Vous êtes sur la page 1sur 25

VIVRE EN SOCIÉTÉ, PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ

Dénoncer les travers de la société

Unité 5
Partager des combats d’artistes :
du XVIe siècle à aujourd’hui
Durée approximative : 12 heures
Cette unité 5 s’inscrit dans une des entrées du cycle 4 : VIVRE EN SOCIÉTÉ, PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ.
Pour aborder ce thème, nous nous intéresserons aux travers de la société, c’est-à-dire aux défauts communs
auxquels l’Homme est confronté.
« L’artiste est celui qui nous montre du doigt une parcelle du monde » a écrit J.M.G Le Clézio dans L’Extase
matérielle. Cette citation illustre parfaitement les objectifs de cette unité. Nous te proposons, en effet, d’aller à
la rencontre d’écrivains, d’illustrateurs, de musiciens qui ont choisi de recourir aux mots, aux images, à la musique
pour s’engager face aux maux qu’ils découvraient.
Tu constateras, d’ailleurs, que de tout temps, l’artiste a souhaité s’impliquer dans la société pour en dénoncer les
travers. Par conséquent, les thèmes envisagés sont variés et riches. Ils s’ancrent souvent dans une époque précise.
Au cours de tes lectures, tu réfléchiras sur l’opportunisme, l’injustice, l’esclavage, l’éducation. Tu prendras position
sur un sujet aussi grave que l’écologie et le devenir de la planète.
Mais rassure-toi ! Même si ces sujets sont sérieux, pour sensibiliser leur public, ces artistes ont souvent su adopter
un ton particulier, un style personnel. Ils ont su créer tout en nous donnant envie de les accompagner.
Nous t’invitons maintenant à découvrir cette nouvelle unité très engagée et surtout très enrichissante.
Prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de l’unité. Encadre-les.

Sommaire
Séance 1 Lire une satire de l’aristocratie
Séance 2 Lire une critique de la Justice
Séance 3 Découvrir des images engagées
Séance 4 Lire une dénonciation de l’esclavage
Séance 5 Différencier les homophones distingués par l’accent
Séance 6 Connaître un écrivain engagé
Séance 7 Réfléchir à un thème d’actualité
Séance 8 Je m’évalue
130 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Unité 5

Séance 1
Lire une satire de l’aristocratie

Durée : 1 h 30

Je peux lire aussi


Voltaire, Zadig ou la destinée, J’ai lu, 2014.
Victor Hugo, Les Misérables, livre de poche, 2014.
Collectif, Nouvelles vertes, Thierry Magnier, 2008.
Alain Grousset, Paco Porter, Les brigades vertes, Flammarion,
1999.

© Cned/ N. Julo

Dans cette première séance, tu vas lire un sonnet du XVIe siècle écrit par Joachim Du Bellay. De retour
en France après son séjour à Rome où ses fonctions le conduisirent à fréquenter la cour du Pape, Du
Bellay poursuit sa peinture des courtisans.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail
demandé.

Lis attentivement le poème suivant et réponds aux questions. Écoute également la lecture de ce poème à
la piste 15.

© Cned, Français 3e — 131


Unité 5 — séance 1

Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil

1 Seigneur1, je ne saurais regarder d’un bon œil


Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire2,
Et se vêtir, comme eux, d’un pompeux appareil3.

5 Si leur maître se moque, ils feront le pareil,


S’il ment, ce ne sont eux qui diront du contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.

Si quelqu’un devant eux reçoit un bon visage4,


10 Ils le vont caresser, bien qu’ils crèvent de rage
S’il le reçoit mauvais5, ils le montrent au doigt.

Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite6,


C’est quand devant le roi, d’un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi.

Joachim Du Bellay, Les Regrets, sonnet CL,


(orthographe modernisée).

Notes :
1. « Seigneur » : apostrophe classique en début de sonnet. Du Bellay adresse son poème à un prince.
2. « contrefaire » : imiter.
3. « d’un pompeux appareil » : d’un vêtement de cérémonie.
4. « reçoit un bon visage » : est bien reçu.
5. « S’il le reçoit mauvais » : s’il est mal reçu.
6. « me dépite » : m’irrite, me peine.

A Comprendre
1- a) Qui dit « je » dans ce poème ?

b) Quel sentiment anime le poète dans ces vers ? Cite le texte.

2- « Ces vieux singes de cour »

a) Quelle est l’image employée ici ? Explique-la.

b) Qui est désigné par ce procédé ?

3- La conjonction de subordination « si » est répétée à plusieurs reprises dans le poème.

Comment appelle-t-on cette figure de style ? Justifie son emploi.

4- Relis le premier quatrain.

Que critique le poète chez les courtisans ? Justifie en citant le texte.

132 — © Cned, Français 3e


séance 1 — Unité 5

5- « Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,

La lune en plein midi, à minuit le soleil. » (v.7-8)

a) Quelles sont les figures de style employées dans le vers 8 ?

b) Quel nouveau défaut est ainsi dénoncé ?

6- « Ils le vont caresser, bien qu’ils crèvent de rage

S’il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. »

a) Quelle image reconnais-tu dans le premier vers cité ?

b) Quel troisième défaut apparaît ?

7- Relis le deuxième tercet. Quel vice moral est reproché aux courtisans ?

