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INSTITUT UNIVERSITAIRE DU GOLFE DE GUINEE CODE EC: TPU 115

INSTITUT SUPERIEUR DES TECHNOLOGIES AVANCEES TITRE DE L’EC : TECHNIQUES D’AMENAGEMENT


NIVEAU 100 ET D’EQUIPEMENT
ANNEE ACADEMIQUE 2023/2024

Leçon 2: SOUTENEMENTS
2.1. DEFINITION ET BUT
Ce sont des ouvrages provisoires ou définitifs destinés à maintenir les parois de terres verticales ou leur
plan d’inclinaison et de réduire l’emprise des talus.
Les ouvrages de soutènement ont pour but de retenir, de protéger, de consolider un talus. Ils peuvent
aussi servir à la rétention des eaux

2.2. DIFFERENTS TYPES D’OUVRAGES DE SOUTENEMENT


Un ouvrage de soutènement peut retenir soit des terres en remblai, c’est-à-dire rapportées, soit le terrain
en place. On dit, dans ce dernier cas, qu’il s’agit d’un ouvrage de soutènement en déblai. L’effort de
poussée exercé par le massif de terre retenu (cf. article Ouvrages de soutènement. Poussée et butée peut
être repris de diverses manières. Trois modes principaux peuvent être distingués :
 la poussée est reprise par le poids de l’ouvrage de soutènement ;
 la poussée est reprise par encastrement de l’ouvrage de soutènement ;
 la poussée est reprise par des ancrages.
Le tableau 1 montre les divers types d’ouvrages de soutènement classés d’après la distinction
précédente, en séparant les ouvrages rigides des ouvrages souples ou semi-souples.

2.2.1. Cas où la poussée est reprise par le poids de l’ouvrage de soutènement

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Le type d’ouvrage le plus classique et le plus ancien est le mur poids en béton ou en
maçonnerie. Ce sont des ouvrages rigides qui ne peuvent supporter sans dommages des
tassements différentiels supérieurs à quelques pour-mille.
 Les murs en Terre Armée, dans lesquels le sol est renforcé par des inclusions souples
résistant à la traction, sont des ouvrages souples qui supportent les tassements différentiels
du sol de fondation.
 Les ouvrages cellulaires sont très variés et le type le plus ancien est le mur caisson en
éléments préfabriqués. Dans les travaux maritimes, par exemple, on utilise pour la
construction des quais de grands batardeaux cellulaires en palplanches métalliques ou de
grands caissons en béton armé. Dans un ouvrage cellulaire, la cellule est remplie de sol et
l’ensemble forme un ouvrage qui peut être, dans certains cas, très souple. (0
2.2.2. Cas où la poussée est reprise par encastrement de l’ouvrage de soutènement dans le sol de
fondation
Parmi les ouvrages de ce type, on citera :

 le mur cantilever en béton armé qui, doté d’une base élargie et encastrée à la partie
supérieure du sol de fondation, fonctionne en faisant participer à l’action de soutènement
une partie du poids du remblai. Un mur cantilever peut d’ailleurs être considéré comme un
ouvrage poids si l’on y inclut le poids du remblai compris entre le mur et la verticale I
passant par l’extrémité arrière de la semelle (figure 1). Les murs cantilever en béton armé
sont également des ouvrages rigides ;
 les murs en parois moulées, technique qui consiste à construire un mur au sein du sol en
place, avant toute excavation, par bétonnage d’une tranchée remplie de boue pour en assurer
la stabilité. Cette technique est particulièrement utilisée pour les travaux sous la nappe, en
zones urbaine et portuaire. Une paroi moulée fonctionne par encastrement total ou partiel
dans le sol de fondation (cf. article Parois moulées. Ancrages [C 252] dans cette rubrique)
;
 les rideaux de palplanches, encastrés dans le sol de fondation : ce sont des ouvrages de
soutènement flexibles, où l’interaction structure-remblai a une influence prépondérante sur
le comportement de l’ouvrage

2.2.3. Cas où la poussée est reprise en totalité ou en partie par des ancrages
Dans les ouvrages de soutènement en déblai, l’effort de poussée est fréquemment repris en partie ou en
totalité par des ancrages. C’est le cas notamment des rideaux des parois moulées et des parois
berlinoises. À la différence d’une paroi moulée, une paroi berlinoise est réalisée à partir de poteaux
placés préalablement dans le sol en place. Au fur et à mesure de l’excavation, on vient placer entre les
poteaux des éléments de soutènement soit préfabriqués (poutres, plaques), soit coulés en place, et l’on
reprend la poussée des terres par des ancrages précontraints fixés sur les poteaux (figure 2a). Il existe
également des techniques d’ouvrages en déblai où la poussée des terres est totalement reprise par des

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ancrages précontraints. C’est le cas des murs épinglés construits par excavations successives de 2 m de
hauteur environ, avec coulage d’éléments verticaux en béton armé et mise en place d’ancrages
précontraints (figure 2b).

2.3. DIMENSIONNEMENT DES OUVRAGES DE SOUTENEMENT


Dimensionner un ouvrage de soutènement consiste à déterminer ses éléments géométriques et ses
éléments structuraux pour qu’il soit stable sous l’action des forces qui lui sont appliquées et notamment
de la poussée des terres qu’il retient. La plupart des méthodes de dimensionnement reposent sur des
calculs à la rupture avec la prise en compte de coefficients de sécurité. Dans le cas des parois souples
ou semi-flexibles ancrées, telles que les rideaux de palplanches et les parois moulées, il est courant de
dimensionner l’ouvrage par un calcul en déformation à partir de la méthode au module de réaction qui
consiste à assimiler la paroi retenant le sol à une poutre sur un appui élasto-plastiquecontinu.
2.3.1. Modes de rupture des ouvrages de soutènement
Cinq modes de rupture, illustrés à la figure 3 peuvent être rencontrés dans les ouvrages de soutènement
:

 le glissement de l’ouvrage sur sa base (figure 3a) ;


 le renversement de l’ouvrage (figure 3b) ;
 le poinçonnement du sol de fondation (figure 3c) ;
 le grand glissement englobant l’ouvrage (figure 3d) ;
 la rupture des éléments structuraux de l’ouvrage (figure 3e).
Les quatre premiers types de rupture sont relatifs à l’instabilité externe de l’ouvrage, la rupture des
éléments structuraux constituant l’instabilité interne. Les parois de soutènement (rideaux de palplanches,
parois moulées) ont une instabilité externe limitée aux ruptures par renversement et par glissement. Par
contre, on rencontre dans ce type d’ouvrage une rupture par renard hydraulique lorsqu’existe une
dénivellation de nappe de part et d’autre de la paroi (cf. article Ouvrages de soutènement. Poussée et
butée). L’étude de la stabilité externe d’un ouvrage de soutènement fait appel à des concepts et à des
méthodes de calcul qui sont communs à l’ensemble des ouvrages. Nous ne les détaillerons que dans le
cas des murs en béton ou en maçonnerie.

