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Un siècle de crises
internationales
De Pékin (1900) au Caucase (2008)
Avant-propos......................................................... 11
Crises et relations internationales................ 15
Qu’est-ce qu’une crise internationale ?............................. 15
« C’est la crise ! ».................................................... 15
L’étymologie du mot crise.......................................... 17
L’évolution récente du concept de crise.................... 17
Définir la crise............................................................ 18
Une définition de synthèse........................................ 21
Crises, guerres et différends internationaux. ............ 21
Crise et guerre............................................................ 23
Les phases de la crise........................................................ 24
La crise de Cuba........................................................ 25
Déroulement théorique d’une crise internationale........... 36
Pré-crise..................................................................... 36
Escalade..................................................................... 37
De la crise à la guerre... . .......................................... 38
De la crise à la paix, la détente................................. 41
L’impact...................................................................... 42
Crises et enseignements............................................. 43
Les différents types de crises............................................ 46
Origines et causes des crises.................................... 47
Crise progressive..................................................... 47
Crises soudaines......................................................... 48
Crises voulues ou crises forfuites............................... 49
Rôle de la crise........................................................... 50
La crise induite........................................................... 50
La crise-engrenage..................................................... 52
La crise calculée......................................................... 53
La crise accidentelle.................................................. 56
7
Un siècle de crises internationales
8
Sommaire
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Un siècle de crises internationales
43 – Rébellion au Surinam
et précautions françaises (1986-1992).................. 225
44 – Première crise du Golfe arabo-persique
(1987).................................................................... 228
45 – La crise américano-panaméenne
et l’opération « Juste Cause » (1987-1989).......... 232
46 – La « guerre d’octobre » au Rwanda
et l’intervention française (1990-1991)................ 235
47 – Troubles au Gabon
et intervention française (1990)............................ 238
48 – Invasion du Koweït par l’Irak (1990)................... 241
49 – La crise yougoslave éclate
le 25 juin 1991...................................................... 247
50 – Troubles au Zaïre
et intervention militaire franco-belge (1991)....... 251
51 – Somalie : anarchie, famine
et intervention internationale (1992).................... 254
52 – Les bannis d’Israël et l’Intifadah (1993).............. 257
53 – Ultimatum à Sarajevo (1994)................................ 260
54 – Chine-Taïwan : une crise pour rien ?
(mars 1996)........................................................... 265
55 – Irak-États-Unis : une crise voulue
(automne-hiver 1997-1998).................................. 270
56 – Kosovo : la crise annoncée
(janvier-mars 1999)............................................... 278
57 – L’attaque du Parlement de New Delhi
(Inde-Pakistan, 2001-2002).................................. 284
58 – L’îlot du Persil
entre le Maroc et l’Espagne (été 2002)................ 290
59 – Les Irakiens maltraités (avril-mai 2004).............. 295
60 – Géorgie ou le Caucase en feu (été 2008).............. 303
Bibliographie........................................................ 309
Ouvrages..................................................................... 309
Articles........................................................................ 312
Index..................................................................... 315
Table des hors-texte........................................... 318
10
Avant-propos
Le xxe siècle est sans égal. C’est le siècle des plus puis-
sants empires et de leurs flamboyantes disparitions, des
seules guerres mondiales de l’histoire, des plus stupéfiantes
révolutions technologiques. Au nombre de ces dernières
figurent l’invraisemblable capacité des hommes à supprimer
toute vie sur la terre, mais aussi leur aptitude à communiquer
en paroles comme en images, instantanément, d’un bout à
l’autre de la planète, de part et d’autre d’un équateur devenu
vraiment cet « anneau trop étroit » dont parlait le poète.
Alors, il a fallu aux hommes sonder la terre sous la mer
pour y ménager des tunnels, explorer les abîmes sidéraux
pour mieux connaître les étoiles, conquérir l’espace pour
s’observer plus commodément…
Ce siècle, au contraire des autres, a vu se multiplier le
nombre des États, de quatre à cinq dizaines, de 1900 à
1945, jusqu’à quelque 200, soixante-cinq ans plus tard.
Est-ce cette prolifération même qui a conduit les acteurs
de la nouvelle société internationale à se structurer ? Le fait
est qu’après un essai manqué de Société des Nations, une
Organisation des Nations unies est née, vaste arène où se
mêlent puissants et faibles, bourreaux et victimes, riches
et pauvres, sorte de gouvernement du monde, utopique
à l’évidence, imparfait, cela va sans dire, mais tellement
indispensable qu’il a fallu l’inventer.
