 Sociocultural evolutionism an untried theory Behavioral Science 24 1979 pp 46-
59
127 Frances BURTON et Mario drift in time can define deme the
implications of tradition drift in primate societies for hominid evolution Journal of Human
Evolution 1972 pp 53-59 Cette théorie est présentée de fa on inadéquate dans Sociobiology
pp 13-14
128 Pour une étude de la question voir Leonard RADINSKY Primate brain evolution
American Scientist 63 1975 pp 656-663 Sur la comparaison métabolique voir David ADAMS et
Robert BLUMENSCHINE et Jonathan MINK Basal metabolism predicts size of vertebrate CNS
Society for neuroscience abstracts 1978 97
129 Ralph Holloway rapporté que la forme intérieure du crâne des premiers hominiens
permet de voir empreinte de aire de Broca Cf..son article New Australopithecine endocast SK
1585 from Swartkrans South Africa American Journal of Physical Anthropology 37 1972 173-
185 la page 177 Richard LEAKEY et Roger LEWIN Origins New York Dutton 1977 205
opinion qui prévaut parmi les paléontologistes est on dispose de trop peu de précisions sur ces
crânes pour inférer quoi que ce soit propos une structure aussi petite que aire de Broca
Radinsky op cit. et communication personnelle Les crânes fossiles sont trop peu nombreux pour
on puisse résoudre les questions ordre chronologique Comme je ai mentionné dans la
Section 11.4 certains évolutionnistes soutiennent que le changement évolutif procède ordinairement
par bonds aidé par effet fondateur cf. par ex. GOUI.D Ever since Darwin pp 61-62
130 Parce que ainsi que exprime Clifford GEERTz le cerveau humain est totalement
dépendant des ressources culturelles pour son fonctionnement et donc ces ressources ne sont pas
des adjuvants de activité mentale mais des éléments constitutifs The growth of culture and the
evolution of mind 76 Certains des arguments que ai donnés dans cette section sont poussés
plus loin encore par William DURHAM Toward coevolutionary theory of human biology and
culture pp 428-448 dans The sociobiology debate Quelques premiers pas ont été faits vers un
traitement théorique du processus avec bien sûr des gènes parfaitement hypothétiques) par
FEI.DMAN et CAVAI.I.I-SFORZA Cultural and biological evolutionary processes selection for
trait under complex transmission Theoretical Population Biology 1976 238-259
131 The descent of man particulièrement chap
32 Sociobiology pp 318-321
133 New York Review of Books 29 mai 1980 pp 49-50 Il termine sa lettre de la fa on suivante
Ces dernières années étude de évolution biologique et étude du comportement sont devenues
une et autre plus complexes et il existe aucune théorie généralement acceptée établissant des
rapports utiles entre les deux Une nouvelle théorie de synthèse est nécessaire pour remplacer celle
qui été articulée il plus de quarante ans
134 Food sharing and human evolution archaeological evidence from the Plio-Pleistocene of
East Africa Journal of Anthropological Research 34 1978 pp 31 1-325

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