Vous êtes sur la page 1sur 16

LES OUVRAGES D’ART DESTINES A LA PROTECTION CONTRE L’ACTION

DE LA TERRE ET DE L’EAU
I. GENERALITES

L’Ouvrage d’art est une construction artificielle de génie civil de grande importance liée à
l’établissement et à l’exploitation d’une ligne de communication ou de transport terrestre, fluviale ou
maritime (pont, viaduc, passerelle, tunnel) mais également un dispositif de protection contre l’action
de la terre ou de l’eau (murs de soutènement, tranchée couverte, digue, descentes spéciales
d’écoulement dans les régions montagneuses…) ou d’une adduction d’eau (buse, ponceau ou dalot)
et enfin un dispositif de transition entre plusieurs modes de transport (quais et autres ouvrages
portuaires), par le franchissement d’un obstacle naturel ou artificiel. L’obstacle peut être une chaîne
de montagne, un cours d’eau, une région industrielle ou encore une ville comprenant de nombreux
bâtiments (circulation, etc.)

Pour le maitre d’ouvrage, il est important de connaitre les ouvrages d’art qui relèvent de sa
compétence. Ainsi, toutes les opérations liées à la gestion de ces matériaux doivent être précédées
d’une phase de recensement. Les informations issues du recensement comprennent au minimum le
type d’ouvrage, ses principales dimensions et sa localisation. Les données collectées seront vérifiées
sur le terrain pour tenir compte des transformations éventuelles ou des informations non disponibles
dans le dossier. Par ailleurs, il est capital d’avoir un dossier qui réunit toutes les caractéristiques des
ouvrages et l’historique de l’ensemble des actions entamées. En outre, le maitre d’ouvrage a aussi
pour rôle de surveiller l’état des ouvrages en suivant les évolutions à partir d’un état de référence, de
stocker et gérer les informations, d’établir une documentation, de définir les processus de visite et
d’assurer l’entretien courant. En cas de risques, le responsable devra effectuer une surveillance
forcée. A partir de cela, il va définir sa stratégie d’entretien et de grosses réparations.

II. LES DIFFERENTS TYPES D’OUVRAGE DESTINES A LA PROTECTION


CONTRE L’ACTION DE LA TERRE ET DE L’EAU

1. Le mur de soutènement
Le mur de soutènement est un mur vertical ou sub-vertical qui permet de contenir des terres (ou
tout autre matériau granulaire ou pulvérulent) sur une surface réduite. La retenue des terres par un
mur de soutènement répond à des besoins multiples : préserver les routes et chemins des
éboulements et glissement de terrain, structurer une berge naturelle en un quai (ports maritimes et
voies navigables), rendre cultivables des zones pentues et limiter l'érosion par ruissellement (culture
en terrasses), parer en soubassement les fondations d'édifices de grande hauteur ou de digues, créer
des obstacles verticaux de grande hauteur (murs d'escarpe et glacis dans les fortifications), soutenir
des fouilles et tranchées de chantier pour travailler à l'abri de l'eau (batardeau), établir des
fondations ou créer des parkings souterrains, etc.

On trouve des murs de soutènement en pierres sèches, en moellons, en pierres de taille, en briques,
en béton armé, en acier, en gabions, voire en bois ou en polymère (vinyle).

a) Historique

Les premiers murs de soutènement ont été réalisés pour la fabrication de terrasses sur des terrains
pierreux en pente pour un usage agricole, terrasses bordées de murs bas en pierres crues (pierres
brutes mises sur assise sans mortier et en opus peu élaboré) récupérées par l'érosion des sols : ces
murs sont édifiés pour combattre celle-ci (par exemple en Ardèche).

Puis on trouve la construction de terrasses recevant des édifices imposants. Ces murs furent dès
l'antiquité des murs massifs constitués en maçonnerie soignée de blocs de pierre (dont l'exemple
évocateur est celui des temples en gradins Incas).

Dans sa version initiale de l'époque moderne le mur poids en béton qui succéda au milieu du
XXe siècle à la maçonnerie par appareillage du génie militaire ou civil, se compose d'un voile (mur
mince) et d'une semelle. (Cette semelle varie en largeur suivant plusieurs facteurs dont la surcharge
sur la partie supérieure, le poids volumique et la qualité des sols de fondation, la pente de talus
naturel du matériau retenu par le mur).

