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Pr Abdoulaye Diagne
Le compte de chaque agent se construit comme suit. Toutes les opérations d’achat et de vente
de l’agent sont répertoriées. On considère qu’il est confronté à une contrainte budgétaire qui
impose une égalité entre la somme de ses dépenses ou emplois et la somme de ses ressources
ou ventes. Des hypothèses sont posées pour décrire les opérations auxquelles se livre chaque
catégorie d’agents dans l’économie.
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1. Seules les entreprises produisent les biens et services qui sont agrégés en un seul bien
composite. La quantité produite de ce bien est appelée Y et son prix est désigné par P.
Les facteurs de production utilisés sont le capital (K) et le travail (N). Les dépenses en
travail s’élèvent à 𝑊. 𝑁 𝑑 , avec 𝑊 désignant le salaire nominal moyen et 𝑁 𝑑 le nombre
de travailleurs employés par les entreprises.
2. Les entreprises achètent des biens d’investissement d’une quantité égale à I. La valeur
de l’investissement est PI.
3. Pour assurer le financement de leur production, les entreprises émettent des titres sous
forme d’actions, d’obligations, d’effets de commerce ou d’autres actifs financiers. Au
début de chaque période, les entreprises disposent d’un stock de titres noté 𝐵𝑜𝑒 . Le stock
détenu à la fin de la période est noté Be. La valeur des titres émis au cours de la période
est 𝐵 𝑒 − 𝐵𝑜𝑒 = ∆𝐵𝑒 . Cette valeur correspond à l’offre de titres par les entreprises.
Notons que le stock de titres en fin ou en début de période est exprimé en valeur
nominale.
4. Conséquence de l’émission d’actifs financiers, les entreprises versent des intérêts et
dividendes aux détenteurs de ces titres. On note Re ces intérêts et dividendes.
𝑃𝐼 + 𝑊𝑁 𝑑 +𝑅 𝑒 = 𝑃𝑌 + ∆𝐵 𝑒
L’équation signifie que la somme des dépenses des entreprises est égale à la somme de leurs
ressources. Ses ventes sont constituées de la valeur de leur production et la valeur des titres
émis. Ses achats correspondent à la somme des salaires versés aux employés, des
investissements et des paiements des intérêts et dividendes.
𝑃𝐶 + 𝑃. 𝑇𝐴 + ∆𝑀𝑑 + ∆𝐵 𝑑 = 𝑊𝑁 𝑑 + 𝑅
La contrainte budgétaire signifie que les revenus (ou ressources) des ménages sont égaux à
leurs dépenses (ou emplois). Les revenus sont constitués des salaires et des intérêts et
dividendes perçus. Les dépenses sont constituées des achats de biens de consommation, de
paiement des impôts, des acquisitions de titres financiers et de la détention de monnaie.
Compte de l’Etat
On suppose que les achats de biens produits par les entreprises sont les seules dépenses
effectuées par l’Etat. La quantité de biens achetés est notée G et sa valeur nominale PG.
Pour financer ses dépenses, l’Etat dispose de trois moyens.
1. Prélèvement d’impôts. La valeur nominale des impôts prélevés est notée 𝑃. 𝑇𝐴. Ce
sont les ménages seulement qui paient des impôts.
2. Emission de monnaie. L’Etat peut créer de la monnaie. On note la valeur nominale de
la monnaie en circulation en début de période par 𝑀0 et Md le stock de monnaie en
circulation en fin de période. La monnaie créée ou détruite au cours de la période est
égale à Md −𝑀0 = ∆𝑀. Il y a création de monnaie si la différence est positive et une
destruction de monnaie dans le cas contraire.
3. Emission de titres financiers. L’Etat peut vendre des obligations sur lesquelles il paie
𝑔
des intérêts. On note 𝐵0 la valeur des titres émis en début de période et Bg leur valeur
𝑔
en fin de période. La valeur des titres émis au cours de la période est égale à 𝐵 𝑔 − 𝐵0 =
∆Bg
La dette de l’Etat induit le remboursement des emprunts arrivés à échéance et le
paiement d’intérêts sur le stock de la dette. On note par Rg ces intérêts.
𝑃𝐺 + 𝑅 𝑔 = 𝑃. 𝑇𝐴 + ∆𝑀 + ∆𝐵 𝑔
La contrainte budgétaire peut être réécrite de manière à faire apparaitre les trois sources de
financement des dépenses publiques :
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𝑃𝐺 = ∆𝑀 + ∆𝐵 𝑔 + 𝑃𝑇
Dans cette expression, (𝑇𝐴 − 𝑅 𝑔 /𝑃) représente le montant des impôts nets des paiements
d’intérêt par l’Etat ou transferts nets des ménages vers l’Etat (T).
