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V1 : année 2017

M2 – Bétons modernes

Les bétons modernes


Master 2 Génie Civil

Jean-Michel MECHLING
jean-michel.mechling@univ-lorraine.fr
IJL / Equipe Matériaux pour le Génie Civil
Bureau 671, Atelier Génie Civil, IUT de Nancy-Brabois
Dpt Génie Civil, IUT de Nancy-Brabois, J.-M. Mechling
Plan du cours

M2 – Bétons modernes

Formuler un béton,
en vue de sa durabilité (CM : 3,5 heures)

1 – De la pâte de ciment au béton

11 – Propriétés des constituants vis-à-vis de la durabilité


12 – Paramètres majeurs agissant directement sur la durabilité

2 – Structure de la pâte de ciment durci et transport de matière

21 – Structure poreuse
22 – Transport de matière : perméabilité et diffusion
23 – Influence de la formulation sur la porosité de la pâte de ciment durci

3 – Les principales pathologies des bétons


31 – Carbonatation de la Portlandite et des CSH
32 – Attaques sulfatiques externes et internes
33 – Réaction alcali-granulat
34 – Gel / Dégel

4 – La norme EN206-1 et la durabilité des bétons

Dpt Génie Civil, IUT de Nancy-Brabois, J.-M. Mechling


2 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

Les granulats :
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Ils constituent 2/3 à 3/4 du volume du béton


Ils forment le squelette granulaire qui doit être optimisé pour présenter une
compacité maximale
Le contrôle de leur minéralogie est importante afin d’éviter l’apport intempestif de
minéraux siliceux réactifs (opale, etc.), de minéraux argileux, ou de minéraux
susceptibles de libérer des ions SO4-, Cl-, ou des alcalins (K+, Na+)
Les granulats ne doivent pas être gélifs
Les granulats doivent répondre aux spécifications normatives qui les classent
suivant les catégories A, B, C et D.
Catégorie (selon NF XP P 18-545)
Utilisation
A B C D
Oui si Ab de
Environnements agressifs 0ui Non
catégorie A

Bétons et OA de Oui pour Maxi deux cara. Indicées C ou


0ui
résistance > 35 MPa certaines cara. D après étude ou référence

Maxi deux cara.


Béton courant 0ui
indicées D

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3 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

Le ciment :
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Il représente environ 10 à 12% du volume de la plupart des bétons de structure


Les principales utilisations des ciments normalisés sont les suivantes :

Classe de résistance 32.5 42.5 52.5


CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM CEM
Désignation CEM I
I II III IV V I II III IV V
Maçonnerie x x x x
Bétons courants (non ou peu
x x x x x
armés)
Bétons armés fortement
x x x x x x x x x x
sollicités
Produits préfabriqués x x x x x x

Bétons précontraints x x x x x

Résistances exceptionnelles x x x

Stabilisation des sols x x x

Bétons routiers x x x x x x

Bétons en grande masse x x x

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4 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

M2 – Bétons modernes

Obtenu par cuisson d’un mélange de calcaire (80%) et d’argiles (20%), les 4 phases
principales du clinker sont :

C3S 50à 70 %
C2S 20 % + C$H2, régulateur de prise,
clinker
C3A 8% CaCO3 et agents de mouture
C4AF 10 %

L’analyse élémentaire classique (par Fluorescence X) d’un CEM I (95% de clinker)


ne se limite pas à la présence de CaO, SiO2, Al2O3 et FeO et SO42-

SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 K2O Na2O P2O5 SrO TiO2 MnO

«E» 22.0 4.2 0.3 66.8 0.6 2.7 0.1 0.00 0.06 0.15 0.20 0.00

«G» 21.5 3.6 4.1 63.4 2.0 2.4 0.5 0.12 0.30 0.15 0.4 0.06

Remarque : Na O = Na O + 0,658 K O
2 éq. 2 2

Il y a aussi d’autres éléments en quantité non négligeable, dont des alcalins…


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5 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

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C3S

C4AF et C3A CH

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6 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

