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Introduction …………...…………..……….....……………………………………………………………… 1
Partie I) : Diagnostic des cadres juridique, comptable et fiscal applicables aux concessions
de service public …………………………………………………………………………………. 7
Chapitre IV) : Les amortissements et les provisions dans les concessions de service public ………………65
Section 1: Les différents d'amortissements en vigueur dans les concessions
de service public ………………………………………………………………………… 66
A) L'amortissements pour dépréciation …………………………………………………………66
B) L'amortissement de caducité …………………………………………………………………69
Section 2: Les provisions spécifiques liées aux concessions de service public ………………………72
A) La provision pour renouvellement …………………………………………………………… 72
B) La provision pour grosses réparations et remise en état …………………………………… 73
Section 3: La situation en fin de contrat ………………………………………………………………77
A) L'arrivée au terme et arrêt de la concession …………………………………………………77
B) Prorogation du contrat de concession ……………………………………………………… 78
Bibliographie
Lexique
Annexes
INTRODUCTION
1
Intérêt du sujet
- D’une part, les pouvoirs publics ont ressenti la nécessité d’associer les entreprises
privées à l’exécution de certains de leurs services publics pour répondre au mieux
aux besoins des usagers. Deux raisons essentielles prédominent : une expertise
technique insuffisante et un palliatif à la faiblesse de leur ressources financières ;
- D’autre part, le droit comptable marocain souffre d’un énorme vide ne permettant
pas, pour l’entreprise concessionnaire, la traduction des droits et obligations nés du
contrat de concession.
2
- Les autoroutes ;
- Le transport public (notamment le groupe Alsa à Marrakech) ;
- L’exploitation des centrales thermiques (notamment celle de Jorf Lasfar) ;
- L’exploitation des parcs éoliens (notamment celui de Koudia Al Baida) ;
- La distribution d’électricité ;
- La distribution d’eau potable et l’assainissement du liquide ;
- Collecte et évacuation des déchets solides ;
- Etc..
En vertu de la libre administration du service public local par les communes, ces
dernières étaient censées rechercher la meilleure organisation à même d’assurer
l’exécution du service. Organiser un service public nécessite le respect de certains
principes auxquels les usagers sont très attachés tels que la continuité, l’égalité d’accès
et l’adaptation permanente du service public.
Parmi les différentes formules offertes aux communes pour assurer la gestion du service
public local, ces dernières ont opté pour la régie personnalisée. Dans le cadre de ce
mode de gestion, la commune confie la gestion à une personne morale distincte, de droit
3
public, dite « régie » qui possède ses propres organes de gestion et de contrôle et qui est
également, dotée de la personnalité moral et de l’autonomie financière.
Les régies sont crées par délibération du conseil communal ou du comité de syndicat
des communes dans le cadre des dispositions arrêtées par le décret n°2-4-394 du 29
septembre 1964. En raison de leur autonomie, ces régies interviennent principalement
dans les services publics à caractère industriel et commercial.
L’autonomie des régies peut nous conduire à les classer, du moins sur un plan
théorique, parmi les modes de gestion déléguée. Toutefois, dans la pratique, cette
autonomie s’avère plus apparente que réelle. En effet, les régies qui sont gérées par les
organes suivants :
- Un conseil d’administration qui délibère sur toutes les questions importantes
intéressant la gestion de la régie ;
- Un comité de direction qui veille à l’application des décisions prises par le conseil
d’administration ;
- Et, un directeur assurant la gestion quotidienne de l’établissement.
sont fortement influencées par le pouvoir du conseil d’administration dont les membres
ne sont autres que les élus locaux (dans une proportion supérieure aux 2/3). Cette
autonomie par rapport aux communes, rendue possible à travers l’artifice juridique de la
reconnaissance de la personnalité morale, se trouve vidée de toute sa substance
lorsqu’on analyse la portée des pouvoirs directs dont jouissent les communes en matière
de contrôle et des pouvoirs indirects dont elles jouissent en matière de prise des
décisions de gestion.
La première régie autonome de distribution d’eau potable créée au Maroc est l’ex-RAD
qui assurait la distribution de l’eau au niveau de la wilaya de Casablanca.
4
réorienter vers la concession du service public, comme forme de gestion déléguée, pour
réaliser ses objectifs et relever les défis du développement.
L’étude des contrats de concession et de leurs cahiers des charges font apparaître des
spécificités telles, qu’il est force de constater que les règles de la comptabilité
commerciale ne sont pas totalement adaptées pour traduire les spécificités des
entreprises concessionnaires ; d’où un réel besoin de normalisation.
5
Limites du sujet
Nous avons été amené, tout au long de notre proposition de normalisation, à privilégier
certaines options comptables par rapport à d’autres qui nous l’espérons, à défaut de
réunir un consensus seront partagées par une majorité des lecteurs.
6
PREMIERE PARTIE :
7
Compte tenu de l’essor des concessions des services publics au Maroc, la première
partie de ce mémoire est consacrée au diagnostic des cadres juridique, fiscal et
comptable dans lesquels évolue ce mode originel de gestion déléguée, et ce dans
l’objectif d’évaluer le niveau d’adaptation des textes législatifs et réglementaires avec
les particularités juridiques du contrat de concession.
8
l’amortissement de caducité et la provision pour renouvellement, se justifie d’avantage
par le fait que notre proposition de normalisation permet de supprimer la notion de
caducité et de traiter d’une manière différente le renouvellement des immobilisations ;
ce n’est, donc, qu’en présentant la conception actuelle de ces charges spécifiques que le
lecteur pourra apprécier l’apport de notre proposition de normalisation comptable.
9
Chapitre I) Les particularités juridiques du contrat de concession de
service public
A) Le contrat de concession
En l’absence d’une définition légale, nous allons examiner la définition donnée par Jean
DUFAU dans son ouvrage « Les concessions de service public ». Jean DUFAU définit
la concession comme un contrat par lequel une personne publique « l’autorité
concédante » charge une personne privée « le concessionnaire » d’exploiter un service
public, à ses risques et périls, pour une longue durée, moyennant une rémunération
versée par les usagers du service.
10
- La troisième observation est relative au risque lié à l’exploitation dont le
concessionnaire assume la charge ;
Afin de permettre une meilleure comparaison, ceux-ci seront classés selon la nature des
relations liant les intervenants.
- D’une part, la durée du contrat d’affermage est plus réduite : pas de problèmes liés à
la récupération des investissements ;
- D’autre part, le fermier restitue à l’autorité concédante une partie des redevances
versées par les usagers.
11
b- Actes unilatéraux
La gérance :
C’est un contrat par lequel la collectivité confie à un gérant la gestion d’un service
public en contrepartie d’une rémunération fixe. Les attributions du gérant sont réduites,
il gère pour le compte et selon les directives de la collectivité qui seule assure les
risques et périls de l’exploitation.
La régie :
La régie fait partie des modes de gestion directe du service public par la collectivité
locale. On distingue trois types de régies :
- La régie directe ou simple : la régie directe ne possède ni la personnalité juridique ni
l’autonomie financière, elle ne possède pas non plus d’organe de gestion puisque les
décisions sont prises par l’assemblée délibérante de la collectivité. Les charges de
fonctionnement et les dépenses d’investissement sont prises sur le budget et
exécutées par les organes de la collectivité. Ce mode de gestion se caractérise donc
par le contrôle total du service par la collectivité.
- La régie autonome (autonomie financière) : la régie est dotée de l’autonomie
financière qui se caractérise par un budget propre rattaché à celui de la collectivité.
Toutefois, elle ne dispose pas de la personnalité morale.
- La régie personnalisée (autonomie financière et personnalité morale) : ce mode de
gestion est le plus prépondérant dans notre pays. La collectivité (généralement une
commune) confie la gestion à une personne morale distincte, de droit public sous
forme d’établissement public, qui possède ses organes de décision et délibérant avec
un conseil et un président. L’autonomie de ces établissements à des limites en raison
de l’influence notable de l’Etat et des collectivités locales sur la gestion de ces
établissements.
Le contrat d’exploitation :
C’est un marché de prestations de services entre une entreprise et la collectivité. Ce
contrat obéit aux règles des marchés pour notamment, le choix de l’entrepreneur et les
règles de responsabilité.
12
Section 2 : L’élaboration du contrat de concession
Nous traiterons la présente section en examinant tout d’abord les parties contractantes
(autorité concédante et concessionnaire) avant de définir le domaine d’application, les
documents prévus pour ce type de contrat et enfin la nature juridique du contrat.
a- L’autorité concédante
b- Le concessionnaire
Ce principe de libre choix du concessionnaire peut être écarté dans les cas suivants :
1
Avec le nouveau projet de loi sur la gestion déléguée des services publics, préparé par la Direction des
Entreprises Publiques et de la Privatisation, l’appel à la concurrence deviendra la règle et l’entente directe
sera sévèrement encadrée.
13
- l’autorité concédante peut tout d’abord opter pour une procédure spéciale de
passation. Cette procédure spéciale permettrait de stimuler l’offre ou permettre de
mieux connaître le futur concessionnaire ;
B) Le domaine d’application
Les services publics délégables sont essentiellement des services à caractère industriel
et commercial2.
2
Le projet de loi sur la gestion déléguée des services publics ne réduit pas les secteurs éligibles à la
concession aux seuls services publics à caractère industriel et commercial – bien que ces derniers en
soient les plus concernés. Le texte précise bien que des services n’ayant pas un caractère industriel et
commercial peuvent faire l’objet de concessions dont la liste sera fixée par décret.
14
C) Les documents de la concession
Dans la majorité des cas, cet acte comprend deux parties distinctes : la convention de
concession et le cahier des charges.
• La convention de concession :
C’est un document normalement assez court dans lequel les parties manifestent leurs
volontés réciproques, on y relève les clauses d’une portée générale.
3
Un modèle de contrat type d’une concession de service public est fourni à l’annexe 1.
15
Section 3 : L’exécution du contrat de concession
La signature d’un contrat de concession génère des droits et des obligations pour
chacune des parties contractantes : l’autorité concédante et le concessionnaire
Tout d’abord l’autorité concédante doit respecter tous les engagements souscrits et ne
pas prendre de mesures en contradiction avec les obligations stipulées dans le contrat. Il
est à noter que les sanctions encourues par l’autorité concédante, pour le non respect de
ses obligations, ne peuvent être prononcées que par le juge. Le concessionnaire ne
saurait s’en prévaloir pour se dispenser de ses obligations.
En effet, la concession étant un contrat de droit public, son contentieux relève des
juridictions administratives. Le recours à l’arbitrage se heurte au principe de
l’interdiction du recours à l’arbitrage pour les personnes publiques. Cette prohibition ne
cède le pas que dans la mesure où le contrat de concession revêt le caractère d’un
contrat international ou dans le cas où l’investisseur est étranger.
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de la concession au nouvel exploitant les immobilisations qui vont lui permettre de
réaliser l’exploitation du service public.
Enfin, l’autorité concédante est tenue de favoriser, dans la mesure du possible, l’action
du concessionnaire.
L’autorité concédante délègue la charge d’un service public à une entreprise privée.
Néanmoins, vis-à-vis des usagers, elle reste potentiellement le principal responsable des
problèmes survenus au cours de l’exploitation de la concession. A ce titre, elle dispose
d’un pouvoir étendu de contrôle des services délégués. Il s’agit d’un pouvoir de contrôle
financier (les délégataires doivent réaliser un compte rendu financier dont l’objectif est
le suivi des recettes et des dépenses de la concession) mais aussi technique (contrôle des
services techniques de la collectivité).
Le concessionnaire reçoit par contrat la gestion d’un service public. Ce contrat lui
attribue un marché qu’il est en droit d’exploiter. Il doit néanmoins se soumettre à
certaines obligations imposées par l’autorité concédante.
17
- assurer la continuité du service au même titre qu’une administration publique, sans
pouvoir se délier de son obligation en invoquant des difficultés matérielles ou
pécuniaires.
C) Biens de la concession
Les biens acquis durant la gestion déléguée par le Délégataire rentrent obligatoirement
dans l'une ou l’autre des catégories de biens cités ci haut.
