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À propos des « propriétés pertinentes du point de vue esthétique »

de Bence Nanay

Bruno Trentini

PhiLiA, le 14 décembre 2022,


séance consacrée à Bence Nanay, L’Esthétique, une philosophie de la perception, J. Morizot (trad.), PUR, 2021
Introduction

Bence Nanay, L’Esthétique, une philosophie de la perception,


traduction depuis l’anglais par Jacques Morizot de
Aesthetics as Philosophy of Perception,
paru aux presses universitaires d’Oxford en 2016.
Introduction
Le choix du chapitre IV sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique.
Introduction
Le choix du chapitre IV sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Ce chapitre…

– peut être lu dans le prolongement du colloque sur les propriétés esthétiques organisé par
Claudine Tiercelin,
Introduction
Le choix du chapitre IV sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Ce chapitre…

– peut être lu dans le prolongement du colloque sur les propriétés esthétiques organisé par
Claudine Tiercelin,

– fait écho aux intérêts métaphysiques de Maud Pouradier, qui nous a gentiment invités,
Introduction
Le choix du chapitre IV sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Ce chapitre…

– peut être lu dans le prolongement du colloque sur les propriétés esthétiques organisé par
Claudine Tiercelin,

– fait écho aux intérêts métaphysiques de Maud Pouradier, qui nous a gentiment invités,

– peut donner envie aux personnes qui nous écoutent de réfléchir sur d’éventuelles catégories
pertinentes d’un point de vue esthétique ou de se demander si les propriétés pertinentes du
point de vue esthétique peuvent permettre de se passer de catégorie esthétique…
Introduction
Déroulé de l’intervention
Introduction
Déroulé de l’intervention

I. Présentation des principales thèses du chapitre


Introduction
Déroulé de l’intervention

I. Présentation des principales thèses du chapitre


sans approfondir celles sur les propriétés esthétiques
Introduction
Déroulé de l’intervention

I. Présentation des principales thèses du chapitre

II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue esthétique
I. Présentation des principales thèses du chapitre
I. Présentation des principales thèses du chapitre
Organisation du chapitre

Chapitre IV Les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

— Se montrer attentif ou non ?


— Les propriétés esthétiques
— Les propriétés pertinentes du point de vue esthétique
— Propriétés pertinentes du point de vue esthétique versus propriétés esthétiques
— Percevoir les propriétés pertinentes du point de vue esthétique
— L’impact perceptuel des propriétés pertinentes du point de vue esthétique
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).

Thèse méta-esthétique du chapitre : l’esthétique a tout à gagner à s’intéresser moins aux


propriétés esthétiques et davantage aux propriétés pertinentes du point de vue esthétique.
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).

Thèse méta-esthétique du chapitre : l’esthétique a tout à gagner à s’intéresser moins aux


propriétés esthétiques et davantage aux propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Argument : « le programme de recherche qui a pour base la propriété esthétique est […] en
voie de dégénérescence tandis que l’approche qui a pour base la propriété pertinente du point
de vue esthétique est un programme progressiste » (p. 89).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).

Thèse méta-esthétique du chapitre : l’esthétique a tout à gagner à s’intéresser moins aux


propriétés esthétiques et davantage aux propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Argument : « le programme de recherche qui a pour base la propriété esthétique est […] en
voie de dégénérescence tandis que l’approche qui a pour base la propriété pertinente du point
de vue esthétique est un programme progressiste » (p. 89).

→ Le second rend mieux compte que le premier de l’art conceptuel.


Robert Rauschenberg, Erased de Kooning Drawing, 1953
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).

Thèse méta-esthétique du chapitre : l’esthétique a tout à gagner à s’intéresser moins aux


propriétés esthétiques et davantage aux propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Argument : « le programme de recherche qui a pour base la propriété esthétique est […] en
voie de dégénérescence tandis que l’approche qui a pour base la propriété pertinente du point
de vue esthétique est un programme progressiste » (p. 89).

→ Le second rend mieux compte que le premier de l’art conceptuel.


(Mais ce n’est pas neutre de supposer que l’esthétique soit apte à en rendre compte.)
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).