L’hydratation du ciment se déroule de la manière suivante :


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1 - Période initiale

[1] 2 3 5 +6 2 →6 2+
+8 −
+2 2
2−
4
[2] 2 2
2−
4 +3 2+
+2 −
+2 2 → 3 2 7 2, 3 2

Dissolution très rapide et exothermique


de C3S, pH ≈ 12,8
Compétition entre la précipitation de CH
et CSH, qui l’emporte car [Si4+] est
suffisamment élevé aux premiers instants
de la réaction …
Cependant, la teneur en Ca2+
augmente fortement

C3A et C$,H2 se dissolvent très


rapidement pour former AFt
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7 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

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2 - Période dite « dormante »

[3]
3 +3 , 2 + 26 → 6 3 32

[4] 6 2+
+2 −
2 +3 2−
4 +4 −
+ 29 2 → 2 6 2 2 4 3 , 25 2
Pendant 1 à qq. heures : poursuite des réactions précédentes
La teneur en Ca2+ augmente encore et devient très sursaturée
C3A ne peut former directement des aluminates hydratés (réaction autocatalytique)
car le gypse est là pour réguler la prise
Une teneur trop élevée en C3A dans le ciment peut diminuer un peu le temps de
prise…

3 - Période de prise
Précipitation de CH qui consomme Ca2+ … et OH-
Ré-accélération des réactions [1] et [2] avec second pic de chaleur
Apparition d’hydrates qui s’enchevêtrent et font durcir le mélange
Début de prise ≈ 5% du taux de réaction ; 30% ≈ maximum de la courbe de flux
thermique
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8 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

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4 - Période de durcissement
La couche d’hydrates formés ralentit la diffusion des ions et de l’eau
L’hydratation se ralentit de plus en plus mais se poursuit… tant qu’il y a de l’eau et
du ciment anhydre dans les pores capillaires
La résistance mécanique s’améliore de façon progressive
Entre 10h et 24h, C$ est totalement consommé [3] … AFt va donc se dissoudre et
libérer $ qui va réagir avec les aluminates excédentaires pour former AFm [6]

[5] 4 +2 + +4 + 19 → , 15
2+ − 2− −
2 4 2 2 6 2 4 2

[6] 6 3 32 + 3 +4 →3 4 12

C4AF réagit aussi durant cette période


C2S réagit de façon similaire à C3S, mais bien plus lentement encore

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9 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

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Conversion de la phase AFt en phase AFm

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10 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

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L’air :
Inévitable dans les bétons (1 à 1,5% du mélange)
Présence de microbulles : indispensable pour protéger du gel

Les fillers :

Rôle physique (amélioration du squelette granulaire)


Rôle chimique (participation aux réactions d’hydratation)
– pouzzolanes et cendres volantes, fumées de silice, fillers calcaires

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11 1 - De la pâte de ciment au béton 11 – Les constituants des bétons

Les adjuvants :
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Produits dont l'incorporation à faible dose dans le béton, le mortier ou le


coulis, modifient certaines propriétés, à l'état frais ou durci.
Action ± proportionnelle au dosage ; - à utiliser à faible dose (<5% de C)
- disperser dans l'eau de gâchage.

Chaque adjuvant est caractérisé par Exemple


 une fonction principale : PLASTIFIANT
 une ou plusieurs fonctions secondaires : HYDROFUGE
 un ou plusieurs effets secondaires éventuels : RETARDATEUR

Pour tout usage, faire des essais préalables

Les applications des adjuvants sont nombreuses (accélération / retard de


prise, augmentation de la fluidité, produits de cure, etc.)
Les superplastifiants et les entraîneurs d’air ont un intérêt certain pour
augmenter la durabilité des bétons.