Depuis quelques décennies, les parois préfabriquées se sont largement substituées aux murs en
béton coulé sur place et aux murs en maçonnerie appareillée, parce qu'elles sont meilleur marché,
plus rapides et plus faciles à mettre en œuvre, et plus favorables à l'environnement.

b) Principe du soutènement

La principale considération dans le dimensionnement des soutènements, quel que soit leur type, est
la correcte estimation de la poussée des terres ou du matériau retenu par cette paroi. Dans leur état
naturel, les terres tendent à se conformer en un tas pyramidal conique à la façon d'un tas de sable
présentant une pente de talus naturel. L'interposition d'un écran de soutènement dans un massif de
terre se substitue à la partie manquante à la base et reçoit une partie du poids des terres restantes
en une composante biaise de poussée qui tend à faire basculer et en même temps glisser le mur de
soutènement disposé. Pour combattre cette poussée des terres, le mur peut être constitué de
différentes façons :

- Opposer un poids supérieur à la partie remplacée en contre-balancement de la poussée : tels


sont les murs poids ;
- Être ancré dans un corps mort fournissant une inertie ou ancré plus loin dans le sol à
proximité qui ne fait pas partie de l'ensemble susceptible de glissement ou ayant une
meilleure composition afin que la poussée soit contenue, éviter le glissement et annuler le
moment de basculement: ce sont les parois ancrées ;
- Résister au basculement par une semelle insérée sous les terres, semelle de surface de base
en rapport avec la hauteur fournissant le moment de renversement : murs Cantilever (en L) ;
- Réduire la poussée par un épaulement des terres retenues entre deux contreforts : murs à
redans ;

Les murs de soutènement, quel que soit leur type, doivent en principe être drainés, car la pression de
l'eau retenue derrière un mur sans interstices d'évacuation augmente d'autant la poussée sur
l'ouvrage et modifie la "consistance" du matériau en le fluidifiant ce qui apporte une transmission de
poussée d'une partie plus importante, la friction (phénomène de s'agripper) en résistance au
glissement ayant partiellement disparu, la pente naturelle du tas diminue.

c) Le mur poids

Le principe du mur poids est d'opposer le poids de la maçonnerie du soutènement à la poussée des
terres qui tendent à le renverser. La poussée des terres est minimale au sommet du mur et croît avec
la profondeur en arrière du mur : c'est pourquoi les murs poids s'épaississent vers la base (le fruit).
Les murs de soutènement de type ouvrage poids sont connus depuis l'Antiquité. Ils sont constitués
en pierres taillées, moellons ou en brique.
2. La paroi ancrée

Figure 1: Paroi ancrée préfabriquée (Brésil). Les têtes de tirants doivent être protégées des chocs et de la corrosion.

La paroi ancrée est formée d'éléments verticaux (pieux, planches ou tubes) liés entre eux par un
procédé quelconque (mortier, planches, emboîtement), et elle s'oppose à la poussée du sol par des
tirants d'ancrage (le plus souvent en acier) qui relient l'écran à une plaque ou un corps mort (rocher
ou bloc maçonné ou bloc béton) enterré à une certaine distance en arrière de l'écran : la plaque ou le
corps mort profitent ainsi de l'inertie du sol plus ou moins visqueux (ou malléable, voir la Rhéologie
des solides).

La plupart des parois ancrées (ou rideaux ancrés) sont aujourd'hui constituées de palplanches
battues ou vibrées.

a) La paroi préfabriquée

La paroi préfabriquée est constituée d'éléments (généralement en béton armé ou en bois) tels que
des parois en L, mis en place à l'avancement et liaisonnés entre eux par des pieux ou par des joints
en béton. Il en existe différents types, dont l'un des plus anciens est la paroi généralement appelée
berlinoise, composée de panneaux de bois ou de béton empilés entre deux éléments foncés dans le
sol à profil en H (poutres laminées en acier ou pieu en béton), avec insertion progressive des
panneaux en excavation fonction de la tenue des terres avoisinantes. La berlinoise peut être utilisée
comme mur de soutènement enterré provisoire pendant la réalisation de travaux. Elle peut être
solidifiée par projection de béton et servir de soutènement définitif, ce dans le cas d'une paroi
parisienne.

b) La paroi moulée

La paroi moulée est un mur en béton armé coulé dans le sol. La paroi est réalisée par excavation, puis
au fur et à mesure de la réalisation de l'excavation, on la remplit avec de la boue bentonitique, puis
on installe les cages d'armatures, éventuellement un joint vertical aux extrémités de l'excavation,
puis les colonnes de bétonnage. Le béton est coulé dans ces colonnes, et il se substitue à la boue
bentonitique qui avait été mise en phase provisoire pour le maintien des parois, la boue est alors
pompée depuis le haut de la tranchée.

