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V. LES BETONS
Le béton est un mélange de plusieurs composants : ciment, eau, granulats et éventuellement les
adjuvants qui constituent un ensemble homogène. Le mélange ciment et eau (et éventuellement
les adjuvants) forme une pate qui enrobe les agrégats et remplis les vides existants entre eux.
Un béton se caractérise par essentiellement sa résistance, sa maniabilité (ouvrabilité), son
imperméabilité et sa durabilité.
Par ailleurs, les bétons peuvent être classés selon la masse volumique, la résistance, le liant
utilisé et selon la destination.
Suivant la masse volumique du béton, on distingue le béton très lourd (extra lourd), le béton
lourd, le béton léger et le béton très léger. Le tableau ci-dessous présente la classification des
bétons selon les masses volumiques.
Les bétons extra lourds sont formés de ciment et d’agrégats spéciaux à masse volumique élevés.
Ils sont utilisés souvent pour la protection contre les rayons radioactifs. Les bétons lourds sont
formés des ciments et agrégats compacts ordinaires. Les bétons légers sont formés de ciment et
d’agrégats poreux naturels ou artificiels.
Afin de classifier le béton selon la résistance, on réalise des essais à la compression des
éprouvettes cylindriques de dimension (11 x22 ; 16 x 32 ; 25 x 50). Les dimensions sont
centimètres. Le moule le plus utilisé est le moule 16 x 32. Outre les moules cylindriques, les
essais peuvent également se passer sur les moules cubiques. La résistance à la compression d’un
béton est exprimée par la résistance caractéristique notée fck. La norme ENV 206 classe les
bétons en fonction de leurs résistances caractéristiques à la compression suivant le tableau ci-
dessous.
Classe de béton
Classe C12/15 C16/20 C20/25 C25/30
fck, Cyl (Mpa) 12 16 20 25
fck, cube (Mpa) 15 20 25 30
Dans ce tableau, fck, Cyl est la résistance caractéristique mesurée sur les éprouvettes cylindriques
(c’est à celle-ci qu’est faite la référence dans Eurocode 2) ; fck, cube est la résistance
caractéristique mesurée sur des éprouvettes cubiques.
On distingue :
- Le béton ordinaire (pour les éléments de construction porteurs : poteaux, dalles, poutres,
etc.)
- Les bétons hydrotechniques (pour les barrages, écluses, revêtement des canaux) ;
- Les bétons pour les planchers légers (couverture et fondations des chaussures, etc.) ;
- Les bétons de ciment, confectionnés avec des liants hydrauliques tels que le ciment
Portland ;
- Les bétons au liants organiques
- Etc.
fiabilité et son aspect esthétique dans ses conditions d’environnement, avec des frais de
maintenance et d'entretien aussi réduits que possible (sous réserve de la mise en œuvre
d'une maintenance préventive programmée).
V.2.1. OUVRABILITE
L’ouvrabilité caractérise l’aptitude d’un béton frais à remplir les coffrages, et à enrober
convenablement les armatures. Elle doit être donc telle, que le béton soit maniable et qu’il
conserve son homogénéité. L'ouvrabilité est caractérisée par une grandeur représentative de la
consistance du béton frais. Dans le cas de bétons classiques, elle est principalement influencée
par la nature et le dosage du liant, la forme des granulats et la granulométrie et le dosage en
eau. Celle-ci se détermine généralement par l’essai au cône d’Abrams, essai qui consiste à
mesurer la hauteur d'affaissement d'un volume tronconique de béton frais.
Le rôle de l'eau est prépondérant pour l'ouvrabilité du béton frais et sur les propriétés du béton
durci. L'eau donne au béton sa maniabilité, d'une part par son action lubrifiante sur les différents
grains, d'autre part par la cohésion due à la pâte provoquée par l'association des grains fins
(ciment et fines) avec elle.