Thèse méta-esthétique du chapitre : l’esthétique a tout à gagner à s’intéresser moins aux


propriétés esthétiques et davantage aux propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Argument : « le programme de recherche qui a pour base la propriété esthétique est […] en
voie de dégénérescence tandis que l’approche qui a pour base la propriété pertinente du point
de vue esthétique est un programme progressiste » (p. 89).

→ Le second rend mieux compte que le premier de l’art conceptuel.


(Mais ce n’est pas neutre de supposer que l’esthétique soit apte à en rendre compte.)

→ Le second repose plus que le premier sur le travail de la critique d’art, qui, pourtant, a servi
de base à Sibley pour établir la liste des propriétés esthétiques.
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Définition provisoire : « Des propriétés sont pertinentes du point de vue esthétique si le fait
de prêter attention à elles constitue une différence esthétique » (p. 81).

Thèse méta-esthétique du chapitre : l’esthétique a tout à gagner à s’intéresser moins aux


propriétés esthétiques et davantage aux propriétés pertinentes du point de vue esthétique.

Argument : « le programme de recherche qui a pour base la propriété esthétique est […] en
voie de dégénérescence tandis que l’approche qui a pour base la propriété pertinente du point
de vue esthétique est un programme progressiste » (p. 89).

→ Le second rend mieux compte que le premier de l’art conceptuel.


(Mais ce n’est pas neutre de supposer que l’esthétique soit apte à en rendre compte.)

→ Le second repose plus que le premier sur le travail de la critique d’art, qui, pourtant, a servi
de base à Sibley pour établir la liste des propriétés esthétiques.
(Mais cela attribue peut-être à la critique une fonction de médiation de l’art.)
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 1 : « ce à quoi vous prêtez attention peut influencer dans une mesure considérable la
manière dont vous voyez l’œuvre d’art » (p. 79).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 2 : « Prêter attention à une propriété non pertinente peut faire dérailler notre
expérience » (p. 80).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 2 : « Prêter attention à une propriété non pertinente peut faire dérailler notre
expérience » (p. 80).

Thèse 2’ : nous avons l’habitude de faire abstraction de certaines propriétés que nous jugeons
non-pertinentes (p. 80).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 2 : « Prêter attention à une propriété non pertinente peut faire dérailler notre
expérience » (p. 80).

Thèse 2’ : nous avons l’habitude de faire abstraction de certaines propriétés que nous jugeons
non-pertinentes (p. 80).
Le cas des craquelures.
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 2 : « Prêter attention à une propriété non pertinente peut faire dérailler notre
expérience » (p. 80).

Thèse 2’ : nous avons l’habitude de faire abstraction de certaines propriétés que nous jugeons
non-pertinentes (p. 80).
Le cas des craquelures.
(Pouvons-nous réellement « faire abstraction de »
ou n’avons-nous au mieux que la croyance de parvenir à « faire abstraction de » ?)
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 2 : « Prêter attention à une propriété non pertinente peut faire dérailler notre
expérience » (p. 80).

Thèse 2’ : nous avons l’habitude de faire abstraction de certaines propriétés que nous jugeons
non-pertinentes (p. 80).
Le cas des craquelures.
(Pouvons-nous réellement « faire abstraction de »
ou n’avons-nous au mieux que la croyance de parvenir à « faire abstraction de » ?)

Thèse 2’’ : l’expérience des œuvres est multimodale (p. 80).


I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 2 : « Prêter attention à une propriété non pertinente peut faire dérailler notre
expérience » (p. 80).

Thèse 2’ : nous avons l’habitude de faire abstraction de certaines propriétés que nous jugeons
non-pertinentes (p. 80).
Le cas des craquelures.
(Pouvons-nous réellement « faire abstraction de »
ou n’avons-nous au mieux que la croyance de parvenir à « faire abstraction de » ?)

Thèse 2’’ : l’expérience des œuvres est multimodale (p. 80).


Corollaire : on ne peut pas abstraire les sensations en provenance des modalités sensorielles
qui ne sont pas celles par laquelle s’appréhende l’œuvre (fermer les yeux lors d’un concert,
etc.).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 3 : même si les propriétés pertinentes d’un point de vue esthétique ne sont pas perçues,
« elles peuvent avoir et normalement elles ont des conséquences perceptuelles très
importantes » (p. 102).
I. Présentation des principales thèses du chapitre

Thèse 3 : même si les propriétés pertinentes d’un point de vue esthétique ne sont pas perçues,
« elles peuvent avoir et normalement elles ont des conséquences perceptuelles très
importantes » (p. 102).

