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Modélisation des circuits électriques

E1 : Modélisation des circuits électriques


I. Description d’un circuit électrique
1. Schématisation
a. Exemple introductif

Procédons à la réalisation d’un circuit électrique


très simple, constitué d’une pile et d’une
ampoule.

L’observation de ce circuit électrique permet de


dégager quelques caractéristiques générales des
circuits électriques :

➢ Un circuit électrique est composé


d’éléments, appelés dipôles (ici une
pile et une lampe) reliés entre eux par
des fils électriques.
➢ Un circuit électrique forme une
boucle : on peut faire le tour du circuit électrique en passant par les fils électriques et les dipôles.
➢ La lampe s’allume lorsqu’elle est connectée à la pile par les fils électriques. Cela met en
évidence un transfert d’énergie. L’ampoule reçoit de l’énergie électrique de la part de la pile :
l’énergie électrique reçue est convertie par l’ampoule en énergie lumineuse. Pour qu’un circuit
électrique fonctionne, il faut toujours qu’au moins un des dipôles fournisse de l’énergie
électrique au circuit.

On appelle dipôle actif (ou dipôle générateur) un dipôle qui fournit de l’énergie électrique au circuit.
On appelle dipôle passif (ou dipôle récepteur) un dipôle qui reçoit de l’énergie électrique de la part du
circuit.

Pour schématiser un circuit électrique, on représente le symbole de chaque dipôle et leurs connexions
aux autres dipôles du circuit par des fils électriques (représentés par des segments). Ainsi, le schéma du
circuit étudié ci-dessus est le suivant :

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b. Vocabulaire des circuits électriques

Lorsque la nature d’un dipôle n’est pas connue, on représente celui-ci par un rectangle. Voici ci-dessous
un exemple de schéma de circuit électrique constitué de 4 dipôles :

➢ Un nœud est un point de connexion entre au moins 3 dipôles.

➢ Une branche est une portion de circuit comprise entre deux nœuds.

➢ Une maille est un ensemble de branches formant une boucle fermée.

➢ Deux dipôles sont en série s’ils sont situés dans la même branche

➢ Deux dipôles sont en parallèle (ou en dérivation) si leurs extrémités sont reliées deux à deux
par des fils électriques.

2. Électricité
L’étude du fonctionnement des circuits électriques est au cœur de ce chapitre. Il est toutefois utile de
proposer auparavant une définition plus générale de ce qu’on appelle l’électricité. L’électricité est la
circulation de porteurs de charge électrique dans un milieu conducteur. Cette définition appelle
quelques commentaires :

➢ La charge électrique est une grandeur scalaire, positive ou négative, intrinsèque à chaque
particule. Son unité est le Coulomb (C). Elle est conservative, c’est-à-dire que la somme des
charges électriques reste constante. La charge électrique est toujours un multiple de la charge
élémentaire 𝑒 = 1,6.10-19 C. De ce fait, on dit que la charge électrique est quantifiée.

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➢ Les porteurs de charge sont les particules qui possèdent une charge électrique non nulle. En
fonction de la nature du milieu conducteur (milieu autorisant le déplacement de ces porteurs de
charge), on rencontre des porteurs de différentes natures :
o Dans les métaux, les porteurs de charge sont les électrons (charge électrique −𝑒). En
effet, certains électrons des atomes constituant le métal sont faiblement liés à leur
noyau, si bien qu’ils peuvent se déplacer d’un atome à l’autre : on parle alors
d’électrons libres (ou d’électrons de conduction). Les circuits électriques utilisent
presque exclusivement les métaux comme milieu conducteur. Notons à ce titre que les
fils électriques sont de simples fils de cuivre recouverts d’une gaine isolante.
o Dans les semi-conducteurs (matériaux constitués d’éléments métalloïdes comme le
silicium ou le germanium), les porteurs de charge peuvent être les électrons ou les trous,
qui désignent un défaut d’électron dans le matériau. De ce fait, les trous ont une charge
positive +𝑒. Lorsqu’un électron comble un trou, il créé un trou là où il était auparavant.
De cette manière, les trous se déplacent dans le semi-conducteur.
o Dans les solutions ioniques, les porteurs de charge sont les ions. Ces derniers
parviennent à se déplacer entre les molécules du solvant1. Ce type d’électricité est
rencontré, notamment, à l’intérieur des piles.
o Les gaz sont a priori non conducteurs de l’électricité. Toutefois, sous l’effet d’une
tension élevée, ils peuvent être ionisés : des électrons sont arrachés des molécules du
gaz, donnant naissance à des cations. Les porteurs de charge sont alors à la fois les
électrons arrachés aux molécules du gaz et les cations. Un exemple de ce type
d’électricité est la foudre, on à plus petite échelle, les lampes spectrales au sodium et
les tubes fluorescents (plus couramment appelés néons).

