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ACT-1001

Automne 2019

Chapitre 1

Mesures du taux d’intérêt

Thomas Landry, M.Sc., ASA, AICA


École d’actuariat, Université Laval

1.1 Accumulation de l’intérêt

1.1.1 Intérêt simple, intérêt composé

La plupart des transactions financières usuelles sont régies essentiellement par deux
types d’intérêts : l’intérêt simple et l’intérêt composé.

Intérêt simple : Vous avez un montant de 1$ que vous désirez investir à un taux
d’intérêt simple (annuel) de 10% sur 2 ans. Alors vous accumulerez :

• après un an : 1$ + (1$)(0.1) = 1.10$


• après deux ans : 1.10$ + (1$)(0.1) = 1.20$

Ainsi le taux d’intérêt simple (10%) s’applique au début de chaque année sur le
montant initial (1$) investi au début de la première année. Les intérêts payés après
deux ans sont de 0.20$. Ce type d’intérêt est habituellement utilisé pour des
investissements (ou des prêts) à court terme (moins qu’un an).

Intérêt composé : Vous avez un montant de 1$ que vous désirez investir à un taux
d’intérêt composé (annuel) de 10% sur 2 ans. Alors vous accumulerez :

• après un an : 1$ + (1$)(0.1) = 1.10$


• après deux ans : 1.10$ + (1.10$)(0.1) = 1.21$

Ainsi le taux d’intérêt composé (10%) s’applique au début de chaque année sur le
montant accumulé (1.10$) à la fin de l’année précédente. Les intérêts payés après
deux ans sont de 0.21$. Ce type d’intérêt est habituellement utilisé pour des
investissements (ou des prêts) à long terme (plus qu’un an).

Plus généralement, supposons que C est le montant initial investi, i est le taux d’intérêt
par période et n représente le nombre de périodes d’investissement, alors le montant
accumulé après n périodes est :

• pour l’intérêt simple : 𝐶(1 + 𝑛𝑖)


• pour l’intérêt composé : 𝐶(1 + 𝑖)𝑛

1
1.1.2 Taux d’intérêt (de rendement) annuel moyen

Une situation qui pourrait bien se présenter est que le taux d’intérêt (composé) diffère
d’une période (année) à l’autre. Nous pourrions alors être intéressé à évaluer le
« rendement » sur le nombre de périodes ou le « rendement annuel moyen » sur ces
périodes.

Taux de rendement sur n années : Un fonds d’investissement sur 3 ans vous a


rapporté (pour chaque dollar investi) 2.5% la première année, 4.8% la deuxième année
et -3.2% la troisième année. Alors ce fonds vous a donné un taux de rendement :

• sur les 2 premières années : (1.025)(1.048) − 1 = 0.0742 ⇒ 7.42%


• sur les 3 années : (1.025)(1.048)(0.968) − 1 = 0.0398 ⇒ 3.98%

Remarque : Une permutation de ces taux d’intérêt ne changera rien au taux de


rendement sur 3 ans, mais changera le taux de rendement sur les deux premières
années.

Taux de rendement annuel moyen : Pour le fond précédent, le taux de rendement


annuel moyen sera :

• sur les 2 premières années : (1 + 𝑖 )2 = (1.025)(1.048) = 1.0742 ⇒

𝑖 = √1.0742 − 1 ≈ 3.64%

• sur les 3 années : (1 + 𝑖 )3 = (1.025)(1.048)(0.968) = 1.0398 ⇒

3
𝑖 = √1.0398 − 1 ≈ 1.31%

Ainsi, le « taux de rendement annuel moyen » correspond au taux d’intérêt (constant),


composé annuellement, qui donne le même montant d’intérêts après le nombre
d’années consécutives considérées.

1.1.3 Taux d’intérêt effectif

Définition : Le taux d’intérêt effectif d’un investissement sur une période donnée
(habituellement une année par défaut sauf si mention contraire) correspond au
pourcentage de variation de la valeur de l’investissement du début à la fin de la
période, sans égard au comportement intermédiaire de l’investissement durant la
période.