Contrairement à Arthur Danto, Bence Nanay semble favorable à la thèse de la pénétration


cognitive, selon laquelle faire attention à une propriété non perceptuelle ne modifierait pas
uniquement l’interprétation de ce qui est perçu, mais bien ce qui est perçu.
I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique
I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

Définition de travail : « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence
de l’expérience qu’on fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue
esthétique ».
I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

Définition de travail : « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence
de l’expérience qu’on fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue
esthétique ».

Bence Nanay utilise le terme « expérience » et a une définition réfléchissante (ou du moins
méta-cognitive) de l’esthétique.
I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

Définition de travail : « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence
de l’expérience qu’on fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue
esthétique ».

Bence Nanay utilise le terme « expérience » et a une définition réfléchissante (ou du moins
méta-cognitive) de l’esthétique.

→ Il distingue valence et intensité.


I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

Définition de travail : « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence
de l’expérience qu’on fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue
esthétique ».

Bence Nanay utilise le terme « expérience » et a une définition réfléchissante (ou du moins
méta-cognitive) de l’esthétique.

→ Il distingue valence et intensité.

→ Il distingue « apprécier le particulier et apprécier mon expérience du particulier ».


I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

Définition de travail : « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence
de l’expérience qu’on fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue
esthétique ».

Bence Nanay utilise le terme « expérience » et a une définition réfléchissante (ou du moins
méta-cognitive) de l’esthétique.

→ Il distingue valence et intensité.

→ Il distingue « apprécier le particulier et apprécier mon expérience du particulier ».

À propos du goût de cuir et de fer du vin : ces propriétés ne sont dès lors pas pertinentes,
parce qu’elles affectent l’appréciation du vin et non l’expérience qu’on en fait.
I. Présentation des principales thèses du chapitre
Focus sur les propriétés pertinentes du point de vue esthétique

Définition de travail : « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence
de l’expérience qu’on fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue
esthétique ».

Bence Nanay utilise le terme « expérience » et a une définition réfléchissante (ou du moins
méta-cognitive) de l’esthétique.

→ Il distingue valence et intensité.

→ Il distingue « apprécier le particulier et apprécier mon expérience du particulier ».

À propos du goût de cuir et de fer du vin : ces propriétés ne sont dès lors pas pertinentes,
parce qu’elles affectent l’appréciation du vin et non l’expérience qu’on en fait.
→ Les propriétés identifiées par délicatesse ne sont pas (nécessairement) des propriétés
pertinentes du point de vue esthétique.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il se pose la question de la limite spatio-temporelle dudit particulier pour savoir de quelle


propriété on parle.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il se pose la question de la limite spatio-temporelle dudit particulier pour savoir de quelle


propriété on parle.

Ainsi, dans le cas d’une œuvre in situ, la propriété « le sol est incliné » n’est pas pertinente du
point de vue esthétique parce que le sol n’est pas une propriété de l’œuvre.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il se pose la question de la limite spatio-temporelle dudit particulier pour savoir de quelle


propriété on parle.

Ainsi, dans le cas d’une œuvre in situ, la propriété « le sol est incliné » n’est pas pertinente du
point de vue esthétique parce que le sol n’est pas une propriété de l’œuvre.
Ce serait la propriété « est situé dans un environnement dont le lieu est incliné » qui serait
pertinente du point de vue esthétique.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il se pose la question de la limite spatio-temporelle dudit particulier pour savoir de quelle


propriété on parle.

Ainsi, dans le cas d’une œuvre in situ, la propriété « le sol est incliné » n’est pas pertinente du
point de vue esthétique parce que le sol n’est pas une propriété de l’œuvre.
Ce serait la propriété « est situé dans un environnement dont le lieu est incliné » qui serait
pertinente du point de vue esthétique.

Dès lors, les propriétés qui semblent perceptuelles ne le sont pas de manière évidente.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche » ?
Paul Klee, Triangle brique en haut à gauche, 1915 - 52
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche » ?

