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VIVRE EN SOCIÉTÉ, PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ

Dénoncer les travers de la société

UNITÉ 5
Partager des combats d’artistes :
du XVIe siècle à aujourd’hui
Durée approximative : 12 heures
Cette unité 5 s’inscrit dans une des entrées du cycle 4 : VIVRE EN SOCIÉTÉ, PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ. Pour aborder
ce thème, nous nous intéresserons aux travers de la société, c’est‑à-­dire aux défauts communs auxquels l’homme est
confronté.
« L’artiste est celui qui nous montre du doigt une parcelle du monde » a écrit J.M.G Le Clézio dans L’Extase matérielle.
Cette citation illustre parfaitement les objectifs de cette unité. Nous te proposons, en effet, d’aller à la rencontre d’écri‑
vains, d’illustrateurs, de musiciens qui ont choisi de recourir aux mots, aux images, à la musique pour s’engager face aux
maux qu’ils découvraient.
Tu constateras, d’ailleurs, que de tout temps, l’artiste a souhaité s’impliquer dans la société pour en dénoncer les travers.
Par conséquent, les thèmes envisagés sont variés et riches. Ils s’ancrent souvent dans une époque précise. Au cours de
tes lectures, tu réfléchiras sur l’opportunisme, l’injustice, l’esclavage, l’éducation. Tu prendras position sur un sujet aussi
grave que l’écologie et le devenir de la planète.
Mais rassure-­toi ! Même si ces sujets sont sérieux, pour sensibiliser leur public, ces artistes ont souvent su adopter un ton
particulier, un style personnel. Ils ont su créer tout en nous donnant envie de les accompagner.
Nous t’invitons maintenant à découvrir cette nouvelle unité très engagée et surtout très enrichissante.
Prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de l’unité. Encadre-­les.

SÉANCE 1

Lire une satire de l’aristocratie 93


SÉANCE 2

Lire une critique de la Justice 95


SÉANCE 3

Découvrir des images engagées 97


SÉANCE 4

Lire une dénonciation de l’esclavage 99


SÉANCE 5

Différencier les homophones distingués par l’accent 100


SÉANCE 6

Connaître un écrivain engagé 102


SÉANCE 7

Réfléchir à un thème d’actualité 105


SÉANCE 8

Je m’évalue 108

92 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5


Je peux lire aussi

Voltaire, Zadig ou la destinée, J’ai lu, 2014.


Victor Hugo, Les Misérables, livre de poche, 2014.
Collectif, Nouvelles vertes, Thierry Magnier, 2008.
Alain Grousset, Paco Porter, Les brigades vertes, Flammarion,
1999.

SÉANCE 1
Lire une satire de l’aristocratie

Durée : 1 h 30
Dans cette première séance, tu vas lire un sonnet du XVIe siècle écrit par Joachim Du Bellay. De retour en France après
son séjour à Rome où ses fonctions le conduisirent à fréquenter la cour du Pape, Du Bellay fait le portrait des courtisans.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-­les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le poème suivant et réponds aux questions. Écoute également la lecture de ce poème à la piste 15.

Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil

1 Seigneur1, je ne saurais regarder d’un bon œil


Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire2,
Et se vêtir, comme eux, d’un pompeux appareil3.

5 Si leur maître se moque, ils feront le pareil,


S’il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-­ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.

Si quelqu’un devant eux reçoit un bon visage4,


10 Ils le vont caresser, bien qu’ils crèvent de rage
S’il le reçoit mauvais5, ils le montrent au doigt.

Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite6,


C’est quand devant le roi, d’un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.

— Joachim Du Bellay, Les Regrets, sonnet CL,


(orthographe modernisée)

Notes :

1. « Seigneur » : apostrophe classique en début de sonnet. Du Bellay adresse son poème à un prince.
2. « contrefaire » : imiter.
3. « d’un pompeux appareil » : d’un vêtement de cérémonie.
4. « reçoit un bon visage » : est bien reçu.
5. « S’il le reçoit mauvais » : s’il est mal reçu.
6. « me dépite » : m’irrite, me peine.

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 1 93


A. Comprendre
1. a) Qui dit « je » dans ce poème ?
b) Quel sentiment anime le poète dans ces vers ? Cite le texte.
2. « Ces vieux singes de cour »
a) Quelle est l’image employée ici ? Explique-­la.
b) Qui est désigné par ce procédé ?
3. La conjonction de subordination « si » est répétée à plusieurs reprises dans le poème.
Comment appelle-­t‑on cette figure de style ? Justifie son emploi.
4. Relis le premier quatrain.
Que critique le poète chez les courtisans ? Justifie en citant le texte.
5. « Plutôt auront-­ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil. » (v.7-8)
a) Quelles sont les figures de style employées dans le vers 8 ?
b) Quel nouveau défaut est ainsi dénoncé ?
6. « Ils le vont caresser, bien qu’ils crèvent de rage
S’il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. »
a) Quelle image reconnais-­tu dans le premier vers cité ?
b) Quel troisième défaut apparaît ?
7. Relis le deuxième tercet. Quel vice moral est reproché aux courtisans ?
8. À ton avis, dans quel but ces « vieux singes de cour » agissent-­ils ainsi ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de rédiger l’exercice d’écriture.

