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Fiche de lecture de Philosophie

Oeuvre choisie : L’Oeil et l’Esprit de Maurice Merleau Ponty

I) Auteur

Maurice Merleau Ponty est un philosophe français né en 1908 à Rochefort. Élève brillant, il
poursuit ses études au lycée Louis le Grand pour ensuite intégrer l'École Normale
Supérieure en philosophie. Il passe l’agrégation et devient professeur puis maître de
conférence en philosophie. Ses nombreuses contributions lui permettent d’accéder
rapidement à la chaire de philosophie du Collège de France. Il s’affirme politiquement en
tant qu’homme de gauche, en rejoignant l’UFD (Union des forces démocratiques) en 1958.
Ses œuvres majeures restent la Phénoménologie de la perception et Signes et ses sujets de
prédilection sont surtout axés autour de l’intersubjectivité, des sciences et des arts. Maurice
Merleau Ponty meurt en 1961, et « Il laisse une œuvre considérable, inachevée, et
singulièrement un livre auquel il travaillait et qui devait constituer son chef-d'œuvre : Le visible et
l'invisible » (D.Huisman).

II) Propos de l’oeuvre

L'œil et l’esprit constitue le dernier écrit fini de Maurice Merleau Ponty, interrogeant les
rapports entre la manière de voir les choses, l’imaginaire et la raison, tout en mettant en
parallèle certaines questions liées à l’art. Il distingue l’art de la science, et tente de montrer
que seule l’expérience vécue face à l'œuvre est celle qui compte. Les artistes et le rapport
qu’ils entretiennent face à la nature et la manière dont ils voient les choses du monde
amènent Merleau Ponty à s’interroger sur la nature même de l’art. On finit par comprendre
que le peintre n’est pas un être comme les autres, créant un monde et une représentation
qui transcendent l’esprit. La plupart des propos de l’auteur sont assez complexes
notamment lorsqu’il aborde le sujet de l’homme et de l’être de représentation.

III) Plan de l’oeuvre

Exergue

Chapitre 1 : Distinction art/science. Manière de percevoir de la science qui serait biaisée/


l’artiste possèderait une science secrète.

Chapitre 2 : Le peintre prend possession du réel/ il transcende l’être et donne une nouvelle
vision des choses du monde

Chapitres 3 et 4 : Ce qui est peint prend sa dimension onirique essentielle/ Le monde est
incarné grâce au geste du peintre. Selon Merleau Ponty, il n’y a pas de vision sans pensée.
La pensée du peintre est très importante et révèle l’intelligence de sa vision.
Chapitre 5 : Dans ce chapitre, le philosophe parle des œuvres et des questionnements qui
les entourent. La technique de la profondeur, la couleur… Ces choses permettent au peintre
comme au spectateur de s’ancrer dans le réel tout en s’en détachant. L’évolution des
techniques permet d’autant mieux de se rendre compte de l’évolution de la perception que
l’on a des œuvres et du monde.

IV) Lexique de l’oeuvre

Vision/perception :La philosophie de la perception est une branche de la philosophie de


l'esprit et de la philosophie de la connaissance qui tente de comprendre la nature des
expériences perceptives et la façon dont elles se rapportent aux croyances ou à la
connaissance du monde. Cette perception est selon l’auteur la base de toute interaction, en
particulier face aux œuvres.

expérience :Il s’agit de l’ensemble des états mentaux par lesquels un sujet conscient
acquiert de l'information issue de son environnement. Merleau Ponty parle notamment de
l'expérience du peintre, qui lui permet de se représenter le monde.

artiste/œuvre :La relation entre l’artiste et l’œuvre est définie par Merleau Ponty comme un
moyen de transcender le réel. L'artiste lui-même est, grâce à son expérience, ancré et à la
fois dans et hors le monde.

réel :Le réel est un concept ontologique qui désigne ce qui existe en dehors et
indépendamment de nous

V) Analyse d’extrait

Extrait choisi:

“Quand je vois à travers l’épaisseur de l’eau le carrelage au fond de la piscine, je ne le vois


pas malgré l’eau, les reflets, je les vois justement à travers eux, par eux. S’il n’y avait pas
ces distorsions, ces zébrures de soleil, si je voyais sans cette chair la géométrie du
carrelage, c’est alors que je cesserais de le voir comme il est, où il est, à savoir : plus loin
que tout lieu identique. L’eau elle-même, la puissance aqueuse, l’élément sirupeux et
miroitant, je ne peux pas dire qu’elle est dans l’espace ; elle n’est pas ailleurs, mais elle n’est
pas dans la piscine. Elle l’habite, elle s’y matérialise, elle n’y est pas contenue, et si je lève
les yeux vers l’écran des cyprès où joue le réseau des reflets, je ne puis contester que l’eau
le visite aussi, ou du moins y envoie son essence active et vivante.”

Analyse :

Dans ce passage Merleau-Ponty dit que les choses n’existent pas de manière objective.
Elles existent uniquement par le biais de notre conscience. Le philosophe explique que
quand nous nous penchons au-dessus d’une piscine, les déformations que l'eau opère sur
notre vision du carrelage ne sont pas un obstacle à notre perception. Il invite à ne plus
penser en termes d'entités indépendantes, mais à faire comprendre que les choses sont
interdépendantes. Le monde et les choses qui le constituent existent grâce au prisme de
notre conscience.

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