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Voici, un schéma explicatif de la différenciation des biens de la concession :
Origine du
bien
Concédant Concessionnaire
Apport à titre
gratuit ?
Oui Non
Le retour est
prévu ?
Oui Non
Les biens de retour sont ceux qui doivent revenir obligatoirement à l’autorité
concédante à l'expiration de la concession. Ces biens sont propriété inaliénable de
l’autorité concédante. Ils ne peuvent faire l'objet d'aucune cession, sûreté, vente ou
location, par le concessionnaire ou l’autorité concédante, pendant toute la durée de la
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concession. Ils comprennent, notamment, les ouvrages, canalisations, appareillages,
terrains et constructions.
Pour les besoins de la concession, ces biens sont mis gratuitement à la disposition du
concessionnaire à la date d’entrée en vigueur, et reviennent à l’autorité concédante en
fin de concession.
- des biens nouveaux, affectés par nature aux services concédés, constitués et financés
par le concessionnaire ;
- des biens nouveaux, affectés par nature aux services concédés, constitués par le
concessionnaire et financés par le fonds de travaux ;
- des biens nouveaux, intégrés aux biens de retour existants, constitués et financés par le
concessionnaire, notamment lors de la réalisation des travaux de renouvellement; de tels
biens sont, généralement considérés au sens des contrats de concession, des biens de
retour par accession ;
- des biens nouveaux, constitués par le concessionnaire et financés par des tiers, lors de
la réalisation de travaux d'extension ou de renforcement ;
Les biens de retour comprennent les biens sis à l'intérieur du périmètre de la concession,
soit existant à la date d'entrée en vigueur, soit à construire ou à incorporer
postérieurement au domaine public.
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En retenant le service public de distribution d’eau potable, les biens de retour seront,
notamment, constitués de l'ensemble des installations de production propre et des
installations constituées par les réservoirs, les canalisations, les stations de surpression,
les branchements, les comptages, et d’une manière générale toutes les installations
comprises entre les points de livraison par les fournisseurs et le domaine privatif de
l'abonné.
En cas de pluralité de services publics concédés, tels que les concessions de distribution
d’eau potable, d’électricité et d’assainissement du liquide, les biens de retour peuvent
inclure les biens communs aux différents services : terrains, immeubles à usage
d'ateliers, bureaux, laboratoires, magasins ou de logements. Sont considérés également
comme biens de retour les logiciels informatiques de base ou développés en interne par
le concessionnaire, les pré-câblages des locaux au réseau informatique, la
documentation, les stations radio d’émission et de réception ainsi que les installations
téléphoniques et de communication, propriétés de l’autorité concédante et utilisés dans
le cadre des services concédés.
A l'exception des biens de retour, les biens mobiliers acquis ou constitués par le
concessionnaire à l'effet exclusif de l'exploitation des services concédés sont des biens
de reprise. Ils comprennent, notamment, les éléments mobiliers, affectés par l’autorité
concédante ou achetés par le concessionnaire auprès des tiers et utilisés dans le cadre
des services concédés.
Les biens de reprise sont constitués par les véhicules automobiles, les engins, les
matériels, les outillages, les mobiliers de bureau, le matériel informatique, les stocks et,
d'une manière générale, tous les biens meubles utilisés dans le cadre de l’exploitation
des services concédés autres que ceux constituant des biens de retour.
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D) Régime financier du contrat
L’équilibre économique et financier du contrat peut être atteint à travers divers moyens :
Au niveau des tarifs : par l’introduction de la formule de révision pour le
rattrapage économique ;
Au niveau des revues quinquennales : vérifier les résultats obtenus par le
concessionnaire et faculté de révision des programmes d’investissement ;
Au niveau des modifications des termes du contrat : tout évènement ou
imprévu et qui a pour conséquence d’altérer l’équilibre économique et financier
de la concession ;
Les ajustements des tarifs : en cas de modifications des tarifs des producteurs.
L’équilibre financier doit exister au cours des trois phases du contrat : à la signature,
pendant son déroulement et à l’issue de la période contractuelle.
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l’autorité concédante sur l’étendue du réseau et le nombre d’abonnés lors de la
préparation du contrat. Les tarifs établis par le concessionnaire en fonction des
informations communiquées par l’autorité concédante doivent lui permettre d’équilibrer
son budget et de réaliser une marge. Celle-ci doit, néanmoins, être conforme à celle
réalisée par la profession. L’autorité a, dans le cadre de son pouvoir de contrôle, la
possibilité de vérifier :
- le respect de l’égalité des usagers : tous les usagers doivent bénéficier du même
traitement, du même service et à des conditions tarifaires identiques.
- des clauses de révisions de prix : ces clauses permettent une renégociation tarifaire.
La révision des prix est nécessaire lorsque des éléments nouveaux, indépendamment
des clauses d’indexation de prix, viennent modifier de manière importante les
conditions d’exploitation de la concession. Dans ces conditions, un avenant au
contrat initial est négocié entre les parties qui explicitent le contexte de révision de
prix, et fixe les nouvelles conditions tarifaires.
23
L’autorité concédante peut unilatéralement modifier les conditions techniques
d’exploitation de la concession dans l’intérêt public. Ces modifications résultent
d’événements externes non prévus au contrat et peuvent remettre en cause de manière
significative l’équilibre général d’exploitation de la concession. Les coûts économiques,
supportés par le concessionnaire sont répercutés aux usagers (par le biais d’un
ajustement du prix facturé aux usagers) ou à l’autorité concédante si celui-ci ne souhaite
pas modifier les tarifs appliqués aux abonnés (une redevance permet la répercussion des
coûts engagés par le concessionnaire).
Les provisions réalisées au cours de la concession permettent d’étaler la charge afin que
la restitution des biens ne porte pas un préjudice financier au concessionnaire remettant
en cause l’équilibre financier du contrat.
L’équilibre financier du contrat s’analyse ainsi comme un équilibre global sur la durée
totale de la concession. Dès lors que le concessionnaire a récupéré la totalité du
24
financement des biens qu’il a mis dans la concession, la remise des installations
n’appauvrit pas sa situation financière et, la juste rémunération de l’exploitant doit être
analysée eu égard aux résultats réels accumulés durant la concession.
Normalement la concession prend fin lorsque la durée pour laquelle elle a été instituée
vient à expiration. Son renouvellement ou sa prolongation sont néanmoins deux
situations fréquentes.
La concession peut prendre fin pour d’autres raisons. C’est le cas par exemple :
25
B) Conséquences de l’extinction du contrat de concession
- les biens de retour comme leur nom l’indique, doivent en fin de contrat, être
retournés gratuitement à l’autorité concédante ;
- les biens de reprise, biens utilisés pour l’exécution du contrat dont le retour
obligatoire a été écarté, peuvent faire l’objet d’une transaction et être repris contre
indemnité par l’autorité concédante. Dans la pratique, on rencontre le plus souvent
des rachats contractuels où il est fait transfert de tous les biens et une indemnité
correspondante est allouée au concessionnaire.
- Les biens propres ne sont entachés d’aucune condition de retour, qu’elle soit
obligatoire ou bien facultative.
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Chapitre II) Présentation du cadre réglementaire comptable actuel
Une application stricte des règles comptables de droit commun en vue de traduire
certaines situations spécifiques aux contrats de concession s’avère insuffisante pour
atteindre l’image fidèle. Les principales problématiques rencontrées à l’occasion de la
traduction des opérations de la concession sont les suivantes :
Une application stricte des règles de la comptabilité commerciale voudrait que ces
biens ne soient pas inscrits à l’actif du concessionnaire. Que fait-on, alors, des cas :
- des entreprises dont l’activité est exclusivement d’exploiter des concessions
et qui n’ont pratiquement pas ou peu de biens propres ?
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- des entreprises concessionnaires qui sont tenues de construire les ouvrages
pour les exploiter ensuite, tels que les concessionnaires d’autoroutes qui
auront tout d’abord la charge de construire l’autoroute pour pouvoir
l’exploiter pendant une certaine durée. Les résultats dégagés ne sont-ils pas
directement générés par ce bien de retour ? le lecteur des états de synthèse
n’est-il pas en droit d’être informé sur ces immobilisations qui concourent à
l’exploitation et qui sont à l’origine des résultats dégagés ?
Nous reviendrons plus en détail sur l’analyse des ces problématiques au niveau de la
deuxième partie du mémoire (section 2 du premier chapitre) où nous présenterons
simultanément les options comptables et les positions que nous avons retenu pour les
besoins de notre proposition de normalisation comptable.
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Le Conseil National de la Comptabilité n’a pas eu non plus à se prononcer, dans une
position officielle, sur le thème. Toutefois, il a été, dernièrement, constitué une
commission « concession » dont la première réunion s’est tenue le 11 avril 2003 à
travers un séminaire sur la mise à niveau des normes comptables applicables aux
concessions.
Ces annexes qui se limitent uniquement à présenter les principes généraux devant régir
la comptabilisation de certaines opérations de concession sont loin de fournir toutes les
solutions aux problématiques rencontrées lors de la traduction comptable des
spécificités des concessions.
Ainsi, nous avons mené une enquête auprès de l’ensemble des concessionnaires
marocains de distribution d’eau potable (Lydec, Redal et Amendis) pour apprécier leurs
29
référentiels ainsi que leurs traitements comptables des opérations liées aux
immobilisations du domaine concédé.
Cet état de fait permet de mettre en évidence un besoin réel en matière de normalisation
comptable du secteur.
Nous allons présenter les sources comptables applicables aux concessions de service
public françaises par ordre d’importance décroissante :
Les entreprises concessionnaires sont soumises aux règles du plan comptable de 1982
dont une disposition spéciale vise particulièrement les concessions de services publics
ou de travaux publics. Le PCG consacre à ces entreprises cinq alinéas spécifiques :
30
- le maintien du potentiel productif des biens concédés est recherché par le jeu des
amortissements et provisions adéquates ;
- distinction de l’activité de chaque concession ou catégorie de concession dans des
comptes de résultat appropriés.
Comme il est apparu que les règles de la comptabilité commerciale ne sont pas adaptées
à traduire les particularités des concessions, le Conseil National de la Comptabilité s’est
saisi, en 1970, du problème de la normalisation comptable des entreprises
concessionnaires à travers l’évaluation de l’opportunité de réaliser un plan comptable
spécifique.
Le projet de plan type mis au point par la commission a été proposé comme une simple
directive, sans aucun caractère contraignant.
4
Les résultats de l’enquête seront présentés au niveau de la deuxième partie du mémoire à l’occasion de
la comparaison de notre proposition de normalisation comptable avec les pratiques des entreprises
concessionnaires marocaines.
31
Ces propositions ont été examinés par le CNC réuni en assemblée plénière les 8 juillet,
7 novembre et 18 décembre 1975. Elles ont abouti sur « Le Guide comptable des
entreprises concessionnaires ». Compte tenu de ces motifs le Conseil National de la
Comptabilité constate que « le projet qui lui est soumis répond aux objectifs fixés,
puisque la concession ne constitue pas une personne morale distincte du
concessionnaire et qu’elle ne peut être considérée comme une entité comptable ». Le
CNC a immédiatement attiré l’attention du lecteur sur le caractère provisoire de ce qui
n’est sensé former qu’un corps de recommandations.
• La jurisprudence :
Dans son « Rapport sur les orientations générales en matière de comptabilité des
entreprises concessionnaires », publié en 1994, le CNC cite quelques sources
jurisprudentielles essentielles pour la détermination du mode de comptabilisation des
biens corporels et incorporels de la concession :
- indiquent que leur valeur doit être déterminée selon les conditions dans
lesquelles il a été acquis ;
32
B) L’environnement européen :
Cet article du traité de Rome a l’avantage, pour la première fois, de définir au niveau
européen la notion de service public. Il reste néanmoins cantonné aux services publics à
caractère industriel et commercial et ne prévoit rien en matière de service public
« classique ».
La reconnaissance au niveau européen de cette notion assujetti ces services publics aux
règles européennes suivantes :
- les Etats n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire aux règles du traité
en ce qui concerne les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou
exclusifs ;
- les entreprises chargées de la gestion de service d’intérêt général sont par principe
soumises aux règles du traité, sauf si l’application d’une de ces règles fait échec à
leur mission.