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Par contre, l’étude de la stabilité interne est assez spécifique à chaque type d’ouvrage. Nous
l’expliciterons systématiquement, sauf dans le cas des murs poids en béton ou en maçonnerie où cette
étude relève des calculs classiques de béton.
2.3.2. Résistance au cisaillement du sol et frottement sol-mur
2.3.2.1. Paramètres de résistance au cisaillement
La résistance au cisaillement du sol est l’un des paramètres les plus importants dans l’étude de la stabilité
d’un ouvrage de soutènement. En dehors des sols pulvérulents où seul intervient l’angle de frottement
interne ϕ, les sols comportant une partie notable de fines ont une résistance au cisaillement dépendant à
la fois de leur état de saturation et de la rapidité de la sollicitation de cisaillement. Pour un sol fin saturé,
la résistance à court terme est caractérisée par la seule cohésion non drainée cu , l’angle de frottement
étant alors nul (ϕu = 0). Par contre, la résistance effective ou à long terme est caractérisée par deux
paramètres : c’ la cohésion effective et ϕ’ l’angle de frottement interne effectif (cf. article Résistance au
cisaillement [C 216] dans cette rubrique). Pour le calcul des efforts de poussée ou de butée d’un sol non
saturé on prendra généralement la résistance effective (c’, ϕ’) mesurée sur le sol saturé. Dans le cas
d’un sol fin saturé (limon, argile), il sera parfois nécessaire de faire deux calculs, l’un à court terme
correspondant aux conditions juste après la construction, l’autre à long terme correspondant aux
conditions dans lesquelles les surpressions interstitielles se sont dissipées, soit quelques semaines à
quelques mois après la construction. C’est le cas des parois exécutées dans le sol en place avec
excavation. Cependant l’expérience montre que c’est le calcul à long terme et en contraintes effectives
(c’, ϕ’) qui est le plus défavorable, aussi se contente-t-on souvent de ce seul calcul. Il convient d’être
prudent sur la prise en compte de la cohésion effective c’ dans le cas des sols saturés. On la néglige
souvent dans le calcul de la poussée considérant qu’elle peut être facilement détruite sous l’effet,
notamment, des déplacements de l’ouvrage.

2.3.2.2 Frottement sol-mur


L’angle de frottement δ entre le sol et le parement arrière du mur dépend des facteurs suivants :

 la rugosité du parement ;
 l’angle de frottement interne du sol ϕ;
 le tassement relatif entre le mur et le sol ;
 l’inclinaison de la surface.
En première approximation on peut déterminer cet angle de frottement en fonction de l’état de surface
du parement, comme il est indiqué dans le tableau 2. Lorsque l’ouvrage de soutènement a tendance à

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tasser plus que le sol retenu, ce qui est le cas, par exemple,
d’un mur plaqué contre un talus de déblai, l’angle φ est
alors négatif. Le tassement relatif entre le sol et le mur joue
ainsi un rôle important. Dans tous les cas courants de murs
rugueux en béton ou en maçonnerie, la valeur de 2/3φ est
celle à retenir.

2.3.3. Calcul des efforts de poussée ou de butée


Le calcul des efforts de poussée ou de butée dans les ouvrages de soutènement doit tenir compte des
paramètres et des facteurs suivants :

 le poids volumique du sol ;


 la résistance au cisaillement du sol ;
 le frottement entre le sol et l’ouvrage ;
 l’inclinaison de la surface du sol à l’amont et à l’aval de l’ouvrage ;
 les déformations et déplacements relatifs de l’ouvrage par rapport au sol ;
 la présence d’une nappe d’eau ;
 les surcharges à la surface du sol.
Les méthodes permettant de déterminer les forces de poussée et de butée exercées sur un ouvrage de
soutènement ont été exposées dans l’article Ouvrages de soutènement. Poussée et butée [C 242]
de cette rubrique. Même si l’étude de la stabilité externe des ouvrages de soutènement repose sur des
méthodes de calcul à la rupture, la poussée ou la butée calculée tient compte des déformations de service
de l’ouvrage. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas possibilité de déplacement d’un mur de soutènement, comme
cela est le cas pour les murs latéraux d’un pont cadre, la force de poussée doit être calculée avec le
coefficient de pression des terres au repos K0 et non avec le coefficient de poussée Ka . D’une façon
générale, le calcul de la force de poussée ou de butée doit tenir compte de l’amplitude et de la direction
du mouvement relatif de l’ouvrage par rapport au sol. On admet que pour atteindre les états de poussée
et de butée limites dans des sables moyennement denses et dans des sols fins normalement consolidés
(avec un indice de consistance I C compris entre 0,75 et 1,00), il faut des mouvements tels qu’indiqués
au tableau 3. Pour des sols granulaires très denses et des sols fins très surconsolidés ( IC > 1,00), des
mouvements plus faibles sont suffisants pour mobiliser soit la poussée limite, soit la butée limite.
2.4. DIMENSIONNEMENT DES MURS POIDS EN
MAÇONNERIE OU EN BETON
On distingue essentiellement les murs-poids et les murs cantilever
simples ou avec des contreforts pour augmenter leur résistance
structurale (figure 4)

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Dimensionner un mur consiste à déterminer sa géométrie et sa structure (ferraillage pour un mur en
béton armé) pour qu’il soit stable sous l’action des forces suivantes (figure 5) :

 le poids du mur W
 la force de poussée Fa
 la force de butée à l’aval Fp
 la réaction du sol sous la fondation R
Le dimensionnement comporte les étapes suivantes en ce
qui concerne la stabilité externe :

 calcul des efforts de poussée et de butée ;


 sécurité vis-à-vis d’un glissement sur la base du
mur ;
 sécurité au renversement ;
 sécurité vis-à-vis d’une rupture du sol de fondation ;
 sécurité vis-à-vis d’un grand glissement
englobant le mur.
En premier lieu, il convient de vérifier que les
déplacements du mur sont suffisants pour mobiliser la
poussée ou la butée (cf. article Ouvrages de soutènement.
Poussée et butée [C 242]).
La force de poussée doit, par ailleurs, être calculée en
fonction des conditions hydrauliques probables les plus
défavorables derrière le mur.
Il faut avoir présent à l’esprit qu’un remblai horizontal
totalement saturé d’eau pousse environ 2,5 fois plus que le
même remblai sec.
Il est donc nécessaire d’éviter toute saturation du remblai
et de toujours assurer un bon drainage à l’arrière d’un mur
de façon à diminuer, autant que faire se peut, l’effet de
l’eau sur la force de poussée exercée.
Parmi les dispositifs de drainage couramment adoptés, on
distingue (figure 6) :

