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(1673)
Objectifs :
v Préciser et enrichir les éléments de culture théâtrale.
v Approfondir l’analyse et l’interprétation des œuvres en les inscrivant dans le contexte de leur
création et de leur réception ainsi que dans l’histoire du genre.
v Prendre en compte les questions de représentation et de mise en scène.
Lectures linéaires :
v Acte I, scène 5, la dispute entre Toinette et Argan Lecture cursive :
v Acte II, scène 5, le monologue de M.Diafoirus v L’illusion comique de Corneille.
v Acte III, scène 3, le débat entre Argan et Béralde
Parcours d’étude :
Etudes d’ensemble : v
v La fonction du monologue
v La fonction de la scène d’exposition
v Molière ou le succès de la comédie
v Les personnages de la pièce
v Le lexique du théâtre
v Le registre comique et les différents comiques
v Contextes littéraire, historique et culturel.
v Satire sociale dans la comédie
v Spectacle et comédie
Grammaire :
- Phrase négative et tournure impersonnelle.
- Négation et adverbe
- Tournures emphatiques.
Oraux d’entraînement
1
Vers l’EAF :
Dissertation : « Le devoir de la comédie [est]de corriger les hommes en les divertissant. » dit Molière dans
Le Tartuffe en 1664.
Travail préparatoire :
2
RECHERCHES « PROLONGEMENTS ARTISTIQUES ET CULTURELS »
Vous pouvez utiliser un support numérique ainsi que tous les domaines artistiques que vous le souhaitez
(peinture, caricature, extraits d’œuvres littéraires…). Votre travail fera l’objet d’une restitution en classe et sera
noté.
Vous allez visionner plusieurs extraits du film Le Roi danse de Gérard Corbiau, sorti en 2000 qui retrace la
rencontre entre le Roi de France Louis XIV, le talentueux Lully et l'ingénieux Molière et vous répondrez aux
questions suivantes :
c'est la mort du cardinal mazarin qui amène louis XIV à vouloir affirmer son autorité.
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4. Qu’apprend-on sur la Compagnie du Saint-Sacrement qui jouera un rôle déterminant dans « l’affaire du
Tartuffe », comédie de Molière ?
Ce sont de faux dévot, elle a été intedite mais continue de se réunir en secret.
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Il lui donne un role politique, il veutt qu'elle apporte l'armonie universelle et qu'elle
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unisse le peuple. Il veut faire briller la France au millieu de l'Europe par la musique.
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ni réconforté et elle ne l'a pas laissé l'aimer comme il le voulait. Mais il y a aussi de
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RESTITUTION DES TRAVAUX DE RECHERCHE THEME 1 : LES GRANDES FETES A
VERSAILLES
1. Enfance
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Jean-Baptiste Poquelin est le fils d’un tapissier aisé de la rue Saint-Honoré. Elève du plus célèbre collège de
Paris, Clermont, dirigé par les Jésuites, il y fait d’excellentes études de 1636 à 1641. Il put y observer un monde
nouveau pour lui puisque ce collège était fréquenté par les fils des plus grands seigneurs. C’est là, dit-on, qu’il fit
la connaissance du Prince de Conti et du philosophe Gassendi. Quand il eut terminé ses classes, son père lui fit
faire des études de droit mais il avait depuis longtemps le goût du théâtre : son grand-père le menait sur le Pont-
Neuf voir Tabarin et ses tréteaux ou à l’Hôtel de Bourgogne ou encore à la Foire-Saint-Germain.
2. Fondation de l’Illustre-Théâtre
7
Figure 2 : Anonyme, Farceurs français et italiens. (1670).
En 1643, il fonde avec les comédiens Béjart, l’Illustre Théâtre. Il prend le pseudonyme de Molière et tente de se
créer un public en vain. Acculé par les dettes, il est emprisonné au Châtelet et décide de fuir ses créanciers en
faisant une tournée en province en 1645. Ainsi, de 1646 à 1658, Molière et sa troupe jouent tout le répertoire
contemporain et s’exerce dans tous les genres. Cette expérience est aussi pour lui l’occasion d’observer les
mœurs de la province et elle lui fournit la matière pour des types plus accentués.