L'eau permet l'hydratation du ciment et donc le durcissement du béton. Rappelons qu'un ciment
Portland demande environ 25% de son poids en eau pour s'hydrater complètement. Toute
variation de la quantité d'eau entraîne des modifications de la vitesse de durcissement et des
performances mécaniques. Le dosage en eau ne peut pas être augmenté au-delà d'une certaine
valeur afin d'améliorer l'ouvrabilité sans entraîner des inconvénients. Les conséquences d'un
excès d'eau sont : le risque de ressuage, l’augmentation du retrait, l’augmentation de la porosité,
la défectuosité du parement, le risque de ségrégation des constituants du béton, la diminution
de la compacité et corrélativement des résistances.
D’après la norme NFP 18-451, on met le béton frais dans le moule en trois couches en les
piquetant à raison de 25 coups par couche. Le mode opératoire de cet essai se présente comme
suit :
Lorsque l’affaissement est trop élevé et se trouve en dehors de la zone de tolérance, il y a risque
de ségrégation (c’est-à-dire que les gros éléments de gravier risquent de descendre pour
s’agglomérer vers le bas).
Les bétons courants ont une résistance à la compression comprise entre 20 et 40 Mpa
pour un rapport E/C de l’ordre de 0.5. Les bétons spéciuax à l’instar des bétons à Haute
performance présentent des résistances superieurs à 40 Mpa.
La résistance à la compression peut s’évalue à partir des essais normalisés qui peuvent
être destructifs (au laboartoire sur des epouvettes) ou non destructifs (pratiqués in situ).
- Essai de compression
La résistance à la compression du béton est déterminée par un essai normalisé (NF P 18-406,
Décembre 1981). Après surfaçage de l’éprouvette de 16 x 32, celle-ci est placée entre les
plateaux d’une presse à béton. L’effort de compression est appliqué progressivement à une
vitesse de 10±4kN par seconde.
Une éprouvette de 16x32 (cm) est placée horizontalement entre les plateaux d’une
machine de compresion. Le chargement de l’éprouvette est progressif et sans choc à une
vitesse de 4±0,8kN/S. Le plan moyen est le siege des contraintes de traction dont la
valeur est
2𝐹𝑚𝑎𝑥
𝐹𝑡 = où a et h sont respectivement le diamètre (16cm) et la hauteur (32cm) de
𝜋.𝑎.ℎ
l’éprouvette.
Ils sont pratiqués in situ pour controler la résistance des bétons. Parmi ces essais, on peut
citer l’essai au scléromètre (NFP 18-417) et l’auscultation dynamique (NFP 18-418).
On place l’appareil contre la surface et on presse. Une masselotte chargée par un ressort est
projettée sur une tige métalique en contact avcec la surface du béton. On lit l’amplitude de
rebond de cette masselote sur une échelle graduée. Cette amplitude s’appelle Indice
sclérometrique noté Is. Plus la résitance du béton en surface est grande, plus grand est la valeur
de Is.
L’essai consiste à mésurer la vitesse de propagation du son dans le béton et obtenir des
renseignement sur : l’homogeneité du béton et la présence des vides ainsi que la
résistance par comparaison avec un béton temoin.
V.2.3. DURABILITÉ
aux influences externes tels que les intempéries, l’agressivité des sols, l’atmosphère
chimiquement agressives, ... La seule durabilité intrinsèque du béton ne suffit plus à
garantir la durée de service de l’ouvrage. Un béton performant ayant en principe un
dosage correct en ciment et une bonne compacité, peut effectivement garantir une
certaine durabilité du matériau béton. La durabilité est appréhendée en considérant un
ensemble de propriétés dont l’ouvrabilité, la résistance mécanique à 28 jours, la
porosité,… Formuler un béton revient à déterminer les proportions optimales en sable,
en graviers, en ciment et en eau.
Le béton lourd est employé pour la confection des fondations, poteaux, poutres, éléments de
travées de ponts et autres éléments porteurs des bâtiments industriels et immeubles. Ce béton
doit acquérir une résistance déterminée, dans un délai de durcissement fixé d’avance. Le
mélange du béton doit être maniable et économique. Afin qu’il assume bien son rôle, le béton
doit satisfaire certaines conditions d’exploitation.
- Le liant : il faut utiliser essentiellement des ciments Portland dans toutes leur variété.