3. Le mur en terre armée


Il s'agit d'une méthode de soutènement assez récente (1963) développée par Henri Vidal, qui
consiste à utiliser le sol, et non un mur en béton pour assurer la stabilité d'un versant. Le concept est
de renforcer le sol par l'ajout d'armatures qui solliciteront un frottement entre elles et les cailloux du
remblai. Un massif en terre armée est constitué de trois composants :
- Un remblai granulaire compacté en couches peu épaisses.
- Les armatures disposées en lit dans le remblai qui peuvent être de deux natures : Les
métalliques qui sont jusqu'à maintenant les plus répandues et des armatures en géo
synthétique qui ne présentent pas de problème de corrosion et qui tendent à remplacer les
premières.
- Un parement, faisant le lien entre les armatures et assurant l'esthétique du mur, il est
généralement réalisé en éléments de béton préfabriqué faciles à assembler, en pneus ou
autres éléments récupérés destinés à être couverts de végétaux.

L'ensemble forme un massif stable assurant la retenue de la poussée du sol en place. Cette technique
permet de réaliser plusieurs types d'ouvrage comme des soutènements de talus ou des voûtes.

4. Paroi berlinoise et paroi parisienne

Figure 2: Paroi berlinoise entourant le volume en cours de terrassement d'un sous-sol.

Lors de la réalisation de travaux de terrassement, notamment en milieu urbain, il peut être


impossible ou risqué — par manque de recul ou proximité des avoisinants — de réaliser les fouilles
en talutant. Aussi peut-on alors réaliser un soutènement provisoire ou définitif, au moyen de parois
mises en œuvre avant le terrassement. Il s'agit de deux méthodes, la paroi berlinoise et la paroi
parisienne, avec tous les ajustements et mélanges entre les deux méthodes possibles.

Parfois simplement appelée « berlinoise », la première méthode se présente de la façon suivante :

- Descente de profils métalliques en I ou en H, foncés ou battus, en périphérie de la zone à


terrasser,
- Terrassement par passes,
- Mise en place à l'avancement entre les fers d'éléments de renfort, bastaings ou panneaux
béton préfabriqués, destinés à retenir les terres derrière la berlinoise.

Pour la « parisienne », le procédé et la destination sont similaires. Les différences résident d'abord
dans le mode d'exécution des éléments verticaux rigidifiant l'ensemble qui, plutôt que des profils
métalliques descendus mécaniques, sont réalisés au moyen de pieux forés ou tubés, puis dans le
mode de blindage, réalisé par paroi projetée.
5. Gabion

Figure 3: Gabions en grillage métallique inoxydable utilisés en murs de soutènement.

Un gabion (de l'italien gabionne signifiant « grosse cage ») est en génie civil un casier, le plus souvent
constitué de solides fils de fer tressés et rempli de pierres non-gélives (qui ne se fendent pas sous
l’action du gel), utilisé dans les travaux publics et le bâtiment pour respectivement construire des
murs de soutènement, des berges artificielles non étanches ou décorer une façade nue ou des
aménagements urbains.

D'un coût modique si l'on dispose de pierres solides sur place, et d'une bonne tenue, ils sont
relativement faciles à mettre en œuvre et aisément modulables.

Les gabions peuvent être constitués par tissage de fils métalliques (mailles hexagonales double
torsion) ou par soudage de fils (électro soudage) avec des mailles carrées ou rectangulaires.