Exemple : Si nous reprenons l’exemple donnée en 1.1.2, les taux d’intérêt effectifs
annuels sont respectivement de 2.5%, 4.8% et -3.2%. Le taux d’intérêt effectif sur les
2 premières années est de 7.42%, et sur les 3 années est de 3.98%.

2
Exemple : Deux investissements ont les mêmes taux d’intérêt effectifs pour une année
donnée. Le premier investissement a eu des rendements trimestriels de 2% pour
chaque trimestre. Le deuxième investissement a eu un rendement de 3% pendant les
6 premiers mois et de X% pour les 6 derniers mois. Trouvez X.

(1 + 0.02)4 = (1 + 0.03)(1 + 𝑋)
(1 + 0.02)4
⟹𝑋= −1
(1 + 0.03)

1.1.4 Taux d’intérêt équivalents

Définition : Deux taux d’intérêt sont dits équivalents sur une même période (une
année), si leur valeur accumulée est la même en fin de période.

Exemple : Supposons qu’un placement de 1$ est fait en début d’année à un taux


d’intérêt de 2% composé à tous les mois, pendant un an. Alors le taux d’intérêt annuel
équivalent au taux d’intérêt mensuel composé à chaque mois sera obtenu de la
solution de l’équation :

1 + 𝑖 = (1.02)12 ≈ 1.2682 ⇒ 𝑖 ≈ 26.82%

i.e. que le taux d’intérêt mensuel de 2%, composé à tous les mois pendant 12 mois,
est équivalent au taux d’intérêt annuel effectif de 26.82%.

1.1.5 Solde d’un compte avec dépôts et retraits

Supposons que vous disposez d’un compte bancaire, rapportant un taux d’intérêt
effectif annuel de 2%, pour payer certaines factures courantes. Vous déposez au début
de la première année 500$. Vous en retirez 100$ au début de la troisième année, puis
vous en déposez 250$ au début de la quatrième année. Vous voulez évaluer le solde
(la balance) de votre compte à la fin de la quatrième année. Deux approches peuvent
être adoptées.

0 1 2 3 4

Première approche : évaluer le solde à la fin de chaque année …

• À la fin de la première année : (500$)(1.02) = 510$


• À la fin de la deuxième année : (510$)(1.02) = 520.20$
• À la fin de la troisième année : (520.20$ − 100$)(1.02) ≈ 428.60$
• À la fin de la quatrième année : (428.60$ + 250$)(1.02) ≈ 𝟔𝟗𝟐. 𝟏𝟕$*

3
0 1 2 3 4

Deuxième approche : accumulez les dépôts et les retraits à la fin de la quatrième


année, et ensuite les soustraire …

• Accumulation des dépôts : (500$)(1.02)4 + (250$)(1.02) ≈ 𝟕𝟗𝟔. 𝟐𝟐$


• Accumulation des retraits : (100$)(1.02)2 = 𝟏𝟎𝟒. 𝟎𝟒$

*Accumulation nette : 𝟕𝟗𝟔. 𝟐𝟐$ − 𝟏𝟎𝟒. 𝟎𝟒$ = 𝟔𝟗𝟐. 𝟏𝟖$

0 1 2 3 4

Remarque : Dépendant de la méthode utilisée, les valeurs accumulées peuvent


différer à cause des erreurs d’arrondies.

4
1.2 Fonction d’accumulation, valeur présente, valeur future

1.2.1 La fonction d’accumulation

Dans presque toutes les transactions financières, nous sommes intéressés par la
valeur temporelle de l’argent, que ce soit au début, à un moment intermédiaire ou à
la fin de la transaction. Pour ce faire nous définissons d’abord deux fonctions :

• a(t) : facteur d’accumulation au temps t, qui représente la valeur accumulée


au temps t d’un investissement de 1$ fait au temps 0.
• A(t) : fonction d’accumulation au temps t, qui représente la valeur accumulée
au temps t d’un investissement A(0) fait au temps 0.

Ainsi, nous avons :

𝐴(𝑡) = 𝐴(0)𝑎(𝑡)

En théorie, la variable t peut être discrète ou continue, si l’intérêt est « crédité » qu’en
fin de période (comme dans les prêts hypothécaires) ou de manière continue (comme
dans les transactions boursières).