JE RETIENS
La satire

Une satire est un texte dans lequel l’auteur critique, souvent en les ridiculisant, les mœurs de ses contempo-
rains, des défauts humains ou des situations. Celle-­ci peut donc être morale ou sociale.
Exemple : Avec sa pièce Le Bourgeois gentilhomme, Molière fait la satire de la bourgeoisie française de l’époque.
Plus généralement, on appelle satire toute œuvre écrite, chantée, peinte, tout propos comportant une moquerie,
une critique virulente.
Afin de rendre sa satire plus convaincante, l’auteur fait souvent appel à des figures de style.
Les figures de style
• La métaphore : elle propose une image concrète en remplacement d’un autre terme. Proche de la compa-
raison, elle ne contient cependant pas d’outil de comparaison.
Exemple : « Ces cheveux d’or sont les liens, Madame…
Dont fut premier ma liberté surprise… »
• Le chiasme : il s’agit d’une construction parallèle dont les éléments s’entrecroisent. Il correspond au
schéma de type ABBA.
Ex : « Jeune homme on te maudit, on t’adore vieillard. » (V. Hugo)
A B B A
• L’antithèse : elle rapproche dans une phrase deux termes qui sont opposés :
Exemple : « Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine » (« Heureux qui comme Ulysse… » J. Du Bellay)

B. Écriture bilan
Pour répondre aux deux questions suivantes, appuie-­toi sur tes réponses précédentes qui te permettront de
construire un paragraphe synthétique.
(Reporte-­toi à l’unité 4 pour revoir comment rédiger un paragraphe argumenté.)
Pourquoi peut-­on dire que ce sonnet de J. Du Bellay est une satire ?
Penses-­tu qu’elle soit convaincante ? Pourquoi ?
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

94 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 1


SÉANCE 2
Lire une critique de la Justice

Durée : 1 h 30
Dans la séance 1, tu as découvert que le poète pouvait critiquer ses contemporains. En lisant cette fable de Jean de La
Fontaine, tu vas découvrir qu’il peut aussi s’attaquer à une institution.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-­les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement la fable suivante et réponds aux questions. Écoute également la lecture à la piste 16.

Les Animaux malades de la peste

1 Un mal qui répand la terreur,


Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
5 Capable d’enrichir en un jour l’Achéron1,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
À chercher le soutien d’une mourante vie ;
10 Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant2 plus de joie.
15 Le Lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux3,
20 Peut-­être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
25 Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons4.
Que m’avaient-­ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
30 Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
35 Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-­ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,
En les croquant, beaucoup d’honneur.

Notes :

1. « l’Achéron » : fleuve des Enfers.


2. « partant » : donc.
3. « du céleste courroux » : de la colère du ciel.
4. « force moutons » : plusieurs moutons.

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 2 95


Et quant au Berger, l’on peut dire
40 Qu’il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-­là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire1. »
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
45 Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses :
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins2,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Âne vint à son tour et dit : « J’ai souvenance
50 Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense,
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. »
55 À ces mots, on cria haro3 sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc4 prouva par sa harangue5
Qu’il fallait dévouer6 ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille7 fut jugée un cas pendable.
60 Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,


Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
— Jean de La Fontaine, Fables, Livre VII, 1, 1679
Notes :

1. « un chimérique empire » : un pouvoir imaginaire.


2. « mâtins » : gros chiens.
3. 
« on cria haro sur le baudet » : chacun se mit à huer l’âne (haro : terme de chasse. Cri poussé pour exciter
les chiens contre le gibier.).
4. « clerc » : savant.
5. « sa harangue » : son discours.
6. « dévouer » : sacrifier.
7. « peccadille » : faute légère, sans gravité.

A. Comprendre
1. Qui se réunit dans cette fable ? Pourquoi ?
2. a) Mets en évidence les six parties de cette fable.
b) Quel est l’objectif de chacun des discours des différents personnages ?
3. À quel domaine appartiennent les mots suivants ? : « Ciel » (v.2), « péchés » (v.17), « céleste courroux » (v.19),
« saints » (v.48), « diable » (v.52) ? Justifie leur emploi.
4. a) Quel type de discours est utilisé pour rapporter les paroles du Lion ? À ton avis pourquoi ?
b) Comment apparaît ce personnage ? Développe ta réponse.
5- Relis l’intervention du Renard des vers 34 à 42.
a) Quel trait de caractère propre à cet animal retrouve-­t‑on ici ? Développe ta réponse.
b) Quel rôle, déjà rencontré dans le sonnet de J. Du Bellay, joue-­t‑il auprès du Lion ?
6- Comment le lecteur peut-­il juger l’Âne ? Développe ta réponse.
7. a) Recopie la morale de cette fable.
b) Comment se correspondent les deux adjectifs de chaque proposition ?
c) Reformule cette morale.
8. a) Observe attentivement cette illustration de Gustave Doré.
b) Quel moment de la fable est représenté ?
c) Cette image est-­elle fidèle à la fable ? Développe ta réponse.

96 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 2


— Gravure de Gustave Doré (1868) / gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de rédiger l’exercice d’écriture.

B. Écriture bilan
Pour répondre aux deux questions suivantes, appuie-­toi sur tes réponses précédentes qui te permettront de
construire un paragraphe synthétique.
Quel enseignement peut-­on tirer de cette fable ?
Penses-­tu qu’elle soit convaincante ? Pourquoi ?
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

SÉANCE 3
Découvrir des images engagées

Durée : 1 h 30
Dans cette séance, tu vas découvrir des dessins de différentes époques qui portent un regard critique sur la société.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-­les. Fais ensuite le travail demandé.
Observe attentivement les trois illustrations proposées puis réponds aux questions.

