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La théorie économique de l’information

Le présent article fournit un exposé synthétique de la riche littérature sur l'économie


de l'information.

L'introduction situe la théorie économique de l'information dans la théorie économique


générale et la définit par rapport au modèle des marchés contingents de Arrow-Debreu.
Trois sections intitulées:

Asymétrie d'information et structure des marchés, Transmission d'information par


les prix et Information asymétrique et échange, analysent les principaux articles et
leurs résultats. En conclusion, on aborde le thème de la valeur de l'information, on
présente les caractéristiques de l'information en tant que bien et on souligne le défi que
représente son intégration dans un modèle d'équilibre général.

inTRODUCTION

Le modèle e d'équilibre général walrasien suppose l'information des agents parfaite ou


encore une information à u n coût nul, qui peut donc être acquise également et sans frais
par tous les agents. Dans ce contexte, la notion même d'information revient à suppose r
que les agents connaissent chacun leurs propre s besoins, ressources et possibilités,
mais ignorent besoins, ressources et possibilités des autres. En fait, le système des

CRITIQUES ET EXPERTISES

89 prix est porteur de toute l'information nécessaire aux agents pour que l'allocation
des ressources se réalise efficacement. Pour aborder l'économie de l'information, il
convient de préciser la notion d'information parfaite. Le mieux pour ce faire est de
retourner aux sources, c'est-à-dire à F.A. Hayek (1945), qui le premier a abordé la
notion de l'utilisation de la connaissance (knowledge) dans la société. Il souligne le
caractère inévitablement imparfait des connaissances humaines et la nécessité en
conséquence de créer un processus par lequel la connaissance est constamment acquise
et communiquée. Ce processus est le système des prix, qui rend possible non seulement
la division du travail, mais également une utilisation coordonnée des ressources fondée
sur une connaissance également partagée. En d'autres termes, le système des prix
transmet toute l'information nécessaire et les agents se partagent également
l'information ou, en d'autres termes, ont une même structure d'information. L'économie
de l'information, qui voit le jour avec les articles originaux d'Ozga (1960) et de Stigler
(1961), naît précisément d'asymétries d'information (Laffont, 1985), c'est-à-dire de
structures d'information différentes entre les agents. Pour aborder le problème à un
niveau très général, il faut revenir au traitement de l'incertain dans la théorie
économique avec le modèle des marchés contingents d'Arrow-Debreu. Le modèle étend
la théorie microéconomique de base en associant à chaque bien physique autant de biens
contingents qu'il y a d'états de la nature. Ce modèle suppose une structure
d'information commune à tous les agents. Radner (1968) étend ces résultats au cas où
les agents économiques peuvent avoir des informations différentes sur les divers états
de la nature, mais où ils disposent toujours d'une caractérisation complète de ces états
de la nature. L'abandon de cette hypothèse conduit à une situation où il n'existe pas de
marchés pour des événements non observables par tous les agents. Les agents ont alors
des structures d'information différentes et nous sommes en présence d'asymétries
d'information. Dans ce cas, le vecteur des prix du marché est de dimension inférieure au
vecteur des informations dont disposent les différents agents (Hellwig, 198O)1 . Le
cadre étant posé, il convient d'analyser, à travers les nombreux articles écrits dans ce
domaine, les réactions des agents à ces asymétries d'information sous la forme
d'échanges d'information, qu'il s'agisse de prix, de quantités ou d'autres signaux
informatifs. Nous voyons donc que l'information devient endogène et n'est plus fixée de
façon exogène

Chantre du néo-keynésianisme Stiglitz


Stiglitz appartient au courant de pensée des « nouveaux keynésiens », ces
économistes qui ont introduit dans la problématique keynésienne (de nature
macroéconomique) l'étude des comportements individuels (de nature
microéconomique). Avec eux, Stiglitz contribue à fonder la nouvelle
microéconomie qui, depuis les années 1970, se démarque des hypothèses de
marchés parfaits propres à la théorie walrasso-parétienne. Selon lui, les
défaillances du marché (market failures) laissent une place à l'intervention de
l'État et à l'instauration de règles volontaristes adoptées par la négociation ou
le compromis. Les rigidités existent mais elles résultent des comportements des
individus confrontés à deux phénomènes particuliers : l'incertitude et
l'asymétrie de l'information.

À défaut de connaître le futur et de pouvoir prendre des décisions rationnelles,


les agents ne s'engageront sur le marché (du travail, du crédit, du foncier, etc.)
qu'à travers des contrats négociés entre eux. L'information des agents
contractants est cependant asymétrique : acheteurs et vendeurs ne disposent
pas des mêmes informations sur les biens qu'ils échangent. D'où une inégalité
entre le « principal » (aussi appelé le mandant) et l'« agent » (le mandataire),
l'agent pouvant exploiter sa rente informationnelle au détriment du principal.

Stiglitz applique cette théorie aux contrats d'assurance. Il montre par exemple
qu'un assuré potentiel à faible risque quittera son assureur s'il constate que des
contractants présentant plus de risques paient la même prime que lui. Ce départ
contribuera à diminuer la qualité même des assurés qui restent et à faire
augmenter leur prime. Tout se passe alors comme si les assurés à hauts risques
se substituaient de proche en proche aux assurés à faible risque. C'est un
phénomène classique de « sélection adverse » qui, appliqué aux relations entre
emprunteur et banquier, entraîne de la même façon un rationnement du
crédit. C'est l'ensemble de ces travaux réalisés dans les années 1970 qui ont
fait de Stiglitz l'un des précurseurs de l'économie de l'information et qui lui
vaudront le prix Nobel d'économie 2001.