Toujours en théorie, le facteur d’accumulation peut être n’importe quelle fonction,


dépendant du type de transaction mis en cause. Dans la plupart des problèmes qui
vous seront soumis, les fonctions d’accumulation les plus utilisées seront celles liées
à l’intérêt simple et à l’intérêt composé, soit respectivement :

𝐴1 (𝑡 ) = 𝐴(0)(1 + 𝑡𝑖 ),
𝐴2 (𝑡 ) = 𝐴(0)(1 + 𝑖)𝑡

Si nous comparons les deux fonctions précédentes, en supposant que i = 5%,


A(0) = 100$ et que l’intérêt est crédité continûment, nous avons le tableau suivant :

5
Nous constatons que la valeur accumulée par intérêt simple est supérieure à la valeur
accumulée par intérêt composé pour les valeurs de t comprises entre 0 et 1, mais que
cet ordre est inversé pour les valeurs de t plus grandes que 1. Cela justifie en partie le
fait que l’intérêt simple s’applique plus à de courtes périodes (moins d’un an).

Remarques :

1 La fonction A(t) est aussi dite « valeur future » au temps t d’un investissement
A(0), et la quantité A(0) est aussi dite la valeur présente (ou actualisée) au temps
t = 0 d’un montant d’argent dont la valeur au temps t vaut A(t).

2 Dans le cas particulier de l’intérêt composé, i.e quand :

𝐴(𝑡) = 𝐴(0)(1 + 𝑖)𝑡 ⇔ 𝐴(0) = 𝐴(𝑡)(1 + 𝑖)−𝑡

le facteur (1 + 𝑖)−1 est appelé le facteur d’escompte (sur une période) et la


notation actuarielle utilisée dans ce cas est la lettre grecque ν, et ainsi :

𝑣 = (1 + 𝑖)−1
𝐴(0) = 𝐴(𝑡)𝑣 𝑡

1.2.2 Le taux d’intérêt effectif en fonction de A(t)

Généralement, nous définissons le taux d’intérêt effectif sur la période [t,t + h] comme
étant le montant d’intérêts gagnés sur la période divisé par la valeur de
l’investissement au temps t, ce qu’on notera par :

Ainsi, pour la fonction d’accumulation A1 (t), nous avons :

pour un taux d’intérêt effectif qui décroit dans le temps pour h fixé. Pour la fonction
d’accumulation A2 (t), nous avons :

pour un taux d’intérêt effectif qui est constant dans le temps pour un h fixé. En
particulier, pour h = 1, le taux d’intérêt effectif correspond exactement au taux
d’intérêt composé (annuel) i.

6
1.3 L’équation de valeur

Dans plusieurs transactions financières (comme dans les situations de prêts) où il y a


des flux de trésorerie (cash flows), i.e. des entrées et des sorties de fonds, il est
souvent utile (pour diverses raisons) d’établir la valeur (comptable) de la transaction
soit au début, à la fin ou à un moment intermédiaire de celle-ci.

Pour ce faire, une équation mathématique est établie à une date fixe d’évaluation qui
vient « balancer » les valeurs temporelles des entrées et des sorties de fonds. Ainsi,
au moment choisi pour faire l’évaluation, une égalité est établie entre les deux
éléments suivants :

1) La valeur accumulée des sorties de fonds déjà déboursés plus la valeur présente
des sorties de fonds qu’il reste à débourser.
2) La valeur accumulée des entrées de fonds déjà reçus plus la valeur présente des
entrées de fonds qu’il reste à recevoir.

On établit ensuite une égalité entre ces deux composantes, soit (1) = (2) .

Exemple : Un entrepreneur a contracté un emprunt de 3 000 000$ sur deux ans,


montant qui lui sera versé en deux parties soit 2 000 000$ au début de la première
année et 1 000 000$ au début de la deuxième année. Ce montant devra être
remboursé à la fin de la deuxième année, avec un taux d’intérêt composé mensuel de
3%. Établissez les équations de valeur au début de la première année, au début de la
deuxième année et à la fin de la deuxième année.