8- À ton avis, dans quel but ces « vieux singes de cour » agissent-ils ainsi ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de rédiger l’exercice
d’écriture.

j e retiens
- La satire
Une satire est un texte dans lequel l’auteur critique, souvent en les ridiculisant, les mœurs
de ses contemporains, des défauts humains ou des situations. Celle-ci peut donc être
morale ou sociale.
Exemple : Avec sa pièce Le Bourgeois gentilhomme, Molière fait la satire de la bourgeoisie
française de l’époque.
Plus généralement, on appelle satire toute œuvre écrite, chantée, peinte, tout propos
comportant une moquerie, une critique virulente.
Afin de rendre sa satire plus convaincante, l’auteur fait souvent appel à des figures de style.
- Les figures de style
• La métaphore : elle propose une image concrète en remplacement d’un autre terme.
Proche de la comparaison, elle ne contient cependant pas d’outil de comparaison.
Exemple : « Ces cheveux d’or sont les liens, Madame…
Dont fut premier ma liberté surprise… »
• Le chiasme : il s’agit d’une construction parallèle dont les éléments s’entrecroisent. Il
correspond au schéma de type ABBA.
Ex : « Jeune homme on te maudit, on t’adore vieillard. » (V. Hugo)
A B B A
• L’antithèse : elle rapproche dans une phrase deux termes qui sont opposés :
Exemple : « Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine » (« Heureux qui comme Ulysse… »
J. Du Bellay)

© Cned, Français 3e — 133


Unité 5 — séance 1

B Écriture bilan

Pour répondre aux deux questions suivantes, appuie-toi sur tes réponses précédentes qui te
permettront de construire un paragraphe synthétique.

(Reporte-toi à l’unité 4 pour revoir comment rédiger un paragraphe argumenté.)

Pourquoi peut-on dire que ce sonnet de J. Du Bellay est une satire ?

Penses-tu qu’elle soit convaincante ? Pourquoi ?

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

134 — © Cned, Français 3e


séance 2 — Unité 5

Séance 2
Lire une critique de la Justice

Durée : 1 h 30

Dans la séance 1, tu as découvert que le poète pouvait critiquer ses contemporains. En lisant cette fable
de Jean de La Fontaine, tu vas découvrir qu’il peut aussi s’attaquer à une institution.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail
demandé.

Lis attentivement la fable suivante et réponds aux questions. Écoute également la lecture à la piste 16.

Les Animaux malades de la peste

1 Un mal qui répand la terreur,


Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
5 Capable d’enrichir en un jour l’Achéron1,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
À chercher le soutien d’une mourante vie ;
10 Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant2 plus de joie.
15 Le Lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux3,
20 Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
25 Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons4.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
30 Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
Que le plus coupable périsse.

© Cned, Français 3e — 135


Unité 5 — séance 2

- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;


35 Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,
En les croquant, beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger, l’on peut dire
40 Qu’il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire5. »
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
45 Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses :
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins6,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Âne vint à son tour et dit : « J’ai souvenance
50 Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense,
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. »
55 À ces mots, on cria haro7 sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc8 prouva par sa harangue9
Qu’il fallait dévouer10 ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille11 fut jugée un cas pendable.
60 Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,


Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine, Fables, Livre VII, 1, 1679

Notes :
1. « l’Achéron » : fleuve des Enfers.
2. « partant » : donc.
3. « du céleste courroux » : de la colère du ciel.
4. « force moutons » : plusieurs moutons.
5. « un chimérique empire » : un pouvoir imaginaire.
6. « mâtins » : gros chiens.
7. « on cria haro sur le baudet » : chacun se mit à huer l’âne (haro : terme de chasse. Cri poussé pour exciter les
chiens contre le gibier.).
8. « clerc » : savant.
9. « sa harangue » : son discours.
10. « dévouer » : sacrifier.
11. « peccadille » : faute légère, sans gravité.

136 — © Cned, Français 3e


séance 2 — Unité 5

A Comprendre

1- Qui se réunit dans cette fable ? Pourquoi ?

2- a) Mets en évidence les six parties de cette fable.

b) Quel est l’objectif de chacun des discours des différents personnages ?

3- À quel domaine appartiennent les mots suivants ? : « Ciel » (v.2), « péchés » (v.17), « céleste

courroux » (v.19), « saints » (v.48), « diable » (v.52) ? Justifie leur emploi.

4- a) Quel type de discours est utilisé pour rapporter les paroles du Lion ? À ton avis pourquoi ?

b) Comment apparaît ce personnage ? Développe ta réponse.

5- Relis l’intervention du Renard des vers 34 à 42.

a) Quel trait de caractère propre à cet animal retrouve-t-on ici ? Développe ta réponse.

b) Quel rôle, déjà rencontré dans le sonnet de J. Du Bellay, joue-t-il auprès du Lion ?

6- Comment le lecteur peut-il juger l’Âne ? Développe ta réponse.

7- a) Recopie la morale de cette fable.

b) Comment se correspondent les deux adjectifs de chaque proposition ?

c) Reformule cette morale.

8- a) Observe attentivement cette illustration de Gustave Doré.

b) Quel moment de la fable est représenté ?

c) Cette image est-elle fidèle à la fable ? Développe ta réponse.

© Cned, Français 3e — 137


Unité 5 — séance 2

Gravure de Gustave Doré (1868) / gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de rédiger l’exercice d’écriture.

B Écriture bilan

Pour répondre aux deux questions suivantes, appuie-toi sur tes réponses précédentes qui te

permettront de construire un paragraphe synthétique.

