THEORIE DES JEUX

0/ Contextualisation et introduction

Il s’agit ici de l’interdépendance stratégique, j’entends par interdépendance stratégique le

fait que le résultat d’un individu dépend de sa décision mais aussi de la décision de son ou de
ses partenaires.

La théorie des jeux et un outil mathématique introduit en 1928 par John von Neumann ; il
sera appliqué à l’analyse des comportements économiques en 1944 par Neumann et
Morgenstern ; c’est la fameuse référence « théorie des jeux et comportements
économiques ».(« theory of games and economic behavior »)

La théorie des jeux est maintenant utilisée pour toutes sortes de prise de décision ou le
résultat d’un individu va dépendre aussi des actions de ses partenaires. Dans ce contexte un
agent ne contrôle pas toutes les variables dont son résultat dépend, ce qui était le cas dans
le modèle de l’équilibre économique général.

Cette théorie se donne pour but la prise en compte et la formalisation des phénomènes
d’interactions et d’interdépendances directes entre les individus.

Cette théorie a attiré des spécialistes de domaines nombreux et variés tels que les
mathématiques, la sociologie, la politique, les recherches militaire, l’économie…etc…

Les premières applications économiques se firent dans la théorie de l’oligopole pour des
situations où le nombre d’acteurs est restreint.

Ensuite un nombre important d’auteurs et une longue littérature essayèrent des

formulations nouvelles en termes de théorie des jeux des problèmes importants de
l’économie en comparant les solutions nouvelles aux solutions anciennes et en découvrant
de nouvelles perspectives ; cette théorie des jeux a investi le champ économique par
plusieurs portes ou plusieurs entrées.

 La première porte d’entrée concernera l’échange

La théorie des jeux a permis la distinction entre micro-économie Walrassienne ( la

problématique de l’équilibre économique général) et micro-économie Edgeworthienne qui
utilise la théorie des jeux et s’inspire de l’ouvrage de Francis Isidro Edgeworth « psychologie
mathématique »(mathematical psychics) ou le processus de formation des prix est vu
comme le résultat d’une vaste négociation multilatérale.

Certains auteurs proposent même de rejeter la microéconomie Walrassienne et de lui

substituer la conception d’Edgeworth pour réconcilier entre micro-économie et
macroéconomie.

Pour Martin Shubik le modèle de l’équilibre économique général est incomplet et inadéquat
pour réaliser la jonction entre micro-économie et macroéconomie car il est statique
indépendant du nombre de joueurs il décrit des états plutôt que des processus et les
conditions d’information sont pauvres. C’est le fameux débat sur le « no bridge » (« bridge »
en anglais voulant dire « pont ») autrement dit la non existence d’un lien ou d’un pont
entre micro-économie et macroéconomie.

M.Shubik propose de faire ce lien où cette jonction à l’aide d’une autre analyse qui est celle
d’Edgeworth.

 La deuxième porte d’entrée concerne la théorie de la production.

C’est l’application de la théorie des jeux au processus de production dans une économie
notamment au cas de l’oligopole.

 La troisième entrée : la théorie des choix sociaux

C’est l’application de la théorie des jeux aux choix sociaux en général et aux biens publics ou
collectifs et aux externalités en particulier. La théorie des jeux a été appliquée à l’économie
publique essentiellement sous la forme d’un jeu coopératif ; les théoriciens ont cherché à
analyser comment les membres d’une société doivent conjointement partager les couts d’un
bien collectif qu’ils veulent se procurer.

Il y a eu aussi des applications de cette théorie au processus de vote.

 Quatrième porte d’entrée : l’économie de l’information.

L’économie de l’information autrement dit la prise en compte en économie du concept

d’information qui est une préoccupation ancienne et qui connaît de nos jours un essor
considérable. En suivant Jean-Pierre Ponssard, spécialiste de l’économie de l’information,
nous pouvons écrire que les travaux sur l’économie de l’information reposent en général sur
deux idées principales.

1. Première idée chaque agent sur la base de sa dotation en

informations peut décider sans avoir conscience des dotations en
information des autres agents.
2. deuxième idée importante, les comportements sont supposés
transmettre, au moins une partie des informations sur lesquelles
ces comportements sont fondés. L’information révélée a un
caractère stratégique qui dépend des canaux de communication
existant dans une société un moment donné.

Alors que dans le premier type de travaux les relations inter individuelles directes sont
secondaires ; elles deviennent l’élément fondamental de la seconde conception qui
débouche sur la théorie des institutions sociales.

 Cinquième porte d’entrée l’économie institutionnelle.

C’est le problème de l’incitation des agents à trouver des solutions pour faire face à
des problèmes répétitifs. La solution est symbolisée par l’émergence d’une
convention de comportement ou norme de comportement social aussi appelée
institution sociale.

Dans cette optique la théorie des jeux est un outil permettant d’analyser la création,
l’émergence des normes, leur fonctionnement et leur évolution morphogénétique.

Il convient de présenter quelques notions de la théorie des jeux