À t = 0, nous avons :

(1) → 2 000 000 + (1.03)−12 1 000 000 ≅ 2 701 379.88$


(2) → (1.03)−24 𝑋

À t =1, nous avons :

(1) → (1.03)12 2 000 000 + 1 000 000 ≅ 3 851 521.77$


(2) → (1.03)−12 𝑋

À t= 2, nous avons :

7
Remarque : Nous notons que les équations de valeur à t = 1 et à t = 2 ne diffèrent
respectivement de l’équation de valeur à t = 0 que par un facteur (1.03)12 et (1.03)24.
Maintenant supposons que le remboursement se fasse sur trois années, au même
taux d’intérêt composé, mais qu’il soit convenu qu’un premier remboursement de
750 000$ se fasse à la fin de la deuxième année et que le solde dû soit remboursé à la
fin de la troisième année. On aura maintenant :

Remarque : Puisque vous remboursez seulement 750 000$ après 2 ans, cela signifie
qu’il reste à rembourser après 3 ans :

(5 491 349.10$ − 750 000$)(1.03)12 ≈ 6 760 030.10$

8
1.4 Taux d’intérêt nominal

Dans plusieurs transactions financières dont la période d’intérêt (composé) est


inférieure à une année (un mois, trois mois, 6 mois, etc..), le taux d’intérêt peut-être
« libellé » en taux d’intérêt nominal, lequel correspond au taux d’intérêt composé par
période multiplié par le nombre de périodes dans l’année. Ainsi, si m désigne le
nombre de périodes d’intérêt par année et 𝑖 (𝑚) représente le taux d’intérêt nominal,
𝑖 (𝑚)
alors le taux d’intérêt composé (par période) sera donné par 𝑚 . Nous avons donc de
cette définition que le taux d’intérêt effectif annuel i sera donné par l’équation :
𝑚
𝑖 (𝑚)
𝑖 = (1 + ) −1
𝑚

Exemple : Supposons qu’un investissement de 1 000$ vous rapporte des intérêts qui
sont crédités à chaque mois à un taux nominal de 5%. Alors le taux d’intérêt effectif
annuel sera :

Supposons plutôt que ce même investissement vous rapporte un taux d’intérêt


effectif annuel de 5%. Alors le taux d’intérêt nominal correspondant (composé à
chaque mois) sera :

*Nous notons que le taux d’intérêt effectif annuel est toujours supérieur au taux
d’intérêt nominal.

Remarques :

1 Pour un taux d’intérêt effectif annuel i fixé, le taux nominal décroit quand le
nombre de périodes croit et converge (quand m→∞) vers le nombre ln(1+ i). En
effet :

9
Cette limite sera appelée « force constante d’intérêt » et la notation actuarielle
utilisée pour cette quantité est δ (section 1.6).

2 Pour un taux d’intérêt nominal de 10%, nous évaluons le taux effectif


correspondant pour un nombre de périodes donné :

Fréquence m Taux effectif annuel


6 mois 2 10.25%
3 mois 4 10.3812891%
1 mois 12 10.4713067%
1 semaine 52 10.5064793%
1 jour 365 10.5155782%
1 heure 8760 10.5170286%
1 minute 525600 10.5171052%

Ces valeurs montrent que, pour un même taux d’intérêt nominal, l’augmentation du
nombre de périodes n’augmentera pas sensiblement le taux effectif annuel. Cela
rejoint la remarque précédente.

10
1.5 Taux d’escompte effectif et taux d’escompte nominal

1.5.1 Taux d’escompte

Un investissement peut être considéré différemment en se posant la question


suivante : quelle proportion de la valeur accumulée sur une période (une année)
devons-nous retrancher à cette valeur accumulée pour obtenir la valeur de
l’investissement en début de période. Nous devons donc résoudre l’équation :

𝐴(0) = 𝐴(1) − 𝑑𝐴(1) = (1 − 𝑑)𝐴(1)

où d représente le taux d’escompte et dA(1) est l’escompte.

Exemple : Considérez un investissement de 1 000$ fait à un taux d’intérêt de 5% sur


un an. Alors le taux d’escompte correspondant sera obtenu de l’équation suivante :

Remarques :

1 Nous notons, dans l’exemple précédent, que le taux d’escompte (d ≈ 0.0476) est
inférieur au taux d’intérêt (i = 0.05).

2 De fait, sur une période (une année), nous avons :

1.5.2 Taux d’escompte simple et composé

Comme pour le taux d’intérêt, les taux d’escompte les plus généralement utilisés sont
les taux d’escompte simple et composé.