On peut réécrire la contrainte budgétaire de l’Etat de manière à faire apparaître les deux
possibilités dont il dispose pour financer son déficit :
𝑃𝐺 − 𝑃𝑇 = ∆𝑀 + ∆𝐵 𝑔
La nouvelle expression de la contrainte budgétaire montre que lorsque ses dépenses sont
supérieures à ses ressources, l’Etat peut soit créer de la monnaie (∆𝑀 ≻ 0), soit emprunter
(∆𝐵 𝑔 ≻ 0).
En revanche, si le budget est excédentaire (𝑃𝐺 − 𝑇 < 0) alors l’Etat doit soit détruire de la
monnaie (∆𝑀 ≺ 0), soit se désendetter (∆𝐵 𝑔 ≺ 0).
La contrainte budgétaire peut s’écrire aussi de manière à faire apparaître les deux sources
de la création monétaire dans une économie fermée :
∆𝑀 = 𝑃(𝐺 − 𝑇) − ∆𝐵 𝑔
Les deux contreparties de la création monnaie sont soit une monétisation du déficit public,
soit d’une diminution de l’endettement net de l’Etat. Dans le premier cas, lorsque l’Etat
achète des biens et services auprès des entreprises il paie avec de la monnaie créée par la
banque centrale à cet effet. Concrètement les comptes des entreprises sont crédités et elles
peuvent utiliser leurs nouveaux dépôts pour effectuer leurs paiements en monnaie centrale.
Dans le deuxième cas, la banque centrale intervient sur le marché monétaire en achetant des
titres publics et en payant avec sa propre monnaie. Ce mécanisme d’intervention de la
banque centrale est appelé politique d’open market.
L’identité de Walras
L’établissement des comptes d’agents a permis d’avoir les contraintes budgétaires des
entreprises, des ménages et de l’Etat :
𝑃𝐼 + 𝑊𝑁 𝑑 + 𝑅 𝑒 = 𝑃𝑌 + ∆𝐵 𝑒
𝑃𝐶 + 𝑃𝜋 + ∆𝑀𝑑 + ∆𝐵 𝑑 = 𝑊𝑁 𝑆 + 𝑅
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𝑃𝐺 + 𝑅 𝑔 = ∆𝑀 + ∆𝐵 𝑔 + 𝑃𝑇
En additionnant les équations membre à membre et en prenant en compte le fait que les
revenus tirés des titres financiers par les ménages sont égaux aux intérêts et dividendes
versés par les entreprises et l’Etat (𝑅 = 𝑅 𝑒 + 𝑅 𝑔 ), on obtient :
Cette équation appelée identité de Walras nous dit que la somme des excès de demandes
de tous les biens est égale à zéro.
L’identité de Walras correspond à l’équilibre simultané sur les quatre marchés, à savoir le
marché des biens et services, le marché du travail, le marché des titres et le marché de la
monnaie. Ce résultat peut être généralisé à n marchés et a une implication très importante
pour la modélisation macroéconomique. En effet, si l’équilibre est vérifié sur n-1 marchés,
il est vérifié aussi sur le nième marché. Donc si on 4 marchés par exemple, on peut porter
l’attention sur trois marchés. S’ils sont équilibrés, le quatrième marché sera
automatiquement équilibré.
Les opérations entre les catégories d’agents qui ont été décrites ci-dessus peuvent être
regroupées dans un tableau, comme en comptabilité nationale, appelé Tableau économique
d’ensemble (TEE).
𝑅𝑒 𝑅𝑔 Intérêts et 𝑅𝑒 + 𝑅 𝑔
dividendes
∆𝑀 Monnaie ∆𝑀
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∆𝐵 𝑒 Titres ∆𝐵 𝑒 ∆𝐵 𝑔
+ ∆𝐵 𝑔
Le TEE est construit sur le modèle de la comptabilité en partie double. Chaque catégorie
d’agents dispose de deux colonnes : à droite sont inscrites ses ressources, appelées aussi offres,
à gauche ses emplois ou demandes. Il y a autant de lignes qu’il y a de catégories d’opérations.
