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I-Légitimité Dynastique
II-Légitimité Culturelle
A/ Un royaume islamique ?
B/ Influencé par la culture berbère
Dès le début du texte(L1 à L21), l'auteur établit une liste royale des princes
qui ont regnés au Songhaï, depuis le fondateur mythique « Za-Alayaman » (L1)
jusqu'au fondateur de la dynastie des Askïa « Askïa-El-Hadj-Mohammed »(L21). Il
sépare ces princes en 4 : d'abord les 14 princes de la dynastie des Za ou Zuwa non
convertis à l'Islam (L1 à L4), puis les 17 convertis(L7 à L13), ensuite les 19 de la
dynastie des Sonni (L14 à L21), et enfin, seulement le premier des Askïa (L21),
puisque cette dynastie sera étudiée en détail dans la suite du T'arikh as-Sudan.
Cependant, la véracité historique de cette liste royale est contestable. En effet,
celle ci ne correspond pas toujours aux noms qui figurent sur les stèles royales
retrouvées dans les sites archéologiques de Gao, Saney et Bentyia : les
inscriptions de Saney sont plus anciennes, et les noms mentionnés sont parfois
différents. Cette liste royale à donc visiblement pour objectif d’inscrire les
dynasties Songhaï dans le temps long, en démontrant leur grande ancienneté, et
en prouvant qu'il est possible d'établir une continuité dynastique qui remonte
jusqu'au fondateur mythique du royaume, légitimant de ce fait le règne de leurs
descendants à l'époque ou écrit Es-Sa'di. Ainsi, pour Paulo Fernando de Moraes
Farias, les listes dynastiques comme celles ci sont conçues dans le but de faire
remonter aussi loin que possible les origines de la dynastie, ce qui explique
qu'elles comprennent aussi bien des personnages historiques que des héros
mythiques ou folkloriques.
De même, les descendants de Za-Al-Ayaman sont présentés comme « des
hommes energiques, audacieux et braves , […] de forte corpulence et de haute
taille.» (L54 à L55). Cela contribue à donner une image prospère et forte des
dynasties Songhaï, qui comme rappelé dans la chronique, descendent tous d'une
manière ou d'une autre de Za-Al-Ayaman : Askïa Mohammed est le neveu de Sonni
Ali Bar, qui descends d'Ali Kolon, fondateur de la dynastie Sonni et lui même «
fils de Za Yasiboï » (L16). La descendance de Za-Al-Ayaman est d'ailleurs « si
nombreuse que Dieu seul sait combien il eut de descendants » (L54), ce qui
facilite grandement le rattachement à ce personnage, nottamment pour les
membres de la dynastie Askïa vivant à l’époque de rédaction du T'arrikh As-Sudan
(Askia Dawud IV?), soit au minimum plus de 650 ans après le premier règne daté,
qui est lui même séparé de Za-Al-Ayaman par 14 règnes.