Escompte simple : Vous désirez accumuler un montant de 1 000$ sur deux ans avec
un taux d’escompte simple (annuel) d = 5%. Alors, similairement au taux d’intérêt
simple (où nous ajoutons à chaque année une proportion i du montant initial), nous
retrancherons à chaque année une proportion d de la valeur accumulée après 2 ans,
i.e. :

𝐴(1) = (1 − 𝑑)𝐴(2) , 𝐴(0) = (1 − 𝑑)𝐴(2) − 𝑑𝐴(2) = (1 − 2𝑑)𝐴(2)

Ainsi nous obtenons pour A(0) :

11
Escompte composé : Vous désirez accumuler un montant de 1 000$ sur deux ans avec
un taux d’escompte composé (annuel) de 5%. Alors l’escompte composé appliqué sur
la valeur accumulée à chaque année correspond au :

• début de la deuxième année : 𝐴(1) = (1 − 0.05)($1 000) = 950$


• début de la première année : 𝐴(0) = (1 − 0.05)($950) = 902.25$

Plus généralement, si d est le taux d’escompte par période (par année) et n représente
le nombre de périodes d’investissement, alors le montant à investir au début de ces n
périodes est :

• Pour l’escompte simple : 𝐴(0) = (1 − 𝑛𝑑)𝐴(𝑛)


• Pour l’escompte composé : 𝐴(0) = (1 − 𝑑)𝑛 𝐴(𝑛)

1.5.3 Taux d’escompte effectif en fonction de A(t)

Généralement, nous définissons le taux d’escompte effectif sur la période [t,t + h]


comme étant le montant d’intérêts gagnés sur la période divisé par la valeur de
l’investissement au temps (t + h), ce qu’on notera par :

𝐴(𝑡 + ℎ) − 𝐴(𝑡) 𝑎(𝑡 + ℎ) − 𝑎(𝑡)


𝑑𝑡+ℎ = =
𝐴 (𝑡 + ℎ ) 𝑎 (𝑡 + ℎ )

Ainsi pour le taux d’escompte effectif simple, nous avons :

𝐴(𝑡 + ℎ) − (1 − ℎ𝑑)𝐴(𝑡 + ℎ)
𝑑𝑡+ℎ = = ℎ𝑑
𝐴 (𝑡 + ℎ )

où d est le taux d’escompte annuel.

Et pour le taux d’escompte effectif composé, nous avons

𝐴(𝑡 + ℎ) − (1 − 𝑑)ℎ 𝐴(𝑡 + ℎ)


𝑑𝑡+ℎ = = 1 − (1 − 𝑑)ℎ
𝐴 (𝑡 + ℎ )

Remarques :

1) Pour h = 1, dt+1 = d dans les deux cas.


2) Pour t = 0 et h = 2, nous retrouvons les taux d’escompte effectif sur 2 années de
l’exemple précédent, soit 2d pour l’escompte simple et 1− (1− d)2 pour l’escompte
composé.
3) Pour le taux d’escompte effectif simple sur [t,t + h] , puisque dt+h = dh , nous
obtenons

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ce qui, traduit en terme d’intérêt simple, donne bien :

Pour le taux d’escompte effectif composé sur [t,t + h] , puisque dt+h = dh , nous
obtenons

ce qui, traduit en terme d’intérêt composé, donne bien

1.5.4 Taux d’escompte nominal

Tout comme pour le taux d’intérêt nominal, nous pouvons définir un taux d’escompte
nominal.

Ainsi, si m désigne le nombre de périodes d’intérêt par année et d (m) représente le


taux d’escompte nominal, alors le taux d’escompte composé (par période) sera donné
par d (m) m .