En raison de leur nature et conception, ils offrent une certaine souplesse et inertie face aux chocs et
tremblements de terre ou mouvements de terrain ou aux mouvements de l'eau (l'eau peut percoler
au travers d'un gabion, avec des phénomènes de dissipation d'énergie1, exploitables par exemple
pour la construction de « merlons amortisseurs »2 et notamment pour la gestion de flux d'eau dans
un bassin versant ou un système de réservoirs d'eau3.

a) Histoire

Figure 4: Gabion en osier tressé destiné à protéger des artilleurs (XVIe siècle)
Figure 5: Le gabion a encore des usages militaires au XXIe siècle, ici entourant le camp Marmal (en Afghanistan).

Le gabion est originellement un système défensif utilisé pour rapidement protéger une position des
tirs d'artillerie ou des balles.

Il est apparu vers le XVIe siècle et a été remplacé au XXe siècle par le système du sac de sable, plus
simple à créer et à utiliser.

Un gabion se compose alors d'un panier en osier (branches d'une espèce de saule) tressé et rempli
de terre et de gravats, destinés à amortir les balles et les éclats. C'est le chaudronnier italien Gaetano
Maccaferri, créateur de la société Maccaferri, qui l'a réinventé dans sa forme moderne avec une cage
de fils d'acier rigides inoxydables en 1893.

Le gabion fait partie des outils d'attaque et de défense des places fortes utilisés en particulier à
l'époque de Vauban. Il est encore utilisé en complément des systèmes de tranchées durant la
Première Guerre mondiale.

Le gabion, à partir de la fin du XXe siècle, est très utilisé en génie civil où il désigne une sorte de
casier, le plus souvent fait de solides fils de fer traité contre l'oxydation et tressés de manière à
enfermer des pierres dures. Il est notamment utilisé dans le bâtiment pour décorer une façade nue
ou pour construire un mur de soutènement, ou une berge artificielle non étanche.

Le gabionnage a encore donné lieu au XXe siècle à divers innovations et brevets, mais leur relative
simplicité de fabrication peut permettre, comme au Burkina Faso, de les faire fabriquer par des
artisans locaux. On a notamment essayé d'y intégrer des fonctions de services écosystémiques en les
rendant parfois plus propices à la biodiversité, par exemple en permettant leur colonisation par des
racines d'arbres.

b) Typologie

On distingue :

- Les gabions boîtes, d'une hauteur et largeur de 0,5 ou 1 m et d'une longueur de 1,5 à 4 m.
- Les gabions matelas, parallélépipède de faible épaisseur (0,2 à 0,3 m) et de grande surface
(longueur de 2 à 6 m et largeur de 2 m).
- Il existe aussi les gabions sacs ou poches cylindriques qui correspondent à des gabions
tubulaires de 0,25 à 0,5 m de diamètre et long de 2 à 3 m.
c) Usages particuliers

Figure 6: Gabion dans un parc

Dans les aménagements hydrauliques, on utilise fréquemment des gabions disposés en épi
perpendiculairement à la berge ou parallèlement aux rives pour lutter contre l'érosion fluviale ou
torrentielle. On réalise aussi des seuils ou petits barrages.

Ils servent aussi, grâce à leurs capacités drainantes à stabiliser des éboulis, des oueds ou à construire
des paravalanches, notamment en terrain difficile.

L'utilisation des gabions en panneaux électro soudés permet désormais la réalisation


d'aménagements paysagers en gabions robustes et peu sensibles au vandalisme. Les écrans antibruit
en gabions ont de fortes capacités d’absorption acoustique de par la masse des matériaux de
remplissage et le fort pourcentage de vide entre les pierres associé à une surface peu réfléchissante.

Notamment si la pierre est mélangée à un sol meuble et pouvant se végétaliser (il faut un contexte
alors plus humide), ils absorbent une partie de bruit ambiant et permettent d'améliorer la gestion du
bruit et le confort acoustique et d'atténuer certaines pollutions sonores (autour d'un parking urbain
par exemple ou du passage d'une voie routière, ferroviaire, etc.) en jouant le rôle d'un mur anti-bruit.

d) Limites

Leur souplesse relative ne permet pas de construire des murs hauts et fins, notamment en contexte
de risque sismique. Des méthodes de calcul de leur stabilité ont été développées.