Salaire d’efficience Stiglitz:
Tout aussi connu est l'apport de Stiglitz aux théories du salaire d'efficience.
Les libéraux expliquaient que le niveau des salaires ne diminue pas comme il le
devrait dans une situation de chômage (quand l'offre de travail est supérieure à
la demande) parce que le marché du travail est paralysé par des rigidités
(conventions collectives et droit du travail contraignants, exigences syndicales).
Stiglitz et les nouveaux keynésiens répondent que le marché du travail ne
fonctionne pas ainsi. Les employeurs, ne pouvant mesurer ni l'efficacité ni
l'intensité de l'effort de travail de chaque salarié, proposent un salaire
d'efficience supérieur à celui qui équilibrerait, en théorie, l'offre et la demande
de travail. Ils attirent ainsi des salariés fidèles, reconnaissants et plus
performants. En situation d'excès de main-d'œuvre, l'ajustement se fait alors
non pas par le prix (le salaire ne baisse pas), mais par les quantités ; le chômage
est donc involontaire.

LA GRANDE DÉSILLUSION, Joseph Stiglitz

La mondialisation a placé la diffusion du progrès technique et le commerce extérieur au


cœur de la croissance et du développement. Pourtant, rarement un phénomène
économique aura été aussi décrié. Dans son ouvrage La Grande Désillusion (Fayard,
2002) – traduction française de Globalization and its Discontents (W. W. Norton,
2002) –, Joseph Stiglitz revient sur les failles du système.

Certes, la mondialisation s'est révélée être un formidable instrument de développement.


Le miracle asiatique en est la plus parfaite illustration. Mais elle a contribué dans le
même temps à accroître les interdépendances des économies et, ce faisant, leur
sensibilité à des chocs extérieurs, ainsi que les inégalités dans le monde. Toutefois,
selon Stiglitz, plus que la mondialisation en elle-même, c'est la manière dont elle a été
gérée qui est condamnable. Si les défaillances des marchés, dont la mondialisation est
porteuse, justifient l'intervention des États et des organisations supranationales, seules
susceptibles, selon la logique keynésienne, de garantir la stabilité économique et la
justice sociale, force est de constater, à la lumière des crises internationales observées
depuis le début des années 1990, que les politiques économiques qui ont été menées ont
manqué ces objectifs

Information imparfaite , J. Stiglitz et A.

Au début des années 1970 s'est forgée une nouvelle façon d'envisager les relations
économiques entre les individus : l'économie de l'information. Un de ses objectifs était
d'améliorer la compréhension de phénomènes laissés inexpliqués par la microéconomie
traditionnelle, en se fondant sur l'interaction entre les personnes dans un monde où
l'accès à l'information est coûteux. Andrew Weiss et particulièrement Joseph
Stiglitz (récompensé par le prix Nobel d'économie en 2001 pour ses apports à
l'économie de l'information) participent à la construction de ce nouveau courant
théorique. En 1981, dans leur article « Credit Rationing in Markets with imperfect
information » (Rationnement du crédit sur des marchés en information imparfaite), ils
appliquent les concepts de l'économie de l'information à un comportement jusqu'alors
peu expliqué : le rationnement par les banques de la demande de crédit émanant des
entreprises.

Apports de Joseph Stiglitz


La théorie économique de l’information

Transmission de l'information par les prix lorsqu'on suppose que les agents informés ont
un comportement concurrentiel. Nous utilisons pour cela une version simplifiée du
modèle de Grossman et Stiglitz (1980).

Les premiers modèles (Stiglitz, 1980 ;Grossman, 1976) qui ont étudié la transmission
d'information par les prix font l'hypothèse que les agents informés ont un
comportement concurrentiel (ils sont pricetaker). Ils placent leurs ordres de vente ou
d'achat sans prendre en compte l'impact de ceux-ci sur la réalisation du prix d'équilibre
et la quantité d'information transmise par celui-ci aux agents non informés. Dans une
économie où le nombre d'agents informés est fini, cette hypothèse est peu réaliste (ce
point a été mis en évidence initialement par Hellwig, 1980). En effet, les agents
informés disposent d'un pouvoir de marché du fait de leur information. Ceci se traduit
explicitement par le fait que le prix d'équilibre dépend directement des signaux reçus
par les agents informés.

Partie utile :

On montre que deux types d'hypothèses sont particulièrement importants.

D'une part, les hypothèses portant sur le comportement concurrentiel ou stratégique


des agents. D'autre part, les hypothèses portant sur l'origine exogène ou endogène du
bruit. Deux types de résultats sont obtenus. Les uns portent sur la question de
l'existence des équilibres. Les autres analysent l'efficience informationnelle des prix. 1.
Existence de l'équilibre. Dans le cas de la concurrence parfaite, l'équilibre existe, sous
nos hypothèses, sauf dans un cas : lorsque l'information est coûteuse et qu'il n'y a pas
de bruitC'est le résultat de Grossman et Stiglitz (1980).

Dans le cas de la concurrence imparfaite, le problème de l'existence se pose


différemment selon que le bruit est endogène ou exogène. Dans le cas d'un bruit
exogène (noise trader, ou offre exogène aléatoire) il existe toujours un équilibre. Ce cas
est analysé par KyIe (1985, 1989). Dans le cas d'un bruit endogène (dotations aléatoires
des agents), l'équilibre existe si le bruit est suffisament élevé (Glosten, 1989;
Bhattacharya et Spiegel, 1990) ou si le support du signal privé est borné (Bossaerts et
Hughson, 1990).

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