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JOURNAL INTERNATIONAL DE PSYCHOLOGIE, 2001, 36 (4), 274–285

Contribution de l’apprentissage précoce d’une deuxième


langue au développement de la conscience linguistique et à
l’apprentissage de la lecture

Elisabeth Demont
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation, Université Louis Pasteur, Strasbourg et Centre de
Recherche en Psychologie, Cognition et Communication, Université de Haute Bretagne, Rennes

La présente étude a pour objectif d’évaluer la conscience linguistique et l’efficience en lecture d’enfants apprentis-lecteurs
scolarisés dans un site bilingue (Français-Allemand). Alors que les chercheurs se sont essentiellement intéressés aux effets du
bilinguisme sur le développement des habiletés métalinguistiques, nous nous intéressons pour notre part non seulement aux
effets de l’apprentissage précoce d’une deuxième langue sur la conscience linguistique mais également aux relations avec
l’apprentissage de la lecture. Nous postulons qu’un enfant exposé à l’apprentissage précoce d’une deuxième langue devrait
témoigner d’une conscience syntaxique plus développée et dès lors devrait aborder l’apprentissage de l’écrit avec plus de facilité
et présenter ainsi une efŽ cience supérieure en lecture dès les premières étapes de cet apprentissage. Autrement dit, l’apprentissage
précoce d’une deuxième langue nous semble ainsi susceptible d’avoir une incidence sur l’apprentissage de la lecture en facilitant
la prise de conscience par l’enfant de la structure formelle du langage (et plus particulièrement de sa structure syntaxique).
Nos résultats montrent une supériorité des enfants scolarisés depuis l’école maternelle dans un site bilingue: ils obtiennent des
performances supérieures à des épreuves de jugement et de correction d’agrammaticalité ainsi qu’à la reconnaissance de mots
écrits.
The present study aims to validate the effects of second language learning on children’s linguistic awareness. More particu-
larly, we examine whether bilingual background improves the ability to manipulate morpho-syntactic structure. We postulate
that children who received a precocious learning of two languages (French-German) may develop enhanced awareness and
control of syntactic structure since they need an appropriate syntactic repertoire in each language. In return, these children
will gain access to the written language with more ease. Our results show an advantage for the children who attended bilingual
classes since kindergarten: they were better at grammatical judgement and correction tasks and word recognition.

INTRODUCTION d’identiŽ er les composants phonologiques des unités


linguistiques et de les manipuler de façon délibérée’’
Accéder à l’écrit dans un système alphabétique implique la (Gombert, 1990).
mise en œuvre de la part de l’enfant de plusieurs processus • La décomposabilité des phrases en unités signiŽ cantes,
cognitifs conscients, dont la prise de conscience et le les mots dont l’ordre est régi par un ensemble de règles
contrôle des différents aspects du language : i.e. la syntaxiques. Et témoigner ainsi d’une conscience
conscience linguistique (linguistic awareness). Cette prise syntaxique (syntactic awareness) déŽ nie comme la
de conscience amène progressivement l’enfant à établir les “capacité de raisonner consciemment sur les aspects
connexions nécessaires entre langage oral et langage écrit syntaxiques du langage et de contrôler délibérément
et à saisir les spéciŽ cités de chacun d’eux. Ainsi et du fait l’usage des règles grammaticales’’ (Gombert, 1990).
de la structure hiérarchique du langage,1 l’apprenti-lecteur
doit prendre conscience de: Le rôle déterminant de la prise de conscience et du
contrôle de la structure formelle du langage – et plus
• La décomposabilit é des mots en différentes unités particulièrement de sa structure phonologique et
phonologiques (e.g. les syllabes et les phonèmes); et syntaxique – dans l’apprentissage efŽ cace de la lecture
témoigner ainsi d’une conscience phonologiqu e n’est plus à démontrer (cf. pour une revue de question,
(phonological awareness) déŽ nie comme la “capacité Gombert, 1990). Des recherches étudiant simultanément le

1
Le langage possède une structure hiérarchique comprenant d’une part, des segments en nombre inŽ ni, de différente taille et dont la signi-
Ž cation est immédiatement accessible (mots ou phrases) et d’autre part, des segments en nombre limité dépourvus de signiŽ cation et présentant
un degré d’accessibilité moindre (syllables ou phonèmes) pour le jeune enfant orienté jusque-là vers la signiŽ cation du message.

Les demandes de tirés-à-part doivent être adressées à Dr Elisabeth Demont, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation, Université
Louis Pasteur, 12 rue Goethe, 67000 Strasbourg, France.
Le courrier électronique peut être envoyé à Elisabeth.Demont@psycho-ulp.u-strasbg.fr.

Ó 2001 Union Internationale de Psychologie ScientiŽ que


http://www.tandf.co.uk/journals/pp/00207594.htm l DOI:10.1080/00207590042000137
APPRENTISSAGE PRÉCOCE D’UNE DEUXIÈME LANGUE 275

