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Comportement d'un muret en bloc de terre comprimée sollicité en


compression simple

Conference Paper · January 2000

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Jean-Claude Morel Mahmoud Ali Ali Mesbah


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Comportement d’un muret en bloc de terre comprimée sollicité en
compression simple.

J.C. MOREL, A. P’KLA* et A. MESBAH

Laboratoire GéoMatériaux
Ecole Nationale Des Travaux Publics de l’Etat
(LGM- ENTPE), France

Résumé : La résistance mécanique des structures en blocs de terre comprimée (BTC) a été peu étudiée. La
majorité des études de maçonnerie portent sur les structures en maçonnerie classique, en blocs de terre cuite et
en blocs de béton. A la suite des travaux déjà commencés à l’ENTPE de Lyon, cet article présente et analyse les
récents résultats obtenus sur mur en blocs de terre comprimée sollicité en compression simple. C’est un travail
qui doit apporter des données relatives à différents types de maçonnerie en BTC permettant d’étudier plus tard
l’application de la formule de l’Eurocode 6 à ces types de constructions.
Dans cet article il s’agira de décrire le comportement général d’un muret de BTC de 1 m 2 environ en
compression simple.

Mots clés : murs, blocs de terre, fissuration, rupture, module de Young

1. Introduction

Les normes de dimensionnement de maçonnerie sont toutes basées sur les essais menés sur panneaux
de blocs de terre cuite, en blocs de béton ou en blocs de maçonnerie classique composé de blocs en
sable ciment. L’application de ces normes aux maçonneries en blocs de terre n’est pas possible.
Ces blocs en terre comprimée sont pourtant utilisés de nos jours surtout dans les pays moins nantis où
ils sont considérés plus économiques. Cependant il exixste des réalisations importantes dans les pays
développés comme par exemple la construction d’un village de terre à l’Isle d’Abeau (Actualité de la
construction de terre en France 1982).
Les travaux sur la détermination des propriétés mécaniques de ces blocs sont plus nombreux. On
citera les travaux sur les composantes de la maçonnerie et leur interface (Madhava Rao et al 1996 ;
Walker and T. Stace 1997 ; Walker 1999 ). Il existe même une norme ORAN qui bien que sommaire
permet de dégager le processus normatif.
Les tests sur ces maçonneries en blocs de terre proprement dit ont été très peu réalisés. On notera les
études de P. Walker (1995) sur la maçonnerie soumise à différents chargements (charge concentrique,
compression monoaxiale). Des simulations numériques par éléments finis de muret en terre soumis en
compression simple ont été initiées à l’ENTPE (Fouillet 1994 ; Olivier 1994 ; Pawlick 1995 ).
Cet article analyse le comportement des murs en BTC sollicités sous compression simple.
Une présentation des matériaux utilisés dans un premier temps sera suivie de la description du
dispositif expérimental et de l’exposition des premiers résultats obtenus.

2. Matériaux utilisés

2.1 Les blocs (BTC)


Les blocs utilisés pour la confection des murs sont de dimensions 29,5x14x10cm3. Ils proviennent
d’une terre argileuse de type kaolinite comprimée à l’aide d’une presse manuelle, la Géo 50. La force
de compactage est estimée à 2MPa et la masse volumique des blocs est de 1.82kg/dm3. Les résistances
mécaniques obtenues selon la procédure exposée dans sont exposées dans le tableau 1.

2.2 Le mortier
C’est un mortier à base de terre utilisée pour la fabrication des blocs, mélangée avec du ciment (8%
en poids sec de terre). Les résistances mécaniques (tableau 1) sont obtenues sur des cylindres de
diamètre 70mm et d’élancement 2 après 28 jours et sous cure spéciale (Karafi 1999).

1
3. Procédure expérimentale

3.1. Construction du mur


Le mur est construit dans un système de coffrage en vue d’assurer sa verticalité. Il s’agit d’un coffrage
réalisé avec du contre-plaqué backélisé et démontable juste après la construction du mur. L’huile de
décoffrage est passé sur le coffrage afin de faciliter le démontage.
Le mur est construit sur un plateau d’acier en U. Entre le plateau et la base inférieure du mur est placé
une bande de caoutchouc dont la surface de contact avec le plateau est passée la graisse de silicone.
Ceci constitue le système d’anti-frettage utilisé. Le même système sera placé à la surface supérieure du
mur entre le plateau supérieur de la presse et la surface supérieure du mur.
Juste après sa construction, le panneau est couvert d’un film plastique de façon à éviter une
dessiccation trop rapide du mortier et d’assurer une prise normale. Les dimensions du mur sont de
920x920x140mm3.
Au moment de l’essai (au moins 21jour après la construction du mur), un cadre est fixé à la base en U
et l’ensemble est soulevé puis posé sur la presse. La base en U est dimensionnée de façon à limiter la
flèche maximale du mur (P’kla 1998)
Cette procédure évite de construire directement le mur sur la presse et d’attendre 21jours pour réaliser
un seul essai. La conséquence directe consiste à tester un maximum de mur en un temps assez court.
Les murs qui sont à tester le sont dès lors construits dans des conditions identiques, conservés et testés
dans les mêmes conditions. Les résultats peuvent ainsi êtres comparables.