3. Courant électrique
a. Intensité

On a indiqué précédemment que l’électricité était une circulation de porteurs de charge. Par la suite, on
s’intéressera seulement à la charge électrique transportée, indépendamment des porteurs de charge
impliqués : la circulation de la charge électrique porte le nom de courant électrique. En vue de
modéliser les phénomènes à l’œuvre dans un circuit électrique, on souhaite dans un premier temps
définir une grandeur physique qui quantifie le courant électrique. Considérons donc une section 𝑆 de fil
électrique et observons la charge électrique traversant cette section.

Pendant la durée élémentaire 𝑑𝑡, une quantité de charge élémentaire 𝛿𝑞 traverse la section 𝑆. Par
définition, l’intensité (instantanée) 𝑖 du courant électrique est telle que :

𝛿𝑞 = 𝑖 𝑑𝑡

On peut encore réécrire cette relation sous la forme :

𝛿𝑞
𝑖=
𝑑𝑡

1
On remarquera que l’affirmation « l’eau conduit l’électricité » est un abus de langage. Ce sont les ions présents
dans l’eau qui permettent cette conduction.

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Notons que cette définition n’est pas la dérivée d’une hypothétique fonction 𝑞(𝑡). La quantité
élémentaire de charge électrique 𝛿𝑞 traversant la section n’a pas lieu de s’interpréter comme la variation
de quelque chose.

La définition donnée pour l’intensité électrique s’interprète en revanche comme un débit de charge
électrique, par analogie avec l’hydraulique. Le débit volumique d’eau 𝐷𝑉 d’une rivière caractérise en
effet le volume élémentaire d’eau 𝛿𝑉 passant pendant 𝑑𝑡 à travers une section de cette rivière :

𝛿𝑉
𝐷𝑉 =
𝑑𝑡

L’intensité 𝑖 s’exprime en Ampère (A). Il s’agit d’une des unités de base du système international
d’unités. La relation de l’intensité permet de déduire la dimension de la charge électrique :

➢ Quelques ordres de grandeur d’intensités électriques (à connaître) :

L’intensité est une grandeur algébrique : elle est positive ou négative relativement à un sens arbitraire
d’orientation du courant. Ce sens d’orientation est le sens dans lequel on regarde passer la charge
électrique à travers la section 𝑆 du circuit. Sur un schéma d’un circuit électrique, on doit indiquer le sens
d’orientation du courant à l’aide d’une flèche.

Dans un circuit électrique, les porteurs de charge sont des électrons. Ainsi, lorsque les électrons circulent
dans le même sens que le sens d’orientation du courant, 𝛿𝑞 < 0 puisque les électrons portent une charge
𝛿𝑞
négative. Il en résulte que dans ce cas, l’intensité 𝑖 = 𝑑𝑡 est négative. Corrélativement, lorsque l’intensité
est positive, cela signifie que les électrons circulent dans le sens inverse du sens d’orientation choisi
pour l’intensité.

Lorsque l’intensité est positive, les électrons circulent dans le sens inverse du sens d’orientation du
courant.

Comme la charge électrique est quantifiée, la charge élémentaire 𝛿𝑞 est nécessairement un multiple
entier de la charge élémentaire 𝑒. On pourrait donc penser que l’intensité ne peut prendre que des valeurs
discrètes : chaque fois qu’une charge élémentaire supplémentaire passe à travers une section du circuit
pendant 𝑑𝑡, l’intensité augmente d’un incrément. Toutefois, avec les instruments de mesure usuels, cet
incrément reste indétectable.

À l’échelle de nos instruments de mesure, l’effet de quantification de la charge reste indétectable. Les
grandeurs électriques peuvent donc être considérées comme continues.

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b. Loi des nœuds

Considérons une branche d’un circuit électrique :

L’intensité est la même en tout point d’une branche. Il suffit donc de la définir en un unique point
de cette branche pour connaître l’intensité en tout point de la branche.

Considérons un nœud d’un circuit électrique :

Loi des nœuds : la somme des intensités arrivant sur un nœud est égale à la somme des intensités partant
de ce nœud.

4. Tension
a. Analogie hydraulique

Si l’intensité mesure le courant électrique, nous ne savons rien pour l’instant des causes du mouvement
des charges électriques. Pour appréhender cette question, on va raisonner par analogie avec
l’hydraulique.