 les barbacanes qui sont des tubes légèrement


inclinés vers l’aval et traversant le mur, ce qui
permet à l’eau située derrière le mur d’être
évacuée ;
 le filtre placé à l’arrière du mur, soit directement contre le parement vertical, soit sur le terrain
𝜋 𝜑′
naturel en pente. Lorsque la pente du talus naturel est plus faible que tan⁡( + ) , où ϕ’ est
4 2
l’angle de frottement interne du sol, la mise en place d’un filtre sur ce talus empêche le coin de
Coulomb d’intercepter la nappe et élimine complètement son effet sur la poussée exercée sur le
mur.
Lorsque la géométrie du parement du mur, du côté du remblai, est complexe, on utilise pour évaluer la
force de poussée un parement fictif qui englobe une partie du remblai (figures 1 , 4 et 7).
2.5. MURS EN TERRE ARMEE ET MURS A ANCRAGES MULTIPLES

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La Terre Armée est un matériau résultant de l’association
d’un sol de remblai et d’armatures métalliques sous forme
de bandes, généralement en acier galvanisé. Lorsque le
massif de Terre Armée est sollicité, les armatures, par le
biais du frottement, se mettent en traction et apportent au
sol une cohésion anisotrope. Les principaux avantages de
ce matériau sont d’être souple et déformable, donc peu
sensible aux tassements du sol de fondation, et
économique. Les ouvrages réalisés avec ce matériau sont
de trois types : murs de soutènement, culées de pont et
radiers de fondation. La figure 14 montre la disposition
des armatures dans un mur en Terre Armée.
Le parement de l’ouvrage, ou peau, est généralement
constitué d’écailles de béton cruciformes. La peau ne joue
qu’un rôle local : celui d’empêcher la terre de s’écouler
entre les armatures. L’étude du dimensionnement d’un
mur de soutènement en Terre Armée comporte deux
parties :
— le dimensionnement interne, spécifique au matériau
Terre Armée, qui comporte notamment le
dimensionnement des lits d’armatures ;
— le dimensionnement externe, reposant sur les mêmes
principes que le dimensionnement des murs poids en
maçonnerie ou en béton. On donne ci-après quelques
indications sur le dimensionnement interne.
2.5.1. Fonctionnement de la Terre Armée
Des expérimentations sur ouvrages réels et des
modélisations numériques ont permis d’expliquer le
mécanisme de fonctionnement d’un massif en Terre
Armée, en précisant la répartition des efforts de traction le long des armatures. La figure 15 schématise
Cette répartition. On constate que :

 l’effort de traction présente un maximum TM qui n’est pas à l’aplomb du parement ; la peau
joue donc mécaniquement un rôle beaucoup moins important que les armatures, son action est
locale ;
 les points de traction maximale sont situés sur une courbe assez proche du parement et verticale
en tête ;
 la composante tangentielle de la contrainte exercée par le sol sur chaque face de l’armature étant
égale à :
Avec : b largeur de l’armature, 𝑙⁡abscisse sur l’armature, T effort de traction dans l’armature,
Les points de traction maximale permettent de séparer deux zones dans le massif :

 une première zone située près du parement, dans laquelle, la contrainte tangentielle étant dirigée
vers le parement, la terre a tendance à entraîner les armatures : c’est la zone active ;
 une seconde zone dans laquelle, la contrainte tangentielle étant dirigée vers l’intérieur, le sol a
tendance à retenir les armatures : c’est la zone résistante.

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C’est en assurant une liaison mécanique entre zone active et zone résistante que les armatures permettent
au mur en Terre Armée de fonctionner. Le phénomène essentiel dans la Terre Armée est le frottement
entre le sol et l’armature. Celui-ci doit avoir une valeur suffisante, ce qui impose l’utilisation d’un
remblai frottant (c’est-à-
2.5.2. Principes du dimensionnement interne des ouvrages en Terre Armée
Le calcul des armatures, à placer de façon régulièrement espacée en hauteur (∆H = 37,5 cm), repose sur
la considération de la ligne des tractions maximales. Deux critères sont utilisés, qui correspondent
chacun à un mode de rupture de ces murs :

 la rupture par cassure des armatures ;


 la rupture par manque de frottement dans la zone résistante, dite rupture par défaut d’adhérence.

2.5.3. Avantages et limitations de la Terre Armée


Les avantages de la technique de la Terre Armée sont les suivantes :

 rapidité d’exécution ;
 murs souples pouvant supporter sans dommage des tassements différentiels importants ;
 construction ne nécessitant qu’un matériel très léger ;
 coût compétitif.
La principale limitation à l’utilisation de cette technique est la qualité du remblai, qui doit être frottant.
2.5.4. Clouage et murs à ancrages multiples
La technique du clouage consiste à réaliser un mur de
soutènement d’excavation en utilisant le sol en place et en
y incluant au fur et à mesure du terrassement, des barres
passives subhorizontales travaillant essentiellement à la
traction, comme les armatures de Terre Armée. Ces barres
peuvent être soit battues, soit scellées au coulis de ciment
dans des forages. Le parement, vertical ou incliné, est
généralement constitué d’un béton projeté armé dont le
rôle local est de retenir la terre entre les barres. On appelle
les barres des clous et l’ouvrage de soutènement ainsi
obtenu un mur en sol cloué. La figure 17 montre la coupe d’un mur en sol cloué de 16 m de hauteur.
La construction d’un mur en sol cloué se fait par phases successives comme
l’indique la figure 18. Il y a tout d’abord la phase de terrassement ou
d’excavation que l’on exécute sur 1 à 2 m de profondeur, ce qui requiert
l’existence d’une légère cohésion à court terme dans le sol (dans le cas du sable
de Fontainebleau, une cohésion de 5 kPa est suffisante pour assurer la stabilité
de phases d’excavation de 1 m de hauteur). Puis l’on procède à la mise en place
des clous comme indiqué précédemment. Ensuite on réalise le parement, lequel
est souvent un béton projeté, armé par un treillis soudé. On recommence alors
une phase de terrassement et ainsi de suite.
Compétitivité et rapidité d’exécution sont les deux avantages principaux du
clouage. Cette technique ne peut être utilisée que hors nappe et requiert à la fois
une légère cohésion à court terme et une bonne valeur du frottement interne du
sol en place considéré.