Il décide de venir tenter sa chance à Paris et finit par jouer devant la cour. Mais, lui qui rêvait d’être un grand
acteur tragique doit se résoudre à accepter sa vocation comique pour laquelle il a bien plus de talent. Le roi
donne à Molière la salle du Petit-Bourbon, avec le titre de Troupe de Monsieur et une pension. En 1661, il
s’installe dans la salle du Palais-Royal. C’est là qu’il joua toutes ses pièces. Il devient alors acteur, directeur de
troupe, auteur et principal interprète. S’inspirant des Italiens et de la Commedia dell’arte, Molière commence par
des comédies en un ou trois actes (Les précieuses ridicules 1659) très sommaires puis marque une progression
avec L’Ecole des maris (1661) : la pièce est écrite en vers et en trois actes, le sujet se complique…Se trouve là
en germe le thème de la première grande comédie de Molière L’Ecole des femmes (1662) > scandale > succès
considérable. Molière a trouvé le ressort de ses grandes comédies : il s’agira d’accabler les puissances abusives
et odieuses et d’appliquer l’ « utile dulci *» d’Horace (instruire et plaire)
- Le Misanthrope 1666
- Tartuffe 1669
- Dom Juan 1682
Mais Molière n’est pas un moraliste : il a conscience que la vie sociale est un jeu, que le monde est une comédie
et qu’il faut rester lucide et prendre le parti d’en rire. Son théâtre est donc marqué, grâce aux commandes du Roi,
d’une veine plus festive et plus joyeuse. Avec le musicien Lulli, Molière conçoit des divertissements royaux et
invente le genre de la comédie-ballet (qui préfigure déjà l’opéra ou les comédies musicales). C’est un spectacle
total avec danse, chant, machineries, feux d’artifice…
- Les Fâcheux 1661
- Monsieur de Pourceaugnac 1669
- Le Bourgeois Gentilhomme 1670
- Le Malade Imaginaire 1673
Les personnages clés de Molière sont tous des originaux, des maniaques, des marginaux. Ce sont des types qui
ont en commun la démesure et l’égoïsme. Obsédés par leur extravagance, ils perdent toute lucidité et connaissent
l’échec. Molière voulait « châtier les mœurs par le rire » et prônait le « juste milieu » selon sa devise « la parfaite
raison fuit toute extrémité/Et veut que l’on soit sage avec sobriété. ». Molière a toujours donné la parole à la voix
du bon sens dans ses pièces par l’intermédiaire des « modérés » : parents, amis, jeunes gens. C’est leur coalition
qui détermine une fin heureuse.
Il s’efforce de placer ces personnages principaux dans une série de situations qui solliciteront successivement
toutes les parties de leur caractère. Lorsqu’il est convaincu d’avoir décomposé suffisamment son personnage, il
précipite le dénouement et malgré le dénouement scénique, le caractère est resté immuable. Ce personnage, isolé
par sa folie, est condamné et c’est toujours à ses dépens que jaillit le rire. = Satire des ridicules. Il fonde le
modèle de la « grande comédie », en 5 actes, en vers, régulière et centrée sur un caractère, qui sera désormais la
référence du genre.
5. Style de Molière
Pour lui, comme pour Racine, la grande règle, c’est de plaire. De plaire à deux sortes de spectateurs : le parterre
et la cour. Une comédie qui fait rire tout ensemble la cour et le parterre « a attrapé son but ». Il se moque des
pédants, des prudes, des précieux, des gens à la mode et a pour objectif de « peindre d’après nature. On veut que
ces portraits ressemblent et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître les gens de votre siècle. ».
Dans l’Impromptu de Versailles, il s’oppose à la diction emphatique des acteurs de l’Hôtel de Bourgogne qui
fait « ronfler les vers » (voir aussi mise en abîme du théâtre dans Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand où
l’acteur Montfleury déclame des vers dans un accoutrement et de manière ridicules) et préconise un jeu naturel
car « un roi qui s’entretient avec son capitaine des gardes parle un peu plus humainement, et ne prend guère ce
ton de démoniaque. » En revanche, Molière renouvelle la comédie en favorisant l’expression corporelle jusqu’à
l’outrance et on comprend mieux ses personnages quand on songe que Molière auteur s’est mis au service de
Molière acteur.
Il utilise tous les comiques : de gestes, de situation, de caractère, de mots et a de multiples influences : le masque
et le jeu de la commedia dell’arte, la farce médiévale (triangle amoureux : femme, mari et amant ou Sganarelle
dans le sac…), l’intrigue de la comédie latine, la comédie italienne (avec le valet rusé), le réalisme préconisé par
Corneille…
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Molière offre une panoplie inépuisable de caractérisations et de situations. Si le sujet de base est constant
(l’obstacle à un mariage « nature » entre deux jeunes gens qui s’aiment), les caractères varient beaucoup
(dévotion, avarice, maladie…) et Molière, crée, pour chacun de ses personnages un langage adapté, parfois la
jargon des précieux, parfois le patois de province des servantes et des valets, parfois le langage médical…Autant
dire que Molière n’a pas un style mais autant de styles que de personnages. Il est le premier à comprendre que la
condition façonne l’individu et le premier à « faire parler les conditions. »
Faire un dossier sur les personnages sur le modèle suivant. Répondre aux questions vous permettra de trouver
les éléments importants sur les personnages. N’oubliez pas de justifier en relevant des citations du texte et/ou en
citant des passages.
Sur le plan théâtral, Argan est d’abord une présence : il apparaît dans 27 scènes sur les 31 que totalise la pièce.
Sans compter le troisième intermède où il est au centre de la cérémonie qui le consacre docteur. Même pour un
personnage principal, cette omniprésence est tout à fait exceptionnelle. Argan domine ainsi toute l’action.
b. Un malade imaginaire
• Selon Toinette et Béralde, Argan n’est pas malade. Lui, en revanche, clame qu’il l’est. Pour quelles
raisons ?
• Relevez les GN utilisés par sa femme, Béline, pour s’adresser à lui. Que disent-ils d’Argan ?
• Caractérisez Argan grâce à quelques adjectifs qualificatifs. Justifiez votre réponse.
• Quelle issue à sa folie offre la perspective qu’il soit décoré médecin ?
Béline n’apparaît que dans 5 scènes (I,6, 7 ; II, 6, 7 ; III, 12). Si brève que soit sa présence scénique, elle n’en est
pas moins un personnage majeur dont le rôle est fortement dessiné.