Les eaux acides et/ou salées posent des problèmes de corrosion des fils métalliques, qui limite leur
utilisation dans certains contextes (estuaires, ports, littoraux...), à moins d'utiliser de l'inox plus
coûteux.

e) Intérêts pour la biodiversité

Figure 7: Des plantes pionnières puis secondaires peuvent coloniser les gabions en redonnant un air plus naturel au mur ou à
la berge
Lors d'une restauration des fortifications de Vauban à la Citadelle de Lille, un gabion-muret
expérimental de quelques mètres de long, empli de petites pierres calcaire dure et de terre
compacte riche en argile et chaux vise à accueillir une flore muricole naturelle, notamment
constituée de mousses dont les espèces vont s'autosélectionner en fonction des conditions
microclimatiques du site.

En raison de la nature de leur matériau et de leur plus ou moins grande présence de « vides », ils
offrent des micro-habitats et un microclimat proche de ceux des éboulis naturels, propices à une
biodiversité particulière et à une naturalité recherchées par les mesures conservatoires et
compensatoires ou de gestion restauratrice qui visent dans ce cas généralement des plantes
pionnières, des espèces xérophiles et/ou d'altitude ou certaines espèces muricoles qui peuvent
trouver dans un gabion bien conçu d'éventuels habitats de substitution).

Souvent pauvres en nutriments, ils demandent peu d'entretien et ne favorisent pas les espèces de
milieux eutrophes plutôt banalisantes. Ils peuvent, en outre, utiliser des matériaux rocheux et un
substrat prélevé in situ, favorable aux espèces autochtones.

6. Jetée

Figure 8: Jetée à Novorossiisk en Russie.

Figure 9: Jetée de Sellin, Rügen, Allemagne.


Figure 10: Brise-lames en tétrapodes de béton côté océan. L'absence de vagues est notable dans le port protégé par cette
jetée.

Figure 11: Un des brise-lames de Raversijde en Belgique.

La jetée est une structure rigide construite, s'avançant dans la mer, un lac ou un fleuve.

La jetée peut avoir un ou plusieurs objectifs :

- Servir à l'embarquement et au débarquement des cargaisons ou des passagers dans une eau
plus profonde, et multiplier le nombre de navires et embarcations susceptibles d'accoster ;
- Protéger un port de la houle et du vent et dans ce cas, on parle de brise-lames.

La structure et/ou la forme de certaines jetées est configurée pour mieux résister aux vagues, aux
tsunamis , aux surcotes ou aux ondes de tempête, mais paradoxalement, comme les digues ou
d'autres structures rigides (épis), en contribuant à l'artificialisation du littoral et parfois d'estuaires,
de nombreuses jetées ont modifié le transit sédimentaire et les courants locaux, avec des effets en
terme d'envasement, ensablement ou au contraire d'érosion côtière ;

- Offrir un lieu de promenade et de découverte aux touristes ou promeneurs ; il existe des


jetées promenade créées principalement voire exclusivement pour la promenade et les
loisirs, comme la jetée de Brighton au Royaume-Uni.

Elle peut être constituée d'enrochements, de structures en béton ou en acier et être massive ou sur
des pieux.

Dans les ports de mer, la jetée principale supportait autrefois généralement une tourelle munie ou
non d'un feu. Avec les balises radios puis le GPS, elles tendent à disparaître, mais sont parfois
conservées pour des raisons patrimoniales.
7. Brise-lames

Un brise-lames est une construction du type épis, digue ou jetée (môle), établie devant un port, une
zone aménagée, une plage ou un littoral vulnérable à l'érosion.

Il peut constituer un abri pour protéger une zone de mouillage lors de mauvais temps.

Le brise-lames n'est pas, contrairement à une digue ou une jetée, obligatoirement accessible de la
terre. Mais une jetée ou une digue sert fréquemment de brise-lames.

Les ingénieurs maritimes utilisent parfois le terme « digue » pour désigner un brise-lames.

a) Histoire

Les brise-lames ont été construits pour créer des abris portuaires. Vitruve est le seul auteur antique à
nous donner des explications techniques sur la construction des ouvrages maritimes. Mais ses
croquis ne nous sont pas parvenus et son texte fait l'objet de discussions concernant l'interprétation
à apporter.

