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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

La vie économique faite d’impondérable. L’entrepreneur qui établit un plan de production


ou formule un projet d’investissement se heurte à cette réalité ; il en va de même pour
l’homme d’affaire qui gère une fortune financière ou pour l’homme fonctionnaire qui tente
de régler l’activité économique d’une nation. Chacun d’eux est soumis à l’incertain ; chacun
se trouve en situation de risque ou d’incertitude au moment de prendre sa décision.

En dépit de cette évidence, le modèle économique classique ou standard est désintéressé


de l’influence exercée sur les décisions économiques par la réalité d’un environnement
incertain. L’une des hypothèses fondamentales dans les modèles classiques consiste à
supposer que les agents économiques soient doués de connaître parfaitement les conditions du
marché (hypothèse de transparence ou d’information parfaite). Ils déterminent avec précision
les conséquences de chacune des actions qu’ils envisagent. Le modèle d’équilibre général
retient explicitement l’hypothèse que les agents économiques agissent dans un environnement
certain.

La confrontation de ce modèle à la réalité a vite mis en évidence que ses résultats ne sont
pas pertinents lorsque le choix des agents s’effectue dans des conditions d’incertitude. La
formalisation d’un équilibre général en univers certain par Walras demeure aujourd’hui
inappliquée par l’apparition de la notion d’incertitude. Le renouveau de la théorie
économique, s’est essentiellement opéré par l’intégration de l’incertitude qui affecte la
représentation du marché et également la modélisation de l’équilibre.

Les développements récents de la vie économique montrent que notre vie ne se caractérise
pas seulement par des variables certaines où l’information est parfaite et les allocations des
ressources sont efficaces, mais elle présente aussi des variables non contrôlables. Le
renouveau de la théorie économique, s’est essentiellement opéré par l’intégration de
l’incertitude qui affecte la représentation du marché et également la modélisation de
l’équilibre. L’introduction de l’incertitude dans l’environnement économique souligne
qu’il existe des asymétries informationnelles qui ont un impact sur les allocations des
ressources.

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Il serait donc nécessaire de redéfinir le concept d’équilibre pour le rendre compatible


avec l’environnement aléatoire. La reconnaissance de l’incertitude a constitué une étape
innovatrice dans la théorie de l’équilibre général.

La théorie microéconomique de l’assurance a trouvé son essor grâce à deux fondateurs dont
l’influence s’est avérée déterminante : Borch (1962) et Arrow (1965). Ce dernier a été le
premier à identifier clairement deux des principales causes de dysfonctionnement des marchés
d’assurance : le risque moral et l’anti-sélection.
Le risque moral survient lorsque l’assureur ne peut observer efficacement l’influence qu’ont
les assurés sur leur probabilité d’accident, ou sur la taille du dommage, et/ou lorsqu’il n’a pas
de moyen de contrôle de leur comportement. Le risque de l’assureur est alors de subir le
contrecoup d’une diminution des dépenses de prévention, pour lesquelles les agents
économiques assurés perdent l’incitation requise.

L’anti-sélection se définit comme l’incapacité des assureurs à différencier les individus selon
leur risque. Il s’ensuit qu’il n’est plus possible d’adapter la tarification à la situation de
chacun. C’est sur ce deuxième désordre que se focaliseront nos investigations.

Dès 1970, Akerlof identifiait les problèmes soulevés par l’imperfection de l’information
relative aux risques individuels. L’anti-sélection désorganise le marché : les « bons » sont
exclus du marché. Il se peut que l’offre ne puisse se mettre en place ou du moins qu’elle soit
inefficiente. Ces constats avancés par Akerlof ont été à l’origine de la prolifération de
modèles théoriques d’assurance avec anti-sélection.

Rothschild et Stiglitz (1976) ont été les premiers à proposer une solution aux problèmes
soulevés par Akerlof. Au lieu d’offrir un seul contrat d’assurance pour tous les individus, les
assureurs offrent un menu de contrats d’assurance qui organise une forme de sélection des
risques sur le marché. Leur analyse théorique a le mérite d’être d’une grande clarté : les
individus les plus risqués choisissent le contrat d’assurance avec la couverture la plus large,
alors que les individus les moins risqués préfèrent des couvertures d’assurance partielles.

La solution proposée par Rothschild et Stiglitz présente deux inconvénients. D’une part, les
assurés dont la probabilité d’accident est la plus faible sont implicitement contraints de choisir

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des couvertures partielles. D’autre part, les assureurs ne peuvent offrir une couverture
complète à tous les assurés, ce qui réduit la taille du marché qu’ils servent. Néanmoins, elle
remédie à l’éviction des agents les moins risqués puisque ces derniers ont la possibilité de se
distinguer des agents les plus risqués. Ainsi, Rothschild et Stiglitz offrent une justification
nouvelle de la présence des contrats d’assurance partielle (franchise) sur les marchés
d’assurance qui est valable même en l’absence de coûts de transaction: la franchise constitue
un mécanisme de sélection des risques.

Rothschild et Stiglitz ont fourni une analyse lumineuse du fonctionnement des marchés
d’assurance concurrentiels en information asymétrique. Néanmoins, ils démontrent que l’anti-
sélection peut compromettre l’équilibre concurrentiel. En effet, si la proportion des individus
à haut risque est relativement élevée, un équilibre séparateur s’établit, caractérisé par une
couverture complète des hauts risques et une couverture partielle des bas risques ; si la
proportion des individus à haut risque passe en deçà d’un certain seuil, il n'existe plus
d'équilibre. La possibilité d’inexistence d’un équilibre dans le modèle de Rothschild et Stiglitz
est à l’origine de plusieurs développements théoriques. Diverses contributions [Wilson
(1977), Riley (1979),…] établissent ensuite la nécessité de comportements d’anticipation bien
précis et tous identiques chez les assureurs pour que l’équilibre existe dans tous les cas. Ces
contributions ont fait apparaître d’autres catégories d’équilibre possibles, principalement
l’équilibre de pooling [Wilson (1977)].

Ce travail s’articule autour de trois principaux objectifs :

1. Définir les concepts de base en assurance et présenter le rôle économique joué par
ces institutions.
2. Présenter la théorie de décision en situation de risque et d’incertitude, les différentes
attitudes à l’égard du risque et la forme des fonctions d’utilité correspondantes.
3. Présenter et définir les problèmes d’asymétrie informationnelle en assurance et
identifier la nature des équilibres qui émergent sur les marchés d’assurance avec
risque moral ou anti-sélection.

Les différents chapitres de ce travail devront successivement remplir chacun de ces objectifs.

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Le premier chapitre définit le terme d’assurance et développe une revue des principaux
concepts de base en assurance. Le premier objectif de ce chapitre est de définir les principales
prédictions de la théorie.
Le deuxième chapitre présente la fonction de production en assurance et le rôle économique
et social joué par cette institution.
Le troisième chapitre présente la théorie de décision en univers incertain ou risqué ; la
fonction d’utilité de Von Neumann et Morgenstern et les différentes attitudes à l’égard du
risque.
Le quatrième chapitre présente la théorie de la demande et d’offre d’assurance ; les
problèmes d’information en assurance et les concepts d’équilibres développés.

Dans l’analyse théorique des marchés d’assurance avec anti-sélection, on suppose d’une part
que les assureurs sont neutres au risque et d’autre part qu’en dehors de la probabilité
d’accident, tous les assurés sont identiques en tous points. Les assurés se caractérisent alors
par une même fonction d’utilité concave, donc par la même aversion au risque. Il découle de
cette hypothèse une impossibilité expérimentale à se placer dans les conditions exactes de la
théorie puisque les sujets expérimentaux seront en réalité différents les uns des autres.

Des contributions théoriques récentes se sont penchées sur la coexistence, plus réaliste, d’une
double hétérogénéité portant sur le risque et l’aversion au risque des individus [Landberger et
Meilijson (1994), Villeneuve (1998), Smart (2000) et Wambach (2000)]. Bien que la nature
des équilibres obtenus soit plus complexe (possibilités d’un équilibre semi-séparateur avec
trois contrats offerts à l’équilibre), ces apports confirment les principales prédictions des
modèles existants d’assurance avec anti-sélection.

Par ailleurs, d’autres théoriciens ont intégré la dynamique dans les interactions stratégiques
entre les agents et proposent des modèles évolutifs des marchés d’assurance avec anti-
sélection [Nöldeke et Samuelson (1997) et Ania, Tröger et Wambach (2002)]. Deux
paramètres distinguent une approche évolutive d’une approche introspective. D’abord, les
joueurs ne sont pas supposés anticiper correctement les décisions des autres joueurs et offrir
instantanément la stratégie d’équilibre. Ensuite, un processus dynamique explicite décrit
comment les joueurs ajustent leurs choix au cours du temps au fur et à mesure qu’ils
apprennent à connaître (à travers leurs expériences du jeu) les choix des autres joueurs. Les

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conclusions de ces modèles dynamiques rejoignent les prédictions théoriques existantes.


Néanmoins, elles soulignent l’existence d’une multitude d’équilibres possibles.
La littérature en économie de l’assurance repose principalement sur l’axiomatique proposée
par la théorie de l’espérance d’utilité. Néanmoins, dès sa fondation, la théorie de l’espérance
d’utilité a suscité de nombreux paradoxes et anomalies [Allais (1953), Friedman et Savage
(1948), Markowitz (1952), Schoemaker et Kunreuther (1979), Samuelson (1963), Rabin
(1998, 2002), …]. Des études récentes s’efforcent de résoudre ces paradoxes en ayant recours
à des modèles normatifs dits « Non-Expected Utility » prolongeant EU ou s’en écartant :
théorie des perspectives [Kahneman et Tversky (1979)], théorie de l’utilité anticipée ou de
l’espérance d’utilité dépendante des rangs [Quiggin (1982)], etc. Contrairement au modèle de
l’espérance d’utilité, la fonction représentant les préférences dans ces modèles est non linéaire
par rapport aux probabilités. Cependant, ces modèles n’abordent pas la dynamique des choix
répétés ni les paradoxes qui la caractérisent. Une autre voie de recherche généralise la théorie
EU en intégrant le raisonnement et l’apprentissage dans le processus décisionnel : c’est
théorie de la cohérence cognitive [Lévy-Garboua, 1999, 2004]. Cette théorie permet de tenir
compte de la dynamique dans les choix répétés.

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Chapitre I :
Généralités sur L’assurance

Introduction :
Le secteur de l’assurance représente l’un des secteurs clés de l’économie de tout pays.
Autant en terme de chiffre d’affaires qu’en termes d’impact sur le marché financier; ce
secteur a constitué l’un des piliers de la prospérité des pays durant plusieurs décennies. Les
développements des activités de service dans une société devenue plus complexe sont les
facteurs généralement avancés comme explication de l’importance de ce secteur.

En regard de cette réalité économique ; la timidité dont a longtemps fait l’assurance fait
preuve de paradoxe. En effet ; on remarque que jusqu’au début des années soixante ;
l’assurance est pratiquement absente de toute analyse économique car les bases théoriques
pour une intégration de cette institution dans les Sciences économiques faisaient défaut. En
effet, le modèle économique classique suppose la certitude et l’assurance ne vérifie pas cette
hypothèse.
Le besoin d’assurance est manifestement une caractéristique très répandue dans l’ensemble
des agents économique. Les compagnies d’assurance jouent les compagnies d’assurance
jouent un rôle d’intermédiaire financier en transformant des flux aléatoires de revenus
individuels en flux déterministes.
Notre objectif ; dans ce chapitre ; est de présenter ce marché. Cinq sections vont être
développées :

Section I : Généralités sur les compagnies d’assurances

Section II Le processus de production d’une compagnie d’assurance

Section III Classification des assurances

Section IV : Classification des assurances

Section V : Le secteur des assurances en Tunisie

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Section I : Généralités sur les compagnies d’assurances I.1


Définition de l’assurance :
Nombreuses sont les définitions de l’assurance. Nous nous proposons de présenter quelques
unes.
L’assurance peut être définie selon deux critères : économique et légal.

Du point de vue légal, l’assurance en tant que rapport contractuel liant l’assureur et
l’assuré est définie par l’article premier de code de l’assurance Tunisien :

Définition 1 :
« la convention par laquelle une entreprise d’assurance ou assureur s’engage, en cas de
réalisation du risque au terme fixé au contrat à fournir à une autre personne appelée
assuré une prestation pécuniaire en contre partie d’une rémunération appelée prime ou
cotation ».

Définition 2 :
« L’assurance est une réunion de personnes qui ; craignant l’arrivée d’un événement
dommageable pour elles ; se cotisent pour permettre à ceux qui seront frappés par cet
événement, de faire face à ses conséquences ».
Cette définition est basée sur le côté technique de l’assurance à savoir la mutualité qui a
pour but d’éliminer le hasard en regroupant plusieurs personnes voulant se mettre à l’abri du
risque. Pour faire face à un même risque ; ces personnes contribuent aux règlements des
dommages. L’assurance a été établie de sorte que la perte pèse légèrement sur beaucoup,
plutôt que lourdement sur peu.

Les assureurs sont des collecteurs de fonds en contre partie des engagements pris envers
les assurés et bénéficiaires de contrats. Ces engagements sont des prestations ne devant
s’exécuter que dans l’avenir et s’étalent sur une durée dépassant généralement le découpage
comptable annuel. Néanmoins signalons que dans de nombreuses branches les primes sont
insuffisantes pour le paiement des sinistres et des frais généraux et ce sont les profits

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financiers qui permettent, malgré tout, à l’assureur de boucler ses comptes en réalisant un
profit comptable, en leur absence, les taux des primes devraient être réajustés en hausse.

Baudin.L (1990) propose dans ce cadre la définition suivante : « L’assurance dilue dans
l’espace et dans le temps les conséquences que nous portent le hasard de manière à
transformer une dépense considérable, aléatoire et irrégulière en une dépense certaine
régulière mais minimes ».
L’assurance crée une solidarité invisible entre les agents économiques, en les reliant dans le
temps et dans l’espace autour de préférences et de priorités communes. L’assurance structure
le concept de solidarité par le biais du principe fondamental de mutualisation

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L’assurance est définie aussi comme étant : « Une opération par laquelle un individu
moyennant une contribution, la prime, acquiert pou lui ou pour un tiers un droit à
prestation en cas de réalisation d’un risque, cette indemnité étant versé par une entreprise
ou un organisme qui prenant en charge un ensemble de risque, les compense
conformément aux lois de la statistique ».

Définition 3 : (basée sur le côté juridique) :

« L’assurance est une opération par laquelle une partie ; l’assuré ; se fait promettre
moyennant une rémunération ; la prime ; une prestation par une autre partie ; l’assureur ;
en cas de réalisation d’un risque ». C’est encore : « l’opération par laquelle un individu ;
moyennant une contribution (la prime) acquiert pour lui ou pour un tiers ; un droit à
prestation en cas de réalisation d’un risque ; cette indemnité étant versée par une entreprise
ou un organisme qui ; prenant en charge un ensemble de risques ; les compensent
conformément aux lois de la statistique ».

Toutes ces définitions proposées nous permettent de considérer l’assurance comme une
technique de couverture des risques pouvant affecter les biens d’une personne physique ou
morale (incendie ou accident…..) ou résultant de la survenance d’un événement aléatoire
frappant directement la personne elle-même. L’introduction de l’assurance n’a de sens que
dans une société où quelque chose est inconnue. L’assurance s’apparente à une épargne de
groupe : au lieu de gérer seul le risque auquel il est confronté ; un individu a intérêt à
souscrire une assurance.Par conséquent, l’opération d’assurance met en présence au moins
deux parties l’assuré et l’assureur.
I.2 Les concepts de base en assurance :

a) L’assuré :

C’est la personne (physique ou morale) qui est le sujet de contrat d’assurance : c’est à
l’occasion d’un événement le concernant (sinistre matériel ou corporel, décès) que
l’organisme assureur se trouve tenu d’effectuer la prestation promise.

b) L’assureur :
C’est la société d’assurance auprès de laquelle le contrat d’assurance est souscrit. Cette
société est autorisée par l’Etat à effectuer des opérations d’assurance. C’est également la

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personne physique autorisée à présenter des opérations d’assurance qui démarchent un


prospect et lui fait souscrire un contrat d’assurance (un agent général d’assurance, un courtier
d’assurance, un sous agent d’assurance…).

c) la réassurance :
La réassurance est une opération par laquelle une société d’assurance (la cédante) s’assure
elle-même auprès d’une société d’assurance (le réassureur ou le cessionnaire) pour une partie
des risques qu’elle a pris en charge ; c’est donc en quelque sorte « l’assurance de
l’assurance » ou une assurance au second degré. L’assureur qui se réassure est appelé le
cédant ou encore l’assureur direct.

L’histoire de la réassurance montre clairement que cette activité s’est développée à l’appel
d’exigence technique née de l’expansion de l’offre de l’assurance. En fait la réassurance
constitue l’assurance de l’assureur. Selon Henri Loubergé : « c’est une assurance au
deuxième degré qui lie un assureur direct (le cédant) à un réassureur (le cessionnaire). Le
premier passe avec les assurés des contrats d’assurance, le second accepte des cessions en
réassurance qui lui sont proposés par les cédants et qui portent, soit sur des catégories de
risques ou de sinistres définies par un traité de réassurance entre deux parties (réassurance
obligatoire) soit sur des risques particuliers (réassurance facultative) ».

La réassurance permet une nationalisation et une internationalisation des risques, c’est


l’auxiliaire indispensable de l’assurance : sans réassurance, l’assurance serait paralysée dans
la souscription des risques. Dans la profession, la réassurance est souvent considérée comme
une branche supplémentaire de l’assurance. La couverture de réassureur procure à l’assureur
direct une sécurité qui lui permet de s’engager plus résolument dans la souscription des
grands risques et d’un grand nombre de contrats d’assurance. La disponibilité de la
réassurance exerce une influence positive sur le montant de l’offre de d’assurance. Selon
Blanc « le but de la réassurance est de composer avec un portefeuille brut constitué
d ‘éléments hétérogènes un portefeuille net présentant une certaine homogénéité et à
l’intérieur duquel des écarts des sinistres soient assez réduits pour ne pas compromettre
l’équilibre de l’entreprise ».

d) La Coassurance :

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C’est aussi un instrument de division de risque. La coassurance est définit comme


étant : « l’opération par laquelle plusieurs entreprises d’assurance garantissent un même
risque, chacune d’elles en prenant en charge une fonction convenue sans solidarité. ».
Avec la coassurance, chaque assureur pourrait prendre part à la souscription d’un risque
particulier selon ses capacités financières. Pour faciliter, l’opération de coassurance, une
seule société se charge de la gestion de contrat, c’est la société opératrice. Elle est chargée
de servir d’interlocuteur à l’assuré. Ainsi en cas de sinistre chaque compagnie n’est tenue
que jusqu’à concurrence de sa mise.

On passe maintenant à définir les éléments d’une opération d’assurance.


I.3 Les éléments d’une opération d’assurance
a) Le risque :
Au courant (répondu) le mot risque est utilisé généralement de différentes façons, qui se
réfèrent en ce variant à tout ce qui est incertain, doute, en fin à un objet qui peut être assuré.
Le risque varie en raison inverse avec la connaissance.

Le risque est une situation dont on connaît objectivement les probabilités de tous les
résultats futurs possibles (appelés aussi états de la nature). Par contre l’incertitude c’est le cas
contraire de risque c’est-à-dire si nous avons une situation dont les probabilités des différents
résultats futurs sont inconnues.

La distinction établie par Knight (1921) entre le risque et l’incertitude, se justifie par le fait
que le risque est une incertitude mesurable, alors ce n’est pas le cas pour l’incertitude.

En terme assurance, le risque est l’événement aléatoire et futur dont la survenance entraîne
l’exécution de la promesse faite par l’assureur c’est-à-dire le paiement d’une indemnité.

Statistiquement parlant, la personne exposée à un risque veut dire qu’elle peut supporter
une perte incertaine représentée par la variable aléatoire « X » qui peut être décrite de sa part
par la distribution de probabilité suivante :

F(X) = Pr ( X< x).

Si la personne en question couvre une part ou la totalité du risque par l’assurance, elle doit
payer la contrepartie pour changer la distribution de probabilité qui représente le risque, et si

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elle n’est pas forcée d’acheter l’assurance, la seule chose qui rend ce dernier acte utile, c’est le
fait que la personne concernée de cette transaction se trouve dans une situation moins risquée
que la situation initiale.

Eventuellement, bien qu’on ne puisse pas se limiter à une seule définition du mot risque,
du moment qu’il est aussi vague qu’on ne soit pas apte de le repérer dans une seule direction,
mais on peut dire à titre de concrétisation que s’agissant d’un risque quand notre univers se
concrétise d’une incertitude et non sûreté des résultats futurs, c’est-à-dire quand la valeur de
la perte ne peut pas être connu d’avance ou soit disant prévu ; la raison qui mène par évidence
à la non aptitude de les planifier. Nous retenons donc la définition suivante du mot risque :

Définition :
« Le risque assurable est un événement futur incertain et ne dépendant pas exclusivement
de la volonté de l’assuré ou un événement certain mais dont la date de survenance est
inconnue »

Trois éléments doivent se réunir pour qu’on puisse parler d’un événement risqué :

1. L’événement doit être futur.

2. L’événement doit être incertain.


3. L’événement ne dépendant pas de la volonté de l’assuré.

I.3 La prime :
Définition :
La prime est la contribution que l’assuré verse à l’assureur en échange de la garantie qui
lui est accordée. La prime est payable au début de « l’année d’assurance » c’est à dire au
départ de l’opération d’assurance. Cette prime est destinée pour l’alimentation du fonds
de compensation géré par l’assureur.