Quel enseignement peut-on tirer de cette fable ?

Penses-tu qu’elle soit convaincante ? Pourquoi ?

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

138 — © Cned, Français 3e


séance 3 — Unité 5

Séance 3
Découvrir des images engagées
Durée : 1 h 30
Dans cette séance, tu vas découvrir des dessins de différentes époques qui portent un regard critique sur
la société.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail
demandé.
Observe attentivement les trois illustrations proposées puis réponds aux questions.

Angel Boligan Corbo – Humour Noir en Société


http://www.boligan.com Caricature de Caran d’Ache, traitant de l’affaire
Dreyfus, parue dans le Figaro
le 14 février 1898

La mode au XVIIIe siècle d’après « Mode et beauté », paru en 1901


http://www.france-pittoresque.com
© Cned, Français 3e — 139
Unité 5 — séance 3

A Comprendre
1- D’où sont tirées ces différentes illustrations ?

2- a) Quelle image fait référence à un évènement de son époque ? De quel sujet s’agit-il ?

b) Quelle image montre un défaut d’un siècle antérieur ? Lequel ?

c) Quelle image met en scène un défaut de notre temps ? Lequel ?

3- Penses-tu que ces dessinateurs représentent fidèlement la réalité ? Développe ta réponse en


t’appuyant sur les illustrations étudiées.

4- Propose un autre titre plus significatif pour chaque image.

Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de rédiger l’exercice
d’écriture.

j e retiens
La caricature
Le mot français « caricature » vient de l’italien « caricatura », littéralement « charger de
façon exagérée ».
Il s’agit d’une représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par
l’exagération et la déformation des traits caractéristiques du visage ou des proportions du
corps, dans une intention satirique.
La caricature peut concerner une personne dont l’apparence physique est déformée.
On trouve aussi la caricature de situation qui représente des événements réels ou
imaginaires sous une forme satirique et exagérée ; elle met alors en relief les mœurs ou le
comportement de certains groupes humains.

B Écriture
Choisis une des trois images que tu as étudiées. Puis présente-la en trois paragraphes en
répondant aux questions suivantes :

- D’où vient cette image ? Qui en est le dessinateur (si tu le connais) ?

- Que représente cette image ? Décris-la.

- Quel est le message du dessinateur ? Est-il convaincant ?

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

140 — © Cned, Français 3e


séance 4 — Unité 5

Séance 4
Lire une dénonciation de l’esclavage
Durée : 1 h 30
Dans cette nouvelle séance de lecture, tu vas lire un extrait de Candide ou l’Optimisme, un conte
philosophique de Voltaire. À travers celui-ci, le philosophe des Lumières, raconte les pérégrinations de
son personnage qui découvre les dures réalités du monde.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail
demandé.
Lis attentivement le texte suivant et réponds aux questions.
1 En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre1 étendu par terre, n’ayant plus que la
moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme
la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu
là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? - J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le
5 fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité
ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage2. On nous donne un caleçon de toile pour
tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous
attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la
jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en
10 Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons3 sur la côte de Guinée,
elle me disait : « Mon cher enfant, bénis nos fétiches4, adore-les toujours, ils te feront vivre
heureux, tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les Blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. » Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas
fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux
15 que nous. Les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous
sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste5 ; mais si ces
prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains6. Or vous m’avouerez
qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible.
Voltaire, Candide ou l’Optimisme, 1759

Notes :
1. « nègre » : mot qui vient du portugais « negro », et signifie « personne noire ». Ce terme à l’époque de
Voltaire n’a aucune connotation raciste.
2. « l’usage » : la coutume.
3. « écus patagons » : monnaie de Flandre.
4. « fétiches » : terme qui désignait tous les objets de culte que possédaient les esclaves. À la ligne 13, ce mot
désigne les prêtres qui cherchent à convertir les esclaves.
5. « généalogiste » : personne qui recherche et établit la succession des ancêtres de quelqu’un.
6. « cousins issus de germains » : Ce sont deux individus dont le père ou la mère de l’un est frère ou sœur du
père ou de la mère de l’autre. Ils ont donc au moins un grand-père ou une grand-mère en commun.

A Comprendre
1- Dans quel état se trouve l’esclave ? Pourquoi ?
2- Montre à l’aide de deux indices que Candide, au début de la rencontre, semble supérieur à
l’esclave.

© Cned, Français 3e — 141


Unité 5 — séance 4

3- a) Comment se nomme le maître de l’esclave ? Que penses-tu de ce nom ?

b) Quel est le double sens de l’adjectif qualificatif « fameux » (l.5) ?

4- Relève, dans cet extrait, le champ lexical de la religion. Quelle vision de celle-ci est donnée ?

5- « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.» (l.9). Explique cette affirmation de
l’esclave.

6- Dans les lignes 13 et 14, le mot « fortune » est employé à deux reprises. Quels sont les deux
sens de ce mot dans le texte ?

7- « Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. » (l.14
-15)

Quelle image est employée ici ? Reformule l’idée contenue dans cette phrase.

8- Qui parle le plus, finalement, dans cet extrait ? Qu’en penses-tu ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de rédiger l’exercice d’écriture.

B Écriture
Pour répondre à la question suivante, appuie-toi sur tes réponses qui te permettront de
construire un petit texte synthétique.

Pourquoi, selon Voltaire, l’esclavage doit-il être aboli ? Propose trois arguments ordonnés et
rédigés. N’oublie pas de citer le texte.