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 3 97


— Angel Boligan Corbo – Humour Noir en Société
http://www.boligan.com — Caricature de Caran d’Ache, traitant de l’affaire Dreyfus,
parue dans le Figaro le 14 février 1898

—  La mode au XVIII e


siècle d’après « Mode et beauté », paru en 1901
http://www.france-­pittoresque.com

A. Comprendre
1. D’où sont tirées ces différentes illustrations ?
2- a) Quelle image fait référence à un évènement de son époque ? De quel sujet s’agit-­il ?
b) Quelle image montre un défaut d’un siècle antérieur ? Lequel ?
c) Quelle image met en scène un défaut de notre temps ? Lequel ?
3- Penses-­tu que ces dessinateurs représentent fidèlement la réalité ? Développe ta réponse en t’appuyant sur les
illustrations étudiées.
4. Propose un autre titre plus significatif pour chaque image.
Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de rédiger l’exercice d’écriture.

98 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 3


JE RETIENS
La caricature
Le mot français « caricature » vient de l’italien « caricatura », littéralement « charger de façon exagérée ».
Il s’agit d’une représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par l’exagération et la déforma-
tion des traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique.
La caricature peut concerner une personne dont l’apparence physique est déformée. On trouve aussi la carica-
ture de situation qui représente des événements réels ou imaginaires sous une forme satirique et exagérée ;
elle met alors en relief les mœurs ou le comportement de certains groupes humains.

B. Écriture
Choisis une des trois images que tu as étudiées. Puis présente-­la en trois paragraphes en répondant aux questions
suivantes :
— D’où vient cette image ? Qui en est le dessinateur (si tu le connais) ?
— Que représente cette image ? Décris-­la.
— Quel est le message du dessinateur ? Est-­il convaincant ?
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

SÉANCE 4
Lire une dénonciation de l’esclavage
Durée : 1 h 30
Dans cette nouvelle séance de lecture, tu vas lire un extrait de Candide ou l’Optimisme, un conte philosophique de Vol‑
taire. À travers celui-­ci, le philosophe des Lumières raconte les pérégrinations de son personnage qui découvre les dures
réalités du monde.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-­les. Fais ensuite le travail demandé.
Lis attentivement le texte suivant et réponds aux questions.
1 En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre1 étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de
son habit, c’est‑à-­dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche
et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-­tu là, mon ami, dans l’état
horrible où je te vois ? - J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le
5 nègre. - Est-­ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c’est
l’usage2. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travail-
lons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons
nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous
mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons3 sur la côte
10 de Guinée, elle me disait : « Mon cher enfant, bénis nos fétiches4, adore-­les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les Blancs, et tu fais par là la fortune de ton
père et de ta mère. » Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les
chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollan-
dais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs
15 et noirs. Je ne suis pas généalogiste5 ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins
issus de germains6. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user7 avec ses parents d’une manière
plus horrible.
— Voltaire, Candide ou l’Optimisme, 1759
Notes :

1. 
« nègre » : mot qui vient du portugais « negro », et signifie « personne noire ». Ce mot est couramment
employé à l'époque de Voltaire et ne constitue pas alors une insulte raciste.
2. « l’usage » : la coutume.
3. « écus patagons » : monnaie de Flandre.
4. 
« fétiches » : terme qui désignait tous les objets de culte que possédaient les esclaves. À la ligne 10, ce mot
désigne les prêtres qui cherchent à convertir les esclaves.
5. « généalogiste » : personne qui recherche et établit la succession des ancêtres de quelqu’un.
6. 
« cousins issus de germains » : Ce sont deux individus dont le père ou la mère de l’un est frère ou sœur du
père ou de la mère de l’autre. Ils ont donc au moins un grand-­père ou une grand-­mère en commun.
7. « en user » : se comporter.

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 4 99


A. Comprendre
1. Dans quel état se trouve l’esclave ? Pourquoi ?
2. Montre à l’aide de deux indices que Candide, au début de la rencontre, semble supérieur à l’esclave.
3. a) Comment se nomme le maître de l’esclave ? Que penses-­tu de ce nom ?
b) Quel est le double sens de l’adjectif qualificatif « fameux » (l.4) ?
4. Relève, dans cet extrait, le champ lexical de la religion. Quelle vision de celle-­ci est donnée ?
5. « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. » (l.9). Explique cette affirmation de l’esclave.
6. Dans les lignes 11 et 12, le mot « fortune » est employé à deux reprises. Quels sont les deux sens de ce mot dans
le texte ?
7. « Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. » (l.12 -13)
Quelle image est employée ici ? Reformule l’idée contenue dans cette phrase.
8. Qui parle le plus, finalement, dans cet extrait ? Qu’en penses-­tu ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de rédiger l’exercice d’écriture.