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Le mode de fonctionnement d’un mur en sol cloué est assez similaire à celui d’un mur en Terre Armée
avec des contraintes de cisaillement le long des barres permettant de séparer une zone active proche du
parement et une zone résistante à l’arrière. Le calcul de ces ouvrages se fait par des méthodes de calcul
à la rupture à l’aide de logiciels utilisant la méthode des tranches et analysant la stabilité vis-à-vis de
surfaces de rupture potentielles. La figure 19 montre le calcul d’un ouvrage en sol cloué réalisé à l’aide
du programme Talren [10]. On fait généralement travailler les barres à une contrainte ne dépassant pas
la limite élastique, et l’on prend vis-à-vis du frottement sol-clou et de la résistance au cisaillement du
sol un coefficient de sécurité de 1,5.
Les murs à ancrages multiples, construits en remblai ou en déblai se différencient de la Terre Armée
et du clouage en ce sens que l’interaction entre le sol et le tirant d’ancrage est localisée à l’extrémité
libre du tirant, dans la zone de l’ancrage généralement constitué soit d’un corps mort (ouvrage en
remblai), soit d’un bulbe de scellement au coulis injecté (ouvrage en déblai). Le dimensionnement des
murs à ancrages multiples se fait par des méthodes de calcul à la rupture et de logiciels comme le
programme Talren.

2.6. MURS CAISSONS ET BATARDEAUX CELLULAIRES


Les murs caissons sont constitués par un assemblage
d’éléments structuraux préfabriqués en béton armé
ou en acier (figure 20), formant une série de cellules
sans fond et remplies de terre appelées caissons. Ce
type de mur est très ancien et a été utilisé pendant
des siècles dans les Alpes autrichiennes avec des
éléments en bois (troncs d’arbre).
Compétitivité, rapidité et facilité d’exécution sont
les principaux avantages de ces murs caissons. Ils
sont, par contre, limités en hauteur à cause de leur
élancement et l’un des facteurs les plus importants restent leurs déplacements latéraux. À titre

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d’exemple, un mur caisson vertical à éléments préfabriqués en béton subit un déplacement latéral
maximal, situé à mi-hauteur du mur, égal à 2 % de la hauteur totale lorsque le mur est construit en même
temps que le remblai et à 5 % de la hauteur totale lorsque le remblai est placé une fois le mur construit.
Une inclinaison du mur à 1/10 (verticale/horizontale) divise ces déplacements par 2.
Parmi les ouvrages de soutènement cellulaires, les batardeaux de palplanches métalliques représentent
un type très fréquemment utilisé pour construire, en site aquatique, des enceintes étanches, à l’intérieur
desquelles les ouvrages projetés (écluse, usine hydro- électrique, etc.) sont réalisés en totalité ou en
partie.
Ils sont également utilisés pour la réalisation, en site aquatique, de structures définitives telles que des
murs de quai par exemple.
Les cellules sont construites à partir de palplanches métalliques, et remplies d’un sol frottant,
généralement du sable. Leurs formes sont variées, et elles sont juxtaposées pour constituer le massif de
soutènement proprement dit (figure 21 ).
Les palplanches métalliques sont battues et enfilées les unes dans les autres par l’intermédiaire de joints
appelés serrures, qui permettent une certaine mobilité des éléments les uns par rapport aux autres.
L’enveloppe extérieure des cellules est donc flexible. Les palplanches de profil plat sont en général
limitées en longueur à 25 ou 30 m (figure 22).
Les cellules sont fondées de préférence dans un sol résistant. Lorsque les cellules sont hautes, on
construit, chaque fois que possible, une risberme du côté où elles ne sont pas chargées, afin d’améliorer
la stabilité du batardeau (figure 23).
Le dimensionnement des batardeaux cellulaires est encore essentiellement empirique. La méthode le
plus couramment utilisée est celle de Terzaghi [3], qui distingue les batardeaux fondés sur le rocher et
ceux fondés dans le sable.

2.7. LES PALPLANCHES


On appelle rideau de palplanches une paroi formée de profilés
métalliques standards minces, liaisonnés les uns aux autres. Ces rideaux
de palplanches ont de multiples applications.

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2.7.1. UTILISATION DES PALPLANCHES
2.7.1.1. PRINCIPE
a. Utilité
Les rideaux de palplanches sont des parois composées d'éléments fins préfabriqués, enfoncés
mécaniquement et verticalement (ou inclinés faiblement) selon de nombreuses techniques. Ils servent
de retenue d'eau ou de terre, et permettent la réalisation du mur en déblais (c'est-à-dire qu'on fonce les
palplanches dans le sol avant de creuser sur l'un des côtés du rideau) ou en remblais. L'écran ainsi formé
peut être étanche ou non. Les rideaux de palplanches sont réalisés par emboîtement de :

 profilés métalliques laminés ;


 planches de bois (très rares) ;
 éléments fins en béton ;
 ou profilés en PVC (très rares).
La paroi ainsi créée se comporte comme une paroi souple : contrairement aux ouvrages tels que parois
moulées (c.f. ressource sur IUTenLigne), elle admet des déplacements importants. L'utilisation de
rideaux de palplanches permet l'édification d'ouvrages de soutènement :

 afin de réaliser un dénivelé de


quelques mètres (une dizaine au
maximum) dans un espace exigu
(soutènement définitif ou
provisoire comme le blindage de
fouilles) ;
 au bord des canaux, de manière à
stabiliser les berges et éviter leur
érosion ;
 d'autre part, ils permettent la
réalisation ou l'extension de quais,
ports, écluses ;
 pour confiner les sols pollués ;
 afin de bloquer le phénomène de
grand glissement d'un talus ;
 lors de réalisation de batardeaux
(ouvrages en rivière permettant la
construction au sec de piles de
ponts ...) ;
 afin de réaliser les parois verticales de tranchées couvertes ;
 ... (marginalement, on les utilise aussi comme ouvrages de fondation ou comme support de
revêtement anti-bruit, et ainsi réaliser des écrans acoustiques près des routes ...)
b. Historique
Les premiers écrans de soutènement consistaient à enfoncer des planches de bois dans le sol afin de
créer des caissons en pleine eau. C'est à partir du début du XXème siècle que les palplanches métalliques
ont fait leur apparition. Le premier grand projet date de 1908, aux Etats-Unis, pour la construction d'une
écluse (près de 7000 tonnes de palplanches mises en œuvre). C'est seulement en 1929 que la première
usine de laminage française se lance dans la réalisation de ces profilés (la sidérurgie ROMBAS racheta
les brevets de LARSSEN).