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12 1 - De la pâte de ciment au béton 12 – Les paramètres majeurs…

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Optimisation du squelette granulaire :


Les granulats sont généralement moins perméables que la pâte de ciment durcie
Méthodes empiriques (Dreux-Gorisse; Faury; Baron-Lesage; utilisation de fuseaux…)

Dosage et choix du type de ciment :


cf. suite du cours

Rapport E/C :
Conditionne : - fluidité à l’état frais; structure de la pâte durcie (durabilité); propriétés
mécaniques (Rc, Rt, Em,…. retrait)

Air occlus :
Altère la résistance du mélange
Meilleure résistance aux effets du gel

Les performances mécaniques:


Elles sont l’aboutissement des paramètres précédents…
Diverses façons d’anticiper les valeurs obtenues à une échéance donnée

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13 1 - De la pâte de ciment au béton 12 – Les paramètres majeurs…

= . ′ " − 0,5%
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#
Bolomey :
0,35 < G < 0,65 ; 1,5 < C/E < 2,5

' 2
= &. " %
' + '( + '
Féret :
K = cste dépendante du ciment et des granulats

= 147 × 0,0779
(⁄
Abrams :

Bétonlab :
' 2,85
3 3∗
+ = 13,4. ′28 " % . #-. −0,13 #-. = /, 12 − 15
,
' + '( + ' 3
0
avec

6. + ,
+ =
7. + , + 1

p : adhérence pâte / granulat


q : effet limitant du granulat
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14 2 – Structure de la pâte de ciment durci 21 – Structure poreuse

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8' <(=
6=;=
air + eau

89:9 granulats + hydrates + anhydres + … vides

3 types de pores :

Interconnectés (= transport / perméabilité)


Isolés
Bras morts (=accessibles aux fluides
externes mais pas de transport)

81 + 83
6' =
89:9
La porosité ouverte, pv :

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15 2 – Structure de la pâte de ciment durci 21 – Structure poreuse

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La surface spécifique S

La connectivité C : C = b – n + 1
avec b = nombre de branches
n = nombre de noeuds

La tortuosité T : T = (Le / L)2


avec Le, la longueur moyenne des
lignes de courant d’un fluide traversant le
matériau de longueur L

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16 2 – Structure de la pâte de ciment durci 21 – Structure poreuse

M2 – Bétons modernes

Les propriétés de transfert dans les


matériaux poreux dépendent de la
distribution de la taille des pores c’est-
à-dire la répartition porosimétrique

La Loi de Laplace relie le diamètre des pores cylindriques d, à la pression P d’injection

< = 4 . cos ΘB.


d’un liquide (Hg par exemple)
avec σ : tension superficielle du fluide
Θ : angle de mouillage

Problèmes de la porosimétrie Hg :
- pores circulaires (!!? …) ;
- dimensions mesurées correspondent aux canaux d’accès ;
- dessication des échantillons et pression exercée…
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17 2 – Structure de la pâte de ciment durci 21 – Structure poreuse

M2 – Bétons modernes

Une autre façon d’aborder la porosité ouverte des mélanges est de chercher à
quantifier la perméabilité.
Les perméabilités à l’eau et/ou à l’air des bétons peuvent effectivement être
mesurées directement sur des échantillons de bétons ou de mortiers
Perméabilimètre à air,
type CEMBURO

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18 2 – Structure de la pâte de ciment durci 21 – Structure poreuse

M2 – Bétons modernes

Les perméabilités à l’eau et/ou à l’air des bétons peuvent également être mesurées
directement sur des échantillons de bétons ou de mortiers

Perméabilimètre à eau
(mesure de la profondeur de
pénétration de l’eau sous
pression)

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19 2 – Structure de la pâte de ciment durci 21 – Structure poreuse

M2 – Bétons modernes

Les perméabilités à l’eau et/ou à l’air des bétons peuvent également être mesurées
directement sur des échantillons de bétons ou de mortiers

Perméabilimètre à eau
(Mesure de la perméabilité
totale sur le principe
relation de la relation de
« Darcy »)

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20 2 – Structure de la pâte de ciment durci
22 – Transport de matière : perméabilité et diffusion

Perméabilité ( = écoulement d’eau interstitielle) :


M2 – Bétons modernes

Béton soumis à un gradient hydraulique


Béton saturé soumis à une dessiccation
Ascension capillaire à l’état sec
Béton frais en cours de tassement (ressuage) ou de retrait plastique