La prime peut être fixe c’est à dire ne peut être modifiée en cours de validité du contrat
sans le consentement du souscripteur. Elle peut aussi être variable : « cotisation variable ».

I.4 La prestation de l’assureur :

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Il s’agit d’une somme d’argent promise par l’assureur vis à vis de l’assuré. Cette
somme peut être déterminée soit à l’avance ; on parle de prestation forfaitaire (en cas
d’assurance de personnes) soit après la survenance du sinistre ; la somme est appelée
« indemnité » qui dépend de l’importance du dommage subi (cas des assurances de
dommages). La prestation peut revêtir l’une des modalités suivantes :
 Des indemnités : dans ce cas le montant ne peut pas être déterminé à l’avance vu qu’il
dépend de l’importance du dommage subi, de la valeur du bien assuré et de certains
autres éléments (cas des assurances dommages)
 Des prestations forfaitaires : dont le montant est déterminé à l’avance et fixé dans le
contrat et se traduisant par le versement d’un capital ou d’une série de rente (cas des
assurances de personnes).

I.5 La compensation (mutualité) : Le secret universel de l’assurance est le


regroupement d’un contrat au sein d’une mutualité afin de compenser les risques sinistres
tout en respectant le principe de l’assurance : l’exécution d’une opération d’assurance ne
doit pas mettre en jeu d’autres capitaux que ceux proviennent de l’encaissement des
primes.

L’assurance est donc l’organisation de la solidarité entre les personnes assurées contre
la survenance d’un même sinistre.
Cette solidarité est forte si :
 Le risque s’aggrave, alors tous les membres de la mutualité vont payer une cotisation
plus élevée.
 Le risque diminue par conséquent la cotisation de chacun diminuera.
I. Si les assurés « trichent » en exagérant l’importance du sinistre, dans ce cas
l’ensemble de la mutualité en pâtira.

II. 6 Le contrat:
L’assurance est une opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre
moyennant une rémunération (la prime), une prestation par une autre partie, l’assureur, en
cas de survenance d’un sinistre.
Le contrat d’assurance le plus simple a la structure suivante : l’agent économique paye
une prime P pour éviter le risque de perdre X avec et . La probabilité d’occurrence

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du sinistre, q , est connue par l’agent (assuré potentiel) et l’assureur. Le marché est
donc caractérisé par une information symétrique.

1 Emergence de l’assurance :
Les techniques d’assurance ont apparu, pour la première fois, pour protéger les biens
entreposés et transportés contre les risques d’accidents et d’incendie. Ces garanties sont
accordées aux marchands, armateurs, et grandes compagnies de commerce colonial ; elles
touchent par conséquent des risques lourds d’avaries, naufrage ou capture par les pirates.
La diffusion et la diversification de l’assurance ont été plus lentes que pour les techniques
de crédit et de change. A l’aube du capitalisme mercantiliste, les premiers innovateurs en
techniques d’assurance ne semblent pas avoir catalysé l’expansion au même degré que les
grands banquiers.
Les compagnies d’assurances contre l’incendie sont apparues en Angleterre à la suite de
l’incendie de Londres en 1666. Au même moment le « LIoyd’s » proposait les premières
garanties de réassurance. Dans les colonies d’Amérique, les trois branches d’assurance c’est-
à-dire transport, incendie et vie-décès apparaissent également au début du XVIIème siècle.
Cependant la prédominance agricole et la faiblesse du peuplement limitaient la diffusion des
contrats et par conséquent la prospérité de ce secteur.
Le développement des compagnies d’assurances ne s’est étendu en Occident qu’avec les
progrès de la révolution industrielle (plus précisément la deuxième révolution industrielle) et
surtout dans les pays où s’instauraient un Etat favorable à la liberté d’entreprise. Plusieurs
facteurs ont contribué à l’intégration de l’activité de l’assurance dans les structures
institutionnelles du capitalisme :
1. Tout d’abord, la technique de couverture des risques par l’assurance impliquait la
construction de nouveaux outils de calcul. L’assurabilité d’un risque est dépendante,
principalement, de l’existence et de la qualité des informations statistiques. Or les bases
du calcul de probabilité remontent à la fin du XVIIIème siècle (Pascal, J.Bernouilli,
Fermat….), de même que les outils mathématiques et statistiques. Le raisonnement
actuariel de Pascal et Fermat (1650) a largement contribué au développement de ce
secteur. La mesure des risques et la tarification des assureurs reposaient également sur des
méthodes intuitives. La démarche mathématique et statistique a pénétré lentement les
professions d’assurances. Les premières tables de mortalité susceptibles de fonder un tarif
d’assurance sur la vie, commencèrent à être utilisées à titre exceptionnel sous l’Empire et
à la Restauration. Quant aux assurances contre les accidents, la diffusion de réseau

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ferroviaire et les grands accidents de chemin de fer pour demander la garantie des
voyageurs. Comme toute innovation, l’emploi de ces méthodes nouvelles de protection ne
s’est répandu que petit à petit dans la première moitié du XIXème siècle. Les risques
nouveaux, découlant du progrès technique et de l’industrialisation, ce sont multipliés du
XIXème siècle à la mesure de l’augmentation de la capacité de production.
2. En second lieu, le préalable à la couverture de risques aléatoires ou incertains aussi lourds
et couteux était un regroupement des capacités de couverture et, par conséquent, une
forme d’entreprise permettant de faire appel aux capitaux…. Or ces préalables
institutionnelles (apparition des sociétés par action, recours aux banques d’affaires…)
datent aussi du milieu du XIXème siècle. Le capitalisme des unités ne s’est diffusé à
l’échelle internationale que dans le dernier quart du XIXème siècle c’est-à-dire la phase
où l’activité des sociétés d’assurance fût très active. A titre d’exemple, on peut citer les
grandes sociétés d’assurance contre les accidents en France qui s’établissent entre 1890 et
1895.
3. En troisième lieu, le rôle de l’assurance dans la mobilisation de l’épargne et dans
l’économie financière n’est pas apparu au siècle dernier comme un trait caractéristique du
capitalisme. L’histoire économique et financière des grandes puissances a accordé un rôle
très important aux grandes banques de dépôts et d’affaires et aux Bourses de valeurs, en
raison de leur contribution à la mobilisation de l’épargne et au financement des
investissements intérieurs et internationaux. Le rôle d’intermédiaire financier des
assureurs et des fonds de pensions apparut plus tard quand les assureurs-vie eurent
accumulé des provisions importantes. L’histoire quantitative a permis de reconstituer
aujourd’hui les séries statistiques bancaires et monétaires des phases de développement
suivant la révolution industrielle. Cette histoire financière se rapporte aux puissances
dominantes, elle reste mal connue par les puissances émergentes. Les économistes et
historiens ont désormais accès à une information comparative riche…Cependant, de
nombreux intermédiaires financiers sont restés dans l’ombre. C’st en particulier le cas des
sociétés d’assurance. Ce retard peut sembler surprenant pour une activité aussi dépendante
des données statistiques. Il ne l’est pas pour deux raisons :
 Tout d’abord, les informations dont dispose l’assureur sa clientèle, ses
encaissements, tarifs, provisions, sinistres et profits sont une composante du
« secret des affaires ». L’économie dirigée n’est pas davantage transparente que
la libre entreprise, la statistique devient secret des affaires publiques. Quand une

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organisation de monopole public d’assurance ignore l’uniformité de cotisations


et de tarifs, la statistique centralisée n’est pas le nerf de la compétition. Dans un
secteur exposé à la concurrence, les parts de marché, les tarifs, les pertes et les
profits sont des informations cachées au concurrent, au public et aux autorités de
tutelle.
 La pénétration des assurances auprès des entreprises et des particuliers était
avant-guerre limitée à la population solvable, très étroite, tant que la souscription
des garanties restait volontaire et fondée sur la seule prévoyance individuelle.
L’information du public, le contrôle statistique et la justification des fonds
utilisés s’imposeront plus naturellement quand la plupart des agents
économiques seront assurés, surtout si l’affiliation devient obligatoire ( assurance
automobile).

Section II Le processus de production d’une compagnie d’assurance:


II.1 Schématisation du processus de production :
Les compagnies d’assurances sont des entreprises produisant des services et il est
important de distinguer les diverses étapes de leur processus de production, de voir où
sont les contrôles potentiels que peut exercer la compagnie, de donner des éléments sur la
formation de coût…

L’input du processus de production est un ensemble de contrats, qui peut être


partiellement réassuré. Ce portefeuille engendre des flux négatifs correspondant aux
paiements des primes de réassurance et aux remboursements de sinistres, et des flux
positifs associés aux primes versées par les assurés. Le rôle de la compagnie est
d’équilibrer ces deux séquences de flux par l’intermédiaire d’une couverture inter
temporelle adéquate, partiellement menée par l’intermédiaire des marchés financiers ou,
d’investissement dans l’immobilier….. Le résultat final étant le bénéfice de la compagnie.

La compagnie peut contrôler à divers niveaux ce processus de production de plusieurs


manières : par le choix adéquat des types de sinistres à assurer et des prix à proposer pour
ces contrats, par l’importance et le type de réassurance, par la vérification des déclarations
des assurés et la contre expertise, par le choix d’une stratégie de couverture adaptée pour
équilibrer les deux séquences de flux. Elle doit le faire en fonction de ses prévisions des

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distributions de sinistres et de leurs coûts, de l’évolution anticipée des marchés financiers.


Les aspects d’assurance et de finance sont donc intimement liés.

II.2 Inversion du cycle de production :


Pour les entreprises industrielles et commerciales ; le cycle de production commence
par la fabrication ; le produit ou le service sera par la suite commercialisé à un prix qui
comprend les coûts de fabrication et la marge sur le prix de revient pour dégager un
bénéfice.

En ce qui concerne les compagnies d’assurances ; le cycle est inversée : la facturation


du service est effectuée avant sa prestation ; c’est ainsi que la prime est payée le jour où
commence la période de garantie.

Cette particularité du cycle de production des entreprises d’assurance pousse à poser la


question suivante : comment fixer les primes d’assurance ou les tarifs ?

Puisque le coût réel du service à rendre à l’assuré n’est connu qu’à la fin de la période
du contrat, les compagnies d’assurance se trouvent face à un problème de fixation de la
prime à payer par l’assuré. La prime est fixée en fonction de la probabilité de réalisation
du risque assuré ; la révision de la prime n’intervient qu’une fois par an en fin d’exercice
ainsi que le coût réellement supporté de l’opération et par la suite le résultat effectif que
sur 4 à 5 exercices notamment en responsabilité civile.

La prime payée par l ‘assuré se compose en fait de trois parties :

1- Prime payé = prime brute : elle comprend une taxe sur prime collectée par les
entreprises d’assurance pour le compte de L’Etat.
2- Prime brute – taxe = prime commerciale : elle comprend les frais d’acquisition et
de gestion du contrat tel que les frais généraux et les commissions payées aux agents
et courtiers.
3- Prime commerciale – Somme des charges = prime pure.

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La prime pure est calculée sur la base d’une hypothèse de sinistralité posée à
l’avance. Il existe une évaluation statistique spécifique à chaque ligne d’assurance.
Cette évaluation comprend entre autre :
- La fréquence des sinistres dans cette ligne d’assurance.

- La proportion et le coût de sinistres graves.

- Le taux de responsabilité de l’assuré.

Par exemple en assurance des choses, l’élément essentiel servant de base de calcul des
tarifs, c’est la valeur garantie à la souscription des contrats. La prime est donc
proportionnelle à cette valeur qui sera payée par l’assureur en cas de sinistre total ou
proportionnellement aux dommages réels en cas de sinistre partiel, donc on ne parle pas
de prime mais de taux de prime en fonction de la valeur garantie.

Soient :
- N : l’ensemble des risques de même nature et indépendants.
- n : le nombre des sinistres.

On définit :

-f = n / N : la fréquence des sinistres.

- A : la valeur totale d’un ensemble de risque.

On défini :
- a = A/ N : valeur assurée moyenne.

T : la valeur totale des biens sinistrés.

On définit :

- b = T / N : la valeur moyenne des risques sinistrés.


- K = b/ a : l’importance relative des risques sinistrés par rapport à l’ensemble des
risques.

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- S : montant global des sinistres.

- T = S/ N : intensité relative moyenne des sinistres ; le taux moyen des dommages.

La fréquence des sinistres et le taux moyen des dommages reposent sur des statistiques de
tout le secteur et sur des statistiques propres à chaque compagnie. Il est donc important que
ces statistiques soient actuelles et précises. Pour les assurances de responsabilité il y’a un
élément supplémentaire qui est introduit dans la fixation des tarifs : c’est le taux de
responsabilité moyen noté ( r ). Ainsi le taux de prime en responsabilité civile se calcule de la
façon suivante :
P = f.k.r.t.

De façon générale un contrat entre assuré et assureur doit spécifier :

1- Les identités des contractants ;


2- Le type des sinistres couverts et ceux qui sont exclus, les procédures de déclarations des
sinistres, d’expertises et contre expertises ;
3- Les montants de primes ; leurs dates et modes de paiement ;
4- Les conditions de mise à jour des primes, incluant la fréquence, la probabilité de tenir
compte de l’inflation ou des sinistres passés (Bonus malus)….

Les conditions de sorties pour l’assureur (en cas de non paiement des primes, de sinistres
se révélant ex-post trop importants…) et pour l’assuré (ainsi pour l’assurance-vie, il faudra
préciser si l’assuré peut sortir de façon anticipée, avec quelle pénalité ; lorsqu’il sort, s’il
touche un capital ou une rente, pour cette dernière le montant ; la durée….).

D’un point de vue formel, la résultante d’un contrat est une suite de flux monétaires
incluant les primes et les remboursements de sinistres. Graphiquement, il peut être décrit par
un diagramme en bâtons ; où du point de vue de l’assureur les primes sont des flux positifs et
les remboursements des flux négatifs. La figure 1.1 fournit un tel historique de flux ; avec
deux sinistres l’un remboursé en deux fois ; l’autre en une fois ; et une modification de prime
(malus) suite au premier sinistre.

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La représentation précédente concerne des flux observés. A la signature du contrat (ou lors
de ses diverses révisions), on ne sait si des sinistres se produiront, et s’ils se produisent on ne
connaît ni leur date, ni leur importance, mais les flux positifs sont eux-mêmes incertains,
puisqu’on ne sait si l’assuré ne décidera pas de résilier son contrat, notamment lorsque les
modifications de primes proposées lui paraissent défavorables. Un contrat d’assurance est
donc un actif financier permettant de transférer de la monnaie de certaines périodes à des
dates aléatoires où se seront produites des sinistres. Dans la littérature financière usuelle, il
s’agit donc d’un actif contingent. Cet actif diffère cependant des actifs financiers échangés sur
les marchés organisés, au sens où les importances des flux et donc la valorisation des contrats
dépendent en grande partie des caractéristiques des assurés, et de ce fait les risques
contingents ne peuvent être couverts par la seule utilisation des instruments de marché comme
des options. De ce fait les contrats d’assurance sont à rapprocher des contrats de crédits, où
l’aspect individuel est également très important. La seule différence concerne la structure de
la suite des flux. Dans le cas d’un crédit, l’institution commence par prêter le capital, d’où un
flux négatif important à la date initiale ;suivi des flux positifs correspondant aux
remboursement de capital et des intérêts. Quelques autres flux négatifs peuvent apparaître
dans le cas de défaillance de paiement de l’emprunteur. Dans le cas du crédit l’institution paie
d’abord ; alors que pour l’assurance elle est partiellement payée d’abord.

Section III : les intermédiaires de l’assurance et les déterminants de sa demande :


III.1 Les intermédiaires de l’assurance :
Les personnes qualifiées de présenter les opérations d’assurance sont les suivantes : le
courtier d’assurance, l’agent général d’assurance, le producteur salarié et l’agent mandataire.
1. Le courtier d’assurance : c’est un intermédiaire, titulaire d’agrément délivré par la
Direction des Assurances et de la Prévoyance Sociale ( D.A.P.S) pour le catégories qu’il est
habilité à présenter. Il est mandataire de son client qu’il conseille pour la mise au point des
garanties et le choix des sociétés d’assurance. Il est rémunéré à la commission par la société
d’assurance sur les contrats qu’il apporte.
2. L’agent général d’assurance : c’est la personne physique qui représente dans un
secteur géographique une société d’assurance. Il est habilité, dans le cadre d’un traité de
nomination délivré par la compagnie d’assurance qui fixe ses conditions d’activité, à proposer
des opérations d’assurance.

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3. Le producteur salarié : il s’agit de la personne physique chargée du placement des


contrats d’assurance et rémunéré à la commission.
4. L’agent mandataire : c’est un travailleur indépendant, chargé de présenter les
opérations d’assurance en vertu d’un traité de nomination.
III.2 Les déterminants de la demande d’assurance :
Plusieurs facteurs contribuent à la demande d’assurance.
 En premier lieu, on trouve le revenu ou la richesse de l’acheteur et le prix de l’assurance.
Ces deux facteurs sont corrélés respectivement positivement et négativement avec la demande
de l’assurance.
 Le degré d’aversion de chaque agent économique au risque peut être aussi considéré
comme un facteur déterminant de la demande d’assurance.

 A coté de ces facteurs, il existe d’autres facteurs pouvant influencer la demande


d’assurance, dont on peut citer : la densité et la pénétration de l’assurance, l’élasticité du PIB.

Section IV : Classification des assurances :

IL faut distinguer classification juridique et classification technique ou selon le mode de


gestion.

IV.1 Classification juridique :

1 Les assurances de dommages : Les assurances de dommages ont pour but de réparer les
conséquences d’un événement dommageable affectant le patrimoine de l’assuré ; la
prestation ne peut en aucun cas dépasser ; le préjudice subi. Ces assurances se subdivisent en
deux branches :
- Les assurances des choses (ou des biens) : ces assurances sont qualifiées de pertes
directes, ces assurances ont pour but de compenser la perte matérielle affectant directement le
patrimoine de l’agent.
- Les assurances de responsabilité : ces assurances sont qualifiées comme pertes
indirectes et ont pour but de garantir l’assuré contre le recours exercé contre lui par des tiers à
raison du préjudice qu’il a pu leur causer et dont il a été reconnu responsable. Il est à noter

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que dans ce cas d’assurance, il existe deux bénéficiaires qui ne sont autres que l’assuré
responsable qui ne va pas supporter toute la charge et la victime qui sera indemnisée

2 Les assurances de personnes : L’objet des assurances de personnes est la protection de la


personne même de l’assuré contre les risques qui peuvent l’affecter (décès, accident,
maladie….). Les prestations dues par l’assureur n’ont pas dans ce cas un caractère
indemnitaire ; elles ont par contre un caractère forfaitaire puisqu’elles sont fixées au contrat
dès sa souscription.

Les assurances de personne comprennent deux catégories principales :


- Les assurances sur la vie : elles sont destinées à garantir, soit la mort de la
personne assurée, soit le risque de sa survie à une époque déterminée.

- Les assurances contre les accidents corporels : elles englobent l’assurance


accident, assurance maladie et d’autres assurances.

La différence qui existe entre les assurances dommages et les assurances de personnes est
que dans les premières l’assureur ne peut pas réaliser des bénéfices vu que le principe
intermédiaire lui interdit alors que pour l’autre catégorie ce principe n’est pas applicable.

3 Assurances obligatoires et facultatives :


Les assurances obligatoires comme leur nom indique, le résultat d’une obligation et ceci
pour les raisons suivantes :
 La protection de la clientèle des professions diverses entraînant des pertes pécuniaires.
 L’exercice d’une activité susceptible de provoquer des dommages corporels.

Les assurances facultatives regroupent l’assurance individuelle et l’assurance de groupe.


Dans l’assurance individuelle, le souscripteur conclut le contrat pour son propre intérêt ; alors
que dans l’assurance de groupe est telle qu’une personne suite à la conclusion du contrat offre
les garanties obtenues à l’adhésion des membres de groupe.

4 Assurances des grands risques :

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C’est une grande catégorie d’assurance. Son régime est telle que le souscripteur est réputé
apte à défendre ses intérêts à l’encontre de l’assureur.