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Un siècle de crises internationales
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Avant-propos
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Un siècle de crises internationales
« C’est la crise ! »
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Un siècle de crises internationales
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Crises et relations internationales
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Un siècle de crises internationales
Définir la crise
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Crises et relations internationales
7 Une définition que dans son livre Le Président qui n’aimait pas la
guerre, Plon, 1995, p. 34, Alexandra Schwartzbrod attribue généreuse-
ment à Charles Hernu.
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Un siècle de crises internationales
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Crises et relations internationales
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Un siècle de crises internationales
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Crises et relations internationales
Crise et guerre
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Un siècle de crises internationales
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Crises et relations internationales
La crise de Cuba
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Un siècle de crises internationales
Déroulement théorique
d’une crise internationale
Reprenons au plan théorique les quatre phases qui struc-
turent généralement une crise internationale.
Pré-crise
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Crises et relations internationales
Escalade
37
Un siècle de crises internationales
De la crise à la guerre…
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Crises et relations internationales
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Un siècle de crises internationales
L’impact
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Crises et relations internationales
tiples disputes, qui ont été gérées par des moyens violents
et des actions de force, qui ont duré longtemps et qui sont
survenues dans des zones géographiques particulièrement
sensibles ou contestées.
Crises et enseignements
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Un siècle de crises internationales
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Un siècle de crises internationales
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Crises et relations internationales
ment des volontés et des armées, dès lors que leurs intérêts
vitaux ne sont pas en jeu ;
– les crises de centre de la guerre froide. Ces crises à
répétition se situent au cœur du système international, plus
précisément à Berlin. Là se déroulent les crises majeures,
même si parfois le faisceau se déplace de plusieurs centaines
de kilomètres, plus au nord ou plus au sud, à Budapest, à
Prague, en Méditerranée… ;
– les crises postérieures à 1990 qui ne devraient plus
être des crises de centre faute de rivalité entre Supergrands.
La Somalie, le Cambodge, le Rwanda sont manifestement
des crises périphériques, tandis que les crises de l’ex-
Yougoslavie ou celle, potentielle, de la Corée du Nord,
concernent des problèmes centraux de l’organisation – ou
de l’inorganisation actuelle – du monde. Mais il est une
différence substantielle avec le temps de la guerre froide :
les crises tendent désormais à se résoudre non plus dans
l’affrontement de blocs antagonistes aujourd’hui disparus
mais dans la coopération de leurs successeurs.
Depuis l’été 2008, et l’affaire de Géorgie (voir crise
n° 60), une nouvelle ère semble s’être ouverte, de rivalité
russo-américaine, sans que l’on puisse, pour autant, parler
d’une nouvelle guerre froide.
Crise progressive
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Crises soudaines
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Un siècle de crises internationales
La crise-engrenage
l’Irlande, le 7 mai 1915 : sur les 1 200 victimes, 124 étaient américai-
nes. Malgré l’émotion provoquée dans l’opinion publique, le président
Wilson n’adressa à l’Allemagne que des protestations. Il fallut d’autres
incidents semblables (torpillage du Sussex, le 24 mars 1916, du Vigilen-
tia, le 17 mars 1917), et plus encore la guerre sous-marine à outrance
pour que l’Amérique se décide à entrer en guerre.
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Crises et relations internationales
La crise calculée
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Crises et relations internationales
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La crise accidentelle
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Crises et relations internationales
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Crises et relations internationales
Le déclenchement
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Crises et relations internationales
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8 – La remilitarisation
de la Rhénanie
(1936)
Pré-crise
Le pacte d’assistance mutuelle franco-soviétique, négocié
par Briand en 1934, est signé par Laval, le 2 mai 1935, puis
ratifié le 27 février 1936 par la Chambre des députés. Hitler
juge ce pacte « exclusivement dirigé contre l’Allemagne »
et feint de le considérer comme une violation des accords
de Locarno d’octobre 1925 qui comportent une clause de
non-agression entre l’Allemagne et la France. Logique avec
lui-même, Hitler dénonce ce traité le samedi 7 mars 1936.
Rupture
Agissant ainsi, le chancelier allemand rompt l’équilibre
fort instable de l’Europe et joint le geste à la parole. Le jour
même, en effet, à 10 h 30, 30 000 hommes (19 bataillons
d’infanterie et 12 batteries d’artillerie), entrent dans la zone
rhénane démilitarisée où ils sont accueillis avec enthou-
siasme par la population. Pour faire bonne mesure et dans un
geste d’apparente conciliation, Hitler propose dans le même
temps à la France la signature d’un pacte de non-agression.