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Pour faire fonctionner une cascade artificielle, on doit utiliser une pompe qui remonte l’eau depuis
l’altitude 𝑧𝐴 jusqu’à l’altitude 𝑧𝐵 . L’eau circule ensuite dans la cascade sous l’effet de la différence
d’altitude 𝑧𝐵 − 𝑧𝐴 .

Un circuit électrique fonctionne de manière analogue. Un générateur (ou une pile) permet de
« remonter » les charges électriques positives du potentiel électrique 𝑣𝐴 au potentiel électrique 𝑣𝐵 .
Elles circulent ensuite dans le dipôle sous l’effet de la différence de potentiel électrique 𝑣𝐵 − 𝑣𝐴 , aussi
appelée tension électrique.

On verra dans le cours de mécanique des particules chargées qu’à une charge électrique, on peut associer
une énergie potentielle, qui est proportionnelle au potentiel électrique. Cette énergie potentielle est
analogue à l’énergie potentielle de pesanteur pour la cascade : un système physique évolue
spontanément de façon à minimiser son énergie potentielle. La charge électrique positive tend donc à se
diriger vers les potentiels électriques les plus bas du circuit, de même que l’eau s’écoule spontanément
des altitudes les plus élevées vers les altitudes les plus basses2.

b. Définitions

En chaque point d’un circuit électrique, on définit le potentiel électrique 𝑣. Son unité est le Volt (V).

Le potentiel électrique est le même en tout point d’un fil de connexion. Il est en revanche a priori
différent aux deux bornes d’un dipôle.

Une tension électrique 𝑢 est une différence de potentiel électrique entre deux points d’un circuit. Par
construction, elle s’exprime en Volt. Il s’agit d’une grandeur algébrique. On symbolise une tension dans
un circuit par une flèche, permettant de savoir dans quel sens les potentiels sont soustraits. On retient la
règle que la tension est « le potentiel du bout de la flèche moins celui de l’origine de la flèche ».

➢ Quelques ordres de grandeur de tensions (à connaître) :

2
Notons cependant que puisque les porteurs de charge sont des électrons, de charge négative, ces derniers tendent
spontanément à se diriger vers les potentiels électriques les plus élevés.

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c. Référence des potentiels

De même que les altitudes sont définies par rapport à une référence arbitraire (l’altitude zéro se trouve
au niveau de la mer), les potentiels électriques doivent être définis par rapport une référence : la masse.
La masse est un point du circuit où on décide arbitrairement que le potentiel électrique est égal à 0 V.

d. Loi d’additivité des tensions

Loi d’additivité des tensions : dans une branche, la tension aux bornes de l’ensemble des dipôles est
égale à la somme algébrique des tensions aux bornes de chaque dipôle.

e. Loi des mailles

Loi des mailles : la somme algébrique des tensions dans une maille est nulle.

Lors de l’application de la loi des mailles, il faut être très attentif aux orientations des tensions. Si on
choisit un sens de parcours de la maille, les tensions orientées dans le même sens que le sens de parcours
sont comptées positivement, les autres sont comptées négativement.

La loi des nœuds et la loi des mailles sont les deux lois fondamentales de l’électrocinétique. Elles sont
souvent rassemblées sous le terme de lois de Kirchhoff.

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f. Cas particulier important

Dans un circuit électrique à une seule maille, on a en pratique un générateur qui met en mouvement les
charges électriques en imposant une tension à ses bornes. Le courant circule alors dans les dipôles
récepteurs sous l’effet de cette tension imposée. La tension se répartit sur les différents dipôles en série.

Dans un circuit à une seule maille, la tension aux bornes du générateur est égale à la somme des tensions
aux bornes des récepteurs.

5. Conventions générateur et récepteur


Un dipôle d’un circuit a une tension 𝑢 à ses bornes et est parcouru par un courant d’intensité 𝑖. La tension
et l’intensité étant orientées, il y a deux façons d’orienter ces grandeurs l’une par rapport à l’autre pour
le dipôle.

➢ Convention générateur : 𝑢 et 𝑖 sont orientés dans le même sens.

La convention générateur est adaptée pour les dipôles actifs3, c’est-à-dire ceux qui fournissent de
l’énergie au circuit (générateurs, piles…). Il n’est cependant pas interdit de l’utiliser pour les dipôles
passifs si cela se révèle nécessaire.