Elles regroupent deux sous-ensembles caractérisés soit par la nature du risque ouvert, soit
par l’importance économique du souscripteur. Dans le premier sous-ensemble on trouve
l’assurance des corps de véhicules ferroviaires, maritimes et fluviaux, ainsi que la
responsabilité attachée à ces divers véhicules (marchandise transportée). Il regroupe aussi
l’assurance crédit et l’assurance caution. Le deuxième sous-ensemble est consacré aux
assurances de dommages.
IV.2 Classification selon le mode de gestion :
a) Distinction selon le mode de propriété et les objectifs :
b) Sociétés civiles et Sociétés Commerciales : Contrairement aux sociétés commerciales,
les sociétés civiles ont pour objet l’exercice d’une activité non commerciale. Cette distinction
a perdu de son intérêt vu que d’une part une société peut devenir commerciale par la nature de
son activité ou la raison de sa forme juridique et d’autre part les statuts qui règlent les deux
types de sociétés se sont rapprochés.
1. Sociétés de personne et sociétés de capitaux :
Dans les sociétés de personne, les associés mettent en commun leurs activités ; alors que
dans les sociétés de capitaux, les porteurs de capitaux les mettent en commun pour les faire
réaliser un placement. Dans ce cas aussi, la distinction n’est plus valide étant donné qu’il peut
y avoir des sociétés mixtes. Les sociétés de capitaux sont généralement des sociétés
anonymes.
2. Sociétés du secteur public et du secteur privé :
Cette distinction est fondée sur la personnalité du titulaire des droits sur le capital social.
Les sociétés dont le capital appartient majoritairement à L’Etat demeurent des sociétés du
secteur public, elles sont régies par le droit des sociétés commerciales, mais relèvent du
contrôle de la cour des comptes. Lorsque la participation publique est minoritaire, ces sociétés
sont assimilées aux sociétés commerciales du secteur privé.

3 Les sociétés d’assurance mutuelle :


C’est une forme de société d’assurances dans laquelle les assurés sont en même temps des
associés dits sociétaires. Les mutuelles d’assurance ne sont pas une création récente, la

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première date de l’année 1547. Les mutuelles occupent actuellement une place importante
dans l’économie mondiale.
Les sociétés mutuelles d’assurances ( S.M.A) constituent une forme particulière des sociétés
d’assurances mutuelles (S.A.M ); qui pour lesquelles les mandataires sociaux
(administrateurs) peuvent être rémunérés si les l’autorisent ; alors que pour les S.M.A, leur
rémunération est interdite.

Section V : Le secteur des assurances en Tunisie :


Selon l’arrêté du ministère des finances du 2 Janvier 1993 et vu l’article 49 du code des
assurances, les opérations d’assurances sont classées en catégorie et sous catégories.

1) Assurance Automobile :
1-1 : Assurance de responsabilité civile.
1-2 : Assurance des dommages subis par les véhicules terrestres à moteur.

2) Assurance transport :

2-1 : Assurance des marchandises transportées.


2-2 : Assurance des corps de véhicules (autres que terrestre) :
1. : Assurance des corps de véhicules aériens.
2. : Assurance des corps de véhicules maritimes.
2-3 : Assurance de responsabilité civile résultant de l’emploi des véhicules aériens et
maritimes.
3) Assurance contre l’incendie et les éléments naturels.

4) Assurance construction.
4-1 : Assurance de responsabilité civile des intervenants dans la construction.
4-2 : Assurance des dommages aux ouvrages.

5) Assurance de responsabilité civile générale.


6) Assurance contre la grêle et la mortalité du bétail.
6-1 : Assurance contre la grêle.
6-2 : Assurance contre la mortalité du bétail.

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7) Assurance des autres dommages aux biens.


8) Assurance crédit et assurances caution.
8-1 : Assurance des crédits à l’exportation.
8-2 : Assurance des autres crédits
8-3 : Assurance caution

9) Assurance assistance.
10) Assurance protection juridique (prise en charge des frais de procédure en défense ou en
recours)
11) Assurance contre les pertes pécuniaires diverses.
12) Assurance de groupe.
13) Assurance sur la vie et la capitalisation. 13-1 :
Assurance sur la vie.
13-2 : Assurance capitalisation.
14) Assurance contre les accidents de travail et les maladies professionnelles.
15) Assurance des accidents corporels.
16) La réassurance.
Toute opération d’acceptation en réassurance pratiquée par les entreprises d’assurances
dont l’activité s’étend à d’autres catégories d’assurance.

Le marché tunisien comporte 22 compagnies dans des activités multiples, 4 dans des
activités simples (2 ont spécialisées en assurance-vie, une en assurance exportation et une en
réassurance) et 7 sont des entreprises off-shore autorisées à couvrir des non résidents.

En terme de statut juridique 5 des 15 compagnies résidentes se trouvent sous contrôle de


L’Etat, 7 ont été établies en tant que sociétés anonymes et 3 sont des compagnies d’assurance
mutuelles.

A l’exclusion de 2 entreprises publiques spécialisées en réassurance et en assurance


exportation, le secteur d »activité des 13 compagnies restantes est structuré comme suit :

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Tableau 1

Structure du marché en 1990


Secteur Public
STAR
EL ITTIHAD
LLOYD TUNISIEN
Secteur Privée
GAT
COMAR
ASTREE
MAGHREBIA
CARTE
HAYETT
AMINA
Assurance mutuelle
CTAMA ( agriculture)
MGA
MAE ( enseignants)
SECTEUR PRIVEE
Source : Ministère des Finances, Direction Générale
Des assurances et F.T.U.S.A.

Résumé :
Le risque est une des caractéristiques principales de l’environnement économique. Les
individus prennent des décisions et s’exposent par-là même à un danger éventuel plus ou
moins prévisible. Leurs actions sont, soit indépendantes des aléas, soit source de risque. Les
conséquences d’un acte étant rarement connues avec certitude, les individus ayant de
l’aversion au risque ont cherché à maîtriser les aléas en essayant d’en limiter les conséquences
néfastes. Ils ont alors transféré leurs risques à des personnes ou entreprises présentant moins
d’aversion au risque. L’un des exemples les plus connus est le contrat d’assurance : l’individu

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transfère totalement ou partiellement son risque à l’assureur, en échange de quoi il lui verse
une prime d’assurance.

L’activité d’assurance est apparue depuis le XVI ème siècle. Néanmoins, ce n’est qu’à partir des
années 1960 que les économistes se sont intéressés à ce domaine. En modélisant le
comportement des agents sur le marché d’assurance, ils ont donné naissance à la théorie
microéconomique de l’assurance. Depuis, celle-ci est devenu un pôle central de recherche en
économie.

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Chapitre II
Apparition de l’Assurance et traitement du risque
dans la vie économique.

Introduction :
L’incertitude est une caractéristique centrale de la vie économique. En effet ; toute action
entreprise aujourd’hui à plusieurs résultats futurs qui sont loin d’être parfaitement connues. Ils
sont risqués ou incertains.

Dans les sociétés traditionnelles, l’homme se protégeait des aléas de la nature et de la vie
par l’épargne individuelle. Mais cette épargne se révélait souvent insuffisant pour subjuguer
les méfaits des catastrophes naturels d’un accident ou d’une maladie. La solidarité de groupe
social intervenait alors comme technique de protection et de réparation. Avec le
développement économique et urbain, les structures sociales se transforment dans un sens
défavorable à l’entrait et à la solidarité. La structure familiale élargie éclate et l’individu
gagne en liberté et en indépendance mais il perd en sécurité. L’industrialisation, la
mécanisation et l’extension urbaine provoquent de plus en plus d’accident qu’un entrait
familial ou une épargne individuelle ne peut en réparer le dommage à fin de répondre à ses
nouveaux besoins, l’assurance fait son apparition.

Toutefois, le besoin croissant de sécurité et le développement des activités de service dans


une économie prospère, l’augmentation des risques dans une société devenue plus complexe
est la cause essentielle de la création de l’assurance.

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Section I Assurance et risque :


L’assurance est l’institution la plus évidemment liée au risque. Elle consiste à
transférer d’un agent économique à un autre les risques inhérents à la survenance d’un
accident ou d’un désastre par l’intermédiaire d’un contrat appelé contrat d’assurance. Le
besoin d’assurance est manifestement une caractéristique très répandue dans l’ensemble des
agents économiques. Les compagnies d’assurance jouent un rôle d’intermédiaire financier en
transformant des flux aléatoires de revenus individuels en flux déterministe. Ces compagnies
fonctionnent à partir de mutualisation des risques : beaucoup d’individus paient pour que
peu d’individus n’est pas beaucoup à payer.
En effet ; l’introduction de l’assurance n’a de sens que dans une société ou quelque
chose est inconnue. Si tous les événements et toutes les éventualités peuvent être
complètement prédits ; il n’existe pas de risques à assurer. Cependant ; en situation
d’incertitude ; l’assurance résout un problème pour la société : elle vend la sécurité et par
conséquent la tranquillité d’esprit : « l’assurance survient du fait de l’existence
d’incertitudes dans le monde et de l’aversion des agents pour le risque ». Ainsi ;
l’incertitude peut entraîner le besoin pour un agent de vendre une assurance. Le partage des
risques ; conséquence de l’apparition de l’assurance ; permet d’augmenter l’espérance
d’utilité de tous les agents de la société.

L’existence de ces activités et de ces institutions n’est évidemment pas sans effet au
niveau de l’allocation des ressources dans l’économie. L’organisation de certains types de
contrats d’assurance peut ; suivant le cas ; conduire à un gaspillage ou à une allocation
meilleure des ressources disponibles.

Remarque :
Les institutions d’assurances entrent dans la catégorie des institutions financières. Comme
pour les autres institutions financières ; la relation qu’elles entretiennent avec leurs clients est
basée sur la confiance et cela impose de redoubler de prudence afin de ne pas devoir cesser
leurs activités. Une entreprise industrielle peut disparaître sans léser directement d’autres
personnes que ses employés et ses créanciers ; alors que lorsqu’une société d’assurance se
voit forcée de suspendre son activité ; elle lèse aussi les autres sociétés auxquelles elle est liée
par des traités de coassurance et de rétrocession, et surtout les assurés qui lui ont fait
confiance. L’assuré paye la prime avant de recevoir la prestation qui lui est due. Il n’a pas la

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faculté de vérifier exanté les qualités du « produit » qui lui est offert, et en tout cas moins que
le consommateur de biens et services réels. Le contrôle public joue alors le rôle de garantie.

Section II : Les approches traditionnelles de l’assurance et les conditions de bon


fonctionnement de ce marché.

II.1 Les approches traditionnelles de l’assurance :


Bien souvent ; l’assurance est définie par rapport au principe mutualité. On le considère
comme le moyen de répartir sur un grand nombre d’individus les pertes qui frappent un petit
nombre d’entre eux.

De tous les individus ou de tous les biens soumis à un même risque ; certains seulement
subissent finalement un dommage. Grâce à une contribution modérée de chacun de ceux sur
qui pèse un même risque ; on peut financer la répartition des dommages qui ne frapperont
qu’un petit nombre d’entre eux. Tel est le principe de la compensation des risques dont est
dérivée l’assurance.

L’assureur accepte de prendre en charge les risques des individus avec l’intention de les
compenser entre eux parce que l’expérience du passé sous la forme de statistiques ; lui a
permis de calculer quelle prime doit demander à chaque assuré pour pouvoir payer les
dommages qui seront provoqués par la réalisation du risque. C’est le sens du principe
d’équivalence où la prime actuarielle est obtenue en multipliant le montant moyen de sinistre
par la fréquence des sinistres dans la population assurée. Le contrat d’assurance a pu être
identifié comme une créance conditionnelle émise par l’assureur et acquise par l’assuré. On
parle ; dans ce cas ; de bien contingent. La valeur du calcul prévisionnel de l’assureur
repose sur la qualité de ses informations statistiques.

Cependant pour que la compensation des risques puisse fonctionner il faut que l’on ne
s’écarte pas trop des conditions de validité de la loi des grands nombres et de la mutualisation
des risques : risques assez nombreux ; homogènes et indépendants. L’assureur doit donc
disposer d’informations aussi nombreuses et détaillées que possibles de manière à classer les
risques ou les assurés en sous populations (relativement) homogènes et à établir un tarif
différencié correspondant au niveau de risque de chaque sous groupe.

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En réalité ; ces conditions ne sont pas vérifiées et le classement de la population en


groupes relativement homogènes pose beaucoup de difficultés à cause des problèmes
d’asymétrie informationnelles existants entre l’assureur et l’assuré (voir chapitre III).

La production : L ‘entreprise d’assurance a comme fournisseur de matière première ; les


risques et comme client de sa garantie ; une même personne ; l’assuré. Elle ne peut fabriquer
de la garantie que dans la mesure où des risques lui sont confiés ; aussi est-il vital pour elle de
maintenir et même d’étendre sa garantie.

L’assureur cherche donc à prendre en charge le plus de risques possibles afin d’opérer la
plus grande compensation possible à son stade. La grande préoccupation de l’assureur est
donc la recherche des risques ; car plus il prend en charge ; plus grande sera la part de chacun
d’eux qu’il pourra compenser à son stade. En appelant production cette recherche des risques ;
la profession manifeste bien qu’il s’agit d’un acte de fabrication de la garantie tout autant que
la vente de cette garantie. C’est au volume de la production que se résume le dynamisme des
diverses entreprises et encore celui des agents des compagnies. Le réseau commercial des
sociétés d’assurances ; doit non seulement répondre à la demande exprimée ; mais encore
susciter sans cesse une demande nouvelle. Il importe de donner conscience du risque et ainsi
naît la demande de garantie. L’assureur doit donc constamment rechercher des risques
nouveaux qui répondent à la définition du risque assurable c’est-à-dire remplissent les trois
conditions : risques assez nombreux ; homogènes et indépendants. En effet pour être
assurable ; il faut voir d’abord s’il peut faire l’objet d’une statistique permettant de mesurer sa
fréquence ; ensuite ; s’il est possible de grouper un nombre suffisant de tels risques de
manière à permettre au gérant de les compenser entre eux en ce qui concerne la survenance
des sinistres et que le risque ; une fois qu’il arrive ; ne frappe pas la collectivité.

Remarque :
Les risques nouveaux : Les risques nouveaux ont toujours été assuré avant d’être
littéralement assurables et ce qui a permis le devenir. La connaissance du risque nouveau ne
vient que progressivement au fur et à mesure de la pratique de son assurance. Au début ; il est
pris en charge comme une expérience selon une prime calculée avec plus d’intention que de
science. L’audace de l’empirisme est nécessaire avant d’atteindre avec le temps la

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connaissance statistique indispensable pour passer du stade du pari à celui de l’assurance


véritable. Cette sorte d’essai des risques nouveaux suppose l’existence d’une puissance
financière en rapport avec les aléas courus. La mise au point des risques nouveaux est donc
réservée aux compagnies importantes disposant d’un capital propre à pallier les conséquences
capricieuses d'un hasard mal maîtrisé parce qu’insuffisamment expérimenté.

II.2 Conditions pour un bon fonctionnement du marché d’assurance :

La capacité de la compagnie d’assurance de mettre les risques en commun signifie qu’elle


prélèvera qu’une somme minime. Si les compagnies d’assurance dans une branche déterminée
cherchaient à prélever un montant élevé ; de nouveaux venus entreraient dans le secteur ;
attirés par le fait de savoir que les profits font plus que compenser le risque résiduel à
supporter. L’entrée de nouvelles compagnies pousse la prime à la baisse. Ainsi ; pour pouvoir
assurer sa survie ; la compagnie doit faire attention dans la fixation de sa prime.

La mise en commun des risques ne fonctionnent que si le risque peut être réparti sur un
grand nombre d’individus, chacun des risques étant fondamentalement indépendant de ceux
auxquels sont confrontés tous les autres individus : si le risque d’accident ou de maladie
menace tous les individus, seule une partie d’entre eux est effectivement touché. L’impact
global est d’une certaine maniéré moins aléatoire que le risque individuel ; si l’on ne sait pas à
priori qui sera touché on peut estimer en revanche assez précisément combien le seront. Un
marché d’assurance fonctionne alors comme un mécanisme de redistribution.

Ainsi ; pour pouvoir faire face à tous ses engagements ; la compagnie d’assurance doit
évaluer d’une part la contribution équitable de chaque assuré à la couverture des sinistres
futurs et d’autre part le montant des réserves que la mutualité doit conserver. Ces calculs sont
possibles sous certaines conditions grâce à deux résultats fondamentaux du calcul des
probabilités : la loi des grands nombres et le théorème central-limite.

Pour que la compensation des risques puisse fonctionner ; il faut que l’on ne s’écarte pas
trop des conditions de validité de ces deux théorèmes : risques assez nombreux ; homogènes
et indépendants. L’assureur doit donc disposer d’information aussi nombreuses et détaillées

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que possible de maniéré à classer les risques en sous populations (relativement) homogènes et
à établir un tarif différencié.

Quand la même chose frappe tout le monde dés lors qu’elle se produit ; le tout se
comporte comme l’individu. La mise en commun ne peut alors réduire le risque. Ceci
explique pourquoi beaucoup de compagnies d’assurances refusent d’assurer ce qu’elles
appellent les « faits de dieu » comme les inondations ; les tremblements de terres ; les
épidémies etc.…. Seul le caractère individuel du risque permet de contourner cette difficulté
et par conséquent seul le risque individuel est assurable.

SECTION III : L’influence de l’assurance sur l’activité économique :

Le secteur d’assurance est l’un des secteurs clés de l’économie de tout pays. Autant en
termes de chiffre d’affaires qu’en termes d’impact sur le marché financier ; ce secteur
constitue l’un des piliers de la prospérité des pays durant plusieurs décennies. Le
développement des activités de service dans une société, devenue plus complexe, sont les
facteurs généralement avancés comme explication de ce développement.
L’assurance moderne joue un rôle à plusieurs niveaux. En gérant les risques, l’assurance
permet aux individus et aux entreprises de prendre des risques et d’innover. L’assurance
réduit également le niveau des taux d’intérêt en réduisant les probabilités de faillite et en
investissant sur le long terme. Enfin, l’assurance modifie le niveau et l’allocation de l’épargne
individuelle et de l’épargne agrégée, et permet une meilleure allocation des capitaux. Ce
faisant, elle a un impact sur le cycle économique, la nature du développement économique et
la répartition des revenus et des chocs entre les agents économiques.

L’influence de l’assurance sur l’activité économique peut s’analyser à deux niveaux : d’abord
au niveau de l’unité économique de base (le ménage ou la firme) c’est à dire le niveau micro-
économique ; ensuite au niveau de l’activité économique dans son ensemble ; c’est à dire au
niveau macro-économique.

III.1 L’influence de l’assurance au niveau micro-économique :

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Pour les chefs d’entreprise, les chefs de famille et les travailleurs sont pour la plupart
conscients de l’importance et du rôle de la couverture d’assurance. Pour ces agents, la charge
du budget d’assurance reflète les préférences pour la sécurité c’est-à-dire la certitude.
L’incidence budgétaire de l’assurance pour les ménages est très inégale et varie d’un pays
à un autre. Tout dépend de la pénétration des assurances, de leurs prix et de la proportion
représentée par des contrats individuels effectivement payés par les assurés. Cependant, d’une
manière générale, pour le chef de famille, comme pour le chef d’entreprise, l’assurance est
avant tout un réducteur d’incertitude et/ou de risque. L’assurance agit au niveau financier en
réduisant la variabilité de la richesse de l’assuré. L’assurance joue un rôle d’intermédiaire
financier en transformant des flux aléatoires de revenus individuels en flux déterministes. Le
recours à une compagnie qui permet une mutualisation des risques individuels ; est alors
indispensable, même sans aversion pour le risque de la part de l’assuré. Cela épargne au chef
de famille et au chef d’entreprise la constitution de réserves de précaution qui autrement serait
nécessaires pour maintenir la pérennité de l’unité économique dont ils ont la charge.
A la place de ces réserves, dont le montant optimum serait difficile à établir, et dont le
rendement financier serait limité par une contrainte de liquidité, intervient le paiement d’une
prime d’assurance fixe et périodique. Grâce à l’assurance ; le risque financier est ainsi
stabilisé et devient une composante du coût total de production ou du budget familial dans le
cas des ménages.

Certains auteurs considèrent également l’assurance comme un facteur de hausse de la


productivité ; dans la mesure où selon eux le paiement d’indemnités accélérerait le
redémarrage de la production après survenance d’un sinistre.

L’absence d’assurance peut traduire pour le chef de famille comme pour le chef
d’entreprise par une incertitude financière préjudiciable et qu’elle entraînerait pour le premier
une diminution de la propension à constituer un patrimoine et pour le second une diminution
de l’esprit d’entreprise ; deux phénomènes qui auraient des répercussions sur l’activité
économique global.

III.2 Influence de l’assurance au niveau macroéconomique :


L’assurance est peu visible mais omniprésente dans nos économies. Notre santé, nos
mouvements, nos achats, nos maisons et même nos vies sont habituellement couvertes par

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l’assurance. En l’absence d’assurance, le caractère imprévisible de l’avenir serait trop


important et rendrait difficile la prise de risque et l’innovation. En d’autres termes, l’assurance
nous permet généralement de surmonter les obstacles psychologiques et financiers qui nous
empêcheraient sinon de nous engager dans des activités potentiellement plus risquées et nous
feraient renoncer à des rendements plus élevés et à l’innovation. L’assurance contribue au
développement macro-économique en contribuant à la croissance économique, à la
stabilisation économique, à la redistribution et à l’innovation

Au niveau macroéconomique ; l’assurance exerce d’abord une influence au sein de la


sphère économique qui la concerne directement : celle du risque (ou du sinistre) et de sa
réalisation.
Les assureurs contribuent à faire diminuer le coût collectif des accidents en apportant
leur soutien aux campagnes nationales de publicité.