De cette définition, nous avons donc que le taux d’escompte


effectif annuel d sera donné par l’équation
𝑚
𝑑 (𝑚)
𝑑 = 1 − (1 − )
𝑚

Exemple : Supposons qu’un investissement, placé à un taux d’escompte nominal de


5% composé à tous les mois, vous rapporte 1 000$ après un an. Alors le taux
d’escompte effectif annuel sera :

0.05 12
𝑑 = 1 − (1 − ) ≈ 4.89%
12

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Supposons plutôt que ce même investissement vous rapporte plutôt un taux
d’escompte effectif annuel de 5%. Alors le taux d’escompte nominal correspondant
(composé sur 12 mois) sera :

***Nous notons que le taux d’escompte effectif annuel est toujours inférieur au taux
d’escompte nominal.

Remarque : Pour un taux d’escompte effectif annuel d fixé, le taux d’escompte


nominal croit quand le nombre de périodes croit et converge (quand 𝑚 → ∞) vers le
nombre −𝑙𝑛(1 − 𝑑).

En effet,

Notons que cette limite coïncide avec celle obtenue pour i (m) puisque :

−𝑙𝑛(1 − 𝑑) = 𝑙𝑛(1 + 𝑖)

14
1.6 La force d’intérêt

Nous avons vu que le taux d’intérêt (tout comme le taux d’escompte) peut être
appliqué continûment, et qu’il peut même varier dans le temps.

Pour un produit financier donné, nous sommes donc intéressé à déterminer une
fonction qui représentera le taux de croissance « instantané » d’un investissement au
temps t par dollar investi. Cette fonction, appelée taux d’intérêt instantané (en
finance) ou force d’intérêt (en actuariat), sera donnée par l’identité suivante :

𝐴′(𝑡) 𝑎′(𝑡)
𝛿 (𝑡 ) = =
𝐴(𝑡) 𝑎(𝑡)

avec les fonctions a(t) et A(t) tel que définies précédemment.

Remarques :

1) Dans le cas d’un taux d’intérêt simple annuel i appliqué continûment, nous avons :

𝑖𝐴(0) 𝑖
𝐴(𝑡) = (1 + 𝑖𝑡)𝐴(0) ⇒ 𝛿 (𝑡 ) = =
(1 + 𝑖𝑡)𝐴(0) 1 + 𝑖𝑡

Dans le cas d’un taux d’intérêt annuel i composé continûment, nous avons :

(1 + 𝑖)𝑡 ln (1 + 𝑖)𝐴(0)
𝐴(𝑡) = (1 + 𝑖)𝑡 𝐴(0) ⇒ 𝛿 (𝑡 ) = = ln (1 + 𝑖)
(1 + 𝑖)𝑡 𝐴(0)

Cce qui veut dire que pour 𝛿 (𝑡) = 𝛿 = 𝑙𝑛(1 + 𝑖 ),

𝐴(𝑡) = 𝑒 𝛿𝑡 𝐴(0) ⇔ 𝐴(0) = 𝑒 −𝛿𝑡 𝐴(𝑡)

𝑡
***Rappel : (𝑒 𝛿 ) = 𝑒 𝛿𝑡

2) Généralement, pour une force d’intérêt non constante, nous pouvons décrire la
valeur accumulée d’un investissement sur [t,t + h] en fonction de cette force
d’intérêt. En effet, puisque :

𝐴′(𝑡) 𝑑
𝛿 (𝑡 ) = = 𝑙𝑛[𝐴(𝑡)]
𝐴(𝑡) 𝑑𝑡

15
Alors :

D’où :

3) Généralement, pour une force d’intérêt non constante, nous pouvons aussi
évaluer le montant des intérêts gagnés sur [t,t + h] en fonction de cette force
d’intérêt. En effet, puisque

Alors :

4) Pour 𝛿 = 𝑙𝑛(1 + 𝑖), et pour i > 0 et m >1, nous pouvons facilement démontrer
que :

𝒅 < 𝒅(𝒎) < 𝜹 < 𝒊(𝒎) < 𝒊 .

Exemple : Vous déposez 1 000$ dans un compte qui vous rapporte un taux d’intérêt
de 6% composé annuellement pendant les deux premières années, puis des intérêts
« continus » avec une force d’intérêt 𝛿 (𝑡) = 1/(1 + 2𝑡) dans les années
subséquentes.