Diffusion ( = phase liquide ou gazeuse dans béton non saturé) :

Interaction eau – milieu poreux :


Air humide -> surfaces solides recouvertes par H2O (liaisons chimiques = adsorbption
chimique // liaisons intermoléculaires type Van der Waals = liaisons physiques)

. 2 - cos D
; =−
.= E CF 7
Equation de Kelvin-Laplace :
9 ,C
(pore cylindrique de rayon r)

avec : P et Psat,T les pressions du gaz et de saturation de celui-ci ( à T) ; σe la tension


superficielle du liquide ; M, sa masse molaire ; ρliq, sa masse volumique ;
θ, l’angle de mouillage, R, constante des gaz parfaits ; T, température en °K

Les isothermes d’adsorption permettent d’étudier les milieux poreux


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21 2 – Structure de la pâte de ciment durci
22 – Transport de matière : perméabilité et diffusion
M2 – Bétons modernes

Les étapes de l’adsorption physique


dans un pore tubulaire
r : rayon pore - ea : ép. adsorbée -
rk : rayon ménisque à HRs
P0 : pression atmosphérique - Pl :
pression liquide

Relation : condensation capillaire – taille des pores, Loi de Kelvin-Laplace


2 - cos D
EG = E − ( = −
CF 7 ln
Exemple : HR 60%, T 20°C
les pores de rayon < rk sont saturés (≈0,02µm)
les autres sont partiellement remplis par condensation capillaire

Les matériaux poreux en équilibre avec l’air contiennent de l’eau liquide, et ceci d’autant plus que
leurs pores sont très petits ou que HR est élevée

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22 2 – Structure de la pâte de ciment durci
22 – Transport de matière : perméabilité et diffusion
M2 – Bétons modernes

Hystérésis ≈ communications
étroites entre pores

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23 2 – Structure de la pâte de ciment durci
22 – Transport de matière : perméabilité et diffusion
M2 – Bétons modernes

Transport à l’échelle du pore :

Ecoulement de l’eau sous gradient hydraulique (relation de Poiseuille pour r > qq nm)

Δ.
J = K. E 4 B8L .
N avec : µ, la viscosité dynamique ; L, longueur du pore (cylindrique)

vitesse de l’eau ≈ r2 (v = Q/π.r2) … taille primordiale des pores !

Transport par diffusion (loi de Fick)

<
O0 = −/+ .
<0 avec : Jx, le flux de constituants dans la direction x

r n’a pas rôle dans la vitesse de diffusion, s’il est grand par rapport au libre
parcours moyen des molécules

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24 2 – Structure de la pâte de ciment durci
22 – Transport de matière : perméabilité et diffusion
M2 – Bétons modernes

Transport à l’échelle du matériaux poreux :

Transport par écoulement hydraulique laminaire (relation de Darcy)


dP
J = − & BL . .
<R avec : K, perméabilité en m2, µ, la viscosité dynamique

<
Transport par diffusion (loi de Fick)

O0 = −/ .
<0 avec : Jx, le flux de constituants dans la direction x

6
/ = /. S.
où C
τ, constrictivité ; T, tortuosité ; p, porosité

La progression de la pénétration par diffusion se fait par une loi liée à √9


Il existe donc une loi entre le temps et le carré de la distance

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25 2 – Structure de la pâte de ciment durci
23 – Influence de la formulation sur la porosité
M2 – Bétons modernes

Rôle du E/C sur la porosité et la perméabilité

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26 2 – Structure de la pâte de ciment durci
23 – Influence de la formulation sur la porosité
M2 – Bétons modernes

Rôle du E/C sur la porosité

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27 2 – Structure de la pâte de ciment durci
23 – Influence de la formulation sur la porosité
M2 – Bétons modernes

Rôles 1 - du degré d’hydratation dans le temps et 2 - de la cure humide

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28 3 – Les principales pathologies des bétons