L’assurance exerce aussi plusieurs effets sur le niveau de l’activité économique :

1°) L’assurance contribue d’abord à la formation du revenu national en dégageant


une valeur ajoutée.
2°) L’assurance peut être aussi une source de divises. En fait ; il ne s’agit pas d’une
règle générale. L’activité des assurances donne lieu à un certain nombre de transactions
commerciales et financières avec l’étranger (paiements de primes ; règlement de sinistres ;
mouvement de capitaux….) et seul le solde de ces règlements compte. Bien sûr ; il peut être
positif ou négatif suivant les années et suivant la structure du secteur des assurances dans le
pays considéré. Dans le premier cas ; les assurances sont une source de divises dans le second
cas ; elles contribuent au déficit de la balance des comptes.

3°) Parmi les effets induits qu’exercent l’activité des assurances ; au plan
macroéconomique ; le plus important est sans doute celui qui s’exerce au niveau du marché
financier.
Les placements des compagnies d’assurance dépassent à l’heure actuelle en Tunisie les
350 millions de dinars ; il a constitué l’un des piliers de la prospérité économique.

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En regard de cette réalité économique ; la timidité dont a longtemps fait preuve


l’économie de l’assurance fait figure de paradoxe. En effet, jusqu’au début des années
soixante la théorie économique du risque et de l’assurance est pratiquement restée absente car
les bases théoriques pour une intégration de l’assurance dans la science économique faisaient
défaut. Il peut-être utile, à ce stade, de rappeler la théorie économique classique ou standard
suppose un environnement certain caractérisé par l’existence d’une information parfaite ou
symétrique.

Section IV : Marché d’assurance et concurrence parfaite.

Il semble indispensable de réexaminer la place qui est réservée dans le marché des
assurances aux différentes caractéristiques qui distinguent un marché de concurrence parfaite :
homogénéité du produit ; transparence et atomicité du marché ; liberté d’entrée et de sortie
des participants ; décentralisation des décisions.

IV.1 Homogénéité du produit :


Le service d’assurance n’est pas un produit homogène. Il existe diverses sortes
d’assurances ; et elles ne sont pas substituables entre elles : il est clair qu’un contrat
d’assurance-incendie ne rend pas le même service qu’un contrat d’assurance-vie. C’est
pourquoi on ne peut parler strictement de marché d’assurance mais plutôt de plusieurs
marchés ; un marché pour chaque branche d’assurance.
Il faut aussi remarquer que même à l’intérieur d’une seule branche d’assurance ; le
produit varie avec la clientèle à laquelle on le destine : un contrat individuel d’assurance est
différent d’un contrat d’assurance de groupe ; l’assurance-incendie pour un individu n’offre
qu’une vague ressemblance avec l’assurance-incendie et pertes d’exploitation des risques
industriels.

IV.2 Transparence :
L’absence d’homogénéité du produit d’assurance entraîne l’absence de transparence du
marché. Chacun sait que l’assurable moyen ; industriel ou consommateur ; ne peut juger de
manière immédiate l’ensemble des opportunités qui leur offre le marché des assurances : il
existe des coûts d’information. Sur le marché d’assurance, l’information n’est pas parfaite et
le marché est non transparent.

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IV.3 Atomicité :
Par atomicité ; on entend l’existence d’un grand nombre d’offreurs et de demandeurs ;
dans des conditions telles qu’aucun d’eux n’est susceptible par son action d’influencer de
manière manifeste le fonctionnement du marché. Le marché d’assurance ne vérifie pas une
telle caractéristique.

En effet ; s’il est vrai que la monopolisation du marché permettrait à l’entreprise


d’assurance de mieux satisfaire aux conditions de la loi des grands nombres et diminuerait
donc la variabilité de ses résultats ; il reste qu’une entreprise d’assurance faisant face à toute
la demande court le risque de devoir accepter les mauvais risques que sa politique de
souscription recommande d’éviter. Contrairement à ce que l’on suppose dans la théorie
générale de la firme, basée sur l’observation d’entreprises industrielles ; la société d’assurance
ne se trouve pas en présence d’une demande homogène ; et elle doit en tenir compte : un
contrat d’assurance signé par X ne représente pas la même perspective de profit que le même
contrat signé par Y. Le marché d’assurance est caractérisé par l’hétérogénéité de la population
c’est-à-dire de l’ensemble des assurés.

IV.4 Liberté d’entrée et de sortie :


Il faut tenir compte des particularités de la formation des prix sur le marché des assurances.
Les sociétés d’assurances sont depuis longtemps étroitement surveillées par les autorités et
par leurs organisations. Les taux de prime sont soit fixées par les autorités après examen des
comptes des compagnies ; soit soumis à leur autorisation préalable. Dans la plupart des
branches ; et particulièrement dans les plus importantes comme l’automobile ; la
responsabilité civile ; la vie et l’incendie ; on peut parler d’un régime de prix administrés
plutôt que d’une libre formation du prix sur le marché.
Or ; en régime administrés ; et quelle que soit par ailleurs la structure du marché
(concurrence ou entente) ; l’absence d’ajustement du côté des profits ne signifie pas
nécessairement que la liberté d’entrée de nouvelles entreprises est restreinte mais plutôt
réglementé.

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La raison profonde de l’intervention de L’Etat réside dans le souci de protéger le public


contre les atouts de confiance dont il pourrait être victime de la part d’entrepreneurs peu
scrupuleux.

Les six objectifs principaux que poursuivent les politiques de contrôle des assurances sont
les suivantes :

1. Veiller à la protection des intérêts des assurés.


2. Maintenir les compagnies en position de solvabilité.

3. Maintenir un certain degré de concurrence entre les assureurs.


4. Surveiller la politique des placements financiers des compagnies.

5. Protéger le marché au cas où une compagnie serait frappée de déconfiture.


6. Opérer un arbitrage entre les organismes de sécurité sociale ; les assurances publiques et
les assurances privées.

Résumé :

1. Le marché d’assurance partage avec le marché financier une fonction d’allocation des
risques relatifs à la richesse future des agents économiques. Le contrat d’assurance a pu être
identifié comme une créance conditionnelle émise par l’assureur et acquise par l’assuré.

2. Le besoin d’assurance est manifestement une caractéristique très répondue dans


l’ensemble des agents économiques.

3. Pour passer de la solidarité à l’assurance ; c’est-à-dire au versement préalable d’un


montant raisonnable destiné à couvrir les sinistres futurs ; il est nécessaire de pouvoir estimer
avec suffisamment de précision la charge préalable représentée par ceux-ci.

4. Pour pouvoir faire face à tous ses engagements ; la compagnie d’assurance doit évaluer
d’une part la contribution équitable de chaque assuré à la couverture des sinistres futurs et
d’autre part le montant des réserves que la mutualité doit conserver. Ces calculs sont possibles

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sous certaines conditions grâce à des résultats fondamentaux du calcul des probabilités : la loi
des grands nombres et le théorème central-limite.

5. Pour que la compensation des risques puisse fonctionner ; il faut que l’on ne s’écarte pas
trop des conditions de validité de ces théorèmes : risques assez nombreux ; homogènes et
indépendants. L’assureur doit donc disposer d’informations aussi détaillées que possible de
manière à classer les risques en sous populations (relativement) homogène et à établir un
tarif différencié.
6. Grâce à une mise en commun ou un partage des risques ; l’assurance permet aux individus
de se protéger contre de nombreux risques moyennant des primes raisonnables.

7. L’entreprise d’assurance a comme fournisseur de matière première ; les risques et comme


client de sa garantie ; une même personne ; l’assuré. Elle ne peut fabriquer de garantie que
dans la mesure où des risques lui sont confiés.

8. L’assurance constitue avant tout un transfert de risque d’une unité économique à


une autre. Par analogie avec ce que l’on observe dans le reste de l’activité économique ;
l’assureur procure un service à l’assuré : il lui vend de la sécurité.

9. Une compagnie d’assurance opère sur un marché plus ou moins concurrentiel.

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ASSURANCE ET ASYMETRIE
INFORMATIONNELLES

INTRODUCTION :

Partant de la constatation qu’une compagnie d’assurance est une entreprise commerciale


opérant sur un marché plus ou moins concurrentiel ; les économistes de l’assurance ont
traditionnellement suivi une autre approche. Ils ont mis l’accent sur la relation entre assureur
et assuré. Pour eux ; l’assurance constitue avant tout un transfert de risque d’une unité
économique à une autre. Par analogie avec ce que l’on observe dans le reste de l’activité
économique ; l’assureur procure un service à l’assuré : il lui vend de la sécurité.

Les économistes ont essayé à couler l’économie de l’assurance dans le cadre de la théorie
économique élémentaire. Du côté de la demande ; le consommateur acquiert de l’assurance
une utilité en répondant à son besoin de sécurité. Du côté de l’offre ; l’assureur produit des

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contrats de l’assurance dont l’objectif à maximiser son profit en égalisant à la marge recette et
coût marginal.

Malheureusement ; tout n’est pas simple. L’analyse économique élémentaire était fondée
sur l’hypothèse de certitude ; il est évident que l’assurance s’y trouve mal à l’aise.

Les problèmes d’information vont jouer un rôle crucial en matière d’assurance. En effet ;
puisque l’assureur émet des créances conditionnelles où le paiement dépend de la richesse du
détenteur de la créance (l’assuré) ; il est clair que l’émission de telles créances soulève la
question de l’asymétrie d’information. De ce fait ; il est possible qu’un système d’allocation
des risques au travers de contrats d’assurance ait du mal à émerger ; et qu’il ne corresponde
pas à une répartition optimale des ressources.
La littérature sur les marchés en information asymétrique met en évidence deux
problèmes d’asymétrie d’information :

1. Le risque moral qui est relatif à la non observabilité par l’assureur de certaines actions
entreprises par l’assuré. Le risque moral survient lorsque l’assureur ne peut observer
efficacement l’influence qu’ont les assurés sur leur probabilité d’accident, ou sur la taille du
dommage, et/ou lorsqu’il n’a pas de moyen de contrôle de leur comportement. Le risque de
l’assureur est alors de subir le contrecoup d’une diminution des dépenses de prévention, pour
lesquelles les agents économiques assurés perdent l’incitation requise.
2. La sélection adverse qui est relatif à l’impossibilité pour l’assureur de distinguer entre les
différents types d’individus c’est-à-dire à l’impossibilité de différenciation entre bons et
mauvais risques. Ce phénomène est lié à l’inobservabilité d’une caractéristique inaltérable du
bien échangé ou de l’individu. La théorie moderne de l’anti-sélection a débuté par un article
d’ Akerlof « the Market for Lemons » en 1970. Ce dernier a mis en évidence qu’en présence
d’anti-sélection, l’introduction de la concurrence sur les marchés d’assurance peut générer des
problèmes fondamentaux d’existence et d’efficience de l’équilibre. Depuis, les travaux sur ce
sujet demeurent très nombreux.

En absence d’information complète de l’assureur ; les règles de jeu se trouvent alors


faussées ; et l’optimalité d’une allocation des risques par les marchés d’assurances est remise
en cause ; de même que la possibilité d’atteindre un équilibre général.

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Divers auteurs se sont penchés sur ces problèmes qui constituent aujourd’hui l’un des
thèmes favoris de la recherche en économie de risque et de l’assurance.

Dans ce chapitre, on se contentera de présenter ces deux problèmes, de même que les
solutions proposées.

Trois sections vont être développées :


Section I : La demande d’assurance dans le cadre de maximisation de
l’espérance d’utilité de la richesse.
Section II : Les asymétries informationnelles.
Section III : Equilibre et Asymétrie informationnelle

Section I : La demande d’assurance dans le cadre de maximisation de l’espérance


d’utilité de la richesse:

Partant de la constatation qu’une compagnie d’assurance privée est une entreprise


commerciale opérant sur un marché plus ou moins concurrentiel ; les économistes de
l’incertain ont traditionnellement suivi une autre approche. Pour eux ; l’assurance constitue
avant tout un transfert de risque d’une unité économique à une autre. Par analogie avec ce que
l’on observe dans le reste de l’activité économique ; l’assureur procure un service à l’assuré :
il lui vend de la sécurité.

I.1 Du côté de la demande :


le consommateur acquiert de l’assurance car celle-ci lui procure une utilité en répondant à
son besoin de sécurité.
Ainsi ; la condition nécessaire pour qu’un individu s’assure est que :

U( avec assurance) > U(sans assurance).

U( w – P) > p.U(w – L ) + (1 - p). U( w )

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p = la probabilité de survenance de l’accident et par conséquent la probabilité de payer une


indemnité par la compagnie.

L = la valeur de la perte lorsque l’accident se produit.

W = la richesse initiale de l’individu.

P = la prime d’assurance.

Nous supposons une prime d’assurance actuarielle c’est-à-dire une prime égale à
l’espérance de la valeur de la perte :

P = pL+ (1-p).0 = pL

L’espérance d’utilité s’écrit par conséquent :

U( w - pL ) > pU(w – L) + ( 1 - p ) U( w )

Remarquons que :
w - pL = p (w – L) + ( 1 - p ) w

La condition d’achat d’assurance s’écrit :

U(p(w – L ) + ( 1 - p ) w) > pU( w – L) + (1 - p ) U ( w ).

C’est-à-dire que la condition pour que l’individu s’assure est que sa fonction d’utilité soit
concave. Comme une fonction d’utilité concave ; ou à une utilité marginale décroissante ;
caractérise un individu risquophobe ; on en conclut qu’un individu choisit toujours de
s’assurer contre un risque lorsque la prime à payer est équitable du point de vue actuariel.

I.2 Du côté de l’offre :

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L’assureur produit des contrats d’assurances qui maximisent son utilité. Dans un régime
d’assurance concurrentiel la prime est actuarielle. Dans un régime monopolistique ou
oligopolistique la prime d’assurance est supérieure à la prime actuarielle.

Les principales composantes du coût de l’assurance sont des coûts techniques ; liés aux
remboursements des sinistres ; et les rémunérations des intermédiaires.

Cependant ; au moment où il fixe le montant de la prime ; au moment où s’effectue la


« production » d’assurance ; l’assureur ne connaît pas tous les éléments de son coût ; et il est
donc impossible de déterminer sa fonction de coût. De cette incertitude quant aux coûts ; il
résulte que le coût marginal de la production d’assurance sera indéterminé : une
tarification au coût marginal est impossible sur un marché d’assurance. L’assureur ne peut
connaître à l’avance le coût imputable à la police supplémentaire qu’il offre ; car il ne sait pas
quel sera le résultat technique de cette police : les indemnités à payer seront peut être nulle ;
mais peut être aussi très élevés. Par conséquent ; il se trouve dans l’impossibilité de
maximiser son profit en produisant une quantité telle que sa recette marginale soit égale à son
coût marginal. L’assureur ne peut maximiser que l’espérance de son profit.

Les techniques du calcul actuariel ont pour objet d’évaluer d’une part la contribution
équitable de chaque assuré à la couverture des sinistres futurs ; et d’autre part le montant des
réserves que la mutualité doit conserver si elle veut limiter à un seuil fixé à l’avance le risque
de ne pas pouvoir faire face à tous ses engagements. Ces calculs sont possibles sous certaines
conditions grâce à deux résultats fondamentaux du calcul des probabilités : la loi des grands
nombres et le théorème central-limite.

De l’autre côté, et d’après la théorie classique de l’assurance, un risque pourra être géré par
un contrat de transfert via des mécanismes de marché si certaines conditions sont remplies.
Nous les présentons dans ce qui suit :
1. Le risque à assurer est un risque pur qui ne peut pas se matérialiser que par une perte
contrairement à un risque spéculatif.
2. Il faut un grand nombre d’assurés qui présentent le même degré d’exposition au
risque afin que la loi des grands nombres joue et que l’espérance de profit de l’assureur soit
positive ou nulle.

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3. Le risque est individuel : il n’y a pas de dépendance entre les aléas individuels. Si un
événement se réalise, il ne doit pas toucher l’ensemble des assurés.
4. La personne qui subit le dommage n’a pas d’influence sur sa probabilité de réalisation.
La perte doit être mesurable et probabilisable par l’assureur.

Cependant ; à la fin des années soixante s’est développé une réflexion sur les limitations
des échanges entre les agents économiques qui proviennent des problèmes d’information. Par
exemple Rothschild et Stiglitz ont montré que ; si dans une population d’assuré coexistaient
deux sous-populations ou deux catégories (non distinguables à priori par l’assureur) de
risques très différents ; les mécanismes de marché pourraient conduire à une allocation
inefficace des ressources. Dans un autre ordre d’idées ; Arrow a popularisé dans la théorie
économique le concept de risque moral déjà connu des assureurs. Quand les mesures d’auto-
protection prises par les assurés ne sont pas directement observables par les assureurs ; le
mécanisme de marché peut ; là encore s’avérer inefficace.

Notre objectif dans la section suivante est de développer les problèmes d’asymétrie
d’information existant entre assureur et assurés.

Section II : Les asymétries informationnelles :


L’asymétrie informationnelle conduit à une remise en cause des résultats de l’analyse
Walraso-Parétienne c’est-à-dire des résultats du modèle classique. Ce modèle suppose une
observabilité parfaite des comportements et des actions des agents sur le marché. Or, une telle
hypothèse n’est pas généralement réaliste. En effet ; il est très difficile d’admettre qu’il est
possible d’observer les dotations initiales ; les caractéristiques des agents (préférences ;
technologies ; prix de réservation ; etc.…..) et leur comportement. Parmi les composantes de
ces données exogènes ; figurent des caractéristiques (talent ; goût….) que seul l’agent est
capable d’évaluer exactement. Tout laisse à penser que l’agent ne délivre pas gratuitement
l’information qu’il détient et que bien au contraire il va essayer de l’utiliser d’une manière qui
pourrait l’avantager.

Les asymétries informationnelles entre les agents peuvent alors provenir de ce que
certains d’entre eux connaissent en privée la valeur exacte prise par quelques paramètres ;

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alors que d’autres ; au contraire ne connaissent la valeur d’aucun. Il est clair que dans une
telle situation ; même si ; par hypothèse ; on exclut toute difficulté éventuelle, les règles du
jeu d’une économie de marché se trouveront entièrement faussées. Dans un tel contexte ; en
effet ; aucun agent disposant d’une information privée ne sera en général incité à l’annoncer
correctement au public. Chacun au contraire sera incité à l’utiliser, et peut-être même à la
manipuler ; dans son intérêt. La privatisation de l’information met en cause les résultats
de la théorie économique traditionnelle.

La littérature sur les marchés en information asymétrique ; dont l’assurance fournit un


champ privilégié d’application ; distingue habituellement entre deux catégories d’asymétries
informationnelles :

- La sélection adverse ou anti-sélection (information cachée).

- Le risque moral ou hasard moral (action cachée).

II.1 La Sélection Adverse :


III.1.1 Définition et Généralités :
Le problème d’anti-sélection ou de sélection adverse est définit comme un problème
d’incapacité des agents présents sur un côté du marché à connaître certaines
caractéristiques de l’autre partie. Plus précisément, ce problème a trait à des situations où
un coté du marché ne peut pas observer le « type » ou la « qualité » des biens situés de l’autre
côté du marché . C’est pour cette raison que l’on appelle parfois ce problème
d’information cachée » ou de « type caché ». Une telle situation peut conduire à un échec du
marché à cause du manque d’information.

La sélection adverse se produit lorsqu’une partie (l’Agent) a un avantage informationnel


sur l’autre partie (Principal) concernant quelques paramètres qui sont révélateurs et
pertinentes pour la relation de contrats entre les deux parties

L’industrie de l’assurance est l’exemple évident d’un marché sur lequel le problème
d’anti-sélection peut survenir. Sur ce marché ; le problème de sélection adverse est posé dès
que l’assureur se trouve devant l’impossibilité de déterminer certaines caractéristiques de

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l’assuré qui sont en rapport avec son prix d’assurance. L’assureur se trouve généralement en
face d’une population hétérogène vis-à-vis du risque assurable : la coexistence des « bons
risques » et des « mauvais risques » indiscernables à priori.

A cause d’une information limitée sur les caractéristiques des acheteurs potentiels ; une
compagnie d’assurance peut-être incapable de distinguer entre les agents prudents et les
agents négligents ; entre les « bons risques » et les « mauvais risques ». Si la compagnie
distribue trop de police aux agents imprudents ; elle aura à verser des indemnités pour un
nombre élevé de déclarations de sinistres ; c’est-à-dire elle va probablement supporter des
pertes sévères et peut même échouer.