16
Force d'intérêt 𝛿 (𝑡) = 1/(1+ 2𝑡)
100%

80%

60%

40%

20%

0%
0 1 2 3 4 5

Alors la valeur accumulée de cet investissement après 5 ans sera :

Force d'intérêt avec intérêt effectif = 6% de t = 0 à t = 2


25%

20%

15%

10%

5%

0%
0 1 2 3 4 5

5 −1 𝑑𝑡
1 000(1.06)2 𝑒 ∫2 (1+2𝑡) =⋯

Si, par contre, la même force d’intérêt est appliquée dans les deux premières années
et que le taux d’intérêt de 6% est ensuite composé annuellement pendant les années
subséquentes, alors la valeur accumulée après 5 ans sera :

Force d'intérêt avec intérêt effectif = 6% de t = 2 à t = 5


100%

80%

60%

40%

20%

0%
0 1 2 3 4 5

17
2 −1𝑑𝑡
1 000𝑒 ∫0 (1+2𝑡) (1.06)3 = ⋯

Autre exemple : avec quelle force d’intérêt puis-je investir 10$ aujourd’hui et avoir
100$ dans 5 ans ?

18
1.7 Inflation et taux d’intérêt réel

Outre le niveau du taux d’intérêt (ou du taux d’escompte), comme indicateur de la


santé d’une économie, figure le taux d’inflation. Une mesure courante du taux
d’inflation est l’IPC, pour « Indice des Prix à la Consommation », qui mesure le taux de
changement annuel effectif d’un ensemble (panier) spécifique de biens à la
consommation.
Un investisseur sera évidemment préoccupé par l’inflation présente dans l’économie,
puisque celle-ci viendra diminuer la « valeur réelle » du montant accumulé sur son
investissement pendant une période donnée. Ainsi, si i représente le taux d’intérêt
annuel et β est le taux d’inflation, alors le taux d’intérêt réel r sera défini par :

1+𝑖 𝑖−𝛽
=1+𝑟 ⟺ 𝑟 =
1+𝛽 1+𝛽

On dira du taux d’intérêt réel qu’il prend en considération l’augmentation du coût de


la vie, ou encore l’augmentation du prix de certains biens dans certains contextes
spécifiques. On fait aussi référence à la « perte du pouvoir d’achat » pour des cas
standards. Un investissement peut bien apporter de grands profits (avec l’intérêt),
mais s’il en coute plus cher pour se procurer des biens dans le futur, ces profits
paraitront moindre en supposant un dollar constant.
Bref, « de combien dépasse-t-on l’inflation avec le taux d’intérêt effectif standard ? ».
Lorsque les taux (intérêt et inflation) sont relativement bas, on approxime parfois
aussi avec :
𝑟 ≈𝑖−𝛽

Une interprétation simple serait de dire qu’un bien coûte 1$ aujourd’hui et qu’on
cherche à savoir combien d’unités de ce bien nous pourrons acheter en investissant
1$ aujourd’hui et ce pendant n années à un taux d’intérêt effectif de i. Cependant, le
coût du bien en question évolue et augmente à raison de 𝛽 par année. Ainsi, dans n
années, nous aurons :
1$(1 + 𝑖 )𝑛

Et nous désirons acheter un nombre N d’unités du bien en question, ce qui coutera :

𝑁 ∗ 1$(1 + 𝛽 )𝑛

Avec l’équation de valeur, on a :

19
1$(1 + 𝑖 )𝑛 1+𝑖 𝑛
𝑁= = ( ) = (1 + 𝑟)𝑛
1$(1 + 𝛽 )𝑛 1+𝛽

Il arrive parfois (comme récemment par exemple) que les taux d’intérêt soient en
dessous de l’inflation. On parlera ainsi de perte de pouvoir d’achat.
Exemple : les actuaires s’intéressent souvent au taux d’intérêt réel dans les régimes
de retraite. On offre deux options à un retraité :
1) Une rente de retraite ou les investissements sont faits avec un taux de rendement
effectif annuel constant de 6%.
2) Une rente de retraite ou les investissements sont indexés à l’inflation en plus d’un
taux d’intérêt réel de 2% au-dessus de l’inflation.