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2.7.1.2. DIMENSION ET FABRICATION
La longueur en plan du rideau formé par l'assemblage de palplanches est théoriquement illimitée.
L'enceinte ainsi formée peut être fermée ou ouverte. Pour les écrans de soutènement, le dénivelé fréquent
est de l'ordre de 6 m. Les palplanches métalliques sont des profils d'une épaisseur allant de 3 à 20 mm,
et d'un maximum standard de 33 m de long. Elles sont achetées à la longueur voulue. Les sections de
ces éléments sont variées. La plupart du temps, les rideaux de palplanches subissent des efforts de
flexion (comme une poutre verticale, encastrée en pied et recevant une charge horizontale). Le module
de flexion élastique (I/v) est alors une caractéristique importante. De manière à mettre en forme l'acier,
deux techniques sont utilisées :

 profilage à froid (principalement pour les hauteurs moyennes et les confinements de sols
pollués) ;
 laminage à chaud (autres applications).
Un profilé est composé de plusieurs parties :

 la serrure, qui permet l'emboîtement


mécanique de plusieurs palplanches ;
 les ailes ;
 l'âme ;
Pour manutentionner le profilé métallique, il est préférable de percer un trou de manutention en tête de
la palplanche. La pince de manutention est un élément en U s'enclenchant dans le trou de manutention.
Elle est reliée à la grue, et sert de crochet de levage. Une corde de décrochement permet d'ouvrir le doigt
de verrouillage (ou goupille) depuis le sol. Les défauts du profilé sont :

 le sabrage : flèche de la palplanche dans le plan du rideau ;


 le cambrage : flèche de la palplanche dans le plan perpendiculaire du rideau ;
 le vrillage : défaut de planéité
Lors de la réalisation de l'écran, plusieurs étapes se succèdent :

 la mise en place du guide de battage (ou gabarit de battage) qui permet de maintenir la
palplanche dans son axe. Il est généralement posé sur des tréteaux (ou étriers).
 l'insertion de la palplanche dans la précédente à l'aide d'un enclencheur (ou vélo) (élément
facultatif, placé au sommet de la palplanche, permettant d'aider à l'assemblage des palplanches
- serrure dans serrure) ;
 la mise en fiche : après un léger enfoncement de l'élément (50 à 80 cm environ), et avant un
enfoncement complet, période pendant laquelle on règle et vérifie précisément le
positionnement de la palplanche (vérification de la verticalité à l'aide d'un fil à plomb ou d'un
niveau à bulle de 80 cm, réajustement à l'aide de la grue pour affiner sa verticalité) ;

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 fonçage du profilé (enfoncement dans le sol) à l'aide d'un mouton (masse coulissante) monté sur
une sonnette de battage (grue équipée d'un mât de guidage). Un casque de battage est
généralement monté en tête de la palplanche pour la protéger des coups portés en son sommet.
Le refus est obtenu lorsque, pour un nombre de volées déterminées (nombre de coups),
l'enfoncement est plus faible que prévu.
 si la longueur du profilé n'est pas suffisante, on réalise une enture (raboutage de deux éléments)
afin d'atteindre la profondeur voulue ;
 on finit par la réalisation de la poutre de couronnement en tête (encore appelée lierne béton ou
longrine).

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2.7.1.4. AVANTAGES

 Les palplanches sont souvent des profilés métalliques.


- L'acier est un matériau homogène permettant une adaptation importante (pliage, usinage, découpe,
soudage ... en usine ou même sur site pour répondre aux aléas du chantier) ;
- Il est aussi très ductile. Un processus progressif de déformation de la paroi sert de signal d'alarme si
un affaiblissement se produit ou si la poussée du sol augmente considérablement. Ce phénomène
permettra ainsi d'agir à temps (si les campagnes de surveillance de l'ouvrage ne sont pas trop espacées)
;
- L'acier est recyclable (réutilisable tel quel après arrachage ou peut être à nouveau fondu afin de servir
de matériau d'apport pour la réalisation de nouvelles palplanches) ;

 Le rideau de palplanches forme un écran étanche à l'eau (selon la technique de traitement des
joints utilisée, il peut être étanche immédiatement après la mise en place) qui ne laisse ni passer
les racines des arbres ni les animaux creusant des galeries ;
 Pour les voies navigables, cette solution permet une économie de place (possibilité en emprise
limitée) ;
 Comme les éléments mis en place sont préfabriqués, le rideau est efficace immédiatement après
la mise en place (pas de temps d'attente de durcissement contrairement au cas des parois moulées
...) ;
 Les temps de préparation et de réalisation sont faibles (si on a bien estimé la résistance du sol à
traverser) ;
 Cette solution nécessite peu de matériels et matériaux (pas de boue, pas de coffrage, pas de
blindage provisoire des terres ...) ;
 Un tel ouvrage n'est pas assujetti aux aléas climatiques ;
 Grâce aux palplanches en acier, il est possible de réaliser des soutènements dans les endroits
exigus.
2.7.1.5. INCONVENIENT

 Les sols traversés ne doivent pas être trop résistants (des précautions sont à prendre si l'on
souhaite traverser des couches très résistantes telles que l'argile bleue) ;
 Cette technique est très mal adaptée à un environnement sensible (la mise en place des
palplanches génère des nuisances sonores de l'ordre de 100 dB sur le site de battage (à 7 m) et
des vibrations importantes). C'est pourquoi on ne trouve presque jamais de palplanches en ville.
 La profondeur maximale fréquemment rencontrée est assez faible (environ 16 m).
 En fonction des matériaux utilisés, des altérations se produisent :
- métalliques – elles rouillent ;
- bois – elles pourrissent ;
- béton – elles se détériorent à cause des mouvements de l'eau, sont fragiles et lourdes ;
- PVC – elles supportent assez mal les ultraviolets.
C'est pourquoi la durée de vie d'un rideau de palplanches est de l'ordre de 30 à 40 ans. Passé ce délai, il
est nécessaire de changer les profilés.

 Enfin, les qualités esthétiques sont médiocres (on peut tout de même peindre, habiller le rideau
de mur de pierres, végétaliser ...).