Crise
Il s’agit d’une crise voulue, sous forme d’un coup de force,
décidé par un seul homme. Hitler prend sa décision contre
l’avis de ses généraux qui craignent une réaction militaire de
la France ; tout au plus le chancelier allemand envisage-t-il
de retirer ses unités militaires si Paris décide d’intervenir.
Le moment est particulièrement bien choisi. Les puis-
sances alliées, signataires et garantes de Locarno, France,
Angleterre, Italie, sont troublées par l’affaire d’Éthiopie ;
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Soixante crises depuis 1900
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Un siècle de crises internationales
Bilan et conséquences
Le chancelier allemand a donc gagné. Hitler a testé la
modeste détermination de ses adversaires, il a rassemblé son
peuple et pris une confiance encore accrue en son jugement.
La France, faute d’avoir osé, comme le dit le pape Pie XI à
l’ambassadeur de France auprès du Vatican, « faire avancer
tout de suite 200 000 hommes dans la zone réoccupée par les
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Soixante crises depuis 1900
Bibliographie
Bonnefous (Édouard), Histoire politique de la IIIe République, T. V,
Paris, PUF, 1973, 482 p., p. 378-395.
Duroselle (Jean-Baptiste), La Décadence, 1932-1939, Imprimerie
nationale, 1979, p. 152-179.
La France et l’Allemagne, 1932-1936, Actes du Colloque franco-
allemand, Paris, 10-12 mars 1977, Paris, CNRS, 417 p., p. 289-313.
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Un siècle de crises internationales
10 – Munich
(1938)
Pré-crise
L’année 1938 voit Hitler poursuivre sa politique de
« Grande Allemagne » et amorcer son expansion en Europe
centrale. Le 12 mars, sans réaction notable des démocraties,
l’Anschluss a été proclamé et l’Autriche rattachée au Reich.
En septembre, c’est au tour de la Tchécoslovaquie, jeune
État créé par les traités de 1919-1920 et qui compte trois
millions d’Allemands, d’être menacée. Cinq mois plus tôt,
en effet, les « Sudètes », selon le nom donné à cette époque
à tous les Allemands installés en Bohême, ont revendiqué
formellement leur autonomie.
Les Sudètes, pourtant, n’ont jamais été rattachés à l’Em-
pire allemand. Économiquement, leur région est fortement
industrialisée. Politiquement et humainement, ils vivent
en bonne intelligence avec les Tchèques. Mais l’accession
au pouvoir de Hitler les a électrisés. Depuis mai 1935, le
parti des Sudètes allemands représente 70 % de la minorité
germanophone, sa liaison avec l’Allemagne de Hitler se
fait chaque jour plus étroite. Le chancelier allemand a de
son côté multiplié les déclarations et les entretiens où est
clairement indiquée sa détermination de « régler définiti-
vement » la question des Sudètes.
Rupture
Le 12 septembre, c’est la rupture attendue et redoutée
par beaucoup. Ce jour-là, Hitler prononce un très violent
discours à Nuremberg : il exige que soit reconnu au peuple
sudète le droit de disposer de lui-même, tout en laissant
planer la menace d’une intervention militaire si satisfaction
n’est pas donnée aux Allemands de Tchécoslovaquie.
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Soixante crises depuis 1900
Crise
La Tchécoslovaquie n’est pas seule ; elle est liée à la
France par le pacte d’assistance du 16 octobre 1925 et à
l’Union soviétique par le traité d’alliance du 16 mai 1935.
Mais ce dernier traité n’est applicable qu’à partir du moment
où la France aura satisfait à ses propres obligations vis-à-vis
du gouvernement de Prague. Au printemps 1938, la France et
l’Urss ont semblé prêtes à tenir leurs engagements ; toutefois
l’Union soviétique n’ayant pas de frontière commune avec
la Tchécoslovaquie, les modalités pratiques de l’intervention
de Moscou ne sont pas clairement explicitées. L’Angleterre
a fait savoir qu’elle ne se battrait pas pour Prague. L’attitude
de la France est au centre du débat. Paris est-il prêt à faire
la guerre sans l’appui britannique ?
Du 12 au 28 septembre, la tension monte, l’escalade
est manifeste. La crise se déroule en quatre phases, entre-
coupées de courtes périodes de détente, ponctuées par
deux entrevues anglo-allemandes, les 15 et 22 septembre,
à Berchtesgaden et Godesberg, entre le Premier ministre
britannique Chamberlain, et Hitler. Les entretiens franco-
anglais des 18 et 25 septembre ont abouti à une position
commune franco-britannique : la Tchécoslovaquie doit céder
pour éviter un recours à la force.