B. Écriture
Pour répondre à la question suivante, appuie-­toi sur tes réponses qui te permettront de construire un petit texte
synthétique.
Pourquoi, selon Voltaire, l’esclavage doit-­il être aboli ? Propose trois arguments ordonnés et rédigés. N’oublie pas de
citer le texte.
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

Le coin des curieux

Au XVIIIe siècle, l’esclavage est critiqué par les philosophes des Lumières. Dans l’Encyclopédie, ils écrivent que
« rien au monde ne peut rendre l’esclavage légitime ». Montesquieu explique que « comme tous les Hommes
naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre la nature ». Voltaire, lui, prend pour exemple un « nègre » du
Surinam pour dénoncer l’horreur de cette pratique. Condorcet propose dans son livre Réflexions sur l’esclavage
des Nègres, un affranchissement progressif et le rachat des esclaves. En 1789, Olympe de Gouges fut emprison-
née à la prison de la Bastille par lettre de cachet après une seule représentation de sa pièce de théâtre, Zamora
et Mirza, qui dénonçait l’esclavage. En 1788, la « Société des amis des Noirs » est créée. Cependant, il faudra
attendre 1848 pour que l’esclavage soit aboli en France.

SÉANCE 5
Différencier les homophones distingués par l’accent

Durée : 1 h 00
Observation :
Complète les phrases par cru, crû, du, dû, sur ou sûr :
— Tu n’aurais pas…………, ………… champagne et des olives………… !
— J’étais………… que cela te plairait. Je pose les verres………… cette table.
Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de faire les exercices d’application.

100 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 5


JE RETIENS
Des homophones distingués par l’accent

cru / crû
cru :
— Participe passé du verbe croire. Exemple : Il a cru que tu partais.
— Nom (= vignoble). Exemple : C’est un grand cru de bordeaux.
— Adjectif (= qui n’est pas cuit). Exemple : Ce légume se mange cru ou cuit.
crû
— Participe passé du verbe croître (= grandir). Exemple : Cet arbre a crû très rapidement.
Crue
— nom féminin désignant l’élévation du niveau d’un cours d’eau.
Exemple : le Rhône est en crue.
du / dû / due
du : article partitif (= une partie de) ou défini contracté (= de… le).
Exemple : N’oublie pas d’acheter du pain. Voici la maison du maire.
dû / due
- Participe passé de devoir au masculin et au féminin singulier.
Exemple : Ce succès lui est dû. Cette somme m’est due.
- Nom (= ce qui est dû) Exemple : As-­tu réclamé ton dû ?
Sur / sûr
sur
— préposition Exemple : Le livre est sur la table.
Sûr
— adjectif qualificatif Exemple : Elle n’est pas sûre de ses résultats.
Mur / mûr
mur
— nom commun Exemple : Le lierre couvre le mur en pierre.
mûr
— adjectif qualificatif Exemple : Un fruit mûr.

1. Complète par dû, du, due, dus, dues. Attention à l’accord de dû !


a) Comme ils criaient, j’ai………… m’arrêter de parler.
b) Je vous suis le plus obligé………… monde de m’avoir averti aussi vite.
c) Il y avait………… brouillard sur la ville.
d) Cette somme lui est………… ; vous devez le rembourser.
e) Elle s’imagine que tout lui est…………
f) Une mauvaise idée vaut toujours mieux que pas d’idée………… tout.
g) Ces clients partirent aussitôt sans réclamer leur…………
h) À quoi sont………… ces lumières étranges ?
i) Toute somme………… doit être remboursée à la fin………… mois.
2. Complète par sur ou sûr :
a)………… la place, les musiciens jouaient une valse.
b) Les spectateurs portent tous leur regard………… le saxophoniste talentueux.
c) Mais elle était………… d’elle, ………… de tout.
d) Maître Corbeau, ………… un arbre perché, regardait le Renard.
e) Cet enfant, ………… de lui-­même, a réussi à convaincre ses camarades.
3. Complète ces phrases avec cru, crue, crus ou crû :
a) Tout le monde avait………… cet homme étrange.
b) Les terres sont inondées en raison des…………
c) Ce sommelier propose des grands………… à ses clients.

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 5 101


d) En notre absence, les haies ont………… de plusieurs centimètres.
e) Le carpaccio est un plat composé de viande…………
f) L’effectif de cette école a………… depuis deux ans.
g) Avec cet orage, les habitants ont………… à de nouvelles inondations.
Vérifie tes réponses dans le corrigé.

SÉANCE 6
Connaître un écrivain engagé
Durée : 2 h 00
Nous t’invitons maintenant à revisiter l’œuvre de Victor Hugo à travers trois extraits qui témoignent de l’engagement de
l’écrivain.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-­les. Fais ensuite le travail demandé.
Lis attentivement les textes suivants et réponds aux questions. Écoute également la lecture du premier texte à la
piste 17.

A. Lecture d’un discours


Extrait du discours de Victor Hugo devant l’Assemblée constituante le 20 juin 1848.