14
2.7.2. FONCTIONNEMENT MECANIQUE
La paroi doit être en équilibre devant les actions mécaniques qu'elle supporte. Pour cela, différents
profilés existent. De même, des éléments de soulagement peuvent être prévus (selon la géométrie et
l'environnement) afin de réaliser des économies substantielles. La palplanche subit, en phase définitive,
de nombreuses actions. Certaines sont favorables, d'autres défavorables. Celles qui peuvent déstabiliser
l'ouvrage sont principalement horizontales. Elles sont dues à :

 la poussée des terres (fonction d'un coefficient intrinsèque au sol « ka » : actif) ;


 la poussée hydrostatique (pression de l'eau sur la paroi - pressions engendrées par le gradient
hydraulique en cas d'écoulement) ;
 des poussées latérales dues à une surcharge sur le sol en amont (comme par exemple la présence
de bâtiments mitoyens peut engendrer des efforts considérables s'ils ne sont pas fondés à la
même profondeur que l'écran. Il peut être parfois possible de réaliser une reprise en sous-œuvre
de ces ouvrages afin de soulager la paroi)
;
En contrepartie, la stabilité de l'ouvrage est
assurée par l'encastrement dans le sol (qui
nécessite une hauteur de fiche suffisante). Le sol
en aval agit alors comme une butée. Pour être
correctement pris en compte, il faut s'assurer que
ce sol ne peut être déplacé au cours du temps
(dans le cas des berges, le matériau en pied ne
doit pas risquer d'être emporté lors des décrues
rapides ...). La hauteur de fiche est de l'ordre de :

 5 m pour les palplanches de 12 m de haut


;
 10 m pour les palplanches de 22 m de haut. Ces valeurs doivent naturellement être calculées par
le bureau d'études.
Les désordres pouvant se produire sont :

 le renversement ;
 le grand glissement ;
 la rupture du rideau (choix d'un module de flexion élastique suffisant pour reprendre le moment)
;
 déformée trop importante du rideau (rigidité trop faible) ;
 phénomène de renard (boulance de la terre en pied de terrassement).

Le dimensionnement d'un tel ouvrage est assez complexe car la poussée des terres est proportionnelle à
la déformée des palplanches, et vice versa. Le calcul doit aussi bien être réalisé à court terme qu'à long
terme (les caractéristiques du sol changent).
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Pour les palplanches au niveau des berges, le cas défavorable se produit généralement lors d'une décrue.
Attention, le cas dimensionnant pour la palplanche peut être sa mise en œuvre. Elle y reçoit des efforts
très importants qui peuvent être nettement supérieurs à ceux subits par l'ouvrage définitif.

Le choix des modules utilisés se fait en fonction de nombreux paramètres :

 il doit répondre aux différentes sollicitations subies (traction latérale (→ profilé plat) ou flexion
(→ profilé à module de flexion élastique élevé : I/v) ? Fonction de la hauteur de soutènement,
du coefficient de poussée des terres et du chargement en tête de soutènement) afin de ne pas
atteindre la rupture ou le déplacement maximum toléré
 la forme du profilé doit être cohérente avec la méthode utilisée pour son enfoncement (toutes
les formes de palplanches n'ont pas la même aptitude au battage – lors de son enfoncement, un
bouchon de terre peut se former en pied, rendant la pénétration dans le sol bien plus difficile).
Le module de Young est une caractéristique très importante, directement liée à la rigidité du rideau.
L'autre critère entrant en compte dans cette rigidité du panneau est le moment quadratique.
PROFILES DE PALPLANCHES EXISTANTS
Selon l'utilisation faite, on prendra une certaine gamme de profilés (fabricants : Hoesch, Frodingham,
Larssen, Arbed, USS Bethlehem, Castell ...) :

 les profils en Z : Grâce à leur continuité d'âme et à leur symétrie par rapport à l'axe neutre, ils
ont un bon rapport module de résistance / poids ;
 les profils en U : Ils réduisent le périmètre de la palplanche, diminuant ainsi la surface qui
recevra (si besoin est) un traitement de longévité. Ces profils sont particulièrement bien adaptés
aux réemplois.

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 les profils plats : Ils sont très utilisés pour les enceintes circulaires fermées reprenant la poussée
des terres (enceintes de confinement, gabions ...). Les palplanches sont alors soumises à une
traction ou une compression. L'alignement de la matière y est évidemment particulièrement bien
adapté. Les serrures ont une résistance au dégrafage importante (de l'ordre de 5000 kN/m).
 les autres profils :
Il existe encore bien d'autres profils
tels que :
- les profils fermés type caissons
(exemple : sortes de Y assemblés) ;
- les profils à redans (U ou Z assemblés
de sorte à augmenter le moment
quadratique global du rideau) ;
- les profils mixtes (associés avec des
profilés de type H possédant des
serrures aux extrémités des ailes. Dans
ce cas, le H est l'élément porteur
vertical (fondation d'un bâtiment) et
horizontal (poussée des terres). La
palplanche n'est plus alors qu'un élément intercalaire).
Ces profilés sont disponibles dans des nuances d'acier allant de 235 à 430
MPa (limite élastique).
Les palplanches mesurent de 500 mm à 1 m de large. Elles pèsent entre 20
à 120 kg/m. Des raccords spéciaux permettent des changements d'alignement
(exemple : pour réaliser des niches).
2.7.3. TRAITEMENT(DURABILITE)
Au bout d'un certain temps (fonction du traitement et de l'environnement), un vieillissement de l'acier
apparaît (perforation localisée, amincissement du profilé, gonflement par oxydation : formation de
rouille qui possède un facteur d'expansion allant de 1 à 7 – engendrant une diminution des
caractéristiques mécaniques).
La corrosion de l'acier est principalement engendrée par des réactions chimiques qui se produisent dans
un environnement contenant simultanément de l'eau et de l'air.
Des campagnes de surveillance et de maintenance de l'ouvrage permettent d'intervenir à temps lorsque
la palplanche est détériorée. Les solutions vont alors du traitement local au changement pur et simple
des profilés. Cependant, il est préférable, lorsque l'ouvrage doit avoir une longévité importante, de le
protéger.
Afin d'augmenter la durabilité de l'acier, on peut effectuer différents traitements. Ces traitements sont
déterminés en fonction :

 du type de surface recueillant la protection :


- nature : acier simple ou galvanisé ;
- l'était de surface : degré de propreté, présence de rouille ;

 de l'environnement :

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- types d'agents agressant la paroi : eau, PH, sel, sable, bactéries anaérobies, taux et type de pollution
dans l'eau, l'air (pollution industrielle à base de dioxyde de soufre) ou / et dans le sol (à grande
profondeur, dans un sol sain, la rouille ne se forme plus car il y a absence d'oxygène) ;
- le climat ;
- les contraintes mécaniques ;
- les courants de fuite présents aux alentours (exemple : proche des voies ferrées).