De même et à cause de cette asymétrie informationnelle ; l’assureur n’est pas à priori


capable de prévoir exactement la sinistralité d’un futur assuré et il ne peut que proposer une
prime d’assurance en fonction des observations ; basées sur des clients « ressemblants ». Il
s’agit alors d’un prix moyen et certains assurés potentiels qui pensent avoir peu de chances
d’être victime d’un sinistre (accident) trouveront ce prix élevé et renonceront à l’assurance.

Dans une telle situation ; les seuls assurés qui paieront la prime demandée seront ceux
qui évalueront justement que le prix moyen proposé correspond ou inférieur au prix de leur
couverture ; leur prix d’acceptabilité du contrat ; et surtout ; ceux qui seront prêts à payer cher
une assurance ; parce qu’ils savent que leurs risques de sinistres sont très élevés ou parce
n’aiment pas le risque ; seront satisfaits de ne payer qu’une prime moyenne.

C’est Akerlof en 1970 qui a montré clairement comment les phénomènes d’anti-sélection
pouvaient entraver le bon fonctionnement du marché. Akerlof a étudié le marché des voitures
d’occasion. Sur ce marché ; quand un individu achète une voiture d’occasion ; il peut lui être
très difficile de déterminer s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise voiture. Par contre ; le
vendeur de véhicule d’occasion a probablement une idée assez précise sur la qualité du
véhicule. Cette asymétrie d’information peut poser des problèmes importants pour le
fonctionnement efficace du marché. Ce problème de sélection adverse peut aller jusqu'à
détruire complètement le marché : les objets de mauvaise qualité éliminent les objets de
bonne qualité à cause du coût élevé que représente l’acquisition de l’information.

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Plusieurs applications de la sélection adverse ont été proposées. Elles trouveront


particulièrement leurs origines dans la théorie des assurances lorsque l’assureur, mal informé
sur le type de l’assuré, lui propose une prime moyenne. L’asymétrie d’information a
également été introduite dans les modèles du marché du travail afin de montrer les effets de la
sélection adverse sur le contrat optimal. Donnons quelques exemples :

1) Assurance santé : Sur ce marché ; les compagnies d’assurances ne peuvent pas baser
leurs taux sur le nombre moyen de problème de santé dans la population. Elles ne peuvent
baser leurs taux que sur le nombre moyen de problème de santé dans le groupe des acheteurs
potentiels. Mais les gens qui désirent le plus acheter une assurance-santé sont ceux qui
vraisemblablement en ont le plus besoin et dés lors ; les taux doivent refléter cette disparité.
2) Le marché du travail : Dans les modèles simples présentés antérieurement ; le travail
était un bien homogène ; c’est-à-dire que tous les individus avaient le même « type » de
travail et offraient la même quantité d’effort par heure travaillé. En effet ; les employeurs font
face à un ensemble d’employés qui connaissent mieux leurs capacités de production qu’eux.
L’offre d’un salaire uniforme pour des individus qui présentent des capacités différentes n’est
pas optimale.
3) Fiscalité optimale : le gouvernement fait face à un ensemble d’agents ou d’entreprises
qui n’ont aucune incitation à déclarer leurs vrais revenus ou profits surtout si le montant des
intérêts est proportionnel aux montants déclarés.

En réalité ; il existe certainement de nombreux marchés sur lesquels il peut être très
coûteux ; voire même impossible ; d’obtenir une information correcte sur la qualité des biens
vendus ou des individus présents : le marché financier est un exemple.

Le problème du type caché soulève de plusieurs difficultés. Afin de surmonter les


difficultés créées par les asymétries informationnelles ; il devient urgent de construire un
mécanisme incitatif ; ou ; si l’on veut ; des mécanismes de révélation permettant de faire
coïncider les intérêts de tous les agents informés ou non. Autrement dit ; il s’agit de construire
des mécanismes incitatifs permettant de rendre publique toute l’information privée.

II.1.2: Rappels de la théorie des mécanismes de révélation :


La théorie des mécanismes de révélation est à la base des modèles d’anti- sélection, au point que
certains auteurs Anglos- Saxons confrontent l’une et l’autre sous la même appellation.

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On se contente, dans ce travail, de rappeler le formalisme et les résultats démontrés de la théorie des
mécanismes ;
Le problème à résoudre met en présence :
 n agents i = 1,2,…….,n caractérisés par des paramètres θ
qu’on appelle souvent leur « types ».
 un centre qui veut mettre en œuvre (implément) une allocation des resso
possible qui dépend donc des caractéristiques θj des agents.

i) Mécanisme général :
Pour parvenir à ses fins, le centre impose un mécanisme :

(y(.), M1, M2, M3, M4,……. Mn)

qui se compose d’un espace de messages M i par chaque agent i et d’une fonction (y(.), M 1, M2, M3,
M4,……. Mn) dans l’espace des allocations.

La fonction y(.) = ( y1( ), y2( ), y3( ),…… yn( )) détermine les allocations des n agents en fonction des
messages qu’ils one envoyés. A l’équilibre du jeu, l’agent i choisit un message m *i dans M et l’envoie
au centre qui impose alors l’allocation y(m1*, m2*, m3*…… mn*).

ii) Exemple : Si le centre est le héraut de Walras et cherche à mettre en œuvre un équilibre Walrasien,
il peut par exemple démontrer aux agents de lui annoncer leurs fonctions de demande, suite à quoi il
calculera l’équilibre et distribuera aux agents leurs allocations d’équilibre.

Le centre peut être l’Etat ou un agent économique particulier ou une abstraction comme le héraut de
Walras.
En général, le message choisit par l’agent i dépendra de son information I i qui comprend sa
caractéristique θj mais peut être plus riche ( ce sera le cas par exemple si chaque agent connait la
caractéristique de ses voisins). Les messages d’équilibre seront m i* (Ii ) et l’allocation mise en œuvre
sera :

y* (I1, I2, I3………, In ) = y(m1* (I1 ), m2* (I2 ), m3* (I3 )…… mn*(In ) )

Le principe de révélation énonce qu’on peut se limiter à des mécanismes directs ( où chaque agent
annonce son information) et révélateurs ( où il est de l’intérêt de l’agent de faire des annonces
véridiques).

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Principe de révélation : si l’allocation y*( θ ) peut être mise en œuvre par un mécanisme quelconque,
on peut la mettre aussi en œuvre par un mécanisme direct révélateur, où l’agent révèle son information
θ. Ce principe signifie que la vérité doit être une stratégie dominante.
Supposons que l’allocation y se compose d’une quantité q et d’un transfert monétaire p. Le principe
de révélation affirme que pour mettre en œuvre la quantité q(θ) au moyen de transfert monétaire p(θ ),
on peut se limiter à offrir à l’agent un choix de contrats : si l’agent annonce que sa caractéristique est
θ, il recevra l’allocation q(θ) et s’acquittera du transfert p(θ).

Principe de taxation : le principe de taxation montre, cependant, que ces mécanismes équivaut à un
tarif non linéaire t(.) par lequel l’Agent peut choisir une allocation q et doit alors payer un transfert p =
r(q).

Nous supposons que les vendeurs ne peuvent pas subventionner un contrat par un autre : ils sont
restreints à obtenir un contrat positif ou nul sur chaque vente.

Un équilibre concurrentiel est un ensemble de contrats (q, t) tel que :


1. Aucun contrat ne fait des pertes (pas de subventions croisées)
2. Il n’existe pas d’autres contrats qui sont « un entrant favorable »
On parle, dans ce cas, d’équilibre séparateur.

II.1.3 : Rappels de la théorie des mécanismes d’incitation:


Définition :
Selon Mougeot ; un mécanisme peut se définir comme un jeu séquentiel caractérisé par des réglés
de proposition des agents ; des règles de décision finale.

Dans notre cas ; un mécanisme incitatif (encore appelé contrat ; procédure de vote ; etc.…..) peut
être défini comme une réglé qui spécifie à l’avance le comportement du décideur social sur la base de
son information à priori. Un mécanisme d’incitation est donc un ensemble de messages échangés entre
l’agent central et les agents périphériques qui aboutissent à la décision souhaitée selon les règles
établies à priori.

Soient :

θ = La réponse des agents. θ peut représenter le type de l’agent ; sa capacité de remboursement ou


de production ; sa probabilité d’accident…..

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(q(θ), t(θ)) = La décision du décideur social. Le décideur cherche à mettre en œuvre une allocation
aussi bonne que possible.

L’action de l’Agent, dans cette théorie, consiste à annoncer au principal le paramètre (qui est une
information privée θ. Le principal utilisera cette annonce pour définir le contrat.

On dira ; alors ; que le triplet ( θ ; q(θ), t(θ)) est un mécanisme incitatif si et seulement si les
contraintes suivantes simultanément sont vérifiées :
1. Contrainte de réalisabilité :
Un mécanisme est réalisable s’il détermine une allocation réalisable quelle que soit la réponse des
agents. En d’autres termes un mécanisme est réalisable si une allocation est possible quelle que soit la
réponse ou le type de l’agent.

2. Contrainte de participation (de rationalité individuelle) :


Il faut qu’à l’issue du mécanisme ; les agents ne soient pas dans une situation plus mauvaise que celle
dans laquelle ; ils étaient avec ses seules ressources initiales.
Le contrat (q(θ), t(θ)) doit maximiser l’utilité de type θ θ. Cette utilité doit
être supérieure ou égale à celle que l’agent pourrait obtenir de mieux en dehors de l’échange.
Formellement ; la contrainte de participation s’écrit :
U( avec participation) ≥ U( sans participation)

3 . Contraintes incitatives : Ces


contraintes stipulent que la meilleure stratégie consiste pour chaque agent informé ; à indiquer la vraie
valeur du paramètre que lui seul connaît. Ces contraintes signifient que l’agent de type θ choisit le
contrat (q(θ), t(θ)) qui lui est destiné par le principal. En d’autres termes, ces contraintes indiquent
que la vérité doit être une stratégie dominante.
Les contraintes d’incitation signifient que l’agent maximise son utilité en choisissant le contrat
correspondant à sa vraie classe de risque, quelle que soit cette classe.

Certains autres économistes proposent l’utilisation des signaux qui sont en rapport avec le type de
l’individu. Pour Akerlof ; un signal judicieux consisterait pour les propriétaires de bonnes occasions à
offrir une garantie. Ils s’engagent par conséquent à verser à l’acheteur un certain montant si la
voiture s’avérerait être de mauvaise qualité. On trouve aussi dans ce sens le modèle de Spence
concernant le marché de travail. De même, sur le marché d’assurance ; la quantité d’assurance achetée
peut être utilisée comme un signal du niveau de risque que représente l’individu.

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La solution au problème de sélection adverse pourrait résider dans une discrimination par les prix. Les
clients à bas risque seront donc en mesure de remédier à leur aversion pour le risque en payant une
prime raisonnable ; et les clients à haut risque paieront un prime plus élevée qui reflète correctement la
plus grande importance qu’ils présentent.

II.1.4 : Sélection adverse et équilibre :


Rappelons, tout d’abord, que l’existence de deux ou plusieurs types d’assurés ou
d’individus ne pose aucun problème en cas d’information parfaite du principal sur le type de
chaque agent. Dans ce cas, la solution optimale est caractérisée par une couverture complète
pour tous les types d’individus avec des prix différenciés.
Supposons l’existence sur le marché de deux types d’assurés distinguable par l’assureur,
dans ce cas la solution optimale est caractérisée par l’offre sur le marché de deux types de
contrats :
 Couverture complète et prime élevée pour les hauts risques
 Couverture complète et prime modérée pour les bas risques
On obtient, ainsi, une solution optimale de premier rang. Cependant, en pratique, la
couverture n’est jamais complète à cause des coûts de transaction qui sont non nuls, du
manque de concurrence entre les compagnies et des problèmes d’information (existence de la
sélection adverse).
Plusieurs travaux ont étudié la forme des contrats et la nature de l’équilibre en présence de la
sélection adverse. A travers ces travaux, on peut distinguer on peut distinguer trois formes de
contrats : contrats statiques, contrats dynamiques et contrats incitatifs.

A : Les contrats statiques :


Ces contrats sont formés de deux types de contrats à savoir les contrats concurrentiels et les
contrats monopolistiques.
A.1 : Les contrats concurrentiels :
Ces contrats ont été proposés par Rothschild et Stiglitz (1976) ; Wilson (1978) ; Riley
(1979) ; Mirdock (2002)…..Leurs principales conclusions sont les suivantes :
i) Inexistence d’un équilibre de Nash :
L’équilibre de Nash est un équilibre non coopératif (il s’agit d’une généralisation de
l’équilibre de Cournot).
On dira qu’un ensemble de stratégies est un équilibre de Nash, si chaque individu choisit sa
stratégie personnelle en considérant comme donnée les stratégies des autres individus.

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Supposons le cas de deux individus A et B. Nous dirons qu’une paire de stratégies est un
équilibre de Nash si le choix de A est optimal compte tenu du choix de B et si le choix de B
est optimal compte tenu du choix de A.
Un équilibre de Nash peut-être interprété comme un paire d’anticipations relatives au choix de
chaque individu telle personne ne désire modifier son comportement optimal quand le choix
de l’autre joueur est effectivement connu.
Rothschild et Stiglitz (1976) ont démontré l’inexistence d’un équilibre de Nash dans une
économie caractérisée par la présence de la sélection adverse. Ils ont étudié et analysé deux
stratégies d’offre différentes par deux compagnies d’assurance :
 La premiére est celle de l’offre d’un seul type de contrat « contrat uniforme » en cas
d’asymétrie d’information et
 La seconde est l’offre de deux types de contrats « contrats séparant » pour les deux
classes de risques.

La première stratégie d’offre conduirait à une situation de profit négatif qui va conduire à la
disparition de la première compagnie ainsi que la seconde. Or, l’équilibre de Nash est un
équilibre où chaque compagnie d’assurance considère la stratégie de l’autre compagnie
comme un paramètre. Ainsi, si cet équilibre existe il sera caractérisé par des contrats séparant
qui offrent :
 Une couverture complète des pertes pour les individus à risque élevé et
 Une couverture partielle des pertes pour les individus à risque faible.

ii) Inexistence d’un équilibre E2 de Wilson :


Cet équilibre est définit par l’introduction sur le marché d’assurance d’un nouveau contrat qui
engendre des profits positifs une fois que les contrats déficitaires des compagnies rivales
auront disparu.
L’équilibre de Wilson peut prendre deux formes :
 La première forme est celle d’un équilibre uniforme « équilibre mélangeant » dans
lequel les compagnies d’assurance offrent le même contrat aux deux types d’individus aux
prix actuariels surtout pour les individus à risque élevé.
 La seconde forme est celle d’un équilibre séparant dans lequel deux contrats
différents sont proposés aux deux types d’individus lorsqu’on est en présence d’un nombre
élevé des individus de risque élevé.

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ii) Existence d’un équilibre réactif de Riley :

L’équilibre proposé par Riley est appelé « réactif ». Il s’agit d’un ensemble de couple de
contrats d’assurance tel que : si la compagnie d’assurance C1 s’avise de proposer un nouveau
contrat sur le marché, alors une autre compagnie C 2 peut offrir un autre contrat sur le marché
d’assurance qui lui permet de réaliser des profits positifs et causera des profits négatifs à C 1 ,
et aucun autre contrat qui pourrait entrainer des profits négatifs à C 2 , ne peut être proposé. Par
conséquent, lorsque les compagnies d’assurance sont en équilibre réactif aucune compagnie
n’a intérêt à réagir par l’offre d’un contrat plus avantageux.

Donc, en présence de la sélection adverse, la solution d’équilibre est un ensemble de


contrats discriminants mais les agents qui souffrent le plus de cette situation sont ceux à faible
risque.

Rothschild et Stiglitz (1976) ont été parmi les premiers à s'intéresser au problème d'asymétrie
d'information dans le contexte de l'assurance et à proposer des solutions pour pallier cet
échec, en particulier à travers l’introduction des contrats de franchise. En effet, au lieu d’offrir
un seul contrat d’assurance pour tous les individus, les assureurs peuvent offrir un menu de
contrats d’assurance dans lequel chaque individu choisit une police d’assurance. L’allocation
de marché en présence d’anti-sélection conduit alors certains assurés à ne souscrire qu’une
assurance partielle où le remboursement en cas de sinistre ne couvre qu’une partie du coût des
dommages.

Contrairement à l’équilibre avec symétrie d’information, l’allocation de marché conduit à


l’existence d’un équilibre séparateur où chaque individu de chaque classe de risque s’auto
sélectionne et achète le contrat qui lui est destiné. Il peut, même selon le concept d’équilibre
initié par Rothschild et Stiglitz, ne pas exister d’équilibre. Enfin, nous effectuons une revue
des travaux théoriques ayant été proposés pour s’assurer de l’existence de l’équilibre
I.1. Le modèle canonique d’assurance avec symétrie d’information

I.1.1. Les principes

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Considérant la demande d’assurance, les agents se comportent par hypothèse selon le principe
de maximisation de l’espérance d’utilité proposé par J. Von Neumann et O. Morgenstern
(1947). Ces auteurs ont établi sur une base axiomatique que les agents, cohérents dans leurs
choix, se comportaient comme s’ils maximisaient l’espérance mathématique de leur utilité, en
utilisant les probabilités affectées aux différents états de la nature. La théorie économique de
l’assurance s’est construite autour de ce principe.

La forme de la fonction d’utilité de l’agent, U, définie selon les niveaux de richesse W


(U’>0), illustre l’attitude de chaque agent vis-à-vis du risque 1. Pour qu’il existe une demande
d’assurance, il est nécessaire de supposer que les agents sont « riscophobes ».

Considérant l’offre d’assurance, tout assureur maximise son espérance de profit et est
« neutre au risque ».

I.1.2. Le modèle de base

Le modèle que nous présentons maintenant correspond à un modèle d’assurance de base en


information symétrique avec les hypothèses les plus restrictives : un assureur confronté à un
agent type2.
L’agent économique est doté d’une richesse initiale W et est soumis à une probabilité q de
perdre X. En cas de sinistre, cet agent se retrouve avec une richesse finale égale à Ws alors
qu’en absence de sinistre ce dernier se retrouve avec une richesse finale de Wns.

L’espérance d’utilité de cet agent en l’absence de contrat d’assurance est égale à :

V= E(U(Wns, Ws))= q U(W – X) + (1 – q)U(W)

En souscrivant un contrat d’assurance caractérisé par une prime P et une indemnité I versée
en cas de sinistre, l’espérance d’utilité de l’agent correspond à :

V= E(U(Wns, Ws))= q U(W – P – X + I) + (1 – q)U(W – P)


1
L’attitude vis-à-vis du risque indique le niveau d’aversion au risque ou de goût pour le risque de l’agent en
question. Voir annexe 1.1, pages 46 et 47 pour plus de détails.
2
Ce modèle provient des travaux de J. Mossin (1968) et se fonde sur le modèle d’espérance d’utilité pour inférer
les caractéristiques de la demande d’assurance en information symétrique.

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L’espérance de profit de l’assureur sur chaque contrat, sous l’hypothèse de neutralité face au
risque, s’écrit sous la forme suivante :

E(P) = P – q I = (1 – q) P – q (I – P)

Soit E(P) = (1 – q) P – q (Rnet)


Où , représente le remboursement net de la prime d’assurance.

L’objectif de chaque agent consiste à chercher le remboursement net optimal Rnet qui
maximise son espérance d’utilité.

Le programme de chaque agent s’écrit :

q U(W – X + Rnet) + (1 – q)U(W – P)

Soit , la prime payée par unité de remboursement.

Le programme de chaque agent devient :

q U(W – X + Rnet) + (1 – q)U(W – )

La résolution de ce programme d’optimisation conduit à la condition de premier ordre


suivante :

d’où :

 Si (le prix par unité de remboursement est actuariel) alors

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L’assurance optimale est complète: l’agent choisit une couverture complète du montant
du sinistre lorsque la prime est actuarielle. Cet équilibre est illustré dans la figure suivante.

Richesse en cas de
sinistre

O’
Y’

Courbe d’indifférence

Zone de profits
négatifs.
Solution
optimale

Droite d’iso-profit nul


de pente égale à :
1 q
Zone de profits q
positifs.
45° O

y
Richesse en cas de
non sinistre

Marché d’assurance avec symétrie d’information.


Solution optimale : assurance complète.
Figure 1

L’optimalité des contrats d’assurance complète peut être aussi démontrée par un raisonnement
graphique3 .

3
Soit [yy’) la demi-droite caractérisant une assurance complète (I=X). Un contrat se situant au-dessus de ce
segment offrirait une sur-assurance alors que s’il est situé au-dessous, l’assuré n’est couvert que partiellement
contre le risque. Nous pouvons également représenter sur ce graphique la demi-droite de profit nul [OO’). Au-
dessous de cette demi-droite, le profit est positif (forte prime et peu de remboursement), tandis qu’au-dessus, la
compagnie d’assurance réalise des pertes.
Comme l’indique le graphique ci-dessus, le contrat optimal correspond au point de tangence entre la courbe
d’indifférence la plus élevée et la droite d’iso-profit nul.

La valeur absolue de la pente de la droite d’iso-profit nul est égale à .