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

le coin des curieux

Au XVIIIe siècle, l’esclavage est critiqué par les philosophes des Lumières. Dans l’Encyclopédie,
ils écrivent que « rien au monde ne peut rendre l’esclavage légitime ». Montesquieu explique
que « comme tous les Hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre la
nature ». Voltaire, lui, prend pour exemple un « nègre » du Surinam pour dénoncer l’horreur
de cette pratique. Condorcet propose dans son livre Réflexions sur l’esclavage des Nègres,
un affranchissement progressif et le rachat des esclaves. En 1789, Olympe de Gouges fut
emprisonnée à la prison de la Bastille par lettre de cachet après une seule représentation de sa
pièce de théâtre, Zamora et Mirza, qui dénonçait l’esclavage. En 1788, la « Société des amis des
Noirs » est créée. Cependant, il faudra attendre 1848 pour que l’esclavage soit aboli en France.

142 — © Cned, Français 3e


séance 5 — Unité 5

Séance 5
Différencier les homophones distingués par l’accent
Durée : 1 h 00
Observation :
Complète les phrases par cru, crû, du, dû, sur ou sûr :

— Tu n’aurais pas ............, ............ champagne et des olives ............ !

— J’étais ............ que cela te plairait. Je pose les verres ............ cette table.

Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de faire les exercices
d’application.

j e retiens Des homophones distingués par l’accent


cru / crû
cru :
- Participe passé du verbe croire. Exemple : Il a cru que tu partais.
- Nom (= vignoble). Exemple : C’est un grand cru de bordeaux.
- Adjectif (= qui n’est pas cuit). Exemple : Ce légume se mange cru ou cuit.
crû
- Participe passé du verbe croître (= grandir). Exemple : Cet arbre a crû très rapidement.
Crue
- nom féminin désignant l’élévation du niveau d’un cours d’eau.
Exemple : le Rhône est en crue.
du / dû / due
du : article partitif (= une partie de) ou défini contracté (= de... le).
Exemple : N’oublie pas d’acheter du pain. Voici la maison du maire.
dû / due
- Participe passé de devoir au masculin et au féminin singulier.
Exemple : Ce succès lui est dû. Cette somme m’est due.
- Nom (= ce qui est dû) Exemple : As-tu réclamé ton dû ?
Sur / sûr
sur
- préposition Exemple : Le livre est sur la table.
Sûr
- adjectif qualificatif Exemple : Elle n’est pas sûre de ses résultats.
Mur / mûr
mur
- nom commun Exemple : Le lierre couvre le mur en pierre.
mûr
- adjectif qualificatif Exemple : Un fruit mûr.

© Cned, Français 3e — 143


Unité 5 — séance 5

1- Complète par dû, du, due, dus, dues. Attention à l’accord de dû !


a) Comme ils criaient, j’ai ............ m’arrêter de parler.
b) Je vous suis le plus obligé ............ monde de m’avoir averti aussi vite.
c) Il y avait ............ brouillard sur la ville.
d) Cette somme lui est ............ ; vous devez le rembourser.
e) Elle s’imagine que tout lui est .............
f) Une mauvaise idée vaut toujours mieux que pas d’idée ............ tout.
g) Ces clients partirent aussitôt sans réclamer leur .............
h) À quoi sont ............ ces lumières étranges ?
i) Toute somme ............ doit être remboursée à la fin ............ mois.
2- Complète par sur ou sûr :
a) ............ la place, les musiciens jouaient une valse.
b) Les spectateurs portent tous leur regard ............ le saxophoniste talentueux.
c) Mais elle était ............ d’elle, ............ de tout.
d) Maître Corbeau, ............ un arbre perché, regardait le Renard.
e) Cet enfant, ............ de lui-même, a réussi à convaincre ses camarades.
3- Complète ces phrases avec cru, crue, crus ou crû :
a) Tout le monde avait ............ cet homme étrange.
b) Les terres sont inondées en raison des .............
c) Ce sommelier propose des grands ............ à ses clients.
d) En notre absence, les haies ont ............ de plusieurs centimètres.
e) Le carpaccio est un plat composé de viande .............
f) L’effectif de cette école a ............ depuis deux ans.
g) Avec cet orage, les habitants ont ............ à de nouvelles inondations.

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

144 — © Cned, Français 3e


séance 6 — Unité 5

Séance 6
Connaître un écrivain engagé
Durée : 2 h 00
Nous t’invitons maintenant à revisiter l’œuvre de Victor Hugo à travers trois extraits qui témoignent de
l’engagement de l’écrivain.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail
demandé.
Lis attentivement les textes suivants et réponds aux questions. Écoute également la lecture du premier
texte à la piste 17.