• Que pense Angélique de Béline ? Relevez un extrait du dialogue que les deux femmes ont entre elles
pour justifier votre réponse.
• Cette opinion est-elle justifiée ? Pourquoi ?
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• Quelles sont ses autres manigances pour obtenir ce qu’elle souhaite ?
Béralde apparaît dans la dernière scène de l’acte II et est présent tout au long de l’acte III. Il est l’exact opposé
d’Argan.
a. Un homme sensé
• Pour quelles raisons peut-on dire que Béralde est un homme sensé ?
b. Un homme d’initiative
c. Un sceptique en médecine
Présente dans 11 scènes, Angélique est la fille aînée d’Argan et est âgée d’environ 17 ou 18 ans. Toute l’intrigue
est organisée autour d’elle puisqu’elle consiste à éviter un mariage forcé pour privilégier un mariage d’amour.
Apparaissant dans 21 scènes sur 31, Toinette est le personnage le plus présent sur scène après Argan.
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I. Une servante indispensable
RECAPITULATIF
12
SÉANCE 3 : ETUDIER LE PREMIER EXTRAIT : ACTE I, SCÈNE 5
Les personnages présents dans la scène 5 sont Argan, Toinette et Angélique. C’est la scène dans laquelle,
après un quiproquo, Argan apprend à sa fille qu’il la destine à Thomas Diafoirus. Argan menace de mettre
Angélique dans un couvent si elle ne consent pas à épouser le mari qu’il lui a choisi.
ARGAN.- Je ne la mettrai point dans un couvent ?
TOINETTE.- Non.
ARGAN.- Non ?
TOINETTE.- Non.
ARGAN.- Ouais, voici qui est plaisant. Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux ?
TOINETTE.- Non, vous dis-je.
ARGAN.- Qui m’en empêchera ?
TOINETTE.- Vous-même.
ARGAN.- Moi ?
TOINETTE.- Oui. Vous n’aurez pas ce cœur-là.
ARGAN.- Je l’aurai.
TOINETTE.- Vous vous moquez.
ARGAN.- Je ne me moque point.
TOINETTE.- La tendresse paternelle vous prendra.
ARGAN.- Elle ne me prendra point.
TOINETTE.- Une petite larme, ou deux, des bras jetés au cou, un "mon petit papa mignon",
prononcé tendrement, sera assez pour vous toucher.
ARGAN.- Tout cela ne fera rien.
TOINETTE.- Oui, oui.
ARGAN.- Je vous dis que je n’en démordrai point.
TOINETTE.- Bagatelles.
ARGAN.- Il ne faut point dire "bagatelles".
TOINETTE.- Mon Dieu je vous connais, vous êtes bon naturellement.
ARGAN, avec emportement.- Je ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux.
TOINETTE.- Doucement, Monsieur, vous ne songez pas que vous êtes malade.
ARGAN.- Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
TOINETTE.- Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien.
ARGAN.- Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là à une coquine de servante
de parler de la sorte devant son maître ?
TOINETTE.- Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit
de le redresser.
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ARGAN court après Toinette.- Ah ! insolente, il faut que je t’assomme.
TOINETTE se sauve de lui.- Il est de mon devoir de m’opposer aux choses qui vous peuvent
déshonorer.
ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.- Viens, viens,
que je t’apprenne à parler.
TOINETTE, courant, et se sauvant du côté de la chaise où n’est pas Argan.- Je m’intéresse,
comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.
ARGAN.- Chienne !
TOINETTE.- Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.
ARGAN.- Pendarde !
TOINETTE.- Je ne veux point qu’elle épouse votre Thomas Diafoirus.
ARGAN.- Carogne !
TOINETTE.- Et elle m’obéira plutôt qu’à vous.
ARGAN.- Angélique, tu ne veux pas m’arrêter cette coquine-là ?
ANGÉLIQUE.- Eh, mon père, ne vous faites point malade.
ARGAN.- Si tu ne me l’arrêtes, je te donnerai ma malédiction.
TOINETTE.- Et moi je la déshériterai, si elle vous obéit.
ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle.- Ah ! ah ! je n’en puis plus.
Voilà pour me faire mourir.
GRAMMAIRE :
Relevez une phrase négative et une tournure impersonnelle dans les répliques de Toinette et
d’Argan, et montrez que leur emploi permet d’exprimer la volonté de ces personnages.
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LES COMIQUES ET LES TONALITÉS AU THÉÂTRE
A la lecture de ce document, dites quel(s) comique(s) est/ sont utilisé(s) dans cet extrait ?
CORRECTION :
15
16
COMPARER DEUX MISES EN SCÈNE DU MALADE IMAGINAIRE
17
PARCOURS D’ÉTUDE
Pour ce parcours d’étude, vous allez choisir trois extraits parmi les textes proposés. Vous devrez justifier
vos choix. Ils constitueront notre corpus de textes (ceux-ci feront partie de la liste de textes pour le bac
oral)
Puis, par groupes, vous allez faire l’étude linéaire de l’un de ces textes. Ce travail sera mis en commun et
constituera votre base de travail pour effectuer les fiches de révisions pour l’oral de l’EAF. De plus, il sera
noté.
Vous devez effectuer votre travail sur clé usb de manière à pouvoir le projeter à l’ensemble de la classe.