Rien ne permet clairement d’argumenter en faveur de « 1 ».


II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche » ?

Rien ne permet clairement d’argumenter en faveur de « 1 ».


À quel point remplacer le triangle brique par un X vert modifie-t-il réellement la valence de
l’expérience qu’on fait de cette œuvre de Paul Klee une fois qu’on y prête attention ?
Paul Klee, X vert en haut à gauche, 1915 - 52
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche » ?

Rien ne permet clairement d’argumenter en faveur de « 1 ».


À quel point remplacer le triangle brique par un X vert modifie-t-il réellement la valence de
l’expérience qu’on fait de cette œuvre de Paul Klee une fois qu’on y prête attention ?
Paul Klee, X vert en haut à gauche, 1915 - 52
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ » ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ » ?

Si l’œuvre avait eu pour titre Interstices blancs ou Coulure verte en haut à droite, ces éléments
auraient probablement pu devenir un centre attentionnel modifiant la valence de l’expérience
tout autant que semble l’être le X vert.
Paul Klee, X vert en haut à gauche, 1915 - 52
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ » ?

Si l’œuvre avait eu pour titre Interstices blancs ou Coulure verte en haut à droite, ces éléments
auraient probablement pu devenir un centre attentionnel modifiant la valence de l’expérience
tout autant que semble l’être le X vert.
N.B. Cet argument n’est pas équivalent à celui d’Arthur Danto sur les monochromes rouges.
Marcel Duchamp, Le Buisson, 1910
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ » ?

À propos du Buisson :
« La présence d’un titre non descriptif apparaît ici pour la première fois. En fait, dorénavant,
j’allais toujours accorder un rôle important au titre que j’ajoutais et traitais comme une couleur
invisible »
Marcel Duchamp, Duchamp du signe, Paris, Flammarion, 1994, p. 220.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ »,
3. « a un titre qui laisse croire que prêter attention à telle propriété est important » ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ »,
3. « a un titre qui laisse croire que prêter attention à telle propriété est important » ?

« 3 » est une propriété méta-attentionnelle.


II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ »,
3. « a un titre qui laisse croire que prêter attention à telle propriété est important » ?

« 3 » est une propriété méta-attentionnelle.


J’ai tendance à croire qu’il y a toujours un fond de croyance méta-attentionnelle tapie sous une
propriété pour qu’elle puisse devenir pertinente du point de vue esthétique.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ »,
3. « a un titre qui laisse croire que prêter attention à telle propriété est important » ?

« 3 » est une propriété méta-attentionnelle.


J’ai tendance à croire qu’il y a toujours un fond de croyance méta-attentionnelle tapie sous une
propriété pour qu’elle puisse devenir pertinente du point de vue esthétique.

Y a-t-il métaphoriquement une twofoldness de la propriété pertinente du point de vue esthétique


comme il y aurait une twofoldness de l’image ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Dans le cas de l’aquarelle de Klee, de quelle propriété parle-t-on ?


Est-ce la propriété :
1. « contient un triangle brique en haut à gauche »,
1’. « contient une forme identifiable en haut à gauche »,
2. « a pour titre ‘‘X vert en haut en gauche’’ »,
3. « a un titre qui laisse croire que prêter attention à telle propriété est important » ?

« 3 » est une propriété méta-attentionnelle.


J’ai tendance à croire qu’il y a toujours un fond de croyance méta-attentionnelle tapie sous une
propriété pour qu’elle puisse devenir pertinente du point de vue esthétique.

Y a-t-il métaphoriquement une twofoldness de la propriété pertinente du point de vue esthétique


comme il y aurait une twofoldness de l’image ?

Peut-on encore dire qu’il s’agit avec « 3 » d’une propriété du particulier ?