En conséquence, les ressources et les emplois de chaque catégorie d’agent sont présents par
catégorie d’opération. Le tableau ainsi construit fait apparaitre une double série d’égalités
comptables. Pour chaque compte d’agent (donc en colonne), il doit y avoir égalité entre les
ressources et les emplois. De même, pour chaque compte d’opération (donc en ligne), l’égalité
entre les ressources et les emplois doit être vérifiée. Le TEE permet donc d’établir les
conditions d’équilibre des marchés considérés :
Marché du travail : 𝑁 𝑑 = 𝑁 𝑠
Les colonnes peuvent être subdivisées en sous-compte qui soient significatifs appelés comptes
éclatés. Il faut alors introduire des soldes qui permettent de conserver les égalités comptables
par colonne. Le solde doit nécessairement apparaitre en ressources dans le compte suivant et
réciproquement.
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Le solde (PY-WN) est en partie distribué aux ménages sous forme de profits (Z) et en partie
épargné (E1). Il faut noter que dans le premier TEE les entreprises ne distribuent pas des profits
(dividendes) aux ménages qui en sont les propriétaires. La quantité Z apparait en emploi à
l’intersection de la colonne « opérations courantes » des entreprises et de la ligne « intérêts et
dividendes », il se retrouve en ressources dans le compte « opérations courantes » des ménages
et également à la ligne « intérêts et dividendes ». L’épargne E1, qui est le solde du compte
éclaté, est inscrite à la même ligne en ressources dans le compte de capital des entreprises.
Finalement, l’équilibre du compte d’opérations courantes des entreprises s’écrit comme suit :
𝑃𝑌 = 𝑊𝑁 + 𝑍 + 𝐸1
∆𝐵 𝑒 + 𝐸1 = 𝑃𝐼
Tableau 2 : TEE d’une économie fermée avec les comptes d’agents éclatés
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PI PC P Biens et pY
G services
𝑊𝑁 𝑑 Travail 𝑊𝑁 𝑆
T Impôts T
𝑍𝑅𝑒 𝑅𝑔 Intérêts et 𝑍𝑅𝑒+𝑅𝑔
dividendes
∆𝑀𝑑 Monnaie ∆𝑀
∆𝐵 Titres ∆𝐵 𝑒 ∆𝐵 𝑔
𝐸1 𝐸2 𝐸3 Epargne 𝐸1 𝐸2 𝐸3
OC : Opération Courante
Les grandeurs inscrites dans le TEE et qui en conséquence respectent les équations comptables
(contraintes budgétaires des agents et conditions d’équilibre des marchés) sont des offres et des
demandes effectives, autrement dit des transactions réalisées. Pour comprendre comment de
tels équilibres s’opèrent, on doit introduire une distinction entre grandeurs ex-post et grandeurs
ex ante.
Les grandeurs ex-post respectent à la fois les contraintes budgétaires des agents et les
contraintes d’équilibre des marchés. En d’autres termes, l’offre réalisée est nécessairement
égale à la demande réalisée sur chacun des marchés, sinon la transaction ne serait pas possible.
Les grandeurs réalisées, donc les grandeurs ex-post, représentent l’état observable de
l’économie à un moment donné.
Contrairement aux grandeurs ex-post, les décisions des agents, ou grandeurs ex-ante, ne sont
pas nécessairement cohérentes entre elles et ne respectent pas a priori les équilibres des
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marchés. Une illustration qu’on peut donner est que la production que les entreprises souhaitent
vendre n’est pas forcément égale à la demande globale qui résulte des décisions des ménages,
des entreprises et de l’Etat. Pour qu’il en soit ainsi, les projets des différents agents (ex-ante)
doivent être compatibles entre eux, c’est-à-dire que les entreprises anticipent parfaitement les
prévisions de dépense des ménages et de l’Etat. Dans ce cas, les décisions de production et de
dépense coïncident alors parfaitement.
La notion de grandeur ex-ante ne peut être définie clairement que dans un cadre théorique
déterminé. Elle est importante pour étudier comment se réalise un nouvel état d’équilibre ex-
post lorsqu’un des agents modifie l’une de ses décisions, par exemple les entreprises décident
de réduire leur investissement.
Modèles comptables
Tout modèle macroéconomique repose sur un modèle comptable. La construction d’un modèle
comptable requiert l’identification des variables exogènes et des variables endogènes, ainsi que
les conditions d’équilibre que l’on suppose satisfaites par un état observable de l’économie. Le
point de départ est donc la construction d’un TEE.