rôle respectif de la conscience phonologique et de la mots, le bilinguisme aurait un impact sur l’habileté
conscience syntaxique (Demont & Gombert, 1996; Gaux cognitive et/ou linguistique lorsque la compétence
& Gombert, 1999; Rego, 1991) montrent que les capacités langagière dans la langue seconde atteint un certain seuil
phonologiques s’avèrent déterminantes dans les capacités tout en restant inférieure à sa compétence dans la première
à reconnaître les mots écrits en facilitant la compréhension langue.
du principe alphabétique; en revanche, les capacités Dès lors, s’intéresser aux effets du bilinguisme nécessite
syntaxiques apparaissent pour leur part mobilisées au de prendre en considération le niveau de maîtrise de la
niveau des capacités de compréhension écrite. Toutefois, la deuxième langue. Toutefois, d’autres paramètres sont
contribution de la conscience syntaxique ne serait pas également à considérer, et notamment l’âge d’acquisition.
directe mais se ferait de manière indirecte par Ce dernier paramètre amène les auteurs à distinguer le
l’intermédiaire du recodage phonologique (Nocus & bilinguisme précoce simultané (exposition aux deux
Gombert, 1997; Tunmer & Hoover, 1992). langues dès la naissance) et le bilinguisme consécutif
Des études récentes s’intéressant à la contribution du (apprentissage de la deuxième langue après avoir intégré
bilinguisme au développement de la conscience une première langue). De fait, les langues peuvent être
linguistique de l’enfant soulignent l’existence d’un acquises dans des conditions totalement différentes. Elles
bilingual advantage (pour une revue de question, Bialystok, peuvent être acquises au sein de la famille où les parents
1991). Cette hypothèse, en opposition avec l’hypothèse du parlent chacun une langue en présence de leur enfant ou
bilingual deŽ cit (e.g. Palmer, 1972), est étayée par un encore strictement à l’école. Dans ce dernier cadre,
certain nombre de résultats expérimentaux qui soulignent différents dispositifs éducatifs ont été mis en place. Ainsi,
la supériorité des enfants bilingues à des épreuves devançant les prérogatives du Ministère Français de
métalinguistiques telles que des épreuves de manipulatio n l’Education Nationale encourageant l’enseignement
de la structure phonologique du langage (e.g. Bialystok, précoce de langue vivante (1995), le Rectorat de
1988; Bialystok & Majumder, 1998; Campbell & Sais, l’Académie de Strasbourg a, dès 1972, réintroduit
1995; Rubin & Turner, 1989) ou de sa structure syntaxique l’enseignement de l’allemand dans le primaire (dans un
(e.g. Ben-Zeev, 1977; Bialystok, 1986; Cromdal, 1999; premier temps, trois hebdomadaires puis treize
Cummins, 1978). Ainsi, l’exposition à une deuxième hebdomadaires) . Sont ainsi apparus les sites bilingues à
langue semble faciliter l’émergence des compétences parité horaire (13 heures d’enseignement en français et 13
métalinguistiques. De fait, l’enfant bilingue immergé dans heures d’enseignement en allemand). La particularité de
un environnement linguistique complexe va adopter une l’enseignement bilingue est “d’utiliser la langue comme
attitude plus analytique et se focaliser non seulement sur le vecteur d’apprentissage pour les activités de l’école
sens mais également sur la forme. Cette expérience à maternelle et les disciplines de l’école élémentaire.
analyser et structurer simultanément deux systèmes Autrement dit, il ne s’agit pas simplement d’enseigner une
linguistiques accélérerait ainsi d’une part, l’extraction des autre langue mais bien de conduire l’enseignement dans
règles et structures lingustiques abstraites et d’autre part, cette nouvelle langue de manière à apprendre la langue de
la compréhension du caractère arbitraire du signe manière naturelle et directe’’ (circulaire du Rectorat de
linguistique. Une des différences essentielles entre l’enfant Strasbourg , 1994). Deux principes constituent le
bilingue et l’enfant monolingue réside ainsi dans l’analyse fondement des sites bilingues. D’une part, le principe de
et le contrôle plus précoces par l’enfant bilingue de ses répartition des enseignements en français et en allemand
connaissances linguistiques, notamment de la structure entre deux enseignants, i.e. “un enseignant, une langue’’
formelle du langage. Autrement dit, les enfants bilingues (Ronjat, 1913 cité par Hagège, 1996). Ce principe évite les
traitent le langage d’une manière autre et plus avancée que risques de confusion entre les deux langues. D’autre part,
leurs pairs monolingues (Weinreich, 1953). le cursus bilingue est fondé sur le principe de précocité et
Néanmoins, différentes études échouent à mettre en la continuité de l’apprentissage de la deuxième langue.
évidence la supériorité des enfants bilingues à des épreuves L’enfant accède à un site bilingue dès l’école maternelle, à
métalinguistiques (e.g. Demont, Louvet & Nocus, 2001; l’âge de trois ou quatre ans et y effectue autant que
Palmer, 1972; Rosenblum & Pinker, 1983). Les auteurs se possible une scolarité complète.
sont alors interrogés sur les facteurs susceptibles de rendre Dans le domaine du bilinguisme, la revue de la
compte de tels résultats contradictoires et ont proposé de littérature permet de constater que si les chercheurs se sont
considérer le degré de bilinguisme comme un facteur largement intéressés aux effets du bilinguisme sur le
critique dans la détermination des effets du bilinguism e développement des capacités métalinguistiques, ils ont en
(Cummins, 1981; Hakuta & Diaz, 1985). Selon Cummins revanche relativement peu abordé la question de leurs
(1981), le facteur essentiel serait le niveau absolu de effets sur l’apprentissage de la lecture. Nous pouvons
l’efficience dans les deux langues. Autrement dit, toutefois citer les études conduites dans des contextes
l’apprentissage d’une deuxième langue influencerai t plurilingues où les enfants poursuivent ou débutent leurs
positivement le développement cognitif et linguistique de études dans une langue autre que leur langue première. De
l’enfant lorsque celui-ci a atteint un seuil minimal de telles études s’intéressent alors plus particulièrement aux
compétence dans les deux langues. En revanche, selon effets du bilinguisme sur l’apprentissage de la lecture en
Hakuta & Diaz (1985), le facteur essentiel serait le niveau langue seconde (Armand, 2000; Carlisle, Beeman, Davis &
relatif de l’efŽ cience dans les deux langues. En d’autres Spharim, 1999; Durgunoglu, Nagy & Hancin-Bhatt, 1993;
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Francis, 1999). De façon générale, les capacités bibliothèques) évaluées à l’aide d’un questionnaire adressé
métalinguistiques apparaissent avoir un rôle déterminant aux parents (cf. Résultats).
sur l’apprentissage de la lecture en langue seconde en L’inscription en site bilingue est fondée sur le
semblant notamment permettre aux bilingues de volontariat. Il peut ainsi être postulé que ce sont les
compenser leur faiblesse au niveau de leurs connaissance s familles aisées qui sont les plus conscientes des bénéŽ ces de
langagières en langue seconde. l’enseignement bilingue et en conséquence, postulé que cet
La présente étude a pour objectif d’évaluer la enseignement est réservé à une élite. AŽ n d’éviter un
conscience linguistique en relation avec l’efŽ cience en éventuel biais lié à des différences d’origine socio-
lecture d’enfants scolarisés en première année culturelle, nous avons choisi deux classes faisant partie
d’apprentissage dans un site bilingue à parité horaire d’un même groupe scolaire accueillant des enfants
(français-allemand). Nous nous intéressons non seulement habitant un quartier essentiellement résidentiel. Le niveau
aux effets de l’apprentissage précoce d’une deuxième d’études ainsi que la catégorie socio-professionnelle des
langue (l’allemand) sur le développement de la conscience parents ont été par ailleurs vériŽ és (cf. Tableau 1).
linguistique mais également aux relations avec
l’apprentissage de la lecture. En référence à l’hypothèse du Matériel
bilingual advantage, nous postulons qu’un enfant exposé à
l’apprentissage précoce d’une deuxième langue devrait Différentes épreuves ont été présentées aux enfants lors de
témoigner d’une conscience syntaxique plus développée et passations individuelles : (1) des épreuves de conscience
dès lors devrait aborder l’apprentissage de l’écrit avec plus linguistique ; (2) des épreuves de lecture et enŽ n (3) des
de facilité et présenter ainsi une efŽ cience supérieure en épreuves évaluant l’efficience générale et verbale des
lecture dès les premières étapes de cet apprentissage. enfants. Pour l’ensemble des épreuves, un point est attribué
Autrement dit, l’apprentissage précoce d’une deuxième pour chaque réponse correcte.
langue nous semble ainsi susceptible d’avoir une incidence
sur l’apprentissage de la lecture en facilitant la prise de Épreuves de conscience
conscience par l’enfant de la structure formelle du langage linguistique
(et plus particulièrement de sa structure syntaxique).
Les épreuves de conscience linguistique exigeant toutes
MÉTHODE une activité ré exive sur le langage ont été présentées aux
enfants de façon exclusivement orale et demandaient de
leur part une réponse orale. Deux items d’entraînement
Population
avec feed-back correctif précédaient la phase
expérimentale sans feed-back correctif quant à elle.
Au total, 43 enfants en première année d’apprentissage
(âge moyen: 6 ans 7 mois - de 6,3 à 7,1 ans) ont été évalués
Épreuve de suppression phonémique. Cette épreuve a
en début d’année scolaire (décembre): 20 enfants sont
pour objectif de tester la capacité de l’enfant à manipuler
scolarisés dans une classe traditionnelle monolingu e
la structure phonémique du langage. L’enfant doit sup-
(français) et 23 enfants sont scolarisés depuis l’école
primer le phonème initial, médian et enŽ n le phonème Ž nal
maternelle dans un site bilingue à parité horaire (13 heures
d’items uni- et bisyllabiques. AŽ n de supprimer l’unité
d’enseignement en français et 13 heures en allemand). Quel
demandée, l’enfant doit être capable de l’isoler, de le sup-
que soit le groupe, les enfants abordent la lecture avec une
primer puis prononcer ce qui reste.
même méthode d’apprentissage centrée sur la mise en
place des correspondances grapho-phon émiques. Nous Exemples: Phonème initial (8 items): nappe ® appe;
avons veillé par ailleurs à contrôler certaines variables lapin ® apin
réputées avoir une incidence sur l’apprentissage de la Phonème médian (8 items): train ® tain;
lecture, notamment l’origine socio-professionnelle des hoquet ® hoet
parents ainsi que les pratiques familiales vis-à-vis de l’écrit Phonème Ž nal (8 items): cil ® ci; massif ®
(e.g. lecture d’histoire à l’enfant, fréquentation de massi