1 On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans
les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-­t‑on que la nuit peut se faire aussi
dans le monde moral, et qu’il faut allumer des flambeaux pour les esprits ? […] Vous me comprenez
tous ; je souhaite passionnément, comme chacun de vous, l’amélioration du sort matériel des classes
5 souffrantes ; c’est là, selon moi, le grand, l’excellent progrès auquel nous devons tous tendre de tous
nos vœux comme hommes et de tous nos efforts comme législateurs.
Mais si je veux ardemment1, passionnément, le pain de l’ouvrier, le pain du travailleur, qui est mon
frère, à côté du pain de la vie je veux le pain de la pensée, qui est aussi le pain de la vie. Je veux multi-
plier le pain de l’esprit comme le pain du corps.
10 Il me semble, messieurs, que ce sont là les questions que soulève naturellement ce budget de l’ins-
truction publique2 discuté en ce moment.
Eh bien, la grande erreur de notre temps, ç’a été de pencher, je dis plus, de courber, l’esprit des
hommes vers la recherche du bien-­être matériel, et de le détourner par conséquent du bien-­être
religieux et du bien-­être intellectuel. La faute est d’autant plus grande que le bien-­être matériel, quoi
15 qu’on fasse, quand même tous les progrès qu’on rêve, et que je rêve aussi, moi, seraient réalisés, le
bien-­être matériel ne peut et ne pourra jamais être que le partage de quelques-­uns, tandis que le
bien-­être religieux, c’est‑à-­dire la croyance, le bien-­être intellectuel, c’est‑à-­dire l’éducation, peuvent
être donnés à tous. […]
Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser, pour ainsi dire, l’esprit de l’homme ; il
20 faut, et c’est là la grande mission, la mission spéciale du ministère de l’Instruction publique, il faut
relever l’esprit de l’homme, le tourner vers Dieu, vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai,
vers le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec
lui-­même, et par conséquent la paix de l’homme avec la société.
Pour arriver à ce but, messieurs, que faudrait-­il faire ? […] Outre l’enseignement religieux, qui tient le
25 premier rang parmi les institutions libérales, il faudrait multiplier les écoles, les chaires3, les biblio-
thèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d’études pour les
enfants, les maisons de lecture pour les hommes, tous les établissements, tous les asiles où l’on
médite, où l’on s’instruit, où l’on se recueille, où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur ;
en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple ; car c’est par
30 les ténèbres qu’on le perd.
Notes :

1. « ardemment » : avec vivacité.


2. « l’instruction publique » : aujourd’hui, l’éducation nationale.
3. « les chaires » : les postes de professeurs.

102 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 6


1. a) Dans quel but, Victor Hugo prononce-­t‑il ce discours ? Que veut-­il obtenir ? Justifie ta réponse en citant le
texte.
b) Quel reproche adresse-­t‑il à la société ?
2. Relis les lignes 19 à 22.
a) Quelle anaphore trouve-­t‑on dans ce paragraphe ? Justifie son emploi.
b) Quelle solution propose l’écrivain face au « mal » (l. 19) qu’il dénonce ?
3. « il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple ; car c’est par les ténèbres qu’on le
perd. » (l. 29 à 30) Quelle image est employée ici ? Explique-­la.

B. Lecture poétique
Le poète, en exil, s’adresse à ses amis, à ses enfants, à ceux qu’il aime et leur explique sa vision du monde.
1 Marquis, depuis vingt ans, je n’ai, comme aujourd’hui,
Qu’une idée en l’esprit : servir la cause humaine.
La vie est une cour d’assises ; on amène
Les faibles à la barre accouplés aux pervers1.
5 J’ai, dans le livre, avec le drame2, en prose, en vers,
Plaidé pour les petits et pour les misérables ;
Suppliant les heureux et les inexorables3 ;
J’ai réhabilité le bouffon, l’histrion4,
Tous les damnés humains, Triboulet, Marion5,
10 Le laquais, le forçat et la prostituée ;
Et j’ai collé ma bouche à toute âme tuée,
Comme font les enfants, anges aux cheveux d’or,
Sur la mouche qui meurt, pour qu’elle vole encor.
Je me suis incliné sur tout ce qui chancelle,
15 Tendre, et j’ai demandé la grâce universelle6 ;
Et, comme j’irritais beaucoup de gens ainsi, — Victor Hugo d’après le Comte
Tandis qu’en bas peut-­être on me disait : Merci, Stanislas Ostorog dit WALERY,
Photogravure (1883)
J’ai recueilli souvent, passant dans les nuées,
L’applaudissement fauve et sombre des huées ;
20 J’ai réclamé des droits pour la femme et l’enfant ;
J’ai tâché d’éclairer l’homme en le réchauffant ;
J’allais criant : Science ! écriture ! parole !
Je voulais résorber le bagne7 par l’école ;
Les coupables pour moi n’étaient que des témoins.
— Victor Hugo, Les Contemplations, Livre V, « En marche », 1856
Notes :

1. « aux pervers » : à ceux qui font le mal.


2. « le drame » : pièce de théâtre.
3. « les inexorables » : ceux qui se montrent durs, sévères.
4. « le bouffon, l’histrion » : personnage grotesque, mauvais acteur.
5. « Triboulet, Marion » : un fou, une courtisane
6. « la grâce universelle » : le pardon de tous.
7. « résorber le bagne » : faire disparaître le bagne.
1. Que signifie l’expression « servir la cause humaine » (v.2) ?
2. a) Quel est le temps principal employé dans ces vers ? Pourquoi ?
b) Par quels moyens Victor Hugo a-­t‑il combattu ?
c) Cite à partir du texte trois combats dans lesquels le poète s’est engagé.
3. Selon l’écrivain, comment peut-­on améliorer la société ?