33
Citons à titre d’exemples deux directives importantes en matière de délégations de
services publics :
- la directive « Travaux », adoptée en juillet 1989 par le conseil européen, traite non
seulement de la passation des marchés publics de travaux, mais aussi de l’attribution
des concessions de travaux ;
- la directive sur « les marchés publics de service » : un fort lobbying mené par les
pays latins a permis d’exclure de cette directive les délégations de service public. En
effet, ces pays ont eu recours de manière conjointe aux entreprises privées et à
l’Etat, et ont effectué des interventions présentes auprès de la communauté
européenne pour bénéficier de cet avantage.
Pour ce faire, nous allons comparer le traitement international aux pratiques actuelles
des entreprises concessionnaires au Maroc qui fondent principalement leurs traitements
comptables sur les directives comprises au niveau des annexes de leurs contrats de
concession. Les principes généraux édictés par les annexes des contrats de concession
sont au nombre de trois et stipulent que :
1- Les biens mis dans la concession par l’autorité concédante et le concessionnaire sont
inscrits à l’actif du bilan du concessionnaire ;
3- Dans la mesure où la valeur utile d’une installation du domaine délégué peut être
conservée par un entretien convenable, ladite installation ne fait pas l’objet d’un
34
renouvellement ni au niveau des charges d’exploitation du concessionnaire, ni au
niveau des dotations aux amortissements pour dépréciation.
- les annexes des contrats de concession précisent que les investissements réalisés par
le concessionnaire et l’autorité concédante, pendant la durée de la concession, sont
portés à l’actif du bilan du concessionnaire. Ces biens sont restitués gratuitement au
concessionnaire à l’issue de la concession. La terminologie généralement retenue est
celle de « biens de retour » ;
- selon la norme IAS 16, les immobilisations corporelles sont les éléments d’actif
qui :
♦ sont détenus par une entreprise, dans le but de leur utilisation dans la production
ou la fourniture de biens et services, pour la location à des tiers, ou pour des
raisons administratives ;
♦ et sont censés être utilisés sur plus d’un exercice.
Toute l’ambiguïté du terme « détenu » permet donc, ici, d’envisager l’activation des
biens de retour, appartenant ab initio à l’autorité concédante. La conception
internationale privilégie la notion de « contrôle » sur la notion de « propriété ».
5
L’IASB (ex-IASC) est un organisme chargé de l’élaboration et de la publication des normes
comptables (IFRS/IAS) dans un objectif d’harmonisation des réglementations relatives aux états
financiers. Il a été crée en 1973 à l’initiative des organismes de normalisation comptable de
l’Allemagne, de l’Australie, du Canada, des Etats-Unis, du Japon, du Mexique, du Royaume Uni et
de l’Irlande.
35
Plus loin dans le même texte, il est stipulé qu’un élément des immobilisations
corporelles doit être inscrit à l’actif lorsque :
♦ il est probable que les avantages futurs associés à cette immobilisation
bénéficieront à l’entreprise ;
♦ et que le coût de cette immobilisation pour l’entreprise peut être mesuré de
façon fiable.
Ces conditions ne nuisent en rien au premier principe édicté par les annexes des contrats
de concession qui préconise l’inscription des biens de retour en immobilisations
corporelles au bilan du concessionnaire.
- Le deuxième principe énoncé dans les annexes des contrats de concession précise
que, dans un objectif de maintien du potentiel de production, les biens de la
concession feront, notamment, l’objet :
♦ d’un amortissement pour dépréciation : destiné à permettre le renouvellement à
leur valeur d’acquisition ou de production ;
♦ d’un amortissement de caducité : destiné à permettre la reconstitution des
capitaux investis.
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• pour les immobilisations renouvelables, la durée d’utilisation estimée est la
période restant à courir jusqu’au prochain renouvellement : application d’un
amortissement pour dépréciation ;
• pour les immobilisations non renouvelables, la durée d’utilisation s’identifie à la
durée résiduelle de la concession : application d’un amortissement de caducité.
Cette analyse remet en cause le traitement comptable prévu aux annexes des contrats de
concession concernant les dépenses de renouvellement et de grosses réparations. Les
normes internationales préfèrent constater au fil de l’eau les dépenses afférentes.
37
Chapitre III) Les immobilisations de la concession de service public
Il faut dire qu’il n’existe pas de texte spécifique aux concessions des services publics.
Néanmoins, la concession trouve ses bases dans différents textes tels que :
38
Si les premiers contrats de concessions comportaient certaines lacunes6, les plus récents
sont relativement « mieux négociés ». En effet, l’autorité concédante avait mal négocié
certains aspects des contrats (mode de contrôle, tarification…) et des mises à jour ont
été ainsi introduites au niveau du système de tarification, par exemple. Les prix reposent
désormais sur la structure de la consommation et les augmentations sont conditionnées
par les réalisations des investissements de l’année antérieure.
- la durée de la concession ;
- la nature des biens de reprise et de retour ;
- le calcul des droits d’entrée et des redevances versées par le concessionnaire ;
- la périodicité et les modes de contrôle ;
6
Exemple du contrat signé avec la Lyonnaise des Eaux qui prévoit un système de tarification reposant sur
les prix moyens (sommation des tarifs unitaires*volume), sur la révision semestrielle des prix et sur des
augmentations contractuelles. Cette méthode s’est avérée peu efficace et a conduit à des tarifs d’électricité
8% supérieurs au tarif national.
39
- la tarification, les conditions de modification des tarifs.
- la cession de la concession ;
- le rachat de la concession par le concédant ;
- la reprise du personnel ;
- les sanctions, ainsi que le principe et les modalités d’indemnisation du
concessionnaire ;
- le recours à l’arbitrage international ;
- la création d’un conseil consultatif des concessions ;
- la création d’un organe de régulation indépendant, doté de la personnalité morale et
de l’autonomie financière.
40
Au niveau de la nomenclature des comptes, les immobilisations seront classées tout
d’abord selon leur caractère renouvelable ou pas, puis par nature.
Les biens du domaine concédé, parce qu’ils devront ou pourrons être remis au
concédant en fin de contrat, nécessitent des traitements comptables et fiscaux
particuliers.
La distinction par financement et au départ avant tout pratique et liée à la mise en place
du contrat de concession. Nous avons pu constater que les cahiers des charges
distinguent toujours les biens apportés (mis en concession, financés) par le concédant
(ou les tiers) de ceux financés par le concessionnaire pour définir les obligations de
chacun.
41
Le concessionnaire mobilise tous ses efforts pour obtenir les emprunts aux conditions
les plus favorables à la concession.
La participation des abonnés (ou Fonds de travaux), cette source de financement est
généralement réservée aux travaux de renforcement et d'extension des réseaux et des
ouvrages qui sont nécessaires pour assurer l'exécution des services concédés.
La participation des abonnés alimente un fonds dénommé "Fonds de travaux" tenu par
le concessionnaire qui servira à financer ces investissements.
Le compte Fonds de Travaux est le compte courant assurant la liaison comptable entre
l’autorité concédante et le concessionnaire. Ce compte enregistre à son crédit et à son
débit respectivement les ressources et emplois définis dans les contrats de concession de
la manière suivante :
Est porté au débit les montants résultant Est porté au crédit les montants résultant
- Des études et travaux réalisés dans le cadre - Le produit des participations des
des marchés ; abonnés ;
- Des travaux d’exécution des infrastructures - Le produit des remboursements, par les
sociales ; bénéficiaires des branchements sociaux ;
- Du coût de servitude, des frais - Le produit de récupération des
d’expropriation ou d’acquisition de terrains installations détruites ou de la vente du
42
privés nécessaires à l’établissement matériel réformé ;
d’ouvrages et les frais de constitution de - Les intérêts produits des placements du
périmètres de protection ; compte ouvert à la Trésorerie Générale ;
- Du coût d’achèvement des travaux en cours - Les subventions, emprunts, dons et legs
de réalisation en début de contrat, accordés à l’Autorité concédante ;
- De toute autre dépense imputable à ce fonds - Le produit de la surtaxe affecté au
conformément au contrat ou à l’accord entre remboursement des emprunts contractés
les parties. par l’ancienne régie ;
- Toute autre recette arrêtée d’un commun
accord entre les deux parties.
Les excédents de trésorerie dégagés par le fonds de travaux font l'objet d'un placement
en bons du Trésor de l’Etat marocain.
Le financement par les abonnés du coût des travaux faits pour leur compte. Il s’agit
d’immobilisations financées par les abonnés dans le cadre des renforcements et des
acquisitions nouvelles concernant l’infrastructure. Ces travaux sont communément
appelés « travaux remboursable ».
43
a- Les biens non renouvelables
En effet l’amortissement pour dépréciation d’un bien doit être calculé sur la durée de
vie de ce bien. Or la durée de vie prévisionnelle excède celle restant à courir de la
concession. La dépréciation du bien au bilan sera traduite par l’enregistrement d’un
amortissement technique « pour ordre » sans passer par les charges.
Les biens non renouvelables peuvent faire l’objet de travaux d’entretien et de réparation
au même titre que les biens renouvelables. Si par ailleurs, de grosses réparations sont
nécessaires, le concessionnaire pourra constater une provision à ce titre en prévision des
travaux.
Une provision pour renouvellement peut être constatée pour chaque bien renouvelable,
indépendamment de son financement. Une telle provision a pour objectif de permettre
au concessionnaire, responsable du remplacement, de disposer de fonds nécessaires en
affectant une partie des bénéfices.
44
suffiront pas au renouvellement. C’est pour cela qu’une provision peut être constituée :
elle couvre le différentiel entre le coût de remplacement de l’immobilisation et sa valeur
supportée à l’origine par le concessionnaire.
La base de la provision pour renouvellement est donc différente selon les financements.
La distinction des immobilisations selon leur nature telle que définie par le Plan
Comptable Général des Entreprises (terrains, constructions, installations techniques
matériel et outillage….) s’impose aux sociétés concessionnaires au même titre que les
autres sociétés.
45
Section 3: Analyse juridique du régime de propriété des
immobilisations du domaine concédé
Les dispositions du dahir de 1914 sur le Domaine Public, complété par les dahirs de
1925 et 1929 et par la Loi sur l’Eau datant de 1995 ne donnent pas une autre solution.
Plus loin le décret prévoit que cette occupation se fait contre le paiement d’une
redevance. Il y a donc une location et non transfert de propriété.
46
Pour apprécier le régime de propriété des biens du domaine concédé, nous allons nous
appuyer d’une part sur le principe de droit administratif cité au paragraphe précédent et
d’autre part sur l’analyse de l’une des conventions de gestion déléguée existantes. Pour
ce faire, nous rappelons qu’il existe au Maroc quatre conventions de gestion déléguée
de la distribution d’eau potable :
Les conclusions auxquelles aboutira notre analyse seront identiques quelque soit la
convention étudiée. Ainsi, nous allons étudier l’une des dernières conventions conclues
à savoir celle de Tanger7 (la convention de Tétouan est exactement similaire à celle de
Tanger puisque le concessionnaire est le même).
7
Il est possible d’aboutir aux mêmes conclusions en se basant sur l’analyse des articles 7, 24 et 46 de la
convention de Casablanca signée le 28 avril 1997 entre la LYONNAISE DES EAUX et la Communauté
Urbaine de Casablanca.
8
Cf. annexe 5 du présent mémoire.
47
Extrait du Titre Premier de la convention :
-------------------
1.1- Les biens de retour sont ceux qui doivent revenir obligatoirement à
l’Autorité Délégante à l'expiration de la gestion déléguée. Ces biens sont
propriété inaliénable de l’Autorité Délégante. Ils ne peuvent faire l'objet
d'aucune cession, sûreté, vente ou location, par le Délégataire ou l’Autorité
Délégante, pendant toute la durée de la gestion déléguée. Ils comprennent,
notamment, les ouvrages, canalisations, appareillages, terrains et constructions.
Pour les besoins de la gestion déléguée, ces biens sont mis gratuitement à la
disposition du Délégataire à la Date d’Entrée en Vigueur, et reviennent à
l’Autorité Délégante en fin de gestion déléguée dans le cadre des dispositions
prévues dans le Contrat.