𝑃𝐼 𝑃𝐶 𝑃𝐺 Biens et services 𝑃𝑌
𝑊𝑁 Salaires 𝑊𝑁
𝑇 Transferts T
𝑅𝑒 𝑅𝑔 Intérêts-dividendes 𝑅𝑒 + 𝑅 𝑔
∆𝑀𝑒 ∆𝑀𝑚 Monnaie ∆𝑀
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En outre, la demande de monnaie émane des entreprises (∆𝑀𝑒 ) et des ménages (∆𝑀𝑚 ) tandis
que l’Etat détermine l’offre de monnaie.
Le TEE précédent décrit en fait le fonctionnement d’une économie fermée avec trois agents et
trois biens. Dans ce tableau, on a 16 variables : 4 qui viennent du marché des biens et services
(I, C, G, Y), 2 prix (P, W), 1 variable du marché du travail (𝑁), 3 variables de répartition (T,
𝑅𝑒 , 𝑅 𝑔 ), 6 variables
financières (∆𝑀𝑒 , ∆𝑀𝑚 , ∆𝑀 , ∆𝐵 𝑒 , ∆𝐵 𝑔 , ∆𝐵). Du TEE, on tire 3 équations représentant les
contraintes budgétaires et 3 équations représentant les équilibres des marchés de biens et
services, du travail, de la monnaie et des titres. Mais comme le montre la loi de Walras seules
5 des 6 équations sont indépendantes. En conséquence, on peut sélectionner 11 (16-5=11)
variables exogènes. La question qu’il faut résoudre est le choix des variables exogènes.
On pose l’hypothèse que les prix et les variables de répartition sont exogènes, à savoir, P, W,
𝑁, 𝑇, 𝑅 𝑒 et 𝑅 𝑔 . Il reste à choisir 5 variables exogènes. Par ailleurs, il faut choisir deux des trois
équations d’équilibre des marchés.
On peut obtenir deux modèles comptables dépendamment du choix des 5 variables exogènes.
Les 5 variables exogènes sont choisies de la façon suivante : on suppose que la demandes de
biens et services (I+C+G) et les demandes de monnaie des ménages (∆𝑀𝑚 ) et des entreprise
((∆𝑀𝑒 ) sont exogènes, soit 5 variables. Comment ces marchés parviennent-ils à l’équilibre ?
Dans ce modèle, la production (Y) s’ajuste à la demande de biens et services qui est fixe. De
même, l’offre de monnaie s’ajuste à la demande de monnaie qui émane des ménages et des
entreprises, alors que les offres et demandes de titres résultent des équilibres des comptes
d’agents et sont compatibles entre elles en raison de l’identité de Walras. Toutes les variables
du modèle sont déterminées maintenant.
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correspond aux décisions des agents, les stocks sont réduits à un niveau inférieur à celui désiré
par les entreprises, et les ménages vont épargner la part de leur revenu qu’ils n’ont pu dépenser.
Grâce à ces deux mécanismes, la demande s’adapte au niveau de la production. Les deux cas
aboutissent à une situation d’équilibre sur le marché des biens (c’est-à-dire l’égalité entre l’offre
et la demande) alors qu’il n’avait pas d’équilibre ex-ante. Les entreprises ont dû subir une
variation non souhaitée de leur investissement (les stocks sont considérés comme de
l’investissement) et les ménages ont dû modifier leurs plans d’épargne par rapport à leurs
prévisions.
Dans le deuxième modèle, on suppose que les offres de biens et services, de monnaie et de titres
sont exogènes (Y, ∆𝑀, ∆𝐵𝑒 , ∆𝐵 𝑔 ), et de même que la demande d’investissement émanant des
entreprises (I). les 5 variables exogènes sont définies. Comment fonctionnent alors les trois
marchés ? Sur le marché de la monnaie et du marché des titres, la demande s’ajuste à l’offre
qui est fixe. L’équilibre simultané sur les deux marchés entraîne automatiquement l’équilibre
du marché des biens. Sur ce dernier marché, l’offre qui est fixe crée sa propre demande de biens
et services.
Nous verrons l’importance de ces deux modèles comptables donne une bonne typologie des
modèles macroéconomiques que nous étudierons dans ce cours.
Un modèle macroéconomique doit distinguer entre les variables exogènes et les variables
endogènes, il doit aussi définir les conditions d’équilibre. Ce qui le différencie d’un modèle
comptable est qu’il comporte des liaisons entre les différentes variables qu’on appelle relations
macroéconomiques.
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- Les relations qui décrivent le comportement d’un agent économique. Il peut s’agir de la
consommation ou de l’épargne des ménages, de la demande de la monnaie, de
l’investissement des entreprises, etc.
- Les relations qui décrivent les contraintes techniques du processus de production
comme la fonction de production.