En convention générateur, on définit la puissance électrique fournie par le dipôle au circuit électrique :

𝒫𝑔 = 𝑢𝑖

Rappelons que la puissance est une quantité d’énergie fournie par unité de temps. Comme cette
puissance peut varier au cours du temps, la relation entre puissance et énergie doit être écrite sous forme
élémentaire. Ainsi, l’énergie électrique élémentaire 𝛿𝐸𝑔 fournie au circuit pendant la durée élémentaire
𝑑𝑡 a pour expression :

𝛿𝐸𝑔 = 𝒫𝑔 𝑑𝑡 = 𝑢𝑖 𝑑𝑡

Dans le cas particulier où la puissance électrique reste constante au cours du temps, on peut exprimer
l’énergie fournie par le dipôle 𝐸𝑔 sur la durée de fonctionnement ∆𝑡 = 𝑡2 − 𝑡1 :

3
car en général, 𝑢 et 𝑖 sont de même signe dans cette convention.

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➢ Convention récepteur : 𝑢 et 𝑖 sont orientés dans des sens opposés.

La convention récepteur est bien adaptée pour les dipôles passifs4, c’est-à-dire ceux qui reçoivent de
l’énergie de la part du circuit. Il n’est toutefois pas exclu de l’utiliser pour des dipôles actifs si cela se
révèle nécessaire.

En convention récepteur, on définit la puissance électrique reçue par le dipôle de la part du circuit
électrique :

𝒫𝑟 = 𝑢𝑖

L’énergie électrique élémentaire reçue 𝛿𝐸𝑟 pendant la durée élémentaire 𝑑𝑡 a donc pour expression :

𝛿𝐸𝑟 = 𝒫𝑟 𝑑𝑡 = 𝑢𝑖 𝑑𝑡

Remarque : les expressions de la puissance fournie et de la puissance reçue paraissent identiques.


Toutefois, elles ont été définies dans des conventions différentes. Pour passer de la convention
générateur à la convention récepteur, il faut transformer 𝑢 en −𝑢 (ou 𝑖 en −𝑖). Ainsi, la puissance fournie
en convention récepteur est 𝒫𝑔 = −𝑢𝑖, qui est bien l’opposé de la puissance reçue 𝒫𝑟 dans cette même
convention. On retiendra donc que, quelle que soit la convention :

𝒫𝑔 = −𝒫𝑟

Cela est cohérent avec le principe de conservation de l’énergie : l’énergie fournie au circuit est perdue
par le dipôle, et inversement.

6. Méthode d’orientation
Dans l’étude d’un circuit électrique, il faut orienter les tensions et intensités pour chaque dipôle, en
adoptant (autant que possible) la convention générateur pour les dipôles actifs et la convention récepteur
pour les dipôles passifs. On peut ensuite écrire les lois de nœuds et les lois des mailles dans le circuit.

➢ Exemple (les rectangles représentent des dipôles passifs) :

4
car c’est dans cette convention que 𝑢 et 𝑖 sont généralement de même signe.

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II. Approximation des régimes quasi-stationnaires (ARQS)


1. Régime continu
A priori, les potentiels électriques, tensions et intensités dans un circuit électrique dépendent du temps.
Les grandeurs dépendant du temps sont notées par des lettres minuscules : 𝑣, 𝑢 et 𝑖.

Lorsque ces grandeurs ne dépendant pas du temps, on dit qu’on est en régime continu. Les grandeurs
sont alors notées avec des lettres majuscules : 𝑉, 𝑈 et 𝐼.

2. Régime variable
Dans un circuit électrique, c’est le générateur qui suscite les variations de tension et d’intensité dans le
circuit. Ces variations ne se répercutent pas de façon instantanée dans tout le circuit : une onde électrique
part du générateur et se propage dans tout le circuit. La célérité de cette onde électrique est de l’ordre
de la vitesse de la lumière 𝑐.

L’approximation des régimes stationnaires (ARQS) consiste à négliger les temps de propagation des
ondes électriques dans un circuit. Cette hypothèse est validée si les retards à la propagation sont
négligeables devant les temps caractéristiques de variation des tensions et des intensités imposées par le
générateur. Lorsque le signal imposé par le générateur est périodique, le temps caractéristique est la
période 𝑇. On peut donc établir un critère de validité de l’ARQS :

En travaux pratiques, pour des signaux de fréquences allant jusqu’à 1 MHz, on considère que l’ARQS
est vérifiée. Les tensions et intensités se répercutent instantanément dans tout le circuit.

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III. Dipôles
1. Généralités
a. Caractéristique statique

Pour modéliser un dipôle, il faut connaître la relation entre la tension 𝑢 à ses bornes et l’intensité 𝑖 qui
le traverse. C’est ce qu’on appelle la loi de fonctionnement du dipôle (ou relation intensité-tension).