48
e- des biens nouveaux, constitués par le Délégataire et financés par
des tiers, lors de la réalisation de travaux d'extension ou de
renforcement;
-------------------
49
En tenant compte de l’analyse du régime de propriété des biens du domaine concédé, il
nous faut pour des raisons essentiellement fiscales et comptables envisager plus
généralement le statut juridique de ces biens en les classant par mode de financement.
En effet, on comprend dès lors que le concessionnaire n’a qu’un droit de jouissance et
non un droit de propriété sur l’ensemble des biens de retour, même ceux dont il
finance exclusivement la réalisation.
De plus cette analyse peut être complétée grâce aux termes employés dans l’article 9 qui
fait état d’une mise à disposition des biens de retour. La technique juridique veut que la
mise à disposition soit appréhendée comme un contrat de prêt et non comme un contrat
de transfert de propriété.
50
Ces biens étant des biens de retour au sens de l’article 9 alinéa 1.2 – a), ils seront remis
gratuitement à l’autorité concédante à la fin de la concession.
Toutefois, même si le concessionnaire ne dispose pas d’un droit de propriété sur ces
biens, il en dispose d’un droit de jouissance et d’exploitation exclusif. Dans le cas où
ces biens seraient reçus à titre onéreux9, le montant des débours constituerait un droit
incorporel à inscrire au bilan du concessionnaire. Ce droit incorporel fait partie
intégrante du droit d’entrée représentatif du droit exclusif d’exécution accordé par le
contrat de concession au concessionnaire.
Le concessionnaire va réaliser les travaux en son nom car cela va lui permettre
d’accroître la rentabilité d’exploitation du service public dont il a la charge et
conséquemment les profits qu’il va tirer de cette exploitation mais ces investissements
seront réalisés pour le compte de l’autorité concédante du fait de leur rétrocession en fin
de contrat.
9
Cas rarement rencontré au Maroc. En effet, le remise des biens au concessionnaire par l’autorité
concédante en début de contrat se fait généralement à titre gratuit.
51
C) Les immobilisations financées par le fonds de travaux
Ici, le concessionnaire joue le rôle d’un simple mandataire agissant au nom et pour le
compte de l’autorité concédante, son rôle se limitera à assurer une mission de
représentant ou d’intermédiaire de cette dernière.
Ces biens sont également assimilés à des biens de retour au sens de l’article 9 alinéa 1.2
– c).
L’analyse juridique des immobilisations financées par les abonnés dites également
financées par les tiers est similaire à celle des immobilisations financées par le fonds de
travaux. Ces biens sont également assimilés à des biens de retour au sens de l’article 9
alinéa 1.2 – e).
Les biens propres et les biens de reprise sont la propriété du concessionnaire, ils
obéissent aux règles fiscales de droit commun et ne nécessitent pas de remarques
particulières de notre pat. La présente section sera donc consacrée au régime fiscal des
biens de retour compte tenu de leurs particularités.
52
En l’absence de règles fiscales spécifiques dans le domaine, notre étude est
principalement fondée sur :
- l’analyse des dispositions des annexes (relatives au traitement fiscal) des
conventions de gestion déléguée de la distribution de l’eau potable dans les
régions de Casablanca et de Tanger ;
- l’analyse des positions expressément confirmées par la Direction des Impôt au
niveau de ses correspondances avec les concessionnaires de la distribution de
l’eau potable dans les régions de Casablanca (réponse adressée à la Lydec Cf.
annexe n°6) et Rabat (réponse adressée à la Redal Cf. annexe n°7)
Les biens reçus gratuitement en début de concession constituent des biens de retour. Le
concessionnaire ne bénéficie que d’un droit de jouissance sur ces biens, en ayant
l’obligation de les affecter à la concession et les maintenir en bon état de
fonctionnement.
Les biens en question étant acquis gratuitement et inscrits uniquement dans le domaine
concédé, ils ne peuvent faire l’objet d’amortissement pour dépréciation déductible de
l’assiette de l’Impôt sur les Sociétés.
En cas de cession des biens reçus gratuitement, les recettes afférentes à ces cessions et
inscrites au crédit du Fonds de Travaux, ne constituent pas normalement des produits du
concessionnaire imposables à l’Impôt sur les Sociétés.
Par référence au régime en matière d’Impôt sur les Sociétés, la TVA qui aurait grevé les
biens en question, non déduites par l’autorité concédante (représentée par les ex-régies),
n’ouvre pas droit à une quelconque récupération au niveau des déclarations du
concessionnaire.
53
En cas de cession des biens reçus gratuitement, les recettes de ces cessions ne sont pas
normalement passibles de la TVA, puisque s’agissant de fonds collectés pour le compte
d’une collectivité locale (généralement une communauté urbaine) laquelle n’est pas
assujettie à la TVA.
En vertu des dispositions du dahir n° 1-61-442 du 30/12/1961 tel qu’il a été complété et
modifié, relatif à l’impôt des patentes, cet impôt frappe toutes professions et toutes
activités commerciales et industrielles.
L’assiette de l’impôt est établie sur les moyens d’exploitation comprenant les magasins,
usines, ateliers, chantiers, dépôts ainsi que les moyens matériels de production qui y
sont rattachés.
Ainsi, les biens susvisés reçus par le concessionnaire sont imposables à la patente en
tant que biens affectés à l’exploitation du concessionnaire.
L’assiette de l’impôt sera établie sur la valeur locative de ces biens, déterminée tel que
prévue par la loi susvisée.
Par ailleurs, et par référence aux dispositions de la loi de finance 1996 qui ont modifié
le dahir relatif à la patente, les entreprises nouvelles ayant débuté leur activité à compter
de 1996 bénéficient de l’exonération quinquennale du principal de l’impôt des patentes
depuis le début de leur exploitation. Toutefois, l’administration fiscale n’a pas admis
cette exonération au concessionnaire du service de distribution de l’eau potable de la
région de Casablanca (Lydec) puisque semble t-il, elle l’a considéré comme
continuateur de l’ex-régie.
Compte tenu de la mission qui est confiée aux concessionnaires de distribution de l’eau
potable en matière de développement de certaines installations de base, l’administration
fiscale a fait bénéficier ces derniers de l’exonération de certains éléments. Cette
exonération concerne des équipements se rapportant aux réseaux de distribution et aux
54
ouvrages de conduite d’eau (tels que les canalisations, lignes, pylônes, câbles…..) dès
lors qu’ils sont utilisés en tant que moyens de transport nécessaires à l’exercice de
l’activité, ainsi que le petit matériel et outillage.
En vertu des dispositions de la loi 37-89 relative à la taxe urbaine, cette taxe s’applique
aux immeubles affectés par leurs propriétaires à une profession ou une quelconque
activité commerciale ou industrielle, y compris les moyens d’exploitation qui en font
partie intégrante. Par ailleurs, la même loi prévoit l’exonération quinquennale de la taxe
au titre des constructions nouvelles, additions de constructions ainsi que les moyens
d’exploitation nouvellement acquis.
A ce titre, les biens de retour récupérés à la signature du contrat ne sont pas propriété du
concessionnaire, ils ne sont donc pas en conséquence passibles de la taxe urbaine.
Il s’agit des biens acquis et financés par le concessionnaire et faisant partie des biens de
retour.
55
immobilisée. Cette production immobilisée n’est pas soumise à la cotisation
minimale au titre de l’IS.
• Traitement après inscription en immobilisations incorporelles : ces biens,
n’étant pas la propriété du concessionnaire, ne peuvent faire l’objet d’un
amortissement pour dépréciation. Néanmoins, il est permis de pratiquer
l’amortissement pour dépréciation du droit incorporel sur ces biens correspondant à
un amortissement pour caducité établi sur la durée d’exploitation avant le
renouvellement des biens. Les biens renouvelés peuvent faire l’objet d’un
amortissement de caducité déductible.
Cette prise de position est confirmée par la doctrine administrative actuelle, puisque
l’administration fiscale estime que ces biens sont financés par le concessionnaire, alors
la TVA qui a grevé leur prix de revient ouvre droit à déduction entre ses mains.
Par ailleurs, si ces biens sont produits par le concessionnaire lui-même, ils sont
passibles de la TVA sur les livraisons à soi même au taux de 20%.
Le concessionnaire ne dispose d’aucun droit de propriété sur les biens de retour même
si ceux-ci sont financés par lui d’après le contrat. A cet effet, comme ils sont censés
appartenir ab-initio à l’autorité concédante, ces biens sont exclus du champ
56
d’application de la taxe urbaine à l’image des biens de retour financés par l’autorité
concédante.
Toutefois, l’administration fiscale affirme que les biens mis en concession par le
concessionnaire et financés par lui sont passibles de la taxe urbaine. Aucun argument
juridique convaincant n’est présenté à l’appui.
Il s’agit des biens financés par des fonds collectés auprès de tiers, et consistant dans des
travaux de renforcement des réseaux et ouvrages réalisés par le concessionnaire pour le
compte de l’autorité concédante.
Les acquisitions financées par le fonds de travaux font partie des biens de retour. Par
ailleurs, le fonds de travaux est alimenté au crédit par les produits des participations et
autres recettes prévues par les contrats de concession.
Le concessionnaire, dans le cadre de ce mandat, agit en tant que simple ingénieur ayant
pour rôle la supervision des travaux et leur réception pour le compte de l’autorité
concédante. Le concessionnaire supporte à ce titre des coûts internes directement
rattachés à ces opérations, et consistant dans la fourniture de main d’œuvre et de
certaines matières. La supervision réalisée par le concessionnaire est par ailleurs
rémunérée par une majoration pour peines et soins calculée au taux de 10% sur le
montant des coûts externes, et visant à faire compenser au profit du concessionnaire les
frais de gestion de ces opérations.
57
Compte tenu de ces éléments, le coût des biens financés par le fonds de travaux serait
traité comme suit :
- Au titre des coûts externes : s’agissant de travaux reçus par le concessionnaire pour
le compte de l’autorité concédante, ces coûts devraient être portés directement au
débit du compte fonds de travaux toutes taxes comprises en tant que débours
financés par le fonds de travaux.
- Au titre des coûts internes : ils sont refacturés à l’identique constituant ainsi des
produits d’exploitation imposables à la cotisation minimale.
Comme précisé en matière d’IS, le concessionnaire finance des débours toutes taxes
comprises pour le compte de l’autorité concédante, il se fait rembourser par les recettes
du fonds de travaux. En conséquence, les taxes grevant ces débours ne sont pas
récupérables par le concessionnaire.
Par contre, au titre des coûts internes, le concessionnaire devrait récupérer la taxe qui
aurait grevé ces éléments en amont, et corrélativement soumettre à la TVA au taux de
20% les livraisons de main d’œuvre et de matières, ainsi que les peines et soins.
La TVA facturée devra être établie sur les facturations régulières lors du transfert de
propriété des biens et prestations. Elle devrait être déclarée dès l’encaissement de ces
ventes, notamment suite au débit du compte Fonds de Travaux qui coïncide avec la fin
du chantier.
58
c- Traitement en matière d’impôt des patentes, taxe urbaine et taxe d’édilité
• Impôt des patentes : Le traitement est le même que celui des biens reçus
gratuitement au début de la gestion déléguée et des biens financés par le
concessionnaire.
• Taxe urbaine et taxe d’édilité : Le traitement est le même que celui des biens
financés par le concessionnaire.
Ces travaux sont définis par assimilation comme étant des biens de retour : tels que les
renforcements et acquisitions nouvelles concernant l’infrastructure et assimilés, comme
prévu par la convention ; et le cas échéant des biens de reprise dans des cas particuliers.
¬ Cas où les travaux sont réalisés par les tiers et supervisés par le concessionnaire :
Le concessionnaire devrait à ce titre facturer les peines & soins aux tiers en tant que
produits d’exploitation ; par contre, la PPE perçue des tiers ne saurait constituer un
produit d’exploitation imposable à l’IS, puisque s’agissant d’une surtaxe collectée pour
le compte de l’autorité concédante.
Par ailleurs, le coût total des travaux porté dans le domaine concédé ne saurait faire
l’objet d’amortissements déductibles.