TABLEAU 1
Répartition (en %) en fonction du niveau d’études et de la classe socio-professionnelle des parents

Site monolingue Site bilingue Test t

Niveau d’études des parents


• CAP-BEP 30% 9.1% t(40) 5 2 0.202
• Bac 10% 22.7% P 5 0.840
• Etudes supérieures 60% 68.2%

Classe socio-professionnelles des parents


• Professions intermédiaires 30% 27.2% t(40) 5 2 1.57
• Cadres supérieurs – Professions libérales 70% 7.28% P 5 0.123
APPRENTISSAGE PRÉCOCE D’UNE DEUXIÈME LANGUE 277

Épreuve de jugement grammatical. Cette épreuve Épreuve d’arithmétique


demande à l’enfant de ré échir sur la structure syntaxique
L’épreuve d’arithmétique du WISC-III a permis quant à
et morpho-syntaxique du langage. L’enfant doit juger la
elle d’évaluer, en Ž n d’année scolaire (juin), l’efŽ cience en
grammaticalité de 32 phrases dont 8 grammaticales et 24
arithmétique.
agrammaticale s. Les agrammaticalit és sont de trois types:
Épreuves contrôlées d’efŽ cience
• Anomalie morphémique (8 items): l’anomalie concerne
générale et verbale
un seul morphème.
Exemples: les cheveux du dame sont noirs – je tenons Les différences inter-groupes pouvant s’expliquer par une
la main de Maman efŽ cience générale et/ou verbale, nous avons veillé à les
évaluer à l’aide d’une part des Progressive Matrice de
• Inversion de l’ordre des mots (8 items): l’anomalie
Raven (PM47–1981), test non-verbal classiquement
concerne l’ordre des constituants de la phrase.
considéré comme un bon indicateur de l’habileté générale
Exemples: elle chien son a perdu – déteste le garçon
et à l’aide du subtest verbal “similitudes’’ du WISC-III
l’école
(1996).
• Phrases construites sur le modèle allemand (huit items):
il s’agit de phrases dont la structure syntaxiqu e Déroulement
respecte les règles syntaxiques de l’allemand mais est
incorrecte en français; e.g. inversion adjectif- Les différentes épreuves de conscience linguistique et de
substantif, renvoi du verbe en Ž n de phrase. lecture de mots isolés ainsi que l’épreuve de similitudes ont
Exemples: c’est mon préféré livre – il veut au ballon été présentées lors d’une séance individuelle de 30 minutes
jouer au début de l’année scolaire (décembre). L’épreuve de
compréhension et les Progressive Matrice de Raven ont été
Épreuve de correction d’agrammaticalité. Dans un pour leur part présentées lors d’une passation collective
deuxième temps, l’enfant doit corriger les 24 phrases (30 minutes également). L’ordre de présentation des
agrammaticales présentées ci-dessus. épreuves est le même pour tous les enfants. AŽ n d’obtenir
une évaluation de l’efŽ cience en lecture à la Ž n de la
Épreuve de correction d’agrammaticalité de phrases première année d’apprentissage, les épreuves de lecture ont
asémantiques et agrammaticales. L’enfant doit corriger été présentées une nouvelle fois à la Ž n de l’année scolaire
l’agrammaticalit é de 24 phrases asémantiques et (juin). Par ailleurs, la présentation d’une épreuve
agrammaticales sans corriger leur anomalie sémantique. d’arithmétique en Ž n d’année scolaire a pour objectif de
Les agrammaticalités reprennent les trois types d’anom- nous permettre de déterminer si l’apprentissage précoce
alies décrits ci-dessus: d’une deuxième langue contribue exclusivement au
développement de la conscience linguistique et à
• Anomalie morphémique. Exemple: Blanche-Neige est l’apprentissage de la lecture ou s’il contribue également au
une sorcier développement des habiletés arithmétiques.
• Inversion de l’ordre des mots. Exemple: le boucher du
bon pain vend RESULTATS
• Phrases construites sur le modèle allemand. Exemple: il
a une pierre mangé
Contrôle des pratiques familiales
Épreuves de lecture liées à l’écrit
L’efficience en reconnaissance des mots et en Les pratiques familiales des parents d’enfants scolarisés
compréhension est évaluée à deux reprises en début dans le site bilingue ont été comparées avec les pratiques
(décembre) et Ž n d’année scolaire (juin). familiales des parents d’enfants scolarisés dans le site
traditionnel (cf. Annexe 1). Les enfants des deux sites
Lecture de mots isolés. L’enfant doit lire huit non mots bénéficient de pratiques familiales vis-à-vis de l’écrit
(e.g. pabi ); huit mots réguliers (e.g. maison) et enŽ n huit fréquentes et diversiŽ ées. Ainsi, dans les deux classes, un
mots irréguliers ne pouvant pas être lus pour leur part par enfant sur deux est abonné à une revue; les enfants
application des règles de correspondances graphème- fréquentent régulièrement (une à deux fois par mois) les
phonème (e.g. femme). biblioth èques municipales dans des proportion s
comparables (55% des enfants du site monolingue et 59.1%
Test de compréhension de Khomsi (1990). Ce test est des enfants du site bilingue). Quel que soit le groupe, les
composé de 20 planches de quatre images disposées en enfants possèdent un nombre conséquent de livres
quadrant et de 20 énoncés correspondant à des phrases personnels (57.1% des enfants du site bilingue entre 50 et
simples (e.g. le garçon s’habille) ou complexes (e.g. le chat 100 livres et 75% des enfants du site monolingue entre 0 et
dont j’ai tiré la queue m’a griffé). L’enfant doit lire l’énoncé 50 livres). Le nombre supérieur de livres possédés par les
puis désigner l’image lui semblant correspondre à l’énoncé. enfants du site bilingue doit sans doute être lié au fait que
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TABLEAU 2
la majorité d’entre eux possèdent des livres dans les deux Performances moyennes sur 100 (et écart-types) aux épreuves
langues (français et allemand). Par ailleurs, les parents d’efŽcience non verbale (Progressive Matrice de Raven) et verbale
lisent régulièrement des histoires à leurs enfants: 79% des (similitudes) en fonction du site.
parents d’enfants scolarisés dans la classe traditionnell e
Site monolingue Site bilingue
lisent souvent ou tous les jours une histoire vs 90.1%. Il
peut être ainsi constaté que les parents des enfants du site Progressive 53.89 (16.61) 55.92 (14.08)
bilingue lisent signiŽ cativement plus fréquemment que les Matrice
parents des enfants de la classe monolingue [t(40) 5 2.22, Centilage 90 e centile 90 e centile F(1,41) = 0.19; p = 0.66
Similitudes 47.25 (20.65) 50.20 (19.75) F(1,41) = 0.23; p = 0.63
p 5 .032]. Néanmoins, cette différence de pratique
n’apparaît pas avoir d’incidence sur l’apprentissage de la
lecture (absence de corrélations signiŽ catives entre les
scores en lecture et les différentes variables concernant les d’une analyse de variance pour plan à deux facteurs
pratiques familiales vis-à-vis de l’écrit, cf. Annexe 2). (facteur site à deux modalités et facteur nature de l’unité à
La qualité du bilinguisme en devenir chez les enfants supprimer à trois modalités).
scolarisés dans les sites bilingues dépend certes de Les enfants scolarisés dans le site bilingue obtiennent à
l’enseignement et de la vie à l’école mais aussi de la l’épreuve de suppression phonémique des performances
présence de la langue allemande en dehors de l’école. Nous non signiŽ cativement différentes (36.04%) de celles des
nous sommes ainsi intéressés à la pratique de l’allemand enfants monolingues (28.95%) [F(1,41) 5 0.81; p 5 .372].
hors cadre scolaire. Les parents des enfants scolarisés dans Par ailleurs, quel que soit le groupe, la suppression du
le site bilingue ne sont pas bilingues; toutefois, 60% d’entre phonème Ž nal apparaît signiŽ cativement mieux réussie
eux parlent l’allemand (33.4% moyennement et 27.3% (43.31%) que la suppression du phonème initial (26.45%)
bien). 2 Les familles parlant exclusivement le français à la et intermédiaire (29.49%) [F(2,82) 5 6.06; p 5 .003]
maison, les enfants sont en conséquence essentiellement (interaction site * unité phonémique non signiŽ cative).
exposés à l’allemand dans le cadre scolaire. Néanmoins, il Dans le cas de la suppression du phonème Ž nal, les enfants
peut être constaté que les parents offrent à leur enfant semblent effectuer une suppression pseudo-syllabique. Par
l’opportunité de pratiquer l’allemand sur des supports exemple, lorsque les enfants doivent supprimer le l de cil,
variés: livres (77.3%); disques (50%) et vidéos (31.8%). De ils semblent accentuer le phonème Ž nal en ajoutant un e
même, 54.54% des enfants scolarisés dans le site bilingue muet (ci-le) et supprimer alors la pseudo-syllabe ainsi
regardent la télévision allemande. constituée. Cette stratégie pseudo-syllabique nous semble
ainsi en partie rendre compte de la supériorité des
Contrôle de l’efŽ cience générale et performances observées à la suppression du phonème
verbale Ž nal.