Comédie en trois actes écrite par Marivaux (1688-1763), La Fausse suivante met en scène une
« demoiselle de Paris » qui, pour connaître le caractère et les sentiments de l’homme qu’elle doit épouser,
Lélio, se déguise en Chevalier et se lie d’amitié avec lui. Elle découvre alors que Lélio est un libertin, déjà
engagé avec une autre femme, mais qu’il est prêt à épouser tout de même la « demoiselle de Paris » pour
sa fortune. Dans cette scène, Lélio, qui soupçonne le Chevalier d’être une femme, cherche à le démasquer
en le provoquant en duel.
Voici le texte.
LÉLIO
Suivez-moi.
LE CHEVALIER, lui tâtant le pouls.
Voilà un pouls qui dénote un transport au cerveau ; il faut que tu aies reçu un coup de soleil.
LÉLIO
Point tant de raisons ; suivez-moi, vous dis-je.
LE CHEVALIER
Encore un coup, va te coucher, mon ami.
LÉLIO
Je vous regarde comme un lâche si vous ne marchez.
LE CHEVALIER, avec pitié.
Pauvre homme ! après ce que tu me dis là, tu es du moins heureux de n’avoir plus le bon sens.
LÉLIO
Oui, vous êtes aussi poltron qu’une femme.
LE CHEVALIER, à part.
Tenons ferme. (À Lélio.) Lélio, je vous crois malade ; tant pis pour vous si vous ne l’êtes pas.
LÉLIO, avec dédain.
18
Je vous dis que vous manquez de cœur, et qu’une quenouille siérait mieux à votre côté qu’une épée.
LE CHEVALIER
Avec une quenouille, mes pareils vous battraient encore.
LÉLIO
Oui, dans une ruelle.
LE CHEVALIER
Partout. Mais ma tête s’échauffe ; vérifions un peu votre état. Regardez-moi entre deux yeux ; je crains
encore que ce ne soit un accès de fièvre, voyons. (Lélio le regarde.) Oui, vous avez quelque chose de fou dans le
regard, et j’ai pu m’y tromper. Allons, allons ; mais que je sache du moins en vertu de quoi je vais vous rendre
sage.
LÉLIO
Nous passons dans ce petit bois, je vous le dirai là.
LE CHEVALIER
Hâtons-nous donc. (À part.) S’il me voit résolue, il sera peut-être poltron.
Ils marchent tous deux, quand ils sont tout près de sortir du théâtre.
LÉLIO, se retourne, regarde le Chevalier, et dit.
Vous me suivez donc ?
LE CHEVALIER
Qu’appelez-vous, je vous suis ? qu’est-ce que cette réflexion-là. Est-ce qu’il vous plairait à présent de
prendre le transport au cerveau pour excuse ? Oh ! il n’est-plus temps ; raisonnable ou fou ; malade ou
sain, marchez ; je veux filer ma quenouille. Je vous arracherais, morbleu, d’entre les mains des médecins, voyez-
vous ! Poursuivons.
LÉLIO, le regarde avec attention.
C’est donc tout de bon ?
LE CHEVALIER
Ne nous amusons point, vous dis-je, vous devriez être expédié.
Dans cette pièce de Carlo Goldoni (1707-1793), Arlequin est le valet de celui qu’il croit être Federigo
Rasponi et qui est en réalité la sœur de Federigo, Béatrice, déguisée en homme. Par un concours de
circonstances, Arlequin entre au service d’un deuxième maître, Florindo – chacun des maîtres ignorant, bien
entendu, que son serviteur partage ses soins entre lui et un autre. Les deux maîtres ont chacun pris une
chambre dans la même hôtellerie et commandent à dîner dans leur chambre. Pour éviter que son double
emploi soit découvert, Arlequin se démène pour servir chacun de ses deux maîtres, sans oublier de goûter les
plats sous des prétextes divers.
19
LE GARÇON. Tenez, monsieur le bon à tout faire, portez ces croquettes à votre maître.
ARLEQUIN, prenant le plat. - Des croquettes ?
LE GARÇON, sortant. - Oui, des croquettes qu'il a commandées.
ARLEQUIN. - Bigre ! À qui dois-je les porter ? Quel est celui de mes deux maîtres qui a bien pu les
commander ? Si je vais le demander à la cuisine, je leur mettrai la puce à l'oreille, et si je me trompe et
que je les porte à celui qui ne les a pas commandées, l'autre les réclamera et le pot aux roses se
découvrira. Oh ! Je sais ce que je vais faire… Oh là là, suis-je assez malin ! Voilà ce que je vais faire :
je vais les répartir en deux plats et j'en porterai la moitié à chacun : comme ça, celui qui les a
commandées n'y verra que du feu. (Il prend un plat sur la desserte et y met la moitié des croquettes.)
Quatre et quatre. Mais il en reste une. A qui dois-je la donner? Comme je ne veux léser personne, je
vais la manger moi-même. (Il mange la croquette.) A présent, tout va bien. Commençons par ce
maître-ci.
Il pose l'un des plats par terre et porte l'autre chez Béatrice.
LE GARÇON, entrant, porteur d'un pudding à l'anglaise. -Arlequin !
ARLEQUIN, sortant de chez Béatrice. - Me voici
LE GARÇON. - Portez ce poudingue...
ARLEQUIN. - Attends, je reviens.