59
¬ Cas où le concessionnaire réalise les travaux pour le compte des tiers :
¬ Cas où les travaux sont réalisés par les tiers et supervisés par le concessionnaire :
Le concessionnaire devrait facturer la TVA sur les peines et soins qu’il met à la charge
des tiers.
Par contre, la PPE collectée pour le compte de l’autorité concédante ne serait pas
normalement soumise à la TVA, puisque ne constituant pas un produit d’exploitation.
60
La livraison des travaux aux tiers est soumise à la TVA au taux de 14% applicable aux
travaux immobiliers.
Le régime est identique à celui des biens financés par le Fonds de Travaux.
Les renouvellements :
En vertu de la loi sur l’IS, sont déductibles les provisions qui sont constituées en vue de
faire face soit à la dépréciation des éléments de l’actif, soit à des charges non encore
réalisées que des événements en cours rendent probables.
61
Toutefois, il semble que la Direction des Impôts, dans ses correspondances avec le
concessionnaire du service de distribution de l’eau potable dans la région de
Casablanca, n’admet pas la déductibilité fiscale des provisions pour renouvellement
dans la mesure où elle ne prévoit le traitement fiscal du renouvellement qu’une fois que
celui-ci est réalisé.
62
c- Traitement en matière d’impôt des patentes, taxe urbaine et taxe d’édilité
• Impôt des patentes : Le traitement des biens renouvelés est identique au traitement
des biens repris à la signature du contrat.
• Taxe urbaine et taxe d’édilité : Les renouvellements constituent également des
biens de retour, propriété inaliénable de l’autorité concédante. Ainsi, par référence
au régime des biens financés par le concessionnaire, à notre avis, les
renouvellements bien que financés par le concessionnaire, n’en constituent pas sa
propriété et ne sauraient être soumis à la taxe urbaine et à la taxe d’édilité.
Les grosses réparations sont des charges prévisibles de maintenance importantes qui ne
peuvent être rattachées à un seul exercice et qui ne peuvent par conséquent être
assimilés à des frais courants d’entretien et de réparation.
Au même titre que les provisions pour renouvellement, la loi fiscale prévoit la
déductibilité des provisions destinées à faire face à la dépréciation des éléments de
l’actif ou à des pertes dont le fait générateur se situe au niveau de l’exercice.
63
Ces provisions, une fois que les dépenses ont été engagées (et portées en charges ou
transférées au poste autres charges à répartir sur plusieurs exercices), doivent être
reprises en produits.
L’administration fiscale semble ne pas admettre la déductibilité par avance des dépenses
de grosses réparations, et paraît privilégier leur activation, en précisant dans ses
correspondances que lesdites dépenses de grosses réparations sont à étaler sur plusieurs
exercices par leur comptabilisation en immobilisations en non valeur.
A notre avis, cette position remet en cause le principe de rattachement à chaque exercice
de sa quote-part de grosses réparations.
64
Chapitre IV) Les amortissements et les provisions dans les concessions de
service public
L’exploitation d’un service public impose certaines contraintes telles que le maintien à
un niveau satisfaisant de la qualité du service ou encore le respect du principe de la
continuité du service.
La durée prévue du contrat constitue le deuxième élément fondamental, car malgré une
durée généralement importante, le terme est toujours fixé à l’avance.
65
autrement dit qu’il puisse récupérer le montant des fonds investis), il sera autorisé à
pratiquer sur lesdites immobilisations un amortissement de caducité10 ;
- pour assurer la qualité de l’exécution du service public, le concessionnaire devra
renouveler et tenir en bon état de fonctionnement l’ensemble des immobilisations
nécessaire au service public. Le respect de cette règle de qualité, par le maintien en
parfait état de fonctionnement du potentiel productif, sera assuré par le biais de
l’inscription dans les comptes du concessionnaire de provisions pour
renouvellement et/ou provisions pour grosses réparations dites également provisions
pour remise en état des immobilisations.
Deux types d’amortissements sont identifiés dans les concessions de service public. Il
s’agit d’une part de l’amortissement pour dépréciation et d’autre part de
l’amortissement de caducité.
L’amortissement pour dépréciation est pratiqué pour les trois motifs habituels suivants :
10
Notre proposition de normalisation comptable, qui sera présentée au niveau de la deuxième partie du
présent mémoire, permet d’éviter le problème de la caducité et les confusions qui s’y attachent.
66
Il convient de rappeler que l’amortissement des biens propres obéit aux règles de droit
commun et ne nécessite aucune remarque particulière de notre part.
67
b- Les immobilisations financées par le concessionnaire
68
comptable de ces biens est fondée sur une approche qui permet de supprimer la
notion de caducité et toutes les confusions qui s’y attachent. Cette approche sera
exposée au niveau de la deuxième partie du présent mémoire.
L’amortissement de ces biens suit les mêmes règles que les biens mis gratuitement
initialement en concession par l’autorité concédante.
B) L’amortissement de caducité
69
Mise en évidence du risque : le risque financier peut être facilement explicité à travers
l’exemple suivant :
• Données :
Mise en place d’une immobilisation dont les caractéristiques sont les suivantes :
- Valeur de 1 000 ;
- d’une durée de vie de 50 ans.
Le prix de vente du bien étant nul, la perte à constater comptablement sera de 600.
• Solution :
L’ensemble des biens financés par l’exploitant doivent faire l’objet d’une prise en
charge adaptée permettant la récupération des capitaux que celui-ci a engagés pour le
financement ultime des immobilisations remises au concédant.
Il s’agit des bien financés par le concessionnaire. Ces biens peuvent être :
70
- soit des biens non renouvelables dès l’entrée en concession ;
- soit des biens renouvelés pour la dernière fois quelques années avant le fin de la
concession et dont la durée de vie s’étend au delà de ce terme.
Elle est composée de la valeur des biens telle qu’elle figure à l’actif du concessionnaire
et non de la valeur prévisionnelle correspondant au prix supposé des biens à l’expiration
de la concession.
Si le bien a été financé en partie par une subvention de l’autorité concédante, ladite
subvention devrait venir en diminution à due concurrence de la base des amortissements
de caducité.
D’une manière similaire, si le retour est appelé à se faire contre une indemnité et que
cette dernière est inférieure à la valeur nette comptable du bien au moment de la remise,
ladite indemnité devrait être déduite de la base à amortir en caducité.
La problématique se pose principalement pour les biens renouvelés pour la dernière fois
quelques années avant la fin de la concession. La question qui se pose est de savoir si
l’amortissement de caducité doit intervenir seulement à partir du moment où il apparaît
que l’immobilisation nouvelle ne sera plus renouvelée ou si ledit amortissement doit
être prévu dès l’investissement des capitaux dans la première immobilisation
renouvelable.
71
(un exemple d’illustration du calcul de l’amortissement de caducité selon les deux
options est prévu à la fin de la deuxième section du présent chapitre).
En sus des provisions de droit commun, les concessionnaires sont appelés à constater
certaines provisions spécifiques afin de mieux traduire leurs obligations contractuelles.
Les entreprises concessionnaires, comme d’ailleurs toutes les entreprises, pratiquent sur
leurs biens immobilisés un amortissement pour dépréciation qui permet d’assurer le
renouvellement des immobilisations. Néanmoins, compte tenu du processus
d’augmentation des prix et du phénomène de l’obsolescence, il est exceptionnel que
l’amortissement pour dépréciation couvre le coût du renouvellement (surtout lorsque les
biens possèdent une longue durée de vie).
72
Après le renouvellement de l’immobilisation, et chaque fin d’année, le concessionnaire
enregistre une quote-part de reprise de la provision pour renouvellement sur la durée de
vie du bien ou sur la période restant à courir jusqu’à la fin de la concession.
Les grosses réparations sont des charges prévisibles de maintenance qui ne peuvent être
rattachées à un seul exercice et qui ne peuvent par conséquent être assimilées à des frais
courants d’entretien et de réparation.
Les grosses réparations doivent faire l’objet d’un programme prévisionnel minimum
établi sur la base de l’état du réseau et des nécessités de son maintien en bon état de
marche. Les grosses réparations par nature doivent également être conformes aux
spécifications du contrat de concession.
Le calcul de la provision est identique quel que soit le mode de financement du bien. La
provision est calculée sur la base du coût prévisible des travaux. La dotation est
constatée par le débit d’un compte de dotation d’exploitation et par le crédit d’un
compte de provisions durables pour risques et charges, ce qui a l’avantage de constater
la charge par anticipation.
Lors de la réparation, la provision est reprise et les dépenses de réparation sont inscrites
dans les comptes de charges par nature.
73
EXEMPLES D’ILLUSTRATION (provision pour renouvellement et
amortissement de caducité) :
74
2ème option : appliquer l’amortissement de caducité sur les dernières années
de la concession
75
• Cas d’un bien renouvelable mis en concession par l’autorité concédante :
Années 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Dotation à l'amort. de 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
caducité du 1er bien
Dotation aux amort. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
dépréciation du 1er bien
Dotation aux prov. 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 0 0 0 0 0
renouvellement du 1er bien
Total 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 0 0 0 0 0
11
Le premier bien étant financé par l’autorité concédante, ne peut faire l’objet d’un amortissement pour
dépréciation comptabilisé parmi les charges d’exploitation du concessionnaire.
76
Section 3 : La situation en fin de contrat
L’arrivée à terme du contrat se fait, généralement, à travers les trois cas de figures
suivants :
Les deux premiers cas de figure ont un traitement similaire, il faudra donc constater
l’arrêt du contrat de concession.
Ici, nous nous placerons dans le cas des biens non renouvelables remis gratuitement en
fin de concession à l’autorité concédante. Les amortissements de caducité enregistrés au
passif sont tous terminés car les plans d’amortissement courent jusqu’au terme de la
concession. Ils sont virés au compte des droits de l’autorité concédante. Le montant
total de la dette correspond ainsi à la valeur brute du bien.
Pour tous les biens qui ne sont pas renouvelables (et donc non amortissables), le
concessionnaire a constaté des amortissements pour dépréciation pour ordre qui ne sont
pas passés en compte de résultat mais directement au débit du compte des droits de
l’autorité concédante. Il faut donc également contre-passer ces amortissements pour
ordre à l’actif du bilan par le crédit du compte des droits de l’autorité concédante pour
remettre les biens au concédant.
Le cas de remise contre indemnité (de biens non renouvelables) ne s’applique qu’aux
biens apportés par le concessionnaire. L’indemnité représente une créance sur le
77
concédant que le concessionnaire vient porter au débit du compte des droits de l’autorité
concédante.
En revanche, les provisions devenues sans objet doivent être reprises par le résultat
(comptablement et fiscalement). C’est le cas lorsque les renouvellements ont été
effectués pour une valeur moindre.
Le problème est ici différent car cette prorogation va entraîner d’une part, la
requalification de certains biens (biens non renouvelables devenant renouvelables par
exemple) et d’autre part, va donner la possibilité aux parties contractantes d’apporter de
corrections aux clauses initialement prévues (biens du domaine privé intégrés dans le
domaine concédé). Toutes ces modifications n’ont aucune influence sur la nature
juridique du contrat, elles permettent seulement aux parties en présence, de tenir compte
de l’expérience passée, afin d’améliorer l’économie du contrat.
78
a- Les biens apportés par l’autorité concédante
Les modifications éventuelles peuvent avoir une incidence, soit sur les clauses
spécifiques d’amortissement destinées à couvrir les droits en espèces du concédant, soit
en matière de provision pour renouvellement.
79
des droits de l’autorité concédante et de constater la dépréciation de ces droits. Si ce
transfert de domaine résulte d’une exclusion du domaine privé par une disposition
particulière, l’annulation des amortissements pour dépréciation antérieurs ne sera
pas réalisée et en conséquence, les droits de l’autorité concédante ne porteront que
sur la valeur nette comptable du bien au moment du transfert.
• Les amortissements de caducité :
- En cas de passage d’un bien du domaine privé au domaine concédé, une dotation
exceptionnelle pour complément aux amortissements de caducité doit être
constatée ;
- En cas de passage du domaine concédé au domaine privé, il conviendra de reprendre
les dotations aux amortissements de caducité antérieurement pratiquées, celles-ci
étant imposées lors de cette reprise.