A Lecture d’un discours


Extrait du discours de Victor Hugo devant l’Assemblée constituante le 20 juin 1848.
1 On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des
réverbères dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que
la nuit peut se faire aussi dans le monde moral, et qu’il faut allumer des flambeaux pour
les esprits ? […] Vous me comprenez tous ; je souhaite passionnément, comme chacun de
5 vous, l’amélioration du sort matériel des classes souffrantes ; c’est là, selon moi, le grand,
l’excellent progrès auquel nous devons tous tendre de tous nos vœux comme hommes et de
tous nos efforts comme législateurs.
Mais si je veux ardemment1, passionnément, le pain de l’ouvrier, le pain du travailleur, qui
est mon frère, à côté du pain de la vie je veux le pain de la pensée, qui est aussi le pain de la
10 vie. Je veux multiplier le pain de l’esprit comme le pain du corps.
Il me semble, messieurs, que ce sont là les questions que soulève naturellement ce budget
de l’Instruction publique2 discuté en ce moment.
Eh bien, la grande erreur de notre temps, ç’a été de pencher, je dis plus, de courber, l’esprit
des hommes vers la recherche du bien-être matériel, et de le détourner par conséquent du
15 bien-être religieux et du bien-être intellectuel. La faute est d’autant plus grande que le bien-
être matériel, quoi qu’on fasse, quand même tous les progrès qu’on rêve, et que je rêve aussi,
moi, seraient réalisés, le bien-être matériel ne peut et ne pourra jamais être que le partage
de quelques-uns, tandis que le bien-être religieux, c’est-à-dire la croyance, le bien-être
intellectuel, c’est-à-dire l’éducation, peuvent être donnés à tous. [...]
20 Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser, pour ainsi dire, l’esprit
de l’homme ; il faut, et c’est là la grande mission, la mission spéciale du ministère de
l’instruction publique, il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers Dieu, vers la
conscience, vers le beau, le juste et le vrai, vers le désintéressé et le grand. C’est là, et
seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même, et par conséquent la
25 paix de l’homme avec la société.
Pour arriver à ce but, messieurs, que faudrait-il faire ? […] Outre l’enseignement
religieux, qui tient le premier rang parmi les institutions libérales, il faudrait multiplier
les écoles, les chaires3, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait
multiplier les maisons d’études pour les enfants, les maisons de lecture pour les hommes,
30 tous les établissements, tous les asiles où l’on médite, où l’on s’instruit, où l’on se recueille,
où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur ; en un mot, il faudrait faire pénétrer
de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple ; car c’est par les ténèbres qu’on le perd.

© Cned, Français 3e — 145


Unité 5 — séance 6

Notes :
1. « ardemment » : avec vivacité.
2. « l’Instruction publique » : aujourd’hui, l’Éducation nationale.
3. « les chaires » : les postes de professeurs.
1- a) Dans quel but, Victor Hugo prononce-t-il ce discours ? Que veut-il obtenir ? Justifie ta
réponse en citant le texte.
b) Quel reproche adresse-t-il à la société ?
2- Relis les lignes 20 à 23.
a) Quelle anaphore trouve-t-on dans ce paragraphe ? Justifie son emploi.
b) Quelle solution propose l’écrivain face au « mal » (l. 20) qu’il dénonce ?
3- « il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple ; car c’est par les
ténèbres qu’on le perd. » (l. 31 à 32) Quelle image est employée ici ? Explique-la.

B Lecture poétique
Le poète, en exil, s’adresse à ses amis, à ses enfants, à ceux qu’il aime et leur exprime sa vision du
monde.
1 Marquis, depuis vingt ans, je n’ai, comme aujourd’hui,
Qu’une idée en l’esprit : servir la cause humaine.
La vie est une cour d’assises ; on amène
Les faibles à la barre accouplés aux pervers1.
5 J’ai, dans le livre, avec le drame2, en prose, en vers,
Plaidé pour les petits et pour les misérables ;
Suppliant les heureux et les inexorables3 ;
J’ai réhabilité le bouffon, l’histrion4,
Tous les damnés humains, Triboulet, Marion5,
10 Le laquais, le forçat et la prostituée;
Et j’ai collé ma bouche à toute âme tuée,
Comme font les enfants, anges aux cheveux d’or,
Sur la mouche qui meurt, pour qu’elle vole encor.
Je me suis incliné sur tout ce qui chancelle,
15 Tendre, et j’ai demandé la grâce universelle6 ; Victor Hugo d’après le
Et, comme j’irritais beaucoup de gens ainsi, Comte Stanislas Ostorog dit
Tandis qu’en bas peut-être on me disait : Merci, WALERY, Photogravure (1883)
J’ai recueilli souvent, passant dans les nuées,
L’applaudissement fauve et sombre des huées ;
20 J’ai réclamé des droits pour la femme et l’enfant ;
J’ai tâché d’éclairer l’homme en le réchauffant ;
J’allais criant : Science ! écriture ! parole !
Je voulais résorber le bagne7 par l’école ;
Les coupables pour moi n’étaient que des témoins.
Victor Hugo, Les Contemplations, Livre V, « En marche », 1856
Notes :
1. « aux pervers » : à ceux qui font le mal.
2. « le drame » : pièce de théâtre.
3. « les inexorables » : ceux qui se montrent durs, sévères.
4. « le bouffon, l’histrion » : personnage grotesque, mauvais acteur.
5. « Triboulet, Marion » : un fou, une courtisane.
6. « la grâce universelle » : le pardon de tous.
7. « résorber le bagne » : faire disparaître le bagne.

146 — © Cned, Français 3e


séance 6 — Unité 5

1- Que signifie l’expression « servir la cause humaine » (v.2) ?

2- a) Quel est le temps principal employé dans ces vers ? Pourquoi ?

b) Par quels moyens Victor Hugo a-t-il combattu ?

c) Cite à partir du texte trois combats dans lesquels le poète s’est engagé.

3- Selon l’écrivain, comment peut-on améliorer la société ?