Il prend sur le sol l’autre plat de croquettes et se prépare à le porter chez Florindo.
LE GARÇON. - Vous vous trompez. Les croquettes c'est pour par là.
Il montre la pièce où est Béatrice.
ARLEQUIN. - Vous pensez bien que je le sais, et je les ai portées par là, mais mon maître en envoie
quatre en cadeau à ce voyageur.
Il entre chez Florindo.
LE GARÇON. - S'ils se connaissent et s'ils sont amis, ils auraient pu dîner ensemble.
ARLEQUIN, reparaissant. - Et alors, qu'est-ce que c'est que ce machin-là ?
LE GARÇON. – C’est le poudingue à l’anglaise.
LE GARÇON -. Pour votre maître.
Il sort.
ARLEQUIN. - Un boudingue ? Qu’est-ce que ça peut bien être ? Ça sent bon, on dirait de la polenta.
Oh, si c’était de la polenta, c'est ça qui serait bien ! Je vais goûter. (Il tire une fourchette de sa poche.)
Ce n'est pas de la polenta, mais ça y ressemble. (Il mange.) C'est meilleur que de la polenta. (Il en
mange encore.)
BÉATRICE, appelant, invisible. – Arlequin !
ARLEQUIN, la bouche pleine. - J'arrive !
FLORINDO, invisible, appelant. - Arlequin
ARLEQUIN, la bouche pleine. - Me voici ! (Pour lui-même :) Oh, ce que ça peut être bon ! Encore
une petite bouchée, et j'y vais.
Il continue de manger.
BÉATRICE, sortant de sa chambre, et voyant Arlequin qui mange, elle lui donne un coup de pied,
puis- - Viens desservir.
Arlequin pose le pudding sur le sol, et entre chez Béatrice.
FLORINDO, sortant de sa chambre et appelant. - Arlequin ! Où diable est-il fourré, cet animal ?
ARLEQUIN, sortant de chez Béatrice. - Le voici !
Dans cette comédie en un acte, Molière, à la fois auteur, directeur de troupe, acteur et metteur en scène,
distribue les rôles à ses comédiens et leur donne ses consignes sur la façon de jouer leurs personnages., sur
leur façon de s’exprimer et sur leur gestuelle.
MADEMOISELLE DU PARC.- Mon Dieu, pour moi je m’acquitterai fort mal de mon personnage, et
je ne sais pas pourquoi vous m’avez donné ce rôle de façonnière.
20
MOLIÈRE.- Mon Dieu, Mademoiselle, voilà comme vous disiez lorsque l’on vous donna celui de La
Critique de l’Ecole des femmes, cependant vous vous en êtes acquittée à merveille, et tout le
monde est demeuré d’accord qu’on ne peut pas mieux faire que vous avez fait, croyez-moi, celui-ci
sera de même, et vous le jouerez mieux que vous ne pensez.
MADEMOISELLE DU PARC.- Comment cela se pourrait-il faire, car il n’y a point de personne au
monde qui soit moins façonnière que moi.
MOLIÈRE.- Cela est vrai, et c’est en quoi vous faites mieux voir que vous êtes
excellente comédienne de bien représenter un personnage, qui est si contraire à votre humeur :
tâchez donc de bien prendre tous le caractère de vos rôles, et de vous figurer que vous êtes ce que
vous représentez.
(À du Croisy.) Vous faites le poète, vous, et vous devez vous remplir de ce personnage, marquer
cet air pédant qui se conserve parmi le commerce du beau monde, ce ton de voix sentencieux, et
cette exactitude de prononciation qui appuie sur toutes les syllabes, et ne laisse échapper aucune
lettre de la plus sévère orthographe.
(À Brécourt.) Pour vous, vous faites un honnête homme de cour, comme vous avez déjà fait
dans La Critique de l’Ecole des femmes, c’est-à-dire que vous devez prendre un air posé, un ton de
voix naturel, et gesticuler le moins qu’il vous sera possible.
(À de la Grange.) Pour vous je n’ai rien à vous dire.
(À Mademoiselle Béjart.) Vous, vous représentez une de ces femmes, qui pourvu qu’elles ne
fassent point l’amour, croient que tout le reste leur est permis, de ces femmes qui se retranchent
toujours fièrement sur leur pruderie, regardent un chacun de haut en bas, et veulent que toutes les
plus belles qualités que possèdent les autres, ne soient rien en comparaison d’un misérable
honneur dont personne ne se soucie, ayez toujours ce caractère devant les yeux pour en bien faire
les grimaces.
(À Mademoiselle de Brie.) Pour vous, vous faites une de ces femmes qui pensent être les plus
vertueuses personnes du monde, pourvu qu’elles sauvent les apparences, de ces femmes qui
croient que le péché n’est que dans le scandale, qui veulent conduire doucement les affaires
qu’elles ont sur le pied d’attachement honnête, et appellent amis ce que les autres nomment
galants, entrez bien dans ce caractère.
Écrite en 1664, censurée pendant 5 ans et finalement représentée, après de nombreux remaniements, en
1669, cette grande comédie de Molière se déroule dans la maison d’un riche bourgeois, Orgon. Il a
recueilli chez lui un homme qu’il croit pieux et exemplaire, et qui est en réalité, un imposteur : Tartuffe.