Deux analyses de variance pour plan à un facteur (facteur Conscience syntaxique


site à deux modalités) ont été réalisées sur les
performances moyennes obtenues par les enfants des deux La comparaison des performances obtenues par les
groupes d’une part à l’épreuve d’efficience générale enfants des deux groupes à chacune des trois épreuves
(Progressive Matrice de Raven) et d’autre part, à l’épreuve syntaxiques (cf. Tableau 4) a donné lieu à la réalisation
d’efŽ cience verbale (similitudes) (cf. Tableau 2). d’analyses de variance pour plan à deux facteurs (facteur
Les enfants des deux groupes ne diffèrent pas site à deux modalités et facteur type d’agrammaticalité à
signiŽ cativement au niveau de leur efŽ cience générale trois modalités).
[F(1,41) 5 .19; p 5 .66] et verbale [F(1,41) 5 .23; p 5 .63].
En conséquence, les éventuelles différences observées entre Jugement grammatical. Les enfants du site bilingue
les deux groupes aux épreuves de conscience linguistique et obtiennent à l’épreuve de jugement grammatical des
de lecture ne pourront être attribuées à des différences performances signiŽ cativement supérieures (64.99%) à
inter-groupes des capacités générales des enfants. celles des enfants monolingues (44.54%) [F(1,41) 5 9.75;
p 5 .003]. Tous groupes confondus, les performances des
Analyse des performances aux enfants ne diffèrent pas signiŽ cativement en fonction de
l’agrammaticalit é à juger [F(2,82) 5 1.68; p 5 .19].
épreuves de conscience linguistique
L’interaction signiŽ cative site * type d’agrammaticalité
[F(2,82) 5 4.23; p 5 .018] est liée à l’absence de différence
Conscience phonologique
signiŽ cative entre les deux groupes pour le jugement d’une
La comparaison des performances moyennes obtenues par anomalie morphémique (46.25% pour les enfants
les enfants des deux groupes aux épreuves de suppression monolingues et 55.43% pour les enfants du site bilingue )
phonémique (cf. Tableau 3) a donné lieu à la réalisation et l’existence de différences significatives pour le
jugement de l’inversion intersyntagmatique (respective-
2
La détermination du degré de bilinguisme parental repose sur ment, 41.66% et 72.46%) et de phrases construites selon
une auto-évaluation faite par les parents eux-mêmes dans le cadre du la structure syntaxique allemande (respectivement,
questionnaire. 45.71% et 67.08%).
APPRENTISSAGE PRÉCOCE D’UNE DEUXIÈME LANGUE 279

TABLEAU 3
Performances moyennes (et écart-types) aux épreuves de suppression phonémique (sur 100) en fonction du site.

Site monolingue Site bilingue ­ Tous groupes

Suppression du phonème initial 24.37 (26.74) 28.26 (28.50) 3.89 26.45 (27.44)
Suppression du phonème intermédiaire 26.87 (34.95) 29.89 (36.87) 3.02 29.49 (35.59)
Suppression du phonème Ž nal 35.65 (33.99) 50.00 (31.31) 14.3 43.31 (32.99)
Moyenne 28.95 (31.89) 36.04 (32.22) 7.09 32.49 (32.05)

Note: ­ correspond à la différence entre les performances des enfants scolarisés dans le site bilingue et celles obtenues par les
enfants scolarisés dans le site monolingue.