M2 – Bétons modernes

Les différentes agressions possibles

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29 3 – Les principales pathologies des bétons
31 – Carbonatation de la Portlandite et des CSH
M2 – Bétons modernes

Degrés d’oxydation du fer, passivation ou corrosion des aciers d’armature

La zone (a) correspond au


domaine d’immunité dans le cas où le
matériau métallique est l'espèce stable.
La zone (b) correspond à un
passage en solution des ions métalliques.
Fe2+ La zone (c) correspond à la
précipitation d'un composé sur le métal.
Le domaine de stabilité de l'eau
Fe2O3 est limité par les réactions d'oxydation ou de
réduction de l'eau (formation d'oxygène ou
Fe d'hydrogène).

pH du béton sain ≈ 13 , pH du béton carbonaté ≈ 8,5


Augmentation de volume ( x2 à x7) liée aux produits de corrosion et perte
d’adhérence pcd - armature
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30 3 – Les principales pathologies des bétons
31 – Carbonatation de la Portlandite et des CSH
M2 – Bétons modernes

Le CO2 pénètre dans le réseau du béton de deux façons


- phase liquide (transfert d’eau chargée en CO2)
- phase gazeuse (si réseau accessible et non saturé)

Mécanismes en cause (en phase liquide) :


Dissolution du CO2 Déstabilisation de la Portlandite

2 + 2 ↔ 2 3 ↔ 2+
+2 −
2
+ −
↔ −
+ 2+
+ 2−

2 3 3 2
3 3

3 + −
↔ 2−
3 + 2

Réactions simplifiées

2 + 2 ↔ 3 + 2

2 3 + . 2. ; 2 ↔ 3 + 2.; 2 + 2
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31 3 – Les principales pathologies des bétons
31 – Carbonatation de la Portlandite et des CSH
M2 – Bétons modernes

La carbonatation de la pâte de ciment durci se traduit par une légère augmentation


de la masse du mélange
La Calcite formée entraîne également une légère augmentation de volume,
responsable de la fermeture des pores… d’où une légère progression de Rc.
La carbonatation induit la formation d’une couche de « calcin » (« =peau du béton…)
protectrice, si le phénomène est limité et n’atteint pas les armatures

La profondeur de la carbonatation est liée au temps t par la relation :

0V = 0VW + & 9

avec : xc, épaisseur carbonatée en mm


xco, épaisseur carbonatée initiale en mm
K, coefficient qui dépend des caractéristiques du béton (E/C, etc) et des conditions
environnementales

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32 3 – Les principales pathologies des bétons
32 – Attaques sulfatiques externes et internes
M2 – Bétons modernes

Origines des sulfates :


- externes au béton
sols gypse, pyrite
eau eaux sulfatiques
atmosphère H2S, SO2

- internes au béton
eau de gâchage
ciment
granulats

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33 3 – Les principales pathologies des bétons
32 – Attaques sulfatiques externes et internes
M2 – Bétons modernes

Attaque sulfatique externe

eau agressive + Portlandite gypse secondaire


gypse secondaire + C3A AFt secondaire (et expansion !)

Fissuration externe des bétons puis accentuation du phénomène

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34 3 – Les principales pathologies des bétons
32 – Attaques sulfatiques externes et internes
M2 – Bétons modernes

Attaque sulfatique interne (DEF = Delayed Ettringite Formation)

3 conditions sont couramment nécessaires pour enclencher le phénomène

Défaut de drainage
Zone de marnage
Environnement Défaut d’étanchéité
humide

DEF
Température Nature
élevée du ciment
Aluminates
Pièces massives Sulfates
Bétonnage en été Alcalins
Pièces préfabriquées (étuvées) Ciment exothermique

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35 3 – Les principales pathologies des bétons
32 – Attaques sulfatiques externes et internes
M2 – Bétons modernes

La DEF entraîne un gonflement du béton à cœur avec formation Aft assez


massive
et une fissuration / faïençage des parements

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36 3 – Les principales pathologies des bétons
32 – Attaques sulfatiques externes et internes
M2 – Bétons modernes