• Les provisions pour renouvellement : la transformation d’un bien non
renouvelable en bien renouvelable amènera le concessionnaire à pratiquer une
provision pour renouvellement à étaler sur la durée restant à courir entre la date de
l’avenant et la date du remplacement. Il n’est donc pas tenu compte, par exception,
de la durée de vie du bien et aucune dotation exceptionnelle n’est pratiquée.
• Les provisions pour remise en état : compte tenu de la nouvelle échéance du
contrat, les dotations restant éventuellement à pratiquer sont étalées sur la nouvelle
durée restant à courir. Si par suite de la modification de certaines clauses (biens dont
le retour n’est plus exigé), ces provisions deviennent sans objet, elles doivent être
rapportées au résultat de l’exercice duquel l’avenant a été signé.
80
CONCLUSION
DE LA PREMIERE PARTIE
81
Cette première partie du mémoire a été consacrée au diagnostic des cadres juridique,
comptable et fiscal applicables aux concessions de services publics dont la mise en
œuvre s’est appuyée sur :
Il faut dire qu’il n’existe pas de texte spécifique aux concessions des services publics.
Néanmoins, la concession trouve ses bases dans différents textes tels que :
Un certain nombre de concessions ont été réalisées en l’absence totale de base juridique.
L’un des exemples les plus récents (janvier 2004) est celui du groupe Suez qui s’est vu
confier par la ville de Casablanca, à travers ses filiales Sita Al Beida et Lydec, la
gestion des déchets solides pour la première et l’éclairage public pour la seconde.
82
Si les premiers contrats de distribution d’eau potable, d’électricité et d’assainissement
du liquide comportaient certaines lacunes (en matière de système de contrôle, de
système de tarification….), les plus récents sont relativement « mieux négociés » grâce
à l’expérience acquise par l’autorité concédante.
12
Dont l’appellation commerciale est Amendis.
83
Le Conseil National de la Comptabilité n’a pas eu non plus à se prononcer, dans une
position officielle, sur le thème. Toutefois, une commission concession a été constituée
dans l’objectif d’étudier, de mettre à niveau et d’élaborer des normes comptables
spécifiques aux concessions. Les travaux de cette commission ont démarré le 11 avril
2003 par un séminaire sur la mise à niveau des normes comptables applicables aux
concessions.
Les différentes autres sources de la doctrine comptable qui existent pourront servir
utilement aux entreprises concessionnaires à la réflexion comptable sans toutefois leur
être imposables.
Les principes comptables de base sont donnés dans le Plan Comptable Général et les
problèmes généraux qui en résultent sont compris dans le document du Conseil National
de la Comptabilité « Etudes et documents 1975-1981 ».
Par ailleurs les entreprises concessionnaires ont fait l’objet d’un guide comptable
proposé par le CNC (avis n° 13 de 1975) comme une simple directive car il a été jugé
prématuré de lui donner un caractère plus contraignant. A noter que ce guide comptable
des concessionnaires n’a pas encore fait l’objet d’une mise à jour avec le plan
comptable de 1982.
84
Ensuite, le CNC a entamé une réflexion devant aboutir à la formulation d’un nouveau
plan comptable des entreprises concessionnaires (en substitution du guide comptable de
1975). Deux documents préparatoires ont été établis par le CNC :
Chose qui permet de mettre en évidence l’existence d’un besoin pressant en matière de
normalisation comptable.
85
Sur le plan fiscal :
Cependant, la note circulaire d’interprétation de la loi relative à l’Impôt sur les Sociétés
traite de l’amortissement financier rencontré dans le cadre des entreprises
concessionnaires. Ladite note circulaire traite de la distinction entre l’amortissement
pour dépréciation et l’amortissement financier et prévoit la déductibilité de ce dernier
afin de permettre au concessionnaire la récupération des capitaux investis.
C’est ainsi que la deuxième partie de notre mémoire, s’attache à présenter une
proposition de normalisation du traitement comptable des immobilisations du domaine
concédé.
86
DEUXIEME PARTIE :
87
Le diagnostic du cadre comptable applicable aux concessions des services publics, nous
a permis de mettre en évidence l’existence d’un besoin réel et pressant en matière de
normalisation, due à une insuffisance de réglementation comptable. La présente partie
du mémoire se propose ainsi, de répondre à ce besoin à travers l’élaboration d’une
normalisation du traitement comptable des immobilisations du domaine concédé.
88
positions retenues, face à ces problématiques, pour les besoins de notre proposition de
normalisation comptable.
89
Chapitre I) Principales positions adoptées pour l’élaboration de notre
proposition de normalisation comptable
Le présent chapitre qui présente les principales options comptables que nous avons
adoptées, constitue un préalable incontournable pour faciliter la lecture et la
compréhension de notre proposition de normalisation comptable.
Avant d’aborder les positions retenues face aux principales problématiques liées à la
traduction comptable des opérations de la concession, on se propose, dans une première
section, d’analyser :
90
La mise en application du mode de gestion de la « concession de service public » génère
des ambiguïtés originelles qui trouvent leur source dans l’antagonisme même de ses
deux termes à savoir, « concession » et « service public » :
Nous allons passer en revue chacun de ces contrastes pour analyser comment ils ont pu
être contournés dans le cadre de ce mode particulier de gestion déléguée qu’est le
contrat de concession :
Le respect de cette obligation sera étroitement contrôlé par l’autorité concédante. Les
travaux et les investissements seront soumis à autorisation préalable de l’autorité
concédante, et seront contrôlés au fur et à mesure de leur réalisation. L’autorité
concédante pourra même imposer au concessionnaire d’effectuer ou de prévoir des
investissements visant à assurer la continuité du service public après l’expiration du
contrat.
91
A l’expiration du contrat, les biens et installations devront être restitués à l’autorité
concédante gratuitement ou moyennant une indemnité.
92
• Prérogatives sur les propriétés privées :
D’autre part, le concessionnaire peut recourir aux servitudes spéciales de droit public
pour occuper dans le périmètre concédé des propriétés privées pour la réalisation
d’ouvrages de retenue d’eau, de canaux…etc.
La mission sociale d’intérêt général oblige à limiter les tarifs réclamés aux usagers.
Toutefois ces tarifs doivent permettre la couverture des charges et assurer un bénéfice
au concessionnaire.
L’équilibre financier, auquel a droit le concessionnaire, est dans certains cas difficile à
atteindre lorsque les tarifs sont autoritairement fixés par les pouvoirs publics.
93
Pour conclure, on peut affirmer que si la technique de concession a pu connaître son
essor actuel, c’est parce que les parties aux contrats ont pu modifier la conception
théorique de ce mode de gestion et contourner les ambiguïtés originelles évoquées :
- tendance à prolonger la durée limitée d’intervention du concessionnaire ;
- attribution au concessionnaire, personne de droit privé, de prérogatives de droit
public ;
- protection de la rentabilité d’exploitation de la concession ;
- …etc.
L’effort d’adaptation fournit par les deux parties au contrat, nous conduit à constater
que la concession s’apparente à une entité de gestion plutôt qu’à une entité juridique.
L’exercice d’une activité concédée selon des rapports de droits établis entre concédant
et concessionnaire aboutit à la création d’une entité de gestion qui, à la différence
d’une société, n’a pas de personnalité juridique distincte de celle de ses participants. La
concession n’est donc pas titulaire d’un patrimoine qui permettrait la traduction et la
description comptable des diverses opérations dans un cadre juridique : la concession
n’est donc pas une entité comptable.
94
Section 2 : Mise en évidence des positions retenues pour faire face aux
principales problématiques relatives à la traduction comptable du
contrat de concession
Une fois le concessionnaire choisi pour accueillir la traduction comptable des opérations
de concession, il s’avère que les règles de la comptabilité commerciale ne sont pas
totalement adaptées pour traduire les spécificités du contrat de concession.
Pour cette raison, il nous a paru utile de commencer, tout d’abord, par une étude des
principales problématiques rencontrées à l’occasion de la traduction des opérations de
concession, avant de présenter en détail notre proposition de normalisation comptable.
Cette étude nous permettra de présenter et d’argumenter les différentes positions
retenues, face à ces problématiques, pour les besoins de notre proposition de
normalisation du traitement comptable des immobilisations du domaine concédé.
95
juridique, soit une vision économique de la concession. En effet, doit-on permettre
l’inscription à l’actif du concessionnaire de biens ne faisant pas partie de son
patrimoine, sachant bien que la comptabilité est essentiellement fondée sur une
approche juridique du patrimoine ? Ou au contraire, doit-on privilégier la recherche de
l’image fidèle qui est ici une image économique tendant vers l’inscription au bilan de
tous les biens concourant à l’exploitation et représentant l’entreprise en tant qu’outil de
production.
Avant d’annoncer la position que nous avons adoptée à l’égard de cette problématique,
il nous paraît pertinent de présenter l’ensemble des arguments pouvant être évoqués en
faveur de l’une ou de l’autre des positions. Pour ce faire, nous allons reprendre les
arguments qui ont animé les débats de la Commission Concession du Conseil National
de la Comptabilité (CNC) français.
96
concession souvent longue,….) ce qui implique un traitement comptable spécifique
également.
97
justifie pas lui-même que les biens gérés dans le cadre de ce droit apparaissent à son
actif. Ainsi, lorsqu’une entreprise dispose d’un usufruit sur des biens, elle fait
apparaître à son bilan le valeur pour laquelle elle a acquis cet usufruit et non la
valeur globale du bien dont la propriété est démembrée ;
98
général contrôle les tarifs, permette au concessionnaire de trouver dans ses produits
la rémunération d’un investissement qu’il n’a pas eu à supporter ;
- D’autre part comptablement, cela nécessite de sortir de l’actif chaque bien ayant fait
l’objet d’un remplacement et d’inscrire le nouveau bien, il parait donc plus logique
et plus simple, pour faire face à l’entretien et au renouvellement des immobilisations
mises à disposition, de constituer les provisions nécessaires pour couvrir ces
charges.
On constate que les arguments d’ordre juridique, militant en faveur de la non inscription
à l’actif du concessionnaire des biens appartenant à l’autorité concédante, sont plus
pertinents que les arguments d’ordre économique.
Pour les besoins de notre proposition de normalisation comptable, il nous parait plus
pertinent de retenir la vision économique de la concession (plus proche de l’image
fidèle) qui veut que les biens du domaine concédé soient inscrits à l’actif, plutôt que de
s’enfermer dans la vision juridique, se trouvant à la base de la comptabilité
commerciale, qui a déjà prouvé ses limites quant à la traduction des particularités du
contrat de concession.
D’autre part, notre proposition de normalisation est d’une vocation pratique. Espérer
voir, un de ces jours, l’adoption de cette proposition par les entreprises concessionnaires
marocaines nous poussent à considérer le coût d’un changement de méthode et de
référentiel par rapport aux pratiques actuelles du secteur. En effet, en l’absence d’une
réglementation comptable en la matière, toutes les entreprises concessionnaires
marocaines ont appliqué les traitements comptables préconisés dans les annexes de leurs
contrats de concession. Lesquelles annexes prévoient unanimement, l’application du
principe de base13 selon lequel : « les biens mis dans la gestion déléguée par l’Autorité
Délégante et le Délégataire sont inscrits à l’actif du bilan du Délégataire ».
13
Extrait de l’annexe 7, de la convention de gestion déléguée du service de distribution d’eau potable, de
distribution d’électricité et du service d’assainissement liquide à Tanger, relative au traitement comptable
de la gestion déléguée.
99
Dépréciation des immobilisations mises en concession :
Après avoir opté pour l’inscription des immobilisations mises en concession à l’actif du
concessionnaire, se pose le problème de la constatation comptable de leur dépréciation.
En effet, dès que les droits rattachés à la concession assurent au concessionnaire une
source régulière et durable de profit, ces derniers constituent pour lui un élément
incorporel de son actif immobilisé dont la valeur doit être déterminée selon les
conditions dans lesquelles ils ont été acquis.
Si les flux financiers sont échelonnés, une dette doit être enregistrée au préalable pour le
montant total des flux. En revanche, si le concessionnaire verse à l’autorité concédante
100
des redevances, ceux-ci constituent des charges d’exploitation et non un actif
incorporel.