II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Bence Nanay compare le X vert au clou représenté dans Le Violon et la Cruche de Georges
Braque (p. 80, note).
Georges Braque, Le Violon et la Cruche, 1909-1910
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Bence Nanay compare le X vert au clou représenté dans Le Violon et la Cruche de Georges
Braque (p. 80, note).
Or, Braque n’a pas intitulé sa peinture en mettant en avant ce clou, comme B. Nanay le note
c’est une analyse de Michael Baxandall qui le fait.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Bence Nanay compare le X vert au clou représenté dans Le Violon et la Cruche de Georges
Braque (p. 80, note).
Or, Braque n’a pas intitulé sa peinture en mettant en avant ce clou, comme B. Nanay le note
c’est une analyse de Michael Baxandall qui le fait.
(Voir : Michael Baxandall, « Fixation and distraction: the nail in Braque’s Violin and Pitcher
(1910) », John Onians (dir.), Sight and Insight: Essays on Art and Culture in Honour of
E. H. Gombrich at 85, London, 1994.)
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il mourut dans les circonstances suivantes : une crise d’urémie assez légère était cause qu’on lui avait prescrit le repos. Mais
un critique ayant écrit que dans la Vue de Delft de Ver Meer (prêté par le musée de La Haye pour une exposition hollandaise),
tableau qu’il adorait et croyait connaître très bien, un petit pan de mur jaune (qu’il ne se rappelait pas) était si bien peint qu’il
était, si on le regardait seul, comme une précieuse œuvre d’art chinoise, d’une beauté qui se suffirait à elle-même, Bergotte
mangea quelques pommes de terre, sortit et entra à l’exposition. Dès les premières marches qu’il eut à gravir, il fut pris
d’étourdissements. Il passa devant plusieurs tableaux et eut l’impression de la sécheresse et de l’inutilité d’un art si factice, et
qui ne valait pas les courants d’air et de soleil d’un palazzo de Venise, ou d’une simple maison au bord de la mer. Enfin il fut
devant le Ver Meer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du
critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière
du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon
jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop
secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur
jaune. » Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant
l’un des plateaux, sa propre vie, tandis que l’autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune. Il sentait qu’il avait
imprudemment donné la première pour le second. « Je ne voudrais pourtant pas, se dit-il, être pour les journaux du soir le fait
divers de cette exposition. » Il se répétait : « Petit pan de mur jaune avec un auvent, petit pan de mur jaune. » Cependant il
s’abattit sur un canapé circulaire ; aussi brusquement il cessa de penser que sa vie était en jeu et, revenant à l’optimisme, se
dit : « C’est une simple indigestion que m’ont donnée ces pommes de terre pas assez cuites, ce n’est rien. » Un nouveau coup
l’abattit, il roula du canapé par terre où accoururent tous les visiteurs et gardiens. Il était mort.
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu
Johannes Vermeer, Vue de Delft, 1660
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il semblerait bien qu’une propriété puisse devenir pertinente du point de vue esthétique par
une seule prophétie autoréalisatrice.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Il semblerait bien qu’une propriété puisse devenir pertinente du point de vue esthétique par
une seule prophétie autoréalisatrice.
La communicabilité de la propriété et un certain accord entre les personnes n’ont dès lors rien
de surprenant.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Sommes-nous vraiment infaillibles en ce qui concerne ce à quoi nous prêtons attention ?


II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Sommes-nous vraiment infaillibles en ce qui concerne ce à quoi nous prêtons attention ?


Quand je crois prêter attention au X vert ne suis-je pas en fait attentif à d’autres zones vertes
de la peinture ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Sommes-nous vraiment infaillibles en ce qui concerne ce à quoi nous prêtons attention ?


Quand je crois prêter attention au X vert ne suis-je pas en fait attentif à d’autres zones vertes
de la peinture ?

Sommes-nous infaillibles pour identifier la cause qui modifie la valence de nos expériences ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Sommes-nous vraiment infaillibles en ce qui concerne ce à quoi nous prêtons attention ?


Quand je crois prêter attention au X vert ne suis-je pas en fait attentif à d’autres zones vertes
de la peinture ?

Sommes-nous infaillibles pour identifier la cause qui modifie la valence de nos expériences ?
C’est peut-être parce que, croyant être attentif au X vert, je suis devenu attentif à la coulure
verte, que la valence de mon expérience a été modifiée. Avant d’être attentif à la coulure verte,
mon attention pour le X vert ne modifiait peut-être pas la valence de mon expérience.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Sommes-nous vraiment infaillibles en ce qui concerne ce à quoi nous prêtons attention ?


Quand je crois prêter attention au X vert ne suis-je pas en fait attentif à d’autres zones vertes
de la peinture ?