Le choix du ciment doit tenir compte des expériences, de la destination du béton et des
conditions de mise en œuvre. En même temps, le liant doit répondre aux prescriptions
des normes nationales.
- L’eau de gâchage : elle doit être dépourvue d’éléments nuisibles : acides, sulfures,
graisses, huiles, sucres, etc. il faut éviter l’utilisation des eaux des marais, les eaux
souillées dont le Ph est inferieur à 4 et qui contiennent plus de 2700 mg/l de sulfate en
(SO4) et plus de 5g/l d’autres sels. On peut utiliser l’eau de mer si la teneur en sel
n’excède pas 2%.
- Le sable : la composition granulométrique du sable, sa teneur en impureté
poussiéreuses, argileuses, organiques et autres influent beaucoup sur la qualité du béton.
- Les impuretés : leur quantité ne doit pas dépasser 3% dans les sables naturels et 5% dans
les sables broyés. L’impureté la plus nuisible est l’argile (elle enrobe les grains de sable
et empêche leur adhésion au ciment). Pour l’élimination des particules d’argiles et de
poussières, un lavage est nécessaire. Il faut éviter les sables qui contiennent des
quantités sensibles d’éléments organiques (résidus des plantes et autres) car ceux-ci
entrent en réaction chimique avec le ciment lors de son durcissement et diminuent la
résistance du béton.
- La granularité du sable : pour assurer un volume minimal de vides, le sable pour béton
doit être composé de grains de dimension différentes. En effet, moins le volume des
vides dans le sable est grand, moins il faut du ciment pour combler ces vides et avoir un
béton compact.
- Les graviers : l’utilisation des gros éléments de graviers est recommandée. Elle a deux
avantages. Celle-ci est économique car grâce à leur moindre surface spécifiques (par
rapport aux éléments moins gros). Il faut moins de ciment pour obtenir un béton
résistant. Les plus gros granulats limitent le retrait du volume du béton. En effet, seule
la pate liante se rétracte et non le granulat. Par ailleurs, les granulats les plus gros
possibles utilisés doivent être compatibles avec le ferraillage et le coffrage auquel le
béton est destiné. D’après la norme ENV 206 (en liaison avec Eurocode 2), si les
dimensions de l’élément à bétonner sont telles que :
Béton
- b
a c
Armatures
2. 𝐷 ≤ 𝑏 − 5𝑚𝑚
3. 𝐷 ≤ 1,3𝐶
𝑏
D’après le BAEL 91, la deuxième condition s’exprime sous la forme 𝐷 ≤ 1,5
Dans la méthode de Dreux Gorisse pour la composition du squelette granulaire, la valeur de D retenue
sera telle que le refus sur le tamis correspondant soit le plus proche de 8M.
La méthode de Dreux Gorisse passe par plusieurs étapes successives dans le but d’obtenir la
formulation théorique du béton sur la base de la nature de l’ouvrage, l’ouvrabilité et la résistance
souhaitée. Ces étapes sont les suivantes :
La dimension maximale des granulats, la résistance souhaitée et la consistance désirée sont les
données de base dans la formulation du béton par la méthode de Dreux Gorisse.
La dimension maximale des granulats est importante dans la composition du béton. En effet,
un béton tire du granulat une bonne part de la résistance et plus particulièrement du gros
granulat. Outre la Résistance, le dosage en ciment est d’autant moins élevé que les grains sont
plus gros. L’emploie des granulats de qualité et de dimension D suffisante doit rester compatible
avec une bonne facilité de mise en œuvre.
La résistance souhaitée est en général définie par la résistance en compression sur éprouvette
cylindrique à 28 jours. C’est elle qui conduit directement vers le choix du dosage approximatif
en ciment. Les résistances nominales à 28 jours sont majorées de 15% compte tenu des
dispersions et de l’écart quadratique. La résistance en compression a été déterminée par la
relation ci-dessous.
𝝈𝟐𝟖 = 𝟏, 𝟏𝟓. 𝝈′𝒏
Avec
La détermination du dosage en eau et en ciment est passée par l’évaluation du rapport C/E en
fonction de la résistance moyenne en compression désirée qui a nécessité l’utilisation de la
relation dite de Bolomey ci-dessous.