La crise est à son paroxysme le 26 septembre quand
Hitler, dans un nouveau discours, lance un ultimatum : le
28 est la date limite. On est au seuil de la guerre. La Tché-
coslovaquie décrète la mobilisation générale. La France,
l’Italie, l’Allemagne rappellent leurs réservistes. La Home
Fleet est mise en état d’alerte. En France, diverses précau-
tions militaires pratiques sont prises : début du « black out »,
vitres des wagons peintes en bleu, enlèvement des plaques
d’identification des noms de gares…
Chamberlain contacte alors Mussolini afin qu’il sug-
gère à Hitler l’organisation en Allemagne d’une conférence
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Un siècle de crises internationales
Bilan et conséquences
Rarement dans l’histoire, les conséquences de la pusil-
lanimité des démocraties auront pesé aussi lourd et sur
tous les plans, militaire, économique, intellectuel, moral…
La France, dont le réarmement commence tout juste
à porter ses fruits, abandonne un allié et se discrédite.
À l’étranger, son prestige s’effondre. Du moins espère-t-elle
gagner du temps. À l’intérieur du pays, un clivage s’opère
dans l’opinion entre « munichois » et « anti-munichois »,
qui transcende largement les oppositions politiques tradi-
tionnelles. C’est que loin de ramener l’Allemagne à une
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Soixante crises depuis 1900
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Un siècle de crises internationales
Bibliographie
Doise (Jean) et Vaïsse (Maurice), Diplomatie et outil militaire, 1871-
1969, Paris, Imprimerie nationale, 1987, 566 p., p. 312-332.
Duroselle (Jean-Baptiste), La Décadence, 1932-1939, Paris,
Imprimerie nationale, 1979, 568 p., p. 325-366.
Noguères (Henri), Munich ou la drôle de paix, Paris, Laffont,
1963.
Zorgbibe (Charles), Histoire des relations internationales, 1918-1945,
Paris, Hachette, 1994.
11 – Le blocus de Berlin
(1948-1949)
Pré-crise
De même que l’Allemagne, occupée par les Alliés, a été
divisée en zones d’occupation, Berlin, enclavé dans celle
des Soviétiques, est administré conjointement par les quatre
vainqueurs du second conflit mondial, États-Unis, Grande-
Bretagne, Union soviétique, France.
Mais Moscou n’a jamais considéré que ce statut était nor-
mal ni qu’il devait être définitif. Pour l’Urss, Berlin doit être
inclus dans sa zone. En mars 1948, les Soviétiques annoncent
qu’ils confient à « leurs » Allemands le contrôle de l’accès à
Berlin-Ouest. Devant le refus des Occidentaux, toutes les voies
terrestres d’accès à Berlin sont bloquées. C’est le début du
« petit blocus » de Berlin. Mais une crise plus grave se prépare.
À la suite de la conférence de Londres, en juin 1948,
Français, Anglais et Américains tombent d’accord pour
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Soixante crises depuis 1900
Bibliographie
Dufour (Jean-Louis), « L’armée française en Afrique : trente ans d’in-
terventions », in Africa International, juillet-août 1990 ; « Dix ans
d’interventions militaires sous Mitterrand », juin 1991.
Gaulme (François), « Le Gabon à la recherche d’un nouvel ethos
politique et social », in Politique africaine, n° 43, octobre 1991,
Karthala, p. 50-63.
L’Année politique, économique et sociale 1990, p. 278-279.
Le Monde, 25, 27-28, 29 mai, 3-4 juin 1990, articles de Jean de la
Guérivière.
M’Ba (Charles), « La conférence nationale gabonaise », Afrique 2000,
4e trimestre 1991, p. 75-90.
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Un siècle de crises internationales
Rupture
La crise du Golfe est double, initialement locale et
régionale, globale ensuite. Deux phénomènes de rupture
peuvent donc y être distingués.
Le premier événement survient le 17 juillet 1990. Ce
jour-là, le président Saddam Hussein accuse publiquement
le Koweït et les Émirats arabes unis d’avoir très largement
dépassé leur quota de production pétrolière, entraînant pour
l’Irak un manque à gagner estimé par le maître de Bagdad
à 14 milliards de dollars. Semblable accusation n’est pas
précisément nouvelle. En revanche, la mention d’un emploi
éventuel de la force pour obtenir réparation est plus inédite.
