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Les décisions sont la partie la moins visible de la politique des organisations, mais elles sont son
moteur principal. La décision consiste à transformer les idées et les objectifs des individus (c'est-à-
dire l'information) en action stratégiques (c'est-à-dire procéder à des choix en comparant diverses
possibilités, puis les mettre en œuvre. Il existe toujours une prise de risque avec la décision.
Les décisions sont extrêmement nombreuses et variées, et leur conséquences peuvent être plus au
moins étendues (du rachat d'une entreprise concurrente jusqu'au renouvellement des stocks, en
passant par l'embauche d'un salarié ).
Dans la théorie de la prise de décision (Simon, 1960), l'information se construit à partir de données
multiples et vient alimenter la prise de décision. L'idée est qu'une bonne décision s'appuie sur de
bonnes informations (on ne décide que quand on est bien informé). Mais comment prendre la bonne
décision ? Et cela peut-il s'apprendre
II s'agit de l'approche de la prise de décision développée par l'école classique, au sein de laquelle la
décision est confondue avec le pouvoir et semblait être le propre de la direction de l'organisation.
Elle est souvent localisée (identifiée), simple et unique.
Le modèle de la décision classique considérait que la décision est toujours prise par un seul
décideur (souvent c'est le dirigeant) avec une rationalité illimité (absolue), puisqu'il est doté
d'information complète et a plein maîtrise sur l'élaboration de la décision; tout ceci lui permet
d'effectuer des choix rationnels, c'est-à-dire le choix de la solution qui va maximiser son résultat. Il
est bien à la recherche de l'optimum, c'est-à-dire la solution optimale au problème posé.
Ce modèle de la prise de décision s'applique aussi bien aux décisions stratégiques (qui concerne
l'ensemble de la vie de l'entreprise) qu'aux décisions opérationnelles : "introduction au
management").
Tel qu'ils ont été formulés par l'école classique, ce modèle rationnel de prise d'une décision
optimale, repose sur un certain nombre de postulats implicites parfois illusoires en pratique :
le décideur a des préférences claires (un échelle unique de préférence mathématiquement établie : si
A>B et B>C alors A>C) et reste seule à décider des objectifs à attendre ;
il dispose d'une information parfaite (précise) sur des facteurs internes (ressources disponibles, des
ambitions des individus à l'intérieur de l'organisations, etc.) et externes (environnement certain et
stable) une connaissance de l'ensemble des voies d'action possibles une connaissance du future,
c'est-à-dire des effets de ces actions. La réalisation de ces derniers est assurée par des outils
d'évaluation efficace qui l'aide à surveiller le bon accomplissement de la décision (principe de
contrôle) ;
suivant cette conception, le changement du système ne dépend que de la volonté délibérée d'un
décideur unique et rationnel.
Cette approche de la prise de décision dans les organisations suppose que celle-ci soit l'adaptation
logique et simultanée d'un décideur unique dotée d'informations parfaites sur l'environnement
interne et externe de l'organisation.
Mais peut-on vraiment affirmer que ce décideur unique est toujours ainsi pleinement rationnel et
possède une information parfaite ?
Il convient aussi de constater que le modèle n'envisage pas l'existence de conflit d'intérêt et de
pouvoir dans les organisations ainsi que les stratégies des individus et des groupes par rapport aux
événements. En réalité, les principes sous-jacents à cette approche classique rationnelle sont
infirmés (démenties) par les faits.
H. Simon considère l'organisation comme un lieu où existe des problèmes et oppose à cette
rationalité illimitée de décideur du modèle classique, la notion de rationalité limitée.
Herbert Simon et la rationalité limité
a. La rationalité néo-classique
La vision néo-classique de l’agent rationnel suppose que celui-ci dispose d’une capacité
cognitive illimitée qui lui procure l’opportunité d’opérer des choix maximisant sous
contraintes ses décisions économiques. Le producteur par exemple, est capable d’optimiser
sous contraintes ses capacités de production dans le but d’obtenir un profit maximum. Il
doit ainsi disposer de l’ensemble des informations sur l’état de la concurrence et
du marché sur lequel il vend les biens qu’il produit. Cela a pour conséquence la
nécessaire transparence de l’information sur les marchés comme hypothèse
d’une concurrence pure et parfaite. Il en est de même pour le consommateur qui maximise
son utilité sous contrainte de budget, ou bien encore de l’offreur de travail (demandeur
d’emploi) qui optimise son temps entre travail et loisir. Cette parfaite connaissance de
l’information va être remise en cause par l’approche en terme de rationalité limitée.
b. La rationalité limitée
En 1947, Herbert Simon publie un ouvrage intitulé « Administrative Behavior » dans lequel il
développe pour la première fois le concept de rationalité limitée selon lequel les individus ne
peuvent avoir qu’une connaissance imparfaite des contraintes et des choix possibles. Herbert
Simon met en évidence que les individus face à cette imperfection de l’information, opèrent
des choix qui ne sont pas optimaux mais qui cherchent seulement à atteindre un certain niveau
d’aspiration ou d’exigence. La rationalité n’est plus alors absolue et objective mais elle est
empreinte de subjectivité et de relativité. La rationalité est avant toute chose procédurale et
dépend donc fortement de l’organisation dans laquelle agit l’individu. L’analyse de Simon
s’inscrit dans les thèses de l’analyse des comportements (béhaviorisme) et dans la science
naissante de la cybernétique.
Selon les principes de la rationalité limitée développés par Simon, l’individu effectue des choix
à partir d’un nombre limité d’opérations élémentaires qu’il hiérarchise. Les problèmes
rencontrés par l’individu sont de deux ordres, ceux qui sont structurés et qui peuvent être
résolus de façon logique (par des algorithmes), et ceux qui ne trouvent pas forcément de
solutions logiques et qui nécessitent une approche subjective et approximative correspondant
à une satisfaction relative. Dès lors les décisions sont loin d’être prise de efficiente. Elles
dépendent le plus souvent de la place de l’acteur dans l’organisation, et des ressources et
des informations qui sont mises à sa disposition. Les aspects organisationnels ne garantissent
alors en rien l’optimalité des décisions. Le plus souvent les individus choisissent en situation
d’information imparfaite la première solution qui leur semble correspondre à leur exigence
relative.
L'essentiel
On peut considérer que l’introduction du concept de rationalité limitée par Herbert Simon au
lendemain de la seconde guerre mondiale, constitue une véritable rupture dans l’analyse
économique. C’est ainsi une des hypothèses fondamentales du modèle néo-classique qui est mis
en cause. La rationalité est non seulement imparfaite en raison de l’imperfection de
l’information. Mais qui plus est, les entreprises constituent en tant qu’organisation, une réponse
à cette imperfection. La rationalité limitée est donc le résultat d’une adaptation
organisationnelle des agents économiques. Elle conduit les agents économiques à adopter des
décisions davantage en fonction d’un certain niveau d’aspiration ou d’exigence plutôt qu’en
fonction d’un principe de maximisation sous contraintes.
Synthèse visuelle