 la durabilité et l'esthétisme souhaités (couleur, brillance ...). Il est déjà important de choisir un
profilé correctement étudié vis-à-vis du risque de rouille (épaisseur conséquente, sur- épaisseur
aux points critiques et même sur dimensionnement pour tenir compte de l'amincissement du
profilé). En plus, il est possible de mettre en place différents traitements :
de surface (sur hauteur totale ou partielle de la palplanche) appliqués au rouleau, à la brosse ou au
pistolet :
- galvanisation à chaud au trempé (procédé qui a pour but de plonger l'acier dans un bain de zinc fondu
à 450°C, après préparation de la surface en bain acide et bain de chlorures pour améliorer l'adhérence.
L'épaisseur du traitement doit être supérieure à 80 microns) ;
- multicouches composées de revêtement primaire (souvent au zinc pour ses capacités à inhiber la
corrosion), couche(s) intermédiaire(s) (ayant pour but d'augmenter l'épaisseur de traitement et donc le
temps de parcours de l'humidité avant d'atteindre l'acier et réagir chimiquement avec) et couche de
finition (ayant des propriétés conformes à la couleur souhaitée, la résistance chimique aux agents
agressifs de l'environnement ...). La plupart de ces couches sont à base de résine époxyde ;

 d'autres traitements actifs comme la protection cathodique (par courant imposé ou anode
sacrificielle) sont utilisés dans les zones où la corrosion est particulièrement à craindre ;
 ou encore mise en place d'éléments de protection tels que le couronnement béton descendant
sous le niveau des basses eaux, évitant toute zone oxydée et humide (la rouille à besoin d'eau et
d'oxygène pour se développer). Pour les traitements de surface, une préparation minutieuse du
support est nécessaire (nettoyage par projection d'abrasif = grenaillage ou sablage, brossage
mécanique ou manuel).
Tout d'abord, il est nécessaire de retirer la couche d'oxydes (calamine) présente surtout sur les profilés
laminés à chaud. Si cette calamine n'est pas retirée, l'oxydation se poursuivra sous la couche de
protection. La rouille ayant un volume plus important que l'acier, elle provoque des cloques et arrache
le revêtement. Ensuite, l'augmentation de rugosité de surface, engendrée par certains prétraitements,
favorise l'adhérence des couches de protection.
Le traitement de surface peut être :

 totalement ou partiellement réalisé en atelier avant le fonçage du profilé (il devra alors avoir des
qualités anti-abrasives suffisantes pour adhérer correctement au support malgré les frottements
subis lors de l'enfoncement de la palplanche) ;
 ou appliqué une fois le profilé mis en place. Le traitement sera alors localisé uniquement sur la
zone terrassée (zone vue = zone accessible).

2.7.4. REALISATION
2.7.4.1. Technique d’enfoncement et outils
La technique est choisie en fonction de nombreux critères :

 la nature des couches de sols traversées ;

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 la profondeur d'enfoncement ;
 l'accessibilité du chantier (voie d'accès, batardeau ou non ...) ;
 l'environnement (présence d'ouvrages fragiles proches ou non) ;
 l'angle d'inclinaison de la palplanche à l'état final (palplanches verticales : tous les outils sont
possibles. Inclinées, il sera nécessaire de disposer d'un mât) ;
 le gabarit à respecter (réalise-t-on une partie du rideau sous un ouvrage ?). Pour enfoncer les
palplanches dans le sol (en déblais, c'est-à-dire avant excavation), plusieurs techniques peuvent
être employées :
 l'enfoncement à la pelle mécanique ;
 le fonçage (ou vérinage – utilisation d'un « silent piler ») ;
 le vibrofonçage ;
 le battage ;
 le lançage.

a. Enfoncement à la pelle mecanique


Dans les terrains faciles à traverser (tels que les sables), et pour des profondeurs d'enfoncement faibles,
on utilisera simplement la pelle mécanique afin d'appuyer en tête sur la palplanche. La palplanche est
naturellement positionnée au préalable dans un guide de battage afin de s'assurer de sa verticalité (ce
guide aura alors préférentiellement deux altitudes de maintien des palplanches, éloignées d'au moins 3
m de haut).
b. Foncage ou verinage utilisationd’un seul silent piler
La palplanche est enfoncée à l'aide d'un vérin (ou presse à palplanches) qui se déplace sur la tête des
palplanches. La force appliquée en tête des palplanches peut atteindre 3 MN ;
Cette technique est bien plus respectueuse de l'environnement que les autres.

c. Vibrofoncage
Un sol mis en vibration perd sa cohésion et se liquéfie légèrement. Le vibrofonçage est donc une
technique qui consiste à vibrer la palplanche à l'aide d'un trépideur à cadence rapide (vibrofonçeur). La
fréquence de vibration est adaptée aux sols traversés afin de faciliter la pénétration de la palplanche.
Elle fait appel à une masselotte excentrée tournante. Elle permet de diminuer considérablement le
frottement latéral. Le poids du vibrofonçeur contribue à l'enfoncement. Le vibrofonçage est la technique
la plus rapide et ménageant au maximum la palplanche. Elle est donc très fréquemment employée (mais
ne permet pas de traverser des sols aussi résistants qu'avec la technique du battage. Le vibrofonçage
convient bien aux sols pulvérulents tels que sables, graves, voire même, limons ..., surtout s'ils sont
saturés d'eau. Pour des sables lâches, on peut même atteindre un enfoncement de 5 m par minute. Il est
cependant conseillé de ne pas dépasser 50 cm par minute. La fréquence d'excitation de la palplanche est
de l'ordre de 40 Hz).

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Le vibrofonçage permet d'arracher facilement les palplanches lors d'un éventuel problème de mise en
œuvre ou lorsqu'il est nécessaire de les changer (après 30 à 40 ans environ).
Il convient aussi bien aux réalisations sur terre que sous l'eau.
Les vibrofonçeurs sont parfois interdit d'emploi proche d'ouvrages existants car les vibrations
(principalement celles de démarrage et d'arrêt) se propagent dans le sol et peuvent provoquer des
sinistres. Il existe cependant des vibrofonçeurs à haute fréquence à moment variable. L'approche des
excentriques (masses à la source des vibrations) se fait petit à petit et permet de diminuer grandement
ces tremblements.