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 6 103


C. Lecture d’un extrait de roman
1 Cosette était entre eux, subissant leur double pression, comme une créature qui serait à la fois broyée
par une meule et déchiquetée par une tenaille. L’homme et la femme avaient chacun une manière dif-
férente ; Cosette était rouée de coups, cela venait de la femme ; elle allait pieds nus l’hiver, cela venait
du mari.
5 Cosette montait, descendait, lavait, brossait, frottait, balayait, courait, trimait1, haletait, remuait des
choses lourdes, et, toute chétive, faisait les grosses besognes. Nulle pitié ; une maîtresse farouche, un
maître venimeux. La gargote2 Thénardier était comme une toile où Cosette était prise et tremblait. […]
La pauvre enfant, passive, se taisait. […]
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-­être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure
10 sombre. Cosette était maigre et blême ; elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six.
Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les
coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés
et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’enge-
lures » […]. Tout son vêtement n’était qu’un haillon3 qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver.
15 Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on
y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait
touchée. […] Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses inter-
valles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient
20 une seule idée : la crainte.
— Victor Hugo, Les Misérables, 2ème partie « Cosette », III, 1862
Notes :

1. « trimait » : (fam.) travaillait d’arrache-­pied ; se donnait beaucoup de peine.


2. « gargote » : petit restaurant à bas prix.
3. « haillon » : vêtement en lambeaux.

1. a) « La gargote Thénardier était comme une toile où Cosette était prise et tremblait. » (l.7-8)
Quelle image est employée ici ? Explique-­la.
b) « Nulle pitié ; une maîtresse farouche, un maître venimeux. » (l. 6-7) Quelle est la caractéristique de cette
phrase ? Justifie cette construction.
c) Quels sont les différents maux dont souffre Cosette ? Cites-­en trois.
2. Quel est le sentiment principal éprouvé par Cosette ? Cite le texte.
3. Que peut ressentir le lecteur pour ce personnage ? Développe et justifie ta réponse.
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant d’envisager l’exercice d’écriture.

D. Écriture
Pour répondre à la question suivante, appuie-­toi sur tes réponses précédentes qui te permettront de construire un
paragraphe synthétique.
Par quels moyens Victor Hugo a-­t‑il mené ses combats ? Pour quelles grandes causes s’est-­il engagé ?
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

Le coin des curieux

Victor HUGO est né le 26 février 1802 à Besançon. Son père, le colonel Léopold Hugo, est militaire de
carrière. Sa mère, Sophie Trébuchet, est issue de la bourgeoisie vendéenne.
Au cours de son enfance, il effectue plusieurs voyages en compagnie de ses parents, mais ces derniers se
séparent alors que le garçon a dix ans. Il poursuit des études brillantes à Paris, au lycée Louis-­le-­Grand. Il
reçoit plusieurs récompenses dont un prix d’encouragement décerné par l’Académie française.
Son œuvre est riche et variée. Il écrit des drames historiques comme Hernani qui font de Hugo un écrivain
romantique. Les Contemplations, La légende des siècles, les Châtiments l’ont fait connaître comme poète. Quant
à ses romans, ils ont tous obtenu le succès : Les Misérables, Quatrevingt-Ttreize, Notre-­Dame de Paris…
Durant toute sa vie, Victor Hugo s’est engagé politiquement en faveur de grandes causes : la défense des
pauvres, la lutte contre la peine de mort, les valeurs républicaines. Il est ainsi devenu un homme public
essentiel de son époque.
Il meurt le 22 mai 1885. Après des funérailles nationales, il est inhumé au Panthéon.

104 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 6


SÉANCE 7
Réfléchir à un thème d’actualité

Durée : 2 h 00
Pour clore cette unité, avant l’évaluation, voici trois documents différents qui traitent de l’écologie : une chanson, une
planche de bande dessinée, une nouvelle. Comme tu vas pouvoir le constater, chacun d’eux, à sa façon, cherche à sensibi‑
liser le public sur un problème grave de notre société.
Lis attentivement les documents suivants et réponds aux questions.

Œ
Si tu es né dans une cité HLM Assieds-­toi près d’un vieux chêne
Je te dédicace ce poème Et compare-­le à la race humaine
En espérant qu’au fond de tes yeux ternes L’oxygène et l’ombre qu’il t’amène
Tu puisses y voir un petit brin d’herbe Mérite-­t‑il les coups de hache qui le saignent ?
Et les mans faut faire la part des choses Lève la tête, regarde ces feuilles
Il est grand temps de faire une pause Tu verras peut-­être un écureuil
De troquer cette vie morose Qui te regarde de tout son orgueil
Contre le parfum d’une rose Sa maison est là, tu es sur le seuil…
{Refrain}
{Refrain :}
C’est l’hymne de nos campagnes Peut-­être que je parle pour ne rien dire
De nos rivières, de nos montagnes Que quand tu m’écoutes tu as envie de rire
De la vie man, du monde animal Mais si le béton est ton avenir
Crie-­le bien fort, use tes cordes vocales ! Dis-­toi que c’est la forêt qui fait que tu respires
J’aimerais pour tous les animaux
Pas de boulot, pas de diplômes Que tu captes le message de mes mots
Partout la même odeur de zone […] Car un lopin de terre, une tige de roseau
Va voir ailleurs, rien ne te retient Servira la croissance de tes marmots !
Va vite faire quelque chose de tes mains {Refrain}
Ne te retourne pas ici tu n’as rien
Et sois le premier à chanter ce refrain — Tryo - « L’hymne De Nos Campagnes »,
titre extrait de l’album :
{Refrain} De Bouches Oreilles 2004, Label : Yelen

Assieds-­toi près d’une rivière


Écoute le coulis de l’eau sur la terre
Dis-­toi qu’au bout, hé ! il y a la mer
Et que ça, ça n’a rien d’éphémère
Tu comprendras alors que tu n’es rien
Comme celui avant toi, comme celui qui vient
Que le liquide qui coule dans tes mains
Te servira à vivre jusqu’à demain matin !
{Refrain}

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 7 105




— Toxic planet, David Ratte, édition Paquet, 2012.