TABLEAU 4
Performances moyennes (écart-types) aux différentes épreuves de conscience syntaxique (sur 100) en fonction du site.

Site monolingue Site bilingue ­ Tous groupes

Jugement grammatical
Anomalie morphémique 46.25 (28.12) 55.43 (22.24) 9.18 51.16 (25.26)
Inversion syntagmatique 41.66 (27.66) 72.46 (18.61) 30.80 58.14 (27.73)
Modèle allemand 45.71 (32.31) 67.08 (24.15) 21.37 57.14 (29.90)
Moyenne 44.54 (29.33) 64.99 (21.66) 20.45 54.76 (25.49)

Correction de phrases agrammaticales


Anomalie morphémique 43.12 (28.52) 51.09 (19.18) 7.97 47.38 (24.02)
Inversion syntagmatique 41.11 (27.24) 68.60 (19.14) 27.49 55.81 (26.83)
Modèle allemand 42.14 (29.12) 61.49 (20.85) 19.35 52.49 (26.58)
Moyenne 42.12 (28.29) 60.39 (1972) 18.27 51.25 (24.01)

Correction de phrases asémantiques


et agrammaticales
Anomalie morphémique 40.00 (19.27) 51.08 (23.51) 11.08 45.93 (22.11)
Inversion syntagmatique 30.00 (27.00) 48.31 (30.26) 18.31 39.79 (29.91)
Modèle allemand 22.86 (19.33) 39.75 (25.83) 16.89 31.89 (24.31)
Moyenne 30.95 (21.87) 46.38 (26.53) 15.43 38.66 (24.20)

Note: ­ correspond à la différence entre les performances des enfants scolarisés dans le site bilingue et celles obtenues par les
enfants scolarisés dans le site monolingue.

Correction d’agrammaticalité. Les enfants du site p 5 .000] (interaction site * agrammaticalité non signiŽ ca-
bilingue obtiennent à l’épreuve de correction d’agram- tive). Plus particulièrement, la correction de phrases
maticalité des performances signiŽ cativement supérieures construites sur le modèle syntaxique allemand est
(60.39%) à celles des enfants monolingues (42.12%) signiŽ cativement moins bien réussie (31.89%) compara-
[F(1,41) 5 8.89; p 5 .004]. Les performances des enfants tivement à la correction d’une anomalie morphémique
ne diffèrent pas signiŽ cativement en fonction de l’agram- (45.93%) ou de l’inversion de l’ordre des mots (39.79%)
maticalité à corriger [F(2,82) 5 2.71; p 5 .072]. Enfin, (Test de Tukey).
l’interaction signiŽ cative site * type d’agrammaticalité
[F(2,82) 5 4.27; p 5 .017] est liée à l’absence de Analyse des performances en lecture
différence significative entre les deux groupes pour la
correction d’une anomalie morphémique (43.12% pour Reconnaissance de mots écrits
les enfants monolingues et 51.09% pour les enfants du
site bilingue) et à l’existence de différences significative s Une analyse de variance pour plan à mesures répétées à
pour la correction de l’inversion de l’ordre des mots deux facteurs (facteur type de mots à trois modalités et
(respectivement, 41.11% et 68.60%) et de phrases facteur moment d’évaluation à deux modalités) a été
construites selon le modèle allemand (respectivement, réalisée sur les performances recueillies aux épreuves de
42.14% et 61.49%). lecture de mots isolés (cf. Tableau 5).
Quel que soit le moment d’évaluation, les enfants du site
Correction de phrases asémantiques et agrammaticales. bilingue obtiennent des performances supérieures à la
Les enfants du site bilingue obtiennent des performances lecture de mots isolés (54.79%) comparativement aux
à l’épreuve de correction d’agrammaticalit é de phrases enfants du site monoling ue (41.77%) [F(1,41) 5 8.23;
asémantiques et agrammaticales signiŽ cativement p 5 .006]. De façon non surprenante, l’efŽ cience dans la
supérieures (46.75%) à celles des enfants monolingues reconnaissance de mots écrits augmente entre le début
(31.25%) [F(1,41) 5 5.41; p 5 .04]. Quel que soit le groupe, (28.29%) et la Ž n d’année scolaire (69.18%) [F(1,41) 5
les performances des enfants diffèrent signiŽ cativement en 170.8; p 5 .000] (interaction site * moment d’évaluation
fonction de l’agrammaticalité à corriger [F(2,82) 5 10.39; non signiŽ cative).
280 DEMONT

TABLEAU 5
Performances moyennes (et écart-types) aux épreuves de lecture de mots isolés (sur 100) en fonction du site.

Site monolingue Site bilingue ­ Tous groupes

Performances recueillies lors de la


passation de décembre
Lecture de non mots 30.00 (26.41) 54.89 (33.23) 14.89 43.31 (32.42)
Lecture de mots réguliers 26.25 (28.93) 40.21 (31.29) 13.96 33.72 (30.68)
Lecture de mots irréguliers 6.25 (10.34) 9.24 (14.70) 2.99 7.84 (12.80)
Lecture totale 20.83 (21.89) 34.76 (26.41) 13.95 28.29 (25.30)

Performances recueillies lors de la


passation de juin
Lecture de non mots 72.50 (18.40) 86.95 (16.20) 14.45 80.23 (18.54)
Lecture de mots réguliers 81.25 (15.44) 90.21 (12.47) 8.96 86.04 (14.48)
Lecture de mots irréguliers 34.37 (18.08) 47.28 (24.98) 12.91 41.28 (22.74)
Lecture totale 62.71 (17.31) 74.81 (17.88) 12.10 69.18 (18.58)

Performances moyennes quelle


que soit la passation
Lecture de non mots 51.25 (22.40) 70.92 (24.71) 19.67 61.77 (25.48)
Lecture de mots réguliers 53.75 (22.18) 65.21 (21.80) 11.46 59.88 (22.58)
Lecture de mots irréguliers 20.31 (14.21) 28.26 (19.84) 7.95 24.56 (17.77)
Lecture totale 41.77 (19.59) 54.79 (22.11) 13.02 48.73 (21.94)

Note: ­ correspond à la différence entre les performances des enfants scolarisés dans le site bilingue et celles obtenues par les
enfants scolarisés dans le site monolingue.