Les moyens utilisés ont bien sûr évolué :

- Structures en bois sur pieux ou plates-formes en bois sur pile de pierres (plutôt pour les
appontements),
- Structures de blocs de pierre taillée avec remplissage éventuel en enrochements entre les
deux parements, mis au point par les phéniciens,
- Structures en béton avec pouzzolane : blocs massifs coulés sous l'eau dans un coffrage en
bois, mis au point par les romains.

Ces ouvrages étant très couteux, les ingénieurs cherchent à optimiser leur dimensionnement.

b) Typologies de brise-lames

Un brise-lames est généralement constitué d'une « digue à talus » qui n'est autre qu'un monticule en
enrochements recouvert d'une carapace composée de (très) gros blocs de pierre ou de béton
capables de résister aux attaques de la houle. Un certain nombre de blocs artificiels en béton
existent. Le premier bloc artificiel en béton, le Tétrapode, a été inventé en 1950 par le Laboratoire
dauphinois d'hydraulique à Grenoble, France (Sogreah, maintenant Artelia) 3.

Durant la Seconde Guerre mondiale, lors du débarquement en Normandie, les alliés ont acheminé
des caissons flottants de béton armé, dites Caissons Phoenix. D'autres brise-lames sont encore
constitués de caissons préfabriqués en béton, généralement posés sur un monticule de fondation
aménagé sur le fond marin. Ces caissons ont souvent des parois verticales et sont parfois aménagés
dans le but de dissiper l'énergie de la houle, par exemple par la présence de trous comme dans le
caisson Jarlan4.

Un brise-lames peut aussi se présenter sous la forme de lignes de troncs d'arbres, de plusieurs
mètres de hauteur, enfoncés dans le sable d'une grève, assurant ainsi une certaine protection à une
digue ou à un terrain assailli par la mer. Certains bateaux désaffectés servent également de brise-
lames.

c) Différents types de brise-lames

Figure 12: Brise-lames sur une carte marine.

Figure 13: Môle de Saint-Malo, à pleine mer.

Figure 14: Môle de Saint-Malo, à basse mer.

Figure 15: Troncs d'arbres servant de brise-lames, Saint-Malo (France).


Figure 16: Chaussée du Sillon, Saint-Malo, par marée de fort coefficient

Figure 17: Tétrapodes de béton, brisant l'énergie des vagues.

Figure 18: Un brise-lames en construction à Ystad au sud de la Suède.

Figure 19: Anneaux pour accrocher les pierres d'un brise-lames à Narooma (Australie), avril 2018.

d) Hydromorphologie, morpho dynamie

La construction d'un brise-lames induit une modification parfois complexe des courants et donc de la
sédimentation et de la configuration du fond sur une surface plus ou moins importante selon le
contexte. Ceci explique que certains brises lames ne protègent pas de l'érosion ou la reportent
simplement en amont ou en aval de l'ouvrage, voire l'aggrave fortement. Sous forme de maquette,
l'ouvrage peut être testé dans un bassin à houle (qui peut être trompeur car n'intégrant pas le
facteur vent ou les effets de surcote induits par des dépressions importantes).

Parmi les méthodes alternatives figurent :

- Le drainage de plage
- Le « brise-lames flottant »

e) Écologie du brise-lame

Les brise-lames peuvent involontairement constituer un habitat semi-naturel ou artificiel propice à


certaines espèces côtières d'algues, arthropodes, mollusques et oiseaux, voire de reptiles. Ces
structures servent de substrat de fixation à plusieurs espèces de mollusques, autres invertébrés et
d'algues adaptées à l'estran, espèces qui s'accrochent en temps normal à des récifs et autres
structures naturellement formées par l'érosion ou d'autres phénomènes géologiques.

Chaque interstice d'un brise-lame constitue un potentiel refuge pour une variété d'organismes dont
les crustacés. En Europe, plusieurs espèces d'oiseaux spécialisées dans la quête de nourriture en
milieu intertidal peuvent être facilement observées sur les brise-lames artificiels proches de zones
habitées comme le tournepierre à collier, le bécasseau violet, l'huîtrier pie et diverses espèces de
goélands, car ces endroits constituent un garde-manger riche en mollusques, algues et crustacés
dont ces espèces se nourrissent. Les brise-lames peuvent donc jouer un rôle relativement important
dans le maintien d'une partie de la biodiversité de certaines zones maritimes de plus en plus
urbanisées.