𝑪
𝝈𝟐𝟖 = 𝑮. 𝝈𝒄 ′ (𝑬 − 𝟎, 𝟓)
Avec
En milieu exposé :
250 + 10𝑓𝑐𝑘
𝐶≥ 5
√𝐷
En milieu exposé mais sans agressivité :
250 + 10𝑓𝑐𝑘 550
𝐶 = 𝑀𝑎𝑥 { 5 ;5 }
√𝐷 √𝐷
En milieu agressif et en béton précontraint
250 + 10𝑓𝑐𝑘 700
𝐶 = 𝑀𝑎𝑥 { 5 ;5 }
√𝐷 √𝐷
Une fois obtenu, le dosage en eau est éventuellement ajusté en fonction du plus gros granulat
D à partir du tableau ci-dessous présentant les corrections à apporter en fonction de la dimension
du gros granulat. En effet, plus le granulat est plus gros, plus il a une surface spécifique moindre
et nécessite moins d’eau par rapport aux granulats de moindre diamètre.
Correction sur le dosage en eau en fonction de Dmax. (Festa & Dreux, 1998)
Dimension maximale des 5 8 à 10 12,5 à 16 20 à 25 30 à 40 50 à 63 80 à 100
granulats (Dmax en mm)
o Si Dmax > 20 mm, XA est située au milieu du "segment gravier" limité par le
module 38 (5 mm) et le module correspondant à Dmax.
o En ordonnées, YA s’obtient à partir de la relation ci-dessous.
𝒀𝑨 = 𝟓𝟎 − √𝑫 + 𝑲
Avec
D : la dimension du plus gros granulat
K : coefficient correcteur
Le coefficient correcteur K est fonction du dosage en ciment, de la puissance de la vibration et
de l’angularité des granulats. Ses différentes valeurs sont présentées dans le tableau ci-dessous.
400 0 +2 -2 0 -4 -2
Dosage en
350 +2 +4 0 +2 -2 0
300 +4 +6 +2 +4 0 +2
250 +6 +8 +4 +6 +2 +4
200 +8 +10 +6 +8 +4 +6
Nota 1: Correction supplémentaire Ks: si le Module de finesse du sable est fort (sable grossier) une
correction supplémentaire sera apportée de façon à relever le point A, ce qui correspond à majorer
le dosage en sable et vice versa. La correction supplémentaire (sur K) peut être effectuée en ajoutant
la valeur Ks=6Mf-15 (Mf étant le Module de finesse du sable qui peut varier de 2 à 3 avec une valeur
optimale de l’ordre de 2,5 pour laquelle la correction préconisée est alors nulle).
Nota 2 : Correction supplémentaire Kp : SI la qualité du béton est précisée « pompable » il
conviendra de conférer au béton le maximum de plasticité et de l’enrichir en sable par rapport à un
béton de qualité « courante ». On pourra pour cela majorer le terme correcteur K de la valeur
Kp=+5 à +10 environ, selon le degré de plasticité désiré.
Avec
γ : Le coefficient de compacité
C : Le dosage en ciment
φc : La masse volumique du ciment
Les compositions massiques des graviers et du sable s’obtiennent respectivement par les
relations ci-dessous.
𝑷𝒔 = 𝒓𝒔 . 𝒗. 𝒎𝒔
𝑷𝒈 = 𝒓𝒈 . 𝒗. 𝒎𝒈
Avec
𝑟𝑠 : Proportion en sable
𝑟𝑔 : Proportion en graviers
𝑉 : Volume du béton
𝑚𝑠 : Masse spécifique du sable
𝑚𝑔 : Masse spécifique des graviers
𝑮 = 𝑷𝒔 + 𝑷𝒈
Avec
Ps : Masse du sable
Pg : Masse des graviers
ρ=𝑮+𝑪+𝑬
Avec
On désire confectionner un béton dont les caractéristiques et celles de constituants sont les
suivants :
o Ρciment =3,12/cm3.