En régime continu, la loi de fonctionnement s’écrit simplement sous la forme 𝐼 = 𝑓(𝑈). La


représentation graphique de cette relation s’appelle la caractéristique statique du dipôle.
Naturellement, celle-ci dépend de la convention choisie (générateur ou récepteur) pour le dipôle.

Pour un circuit très simple ne contenant qu’un dipôle actif et un dipôle passif, il est possible de
déterminer graphiquement la tension et l’intensité dans le circuit en confrontant les caractéristiques
statiques des deux dipôles : on obtient le point de fonctionnement du circuit.

b. Propriétés des caractéristiques statiques

Lorsque la caractéristique statique d’un dipôle passe par l’origine, le dipôle est passif.
Lorsque la caractéristique statique d’un dipôle ne passe pas par l’origine, le dipôle est actif.
Lorsque la caractéristique statique d’un dipôle est une droite, le dipôle est linéaire. Un circuit ne
contenant que des dipôles linéaires est un circuit linéaire : les équations différentielles décrivant ce
circuit seront alors linéaires.
Lorsque la caractéristique statique d’un dipôle est symétrique par rapport à l’origine (fonction
impaire), le dipôle est symétrique. Cela signifie qu’on peut inverser son sens dans le circuit sans
modifier son comportement.

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2. Résistances
Un résistor (appelé résistance par métonymie) est un dipôle
passif qui s’oppose au passage du courant. En convention
récepteur, sa loi de fonctionnement est la loi d’Ohm :

𝑢 = 𝑅𝑖

𝑅 est la résistance. Elle s’exprime en Ohm (Ω).


𝑢
Qualitativement, puisque 𝑖 = 𝑅, plus 𝑅 est élevé, moins le
courant parvient à passer dans la résistance.

On définit également la conductance 𝐺, qui est l’inverse de la


1
résistance : 𝐺 = . Son unité est le Siemens (S). La loi d’Ohm
𝑅
se réécrit alors 𝑖 = 𝐺𝑢.

Au laboratoire, les résistances sont typiquement comprises entre 1 Ω et 10 MΩ (soit 107 Ω). Une
résistance de 1 kΩ est une valeur usuelle pour la plupart des montages. Notons au passage que les fils
électriques utilisés dans les circuits ont une très faible résistance (de l’ordre de 1 Ω). Elle est négligée la
plupart du temps, sauf lorsque les résistances du circuit sont du même ordre de grandeur.

➢ Caractéristique statique

➢ Puissance reçue

𝑢2
𝒫𝑟 = 𝑢𝑖 = 𝑅𝑖 2 =
𝑅

On remarque que la puissance reçue par une résistance est toujours positive. Elle ne peut jamais fournir
d’énergie électrique au circuit. L’énergie reçue par la résistance est dissipée par effet Joule : elle est
convertie en énergie d’agitation thermique (chaleur) et échauffe son environnement. Cet effet est mis à
profit dans un radiateur électrique ou une bouilloire électrique.

3. Générateurs
a. Générateur de tension idéal

Le générateur de tension idéal est un générateur qui fixe la valeur


de la tension à ses bornes, quel que soit le circuit dans lequel il est
inséré. En convention générateur, sa loi de fonctionnement est
donc :
𝑢 = 𝑒(𝑡)

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Modélisation des circuits électriques

𝑒(𝑡) est appelée la force électromotrice. Elle peut a priori dépendre du temps. Lorsqu’on est en régime
continu, on parle de générateur idéal de tension continue, et la force électromotrice est notée 𝐸.

➢ Caractéristique statique

➢ Puissance fournie au circuit

𝒫𝑔 = 𝑢𝑖 = 𝑒𝑖

b. Générateur de courant idéal

Le générateur de courant idéal est un générateur qui fixe


l’intensité qui le traverse, quel que soit le circuit dans lequel
il est inséré. En convention générateur, sa loi de
fonctionnement est donc :

𝑖 = 𝜂(𝑡)

𝜂(𝑡) est appelé le courant électromoteur.

Attention ! Lorsqu’on représente un générateur de courant idéal,


on indique par une flèche aux bornes du dipôle, non pas la
tension, mais l’intensité imposée par le générateur.

Sur le schéma ci-contre, 𝜂 désigne le courant électromoteur, pas


la tension aux bornes du générateur.