III. LES MURS DE SOUTENEMENTS : FICHE TECHNIQUE

Un mur de soutènement est destiné sur un volume réduit à la retenue de terrains situés à l’amont
d’un ouvrage. Que ce soit pour un soutènement de remblai, lorsque les terres sont mises en place
derrière la paroi, ou pour un soutènement de déblai, lorsque les terres ont été excavées, les besoins
sont nombreux : préserver des éboulements ou des glissements de terrain, en bordure de route ou
de berge, structurer des fondations ou des soubassements d’édifices…

1. Quels sont les sinistres rencontrés sur les murs de soutènement ?


Les désordres les plus fréquents sur les murs de soutènements, en béton armé ou en parpaings, sont
des fissures légères à énormes, et un mouvement du mur. Selon la qualité de construction, l’ampleur
des fissures et des déformations est très grande avant l’écroulement, ou au contraire, le mur
s’effondre brusquement avec peu de signes avant-coureurs.

2. Les raisons des sinistres sur les murs de soutènement

La raison première est d’abord psychologique. Le bon sens pousse les constructeurs à bien construire
une toiture, car en cas d’effondrement, les conséquences peuvent être fatales. Un mur de
soutènement, lui, est souvent cantonné en bordure de terrain, aux confins du jardin, et le risque
d’accident mortel est beaucoup moins perceptible, à tort ou à raison. On observe donc sur les
chantiers des murs de soutènement construits n’importe comment, bafouant les règles de l’art
élémentaires.

Par cause techniques, il y a :

- L’absence totale de calcul. C’est une erreur, car ce genre d’ouvrage est complexe et
nécessite une étude. En effet, la pression des terres, les fondations du mur, le ferraillage,
l’angle, l’épaisseur du mur de soutènement sont très souvent mal appréciées ‘à l’œil’.
Certains disent qu’une étude n’est nécessaire qu’à partir de 2m50 de hauteur… Voir la photo
ci-contre d’un mur de 50 cm de haut pour s’en persuader…. A partir de 1m50, cela est
vraiment nécessaire.
- Un drainage inefficace. S’il y a bien une chose à retenir avant de réaliser un mur de
soutènement, c’est que la poussée de l’eau derrière le mur est souvent 3 fois plus grande
que la poussée des terres… Et quand il pleut depuis une heure, vous pouvez considérer que
votre mur est l’équivalent d’un mur de piscine, il retient les terres gorgées d’eau. Les murs de
soutènement ne sont pas capables de contenir cette poussée énorme ! La seule solution est
de laisser passer l’eau, pour faire baisser le niveau d’eau derrière le mur, et donc la pression
exercée.
- Un sol non drainant utilisé pour remblayer derrière le mur de soutènement. Encore un
problème de drainage des eaux. 9 fois sur 10, on construit le soutènement, puis on remblaie
avec les terres locales. Sauf que tous les sols n’ont pas les mêmes propriétés drainantes. Par
exemple un sol argileux va souvent mal drainer les eaux, qui vont rester bloquées derrière le
mur. En plus des propriétés drainantes, la poussée des terres sur le mur dépend du sol et de
ses propriétés, comme l’angle de talus naturel et le coefficient de frottement du sol. C’est
pourquoi, un bureau d’études préconise souvent de ne pas utiliser les terres locales, mais
d’utiliser plutôt du remblai drainant acheté en carrière. Un coût supplémentaire certes, mais
qui sert à quelque chose.
- Mauvaise disposition du ferraillage des murs de soutènement en béton armé. En l’absence
d’étude, et de plans de ferraillage, les entrepreneurs font comme ils le sentent. Ca se joue
souvent à l’économie, car l’acier coûte cher. Or la quantité d’armatures et leur position sont
très importantes pour éviter la fissuration du mur.
- Le montage de parpaings seuls. Le parpaing a un avantage : il est naturellement drainant.
Mais ce n’est pas suffisant ! La poussée qu’un mur de parpaings peut supporter par rapport à
un mur de béton armé de mêmes dimensions est très faible. Le parpaing est solide en
compression, mais ne vaut rien en flexion. Donc, il est inenvisageable d’utiliser des parpaings
seuls. Par contre, des panneaux de parpaings chaînés horizontalement et verticalement par
des chaînages en béton armé s’avèrent, eux, solides. Est-ce que le parpaing chaîné est plus
économique que du béton armé ? Difficile à dire, cela dépend du coût de la main d’œuvre,
car les parpaings sont moins chers que béton armé, mais nécessitent plus de main d’œuvre.
- Une semelle de fondation inadaptée. Deux risques guettent les fondations :