C Lecture d’un extrait de roman


1 Cosette était entre eux, subissant leur double pression, comme une créature qui serait à la
fois broyée par une meule et déchiquetée par une tenaille. L’homme et la femme avaient chacun
une manière différente ; Cosette était rouée de coups, cela venait de la femme ; elle allait pieds
nus l’hiver, cela venait du mari.
5 Cosette montait, descendait, lavait, brossait, frottait, balayait, courait, trimait1, haletait,
remuait des choses lourdes, et, toute chétive, faisait les grosses besognes. Nulle pitié ; une
maîtresse farouche, un maître venimeux. La gargote2 Thénardier était comme une toile où
Cosette était prise et tremblait. […] La pauvre enfant, passive, se taisait. […]
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette
10 petite figure sombre. Cosette était maigre et blême ; elle avait près de huit ans, on lui en eût
donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre étaient presque éteints
à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle,
qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa
mère l’avait deviné, « perdues d’engelures » […]. Tout son vêtement n’était qu’un haillon3 qui
15 eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas
un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou
noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. […] Toute la personne de
cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre,
son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la
20 crainte.

Victor Hugo, Les Misérables, 2ème partie « Cosette », III, 1862

Notes :
1. « trimait » : (fam.) travaillait d’arrache-pied ; se donnait beaucoup de peine.
2. « gargote » : petit restaurant à bas prix.
3. « haillon » : vêtement en lambeaux.
1- a) « La gargote Thénardier était comme une toile où Cosette était prise et tremblait. » (l.7-8)

Quelle image est employée ici ? Explique-la.

b) « Nulle pitié ; une maîtresse farouche, un maître venimeux. » (l. 6-7) Quelle est la
caractéristique de cette phrase ? Justifie cette construction.

c) Quels sont les différents maux dont souffre Cosette ? Cites-en trois.

2- Quel est le sentiment principal éprouvé par Cosette ? Cite le texte.

3- Que peut ressentir le lecteur pour ce personnage ? Développe et justifie ta réponse.

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant d’envisager l’exercice d’écriture.

© Cned, Français 3e — 147


Unité 5 — séance 6

D Écriture
Pour répondre à la question suivante, appuie-toi sur tes réponses précédentes qui te permettront
de construire un paragraphe synthétique.

Par quels moyens Victor Hugo a-t-il mené ses combats ? Pour quelles grandes causes s’est-il
engagé ?

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

le coin des curieux

Victor HUGO est né le 26 février 1802 à Besançon. Son père, le colonel Léopold Hugo, est
militaire de carrière. Sa mère, Sophie Trébuchet, est issue de la bourgeoisie vendéenne.
Au cours de son enfance, il effectue plusieurs voyages en compagnie de ses parents, mais ces
derniers se séparent alors que le garçon a dix ans. Il poursuit des études brillantes à Paris, au
lycée Louis-le-Grand. Il reçoit plusieurs récompenses dont un prix d’encouragement décerné par
l’Académie française.
Son œuvre est riche et variée. Il écrit des drames historiques comme Hernani qui font de Hugo
un écrivain romantique. Les Contemplations, La légende des siècles, les Châtiments l’ont fait
connaître comme poète. Quant à ses romans, ils ont tous obtenu le succès : Les Misérables,
Quatrevingt-Treize, Notre-Dame de Paris...
Durant toute sa vie, Victor Hugo s’est engagé politiquement en faveur de grandes causes : la
défense des pauvres, la lutte contre la peine de mort, les valeurs républicaines. Il est ainsi devenu
un homme public essentiel de son époque.
Il meurt le 22 mai 1885. Après des funérailles nationales, il est inhumé au Panthéon.

148 — © Cned, Français 3e


séance 7 — Unité 5

Séance 7
Réfléchir à un thème d’actualité
Durée : 2 h 00
Pour clore cette unité, avant l’évaluation, voici trois documents différents qui traitent de l’écologie :
une chanson, une planche de bande dessinée, une nouvelle. Comme tu vas pouvoir le constater, chacun
d’eux, à sa façon, cherche à sensibiliser le public sur un problème grave de notre société.

Lis attentivement les documents suivants et réponds aux questions.

Si tu es né dans une cité HLM Assieds-toi près d’un vieux chêne


Je te dédicace ce poème Et compare-le à la race humaine
En espérant qu’au fond de tes yeux ternes L’oxygène et l’ombre qu’il t’amène
Tu puisses y voir un petit brin d’herbe Mérite-t-il les coups de hache qui le saignent ?
Et les mans faut faire la part des choses Lève la tête, regarde ces feuilles
Il est grand temps de faire une pause Tu verras peut-être un écureuil
De troquer cette vie morose Qui te regarde de tout son orgueil
Contre le parfum d’une rose Sa maison est là, tu es sur le seuil...
{Refrain:} {Refrain}
C’est l’hymne de nos campagnes
De nos rivières, de nos montagnes Peut-être que je parle pour ne rien dire
De la vie man, du monde animal Que quand tu m’écoutes tu as envie de rire
Crie-le bien fort, use tes cordes vocales! Mais si le béton est ton avenir
Dis-toi que c’est la forêt qui fait que tu res-
Pas de boulot, pas de diplômes pires
Partout la même odeur de zone [...] J’aimerais pour tous les animaux
Va voir ailleurs, rien ne te retient Que tu captes le message de mes mots
Va vite faire quelque chose de tes mains Car un lopin de terre, une tige de roseau
Ne te retourne pas ici tu n’as rien Servira la croissance de tes marmots !
Et sois le premier à chanter ce refrain {Refrain}
{Refrain}
Tryo - « L’hymne De Nos Campagnes »,
Assieds-toi près d’une rivière titre extrait de l’album :
Écoute le coulis de l’eau sur la terre De Bouches Oreilles 2004, Label : Yelen
Dis-toi qu’au bout, hé ! il y a la mer
Et que ça, ça n’a rien d’éphémère
Tu comprendras alors que tu n’es rien
Comme celui avant toi, comme celui qui
vient
Que le liquide qui coule dans tes mains
Te servira à vivre jusqu’à demain matin !
{Refrain}

© Cned, Français 3e — 149


Unité 5 — séance 7

Toxic planet, David Ratte, édition Paquet, 2012.