L’actuaire vous indique que selon ses projections, ces deux options devraient être
équivalentes. Quel taux d’inflation implicite est utilisé dans ses projections?

20
1.8 Période ou intérêt inconnu

Avec l’équation de valeur vue en 1.3, il est relativement simple d’isoler un flux
monétaire inconnu, qu’il s’agisse d’une entrée ou d’une sortie de fond dans le présent
ou dans le futur.

1.8.1 Période inconnue

Dans certains cas, tous les montants ainsi que le taux d’intérêt seront connus mais pas
le moment associé à un ou plusieurs de ces montants. En général, il est possible
d’isoler le moment pour un seul montant, alors que plusieurs possibilités peuvent
exister si les moments sont incertains pour plusieurs montants.

Exemple : pour que 1$ investi aujourd’hui s’accumule et vaille 3$ avec un taux


d’intérêt annuel effectif de 4%, combien de temps faut-il attendre?

Exemple (repris de 1.3) : Un entrepreneur a contracté un emprunt de 3 000 000$ sur


T ans, montant qui lui sera versé en trois parties dont 2 000 000$ au début de la
première année et 1 000 000$ au début de la deuxième année. Avec un taux d’intérêt
composé mensuel de 3%, à quel moment pourrait-il rembourser un troisième montant
d’exactement 5 000 000$ pour terminer le prêt ?

1.8.2 Taux d’intérêt inconnu

Dans d’autres cas, les montants et les moments de chaque entrée et sortie de fonds
sont tous connus, mais pas le taux d’intérêt sous-jacent à ces calculs. Dans les cas
simples, le taux d’intérêt se trouve facilement (une entrée et une sortie de fonds, ou
encore une entrée et deux sorties ou deux entrées et une sortie avec des périodes
également espacées entre chaque paiement).

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Exemple : pour que 1$ investi aujourd’hui s’accumule et vaille 4$ dans exactement
deux ans, quel doit-être le taux d’intérêt annuel effectif?

Exemple (repris de 1.3) : Un entrepreneur a contracté un emprunt de 3 000 000$ sur


deux ans, montant qui lui sera versé en deux parties soit 2 000 000$ au début de la
première année et 1 000 000$ au début de la deuxième année. L’entrepreneur
rembourse 5 000 000$ à la fin de la deuxième année, ce qui met fin au prêt. Quel taux
d’intérêt (annuel effectif pour simplifier) s’applique dans ce cas ?

2 000 000 + (1 + 𝑖 )−1 1 000 000 = 5 000 000(1 + 𝑖 )−2

−⏟ (1 + 𝑖 )−2 + ⏟
5 000 000 ⏟ (1 + 𝑖 )−1 + ⏟
1 000 000 ⏟ 2 000 000 = 0
𝐴 𝑥2 𝐵 𝑥 𝐶

On ressort une équation quadratique :

−𝐵 ± √𝐵2 − 4𝐴𝐶 −1 000 000 ± √1 000 0002 − 4 ∗ (−5 000 000) ∗ 2 000 000
=
2𝐴 2 ∗ (−5 000 000)

−1 000 000 ± √1 000 0002 − 4 ∗ (−5 000 000) ∗ 2 000 000


=
2 ∗ (−5 000 000)

= 0.74031242 ou − 0.54031242

𝑥 = (1 + 𝑖 )−1 = 0.74031245 → 𝑖 ≅ 35.08%

À noter que parfois, certaines équations mèneront à des taux d’intérêt négatifs (par
exemple, refaire l’exemple précédent avec un remboursement de 2 500 000$ au lieu
de 4 000 000$ à la fin de la deuxième année…). Parfois, on obtiendra une racine
négative (le taux d’intérêt n’existe pas, la courbe ne touche pas à l’axe des x nulle
part…).

Et dans des cas plus complexes, on aura recours à des méthodes par itération, par
essai-erreur… Le solveur d’Excel (ou de tout autre programme informatique) et/ou la
calculatrice financière peuvent grandement aider dans certains cas. Par exemple,
refaire l’exemple précédent avec les mêmes montants, mais avec un remboursement
final de 4 000 000$ à la fin de la troisième année.

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