3.2. La presse
Il s’agit d’une presse biaxiale hydraulique à 2 vérins verticaux et 2 vérins horizontaux préalablement
utilisée par Shaan (1986) pour les travaux sur la modélisation des panneaux en terre cuite. Les vérins
de la presse sont actionnés par de l’huile. Seuls les vérins verticaux sont utilisés pour la compression
mono-axiale et sont susceptibles de fournir une force maximale de 365kN.

3.3. Instrumentation
Les déformations du mur sont mesurées à l’aide des capteurs potentiométriques fixés sur le mur (El
Gharbi 1991) mais prolongés par des tiges d’aluminium. Ces tiges s’appuient sur des cales aussi fixés
au mur par des vis et de la colle. La force de compression mesurée est celle fournie par les capteurs de
pressions d’huile placée au niveau des vérins.
La presse est pilotée par un ordinateur qui permet par l’acquisition et l’enregistrement des données.

4. Présentation des résultats

les essais sont pilotés à une vitesse de 1kN/s. C’est une vitesse qui permet de remarquer les débuts de
l’apparition des fissures.
Nous allons ici présenter les tests sur 3 murs identiques avec des composantes dont les propriétés
mécaniques sont présentées au tableau 1. La présentation des résultats consistera en une description
générale des courbes contrainte - déformation suivie de la détermination des caractéristiques
mécaniques du mur.

4.1 Comportement général des murs


Avant les essais, on notait de légères fissures aux interfaces qui traversent à la fois les blocs et le
mortier conséquence des mouvements de retrait très important du mortier associé à une forte
adhérence bloc - mortier. Ces micro fissures peuvent se révéler préjudiciables à la résistance globale
du mur. Par conséquent, 8% de ciment dans le mortier (dans le cas spécifique de la terre utilisée)
semblent excédentaire pour les blocs utilisés. Une observation faite sur des murs confectionnés avec
les mêmes types de blocs et un mortier dosé à 4% de ciment est satisfaisante. Le retrait y est moins
important, pas de décollement le long des joints et les micro fissures moins importantes.

2
Résistance en Résitance en traction
compression (N/mm²) (N/mm²)
Blocs 1.80 0.17
Mortier(8% de 0.46 0.10
ciment CPA55)
Tableau 1 : Propriétés mécaniques des blocs et du mortier

Contrainte Contrainte Rapport (contr. Déformation Pseudo Module de


fissure(N/mm²) rupture Fiss / contr rupt) verticale à la Young (N/mm²)
(N/mm²) (%) rupture(%)
Mur1 0.80 0.90 89 0.20 350
Mur2 0.87 1.10 80 0.31 270
Mur3 0.70 0.87 80 0.30 250
Tableau 2 : Résultats des essais sur les murs

Résistance moyenne Résistance selon l’EC6 (N/mm²)


expérimentale des murs(N/mm²)
Murs (blocs bruts + mortier à 0.79 0.7
8% ciment)
Tableau 3 : Comparaison expérience et EC 6

1,25 1,25

1 1 mur2
mur2
contrainte(N/mm²)
contrainte(N/mm²)

0,75 mur1 0,75 mur1 mur3

0,5 mur3 0,5

0,25 0,25

0 0
0 0,25 0,5 0,75 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2
déformation verticale(%) déformation horizontale(%)

Figure 1 : contrainte déformation verticale Figure 2 : contrainte déformation horizontale

0,1 mur2
mur3
deformation horizontale(%)

0,075 mur1

0,05

0,025

0
0 0,25 0,5

déformation verticale(%)

Figure 3 : disposition des capteur de déplacement Figure 4 : Relation déformation horizontale - déformation verticale