➢ Caractéristique statique

➢ Puissance fournie

𝒫𝑔 = 𝑢𝑖 = 𝑢𝜂

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c. Générateur réel

Les générateurs idéaux sont des modèles de générateurs, utiles dans certaines situations, mais qui ne
peuvent exister en pratique. Il est impossible de fixer une tension ou une intensité indépendamment du
fonctionnement du reste du circuit. Pour tenir compte des possibilités de variations de tension et
d’intensité fournies par les générateurs, on adopte des modèles de générateurs réels. Le modèle le plus
courant est le modèle de Thévenin : le générateur réel est représenté par l’association en série d’un
générateur idéal (de force électromotrice 𝑒) et d’une résistance interne 𝑟.

Par la loi d’additivité des tensions :

𝑢 = 𝑒 − 𝑢𝑟

Par la loi d’Ohm (convention récepteur) :

𝑢𝑟 = 𝑟𝑖

La loi de fonctionnement d’un générateur de Thévenin est donc, en convention générateur :

𝑢 = 𝑒 − 𝑟𝑖

Un générateur basses fréquences (GBF) peut être correctement modélisé par un générateur de Thévenin.
Sa résistance interne est de l’ordre de 50 Ω.

➢ Caractéristique statique

➢ Puissance fournie

𝒫𝑔 = 𝑢𝑖 = 𝑒𝑖 − 𝑟𝑖 2

On remarque que dans un générateur réel, la puissance générée 𝑒𝑖 est en partie dissipée par effet Joule
au sein même du générateur, dans la résistance interne (terme 𝑟𝑖 2 ). Cela signifie qu’une partie seulement
de la puissance électrique produite par le générateur est utilisable par le reste du circuit.

Remarque : il existe un autre modèle de générateur réel,


appelé modèle de Norton, composé d’un générateur idéal de
courant (courant électromoteur 𝜂) en parallèle d’une
résistance interne 𝑟. Sa loi de fonctionnement est, en
convention générateur :
𝑢
𝑖=𝜂−
𝑟

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Modélisation des circuits électriques

4. Interrupteur
Un interrupteur est un dispositif permettant d’empêcher le passage
du courant dans une branche du circuit. Il est constitué d’une
lamelle métallique mobile qui peut être mise ou non en contact
avec les bornes de l’interrupteur. Si la lamelle est en contact avec
les bornes, le courant passe à travers l’interrupteur et on dit que
l’interrupteur est fermé. Si la lamelle est soulevée, le courant ne
passe pas et l’interrupteur est ouvert.

a. Interrupteur ouvert (ou coupe-circuit)

L’interrupteur ouvert empêche le passage du courant. Sa loi de


fonctionnement est donc, en convention récepteur :

𝑖=0
𝑢
Une résistance de valeur très élevée peut être assimilée à un interrupteur ouvert. En effet, 𝑖 = tend
𝑅
vers 0 lorsque 𝑅 tend vers l’infini.

b. Interrupteur fermé (ou fil)

L’interrupteur fermé n’oppose aucune résistance au passage du


courant. Sa loi de fonctionnement est donc, en convention
récepteur :

𝑢=0

Une résistance très faible peut être assimilée à un interrupteur fermé. En effet, 𝑢 = 𝑅𝑖 tend vers 0 lorsque
𝑅 tend vers zéro. C’est la raison pour laquelle la tension aux bornes d’un fil est considérée comme nulle
et que le potentiel électrique y est en tout point constant.

➢ Caractéristiques statiques

➢ Puissance reçue

Puisque, dans un interrupteur, soit la tension, soit l’intensité est nulle :

𝒫𝑟 = 𝑢𝑖 = 0

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5. Condensateur
Un condensateur est un dipôle constitué de deux armatures séparées par un isolant. Lorsqu’un courant
arrive sur un condensateur, les charges électriques s’accumulent sur ces armatures, mais ne peuvent
traverser le condensateur.

L’accumulation de charges électriques sur les armatures s’accompagne de l’apparition d’une tension
aux bornes du condensateur. La charge 𝑞 sur l’armature positive est liée à la tension 𝑢 par la relation :

𝑞 = 𝐶𝑢

𝐶 est la capacité du condensateur. Elle s’exprime en Farad (F). Une grande capacité traduit la possibilité
d’accumuler beaucoup de charges sur les armatures. On peut montrer que la capacité est proportionnelle
à la surface des armatures.

Sur chaque armature, les charges sont de même signe et tendent à se repousser. La tension du
condensateur traduit cette tendance à vouloir repousser les charges à l’extérieur du condensateur.

Les capacités typiques des condensateurs sont très inférieures au Farad. La plupart sont comprises entre
le nF (10-9 F) et le F (10-6 F). Une capacité de 1 F est considérable !