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 Si (le prix par unité de remboursement n’est pas actuariel) alors

. Comme les agents sont « riscophobes », la fonction d’utilité est

concave et sa dérivée seconde est négative. Ainsi, si


alors .

L’assurance optimale est partielle : l’agent choisit une couverture partielle du montant du
sinistre lorsque la prime est non actuarielle.

 Si , le profit de l’assureur est négatif. Ce contrat n’est pas offert sur le

marché.

Synthétiquement, l’existence d’un maximum unique étant certaine du fait de la concavité de


U, le contrat optimal est un contrat d’assurance totale où le remboursement couvre
l’ensemble des dégâts causés par l’accident. En présence de chargement, l’assurance partielle
devient optimale.

La pente de la courbe d’indifférence lorsque l’agent contracte le contrat (P, Rnet) est

égale à . Cette pente correspond à la valeur absolue du taux

marginal de substitution? entre Rnet et P à savoir : avec V= E(U(Wns,

Ws)).

Ainsi à l’optimum on a : .

Cette égalité démontre que le contrat offert à l’optimum est caractérisé par une
couverture totale. En effet, dans la zone d’assurance partielle, la pente de la courbe
d’indifférence est inférieure à celle de la droite d’iso-profit nul car si

alors et donc .

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Nous venons de considérer le modèle d’assurance de base avec les hypothèses les plus
restrictives : un assureur confronté à un individu type, en information symétrique. En
l’absence de chargement, la solution de ce modèle correspond à l’assurance complète. En
présence de chargement, la solution de ce modèle correspond à l’assurance partielle. De
nombreuses extensions ont été proposées à ce modèle. Néanmoins, nous nous limitons à
l’étude du problème d’anti-sélection dans le cadre de cette thèse.

I.2. La logique de l’anti-sélection

I.2.1. Le marché des voitures d’occasion

Akerlof (1970), dans son article fondateur de la théorie de l’anti-sélection, considère un


marché sur lequel les demandeurs et les offreurs ont des informations différentes sur la qualité
des voitures d’occasion échangées. Sur ce marché, seuls les vendeurs observent la qualité du
produit qu’ils vendent. Le problème généré par l’asymétrie d’information est qu’il y a une
externalité entre les vendeurs des véhicules de bonne qualité et les vendeurs des véhicules de
mauvaise qualité; quand un individu décide de mettre en vente un véhicule de mauvaise
qualité, il influence l’estimation que font les acheteurs de la qualité du véhicule moyen sur le
marché. Cela réduit le prix que les acheteurs sont disposés à payer pour ce véhicule moyen et
par conséquent, cela nuit aux individus qui essaient de vendre de bons véhicules. C’est cette
externalité qui provoque l’échec du marché.

Ainsi, les véhicules qui ont le plus de chance d’être mis en vente sont ceux dont les gens
désirent le plus se débarrasser. Le fait de mettre en vente quelque chose constitue en soi un
signal négatif de la qualité du bien pour les acheteurs potentiels. Si trop d’objets de mauvaise
qualité sont mis en vente, il devient difficile pour les propriétaires d’objet de bonne qualité de
vendre leurs biens.
I.2.2. Le marché de l’assurance

Dans son article, Akerlof a souligné les problèmes que rencontrent les individus voulant
s’assurer, notamment sur le marché de l’assurance maladie.

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« … le résultat est que la condition médicale moyenne des assurés se détériore à fur et
à mesure que le prix de l’assurance augmente ; Ce qui engendre qu’aucune assurance
n’est souscrite à aucun prix » (Akerlof 1970, p. 492).

Formalisons ce raisonnement dans le contexte général de l’assurance. Soit un produit


d’assurance non obligatoire s’adressant à une population d’assurés potentiels homogènes du
point de vue des caractéristiques observables. La source des problèmes d’anti-sélection est
l’hétérogénéité de cette population du point de vue du risque de sinistre : coexistence de
« bons » risque (B) et de « mauvais » risque (H), indiscernables par les assureurs.

Considérons deux types d’individus définis selon leur probabilité de sinistre. La probabilité
d’accident des individus à bas risque qB est inférieure à celle des individus à haut risque qH.
Les individus du même type ont les mêmes caractéristiques et notamment la même fonction
d’utilité U4.

Chaque individu voulant contracter une assurance doit verser à l’assureur une prime
d’assurance P fixée par ce dernier. Soit , le prix par unité de remboursement de cette
assurance5.

Si les assureurs ne proposent qu’un seul prix à tous les agents, quel sera le comportement
optimal des assurés ?

Chaque agent recherche le contrat caractérisé par le remboursement net Rnet en cas de sinistre,
qui maximise son espérance d’utilité :

d’où la condition du premier ordre par rapport à Rnet :

4
Ces individus ont le même degré d’aversion au risque s’ils disposent de la même richesse. Cela suppose une
indépendance entre la probabilité de sinistre et l’aversion au risque.
5
Le prix de l’assurance correspond à la prime par unité de remboursement pour un taux de couverture donné. Il
est égal au rapport entre la prime P et le montant Du remboursement net.

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Comme qB <qH , alors , de sorte que .

Comme U’ est une fonction décroissante (car les individus sont averses au risque), on a
: les agents ayant une probabilité d’accident élevée sont prêts à dépenser
davantage.

Ainsi, les meilleures assurances sont achetées par les individus les plus risqués d’où le
principe d’anti-sélection. Cette auto-sélection des hauts risques peut alors conduire à
l’existence d’un équilibre avec une demande satisfaite uniquement par les individus à haut
risque.

Si les assureurs ne font pas de distinction entre les hauts et les bas risques, le contrat ayant la
meilleure couverture sera acheté par une proportion d’individus à haut risque plus importante
que celle qui existe sur le marché. En l’absence d’ajustement de ses tarifs à ce phénomène,
l’assureur réalisera des pertes sur ce contrat. Ce contrat sera alors retiré du marché au profit
d’un contrat ayant une couverture plus faible. Cependant, le même raisonnement engendrera
la disparition de ce dernier contrat si l’assureur n’intègre toujours pas le phénomène d’anti-
sélection dans son processus d’élaboration des contrats et de tarification de ceux-ci. Or, ne
connaissant pas le risque intrinsèque de ses assurés, il lui est très difficile de prendre en
compte ce phénomène d’auto-sélection des hauts risques vers les meilleurs contrats. A la
limite, l’anti-sélection peut ainsi conduire à l’inexistence du marché d’assurance.

Des résultats similaires peuvent être obtenus si les assureurs n’offrent qu’un seul contrat sur le
marché. En effet, l’impossibilité de discerner les hauts des bas risques pousse tout assureur à
fixer le prix pour le contrat d’assurance en fonction de la probabilité moyenne de sinistre de
l’ensemble des individus. A ce niveau de prix, les individus qui s’assurent sont ceux qui sont
les plus risqués. Les profits réalisés sur ce contrat sont alors négatifs. Ce contrat sera alors
retiré du marché au profit d’un contrat plus cher. Cependant, le même raisonnement
engendrera la disparition de ce dernier contrat si l’assureur n’intègre toujours pas le

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phénomène d’anti-sélection dans son processus de tarification de ceux-ci. A la limite, l’anti-


sélection peut ainsi conduire à l’inexistence du marché d’assurance.

Rothschild et Stiglitz (1976) ont été les premiers à proposer une solution à ce problème. Leur
idée consiste à offrir un contrat révélateur qui permet de distinguer les hauts risques des bas
risques. Ce modèle sera détaillé dans la prochaine section.

I.3. Hypothèses et équilibre du modèle de Rothschild et Stiglitz (1976)

Nous considérons un marché d’assurance concurrentiel sans coûts administratifs dans lequel
le coût de l’autoprotection est une information privée pour l’assuré.

La population des assurés potentiels est constitué de deux types d’individus : des individus à
bas risque « B » affichant une probabilité de sinistre qB et des individus à haut risque « H »
affichant une probabilité de sinistre qH >qB. Soient et respectivement la proportion des
individus à haut risque et la proportion des individus à bas risque présents sur le marché avec
. Ces proportions sont connues des assureurs.

Tous les individus des deux classes de risque sont soumis au même risque de perte X. Ces
individus ne sont pas en mesure d’influencer les probabilités de sinistre ni le montant de
dommage.

Sur ce marché, chaque assureur propose un menu composé de deux contrats d’assurance : une
assurance complète et une assurance partielle mais moins chère. L’idée est d’inciter chaque
classe de risque à choisir le contrat qui lui est destiné. Chaque assureur doit alors proposer un
contrat de franchise, destiné uniquement aux individus B, de telle sorte que ce dernier ne soit
pas attractif pour les individus H, auquel cas sa rentabilité serait compromise. La nécessité
d’offrir des contrats d’assurance incitatifs a pour conséquence de limiter les opportunités
d’assurance pour les individus du type B par rapport à celles offertes aux individus de type H.

La solution du modèle de Rothschild et Stiglitz est un équilibre de Nash6 tel que :

6
Un équilibre de Nash est un équilibre qui est tel qu’aucun agent n’a intérêt à modifier unilatéralement la
stratégie qu’il a retenue s’il considère comme fixée la stratégie de son concurrent.

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(i) Aucun contrat du menu d’équilibre ne dégage des profits négatifs,


(ii) Il n’y a aucun contrat en dehors du menu d’équilibre qui, si offert, réalise des
profits non négatifs

Cet équilibre de Nash suppose implicitement que chaque firme considère que les contrats
offerts par ses concurrents sont indépendants de sa propre offre. La concurrence entre les
assureurs sur ce marché s’effectue sur la nature des contrats offerts à savoir .

Deux catégories d’équilibre sont envisagées dans ce modèle : un équilibre séparateur


(révélateur) à contrats distincts ou un équilibre mélangeant (pooling) dont le prix par unité de
remboursement est donné par la probabilité moyenne de sinistre de la population (
).

Rothschild et Stiglitz ont démontré que si la proportion des individus à haut risque, , est
assez élevée, c'est l'équilibre séparateur sans subvention qui l'emporte. L'équilibre de Nash
sur ce marché est alors caractérisé par une couverture totale pour les individus les plus risqués
(contrat « H* ») et ce, au prix actuariel tandis que les individus les moins risqués achètent
un contrat d'assurance partielle « F » au prix actuariel . En outre, les individus à haut
risque sont indifférents entre les deux de contrats proposés. L’anti-sélection apparaît dans le
fait que les individus du type B se trouvent pénalisés en ce sens que la présence des individus
H n'autorise pas de couverture supérieure, au prix actuariel qB, a celle offerte par le contrat
d'assurance partielle « F »7.

Formellement, le contrat alloué aux individus à bas risque est celui qui leur permet de
maximiser leur espérance d'utilité:

Avec et

7
En effet, pour être rentable le contrat destiné aux bas risques ne doit pas être plus attractif que le
contrat « H* » pour les individus à haut risque.

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 Sous la contrainte d'auto sélection des bas risques:

Les bas risques préfèrent le contrat de franchise « F » au contrat destiné aux hauts risques.

 Sous la contrainte d'auto sélection des hauts risques:

Les hauts risques préfèrent le contrat d'assurance complète « H* » au contrat destiné aux bas
risques.

 Sous la contrainte budgétaire de chaque agent:

(1 – qB) Wns + qB Ws = W – qB X

(1 – qH) Wns + qH Ws = W – qH X

La contrainte budgétaire de chaque individu traduit que son espérance de revenu est égale à la
richesse W moins l'espérance de perte X avec i = [B, H].

Notons enfin que, compte tenu de la concurrence, les contrats sont offerts au prix actuariel de
la population à laquelle ils sont destinés.

Graphiquement, le raisonnement est le suivant (Figure2): comme qB < qH, les courbes
d'indifférence des individus à haut risque sont plus pentues en tous points que celles des
individus à bas risque car le TMS (taux marginal de substitution) des hauts risques est plus
grand en valeur absolue que celui des bas risques 8. Ainsi, la pente de la courbe d'indifférence
8
En effet, la pente de la courbe d'indifférence au point F pour un individu i est égale au TMS en ce point. Ce
dernier est égal à:

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

de l'individu à bas risque (UB) au point F est toujours plus élevée en valeur absolue que celle
de l'individu H (UH). Ceci implique que les individus à haut risque sont prêts à accepter une
hausse de la prime d'assurance supérieure à celle que les individus à bas risque sont prêts à
accepter pour toute hausse de remboursement permettant de conserver le même niveau
d'utilité.

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Richesse en cas de sinistre

B*

V(qH , H*)

H*

V(qB, F)

Richesse en cas de non sinistre

Courbe
d’indifférence

Haut
risque

Rothschild et Stiglitz (1976)


Proportion élevée de hauts risques
Bas
risque
Figure 2

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

Du fait de la concavité des courbes, il n'y a qu'un seul point d'intersection entre les courbes
d'indifférence. Cette condition du « croisement unique » est centrale pour les modèles avec
anti-sélection.

Le contrat d’équilibre destiné aux individus à bas risque doit être sur la droite (OB*), droite
d'iso-profit nul ( (qB, F) =0). De même, le contrat d’équilibre destiné aux individus à
haut risque doit être sur (OH*), droite d'iso-profit nul ( (qH, H*) =0). En effet, par le jeu
de la concurrence, les assureurs dégagent des profits nuls sur chacun des contrats offerts.

Le contrat d’assurance complète « H* » est le seul contrat qui maximise l’utilité des individus
à haut risque et qui se situe sur la droite d’iso-profit nul. Ce contrat « H* » correspond
graphiquement au point de tangence entre la droite d'iso-profit nul et la courbe d'indifférence
la plus élevée possible V(pH, H*). Ainsi, ce contrat d’assurance complète « H* » fait
nécessairement partie du menu d’équilibre. En effet, tout autre contrat du type « H' », se
situant sur une courbe d'indifférence coupant la droite d'iso-profit nul, ne peut être un
équilibre car il est possible de positionner un contrat qui lui sera préféré par les agents à haut
risque et qui génèrera des profits. D'autre part, tout autre contrat du type « H'’ » situé au-
dessous de la courbe d'indifférence V(pH, H*) et de la demi-droite d'iso-profit nul ne peut être
un équilibre car il est déficitaire. Ainsi, « H* » est le seul contrat destiné aux individus à haut
risque et qui fait partie de l’équilibre de Rothschild et Stiglitz.

Compte tenu de la nature du contrat offert à l’équilibre aux individus à haut risque, le contrat
d’assurance partielle « F » devient le meilleur contrat destiné aux individus à bas risque.

Le contrat que les individus à bas risque préfèrent est le contrat d’assurance complète « B* »
offert au prix actuariel des bas risques qB. Le problème qui se pose avec ce contrat est que les
individus à haut risque le préfèrent au contrat qui leur est destiné « H* ». En effet, étant donné
que les individus à haut risque ont la possibilité de se faire passer pour des individus à bas
risque (anti-sélection), ces derniers délaissent le contrat « H* » et se rabattent sur le contrat
« B* » qui leur procure plus d’utilité. Par conséquent, si le contrat « B* » est offert, la
contrainte d’auto-sélection des individus n’est plus vérifiée. De plus, du fait que le contrat
« B* » est acheté par toutes les classes de risque, ce dernier est déficitaire. Le menu (H*, B*)
n’est donc pas un équilibre possible.

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

Ainsi, pour être un équilibre, le contrat destiné aux individus à bas risque ne doit pas être
préféré par les individus à haut risque au contrat « H* ». Ce contrat doit donc se situer sur la
même courbe d’indifférence que le contrat « H* ». D’autre part, le contrat destiné aux
individus à bas risque ne peut se situer en dessous de la droite d'isoprofit nul des contrats
destinés aux bas risques. Il ne peut donc se situer à gauche du point d'intersection des deux
courbes d'indifférence V(pH, H*) et V(pB, F) car les individus à haut risque préféreraient ce
contrat à celui qui leur est destiné. Ainsi, le contrat optimal pour les individus à bas risque est
celui qui se trouve sur le point d'intersection des deux courbes d'indifférence V(pH, H*) et
V(pB, F) et de la droite d'iso-profit nul (OB*).

Le contrat « F » est le seul contrat qui vérifie la condition de profit nul ( ) et qui
procure le même niveau d’utilité aux individus à haut risque que le contrat « H* ». Ainsi, le
menu (H*, F) est le seul équilibre séparateur possible9.

La question qui se pose est si cet équilibre existe toujours. Il est clair qu’il subsiste des
opportunités de profit (comme le contrat « M ») que saisirait un entrant et qui rendrait le
couple de contrats (H*, F) déficitaire. Si un contrat du type « M » (figure 3), qui est préféré
par les individus à haut risque et les individus à bas risque respectivement aux contrats « H* »
et « F », est offert sur le marché et que ce dernier dégage des profits, il sera acheté par les
deux classes de risque et il déstabilisera l’équilibre séparateur. Or, la profitabilité du contrat
« M » dépend de la proportion lH des individus à haut risque sur le marché. S’il y a une
proportion élevée d’individus à haut risque sur le marché, le contrat « M » est nécessairement
déficitaire et l’équilibre séparateur (H*, F) ne sera pas déstabilisé. Par contre, si la proportion
lH passe au-dessous d'un seuil l*, l'équilibre (H*, F) n'est plus stable. En effet, lorsque la
proportion d’individus à haut risque est faible, le contrat « M » est nécessairement profitable
et l’équilibre séparateur (H*, F) est déstabilisé puisque « M » est préféré par les deux classes
de risque aux contrats qui leur sont destinés10.

9
Il est a noter que cet équilibre séparateur n'est pas optimal au sens de Pareto. Un couple de contrats d'assurance
constitue un optimum au sens de Pareto, s'il n'est pas possible d'offrir à un des deux assurés un contrat rentable,
qui lui procure plus d'utilité, sans diminuer l'utilité de l'autre assuré.
10
Ce contrat mélangeant permet une amélioration au sens de Pareto par rapport au couple de contrats séparateurs.

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

La Figure suivante illustre un marché d’assurance avec une proportion faible d’individus à
haut risque. La droite (OG) représente la droite d'iso-profit nul au prix actuariel moyen
lorsque les individus achètent le même contrat d'assurance « M ». Noter que la droite (OG) se
rapproche de la droite (OB*) à fur et à mesure que lH diminue.

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Richesse en cas de sinistre

G B*

A
V(qH , M)

V(qH , H*)

H* V(qB, F)
F

Richesse en cas de non sinistre

Courbe
d’indifférence

Haut
risque

Rothschild et Stiglitz (1976)


Proportion faible de hauts risques
Bas
risque
Figure 2

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Tout contrat du type « M » appartenant à (OG) est rentable et évince le menu (H*, F).
Néanmoins, le contrat « M » n'est pas un équilibre car il est toujours possible d'offrir un
contrat du type « A » destiné aux individus à bas risque et qui soit bénéficiaire. Dès lors que le
contrat « M » n'est plus acheté que par les individus à haut risque, ce dernier devient
déficitaire, de même que le contrat «A » (car si « M » est retiré du marché, les individus à haut
risque se rabattent sur le contrat « A »).

Ainsi, lorsque la proportion de hauts risques est faible, il n’existe pas d’équilibre pour le
modèle de Rothschild et Stiglitz. Tout contrat mélangeant « M » ne peut être un équilibre car
pour être viable, il doit attirer aussi bien les individus à haut risque que les individus à bas
risque. Lorsque la proportion de hauts risques est élevée, l'équilibre existe et correspond à
l’équilibre séparateur (H*, F).

Le problème de l’inexistence d’un équilibre dans le modèle de Rothschild et Stiglitz a suscité


plusieurs travaux théoriques. Wilson (1977), Riley (1979) et Miyazaki (1977) ont été parmi
les premiers à proposer d’autres notions d'équilibre qui concluent à l'existence d'un équilibre
dans toutes les éventualités. La principale extension apportée par ces travaux permettant
l’existence de l’équilibre est que les assureurs abandonnent la stratégie de Nash et intègrent le
comportement ou les réactions des concurrents dans leurs choix.

I.4. Les Solutions apportées au problème de l’inexistence de l’équilibre


dans le modèle de Rothschild et Stiglitz

Dans le modèle de Rothschild et Stiglitz, les assureurs font abstraction des conséquences de
leurs actions sur le comportement de leurs concurrents. En effet, les assureurs raisonnent en
terme statique et aucune vision de long terme n'est introduite. Ainsi, la profitabilité des
polices d’assurance est assurée dès lors que les individus à haut risque achètent les polices
d’assurance les plus chères et les individus à bas risque achètent les polices d’assurance les
moins chères.
I.4.1. L'équilibre de Wilson (1977)

Le modèle de Wilson se distingue de celui de Rothschild et Stiglitz dans le traitement


implicite des anticipations que font les assureurs quant aux réponses des concurrents aux

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

actions qu'ils entreprennent. Ainsi, chaque assureur mesure les conséquences, sur son offre
propre, du retrait d'un contrat par ses concurrents. Ce dernier anticipe lesquelles des polices
d’assurances offertes sur le marché deviennent non profitables lors d’un changement dans le
menu qu’il offre. Les assureurs sont supposés pouvoir déterminer le profit inhérent à chaque
police d'assurance offerte.