Tous groupes confondus, les enfants obtiennent des compréhension [F(1,41) 5 .008; p 5 .926]. Quel que soit le
scores signiŽ cativement inférieurs à la lecture de mots groupe, l’efŽ cience en compréhension augmente de façon
irréguliers (24.56% vs 59.88% à la lecture de mots réguliers signiŽ cative entre le début de l’année scolaire et la Ž n de
et 61.77% à la lecture de non mots) [F(2,82) 5 180.67; l’année: les performances passent de 33.15% à 80.15%
p 5 .0000]. Les enfants ont ainsi majoritairement recours [F(1,41) 5 15.24; p 5 .003] (interaction site * moment de
à la procédure d’assemblage par conversion phonologiqu e l’évaluation non signiŽ cative).
(i.e. par application des correspondences grapho-
phonologiques) ; ce qui engendre alors des erreurs de Analyse des performances en
régularisation pour la lecture des mots irréguliers. arithmétique
Toutefois, en Ž n d’année scolaire, les enfants lisent un plus
grand nombre de mots irréguliers (mots irréguliers Une analyse de variance à un facteur (facteur site à deux
fréquents notamment). Ce qui traduit la mise en place modalités) a été réalisée sur les performances obtenues par
progressive, à la Ž n de la première année d’apprentissage, les enfants des deux groupes à l’épreuve d’arithmétique
de la procédure directe par adressage (i.e. par accès direct (cf. Tableau 7).
à la représentation stockée dans le lexique mental). EnŽ n, Les enfants du site bilingue obtiennent à l’épreuve
les enfants ne paraissent pas sensibles à un effet de d’arithmétique des performances significativemen t
lexicalité (i.e. ils lisent autant de mots réguliers que de non inférieures (74.3%) à celles des enfants du site monolingue
mots). Par ailleurs, il convient de souligner l’existence (87.3%) [F(1,41) 5 7.25; p 5 .01]. Leur aptitude en
d’une interaction significative site * nature de l’item arithmétique a été testée en français alors que cet
[F(2,82) 5 3.77; p 5 .02]. L’interaction signiŽ cative est liée enseignement est dispensé en allemand. Il serait intéressant
à l’absence de différence significative entre les deux de comparer leurs performances à une épreuve de
groupes pour la lecture des mots irréguliers (20.31% pour résolution de problèmes arithmétiques présentés en
les enfants monolingues et 28.26% pour les enfants allemand. Cette comparaison permettrait de déterminer si
bilingues) et la supériorité signiŽ cative des enfants du site l’infériorité observée doit être – ou non – attribuée à la
bilingue à la lecture de mots réguliers (65.25%) et de non langue dans laquelle était présentée l’épreuve (i.e. en
mots (70.88%) comparativement aux enfants monolingues français) ou si elle doit être attribuée à une mauvaise
(qui obtiennent à ces deux tests 53.75% et 51.25%) (test de maîtrise des procédures arithmétiques.
Tukey).
Analyse des corrélations
Compréhension
Le Tableau 6 présente les performances moyennes La recherche des corrélations a pour objectif de
obtenues aux différentes épreuves de compréhension en déterminer le degré d’association entre l’apprentissage
fonction du site. d’une deuxième langue, la conscience phonologique et
Les enfants du site bilingue obtiennent des syntaxique, l’efŽ cience en lecture et l’efŽ cience générale
performances non significativemen t différentes en (PM). La conscience phonologique est estimée à l’aide
APPRENTISSAGE PRÉCOCE D’UNE DEUXIÈME LANGUE 281

TABLEAU 6
Performances moyennes (et écart-types) aux épreuves de compréhension (sur 100) en fonction du site.

Site monolingue Site bilingue ­ Tous groupes

Passation de décembre 32.75 (29.05) 33.50 (22.15) 0.75 33.15 (25.25)


Passation de juin 78.50 (18.05) 81.50 (10.00) 3.00 80.15 (14.10)
Moyenne 55.62 (23.55) 57.50 (16.07) 1.88 56.56 (19.81)

Note: ­ correspond à la différence entre les performances des enfants scolarisés dans le site bilingue et celles obtenues
par les enfants scolarisés dans le site monlingue.

TABLEAU 7
Performance moyennes (sur 100) à l’épreuve d’arithmétique présentée en juin

Site monolingue Site bilingue ­ Tous groupes

Arithmétique 87.3 (14.1) 74.3 (16.7) 2 13.00 80.2 (16.7)

Note: ­ correspond à la différence entre les performances des enfants scolarisés dans le site bilingue et celles
obtenues par les enfants scolarisés dans le site monolingue.

d’un score total combinant les scores obtenus aux trois Corrélations entre la conscience
épreuves de suppression phonémique. La conscience linguistique et l’efŽ cience en
syntaxique est estimée quant à elle à l’aide d’un score total lecture (cf. Tableau 9)
combinant les performances recueillies aux trois épreuves
L’étude de la matrice des corrélations permet de constater
syntaxiques (i.e. jugement, correction et correction de
l’existence de corrélations significatives entre les
phrases asémantiques et agrammaticales) . De même,
performances aux épreuves de conscience linguistique et
l’efficience en lecture est estimée par un score
les performances aux épreuves de lecture. Plus
“reconnaissance des mots écrits’’ combinant les scores à la
particulièrement, la conscience phonémique corrèle
lecture de mots réguliers, de mots irréguliers et de non
signiŽ cativement avec l’efŽ cience en lecture de mots isolés
mots et d’autre part, par un score de compréhension. La
et en compréhension, et ce quel que soit le moment
conversion de ces différents scores en scores z permettra de
d’évaluation de la lecture. L’existence de ces corrélations
nous assurer de la comparabilit é des échelles de mesure
rend compte de la nécessité à décomposer la structure
entre toutes les variables entrées dans les analyses
phonologique du langage lors de la mise en place de la
subséquentes (analyses de corrélation et de régression).
conversion phonologique utilisée essentiellement en début
d’apprentissage. La conscience syntaxique quant à elle
Corrélations entre l’apprentissage
s’avère corréler signiŽ cativement avec les performances en
précoce de l’allemand et les
lecture de mots isolés (décembre et juin) et corréler
performances recueillies aux
uniquement avec les scores en compréhension recueillis en
différentes épreuves (cf. Tableau 8)
juin. La conscience syntaxique apparaît ainsi agir de deux
L’analyse de la matrice de corrélations permet de façons sur l’apprentissage de la lecture. D’une part, elle
déterminer s’il existe un lien entre l’appartenance à l’un ou apparaît aider, au tout début de l’apprentissage, l’appren-
l’autre groupe (site monolingue vs site bilingue) et les ti-lecteur à l’identification des mots pour contribuer
performances aux différentes épreuves (épreuves de ultérieurement aux capacités de compréhension.
conscience linguistique, de lecture et épreuves d’efŽ cience En dernier lieu, il convient de souligner l’absence de
générale, verbale et arithmétique). corrélations signiŽ catives entre les performances aux tests
L’apprentissage d’une deuxième langue permet de de lecture et les performances à l’épreuve d’arithmétique. Il
présager des capacités d’analyse de la structure syntaxique n’apparaît pas ainsi exister de lien entre l’efŽ cience en
(R 5 .44; p < .001) et de l’efŽ cience dans la reconnaissanc e lecture évaluée au début et en Ž n d’année scolaire et les
des mots en décembre (R 5 .33; p < .05) et juin (R 5 .41; compétences en arithmétique évaluées pour leur part en Ž n
P < .001). Par ailleurs, l’existence d’une corrélation d’année.
significative négative avec le score en arithmétique L’analyse des corrélations met donc en évidence
(R 5 2 .39; p < .001) rend compte de l’infériorité des l’existence de corrélations signiŽ catives entre d’une part,
performances des enfants du site bilingue à cette épreuve. l’apprentissage précoce de l’allemand et les performances
Ces différentes corrélations corroborent ainsi les résultats aux épreuves de conscience syntaxique et de lecture;
des analyses inférentielles qui avaient mis en évidence une d’autre part, des corrélations entre conscience syntaxique
supériorité signiŽ cative des enfants du site bilingue aux et performances en lecture. Il nous paraît alors légitime de
épreuves de conscience syntaxique et de lecture de mots nous demander si l’apprentissage précoce d’une deuxième
isolés ainsi que leur infériorité signiŽ cative à l’épreuve langue contribue directement à l’apprentissage de la
d’arithmétique. lecture ou si sa contribution est médiatisée par la
282 DEMONT