Ž « La maison verte »
1 Voilà, tout est fait, je crois. Papa va être content quand il va rentrer du travail. Reste plus
qu’à vérifier la liste.
Porter le verre au conteneur. OK.
Arroser le potager avec l’eau des bacs de récupération. OK.
5 Retourner le compost. FAIT.
Il y a deux ans, nos parents ont décidé d’obtenir le label Maison verte qui, selon une
nouvelle directive gouvernementale, leur octroierait 50 % de réduction sur leurs impôts locaux
et jusqu’à 65 % sur la taxe d’habitation. Nos voisins d’à côté, les Giraud, l’ont obtenu l’an
passé, comme les Ledoux, en face. Notre village est « à la pointe », dit toujours papa quand on
10 a des invités, l’un des premiers à avoir été classé VFD, pour Village de France Durable.
Il était temps que l’on s’y mette aussi.
Vider le bac à sciure des toilettes. FAIT.
Ramasser le bois mort du jardin. OK.
Papa et maman ont beaucoup investi ces deux dernières années : une chaudière à granulés
15 de bois, des panneaux solaires sur le toit du garage, un système de récupération des eaux qui
permet non seulement d’arroser le potager bio mais aussi d’alimenter la salle de bains et le
lavabo de la cuisine, une douche à débit limité, du double vitrage à toutes les fenêtres et une
isolation complète des combles en laine de chanvre.

150 — © Cned, Français 3e


séance 7 — Unité 5

Chaque matin, sur une ardoise dans la cuisine, nos parents inscrivent la liste des tâches
20 que ma sœur et moi devons effectuer en rentrant de l’école. Au collège, la prof d’écocivisme
ne cesse de nous répéter que c’est avec des gestes simples et quotidiens que l’on peut préserver
la planète. Depuis cette année, l’écocivisme est coefficient 3 au bac. Autant que l’anglais et la
physique nucléaire.
Changer l’ampoule flucompacte du salon. FAIT.
25 Nourrir les poules. FAIT.
Tuer un lapin pour dimanche. OK.
Faire vos devoirs. OK.
Avec les économies qu’ils feront sur les impôts quand on aura le label Maison verte, mes
parents comptent acheter une voiture électrique, ce qui nous éviterait de prendre le car pour
30 aller à la gare TGV quand on part en vacances. Par contre, papa continuera d’aller au travail en
tandem avec M. Giraud. Il faut dire que, comme tout le monde dans le quartier, il travaille à la
centrale nucléaire qui n’est qu’à deux kilomètres de la maison. De toute façon, il aura quarante-
cinq ans dans deux ans et sera à la retraite.
Charger le four à bois. OK.
35 Cueillir une tomate pour le dîner (portez-la à deux pour ne pas vous faire mal au dos).
FAIT.
Prendre vos cachets d’iode1. OK.
Tout est fait.
Le soir tombe, c’est l’heure que je préfère de la journée. Les oiseaux s’appellent dans le
40 jardin, les derniers rayons de soleil étirent les ombres et embrasent le panache de la tour de
refroidissement de la centrale.
J’entends le porche qui grince. Papa revient du travail. J’aime, chaque soir, quand il
traverse la cour et qu’il scintille dans la pénombre.

Mikaël Ollivier, « La maison verte » Nouvelles re-vertes © Éditions Thierry Magnier, 2008.
Notes :
1. « cachet d’iode » : donné en prévention aux habitants proches des centrales nucléaires.

A Comprendre
1- Quel est le thème commun à ces trois documents ?
2- Quel problème particulier est mis en évidence ?
3- Quelle est la thèse précise défendue par chaque auteur ? Développe ta réponse en t’appuyant
précisément sur les documents.
4- Par quel(s) moyen(s) chaque artiste parvient-il à impliquer son public ?
5- Quel est le document le plus convaincant selon toi ? Pourquoi ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant d’envisager l’exercice d’écriture.

B Écriture
Penses-tu qu’il soit important qu’un artiste s’engage face à un problème de société ? Pourquoi ?

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.

© Cned, Français 3e — 151


Unité 5 — séance 8

Séance 8
Je m’évalue
Durée : 1 h 00

Comme à la fin de chaque unité, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra de
faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir. Complète
maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu as oublié quelque chose ou si tu n’es pas sûr(e) de toi,
tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes réponses. Il est très
important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.