3
Les figures 1 et 2 montrent une allure générale des courbes contrainte – déformation verticale et
horizontale des murs testés. Ces courbes sont des moyennes des quatre capteurs verticaux et
horizontaux fixés sur chaque mur et qui présentent des courbes. La faible disparité entre les courbes
contrainte – déformation des 3 murs identiques prouve la répétabilité des essais et la fiabilité de
résultats.
Les courbes contrainte - déformation verticale débutent par une partie linéaire jusqu’à l’apparition des
macrofissures. Des essais de charge décharge devront permettre de juger du comportement élastique
des murs à la phase pré - fissure. On sait néanmoins déjà que pour les blocs, le premier cycle a une
forte hystérèse (non élastique) mais qu’après le premier cycle on obtient un comportement élastique
(donc réversible) pour quelques cycles (Olivier et Mesbah 1995). La naissance des fissures un peu
partout dans le mur confirme l’homogénéité de nos essais.
Au-delà des fissures, le mur continue à résister mais avec une pente qui commence à s’adoucir jusqu’à
la rupture. Il subit de l’endommagement matérialisé par des macro fissures entraînant la baisse de sa
rigidité. Les contraintes à la fissuration représentent entre 80 et 90% de la contrainte à la rupture. Des
proportions similaires avaient été retrouvées (Walker 1995) soit entre 80 et 95% mais avec des murs
en blocs de terre stabilisés au ciment
Les limites de fissuration observées varient entre 0,70 et 0,87 N/mm². Les contraintes à la rupture vont
de 0,87 à 1,10 N/mm². Des études antérieures ont été faites sur des murs en blocs bruts de résistance
en compression égale à 3,2 N/mm² (Pawlick 1993 ; Olivier 1994). Il en résultait que les contraintes à
la fissuration (0,3 N/mm².) sont de l’ordre de 60% de la contrainte à la rupture du muret ( 0,5 N/mm²).
Une simulation numérique à l’aide du logiciel ELFIM, estimait la contrainte horizontale dans les blocs
(à l’interface) de l’ordre de 0,02 N/mm² avec l’hypothèse de frottement Mohr Coulomb. Ce qui était
largement inférieur à la contrainte en traction des blocs et ne pouvait objectivement pas causer de
fissure par traction. Peu d’essais avaient alors été réalisés et aucune conclusion ne pouvait en ressortir.
Il semblait donc nécessaire de procéder par une autre approche d’étude des murs en blocs de terre avec
des hypothèses appropriées.

4.2 Les constantes mécaniques du mur


Il a toujours semblé intéressant de déterminer les constantes mécaniques (module de Young et
coefficient de Poisson) de tout matériau voir de la structure. Ceci devrait permettre à partir des essais
non seulement de lier les contraintes aux déformations de manière globale mais d’établir aussi des
seuils à ne pas dépasser. Pour un matériau hétérogène comme le mur composé de blocs et de mortier,
l’influence de l’interface est non négligeable. Toutefois l’on comprend un peu le comportement global
de la structure avec des ordres de grandeur. Des formules empiriques sont mêmes proposées par
différents auteurs (Brooks and Abu Baker 1998) permettant la détermination du module du mur en
fonction des caractéristiques mécaniques et physiques des blocs et du mortier. Ces formules sont
entièrement basées sur des données expérimentales réalisées sur divers types de maçonnerie hormis les
maçonneries en blocs de terre.
La présente étude révèle que les valeurs du pseudo module de Young des murs varient entre 250 et
350 N/mm² (figure 1). Ces modules ont été déterminés sur la partie linéaire des courbes contrainte -
déformation verticale. Des valeurs allant de 330 à 640 N/mm² ont été retrouvées sur des murs en BTC
stabilisés au ciment (ce sont des valeurs de modules tangents initiaux, Walker 1995). Les courbes de la
figure 4 montrent que le coefficient de poisson n’est point déterminable et n’est donc pas une
constante pour les murs. C’est un terme qui semble n’avoir pas de sens. Il est néanmoins intéressant de
constater que les murs subissent une extension (déformation horizontale) jusqu’à une valeur de 0,02%
au-delà de laquelle l’effet des fissures commence à se faire sentir entraînant la divergence des courbes
les unes par rapport aux autres.

4.3 Application de la formule de l’EC6


La formule de l’Eurocode 6 relative aux maçonneries s’écrit

f k  Kf b 0.65 f m0.25

4
où f k , f b et f m sont respectivement la résistance en compression du mur, la résistance en
compression des blocs et la résistance en compression du mortier. La valeur K est prise égale à 0,6 et
correspond aux blocs du groupe 1. Le tableau 3 montre que l’application de la formule de l’EC6 donne
0,7 N/mm² assez proche de la limite de fissuration expérimentale des murs qui est en moyenne égale à
0,79 N/mm². Aucune conclusion ne peut cependant pas être formulée par manque de données
suffisantes.

Conclusion
A l’issu de ces essais sur mur en blocs de terre, les conclusions suivantes peuvent être tirées :
- sollicités en compression simple les murs ont un comportement linéaire jusqu’à l’apparition des
fissures ;
- la résistance à la fissuration des murs varie entre 80 et 90% de sa résistance à la rupture ;
- la résistance à la rupture des murs va de 0,87 à 1,1 N/mm² avec des blocs et un mortier de
résistance en compression respectivement égaux à 1,80 et 0,40 N/mm² ;
- les déformations verticales à la rupture varient entre 0,25 et 0,31% tandis que l’extension
correspondant se situe aux environs de 0,02% ;
- Les modules d’élasticité des murs se situent entre 250 et 350 N/mm². Des résultats antérieurs
révèlent qu’ils peuvent aller jusqu’à 800 N/mm² ;
- La formule de l’Eurocode 6 appliquée à ces maçonneries donne une valeur assez proche de la
limite de fissuration des murets.

Références bibliographiques :

Actualité de la construction de terre en France, Plan construction et habitat, Acte de séminaire 14 – 15 octobre
1982

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P’kla A. , 1998 Comportement d’un muret en bloc de terre brute sous compression simple, mémoire de DEA,
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