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Semaine du 16 au 20 mars

Bonjour,

Voici ce que je te propose en histoire pour cette semaine :

• Lis d'abord les documents que tu as reçu en classe (La Constitution fédérale du 12
septembre 1848 / « L'alliance séparée » de 1847).
• Tu peux ensuite regarder le documentaire suivant : /Lien/
• Tu peux en fin terminer avec la lecture du document ci-dessous.

Ce sujet sera évalué lors de la reprise des cours... lorsqu'elle aura lieu.

Je suis bien sûr à ta disposition sur sauge@covu.educanet2.ch pour répondre à tes


questions ou pour te donner d'autres documents si le sujet t'intéresse.

Je te souhaite, à toi et à ta famille, la « meilleures semaine possible ».


Dossier sur le Télétext de la Télévision suisse romande (02.11.97) par Nicolas Roulin

1847: LA GUERRE DU SONDERBUND


1- 1847: LA PAROLE AUX ARMES
Il y a exactement 150 ans, la Suisse plongeait dans la guerre civile. Libéraux-radicaux
contre conservateurs, protestants contre catholiques, centralisateurs contre fédéralistes :
le con flit traduisait toutes les divisions minant le pays depuis des décennies.
Cet épisode de notre histoire reste relativement peu connu du public, sans doute parce
que le con flit ne déboucha pas sur le bain de sang redouté.
Pourtant, la guerre du Sonderbund marque l’avènement de la Suisse moderne.
Le camp conservateur réduit au silence, les forces nouvelles pourront agir à leur guise et
bâtir l'Etat que nous connaissons aujourd'hui.

2 - DEUX MONDES FACE-A-FACE


La Suisse des années 1840 est instable politiquement. Deux visions du monde s'y
affrontent sans merci.
D'un côté, il y a les conservateurs, ardents défenseurs de la souveraineté des cantons et
des prérogatives des Églises.
De l'autre, les libéraux et les radicaux, partisans d'un pouvoir central fort, d'une économie
ouverte, de l'égalité des droits, du suffrage universel (pour les radicaux surtout) et de la
liberté de la presse.
La Suisse catholique penche majoritairement vers le conservatisme, alors que la Suisse
protestante s'identi fie nettement à l'idée d'une réforme du pays.
Cet antagonisme religieux va encore exacerber [augmenter] les passions.

3 - PACTE FEDERAL DE 1815 COMME ENJEU


Très tôt, la rivalité politique entre les 2 mouvements va se cristalliser sur la révision du
Pacte fédéral de 1815 [...] adopté à la chute de Napoléon. [...]
Le Pacte représente une alliance entre États souverains [les futurs cantons]. La Diète, qui
se compose des députés des 22 cantons [le canton du Jura sera créé en 1979] de
l'époque, constitue l'autorité suprême. [...]

4 - LA MONTEE DES DANGERS


La Révolution de juillet 1830 en France va accélérer l'emprise libérale dans notre pays. En
un an, douze cantons modi fient leur constitution, entraînant la Diète sur la voie d'une
réforme du Pacte fédéral de 1815.
Mais par 2 fois (1831-1832), des projets de révision échouent. Ces blocages rendent la
situation politique dif ficile. D'autant que les libéraux sont débordés sur leur gauche par les
idées radicales, empreintes d'un anticléricalisme [contre les Eglises] marqué. La tension
devient vive en 1841 lorsque le gouvernement radical d'Argovie décide de fermer 8
couvents, les catholiques du canton s'étant révoltés contre une révision constitutionnelle
leur étant défavorable.

5 - LA CREATION DU SONDERBUND
Le gouvernement lucernois répond à la provocation argovienne en rappelant en 1844 les
Jésuites [religieux catholiques] a fin de leur con fier l'enseignement de la jeunesse. Cette
décision provoque un tollé chez les radicaux, qui n'hésitent pas à sortir leurs fusils pour
régler la question.
Par deux fois (1844 et 1845), des volontaires lancent une expédition armée destinée à
renverser le gouvernement lucernois. Ils sont repoussés, le 2e assaut se soldant par une
sanglante déroute (100 tués et 1800 prisonniers).
Les cantons catholiques décident alors de s'unir pour assurer leur défense. Le 11
décembre 1845, ils signent secrètement une alliance séparée (Sonderbund).