Le contrat de concession est conclu pour une durée déterminée, il n’est jamais
renouvelé en tant que tel. Les prolongations de durée obtenues à travers les divers
avenants doivent également être considérées comme autant de nouveaux contrats : pas
de problématique de renouvellement de ces droits.
Pour les besoins de notre proposition de normalisation comptable, nous avons opté pour
l’inscription à l’actif des droits incorporels rattachés à la concession.
Le droit incorporel tel que prévu dans notre proposition est constitué de quatre
composantes pour lesquelles nous avons prévu les sous-comptes suivants :
101
• Droits payés par le concessionnaire pour entrer en concession : il s’agit des flux
financiers payés à l’autorité concédante ou éventuellement à l’ancien
concessionnaire et qui s’analysent comme un droit d’entrée au départ du contrat de
concession. Il est à signaler que la pratique actuelle nous conduit à constater que la
majorité des contrats de concession conclus ne prévoient pas de droits d’entrée à
titre onéreux ;
Les deux premières composantes, étant décaissées en début de contrat, ont été
regroupées au niveau de ce que nous avons appelé « droit d’entrée dans la concession ».
Les deux dernières composantes, étant décaissées en cours de contrat, ont été
regroupées au niveau de ce que nous avons appelé « droit d’exploitation du service
public ».
102
C) Quelles sont le modalités financières et comptables relatives à la récupération
des capitaux investis ?
Dans le cadre des positions adoptées aussi bien en matière d’inscription des
immobilisations du domaine concédé au bilan du concessionnaire qu’en matière de
traitement comptable du droit exclusif d’exploitation du service public, nous rappelons
que :
103
- les immobilisations du domaine concédé ne font pas l’objet d’un amortissement
pour dépréciation constaté par le résultat mais uniquement d’une écriture de
dépréciation bilantielle pour ordre ;
- le coût des immobilisations financées par le concessionnaire est considéré comme
un droit incorporel rattaché à la concession et amorti sur la durée de cette dernière et
non sur la durée de vie de l’immobilisation : d’où une complète indépendance entre
la dépréciation du droit incorporel et l’immobilisations à l’origine de l’inscription de
ce droit ;
Pour éviter de trop grosses variations des résultats, des provisions pour renouvellement
seront ainsi préalablement constituées pour constater progressivement la charge de la
future dépense. Ces provisions seront reprises par un compte de produit au moment de
l’engagement des dépenses effectives de renouvellement, l’impact sur le résultat serait
nul.
104
Le simple remplacement est l’échange de l’immobilisation initiale par une nouvelle
ayant la même utilité et rendant un service équivalent en qualité et en quantité, il n’y a
pas de modification du potentiel de production de la concession et donc pas d’incidence
sur les droits incorporels du concessionnaire. La dépense de renouvellement sera par
conséquent constatée en charges du concessionnaire.
105
Chapitre II) Traitement comptable : proposition d’une norme
Après avoir énoncé les positions retenues face aux principales problématiques liées à la
traduction comptable des spécificités du contrat de concession, nous allons nous
consacrer, à présent, à la présentation proprement dite de notre proposition de
normalisation : présentation de la nomenclature des comptes à utiliser (section 1, A) et
des principes de présentation du bilan de l’entreprise concessionnaire (section 1, B)
ainsi que les schémas de comptabilisation des écritures liées aux immobilisations du
domaine concédé (section 2).
En dernier lieu, nous allons sensibiliser l’expert-comptable aux aspects les plus délicats
liés à notre proposition de normalisation afin qu’il puisse contribuer efficacement à sa
mise en application (section 4).
La liste des comptes que nous avons prévu d’utiliser, pour les besoins de notre
proposition de normalisation du traitement comptable des immobilisations du domaine
concédé, se présente comme suit :
106
a- Comptes du financement permanent :
14 Dettes de financement
148 Autres dettes de financement
1488 Fonds de travaux concédant
14881 Fonds de travaux concédant, recettes
14882 Fonds de travaux concédant, dépenses
107
Les financements « Fonds de travaux » et « tiers » sont assimilés à un financement
du « concédant », nous avons opéré cette séparation dans un souci de clarté et de
suivi pour la gestion. En effet, une telle présentation permettra, entre autres, de
comparer à tout moment les investissements réalisés par rapport au programme
d’investissement contractuel (ventilé selon les mêmes sources de financement) sans
recourir à des calculs extracomptables.
108
2013 Immobilisations en concession, financement concédant renouvelable
20131 Terrains
20132 Constructions
20133 Appareillages
20134 Canalisations
20135 Ouvrages
20136 Autres installations techniques
109
204 Immobilisations en concession, financement tiers
2041 Immobilisations en concession, financement tiers non renouvelable
20411 Terrains
20412 Constructions
20413 Appareillages
20414 Canalisations
20415 Ouvrages
20416 Autres installations techniques
N.B. : les comptes d’immobilisations en cours peuvent faire l’objet d’une déclinaison en
immobilisations renouvelables et non renouvelables puis d’une déclinaison par nature.
110
Les comptes d’actif immobilisé du domaine concédé comprennent :
- Les biens de retour, propriété inaliénable de l’autorité concédante, que nous avons
décidé d’inscrire au bilan du concessionnaire ;
- Les comptes d’amortissement des biens de retour. Lequel amortissement s’effectue
par une écriture bilantielle pour ordre sans impact sur le résultat du concessionnaire.
Les comptes de l’actif immobilisé du domaine concédé (au même titre que les Droits de
l’Autorité Concédante) sont, également, déclinés par source de financement : concédant,
concessionnaire, fonds de travaux et tiers.
N.B. : Les comptes « 22512 » et « 22521 » peuvent faire l’objet d’une déclinaison en
immobilisations renouvelables et non renouvelables puis d’une déclinaison par nature.
111
Les comptes d’actif immobilisé du domaine privé comprennent :
c- Comptes de charges :
112
d- Comptes de produits :
Les comptes tels qu’ils ont été présentés au niveau de la présente section et les écritures
comptables telles qu’elles seront présentées au niveau de la deuxième section
permettent de respecter les principes de présentation suivants :
113
Principe 1 : Séparation entre le domaine concédé et le domaine privé
D’autre part, la présentation telle que nous la verrons en fin de section permet de
dégager clairement un sous total de l’« ACTIF IMMOBILISE - DOMAINE
CONCEDE », un sous total de l’« ACTIF IMMOBILISE - DOMAINE PRIVE » puis
un total général de l’« ACTIF IMOBILISE - DOMAINE CONCEDE & DOMAINE
PRIVE ».
114
- les droits de l’autorité concédante qui traduisent l’obligation de retour gratuit de ces
immobilisations en fin de concession (rubrique 10).
ACTIF
D LIBELLE N N-1
O Brut Amort. Net Net
M I -A- ACTIF IM M OBILISE DOM AINE CONCEDE
A
I - IM M OBILISATIONS TERM INEES
N Immobilisations en concession, financement concédant
E Immobilisations en concession, financement concessionnaire
A Immobilisations en concession, financement fonds de travaux
C Immobilisations en concession, financement tiers
O
N - IM M OBILISATIONS EN COURS
C Immobilisations financées par concédant - En cours -
E Immobilisation financées par concessionnaire - En cours -
D Immobilisation financées par fonds de travaux - En cours -
E Immobilisations financées par tiers - En cours -
115
PASSIF
LIBELLE
N N-1
Net Net
I-DROITS DE L'AUTORITE DELEGANTE ( I )
Financement concédant
Financement concessionnaire
B
Financement Fonds de travaux
Financement Tiers
*Capitaux Propres
*Capitaux Propres Assimilés
*Dettes de Financement
Emprunts Obligataires
Autres dettes de financement
Fonds de travaux C
- les actifs du domaine concédé et les passifs qui y sont rattachés : groupe de comptes
liés par l’accolade « A » pour les actifs et l’accolade « B » pour les passifs ;
- les actifs et passifs du domaine privé : reste du bilan.
116
Vérification de l’application du deuxième principe :
Principe 3 : Facilité du passage du bilan tel que présenté dans le cadre de notre
proposition au bilan de droit commun
La présentation proposée permet un passage facile du bilan tel que proposé ci haut vers
un bilan qui ne contient que les actifs appartenant au concessionnaire et les ressources à
l’origine du financement des actifs.
Avant d’expliquer le bien fondé de cette annulation, il convient de rappeler les règles de
fonctionnement du compte de Fonds de travaux.
117
Le compte Fonds de Travaux est le compte courant assurant la liaison comptable entre
l’autorité concédante et le concessionnaire. Les recettes de ce fonds sont principalement
constituées des participations des abonnés et ses dépenses sont principalement
constituées du financement des immobilisations.
Les recettes du Fonds de travaux doivent être immédiatement versées dans un compte
bancaire spécial ouvert au niveau de la Trésorerie Générale. Ce compte est géré par le
concessionnaire pour le compte de l’autorité concédante et enregistre les flux de recettes
et de dépenses de trésorerie liés au Fonds de travaux. Les excédents de trésorerie sur ce
compte bancaire font l’objet de placements en bons du trésor de l’Etat marocain.
Solde du compte « Fonds de travaux »14 = solde du « compte spécial Trésorerie – Fonds
de travaux »15 + solde du compte « placements en bons du Trésor – Fonds de
travaux »16.
Le bien fondé de l’annulation du compte de fonds de travaux se justifie par le fait que :
- d’une part, le compte de fonds de travaux (compte de financement permanent) met à
la disposition du concessionnaire des ressources qu’il n’est pas en mesure d’utiliser
14
Indiqué par la lettre « C » au niveau du bilan ci haut.
15
Indiqué par la lettre « E » au niveau du bilan ci haut.
16
Indiqué par la lettre « D » au niveau du bilan ci haut.
118
pour ses besoins propres. Le fonds de travaux est essentiellement utilisé pour les
investissements en immobilisations dont le financement est à la charge de l’autorité
concédante et d’une manière générale, il est utilisé pour faire face aux dépenses qui
incombent à l’autorité concédante ;
- les placements en bons du trésor et les disponibilités du compte bancaire spécial
ouvert au niveau de la trésorerie générale ne sont pas des actifs appartenant au
concessionnaire. Ce dernier n’est, ni en mesure d’en disposer à sa guise ni en droit
d’en percevoir les produits financiers (également propriétés de l’autorité
concédante).
Après avoir annoncé les positions retenues face aux principales problématiques
comptables liées au contrat de concession et présenté la liste des comptes que nous
allons utiliser dans le cadre de notre proposition de normalisation, il convient à présent,
de présenter en détail, les schémas d’écritures relatives à la comptabilisation des
différentes opérations liées aux immobilisations du domaine concédé.
Nous rappelons que le traitement comptable des biens propres et des biens de reprises,
qui sont la propriété du concessionnaire, est régi par les règles de droit commun. Le
traitement comptable de ces deux catégories de biens ne fait pas l’objet du présent
mémoire.
119
A) Les immobilisations reçues en début de concession
La remise des biens au concessionnaire peut se faire, soit à titre onéreux, soit à titre
gratuit. Il convient de signaler que tous les contrats de concession du service de
distribution d’eau potable concluent au Maroc, jusqu’en 2004, prévoient cette remise à
titre gratuit. Toutefois, rien n’empêche de voir dans l’avenir des contrats de concessions
stipuler que cette remise se fasse à titre onéreux aussi bien pour le service de
distribution d’eau potable que pour d’autres services publics.
Ainsi, nous allons envisager le traitement comptable de ces deux cas de figure.
Immobilisations en concession,
2011 X
récupérées en début de concession
101. DAC, financement concédant X
120
Amortissement de l’immobilisation du domaine concédé :
Immobilisations en concession,
2011 X
récupérées en début de concession
101. DAC, financement concédant X
121
Les immobilisations reçues à titre onéreux, en début de concession, font partie des biens
de retour. Ces immobilisations sont inscrites dans le domaine concédé (en haut du bilan)
en contrepartie du compte « droits de l’autorité concédante » figurant au passif. Ces
biens sont comptabilisés à leur prix d’acquisition : flux financiers versés au concédant.
La valeur de cet actif incorporel est déterminée selon les conditions dans lesquelles il a
été acquis. Si les flux financiers sont échelonnés, alors une dette doit être enregistrée.