Les paramètres principaux qui influencent la DEF (RSI) :

La température de cure du béton :


– température maximale critique > 65 à 70°C,
– durée du maintien en température
L’exposition à l’eau :
- HR supérieure à 85 ou 90%
- environnement favorable à la lixiviation des alcalins (cycles eau : séchage)
- création complémentaire d’une classe XH par rapport à EN206 (LCPC 2007)
Le ciment :
- apport en sulfates et aluminates, S/A > 0,7 = risque ?
- apport en alcalins, Na2Oéq.>1% = risque
Les caractéristiques des granulats ;
Les vides dans le béton (porosité, perméabilité et … E/C) ;
Microfissuration préexistante.

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37 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

Réaction entre les alcalins et la silice (généralement amorphe) des granulats


3 conditions sont nécessaires pour enclencher le phénomène

Défaut de drainage
Zone de marnage
Environnement Défaut d’étanchéité
humide

RAG
Alcalins Granulats
solubles Réactifs
Gneiss
Granite
Teneur en alcalins élevée, Calcaires, Dolomite
essentiellement apportés
par le ciment (Na2O et K2O)
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38 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

Apparition de désordres 2 à 5 ans après la construction (parfois beaucoup plus)


La RAG se caractérise par :
- une fissuration en réseau et un faïençage
- une fissuration orientée
- mouvements et déformations des pièces de béton
- rupture des armatures
- coloration des parements

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39 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

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40 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

Aperçu des modèles de mécanismes réactionnels :

Hypothèse du processus topochimique

Modèle de DENT-GLASSER et KATOA, 1981

1 - Ionisation des groupes silanols


≡ − −
+ −
→ ≡ − −
+ 2

≡ − − ≡ + → ≡ − + ≡ −
2 - Coupure des ponts siloxanes
− −

≡ − −
+ Y +
→ ≡ − −Y
3 - Neutralisation des sites ionisés par les alcalins

à pH = 10,9 : 1/4 des silanols ionisés


à pH = 11,2 : 1/2 des silanols ionisés

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41 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

Aperçu des modèles de mécanismes réactionnels:


Modèle de POOL, 1992
Reprise du modèle précédent …
Substitution des ions Ca2+ aux ions Na+ par échange cationique
Double rôle de la chaux : 1 – apport de Ca2+
2 – apport de OH-

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42 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

Aperçu des modèles de mécanismes réactionnels :


Hypothèse de la dissolution – précipitation
Modèle de DRON, 1990
Mise en solution de la silice par coupure des ponts siloxanes (processus
topochimique)

Précipitation dans la solution interstitielle après


passage à l’état ionique des espèces nécessaires

En définitive … :
Mise en attaque / dissolution de la silice
2 2 + 2 −
→ 2 −
5B + 2
2

1

+ + −
→ 2−
5B
2 2 2 2 4

Formation de gels secondaires :


- silico-alcalins (internes au granulat, plutôt fluides) (TAYLOR, 1997
- silico-calco-alcalins (externes au granulat, plutôt visqueux) HORNAIN, 1999)

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43 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

Les paramètres qui influencent le gonflement :

Les granulats – structure (degré de cristallisation, présence d’alcalins mobilisables)


– texture (granularité, microporosité et microfissuration)
La solution intersticielle (eau de gâchage en excès/ hydratation, riche en hydroxydes
alcalins)
Le réservoir de Portlandite (rôle important dans la diffusion de la silice et donc le
gonflement, selon CHATERJI, )

L’effet pessimum (non systématique) :

A – pas assez de produits néo-formés


B – excès d’alcalins, gonflement en fonction de la quantité
disponible de silice réactive
C – excès de silice réactive, le gonflement cesse avec
l’épuisement des alcalins
D – excès absolu de silice et réactivité ultra-élevée et donc
rapide avant que le béton ne durcisse. Après le
durcissement, les réactions résiduelles n’ont plus
d’effets délétères sur le béton.
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44 3 – Les principales pathologies des bétons
33 – Réaction alcali- granulat
M2 – Bétons modernes