- Les relations qui décrivent les contraintes institutionnelles. Par exemple, les impôts
perçus par l’Etat dépendent de l’assiette fiscale et du taux d’imposition. L’assiette peut
être la valeur ajoutée si c’est la TVA, le revenu des ménages de l’année précédente s’il
s’agit de l’impôt sur les revenus des personnes physiques. Les intérêts versés par l’Etat,
qui dépendent de son stock de titres émis et du taux d’intérêt, sont un autre exemple de
relation institutionnelle.
- Les relations qui traduisent les comportements de plusieurs agents économiques à la
fois. La courbe de Philips en est un bon exemple. Elle relie le taux de salaire au taux
d’inflation et au taux de chômage, et met donc en jeu les entreprises et les salaires.
𝑌𝑡 = 𝐹 (𝑋𝑡 , 𝛼)
Ou bien :
𝐹 (𝑌𝑡 , 𝑋𝑡 , 𝛼) = 0 (1)
Avec :
𝑌 = 𝐹(𝑋, 𝛼) 𝑜𝑢 𝐹(𝑌, 𝑋, 𝛼) = 0
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Cette forme générale est appelée forme structurelle d’un modèle. Si les valeurs des paramètres
sont données (en fait, elles sont estimées), une solution du modèle est une valeur de 𝑌, 𝑌0 par
exemple, et vérifiant la relation 𝐹(𝑌, 𝑋, 𝛼) = 0, 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝐹(𝑌0 , 𝑋0, 𝛼0 ) = 0 (2)
Manuellement, la résolution de l’équation 𝐹(𝑌, 𝑋, 𝛼) = 0 n’est facile que s’il est linéaire. S’il
est linéaire, on peut résoudre chacune des variables endogènes en fonction des seules variables
exogènes. La forme linéaire du modèle devient :
𝑀𝑌 + 𝑁𝑋 = 𝐷 (3)
avec :
D : un vecteur de 𝑅 𝑛
Parmi les variables exogènes, on peut isoler un sous-groupe de variables qui sont sous le
contrôle de l’Etat. Les dépenses publiques (G), la fiscalité (T), l’offre de monnaie (M), l’offre
de titres publiques (𝐵 𝑔 ), etc., sont des exemples d’instruments de politique économique. La
forme réduite d’un modèle macroéconomique permet de calculer l’impact des politiques
économiques sur les variables endogènes. Celles-ci peuvent être des objectifs de la politique
économique comme le niveau du revenu ou de la production (Y), le niveau général des prix,
l’emploi, etc.
Formellement, la démarche à suivre pour évaluer l’impact des politiques économiques consiste
à partir d’une situation d’équilibre, c’est-à-dire une valeur 𝑌0 des variables endogènes associée
à une valeur 𝑋0 des variables exogènes, et à calculer l’effet d’une variation des variables
exogènes
Dans l’équation (5), ∆𝑌 représente l’impact sur les variables endogènes de la variation des
variables exogènes et (−𝑀−1 )𝑋 est la matrice des multiplicateurs des variables exogènes. La
notation différentielle est utilisée pour exprimer l’effet multiplicateur des variables exogènes
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sur les variables endogènes. Si le modèle comporte n équations et m variables endogènes, sa
forme réduite s’écrit comme suit :
On Peut donner une illustration du modèle réduit. On suppose qu’il y a trois variables endogènes
(production (Y), niveau général des prix (P), la quantité de titres émis au cours de la période
(𝑑𝐵 𝑔 )) et trois variables exogènes (G, T, ∆𝑀 ) qui sont aussi des instruments de la politique
économique. La forme réduite différenciée s’écrit :
𝑑𝑌 𝑎 𝑏 𝑐 𝑑𝐺̅
( 𝑑𝑃 ) = ( 𝑑 𝑒 𝑓 ) ( 𝑑𝑇̅ )
𝑑𝐵 𝑔 +1 −1 −1 𝑑𝑀 ̅
En résolvant, on a :
𝑑𝑌 = 𝑎𝑑𝐺̅ +bd𝑇̅+𝑐 𝑑𝑀
̅ (8)
𝑑𝑃 = 𝑑. 𝑑𝐺̅ + 𝑒 𝑑𝑇̅ + 𝑑𝑀
̅ (9)
𝑑𝐵 = 𝑑𝐺̅ + 𝑑𝑇 − 𝑑𝑀
̅ (10)
Dans la relation (8) a est le multiplicateur des dépenses publiques, b le multiplicateur fiscal et
c le multiplicateur monétaire.
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