Parfois aussi, la semelle est insuffisamment enterrée ou la fondation est trop étroite, soit le sol est
trop compressible ou le sol perd ses caractéristiques mécaniques lorsqu’il pleut depuis des
semaines…. La semelle est constituée d’un talon, et d’un patin, et la longueur de ces éléments doit
être calculée pour éviter la rupture ou le basculement sous la poussée des terres.

3. 8 Règles à respecter pour construire un mur de soutènement

a) Étude de sol.

Sauf si la roche affleure, une étude de sol est nécessaire pour savoir combien de charges le sol peut
reprendre avant de poinçonner. Car le risque est le tassement ou le poinçonnement : si le mur ne
casse pas, il peut poinçonner le sol en aval et basculer en entier.

b) Conception par un bureau d’études


Voici à quoi ressemble le diagramme des pressions sous une semelle de fondation. Evidemment, une
semelle chargée de manière homogène est préférable, et si ce n’est pas possible, c’est mieux de
savoir que le sol est capable de recevoir une telle contrainte. Ceci est impossible à deviner à l’œil nu,
seule une étude permet de trouver les dimensions optimales.

c) Bonne réalisation des fondations, bien enterrées

Pour les mêmes raisons qu’au-dessus, un soin tout particulier doit être apporté aux semelles de
fondations. La semelle de fondation permet de transmettre la poussée des terres au sol, après tout !
Ouvrage exposé aux intempéries, il faut penser à enterrer suffisamment les semelles pour les mettre
‘hors gel’, et pour assurer la butée du mur, et empêcher son glissement.

d) Qualité des matériaux

Béton armé et parpaings ne sont pas égaux. Si vous utilisez des parpaings, quadrillez les panneaux de
parpaings de chaînages BA verticaux et horizontaux. Quel que soit votre choix final pour le matériau,
veillez à sa qualité de réalisation : béton bien dosé, armatures bien disposées selon les plans, en
quantité suffisante.

e) Système de drainage efficace

Il y a plusieurs systèmes qui marchent très bien : Un lit de parpaings montés à sec derrière le mur
fonctionne très bien pour évacuer rapidement les eaux.

Les barbacanes sont très efficaces pour évacuer rapidement les eaux, et éviter la montée en charge
du mur lors des pluies torrentielles.

Au drainage contre le mur, ne pas oublier le drainage en pied de mur. Le système le plus utilisé étant
la chaussette drainante : un tuyau de PVC percé, entouré de cailloux, le tout enroulé dans un
géotextile.

f) Qualité drainante du remblai

En plus du système de drainage proprement dit, il faut que l’eau puisse circuler entre les grains de sol
du remblai. Le remblai proche de la paroi du mur, doit être drainant, qu’il s’agisse du sol local ou
rapporté.

g) Etanchéité de la paroi contre terre

Pour protéger les armatures en acier d’un mur en béton armé, on réalise une couche d’étanchéité
sur la paroi arrière du mur, en contact avec les terres et l’eau.

h) Entretien régulier

Le plus important est sans aucun doute de veiller à ce que le dispositif drainant ne se bouche pas
avec le temps, ce qui est l’origine de nombreux sinistres (notamment chez l’auteur de l’article…).

4. Les normes relatives aux murs de soutènement


Dans le système de normes françaises pré-Eurocodes, il n’y a pas de norme spécifique pour les murs
de soutènement. Ces ouvrages doivent donc respecter les normes générales qui traitent les murs et
les fondations, à savoir le DTU 13.12, le fascicule 62, le BAEL, et le DTU 20.1.

Avec les Eurocodes, la section 9 de l’Eurocode 7 est dédiée au calcul des ouvrages de soutènements.
Enfin concernant le drainage, il peut être utile de rappeler l’article 681 du Code civil : Un propriétaire
est responsable des eaux pluviales qui tombent sur son terrain et ne peut les faire écouler chez son
voisin.

Vous aimerez peut-être aussi