d. Battage
Il consiste à taper sur la tête de la palplanche pour l'enfoncer. On a alors le choix entre différents types
de marteaux :

 le marteau « Pajot » (monté sur pelle ou sur grue. Il agit comme un mouton qui « sautille »
légèrement, mais violemment sur la tête de la palplanche grâce à une arrivée d'air comprimé.
Une vanne à la sortie du compresseur permet de réguler le nombre de coups par minute
appliqués en tête de la palplanche. On peut atteindre 150 coups par minute. Il a un
encombrement réduit et permet ainsi l'enfoncement de palplanches sous un gabarit réduit) ;
 un mouton diesel (la masse, appelée mouton, coulisse dans un cylindre attaché sur un mât. La
masse monte grâce à l'explosion dans la chambre située juste dessous, et retombe grâce à son
poids propre. Le mât permet aussi de guider la palplanche. Cet outil est principalement utilisé
sur terre. Il est peu coûteux, mais de rendement assez faible. Le nombre de coups par minute
peut aller jusqu'à 35 voire 55 coups) ;
 un mouton bloc (ou mouton soulevé à l'aide d'une grue ou d'un treuil, et tombant en chute libre)
;
 un mouton hydraulique (mouton, d'au plus 6 tonnes, mis en mouvement sur un mât grâce à un
vérin double effet qui monte la masse et l'accélère jusqu'à 2 g lors de la descente. Ce type de
marteau est principalement utilisé pour les battages sous-marins, et de plus en plus pour les
battages terrestres. Le nombre de coups peut atteindre 60 par minute.
L'énergie de battage peut être régulée en fonction des couches de sol à traverser) ; les différents moutons
pèsent de 1 à 11 tonnes (valeur extrême de plus de 600 tonnes). Lorsqu'ils sont diesels ou
hydrauliques, ils tombent d'une hauteur de 0,5 à 3 m ;

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le marteau « Pajot » est utilisé lorsque la place au-dessus de la tête de la palplanche est faible, et ne
permet donc pas le positionnement du mât.
La technique du battage est assez rarement
employée car elle est longue et fait beaucoup
de bruit. De plus, elle abîme fortement la
palplanche (attention d'étudier correctement
l'énergie de battage en fonction des
caractéristiques du profilé à enfoncer).
Cependant, lors de la présence d'ouvrages à
proximité, elle peut s'avérer moins fragilisante
que les autres techniques (fonction de la
fréquence de résonance des ouvrages proches
du chantier). C'est la technique (hormis
lorsqu'une autre technique est associée au
lançage) qui permet de traverser les sols les
plus résistants (type marnes compactes). Le
refus est atteint lorsque, pour environ 250
coups, la palplanche ne s'enfonce plus que de
50 cm au maximum.
Le casque de battage, monté sur la sonnette, est un élément important (surtout pour les battages au
mouton chute libre et mouton diesel. Il sera remplacé par une plaque de répartition pour le marteau «
Pajot » et le mouton hydraulique). Il permet de transmettre l'énergie de frappe provenant du mouton à
la palplanche sur une surface plus importante, tout en limitant les détériorations engendrées en tête et en
évitant au mouton de rebondir. Il est souvent composé d'une partie en acier portant l'emprunte du type
de palplanche à battre (voire de plusieurs types de palplanches afin d'être standard). Un martyr en bois
ou résine synthétique complète le dispositif.
e. Lancage
Le lançage est une technique qui permet d'aider à l'enfoncement, dans le sol, d'éléments préfabriqués
tels que pieux, palplanches ...
Cette solution vient en complément du vibrofonçage voire du vérinage.
Le procédé a pour principe l'injection d'eau
(ou d'un mélange d'eau et d'air) en pied de la
palplanche afin d'écarter les particules de sol
et l'ameublir. Ce jet a pour effet :

 de diminuer considérablement la
résistance de pointe observée lors de
l'enfoncement de l'élément dans le sol
;
 de limiter le frottement latéral,
provoqué par la remontée du liquide
le long du profilé ;
 de lubrifier les serrures facilitant ainsi
le coulissage des paires de palplanches entre-elles. Pour pouvoir appliquer cette technique, il est
indispensable d'équiper l'élément métallique de lances (tuyaux en acier) positionnées en pied.
Des flexibles relient ces lances aux compresseurs qui envoient le fluide à une pression de :

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 0,5 à 2 MPa et à un débit de près de 300 litres (par minute et par lance) pour le lançage basse
pression (valeur qui doit être proche de la pression limite du sol mesurée). Les lances d'un
diamètre allant de 30 à 70 mm sont au même niveau que le pied de la palplanche. Une fois
l'élément enfoncé dans le sol, elles sont abandonnées ;
 aux alentours de 4 MPa et un débit de 10 litres (par minute et par lance) pour le lançage haute
pression (plus particulièrement employé pour les couches de terrains très résistantes) ;
 atteignant même 50 MPa et un débit d'environ 100 litres (par minute et par lance) pour les
lançages très hautes pressions (technique très délicate à mettre en œuvre). Les lances ont des
diamètres faibles (environ 10 mm) mais sont récupérées pour être réutilisées (elles coulissent
dans des supports soudés à la palplanche).
Le lançage permet :

 de traverser des couches plus résistantes (pression limite du sol : Pl* jusqu'à 2,5 MPa pour le
lançage basse pression, et jusqu'à 30 MPa pour le lançage haute pression) ;
 un gain de temps (la vitesse de fonçage de la palplanche est divisée par un facteur allant de 1,1
à 10 – gain courant de 30%) ;
 de diminuer la propagation des vibrations (donc générant moins de désordres aux alentours du
chantier) ;
 d'injecter éventuellement, une fois l'écran mis en place, un coulis de ciment dans les lances afin
d'augmenter
l'étanchéité du rideau ou de le conforter.
Par contre, il :

 réduit malheureusement aussi le frottement mobilisable (causé par le remaniement recherché du


sol) ;
 provoque un surcoût (mais peut éviter bien des déboires de mises en œuvre) ;
 et nécessite une étude minutieuse (choix du nombre de lances, de la pression et du débit) ;
 il est vivement déconseillé près d'autres ouvrages (les dégâts provoqués peuvent être importants
et différés dans le temps).

2.7.4.2. METHODOLOGIE
La mise en place de palplanches suit un certain nombre d'étapes :

 préparation (implantation, terrassement, positionnement du guide de battage) ;


 mise en fiche (enfoncement sur une faible profondeur et ajustement du positionnement) ;
 enfoncement de la paire de palplanches (jusqu'à la profondeur calculée pour la stabilité de
l'ouvrage)
 enfoncement des palplanches suivantes ;
 finitions (recépage, poutre de couronnement, désinstallation de l'aire de travail, traitement de
l'acier
 surveillance de l'ouvrage (via des campagnes d'inspection périodiques) ;
 changement des palplanches en fin de vie (arrachage au vibrofonçeur ou à l'aide de certains
marteaux, et mise en place de nouvelles palplanches).

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