➢ Loi de fonctionnement

Pendant la durée élémentaire 𝑑𝑡, la variation élémentaire


𝑑𝑞 de charge accumulée sur l’armature positive dépend de
la quantité de charge 𝛿𝑞 = 𝑖 𝑑𝑡 qui arrive sur l’armature :

𝑑𝑞 = 𝛿𝑞 = 𝑖 𝑑𝑡

En outre, en différentiant la relation entre 𝑞 et 𝑢 :

𝑑𝑞 = 𝐶 𝑑𝑢

Par conséquent, 𝐶 𝑑𝑢 = 𝑖 𝑑𝑡, ce qui permet d’obtenir la loi de fonctionnement du condensateur en


convention récepteur :

𝑑𝑢
𝑖=𝐶
𝑑𝑡
𝑑𝑢
En régime continu, la tension est constante donc = 0 et 𝑖 = 0. On retrouve la loi de fonctionnement
𝑑𝑡
d’un interrupteur ouvert. Ce résultat est intuitivement cohérent : un condensateur ne se laisse pas
traverser par le courant, puisqu’un isolant sépare les deux armatures.

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Modélisation des circuits électriques

➢ Puissance reçue et énergie stockée

La puissance reçue par le condensateur s’écrit comme la dérivée d’un terme homogène à une énergie.
Cette énergie croît lorsque la puissance reçue est positive, elle décroît lorsque la puissance reçue est
négative (ce qui revient à dire que le condensateur fournit de la puissance électrique au circuit). Ce
résultat s’interprète en considérant que le condensateur est un réservoir d’énergie électrique.
Contrairement à une résistance qui reçoit de l’énergie électrique et la convertit en chaleur, un
condensateur stocke l’énergie reçue. On appelle énergie électrostatique stockée dans le
condensateur le terme :

1
𝐸𝑒 = 𝐶𝑢2
2

Ainsi, lorsque le condensateur accumule des charges électriques sur ses armatures, sa tension augmente
et il stocke l’énergie électrique reçue de la part du circuit sous forme d’énergie électrostatique : on dit
que le condensateur se charge. À l’inverse, lorsque les charges quittent les armatures, la tension diminue
et le condensateur perd de l’énergie électrostatique, en restituant de l’énergie électrique au circuit : on
dit qu’il se décharge.

6. Bobine
Une bobine est un long enroulement de fil. Son comportement
est décrit par les lois de l’induction. Dans l’hypothèse d’une
bobine idéale, la loi de fonctionnement s’écrit, en convention
récepteur :

𝑑𝑖
𝑢=𝐿
𝑑𝑡

𝐿 est l’inductance propre de la bobine. Elle s’exprime en


Henry (H). Les bobines utilisées en TP ont des inductances
typiquement comprises entre 10-4 H et 1 H.

Qualitativement, une bobine tend à s’opposer aux variations de


l’intensité qui la traverse. Une inductance propre très élevée
signifie qu’il est très difficile de faire varier l’intensité à
l’intérieur de la bobine.

En régime continu, l’intensité est constante et la loi de fonctionnement se simplifie en 𝑢 = 0. La bobine


se comporte comme un fil. Cela est cohérent avec le fait qu’une bobine est au départ un fil. Seul le fait
d’avoir enroulé ce fil conduit à des comportements différents d’un simple fil, mais ces comportements
apparaissent uniquement en régime variable.

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Modélisation des circuits électriques

➢ Puissance reçue et énergie stockée

Comme le condensateur, la bobine se comporte comme un réservoir d’énergie. On appelle énergie


magnétique stockée dans la bobine le terme :

1
𝐸𝑚 = 𝐿𝑖 2
2

Lorsque le courant augmente dans la bobine, de l’énergie électrique est reçue de la part du circuit, et est
stockée sous forme d’énergie magnétique. Lorsque le courant diminue, cette énergie magnétique
diminue et la bobine restitue de l’énergie électrique au circuit.

Notons que l’enroulement de fil d’une bobine est suffisamment long pour qu’il présente une petite
résistance (de l’ordre de 10 ). Le modèle de la bobine réelle tient compte de cet effet en associant à la
bobine idéale une résistance interne 𝑟.