6 - LA CRISE DEVIENT INCONTROLABLE


Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zoug, Fribourg et le Valais se donnent des garanties
mutuelles d'assistance. Des contacts sont pris avec les puissances étrangères, dont
l'Autriche, ce qui est contraire au Pacte de 1815.
Dès 1846, l'existence du Sonderbund est connue. Aussitôt, radicaux et libéraux exigent à
la Diète sa dissolution. Mais ils restent encore minoritaires.
Il faudra les victoires radicales dans les cantons de Vaud, de Genève et de Saint-Gall pour
faire pencher la balance. Le 20 juillet 1847, la Diète déclare le Sonderbund contraire au
Pacte et en septembre, elle vote l'expulsion des Jésuites. La guerre semble inévitable.

7 - LA GUERRE EST DECLAREE


Jusqu'au bout, des émissaires cherchent une issue non violente au con flit. Mais les
cantons catholiques, qui se sont préparés à la guerre, refusent de céder. Ils auraient
pourtant pu éviter le pire en lâchant un peu de lest a fin d'exploiter les divergences entre
radicaux et libéraux. Le changement d'avis d'un seul canton aurait en effet bloqué la
majorité à la Diète.
Les députés du Sonderbund provoquent néanmoins la rupture dé finitive le 29 octobre en
se retirant de l'assemblée.
Celle-ci décide alors de dissoudre militairement l'alliance séparée. Cette délicate mission
est con fiée au général genevois Henri Dufour.

8 - UNE CAMPAGNE BREVE ET PEU MEURTRIERE


L'armée fédérale, forte de 100'000 soldats, doit faire face à 47'000 hommes. Très vite, le
général Dufour attaque séparément les forces du Sonderbund. Il s'empare de Fribourg,
après un bref combat qui fera une dizaine de morts.
Les fédéraux marchent ensuite sur Zoug, qui capitule, et sur Lucerne. Un à un, tous les
partenaires de l'alliance sont réduits au silence. La rapidité de la campagne (26 jours)
empêchent les puissances étrangères d'intervenir.
L'habilité de Dufour, soucieux d'éviter un massacre, explique en partie la défaite des
catholiques. Les combats ont fait of ficiellement 98 morts, dont 74 soldats fédéraux, et 493
blessés.

9 - NAISSANCE DE LA SUISSE MODERNE


La défaite sans appel du Sonderbund entraîne de multiples conséquences pour la Suisse.
Les cantons catholiques sont occupés par les troupes fédérales. Lucerne, Fribourg et le
Valais se voient imposer des régimes à tendance radicale.
Mais, surtout, les forces progressistes ont les coudées franches. Elles entament aussitôt la
révision du Pacte de 1815.
Ce processus aboutira à la Constitution du 12 septembre 1848, qui jette les bases de
notre Etat fédéral.
Pour la première fois (excepté la République helvétique de 1798-1803), la Suisse se dote
d'un pouvoir central fort, avec des compétences accrues en matière de diplomatie, de
défense nationale, de monnaie, de douanes, de poste...

10 - LA SUISSE A L'AVANT-GARDE DE L'EUROPE


Ces transformations font de la Suisse, bloquée dans son évolution par des structures d'un
autre âge, un Etat moderne. Mais il faudra des décennies pour que les plaies du
Sonderbund se cicatrisent. Ce n'est qu'en 1891 qu'un conservateur, le Lucernois Joseph
Zemp, accède au Conseil fédéral, jusque-là totalement en mains radicales.
La victoire des forces progressistes en Suisse aura un important retentissement en
Europe. Les tenants du libéralisme y verront le prélude à un bouleversement de l'ordre
politique. Bouleversement qui interviendra d'ailleurs quelques mois plus tard avec les
révolutions de 1848. La Suisse aura vraiment joué un rôle de précurseur en Europe.

11 - LES SOURCES
"Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses", tome 2, Editions Payot, Lausanne, 1983
"Documents d'Histoire suisse, 1798-1847", par Michel Salamin
"Documents d'Histoire suisse, 1848-1968", par Michel Salamin
"Histoire du Canton de Fribourg", Imprimerie Fragnière SA, Fribourg, 1981

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