Ž « La maison verte »
1 Voilà, tout est fait, je crois. Papa va être content quand il va rentrer du travail. Reste plus qu’à vérifier
la liste.
Porter le verre au conteneur. OK.
Arroser le potager avec l’eau des bacs de récupération. OK.
5 Retourner le compost. FAIT.
Il y a deux ans, nos parents ont décidé d’obtenir le label Maison verte qui, selon une nouvelle directive
gouvernementale, leur octroierait 50 % de réduction sur leurs impôts locaux et jusqu’à 65 % sur la
taxe d’habitation. Nos voisins d’à côté, les Giraud, l’ont obtenu l’an passé, comme les Ledoux, en face.
Notre village est « à la pointe », dit toujours papa quand on a des invités, l’un des premiers à avoir été
10 classé VFD, pour Village de France Durable.
Il était temps que l’on s’y mette aussi.
Vider le bac à sciure des toilettes. FAIT.
Ramasser le bois mort du jardin. OK.
Papa et maman ont beaucoup investi ces deux dernières années : une chaudière à granulés de bois,
15 des panneaux solaires sur le toit du garage, un système de récupération des eaux qui permet non
seulement d’arroser le potager bio mais aussi d’alimenter la salle de bains et le lavabo de la cui-
sine, une douche à débit limité, du double vitrage à toutes les fenêtres et une isolation complète des
combles en laine de chanvre.
Chaque matin, sur une ardoise dans la cuisine, nos parents inscrivent la liste des tâches que ma sœur
20 et moi devons effectuer en rentrant de l’école. Au collège, la prof d’écocivisme ne cesse de nous répé-
ter que c’est avec des gestes simples et quotidiens que l’on peut préserver la planète. Depuis cette
année, l’écocivisme est coefficient 3 au bac. Autant que l’anglais et la physique nucléaire.
Changer l’ampoule flucompacte du salon. FAIT.
Nourrir les poules. FAIT.
25 Tuer un lapin pour dimanche. OK.
Faire vos devoirs. OK.

106 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 7


Avec les économies qu’ils feront sur les impôts quand on aura le label Maison verte, mes parents
comptent acheter une voiture électrique, ce qui nous éviterait de prendre le car pour aller à la gare
TGV quand on part en vacances. Par contre, papa continuera d’aller au travail en tandem avec M. Gi-
30 raud. Il faut dire que, comme tout le monde dans le quartier, il travaille à la centrale nucléaire qui
n’est qu’à deux kilomètres de la maison. De toute façon, il aura quarante-­cinq ans dans deux ans et
sera à la retraite.
Charger le four à bois. OK.
Cueillir une tomate pour le dîner (portez-­la à deux pour ne pas vous faire mal au dos).
35 FAIT.
Prendre vos cachets d’iode1. OK.
Tout est fait.
Le soir tombe, c’est l’heure que je préfère de la journée. Les oiseaux s’appellent dans le jardin, les
derniers rayons de soleil étirent les ombres et embrasent le panache de la tour de refroidissement de
40 la centrale.
J’entends le porche qui grince. Papa revient du travail. J’aime, chaque soir, quand il traverse la cour et
qu’il scintille dans la pénombre.
— Mikaël Ollivier, « La maison verte » Nouvelles re-­vertes © Éditions Thierry Magnier, 2008.
Notes :

1. « cachet d’iode » : donné en prévention aux habitants proches des centrales nucléaires.

A. Comprendre
1. Quel est le thème commun à ces trois documents ?
2. Quel problème particulier est mis en évidence ?
3. Quelle est la thèse précise défendue par chaque auteur ? Développe ta réponse en t’appuyant précisément sur
les documents.
4. Par quel(s) moyen(s) chaque artiste parvient-­il à impliquer son public ?
5. Quel est le document le plus convaincant selon toi ? Pourquoi ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant d’envisager l’exercice d’écriture.

B. Écriture
Penses-­tu qu’il soit important qu’un artiste s’engage face à un problème de société ? Pourquoi ?
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 7 107


SÉANCE 8
Je m’évalue

Durée : 1 h 00
Comme à la fin de chaque unité, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra de faire le point sur ce que
tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir. Complète maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu
as oublié quelque chose ou si tu n’es pas sûr(e) de toi, tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et
vérifie tes réponses. Il est très important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.