Cette plainte renouvelée assortie d’une annonce d’utilisation
242
Soixante crises depuis 1900
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Un siècle de crises internationales
Crise
Pareille violation du droit international, sans précédent
depuis l’Anschluss et l’annexion autoritaire de l’Autriche
par Hitler en 1938, stupéfie le monde. En annexant le
Koweït, l’Irak viole un double tabou, le respect des frontières
et l’existence des États. Le précédent ainsi créé pourrait être
fort dangereux. En outre, cette volonté implicite de Bagdad
de s’assurer le leadership d’une grande nation arabe et le
contrôle d’une très forte proportion des réserves pétrolières
mondiales pousse les pays industrialisés à réagir. Ceux-ci
s’estiment véritablement menacés.
Aussi, la réprobation internationale est-elle immédiate.
Les États-Unis, qui vont gérer la crise de bout en bout, la
France et plus encore la Grande-Bretagne, protestent avec
une grande fermeté. La Communauté européenne, avec
un modeste impact politique, dénonce très vite l’attitude
du gouvernement de Bagdad. Dès le 2 août, le Conseil
de sécurité, unanime, « condamne l’invasion » et « exige
que l’Irak retire immédiatement… toutes ses forces… »
(résolution 660).
Gérer la crise suppose que les puissances se fixent un
objectif et mettent en place les moyens adaptés pour y par-
venir. L’objectif est double. Il s’agit d’empêcher le maître de
Bagdad de poursuivre son offensive en direction de l’Arabie
Saoudite, puis de lui indiquer fermement qu’il doit renoncer
à sa conquête. Les moyens pour le convaincre sont d’abord
d’ordre militaire. Les États-Unis, au cours de l’opération
« Bouclier du désert », acheminent progressivement en
Arabie Saoudite des forces suffisantes pour dissuader l’ar-
mée irakienne de s’en prendre au royaume wahhabite puis,
s’il le faut, pour l’affronter. Dans le même temps, diverses
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Soixante crises depuis 1900
Bilan et perspectives
Le 17 janvier 1991, l’ultimatum international (résolu-
tion 678 du 29 novembre autorisant le recours à la force à
compter du 15 janvier si l’Irak n’a pas évacué le Koweït)
n’ayant pas été suivi d’effet, la coalition engage les hosti-
lités contre les Irakiens. L’opération « Tempête du désert »,
une guerre « courte » de 43 jours, aboutit à la libération
du Koweït et à l’occupation très provisoire d’une partie de
l’Irak. Saddam Hussein reste au pouvoir avec des forces
armées suffisantes pour assurer la pérennité de l’État ira-
kien et la répression éventuelle des séparatismes kurde et
chiite. Néanmoins, le potentiel industriel de Bagdad en
matière d’armes nucléaires, chimiques et biologiques et
d’engins balistiques doit être démantelé par les soins des
Nations unies.
L’invasion du Koweït par son voisin constitue la pre-
mière crise de l’après-guerre froide que l’on peut quali-
fier de « crise d’intérêt ». La communauté internationale
y répond d’une seule voix, ce qui n’aurait pas été le cas si
les États-Unis, forts de la passivité de Moscou, n’avaient
joui d’une exceptionnelle liberté d’action.
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Un siècle de crises internationales
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Bibliographie
Collectif, Crise du Golfe, les changements stratégiques, Paris, FEDN,
1990, 111 p.
Guelton (Frédéric), La Guerre américaine du Golfe, Lyon, Presses
universitaires de Lyon, 1996, 266 p.
Guerre du Golfe, le dossier d’une crise internationale, 1990-1992,
documents présentés par Brigitte Stern, Paris, La Documentation
française, 1993.
Haghighat (Chapour), Histoire de la Guerre du Golfe, Bruxelles,
Complexe, 1992.
« La guerre du Golfe », in Stratégique, 51/52, 3/4e trimestre 1991,
484 p.
Prater (Frédéric), « La France et la crise du Golfe », in Politique
Étrangère, 2/91.
49 – La crise yougoslave
éclate le 25 juin 1991
Pré-crise
En Yougoslavie, le lent effondrement du système com-
muniste à partir de la mort de Tito en 1980 s’est accom-
pagné d’une résurgence des nationalismes et des passions.
À la rivalité ancestrale qui oppose les Serbes aux Croates,
aux Slovènes et aux Musulmans s’ajoute le problème du
Kosovo. Cette province, ancien berceau historique serbe,
peuplé à 90 % d’Albanais musulmans, est le théâtre de
manifestations nationalistes et d’incidents dès 1981 et qui
reprennent en 1989. La solidarité fédérale vole en éclats,
à l’initiative des Slovènes et des Croates qui réclament la
dissociation de la Fédération en plusieurs États souverains.
Cependant le régime communiste, en condamnant,
réprimant et nourrissant tout à la fois les nationalismes
est également responsable du drame. Les origines immé-
diates du processus de désintégration territoriale de la
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Index
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