Je connais Je suis capable de


 La satire  reconnaître le sujet d’une satire.
• Une satire est un texte dans lequel • « Je te raconterai du siège de l’église,
l’auteur c..........................., Qui fait d’oisiveté son plus riche trésor,
souvent en les r............................, Et qui dessous l’orgueil de trois couronnes
les m.............................. de ses d’or
contemporains, des d...................humains Couve l’ambition, la haine, et la feintise. »
ou des s............................... Celle-ci peut • Dans ces vers, Du Bellay critique :
donc être m.............................. ou
o les courtisans o le Vatican
s............................... Dans son poème
o la société romaine
Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon oeil, Du
Bellay fait la satire des c..............................
 Les figures de style  identifier chaque figure de style :
- La .............................. propose une .............................. :
image concrète en remplacement d’un « Douce victoire, défaite innommable. »
autre terme. Proche de la comparaison,
.............................. :
elle ne contient cependant pas d’outil de
comparaison. « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage.
»
- Le .............................. présente une
construction parallèle dont les éléments .............................. :
s’entrecroisent. Il correspond au schéma de « Innocents dans un bagne, anges dans un
type ABBA. enfer. »
- L’.............................. rapproche dans une
phrase deux termes qui sont opposés.
 Sujet et prédicat  repérer le sujet et le prédicat dans une
- Dans une phrase, le .............................. est phrase :
l’être ou la chose dont il est question et qui Demain, nous lirons cette fable.
est déjà souvent connu par le contexte. Dans ce texte, Victor Hugo dénonce les
- Dans une phrase, le .............................. est inégalités.
ce que l’on dit du ............................... Il Les philosophes ont combattu l’esclavage.
est l’élément nouveau qui fait progresser le
texte, car il contient une information sur le
...............................

152 — © Cned, Français 3e


séance 8 — Unité 5

 une critique de la justice  retrouver à quel personnage de la fable


Dans « Les Animaux malades de la peste », appartiennent ces paroles :
Jean de la Fontaine remet en cause la « - Sire, dit ............................, vous êtes
............................... Il montre qu’elle trop bon Roi ;
s’attaque aux plus faibles, à ceux qui n’ont Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
pas les moyens de se défendre.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte
espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. »
 La caricature  Comprendre une caricature
Il s’agit d’une représentation
g........................, en dessin, en peinture,
etc., obtenue par l’e........................ et la
d........................ des traits caractéristiques
du visage ou des proportions du corps,
dans une intention s........................ .
La caricature peut concerner une
p........................ dont l’apparence physique
est déformée. On trouve aussi la caricature
de s........................ qui représente des
évènements réels ou imaginaires sous une
forme satirique et exagérée.

Benjamin Roubaud, Victor Hugo -


Le Charivari 9 décembre 1841

Ce dessin propose une .......................


de Victor Hugo. Le dessinateur
....................... son corps en créant une
tête surdimensionnée ; l’écrivain est assis
sur son œuvre et il domine les monuments
parisiens. Il s’agit ainsi de mettre en valeur
........................................ de cet artiste.
 Une dénonciation de l’esclavage  Compléter ces paroles du Nègre de Surinam
Dans l’extrait ci-contre de Candide :
ou l’Optimisme, Voltaire dénonce « Quand nous travaillons aux sucreries,
...................... ; il montre que cette et que la meule nous attrape le doigt, on
pratique est i...................... ; elle repose sur nous coupe la .................... ; quand nous
l’e...................... des personnes. voulons nous enfuir, on nous coupe la
.................... : je me suis trouvé dans les
deux cas. C’est à ce prix que vous mangez
du .................... en Europe. »

© Cned, Français 3e — 153


Unité 5 — séance 8

 Des homophones distingués par l’accent 


Entoure la bonne orthographe :
..................... est le participe passé du -
Qui l’eût dit ? Qui l’eût cru / crû ?
verbe croire, un nom ou un adjectif. Quant - Cet arbre a beaucoup cru / crû en dix ans.
à .................., il s’agit du participe passé du -
Le poète est désolé ; il a du / dû partir
verbe croître. La ............ désigne l’élévation rapidement.
du niveau d’un cours d’eau. -
Cet élève a du / dû caractère et de la
..................... est un article partitif. volonté.
..................... est le participe passé du - Il est sur / sûr d’avoir compris ce texte.
verbe devoir au masculin. Il s’agit aussi d’un - Sur / sûr son bureau, il a posé son livre.
nom.
..................... est une préposition et
..................... un adjectif qualificatif.
 Victor Hugo  Lire des vers engagés :
Victor Hugo est un écrivain e..................... « Chaque enfant qu’on enseigne est un
car dans ses r....................., dans ses homme qu’on gagne.
p..................... et dans ses d....................., Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont
il a toujours voulu combattre la au bagne
m....................., l’ex....................., Ne sont jamais allés à l’école une fois,
l’i..................... tout en montrant Et ne savent pas lire, et signent d’une
l’importance de l’é...................... croix.»
Victor Hugo Les Quatre vents de l’esprit,
I, 24 / 1881
Dans ces vers, Victor Hugo rappelle
l’importance de l’é...................... Pour
éviter les prisons, il faudrait davantage
é..................... les hommes.
 Un thème d’actualité  Comprendre l’engagement écologique :
Le thème de l’é..................... se retr Pour sauver notre planète, il faut suivre
ouve aussi bien dans la ....................., quelques règles simples :
la ..................... ..................... ou la - combattre .......................................... .
...................... Les auteurs rappellent qu’il - favoriser ...........................................
faut ..................... la planète.
- protéger .......................................... .

154 — © Cned, Français 3e

Vous aimerez peut-être aussi