Ce dernier, tout en se faisant passer auprès d’Orgon pour un dévot, va jusqu’à tenter de séduire sa
femme, Elmire. Pour convaincre son mari de la duplicité de Tartuffe, celle-ci lui demande de se cacher
sous la table tandis qu’elle fait semblant de céder aux avances de l’imposteur, et convient avec son mari
qu’elle toussera pour l’avertir si Tartuffe se fait trop pressant. Dans l’extrait suivant, afin de s’assurer
qu’Orgon mesure toute l’étendue de l’hypocrisie de Tartuffe, elle fait part à ce dernier de ses scrupules
moraux et religieux à l’idée de tromper son mari.
TARTUFFE
1485 Je puis vous dissiper ces craintes ridicules,
21
Madame, et je sais l'art de lever les scrupules.
Le Ciel défend, de vrai, certains contentements;
(C'est un scélérat qui parle.)
Mais on trouve avec lui des accommodements.
Selon divers besoins, il est une science,
D'étendre les liens de notre conscience,
Et de rectifier le mal de l'action
1490 Avec la pureté de notre intention*.
De ces secrets, Madame, on saura vous instruire;
Vous n'avez seulement qu'à vous laisser conduire.
Contentez mon désir, et n'ayez point d'effroi,
1495 Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi.
Vous toussez fort, Madame.
ELMIRE
Oui, je suis au supplice.
TARTUFFE
Vous plaît-il un morceau de ce jus de réglisse?
ELMIRE
C'est un rhume obstiné, sans doute, et je vois bien
1500 Que tous les jus du monde, ici, ne feront rien.
TARTUFFE
Cela, certe, est fâcheux.
ELMIRE
Oui, plus qu'on ne peut dire.
TARTUFFE
Enfin votre scrupule est facile à détruire,
Vous êtes assurée ici d'un plein secret,
Et le mal n'est jamais que dans l'éclat qu'on fait.
Le scandale du monde, est ce qui fait l'offense;
1505
Et ce n'est pas pécher, que pécher en silence.
22
cloison, dans lequel est couché Baptistin, un vieillard. Un bouton, à côté du lit, actionne la
« tournette », dispositif permettant de faire pivoter le lit et la cloison de manière à ce que le couple
illégitime puisse disparaître et faire apparaître Baptistin, si besoin. Raymonde, épouse de
M.Chandebise, un riche bourgeois, s’est rendue à l’hôtel afin de surprendre son mari, qu’elle croit
infidèle. Elle se retrouve, par un concours de circonstances, dans cette chambre avec M.Tournel, un
ami de son mari qui lui fait des avances. Comme il se montre très insistant, elle actionne le bouton,
croyant qu’il permet d’appeler le personnel et Tournel, qui est de dos et n’a rien vu, se jette sur le lit.
Croyant embrasser Raymonde, il se met à embrasser Baptistin.
BAPTISTIN.
Mes pauvres rhumatismes !
TOURNEL, à Baptistin.
Qu’est-ce que vous faites là, vous ? d’où sortez-vous ? Par où êtes-vous entré ?
TOURNEL.
Et Raymonde ?… Raymonde, où est-elle ? (Courant ouvrir la porte donnant sur le hall. À
part.) Personne ! (il réintègre la chambre dont il laisse la porte ouverte et tout en gagnant le
cabinet de toilette, appelant.) Raymonde… Raymonde !
Il disparaît dans le cabinet de toilette.
RAYMONDE, sortant comme une folle de la chambre du fond droit où la tournette l’a transportée.
Qu’est-ce qui s’est passé ?… Où suis-je ?… Oh mon Dieu ! (Appelant.)Tournel !
Tournel ! (Au public.) Oh non ! assez ! assez de cet hôtel ! filons ! filons !
Elle se précipite dans l’escalier ; à peine a-t-elle disparu, que Rugby fait irruption hors de sa
chambre.
RUGBY.
Alloh, boy ! (Ne trouvant personne à qui parler) No body here ! (Il est arrivé à la cage de
l’escalier, appelant en se penchant par-dessus la rampe.) Boy ! Boy !
RAYMONDE, surgissant dans l’escalier dont elle a regrimpé les marches quatre à quatre.
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Ciel ! mon mari !… Mon mari dans l’escalier !
Voyant la porte de Rugby ouverte elle se précipite dans la chambre.
RUGBY, la regarde un instant ahuri, puis sa figure prend un air émoustillé et s’élançant à sa
Son rôle est de sentir les excré d'Argan.
suite.
Ah ! that’s a darling, hurrah !…
Le Songe d’une nuit d’été se déroule en Grèce, dans l’Antiquité. Tout au long de la pièce, à
l’intrigue par ailleurs très complexe, des comédiens amateurs, dont Thomas Lebec, Nicolas
Bobine et François Flûte, répètent une pièce de théâtre pour le mariage de Thésée, duc
d’Athènes, avec Hyppolite, reine des amazones. Ils représentent ici, devant le couple royal, l
apièce, qui raconte l’histoire, tirée de la mt-ythologie de Pyrame et Thisbé, deux amants
séparés par la haine que se vouent leurs pères respectifs et qui se parlent en cachette, à
travers la fissure d’un mur. Les comédiens multiplient les maladresses.