Sommes-nous infaillibles pour identifier la cause qui modifie la valence de nos expériences ?
C’est peut-être parce que, croyant être attentif au X vert, je suis devenu attentif à la coulure
verte, que la valence de mon expérience a été modifiée. Avant d’être attentif à la coulure verte,
mon attention pour le X vert ne modifiait peut-être pas la valence de mon expérience.

Il y a de nombreuses manières de prêter attention au X vert qui n’ont aucun impact sur la
valence de l’expérience.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Sommes-nous vraiment infaillibles en ce qui concerne ce à quoi nous prêtons attention ?


Quand je crois prêter attention au X vert ne suis-je pas en fait attentif à d’autres zones vertes
de la peinture ?

Sommes-nous infaillibles pour identifier la cause qui modifie la valence de nos expériences ?
C’est peut-être parce que, croyant être attentif au X vert, je suis devenu attentif à la coulure
verte, que la valence de mon expérience a été modifiée. Avant d’être attentif à la coulure verte,
mon attention pour le X vert ne modifiait peut-être pas la valence de mon expérience.

Il y a de nombreuses manières de prêter attention au X vert qui n’ont aucun impact sur la
valence de l’expérience.
Si seules certaines manières d’y prêter attention modifient la valence de l’expérience, pourquoi
attribuer la propriété au X et pas au genre d’attention impliquée ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Si je suis attentif au X vert, puis-je également l’être à la manière dont cela affecte la valence de
mon expérience ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Si je suis attentif au X vert, puis-je également l’être à la manière dont cela affecte la valence de
mon expérience ?

« Je perçois cette table sur laquelle j’écris. Cela signifie, entre autres choses, que mon acte de
perception m’occupe, et m’occupe assez pour que je ne puisse pas, pendant que je perçois
effectivement la table, m’apercevoir la percevant. Quand je veux le faire, je cesse pour ainsi
dire de plonger dans la table par mon regard, je me retourne vers moi qui perçois […] ».
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945, p. 275.
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

Faut-il reformuler en « si ‘‘prêter attention à la manière dont son attention se saisit d’une
propriété d’un particulier en essayant de la faire fonctionner comme ce qu’on croit être une
propriété pertinente du point de vue esthétique’’ modifie la valence de l’expérience qu’on se
fait de ce particulier, cette propriété est (devient ?) une propriété pertinente du point de vue
esthétique » ?
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

S’il s’agit de modification, que dire lorsqu’une nouvelle expérience de l’œuvre ne peut être
modifiée par un changement attentionnel ?
Dalmatien caché dans un parc
Félix González-Torres, Untitled (March 5th), 1991
II. Discussion sur la définition de travail des propriétés pertinentes du point de vue
esthétique

« si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie la valence de l’expérience qu’on
fait de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point de vue esthétique »

S’il s’agit de modification, que dire lorsqu’une nouvelle expérience de l’œuvre ne peut être
modifiée par un changement attentionnel ?

Faut-il reformuler en « si prêter attention à une propriété d’un particulier modifie ou a


modifié la valence de mon expérience de ce particulier, c’est une propriété pertinente du point
de vue esthétique » ?
En guise de conclusion, trois remarques
En guise de conclusion, trois remarques

1. Ce n’est pas pour me déplaire, mais je peine à voir comment un programme centré sur les
propriétés pertinentes du point de vue esthétique peut parvenir à renforcer la thèse du
réalisme esthétique.
En guise de conclusion, trois remarques

1. Ce n’est pas pour me déplaire, mais je peine à voir comment un programme centré sur les
propriétés pertinentes du point de vue esthétique peut parvenir à renforcer la thèse du
réalisme esthétique.

2. Sans parvenir à clairement formaliser cette intuition, autant je cerne très bien la différence
entre « propriétés esthétiques » et « propriétés pertinentes du point de vue esthétique », autant
je ne suis pas certain de cerner ce que les propriétés pertinentes du point de vue esthétique
permettent de dire que l’exemplification goodmanienne ne permettait pas déjà de dire.
En guise de conclusion, trois remarques

1. Ce n’est pas pour me déplaire, mais je peine à voir comment un programme centré sur les
propriétés pertinentes du point de vue esthétique peut parvenir à renforcer la thèse du
réalisme esthétique.