TABLEAU 8
Corrélations entre la variable site et les scores obtenus aux différentes épreuves (n = 43)

C.PHO C.SYN REC.D REC.J CPH.D CPH.J EF.GE EF.VB ARIT

SITE 0.14 0.44** 0.33* 0.41** 0.01 0.10 0.07 0.09 2 0.39**

Note 1: * = R signiŽ catif à P < .05; ** R signiŽ catif à p < .01


Note 2: C.PHO: conscience phonologique; C.SYN: conscience syntaxique; REC.D: reconnaissance des mots en décembre; REC.J:
reconnaissance des mots en juin; CPH.D: compréhension décembre; CPH.J: compréhension juin; EF.GE: efŽ cience générale; EF.VB: efŽ cience
verbale: ARIT: arithmétique

TABLEAU 9
Corrélations entre les performances aux différentes épreuves et l’efŽcience en lecture (n = 43)

C.PHO C.SYN EF.GE ARIT

Lecture en décembre Reconnaissance mots 0.50** 0.49** 0.38* 2 0.19


Compréhension 0.32* 0.20 0.48** 0.16
Lecture en juin Reconnaissance mots 0.34* 0.38** 0.29* 0.03
Compréhension 0.50** 0.43** 0.44** 0.13

Note 1: * = R signiŽ catif à P < .05; ** R signiŽ catif à p < .01


Note 2: C.PHO: conscience phonologique; C.SYN: conscience syntaxique; EF.GE: efŽ cience générale; ARIT: arithmétique

conscience syntaxique. Des régressions à ordre Ž xé (cf. DISCUSSION


Tableau 10) sont ainsi réalisées aŽ n de déterminer la
contribution spécifique de l’apprentissage précoce de L’objectif de notre étude était d’évaluer la conscience
l’allemand après contrôle des capacités non verbales (PM) linguistique (notamment, la conscience syntaxique) et
entrées en première position et des capacités l’efficience en lecture d’enfants exposés ou non à
phonologiques entrées pour leur part en deuxième l’apprentissage précoce d’une deuxième langue (i.e.
position. Enfin dans une deuxième analyse, nous l’allemand). Il s’agissait plus particulièrement de mettre en
vériŽ erons si la contribution de l’apprentissage d’une relation d’efŽ cience en lecture (reconnaissance de mots et
deuxième langue se maintient après contrôle de la compréhension) et la conscience syntaxique évaluée à
conscience syntaxique entrée en troisième position dans l’aide d’épreuves de jugement et de correction
l’analyse. Ces analyses ne sont effectuées que pour la d’agrammaticalité. Les niveaux langagier et phonologiqu e
reconnaissance des mots dans la mesure où les analyses de ainsi que l’efŽ cience générale étaient par ailleurs contrôlés.
corrélations n’ont pas mis en évidence de lien entre Nous postulions qu’un enfant exposé à l’apprentissage
l’apprentissage d’une deuxième langue et les performances précoce d’une deuxième langue devrait témoigner d’une
en compréhension. conscience syntaxique plus développée et dès lors aborder
L’apprentissage d’une deuxième langue apparaît l’apprentissage de l’écrit avec plus de facilité et présenter
contribuer signiŽ cativement après contrôle de l’efŽ cience une efŽ cience supérieure en lecture dès les premières étapes
générale et de la conscience phonologique aux capacités de de cet apprentissage.
reconnaissance de mots évaluées en décembre. Toutefois, Les résultats obtenus conŽ rment nos hypothèses. De
cette contribution disparaît lorsque la conscience fait, les enfants scolarisés dans un site bilingue témoignent
syntaxique est entrée en troisième position. Autrement dit, d’une conscience syntaxique plus élevée et d’une efŽ cience
au tout début de l’année scolaire, la contribution de supérieure dans la reconnaissance des mots
l’apprentissage précoce de l’allemand aux capacités de comparativement à leurs pairs scolarisés dans une classe
reconnaissanc e de mots apparaît médiatisée par le traditionnelle monolingue.
développement de la conscience syntaxique. En revanche, La supériorité de leurs performances aux épreuves de
la contribution spécifique de l’apprentissage d’une ré exion et de manipulation de la structure syntaxique est
deuxième langue aux capacités de reconnaissance des mots congruente avec l’hypothèse d’un avantage du bilinguism e
évaluées en Ž n d’année (juin) demeure signiŽ cative même (bilingual advantage) sur le développement de la prise de
après avoir entré la conscience syntaxique en troisième conscience et du contrôle des aspects formels du langage
position. Il apparaît ainsi que la contribution de (cf. Bialystok & Herman, 1999; Bruck & Genesee, 1995;
l’apprentissage de l’allemand sur les scores de lecture de Cromdal, 1999; Rubin & Turner, 1989). Plus
mots isolés en Ž n d’année scolaire est indépendante de la particulièrement, la sensibilité accrue des enfants à
contribution des capacités syntaxiques. structure syntaxique du langage nous semble rendre
APPRENTISSAGE PRÉCOCE D’UNE DEUXIÈME LANGUE 283

TABLEAU 10
Contribution spéciŽque des différentes mesures aux capacités de reconnaissance de
mots (évaluées en décembre et juin)

Reconnaissance de mots

Décembre Juin

1ère Étape PM 14.34* 8.51*


2ème Étape Conscience Phonologique 15.58** 6.36
3ème Étape Apprentissage 2ème langue 6.61* 12.86*
4ème Étape Conscience Syntaxique 0.98 0.04

1ère Étape PM 14.34* 8.51*


2ème Étape Conscience Phonologique 15.58** 6.36
3ème Étape Conscience Syntaxique 4.26 3.33
4ème Étape Apprentissage 2ème langue 3.33 9.57*
R**2 37.51 27.77