La solution du modèle de Wilson est un menu de contrats d’assurance qui est tel que quand
les consommateurs choisissent parmi ce dernier une police d'assurance qui maximise leurs
profits :

i) Tous les contrats offerts réalisent des profits non négatifs.


j) Il est impossible d'introduire un nouveau contrat générant des profits, compte tenu des
sorties potentielles du marché de certains contrats.

Selon Wilson, il existe toujours un équilibre qui correspond soit à l'équilibre séparateur de
Rothschild et Stiglitz (H*, F) aux prix actuariels correspondants lorsque la proportion
d’individus à haut risque est élevée (lH élevé), soit à l’équilibre mélangeant « M » au prix
actuariel moyen , lorsque la proportion d’individus à haut risque est faible (lH faible). La
résolution du modèle de Wilson est détaillée dans l’annexe 1.2, page 48.

I.4.2. L'équilibre de Riley (1979)

Le modèle de Riley (1979) se distingue de celui de Wilson dans le traitement implicite des
anticipations que font les assureurs quant aux réponses des concurrents aux actions qu'ils
entreprennent. Le concept d'équilibre "réactif" de Riley suppose que chaque assureur mesure
les conséquences d’une offre additionnelle d’un concurrent en réponse à un changement de
son offre propre. Ainsi, c'est l’offre potentielle de nouveaux contrats qui peut dissuader un
assureur de changer son offre.

Par ailleurs, Riley postule qu'un ensemble de contrats forme un équilibre :

i) si aucun contrat ne fait de perte

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j) s'il est impossible d'introduire un nouveau contrat qui génère un profit positif compte
tenu des entrées ultérieures de contrats sur le marché.

Ainsi, pour toute offre supplémentaire profitable et susceptible de déstabiliser l'équilibre, il


existe une seconde offre, la réaction, qui rend déficitaire l'offre additionnelle et rétablit
l'attrait de l'offre originale.

L’équilibre de Riley correspond à l’équilibre séparateur (H*, F) de Rothschild et Stiglitz,


quelle que soit la proportion des individus à haut risque sur le marché.
La résolution du modèle de Riley est détaillée dans l’annexe 1.3, page 50.

L’encadré suivant résume toutes les configurations d’équilibres issues du modèle canonique
de Rothschild et Stiglitz :

Définition Equilibre
Rothschild et Stiglitz (1976) Aucun contrat ne fait des Equilibre séparateur
pertes. (assurance complète pour les
hauts risques et assurance
Impossible d’introduire un partielle pour les bas risques)
nouveau contrat rentable.
Pas d’équilibre si un contrat
mélangeant domine
l’équilibre séparateur.
Wilson (1977) Aucun contrat ne fait des Equilibre séparateur
pertes. (assurance complète pour les
hauts risques et assurance
Impossible d’introduire un partielle pour les bas risques)
nouveau contrat rentable
compte tenu des sorties Equilibre mélangeant si le
potentielles du marché. contrat mélangeant domine
l’équilibre séparateur.
Riley (1979) Aucun contrat ne fait des Equilibre séparateur
pertes. (assurance complète pour les

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hauts risques et assurance


Impossible d’introduire un partielle pour les bas risques)
nouveau contrat rentable
compte tenu d’entrées Equilibre séparateur
ultérieures de contrats sur le (assurance complète pour les
marché. hauts risques et assurance
partielle pour les bas risques)

Dans la première partie de ce chapitre, nous avons analysé quelles étaient les conséquences de
l’introduction d’une information asymétrique portant sur le risque intrinsèque de chaque
assuré sur le fonctionnement d’un marché d’assurance. Les travaux précurseurs d’Akerlof
(1970) et de Rothschild et Stiglitz (1976) ont déterminé les conditions d’équilibre des marchés
en présence d’anti-sélection. Akerlof a présenté les raisons théoriques qui peuvent engendrer
l’échec d’un marché d’assurance lorsque l’assureur n’est pas en mesure d’observer le niveau
de risque des individus qu’il assure. Quant à Rothschild et Stiglitz, ils ont proposé une
solution pour résoudre le problème d’asymétrie d’information soulevé par Akerlof. Leur
modèle a donné lieu à plusieurs travaux théoriques.

Les principaux enseignements de ces modèles sont les suivants :

 Si la compagnie d’assurance ne peut distinguer les hauts risques des bas risques, alors
la proportion relative de hauts risques achetant les meilleurs contrats en terme de
couverture sera plus élevée que la proportion observée sur l’ensemble de la
population. La rentabilité du contrat s’en trouve alors affectée, ce qui peut freiner le
développement du marché.

 De ce fait, les compagnies d’assurance cherchent à offrir des contrats qui révèlent le
type des assurés. En proposant un contrat d’assurance partielle à bas prix et en offrant
une couverture plus large pour les polices à prix élevé, les compagnies d’assurance
tentent d’attirer les agents les plus risqués vers les meilleures assurances, qui sont
aussi les plus chères, et les agents les moins risqués vers les assurances partielles à
moindre coût.

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

 Ainsi, l’anti-sélection offre une justification théorique nouvelle à la présence


des contrats de franchise sur les marchés d’assurance, qui ne repose pas sur l’existence
de chargement (coûts de transaction).

 Selon le concept d’équilibre choisi, l’équilibre sur le marché de l’assurance


peut ne pas exister. Lorsqu’il existe, les contrats proposés sont soit révélateurs (les
hauts risques choisissent un contrat d’assurance totale au prix élevé, tandis que les bas
risques préfèrent une assurance partielle à un prix moindre), soit mélangeant (un seul
contrat d’assurance partielle est proposé).

 Quel que soit le concept d’équilibre retenu, les bas risques se retrouvent lésés
du fait qu’ils ne peuvent pas bénéficier de couverture plus élevée que celle préconisée
par ces équilibres au juste prix correspondant à leur classe de risque.

L’étude des marchés d’assurance dans un contexte d’anti-sélection a suscité un vif intérêt sur
le plan empirique. Ces travaux ont cherché à valider ou à infirmer empiriquement l’hypothèse
d’anti-sélection et ses conséquences sur le fonctionnement des marchés. Dans ce qui suit nous
allons présenter les principaux résultats empiriques

A.2 : Les contrats monopolistiques :


Le modèle de Pauly (1974) : intervention de l’Etat sur le marché d’assurance
Dans ce modèle, l’Etat intervient afin de résoudre le problème de la sélection adverse. L’Etat
doit intervenir en obligeant tous les individus à acheter la même quantité d’assurance à un
prix moyen pm afin d’assurer l’équilibre budgétaire de la compagnie. En effet, la compagnie
est incapable de distinguer les individus et leurs attitudes envers le risque ( à cause de
l’existence de problème de sélection adverse), l’équilibre est tel que :

PG < pm <pB
Cette intervention permet d’éliminer le risque de faire tomber le marché d’assurance puisque
tous les individus sont obligés de s’assurer et elle permet de nous rapprocher de l’optimum de
premier rang. Malgré les conclusions obtenues, se sont toujours les individus à risque faible
qui souffrent de cette situation d’asymétrie informationnelle.

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B- Les Contrats dynamiques :


Ces contrats ont été étudiés dans le cadre de l’existence d’une compagnie d’assurance
monopolistique. Ils ont été élaboré par Dionne (1983) ; Dionne et Lasserre (1985), Henriet et
Rochet (1986) et Henriet et Peters (1986).

Henriet et Rochet (1986) ont utilisé les contrats qui sont « une suite de primes dépendantes
des antécédents des accidents de l’assuré depuis la signature du contrat ». Ce type de contrat
permet de faire payer caque assuré la prime correspondante à sa vraie classe de risque. Ils ont
montré que l’introduction d’un systéme de Bonus-malus permet d’opérer une discrimination
intertemporelle entre les assurés qui représentent des risques différents pour la compagnie.

Dionne (1983) et Dionne et Lasserre (1985) ont étudié le cas où l’assureur propose à
l’assuré le choix entre plusieurs types de contrats (prime, couverture). Ils ont conclu que dans
un modèle à horizon de temps infini, la stratégie optimale consiste toujours à dire la vérité
c’est-à-dire à choisir la prime correspondante à sa vraie classe de risque.

C- Les Contrats Incitatifs :


L’hypothèse de base pour l’étude des contrats statiques ou dynamiques était que l’assurance
connait le nombre de groupes de risques existant dans l’économie. Cette hypothèse ne sera
pas requise dans cette gamme de contrats. Le cas de contrats incitatifs a été étudié par Cresta,
Laffont, et Cresta et Laffont.
Dans ce modèle, un contrat d’assurance se définit comme une application (P, Z) qui pour
toute déclaration П € [П, П] de la probabilité d’accident fait correspondre le couple ( P(П), Z(
П)) qui spécifie le montant de la prime et le niveau de l’indemnité ;

Les contrats incitatifs ne sont réalisables que s’ils permettent la de l’équilibre budgétaire de
la compagnie d’assurance ( ce qui se fait en résolvant le programme de maximisation de
l’espérance d’utilité de l’assuré sous la contrainte de l’équilibre budgétaire de l’assureur).
Deux conditions sont requises dans ce cas :
1. La vérité est la meilleure réponse pour l’individu quel que soit sa nature.
2. La différence d’utilité entre l’état accident et l’état non accident est fonction croissante
de la probabilité d’accident.

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Ces deux conditions nécessitent une offre monopolistique d’assurance et on remarque, aussi,
que ce sont toujours les individus à faible niveau de risque qui ne sont pas couverts comme
dans le cas d’information parfaite.

Remarque :
En cas d’existence de plusieurs compagnies d’assurance en concurrence sur le marché, les
décisions prises par les assurés dépendent de celles prises par les autres et par conséquent, il
est difficile de trouver un mécanisme de révélation incitatif, qui conduit tous les assurés à
révéler leurs probabilités d’accidents. Myerson (1982) a démontré, en appliquant la théorie
des incitations dans le cadre d’une offre concurrentielle sue le marché, l’inexistence d’une
situation d’équilibre puisque la meilleure stratégie pour l’individu n’est pas de révéler sa vraie
probabilité d’accident.
Dionne, Gourniéroux et Vanasse (2001) ont étudié empiriquement l’effet de la sélection
adverse sur le marché d’assurance automobile. Ils ont trouvé qu’à l’équilibre les individus à
haut risque vont choisir les contrats ayants les petits montants déductibles et seront chargés
des prix élevés par unité offerte d’assurance.

II.2 Le risque moral dans l’assurance :


Lorsqu’elles s’établissent ; les compagnies d’assurance rencontrent un certain nombre
de difficultés imprévues. Ces compagnies notent en effet qu’après avoir assuré un individu
contre un risque ; celui-ci modifie son comportement de telle manière que la perte contre
laquelle il est assuré a une plus forte probabilité de survenir. En d’autres termes ; une fois que
les agents ont acheté une assurance ; ils deviennent plus négligents dans leurs
comportements ; puisqu’ils savent que s’ils subissent une perte la compagnie d’assurance les
indemnisera. Cette modification de comportement conduit donc à un plus grand nombre de
demande de remboursement pour la compagnie d’assurance ; et rend moins profitable la mise
sur le marché d’assurance. Pour inciter les gens à mieux s’auto-protéger et/ou s’auto-assurer ;
les compagnies d’assurance cherchent des façons de décourager un tel comportement
négligeant. Elles développent donc des systèmes de coassurances et de franchises dans les
polices qu’elles émettent.

Définition 1 :

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Le risque moral ou « hasard moral » a trait à des situations où un côté du marché ne peut pas
observer le comportement de l’autre côté. On parle dans ce cas de problème de
comportement caché.
On parle d’aléa quand les trois conditions suivantes sont vérifiées :
1. L’agent prend une décision ou une action qui affecte son bien être et celui du
principal.
2. Le principal n’observe que le « résultat » qui représente un signal important de cette
action.
3. L’action choisie spontanément par l’agent n’est pas Pareto-optimale.

L’action étant inobservable, le principal ne peut forcer l’Agent à choisir une action qui soit
efficace du point de vue des deux parties. Il ne pourra influer le choix d’une action par
l’Agent qu’en conditionnant son utilité à la seule variable observable : le résultat.
Initialement observé dans le domaine des assurances ; le concept de risque moral qualifie
des situations où le niveau d’effort entrepris par l’agent pour réduire la probabilité de
réalisation de l’état accident est non observable par l’assureur.

S’assurer pour un agent économique ; c’est renoncer de fait à engager des dépenses de
prévention ou des dépenses d’auto-assurances. Mais ; l’augmentation des assurés provoque
une croissance de la probabilité des sinistres ou de leurs montants et donc des primes
d’assurances.

Poursuivons ce raisonnement ; si toutes les entreprises agissent de cette facon, les


dépenses de l’assureur croissent puisque les probabilités d’apparition des sinistres augmentent
pour tous. Il doit donc revaloriser sa prime d’assurance et cette augmentation incite les
entreprises à rompre leur contrat pour engager des dépenses d’auto-protection qui ont alors de
fortes chances d’être moins coûteuse qu’une assurance. La décision de souscription d’un
contrat d’assurance est en effet liée au prix relatif de la prime par rapport à celui de l’auto-
protection.

Deux formes d’aléa moral sont identifiées dans la littérature : l’aléa moral ex-ante et
l’aléa moral ex-post.

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L’aléa moral ex-ante est l’effet de l’assurance sur les activités de prévention et de protection
des assurés. En général, ces activités ne sont pas observables par les assureurs et la simple
observation des accidents ne permet pas toujours d’inférer les actions des assurés effectuées
entre la signature du contrat et les dates des accidents.
D’une façon générale, l’assuré a moins d’incitation à se protéger contre les risques
d’accidents que le non assuré, ce qui augmente la fréquence et la gravité des accidents.
Différents mécanismes ont été introduits pour générer des incitations à la prudence. Ils
incluent l’assurance partielle, l’autoprotection, le bonus malus et la réglementation de
certaines activités de prévention qui génèrent des externalités.

L’aléa moral ex-post touche les actions des assurés après la réalisation des accidents. Il est
expliqué par le fait que les assureurs n’observent pas les accidents sans coûts. Ce type d’aléa
moral est souvent associé à la fraude à l’assurance. L’aléa moral expost est, par conséquent,
lié aux différents abus de l’assurance : le fait d’être assuré génère une demande accrue de
consommation. Ce phénomène est énormément observé en cas d’assurance maladie. En effet,
Arrow (1963) a démontré que la demande de prestation de santé augmente en cas de
couverture sociale.

Le problème de l’assuré est alors de rédiger des contrats qui incitent les assurés à dire la
vérité. Sous l’hypothèse que les assureurs s’engagent à respecter les contrats, on peut montrer
que les contrats avec franchises sont optimaux pour réduire les effets de cette forme d’aléa
moral.
Le deuxième problème touche les actions de falsification des accidents et de manipulation
des coûts par des fausses déclarations. Les économistes de l’assurance ont montré que le
contrat avec franchise n’était plus nécessairement un contrat optimal en présence de
falsification et de manipulation des coûts. Par contre, les formes des contrats proposées n’ont
pas encore été testées dans les marchés où la fraude à l’assurance pouvait être significative.

Les exemples d’aléa moral sont extrêmement nombreux : en fait ; on peut difficilement
imaginer une relation économique qui ne soit pas affectée par ce problème. Il faudra pour cela
que le principal puisse observer parfaitement toutes les décisions de l’Agent qui affectent son
utilité, ce qui réclamerait des efforts de supervision extrêmement couteux.

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Le risque moral constitue aujourd’hui un souci majeur pour les compagnies d’assurance ;
car il se traduit par un gonflement du total des sinistres à payer. On le rencontre à deux
niveaux :
a) Celui de l’individu qui néglige de protéger activement son patrimoine ; car il sait
que l’assurance paiera.
b) Celui de l’individu qui, consciemment et afin d’en tirer profit s’abstient
d’intervenir pour éviter un sinistre ; ou en gonfle le coût ; ou le provoque délibérément.

L’impact de ce phénomène réduit considérablement l’influence bénéfique que


l’assurance peut exercer sur le total des sionistes.

Le problème des compagnies est alors d’inciter ses assurés à diminuer leur probabilités
d’accident en accomplissant des activités d’auto-protection ou d’auto-assurance qui ont un
certain coût psychologique (être prudent) ou monétaire (achat d’un antivol par exemple ; mais
qui sont inobservables aussi bien exanté ; que expost par l’assureur.

Définition 2 : Activité d’auto-protection.


Une activité d’auto-protection est définie comme celle qui réduit la probabilité de
réalisation de l’état accident sans affecter sa valeur.

Soient :
x = le niveau d’auto-protection détenu par l’individu.

p = la probabilité de réalisation de l’état accident.

Nous avons :
p= p(x) avec :

0< p(x)<1 et p’(x) < 0.

Les activités d’auto-protection peuvent avoir un certain coût psychologique (être


prudent) ou monétaire (prendre moins souvent sa voiture ; contrôle régulière des états des

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pneus ; des freins ; achat d’un système d’alarme contre le vol ……). Ces activités sont
supposées inobservables par l’assureur.

On peut ; par exemple ; penser que si une entreprise est complètement assurée pour toutes
sortes de risques, elle ne sera pas incitée à mettre en place un système de protection ou de
sécurité. La probabilité d’apparition des sinistres devrait alors croître puisque la prévention
sera plus faible. En d’autres termes, le système d’assurance n’encourage pas les assurés à être
prévoyants et se révèle à terme inefficace sous l’hypothèse d’inobservabilité par l’assureur
du niveau x.

Définition 3 : Activité d’auto-assurance :


Une activité d’auto-assurance est définie comme une activité qui réduit la valeur de la
perte lorsque l’accident se produit.

On note :
y = le niveau d’auto-assurance de l’individu.
L = la valeur de la perte lorsque l’événement accident se produit.

Nous avons :
L= L(y) avec L’(y) < 0.

Nous pouvons citer, l’exemple d’achat d’un extincteur d’alarme comme activité d’auto-
assurance.

Ainsi, l’assurance et l’auto-assurance (prévoyance) sont des substituts : une augmentation


des dépenses visant à limiter le montant des sinistres se traduit par une baisse de la demande
individuelle, alors que l’assurance et les activités d’auto-protection sont complémentaires
lorsque la prime d’assurance dépend du niveau d’auto-protection.

Définition 4 : Activité de furetage :


Rare sont les économistes qui se sont préoccupés par ce type de risque moral.
Une activité de furetage est définie comme : « une activité de recherche du meilleur coût
possible par l’individu avant l’achat d’un bien ou d’un service ».

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L’existence de ces activités est justifiée par la dispersion des coûts pour un évènement ou
un bien donné sur les marchés. Une assurance complète réduit ces activités.

Risque moral et formes de contrat d’assurance :

Le problème des compagnies d’assurance est alors de faire face à cette situation
d’inefficacité économique due au risque moral, c’est-à-dire d’inciter ses assurés à diminuer
leur probabilité d’accident ; ou la valeur de leur perte en accomplissant des activités d’auto-
protection ou d’auto-assurance.
Afin d’éviter une trop forte consommation d’assurance, sous le risque moral, deux
catégories de contrats ont été proposés :
1. Les contrats non linéaire ou statique : ces contrats offrent une couverture partielle du
risque ;
2. Les contrats multi périodes appelés aussi contrats ou tarification en fonction de
l’expérience passée de l’assuré.
Les contrats statiques ou non linéaire sont de deux formes : contrat avec franchise et
contrat avec coassurance. Le niveau de franchises ou de coassurance doit réaliser un
compromis acceptable entre le désir légitime de couverture de l’assuré et le souci de la
compagnie d’inciter cet assuré à l’effort. En d’autres termes, ces contrats doivent toujours
assurer l’existence du marché d’assurance.
a) Risque moral et contrats statiques :

Notons, au début, que dans le cas d’une information parfaite entre l’assureur et l’assuré
c’est-à-dire en cas d’observabilité du niveau d’auto-protection par l’assureur, la probabilité de
perte et la prime d’assurance deviennent fonction de cette variable observable. Un régime de
pleine assurance est efficace.

La prime d’assurance est de la forme :

P( x , q ) = p(x).q

Cette prime est supposée décroissante avec x et linéaire en q.

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

Soit un individu avec une richesse initiale R 0. Une partie L de cette richesse étant sujette à
un sinistre s dont la distribution à pour valeur [0 , L]. La richesse finale de cet individu est
alors R0 – s : c’est une richesse aléatoire. Nous supposerons le cas d’une perte discrète de
valeur L et que l’individu a la possibilité de se couvrir par le biais d’un contrat d’assurance
spécifiant le montant de la prime à payer et les caractéristiques de l’indemnisation.

La richesse finale de l’individu, en cas d’assurance, est :

A = R0 – P( x , q ) –tx = R0 – p(x).q -tx avec une probabilité ( 1- p(x))

B = R0 – P( x , q ) - l + q -tx = R0 – p(x).q - l + q –tx avec une probabilité p(x)

Avec :

R0 = la richesse initiale de l’individu supposée certaine.


x = le niveau d’auto-protection de l’assuré.
q= la quantité d’assurance achetée.
t = le prix d’une unité d’auto-protection.