PYRAME. — Mais, que vois-je ? Je ne vois point de Thisbé ! Ô maudite muraille, au travers
de laquelle je ne vois point mon bonheur ; maudites soient tes pierres, pour me tromper ainsi ! »
THÉSÉE. — La muraille, étant sensible, devrait, ce me semble, le maudire à son tour.
PYRAME. — « Non, monsieur ; en vérité, elle ne le doit pas.—Me tromper ainsi, est la
réclame du rôle de Thisbé : c’est à elle à paraître maintenant, et je vais la chercher des yeux à
travers la muraille. Vous verrez que tout cela va arriver juste comme je vous l’ai dit. Tenez, la
voilà qui vient. »
THISBÉ. — « Ô muraille ! tu as souvent entendu mes plaintes de ce que tu séparais mon
beau Pyrame et moi : mes lèvres vermeilles ont souvent baisé tes pierres cimentées avec de la
chaux et de la bourre ! »
PYRAME. — « Je vois une voix ; je veux m’approcher de la fente, pour voir si je peux
entendre le visage de ma Thisbé. — Thisbé ! »
THISBÉ. — « Mon amant ! Tu es mon amant, je crois. »
PYRAME. — « Crois ce que tu voudras ; je suis ton cher amant, et je suis toujours fidèle
comme Liandre[4]. »
THISBÉ. — « Et moi, comme Hélène, jusqu’à ce que les destins me tuent. »
PYRAME. — « Jamais Saphale[5] ne fut si fidèle à Procrus. »
THISBÉ. — « Comme Saphale fut fidèle à Procrus, je le suis pour toi. »
PYRAME. — « Oh ! donne-moi un baiser par le trou de cette odieuse muraille. »
THISBÉ. — « Je baise le trou de la muraille, et point tes lèvres. »
PYRAME. — « Veux-tu venir tout à l’heure me rejoindre à la tombe de Ninny ? »
THISBÉ. — « À la vie ou à la mort, j’y vais sans délai. »
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SÉANCE 4 : ETUDIER L’EXTRAIT : ACTE II, SCÈNE 5, le monologue de
M.Diafoirus
Cette scène nous fait faire la connaissance des Diafoirus, père et fils, venus chez Argan pour présenter
Thomas à son futur beau-père et, accessoirement, à sa future femme. Ils se sont soigneusement préparés à
cette visite qui est, pour eux, très importante. Après avoir fait ses compliments, pour le moins maladroits et
ampoulés, le père tente de faire de son fils un portrait élogieux.
Monsieur Diafoirus : Monsieur, ce n'est pas parce que je suis son père, mais je puis dire que j'ai sujet d'être
content de lui, et que tous ceux qui le voient en parlent comme d'un garçon qui n'a point de méchanceté. Il n'a
jamais eu l'imagination bien vive, ni ce feu d'esprit qu'on remarque dans quelques-uns; mais c'est par là que j'ai
toujours bien auguré de sa judiciaire, qualité requise pour l'exercice de notre art. Lorsqu'il était petit, il n'a jamais
été ce qu'on appelle mièvre et éveillé. On le voyait toujours doux, paisible et taciturne, ne disant jamais mot, et
ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l'on nomme enfantins. On eut toutes les peines du monde à lui
apprendre à lire, et il avait neuf ans qu'il ne connaissait pas encore ses lettres. "Bon, disais-je, en moi-même, les
arbres tardifs sont ceux qui produisent les meilleurs fruits; on grave sur le marbre bien plus malaisément que sur
le sable; mais les choses y sont conservées bien plus longtemps, et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur
d'imagination est la marque d'un bon jugement à venir." Lorsque je l'envoyai au collège, il trouva de la peine;
mais il se raidissait contre les difficultés et ses régents se louaient toujours à moi de son assiduité et de son
travail. Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à avoir ses licences; et je puis dire sans vanité
que depuis deux ans qu'il est sur les bancs, il n'y a point de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes
les disputes de notre Ecole. Il s'y est rendu redoutable, et il ne s'y passe point d'acte où il n'aille argumenter à
outrance pour la proposition contraire. Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne
démord jamais de son opinion et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. Mais,
sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c'est qu'il s'attache aveuglément aux
opinions de nos anciens, et que jamais il n'a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des
prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine.
Grammaire :
Relevez les négations employées dans cette tirade ainsi que l’adverbe utilisés par certaines d’entre
elles et montrez leur efficacité au sein de cet éloge atypique.
Répondre aux questions suivantes vous permettra d’avoir une idée précise du rôle des médecins dans Le Malade
Imaginaire.
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DES PRATICIENS RIDICULES
1. L’APOTHICAIRE M.FLEURANT
v Quel est le rôle de l’apothicaire ? Son rôle est d'administrer un lavement à Argan.
v Combien de fois apparaît-il dans la scène ? Que fait-il au cours de cette apparition ? Il apparaît une fois et
il s'indigne de ne pas
pouvoir faire son travail
2. LE DOCTEUR PURGON et s'en va le dire à M.Purgon.
4. TOINETTE
Dénoncer l’incompétence des médecins, se moquer de leur galimatias pseudo-scientifique et les accuser de
charlatanisme appartient à une très ancienne tradition satirique, qui remonte au Moyen-âge.
Le Malade imaginaire s’inscrit dans cette tradition, mais c’est pour mieux la dépasser. Dans le débat qui
s’engage entre Argan et Béralde, (Acte III, Scène 5), ce ne sont plus les médecins qui sont en cause mais la
médecine elle-même.