La normalisation

Recommandations pour la
prévention des désordres dûs à
l’alcali-réaction (LCPC - 1ère version
en 1994)

XP P 18-594 « Méthodes d’essai


de réactivité aux alcalis » (février
1994)

etc …

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45

Évolution de l'expansion des mortiers des différents GBR gravillons en


M2 – Bétons modernes

fonction du C/G Tests de gonflement sur


Lyon - Protocole 1 Strasbourg - Protocole 1 Lille - Protocole 1 Paris 4/10 - Protocole 1 éprouvette 4x4x16 de mortier
0,4
0,38 « P 18 -594, §5.1 »
0,35

0,30
0,3
0,29 0,27

0,25
Expansion (%)

0,22
0,21
0,2
0,20 0,19
0,19 0,16
0,17
0,15
0,14 seuil

0,1

0,05

0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
C/G
2,5

SiO2 / Na2O
Lille Stb
Dosages ICP
Prs 4/10 Prs 10/20
2
Lyn

1,48
1,5
1,41
PRP PR
1
1,04 (Lille- brique)

0,65
(Paris 10/20 - granulat) 0,46
0,5
0,30
NR
Essai de silice soluble 0 0,02
0,02
« P 18-594 §5.3 » 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
0,02 (Paris 10/20 - pâte) Durée de l'essai (heures)
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46 3 – Les principales pathologies des bétons
34 – Gel - dégel
M2 – Bétons modernes

Le gel entraîne une augmentation du volume de l’eau de 9%


Ils se manifestent par une fissuration et un éclatement interne du béton (gel sévère)
ou un écaillage des bétons (gel modéré)
La vitesse de refroidissement du béton et le degré de saturation de ce dernier ont
des rôles primordiaux, en jouant sur les flux d’eau libre à l’intérieur des pores
Cause principale des désordres liés au gel-dégel : surpressions internes causées
par la formation de la glace d’eau dans les grands pores (d’où une redistribution de
l’eau dans la porosité engendré par une migration de l’eau non gelée des pores fins
vers les sites de formation de glace)
Les problèmes de durabilité des bétons liés au gel-dégel peuvent également être
amplifiés par la présence des sels de déverglaçage (accroissement des pressions
osmotiques et sur-refroidissement du béton proche de la surface lié à la fusion de
la glace de le peau du béton engendrée par le salage)

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47 4 – EN 206 et prévention des pathologies

M2 – Bétons modernes

En fonction des différentes classes d’environnement, la norme prévoit des


prescriptions destinées à prévenir certains désordres.
Les paramètres sur lesquels la norme s’appuie sont notamment :

- dosage en ciment mini et E/C maxi


- dosage maxi en filler réactifs
- bilan en Na2O équivalent
- Bilan en Cl-
- introduction de micro-bulles d’air, teneur en air occlus

Au-delà de 3kg de Na2Oéq. / m3 il est recommandé de lancer des essais de


durabilité vis-à-vis de la RAG sur la formule de béton ! …

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48 Bibliographie non exhaustive !!

M2 – Bétons modernes

La durabilité des bétons, sous la direction de J. Baron et J-P. Ollivier, Presses de


l’ENPC, 1992, 453p. ISBN 2-85978-184-6

La réaction alcali-silice : approche cinétique et mécanismes d’expansion, Thèse de


doctorat, Jérémie RICHE, avril 2003, Université des Sciences et Technologies de
Lille, 211p.

Contribution à la connaissance de la réaction sulfatique interne, Thèse de doctorat,


Nordine LEKLOU, décembre 2008, Université Paul Sabatier, Toulouse III, 210p.

Techniques de l’Ingénieur
- Réaction sulfatique interne dans les structures en béton - Mécanisme,
pathologie et prévention, Bruno GODART, Loïc DIVET, c2254, 2009

- Alcali-réaction dans les structures en béton - Mécanisme, pathologie et


prévention, Bruno GODART, André LE ROUX, c2252, 2008

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