L’assuré cherche à déterminer le niveau de couverture q * ( ou la quantité d’assurance) et le


niveau d’auto-protection x* qui maximise l’espérance de son utilité donnée par :

EU(.) = ( 1- p(x)) U ( R0 – p(x).q -tx) + p(x) U(R0 – p(x).q - l + q-tx )

Cette maximisation conduit à q*= l : un régime de pleine assurance est optimal dans le cas
d’une observation parfaite par l’assureur du niveau d’auto-protection de l’assuré.

Graphiquement ; un tel contrat se présente comme suit :

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Contrat de pleine assurance

Certes, ce résultat n’est pas toujours valable, car dans la pratique, il n’est pas toujours réaliste
de supposer que l’assureur maîtrise parfaitement toute l’information concernant l’assuré.

Pour faire face à la situation d’inefficacité économique due au risque moral et afin d’éviter
une trop consommation d’assurance, les économistes ont proposé, statiquement, l’utilisation
des contrats non linéaire : il s’agit des contrats avec franchise ou des contrats avec
coassurance.

Nous parlerons de contrat avec franchises lorsqu’un montant fixe de la valeur de l’accident
reste à la charge de l’assuré, alors que nous parlerons de coassurance (ou d’assurance
proportionnelle) lorsqu’une proportion fixe du sinistre reste à sa charge.

Ces deux types de contrats peuvent donc conduire l’assuré à révéler son comportement :
les négociations relatives à leur niveau peuvent avoir pour enjeu une modification de la prime
annuelle ou la réalisation des mesures de prévention.

« Il s’agit donc de rendre le pollueur réellement responsable des dommages qu’il


engendre ; tout en créant une incitation à la prévention des dommages et en garantissant
l’indemnisation des victimes ».
i) Les contrats avec coassurance :

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Dans ce cas, le risque est partiellement couvert par le transfert d’un pourcentage du sinistre
auprès de la compagnie d’assurance :

I(s ) = βs pour s Є [0,L] et 0 < β <1

I(s ) = l’indemnité de l’assureur.


β représente donc le pourcentage du risque assuré. La rétention s’élève à (1- β)fois la
valeur de la perte demeurant à la charge de l’assuré.

Graphiquement :

Contrat de coassurance
Il est évident ; de supposer ; que plus (1- β) est élevé, c’est-à-dire plus β est, plus l’individu
augmente son niveau d’auto-protection et d’auto-assurance.

ii) Les contrats avec franchise :


Dans le cas d’un contrat doté d’une franchise, l’assuré prend à sa charge le sinistre jusqu’à
un certain montant fixe D, en l’occurrence cette franchise. Au-delà de ce montant ; la
différence entre la perte s et la franchise D est à la charge de la compagnie d’assurance. Il
s’agit là d’un transfert partiel du risque de l’assuré vers l’assureur.

L’indemnité est de la forme :

I(s ) = max ( s-D, 0) pour s Є [0,L] et 0 < D <L

Graphiquement :

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Contrat avec Franchise

b) Risque moral et contrats dynamiques :


Les contrats multipériodes sont des contrats qui prennent en considération l’expérience
passée de l’assuré. L’assureur découvrira en fonction de l’information qui lui sera disponible
à la fin de chaque période et lorsque le nombre de ces périodes devient très élevé si l’assuré a
choisi ou non le contrat correspondant à son niveau de risque. Dans ce dernier cas, il le
pénalisera.
Formellement, un contrat multi périodes est la
Ainsi, on peut dire qu’une tarification en fonction de l’expérience passée de l’assuré revient
à l’utilisation de la théorie des incitations dans le cadre du marché d’assurance. En fait, dans
ce modèle de tarification, la vérité est une stratégie dominante pour tous les types d’individus.
Les pénalités imposées sur les individus, qui n’ont pas choisi la prime correspondante à leur
vraie classe de risque empêche tout comportement déviant.

Remarque :
L’intervention gouvernementale ne résout pas le problème posé par le risque moral. En
effet ; si le gouvernement ne peut pas observer les précautions prises par les compagnies ; il
ne peut pas faire mieux que les compagnies d’assurance. Il pourrait évidemment utiliser
d’autres moyens que ceux à la disposition des compagnies d’assurances: il pourrait obliger les
individus à prendre un certain niveau de précaution ou définir des sanctions pénales ; etc. … ;
mais si le gouvernement ne peut fixer que les prix et les quantités ; il ne peut pas faire mieux
que le marché privé.

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Economie de l’Assurance ELLOUZE Abderrazak

L’idéal pour résoudre les problèmes posés par le risque moral serait donc d’inclure dans le
contrat des dispositions invitant les assurés à entreprendre effectivement ces activités ; qui
réduisent la fréquence des sinistres. Ainsi
L’assuré victime d’un vol à son domicile doit souvent faire la preuve qu’il y’a eu effraction
(et donc il n’a pas été négligeant ….).

Conclusion :
S’assurer pour un agent économique ; c’est renoncer de fait à engager des dépenses de
prévention ou d’auto-assurance. Mais l’augmentation des assurés provoque une croissance de
la probabilité des sinistres et donc celle des primes d’assurances.
Pour résoudre ce problème ; les assureurs ont des stratégies particulières ; des pratiques
de discrimination visant à décourager de l’assurance les individus qui ne font aucun effort de
prévention ; d’auto-protection.
Les primes sont alors modulables en fonction de certains critères et ; dans la plupart des
cas ; la souscription d’assurance est soumise à une obligation préalable de protection
minimale notamment pour les entreprises.
En matière d’assurance automobile ; le principe « bonus-malus » relève de cette
démarche : l’assuré subit une partie du coût de l’accident qu’il provoque. Ces pratiques sont
destinées à encourager les assurés à conserver une attitude prudente dans leur conduite.

Section III : Equilibre et Asymétrie informationnelle

Par définition ; la concurrence parfaite suppose la transparence du marché pour qui y


prennent part. En effet ; dans ce modèle ; on suppose que chaque agent est parfaitement
informé sur les caractéristiques des biens et les conditions du marché (hypothèse
d’information symétrique ou de transparence).

La prise en compte de la possibilité de manipulation de l’information dans l’étude des


mécanismes d’allocation des ressources a pour conséquences :

1- Au niveau de l’équilibre :

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a) Les prix ne sont plus des connaissances communes ou plus exactement les prix ne
reflètent plus la qualité. Les prix ne jouent plus leur rôle de régulateur de marché.
b) Les intérêts des agents s’opposent. La recherche de l’intérêt individuel ne conduit
pas à l’intérêt collectif.

2- Au niveau de l’optimum :
Le théorème fondamental de l’économie de bien être n’est pas vérifié: l’équilibre quand il
existe n’est pas efficace au sens de Pareto. Il s’agit, par conséquent, de chercher ou de définir
des procédures qui permettent d’atteindre un optimum économique (appelé optimum de
second rang) et qui incitent les agents à révéler leurs vraies caractéristiques. Mais de telles
procédures nécessitent des dépenses dont il faudra tenir compte.

En présence d’asymétrie d’information ; plusieurs notions d’équilibre ont été proposées :

Equilibre en stratégie dominante :


Une stratégie est dite dominante si la meilleure stratégie de chaque individu disposant d’une
information privée est de l’annoncer correctement ; et ceci quelles que soit la réponse des
autres. En d’autres termes ; une stratégie est dite dominante si la meilleure réponse pour
chaque individu est la vérité quelle que soit cette vérité et quelle que soit la réponse des
autres.

Un équilibre en stratégies dominantes est réalisé dés que l’on vérifie avec certitude que
chaque individu adopte sa stratégie dominante ; c’est-à-dire la stratégie préférée par chaque
agent, indépendamment de la stratégie des autres joueurs.

La notion de stratégie dominante est la notion d’équilibre la plus forte pour des
mécanismes incitatifs.

Equilibre de Cournot-Nash :
L’équilibre de Cournot-Nash est un équilibre non coopératif. On suppose que chaque firme
choisit son niveau d’output en considérant comme fixé le choix de l’autre firme. On dira
qu’un ensemble de stratégies forme un équilibre de Nash ; si chaque joueur choisit sa

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stratégie personnel en considérant comme donné les stratégies des autres joueurs. Il définit
sa stratégie optimale sous cette condition.

Cet équilibre peut-être interprété comme une paire d’anticipations relatives au choix de
chaque individu telle que personne ne désire modifier son comportement optimal quand le
choix de l’autre firme est effectivement connu.

Notons qu’en information incomplète le concept d’équilibre de Nash ne peut être


sauvegardé qu’au prix d’une hypothèse admettant l’anticipation commune des caractéristiques
des joueurs par l’agent i.

Remarques :
 L’équilibre de Nash est une généralisation de l’équilibre de Cournot. En effet,
l’équilibre de Cournot, suppose que chaque firme choisit son niveau d’output en considérant
comme fixé le choix de l’autre firme.
 L’équilibre de Nash, quand il existe, n’est pas unique. Pour un même jeu, nous
pouvons trouver plusieurs équilibres de Nash.

Equilibre Bayésien :
Un équilibre est dit Bayésien si le choix optimal d’un agent dépend des valeurs qu’il observe
sur ses propres caractéristiques et de ses croyances subjectives sur les caractéristiques des
autres.
Un équilibre Bayésien suppose donc que chaque agent a une information probabiliste a
priori sur les caractéristiques des autres agents.

Supposons qu’en situation d’information incomplète, chaque agent connaisse sa


caractéristique ai mais ignore les paramètres a -i déterminant l’utilité des autres. Les croyances
de chaque agent concernant les valeurs a-i peuvent être décrite par une distribution de
probabilité subjective Yi (. / ai ) sur l’ensemble A-i = P( j ¹ i) Aj. . La loi de probabilité étant
connaissance commune, cela implique que tous les agents connaissent la forme fonctionnelle
de Yi mais non la vraie valeur de ai .

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Dans cette hypothèse, le choix optimal d’un agent dépend des valeurs qu’il observe (son
paramètre) et de ses croyances sur les caractéristiques des autres (et éventuellement sur les
états de la nature).

Un équilibre Bayésien combine plusieurs notions :


- La notion de stratégie de l’équilibre Bayésien : espace des caractéristiques et
observation dans l’espace des actions ;
- La rationalité dynamique dans l’espace des actions : rationalité dans chaque sous-jeu.
Remarques :
 Un équilibre de Bayes n’est pas unique. Il existe, en effet, un grand nombre
d’équilibre bayésiens parfait, d’où la nécessité d’une sélection.
 Plusieurs critères, qui se basent sur la correction des anticipations selon différentes
méthodes, garantissent la recherche d’un équilibre :
a) Critère de Kreps-Wilson : ces auteurs supposent que la révision des
anticipations s’établit en fonction de l’aléa de la nature imposé et compte tenu des
observations de l’agent. Cette révision des probabilités à priori garantit la convergence vers
l’action réelle.
b) Critère de ohlberg : ce critère procède à l’élimination des stratégies dominées
car elles ne vont pas être utilisées.
c) Critère d’équilibre séquentiel de Grosman et Perry : ce critère sélectionne les
stratégies qui définissent l’action optimale dans chaque sous jeu et pour chaque croyance.

Résumé :

1. A la fin des années soixante ; s’est développée une réflexion sur les limitations des
échanges entre agents économiques qui proviennent des problèmes d’information et plus
précisément d’asymétrie d’information c’est-à-dire de structures d’information différentes
entre les agents.
2. La « sélection adverse » a trait à des situations où un côté du marché ne peut pas
observer le « type » ou la qualité des biens situés de l’autre côté du marché. On parle parfois ;
dans ce cas ; d’un problème de « type caché ».

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3. Les prix ne sont plus connaissances communes ou plus exactement les prix ne reflètent
plus la qualité en présence de la sélection adverse. On pense immédiatement aux vendeurs qui
connaissent parfaitement la qualité de leurs produits face à des acheteurs qui n’ont pas à priori
d’information sur celle-ci.
4. Le « risque moral » a trait à des situations où un côté du marché ne peut pas observer le
comportement de l’autre côté. On parle parfois ; dans ce cas ; d’un problème de
« comportement caché ».
5. La présence du risque moral fait apparaître des non convexités dans les préférences des
agents. En conséquence ; l’équilibre concurrentiel des marchés d’assurance peut ne pas exister
ou être inefficace. Dans un tel contexte ; l’utilisation de certains signaux qui sont en rapport
avec la détermination de la probabilité d’accident de l’individu peut réduire cette inefficacité
sans l’éliminer complètement.

6. V.N.M. ont établi une distinction entre information incomplète et information imparfaite.
- l’information
incomplète provient du fait que chaque agent ; ou joueur pour utiliser la terminologie de la
théorie des jeux ; connaît ses caractéristiques (préférences ; technologies….) mais ignore celle
des autres agents (joueurs). Ainsi les agents ont des informations différentes sur le jeu avant
de jouer. -
l’information imparfaite découle du fait que les agents ont des informations différentes au
cours du jeu. Un joueur peut ne pas savoir exactement comment le jeu se déroule ou comment
ses rivaux ont joué.

7. L’équilibre sur un marché où il y’a problème de comportement caché ; implique


généralement une forme de rationnement. Par contre ; à l’équilibre sur un marché où il y’a
problème de comportement de type caché ; il y’a généralement trop peu d’échange à cause de
l’externalité existant entre les « bons » et les « mauvais » types.

8. La mise en commun et le partage des risques permettent aux compagnies d’offrir une
assurance bon marché contre les risques importants. Mais ; quand il faut prélever la même
prime sur tout les clients pour des risques apparemment similaires ; le risque moral et la
sélection adverse compliquent les choses pour les compagnies d’assurance. Elles peuvent
refuser d’assurer quoi que ce soit ; ou prélever des primes si élevées que même des clients

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qui éprouvent de l’aversion pour le risque estiment qu’il y’a peu à gagner à contracter une
police d’assurance.

9. Ces concepts de risque moral et de sélection adverse sont très importants car ils ont permis
à certains économistes de justifier certaines formes d’assurances obligatoires comme les
cotisations de sécurité sociale ou les assurances voitures. Dans un tel contexte ; les individus à
faibles risques subventionneront toujours ceux à fort risques ; et contre leur adhésion ; mais la
suppression de l’obligation interdirait ; par exemple ; aux conducteurs à faible risque de
pouvoir souscrire une assurance et pourrait provoquer des
dépenses individuelles énormes en cas d’accident puisque faible risque ne
signifie pas absence de risque.

10. L’utilisation des signaux peut réduire les inefficacités causées par la sélection adverse.
Certains types de signaux ; comme les garanties présentées dans le cas des véhicules
d’occasions ; facilitent les échanges. Dans ce cas l’équilibre avec signaux est préférable à
l’équilibre sans signaux.

11. Les résultats d’équilibre sur un marché affecté par des problèmes de risque moral et/ou de
sélection adverse s’avèrent être inefficace. Cependant ; il faut être prudent quand on affirme
cela. La question à se poser est « inefficace » par rapport à quoi ?. L’équilibre sera toujours
inefficace par rapport à l’équilibre avec information imparfaite.

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Résumé :

12. A la fin des années soixante ; s’est développée une réflexion sur les limitations des
échanges entre agents économiques qui proviennent des problèmes d’information et plus
précisément d’asymétrie d’information c’est-à-dire de structures d’information différentes
entre les agents.
13. La « sélection adverse » a trait à des situations où un côté du marché ne peut pas
observer le « type » ou la qualité des biens situés de l’autre côté du marché. On parle parfois ;
dans ce cas ; d’un problème de « type caché ».
14. Les prix ne sont plus connaissances communes ou plus exactement les prix ne reflètent
plus la qualité en présence de la sélection adverse. On pense immédiatement aux vendeurs qui
connaissent parfaitement la qualité de leurs produits face à des acheteurs qui n’ont pas à priori
d’information sur celle-ci.
15. Le « risque moral » a trait à des situations où un côté du marché ne peut pas observer le
comportement de l’autre côté. On parle parfois ; dans ce cas ; d’un problème de
« comportement caché ».
16. La présence du risque moral fait apparaître des non convexités dans les préférences des
agents. En conséquence ; l’équilibre concurrentiel des marchés d’assurance peut ne pas exister
ou être inefficace. Dans un tel contexte ; l’utilisation de certains signaux qui sont en rapport
avec la détermination de la probabilité d’accident de l’individu peut réduire cette inefficacité
sans l’éliminer complètement.

17. V.N.M. ont établi une distinction entre information incomplète et information imparfaite.
- l’information
incomplète provient du fait que chaque agent ; ou joueur pour utiliser la terminologie de la

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théorie des jeux ; connaît ses caractéristiques ( préférences ; technologies….) mais ignore
celle des autres agents (joueurs). Ainsi les agents ont des informations différentes sur le jeu
avant de jouer.
- l’information imparfaite découle du fait que les agents ont des informations différentes
au cours du jeu. Un joueur peut ne pas savoir exactement comment le jeu se déroule ou
comment ses rivaux ont joué.

18. L’équilibre sur un marché où il y’a problème de comportement caché ; implique


généralement une forme de rationnement. Par contre ; à l’équilibre sur un marché où il y’a
problème de comportement de type caché ; il y’a généralement trop peu d’échange à cause de
l’externalité existant entre les « bons » et les « mauvais » types.

19. La mise en commun et le partage des risques permettent aux compagnies d’offrir une
assurance bon marché contre les risques importants. Mais ; quand il faut prélever la même
prime sur tout les clients pour des risques apparemment similaires ; le risque moral et la
sélection adverse compliquent les choses pour les compagnies d’assurance. Elles peuvent
refuser d’assurer quoi que ce soit ; ou prélever des primes si élevées que même des clients
qui éprouvent de l’aversion pour le risque estiment qu’il y’a peu à gagner à contracter une
police d’assurance.

20. Ces concepts de risque moral et de sélection adverse sont très importants car ils ont permis
à certains économistes de justifier certaines formes d’assurances obligatoires comme les
cotisations de sécurité sociale ou les assurances voitures. Dans un tel contexte ; les individus à
faibles risques subventionneront toujours ceux à fort risques ; et contre leur adhésion ; mais la
suppression de l’obligation interdirait ; par exemple ; aux conducteurs à faible risque de
pouvoir souscrire une assurance et pourrait provoquer des
dépenses individuelles énormes en cas d’accident puisque faible risque ne
signifie pas absence de risque.

21. L’utilisation des signaux peut réduire les inefficacités causées par la sélection adverse.
Certains types de signaux ; comme les garanties présentées dans le cas des véhicules
d’occasions ; facilitent les échanges. Dans ce cas l’équilibre avec signaux est préférable à

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l’équilibre sans signaux.

22. Les résultats d’équilibre sur un marché affecté par des problèmes de risque moral et/ou de
sélection adverse s’avèrent être inefficace. Cependant ; il faut être prudent quand on affirme
cela. La question à se poser est « inefficace » par rapport à quoi ?. L’équilibre sera toujours
inefficace par rapport à l’équilibre avec information imparfaite.

Questions :
Le risque moral est un problème :
 de type caché
 d’effort caché
 d’action cachée
 de comportement
 d’asymétrie informationnelle
 de non transparence de marché
 de divergence des intérêts
Le risque moral est:
 un problème d’asymétrie d’information expost
 un problème d’asymétrie d’information ex ante
 est à la source d’un comportement Opportuniste (individualiste)
 un problème de recherche de l’intérêt individuel au détriment de l’intérêt social
 un problème nécessitant l’intervention gouvernementale
Pour atténuer la mauvaise allocation des ressources causée par Le risque moral nous
pouvons utiliser:
 Une tarification dynamique
 Un contrat avec coassurance
 Un contrat avec une couverture complète du risque
 Un contrat différencié
 n contrat avec une couverture partielle du risque

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La sélection adverse est un problème :


 d’impossibilité de sélectionner du type de l’agent
 rencontré seulement sur le marché d’assurance
 rencontré sur tous les marchés
 qui peut conduire à une diminution de la taille de marché
 qui peut conduire à des allocations efficaces des ressources.
Pour atténuer la mauvaise allocation des ressources causée par la sélection adverse nous
pouvons utiliser:
 Une tarification dynamique
 Un contrat avec coassurance
 Un contrat avec une couverture complète du risque
 Un contrat différencié en fonction des primes seulement
 n contrat avec une couverture partielle du risque
 Un contrat différencié en fonction des primes et des quantités d’assurance achetées
Des problèmes de risque moral peuvent apparaître dans une relation contractuelle
a) Lorsque l’un des partenaires observe imparfaitement les caractéristiques de l’autre
partenaire
b) Lorsque l’un des partenaires observe imparfaitement les actions de l’autre partenaire
c) Lorsque l’un des partenaires n’est motivé que par ses seuls gains, sans autre considération
morale
Des problèmes d’anti sélection peuvent apparaître dans une relation contractuelle
a) Lorsque l’un des partenaires observe imparfaitement les caractéristiques de l’autre
partenaire
b) Lorsque l’un des partenaires observe imparfaitement les actions de l’autre partenaire
c) Lorsque l’un des partenaires n’est motivé que par ses seuls gains, sans autre considération
morale

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