Cherchez une citation qui prouve cela dans l’acte III, scène 3.
v Le savoir : Les médecins sont des savants. Cherchez une citation qui prouve cela dans l’acte III,
scène 3.
v Le constat d’expérience : le fait que tut le monde recoure aux médecins en cas de maladie. Cherchez
une citation qui prouve cela dans l’acte III, scène 3.
v La médecine est, à ses yeux, une orgueilleuse prétention. Si ancienne soit-elle, elle est une « plaisante
momerie » c’est-à-dire une mascarade.
Cherchez une citation qui prouve cela dans l’acte III, scène 3.
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v Elle est aussi une hypocrisie : le savoir des médecins est un « pompeux galimatias […] qui vous
donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets. ». Autrement dit, ce savoir est
totalement inefficace.
Cherchez une citation qui prouve cela dans l’acte III, scène 3.
Son rôle est de sentir les excré
v Enfin, elle est une exploitation des faiblesses humaines. Rien n’est plus humain que d’espérer guérir
quand on est malade. C’est sur cette réaction et cet espoir que les médecins se fondent pour justifier leur
métier.
Cherchez une citation qui prouve cela dans l’acte III, scène 3.
À la question, que lui pose Argan, de savoir ce qu’il convient de faire quand on est malade, Béralde répond :
« Rien ». « La nature nous a mis au-devant des yeux des voiles trop épais pour y connaître quelque chose. ».
Il convient donc de la laisser faire. Si l’on est de bonne constitution, tout ira bien. Dans le cas contraire, il est
dans l’ordre des choses de, tôt ou tard, mourir.
Béralde et l’épicurisme :
Sa position est en réalité très philosophique. Depuis l’antiquité, l’épicurisme enseignait qu’il fallait suivre la
nature et qu’il convenait de supporter les maux et malheurs dont l’homme n’est pas responsable. C’est à ce
courant de pensée que Béralde se rattache, tout comme Molière, dont on sait qu’il fréquentait les philosophes
adeptes de l’épicurisme.
Faites un récapitulatif sous forme de carte mentale comme nous l’avons fait pour les personnages de la pièce.
C’est la première apparition de Béralde. Il tente de raisonner son frère quant au sort d’Angélique et à son
propre état de santé que, selon lui, il confie trop aux médecins.
Voici le texte.
ARGAN.- C’est que vous avez, mon frère, une dent de lait contre lui. Mais enfin, venons au fait.
Que faire donc, quand on est malade ?
BÉRALDE.- Rien, mon frère.
ARGAN.- Rien ?
BÉRALDE.- Rien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature d’elle-même, quand nous la laissons
faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C’est notre inquiétude, c’est notre
impatience qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de
leurs maladies.
ARGAN.- Mais il faut demeurer d’accord, mon frère, qu’on peut aider cette nature par de certaines
choses.
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BÉRALDE.- Mon Dieu, mon frère, ce sont pures idées, dont nous aimons à nous repaître ; et de
tout temps il s’est glissé parmi les hommes de belles imaginations que nous venons à croire, parce
qu’elles nous flattent, et qu’il serait à souhaiter qu’elles fussent véritables. Lorsqu’un médecin vous
parle d’aider, de secourir, de soulager la nature, de lui ôter ce qui lui nuit, et lui donner ce qui lui
manque, de la rétablir, et de la remettre dans une pleine facilité de ses fonctions : lorsqu’il vous
parle de rectifier le sang, de tempérer les entrailles, et le cerveau, de dégonfler la rate, de
raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la
chaleur naturelle, et d’avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années ; il vous dit
justement le roman de la médecine. Mais quand vous en venez à la vérité, et à l’expérience, vous
ne trouvez rien de tout cela, et il en est comme de ces beaux songes, qui ne vous laissent au réveil
que le déplaisir de les avoir crus.
ARGAN.- C’est-à-dire, que toute la science du monde est renfermée dans votre tête, et vous
voulez en savoir plus que tous les grands médecins de notre siècle.
BÉRALDE.- Dans les discours, et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes, que vos
grands médecins. Entendez-les parler, les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire, les plus
ignorants de tous les hommes.
ARGAN.- Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu’il y eût ici
quelqu’un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre caquet.
BÉRALDE.- Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun à ses
périls et fortune, peut croire tout ce qu’il lui plaît. Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais
souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l’erreur où vous êtes ; et pour vous divertir vous mener
voir sur ce chapitre quelqu’une des comédies de Molière.
ARGAN.- C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien
plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins.
BÉRALDE.- Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine.
Grammaire :
Relevez les tournures emphatiques dans ce passage. Quel est leur rôle ?
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SÉANCE 6 : INTRODUIRE LE THEME DU PARCOURS D’ETUDE : SPECTACLE ET
COMEDIE
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SÉANCE 10 : FAIRE UNE DISSERTATION SUR OEUVRE
Vers l’EAF :
Dissertation :
« Le devoir de la comédie [est] de corriger les hommes en les divertissant. » dit Molière dans
Le Tartuffe en 1664. Vous discuterez cette affirmation dans un développement argumenté en
vous appuyant sur votre lecture du Malade Imaginaire et sur les autres textes étudiés dans le
cadre du parcours « Spectacle et comédie ».
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