7. Diode
La diode est un exemple de dipôle passif non linéaire et non
symétrique. En première approximation, elle laisse passer le
courant dans un sens et empêche sa circulation dans l’autre. La
façon la plus simple de la décrire est donc de l’assimiler à un
interrupteur fermé dans un sens, appelé sens passant, et à un
interrupteur ouvert dans l’autre sens, appelé sens bloqué. La loi de
fonctionnement d’une diode idéale sans seuil, en convention récepteur, est donc dans ce cas :

𝑢=0 𝑠𝑖 𝑖 > 0
{
𝑖=0 𝑠𝑖 𝑢 < 0

➢ Caractéristique statique d’une diode idéale sans seuil

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Modélisation des circuits électriques

Une diode a une caractéristique réelle qui s’éloigne un peu du modèle idéal. La diode ne laisse passer le
courant qu’à partir d’une tension de seuil 𝑈𝑠 . De plus, la tension augmente légèrement au fur et à mesure
que le courant qui la traverse augmente.

Les tensions de seuil sont de l’ordre de 0,6 à 0,7 V


pour des diodes au silicium (image de gauche).
Ces tensions peuvent en général être négligées et
le modèle idéal est pertinent. En revanche, pour
des diodes électroluminescentes, produisant de la
lumière (image de droite), les tensions de seuil
sont de plusieurs volts : leur comportement ne
peut être décrit par le modèle idéal.

IV. Outils de calcul


La combinaison des lois de Kirchhoff et des lois de fonctionnement des dipôles permet de déterminer
complètement les tensions et intensités d’un circuit électrique. Toutefois, il est utile de connaître
certaines conséquences de ces lois, dont l’utilisation permet d’alléger (parfois considérablement) les
calculs.

1. Association de résistances
Des résistances sont en série si elles appartiennent à la même branche. Par conséquent, l’intensité qui
traverse ces résistances est la même pour toutes les résistances.

Deux résistances en série 𝑅1 et 𝑅2 sont équivalentes à une unique résistance 𝑅𝑒𝑞 telle que :

𝑅𝑒𝑞 = 𝑅1 + 𝑅2

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Modélisation des circuits électriques

Des résistances en parallèle sont telles que leurs bornes sont reliées deux à deux par des fils. Les bornes
sont donc deux à deux aux mêmes potentiels électriques : les tensions des résistances sont identiques.

Deux résistances en parallèle 𝑅1 et 𝑅2 sont équivalentes à une unique résistance 𝑅𝑒𝑞 telle que :

1 1 1
= +
𝑅𝑒𝑞 𝑅1 𝑅2

Remarque : ces deux relations peuvent aisément se généraliser à 𝑁 résistances (somme des résistances
pour les résistances en série, somme de leurs inverses pour des résistances en parallèle).

2. Ponts diviseurs
a. Pont diviseur de tension

Lorsque deux résistances sont en série, la formule du pont diviseur de tension consiste à exprimer la
tension aux bornes d’une des deux résistances, connaissant la tension aux bornes de l’ensemble des deux
résistances.

Lorsque deux résistances 𝑅1 et 𝑅2 en série sont soumises à une tension 𝑢, la tension 𝑢1 aux bornes de
la résistance 𝑅1 est donnée par la formule du pont diviseur de tension :

𝑅1
𝑢1 = 𝑢
𝑅1 + 𝑅2

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Modélisation des circuits électriques

b. Pont diviseur de courant

Lorsque deux résistances sont en parallèle, la formule du pont diviseur de courant consiste à exprimer
l’intensité traversant l’une des deux résistances, connaissant l’intensité arrivant au niveau de l’ensemble
des deux résistances.

Lorsque deux résistances 𝑅1 et 𝑅2 en parallèle reçoivent une intensité 𝑖, l’intensité 𝑖1 traversant la


résistance 𝑅1 est donnée par la formule du pont diviseur de courant :

𝐺1
𝑖1 = 𝑖
𝐺1 + 𝐺2

3. Résistances d’entrée et de sortie


En régime continu, un circuit constitué de dipôles linéaires passifs peut être assimilé, depuis deux points
extérieurs à ce circuit, à une unique résistance, appelée résistance d’entrée 𝑅𝑒 . Cela est particulièrement
intéressant pour modéliser simplement des appareils dont on ne connaît pas le détail : voltmètres,
ampèremètres, oscilloscopes, amplificateurs linéaires intégrés…

En régime continu, un circuit constitué de dipôle linéaires actifs et passifs peut être assimilé, depuis
deux points extérieurs à ce circuit, à un générateur de Thévenin, de résistance interne appelée résistance
de sortie 𝑅𝑠 . Cela est particulièrement intéressant pour modéliser des circuits actifs dont on ne connaît
pas le détail : batterie d’ordinateur, amplificateur d’une chaîne Hi-Fi, amplificateurs linéaires intégrés…

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