2. Sans parvenir à clairement formaliser cette intuition, autant je cerne très bien la différence
entre « propriétés esthétiques » et « propriétés pertinentes du point de vue esthétique », autant
je ne suis pas certain de cerner ce que les propriétés pertinentes du point de vue esthétique
permettent de dire que l’exemplification goodmanienne ne permettait pas déjà de dire.

3. Les relations entre la perception et l’action sont (malheureusement) peu présentes dans
l’ouvrage (sauf au sujet de la perception des Q-ables, p. 97), alors même qu’il travaille par
ailleurs sur ces questions.
En guise de conclusion, trois remarques

1. Ce n’est pas pour me déplaire, mais je peine à voir comment un programme centré sur les
propriétés pertinentes du point de vue esthétique peut parvenir à renforcer la thèse du
réalisme esthétique.

2. Sans parvenir à clairement formaliser cette intuition, autant je cerne très bien la différence
entre « propriétés esthétiques » et « propriétés pertinentes du point de vue esthétique », autant
je ne suis pas certain de cerner ce que les propriétés pertinentes du point de vue esthétique
permettent de dire que l’exemplification goodmanienne ne permettait pas déjà de dire.

3. Les relations entre la perception et l’action sont (malheureusement) peu présentes dans
l’ouvrage (sauf au sujet de la perception des Q-ables, p. 97), alors même qu’il travaille par
ailleurs sur ces questions.

« Pour parodier le titre d’un livre qui sera l’objet de la prochaine séance de PhiLiA,
L’Engagement esthétique d’Arnold Berleant est donc une « philosophie de la perception »
écologique (au sens de l’Approche écologique de la perception visuelle de James Gibson). »

Maud Pouradier, « Situation de “L’Engagement esthétique” d’Arnold Berleant (1991, trad. fr.
Bertrand Rougé, PUR, 2022) dans l’esthétique environnementale », in PhiLiA, 23/11/2022.
En guise de conclusion, trois remarques et une proposition
En guise de conclusion, trois remarques et une proposition

Ne faudrait-il pas encourager la constitution d’une théorie (ou d’un programme) qui décorrèle
les propriétés pertinentes du point de vue esthétique de propriétés pertinentes du point de
vue artistique ?
En guise de conclusion, trois remarques et une proposition

Ne faudrait-il pas encourager la constitution d’une théorie (ou d’un programme) qui décorrèle
les propriétés pertinentes du point de vue esthétique de propriétés pertinentes du point de
vue artistique ?
Cette décorrélation permet la conception de thèses où ce à quoi on prête attention joue un
rôle uniquement en tant qu’attracteur attentionnel.
En guise de conclusion, trois remarques et une proposition

Ne faudrait-il pas encourager la constitution d’une théorie (ou d’un programme) qui décorrèle
les propriétés pertinentes du point de vue esthétique de propriétés pertinentes du point de
vue artistique ?
Cette décorrélation permet la conception de thèses où ce à quoi on prête attention joue un
rôle uniquement en tant qu’attracteur attentionnel.
L’attention se porterait alors sur les propriétés pertinentes du point de vue artistique, comme
sur un leurre, laissant de ce fait les propriétés pertinentes du point de vue esthétique opérer de
manière subpersonnelle sur la valence de son expérience.
Richard Serra, Clara-Clara, 1983
En guise de conclusion, trois remarques et une proposition

Ne faudrait-il pas encourager la constitution d’une théorie (ou d’un programme) qui décorrèle
les propriétés pertinentes du point de vue esthétique de propriétés pertinentes du point de
vue artistique ?
Cette décorrélation permet la conception de thèses où ce à quoi on prête attention joue un
rôle uniquement en tant qu’attracteur attentionnel.
L’attention se porterait alors sur les propriétés pertinentes du point de vue artistique, comme
sur un leurre, laissant de ce fait les propriétés pertinentes du point de vue esthétique opérer de
manière subpersonnelle sur la valence de son expérience.

Faire attention à la propriété « texture de métal rouillé » permet à la propriété « grandes


surfaces inclinées » d’opérer.
Merci pour votre attention

bruno.trentini [at] univ-lorraine.fr

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