Je connais Je suis capable de


 La satire  Reconnaître le sujet d’une satire.
• Une satire est un texte dans lequel l’au- • « Je te raconterai du siège de l’église,
teur c………………………, souvent en les Qui fait d’oisiveté son plus riche trésor,
r………………………, les m………………………… de ses Et qui dessous l’orgueil de trois couronnes d’or
contemporains, des d………………humains ou Couve l’ambition, la haine, et la feintise. »
des s………………………… Celle-­ci peut donc être Dans ces vers, du Bellay critique :
m………………………… ou
o les courtisans o le Vatican
s………………………… Dans son poème Seigneur, je
o la société romaine
ne saurais regarder d’un bon œil, Du Bellay fait la
satire des c…………………………
 Les figures de style  Identifier chaque figure de style :
— La………………………… propose une image concrète ………………………… :
en remplacement d’un autre terme. Proche de « Douce victoire, défaite innommable. »
la comparaison, elle ne contient cependant pas ………………………… :
d’outil de comparaison. « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage. »
………………………… :
— Le………………………… présente une construction
« Innocents dans un bagne, anges dans un
parallèle dont les éléments s’entrecroisent. Il
enfer. »
correspond au schéma de type ABBA.
— L’………………………… rapproche dans une phrase
deux termes qui sont opposés.
 Le mot QUE  Identifier la nature du mot Que dans ces
phrases :
Que peut être de différentes
Les inégalités que Victor Hugo dénonce sont
c........................ g............................ Il peut
révoltantes.
être un p..................... r....................., une
c........................... de s............................, .......................................................................................
il peut aussi aider un verbe à se conjuguer J'ai compris que Voltaire dénonce l'esclavage dans
au mode .........................., on l'appelle alors Candide.
........................ Il peut enfin être un ................... .......................................................................................
exclamatif et un .................... interrogatif.
Que ces combats sont justes !
.......................................................................................
Que tout le monde prenne position pour sauver la
planète !
.......................................................................................
 Une critique de la justice  Retrouver à quel personnage de la fable appar-
tiennent ces paroles :
 ans « Les Animaux malades de la peste »,
D
« - Sire, dit………………………, vous êtes trop bon Roi ;
Jean de la Fontaine remet en cause la
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
............................... Il montre qu’elle s’attaque
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce,
aux plus faibles, à ceux qui n’ont pas les
Est-­ce un péché ? Non, non. »
moyens de se défendre.

108 CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 8


 La caricature  Comprendre une caricature
Il s’agit d’une représentation g……………………,
en dessin, en peinture, etc., obtenue par
l’e…………………… et la d…………………… des traits
caractéristiques du visage ou des proportions du
corps, dans une intention s…………………… .
La caricature peut concerner une
p…………………… dont l’apparence physique est
déformée. On trouve aussi la caricature de
s…………………… qui représente des évènements
réels ou imaginaires sous une forme satirique et
exagérée.

— Benjamin Roubaud, Victor Hugo -


Le Charivari 9 décembre 1841

Ce dessin propose une…………………. de Victor Hugo.


Le dessinateur…………………. son corps en créant
une tête surdimensionnée ; l’écrivain est assis sur
son œuvre et il domine les monuments parisiens. Il
s’agit ainsi de mettre en valeur…………………………………
de cet artiste.
 Une dénonciation de l’esclavage  Compléter ces paroles du Nègre de Surinam :
Dans l’extrait ci-­contre de Candide ou l’opti‑ « Quand nous travaillons aux sucreries, et que
misme, Voltaire dénonce………………… ; il montre la meule nous attrape le doigt, on nous coupe
que cette pratique est i………………… ; elle repose la………………. ; quand nous voulons nous enfuir, on
sur l’e………………… des personnes. nous coupe la………………. : je me suis trouvé dans
les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez
du………………. en Europe. »
 Des homophones distingués par l’accent  Entoure la bonne orthographe :
………………… est le participe passé du verbe — Qui l’eût dit ? Qui l’eût cru / crû ?
croire, un nom ou un adjectif. Quant à………………, il
— Cet arbre a beaucoup cru / crû en dix ans.
s’agit du participe passé du verbe croître. La…………
désigne l’élévation du niveau d’un cours d’eau. — Le poète est désolé ; il a du / dû partir rapide-
………………… est un article partitif. ………………… ment.
est le participe passé du verbe devoir au masculin. — Cet élève a du / dû caractère et de la volonté.
Il s’agit aussi d’un nom. — Il est sur / sûr d’avoir compris ce texte.
………………… est une préposition et………………… — Sur / sûr son bureau, il a posé son livre.
un adjectif qualificatif.
 Victor Hugo  Lire des vers engagés :
Victor Hugo est un écrivain e………………… car « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme
dans ses r…………………, dans ses p………………… qu’on gagne.
et dans ses d…………………, il a toujours voulu Quatre-­vingt-­dix voleurs sur cent qui sont au
combattre la m…………………, l’ex…………………, bagne
l’i………………… tout en montrant l’importance de Ne sont jamais allés à l’école une fois,
l’é………………… Et ne savent pas lire, et signent d’une croix. »
— Victor Hugo Les Quatre vents de l’esprit,
I, 24 / 1881
Dans ces vers, Victor Hugo rappelle l’importance
de l’é………………… Pour éviter les prisons, il faudrait
davantage é………………… les hommes.
 Un thème d’actualité  Comprendre l’engagement écologique :
Le thème de l’é………………… se retrouve aussi Pour sauver notre planète, il faut suivre
bien dans la…………………, la………………… ………………… quelques règles simples :
ou la………………… Les auteurs rappellent qu’il — combattre…………………………………… .
faut………………… la planète.
— favoriser……………………………………
— protéger…………………………………… .

CNED – Collège 3e FRANÇAIS – Unité 5 – Séance 8 109

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