Note: * = R2 signiŽ catif à P < .05; ** R3 signiŽ catif à P < .01

compte de la nécessité pour eux d’utiliser le répertoire EnŽ n, comme rappelé ci-dessus, les enfants scolarisés
syntaxique approprié dans chacune des deux langues, de dans le site bilingue obtiennent des performances
séparer ce qui est de l’ordre du syntaxique et ce qui est de supérieures aux épreuves évaluant l’efŽ cience dans la
l’ordre du sémantique. Contrairement à Demont, Louvet reconnaissance des mots écrits. Cette supériorité dans les
& Nocus (2001), il n’a pas été mis en évidence processus d’identiŽ cation des mots se manifeste dès le
d’interférence de leurs connaissances de la structure début de l’apprentissage de la lecture (décembre) et se
syntaxique des deux langues. De fait, les enfants scolarisés vérifie toujours à la fin de la première année
dans le site bilingue ne commettent pas plus d’erreurs dans d’apprentissage (juin). En revanche, les capacités en
le jugement et la correction des phrases construites sur le compréhension n’apparaissent pas différer
modèle syntaxique allemand. Au contraire, leurs bonnes signiŽ cativement entre les deux groupes. Il nous apparaît
performances au jugement et à la correction de ce type de nécessaire d’évaluer ultérieurement le niveau en
phrases semble attester de leurs connaissances sur les compréhension en utilisant un test plus discriminatif que
spéciŽ cités syntaxiques de chacune des deux langues. celui utilisé cette année (scores plancher au début de
Par ailleurs, il n’a pu être mis en évidence de différences l’année et scores plafond obtenus en Ž n d’année). Le
signiŽ catives entre les enfants monolingues et les enfants contrôle de variables externes – telles l’efŽ cience générale
exposés à une deuxième langue aux épreuves de et verbale, l’origine socio-professionnelle des parents, les
manipulation de la structure phonologique. La lecture pratiques familiales vis-à-vis de l’écrit – semble nous
étant enseignée en premier en français, le travail d’analyse autoriser à attribuer la supériorité des performances des
de la structure phonologique du langage et de mise en enfants du site bilingue aux épreuves syntaxiques et aux
correspondance entre le code phonémique et le code épreuves de reconnaissance de mots écrits à l’apprentissage
graphémique est effectuée dans les deux classes. Ce qui précoce d’une deuxième langue (depuis la deuxième année
nous semble expliquer l’absence de différences de maternelle). De plus, il convient de rappeler ici la mise
significatives entre les performances des enfants de en évidence de la contribution spéciŽ que et indépendante
chacune des deux classes aux épreuves de suppression de l’apprentissage précoce de l’allemand aux capacités de
phonémique. De plus, la différence majeure entre les deux reconnaissance des mots écrits, même après contrôle des
langues (français et allemand) nous semble se situer plus capacités générales et de la conscience linguistique (cf.
particulièrement au niveau de leur structure syntaxique analyses de régression à ordre Ž xé).
(e.g. renvoi du verbe en Ž n de phrase, inversion de l’ordre Il ne saurait être question de conclure, sans rappeler que
entre adjectif et substantif) et non au niveau de leur les enfants scolarisés dans le site bilingue ne peuvent pas
structure phonologique . Toutefois, la transcription bien sûr être considérés comme des bilingues au même titre
différente de certains sons entre le français et l’allemand que des enfants apprenant l’allemand au sein de leur
e.g. le phonème [u] est représenté par le digraphe ou en famille (bilinguisme précoce simultané). Néanmoins, en
français et le graphème u en allemand, pourrait être référence à l’hypothèse du seuil développé par Cummins
susceptible d’être à l’origine de certaines erreurs (1981), il semblerait que les enfants scolarisés dans le site
orthographiques chez les enfants scolarisés dans un site bilingue aient atteint un seuil minimal d’habileté dans la
bilingue. Dès lors, il nous apparaît intéressant d’évaluer deuxième langue, ce qui leur permettrait de tirer proŽ t de
ultérieurement les compétences en orthographe des cet apprentissage. Dans une étude future, nous nous
enfants aŽ n de déterminer s’il existe – ou non – des risques attacherons à comparer des enfants scolarisés dans un site
d’interférence liés aux différences entre les deux systèmes bilingue (bilinguisme consécutif) avec des enfants
linguistiques dans la transcription graphémique de apprenant l’allemand au sein de leur famille (bilinguism e
certains phonèmes. simultané). Une telle comparaison permettrait alors de
284 DEMONT

tester l’hypothèse selon laquelle le bilinguisme simultané predictor of comprehension skills. British Journal of
serait susceptible d’avoir une incidence plus précoce et plus Educational Psychology, 66, 315–332.
marquée sur le développement linguistique et cognitif des Demont, E., Louvet, E., & Nocus, I. (2001). L’enseignement
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APPRENTISSAGE PRÉCOCE D’UNE DEUXIÈME LANGUE 285

ANNEXE 1
Fréquence moyenne (entre parenthèses, nombre de réponses données dans chaque occurrence)

Site monolingue Site bilingue Test t

Combien de livres votre enfant possède-t-il?


• Entre 0 et 50 75% (15) 33.3% (7) t (40) 5 1.63
• Entre 50 et 100 10% (2) 57.1% (12) p 5 0.110
• Plus de 100 15% (3) 14.8% (2)

Votre enfant possède-t-il:


• des livres en allemand (Question non posée) 77.3% —
• des disques en allemand 50%
• des vidéos en allemand 31.8%

Votre enfant est-il abonné à une revue?


• Non 50% (10) 50% (11) t (40) 5 0.00
• Oui 50% (10) 50% (11) p 5 1.00
– 1 revue 60% (6) 63.6% (7)
– 2 revues 40% (4) 18.2% (2)
– 3 revues — 18.2% (2)

Votre enfant fréquente-t-il la bibliothèque municipale?


• Non 45% (9) 40.9% (9) t(40) 5 0.261
• Oui 55% (11) 59.1% (13) p 5 0.795
– Parfois 18.2% (2) —
– 1 fois/mois 45.5% (5) 69.2% (9)
– 2 fois/mois 36.4% (4) 30.8% (4)

Lisez-vous des histoires à votre enfant?


• De temps en temps 21% (4) 9.1% (2) t (40) 5 2.22
• Souvent 47.4% (9) 22.7% (5) p 5 0.032
• Tous les jours 31.6% (6) 68.2% (15)

ANNEXE 2
Corrélations entre les performances aux épreuves de lecture et les pratiques familiales de l’écrit (1 à 7)
et les deux variables socio-culturelles (8 et 9) – n = 43

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Performance en lecture - Décembre


Mots réguliers 0.16 0.16 0.16 0.30 0.03 0.30 0.22 0.31 0.25
Mots irréguliers 0.15 0.10 0.01 0.27 0.27 0.09 0.02 0.11 0.19
Non mots 0.08 0.04 0.25 0.18 0.11 0.15 0.17 0.12 0.07
Compréhension 0.20 0.09 0.15 0.21 0.02 0.12 0.11 0.26 0.19

Performance en lecture -Juin


Mots réguliers 0.29 0.24 0.14 0.17 0.19 0.34* 0.12 0.27 0.21
Mots irréguliers 0.12 0.28 0.15 0.30 0.10 0.31 0.50* 0.23 0.12
Non mots 0.30 0.10 0.01 0.55* 0.17 0.14 0.21 0.32 0.13
Compréhension 0.22 0.14 0.21 0.10 0.03 0.07 2 0.02 0.09 0.01

Note 1: * R signiŽ catif à p < .05


Note 2: 1. nombre de livres; 2. abonnement aux revues; 3. fréquentation de bibliothèques; 4. histoires lues par les parents; 5. nombre de livres
possédés; 6. nombre de disques possédés; 7. nombre de vidéos possédées; 8. profession des parents; 9. niveau d’études des parents.
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