122
de l’autorité concédante en contrepartie d’un compte d’amortissement au bilan (écriture
pour ordre). Le coût d’entrée de ces immobilisations étant nul pour le concessionnaire,
leur dépréciation est sans incidence sur ses résultats.
L’actif incorporel, représentatif des droits à la concession, n’évolue pas avec l’âge des
immobilisations mais avec le temps restant à courir du contrat. Cet actif incorporel est
donc non renouvelable et à amortir sur la durée de la concession.
123
En fin de contrat, les droits incorporels rattachés à la concession ayant expirés, le bien
incorporel correspondant est sorti de l’actif. Le retrait se fait par le crédit du compte du
droit incorporel et le débit du compte d’amortissement correspondant pour solde.
Les immobilisations financées par le concessionnaire font partie des biens de retour. Le
financement de ces immobilisations peut se faire de plusieurs manières :
124
a- Cas d’une immobilisation renouvelable financée par le concessionnaire
Le coût de l’immobilisation peut être constitué aussi bien de coûts externes (factures de
sous-traitance) que de coûts internes (main d’œuvre, sorties de stocks, autres charges
internes).
Les travaux réalisés par les entreprises externes sont comptabilisés sur la base des
factures ou mémoires pour leur montant Hors Taxes. Le concessionnaire est en droit de
récupérer la taxe sur la valeur ajoutée dans la mesure où c’est lui qui finance
l’acquisition de l’immobilisation.
- les frais financiers doivent représenter les intérêts des capitaux empruntés et utilisés
pour le financement de la production depuis le " préfinancement " spécifique jusqu'à
la date normale d'achèvement de l'immobilisation ;
125
- par convention17, seront retenus les frais financiers relatifs aux immobilisations dont
la durée de production excède une année.
En cas d’incorporation de frais financiers, ces derniers seront comptabilisés par le crédit
d’un compte de transfert de charges financières en contrepartie du compte
d’immobilisations incorporelles en cours.
L’entrée de l’immobilisation, en tant que bien corporel, dans le domaine concédé sera
parallèlement suivie par la comptabilisation d’un droit incorporel, représentant le droit
exclusif d’exploitation du service public pendant la durée de la concession, au niveau du
domaine privé.
Immobilisations en concession,
2022 financement concessionnaire X
renouvelable
DAC, financement concessionnaire,
1022 X
immobilisations renouvelables
17
Pour le cas des immobilisations produites, la condition relative à la durée de production n’est pas
explicitement prévue par le Code Général de Normalisation Comptable. Par contre, concernant les
immobilisations acquises à titre onéreux, il est explicitement prévu que les frais financiers ne sont
capitalisés que si le délai d’acquisition dépasse une année.
126
L’entrée de l’immobilisation dans le domaine concédé (haut du bilan) vient mettre en
évidence que ce bien en tant qu’immobilisation corporelle, même s’il est financé par le
concessionnaire, fait partie des biens de retour propriété inaliénable de l’autorité
concédante qui en détiendra les droits comptabilisés au passif du bilan. Ce n’est que le
droit incorporel généré par le financement de bien qui sera comptabilisé au niveau du
domaine privé en tant qu’immobilisation incorporelle.
Un amortissement économique, sans incidence sur le résultat, est inscrit sur la base des
taux généralement admis (en fonction de la durée de vie de l’immobilisation). Cet
127
amortissement est constaté sous forme de diminution des droits de l’autorité concédante
en contrepartie d’un compte d’amortissement au bilan. Ces immobilisations n’étant pas
la propriété du concessionnaire, leur dépréciation est sans incidence sur ses résultats.
Le rythme des amortissements peut être adapté aux prévisions de montée en puissance
de l’activité et du résultat de la concession. Dans ce cas, il conviendra de mentionner et
justifier le choix de la méthode au niveau de l’ETIC.
Le problème lié à la récupération des capitaux investis étant résolu, il n’y a pas lieu de
recourir à l’amortissement de caducité tel que pratiqué actuellement par les entreprises
concessionnaires.
128
renouvellement en prévision du remplacement futur. Le calcul de la provision est
identique quel que soit le mode de financement de l’immobilisation. La provision est
calculée sur la base du coût de remplacement prévu à l’expiration de la période
d’utilisation diminué d’une éventuelle subvention.
Les grosses réparations sont des charges importantes qui ne peuvent être rattachées à un
seul exercice et ne peuvent être assimilées à des frais courants d’entretien et de
réparations dont l’anticipation se fera à travers le mécanisme des provisions. La
provision doit faire l’objet dès l’acquisition de l’immobilisation d’un programme de
réparations.
Les dépenses des grosses réparations sont comptabilisées dans les comptes de charges
par nature. La reprise de la provision viendra annuler l’impact des réparations sur le
résultat de l’exercice. Les charges de réparation peuvent être immobilisées en charges à
répartir sur plusieurs exercices.
129
Constatation du renouvellement de l’immobilisation :
130
Si par contre, le remplacement entraîne un accroissement quantitatif (augmentation du
volume traité par exemple) ou qualitatif (amélioration sensible du service rendu
entraînant une augmentation des tarifs), il y aura extension de fait du service concédé.
Cette extension justifiera l’accroissement du droit incorporel du concessionnaire
d’exploiter la concession. La valorisation de cet actif sera déterminée par le supplément
du coût de l’immobilisation renouvelée par rapport au coût de l’ancienne
immobilisation.
L’entrée du nouveau bien dans le domaine concédé devra être également constatée :
2023 Renouvellement d' immobilisation X
DAC, financement concessionnaire,
1023 X
renouvellement d' immobilistions
131
L’entrée du nouveau bien dans le domaine concédé devra être également constatée à la
valeur globale de remplacement :
2023 Renouvellement d'immobilisation X
DAC, financement concessionnaire,
1023 X
renouvellement d'immobilistions
A la fin de chaque exercice comptable, il faudra amortir pour dépréciation aussi bien la
nouvelle immobilisation qu’éventuellement, le droit incorporel correspondant au surplus
du coût du renouvellement par rapport à la valeur de l’ancienne immobilisation. La
première sera amortie sur sa durée de vie, et le dernier sera amorti sur la durée restant à
courir jusqu’au terme de la concession :
132
Dotations d'exploitation aux
6192 amortissements des immobilisations X
incorporelles
Amortissement du droit
28252 X
d'exploitation du service public
DAC, financemenent
1023 concessionnaire, renouvellement X
d'immobilisations
Amortissement des immobilisations
2802 en concession, financement X
concessionnaire
2023 Renouvellement d'immobilisation X
133
Amortissement du droit
28252 X
d' exploitation du service public
Droit incorporel, coût
22522 supplémentaire du renouvellement X
des immobilisations
Il s’agit des mêmes écritures comptables que celles traitées au niveau du cas
d’acquisition d’une immobilisation renouvelable financée par le concessionnaire et
traitées successivement sous les titres :
134
Amortissement pour dépréciation de l’immobilisation corporelle du domaine concédé :
Un amortissement économique, sans incidence sur le résultat, est constaté sous forme de
diminution des droits de l’autorité concédante en contrepartie d’un compte
d’amortissement au bilan. Ces immobilisations n’étant pas la propriété du
concessionnaire, leur dépréciation est sans incidence sur ses résultats.
135
Ecritures du domaine concédé :
DAC, financemenent
1021 concessionnaire, immobilisations X
non renouvelables
Amortissement des immobilisations
2802 en concession, financement X
concessionnaire
Immobilisations en concession,
2021 financement concessionnaire non X
renouvelable
Amortissement du droit
28252 X
d'exploitation du service public
Droit incorporel sur immobilisations
22521 X
financées par le concessionnaire
Il s’agit de biens financés par la participation des abonnés qui alimente le fonds de
travaux. Cette source de financement est réservée aux travaux de renforcement et
d’extension des réseaux et des ouvrages qui sont nécessaires pour assurer l’exécution
des services concédés. Les acquisitions financées par le fonds de travaux font partie des
biens de retour.
Le concessionnaire agit comme un simple ingénieur ayant pour rôle la supervision des
travaux et leur réception pour le compte de l’autorité concédante.
136
- Peines et soins : c’est la rémunération du concessionnaire pour la supervision des
travaux visant à compenser les frais de gestion de ces opérations. Pour le cas de la
distribution de l’eau potable, les peines et soins correspondent à 10% du montant des
coûts externes.
Immobilisations en concession en
2093 X
cours, financement fonds de travaux
441. Fournisseurs X
Les travaux réalisés par les entreprises externes sont comptabilisés sur la base des
factures ou mémoires pour leur montant Toutes Taxes Comprises. Ainsi, le
concessionnaire finance des « débours » toutes taxes comprises pour le compte de
l’autorité concédante et il se fait rembourser par les recettes du fonds de travaux. En
conséquence, les taxes grevant ces débours ne sont pas récupérables par lui.
Immobilisations en concession en
2093 X
cours, financement fonds de travaux
719. Transferts de charges d'exploitation X
137
Comptabilisation des peines et soins :
Immobilisations en concession en
2093 X
cours, financement fonds de travaux
En fin de chantier, les peines et soins font l’objet d’une facturation passible de la taxe
sur la valeur ajoutée au taux de 20%. Les peines et soins sont imputés au coût de
l’immobilisation pour leur montant toutes taxes comprises.
Une fois le coût de l’immobilisation complété (coûts externes + coûts internes + peines
et soins) sont financement est constaté par le débit du compte de fonds de travaux.
L’immobilisation en cours étant soldée, il sera enfin possible de constater l’entrée de
l’immobilisation fixe dans le domaine concédé.
138
Constatation de l’entrée de l’immobilisation dans le domaine concédé :
Immobilisations en concession,
X
203. financement fonds de travaux
DAC, financemenent fonds de
X
103. travaux
L’amortissement des immobilisations financées par le fonds de travaux n’est pas inscrit
dans les charges du concessionnaire. Il est constaté sous forme de diminution des droits
de l’autorité concédante en contrepartie d’un compte d’amortissement au bilan (écriture
pour ordre). Le coût d’entrée de ces immobilisations étant nul pour le concessionnaire,
leur dépréciation est sans incidence sur ses résultats.
139
Pour constater la remise de l’immobilisation à l’autorité concédante, les comptes
d’immobilisations et d’amortissements correspondants sont soldés en contrepartie du
droit de l’autorité concédante au niveau du domaine concédé.
Il s’agit d’immobilisations financées par les abonnés dans le cadre des renforcements et
des acquisitions nouvelles concernant l’infrastructure. Ces travaux sont communément
appelés « travaux remboursable ».
Etablissement du devis :
Le concessionnaire encaisse une avance sur la base d’un devis estimatif pour permettre
le démarrage du chantier.
140
Constatation de la fin du chantier :
Immobilisations en concession,
X
204. financement tiers
104. DAC, financemenent tiers X
Les immobilisations financées par les tiers (les abonnés) font partie du domaine de
l’autorité concédante et constituent des biens de retour. Le droit de l’autorité concédante
est ainsi constaté au passif en contrepartie d’une augmentation des immobilisations du
domaine concédé.
L’amortissement des immobilisations financées par les tiers n’est pas inscrit dans les
charges du concessionnaire. Il est constaté sous forme de diminution des droits de
l’autorité concédante en compte partie d’un compte d’amortissement au bilan (écriture
pour ordre). Le coût d’entrée de ces immobilisations étant nul pour le concessionnaire,
leur dépréciation est sans incidence sur ses résultats.
141
Retour de l’immobilisation à l’autorité concédante en fin de contrat :
La différence de traitement comptable par rapport au cas des travaux réalisés par les
tiers réside uniquement dans la constatation du fin de chantier.
Etablissement du devis :
Le concessionnaire encaisse une avance sur la base d’un devis estimatif pour permettre
le démarrage du chantier.
142
Constatation de l’entrée de l’immobilisation dans le domaine concédé :
Immobilisations en concession,
X
204. financement tiers
104. DAC, financemenent tiers X
Les immobilisations financées par les tiers (les abonnés) font partie du domaine de
l’autorité concédante et constituent des biens de retour. Le droit de l’autorité concédante
est ainsi constaté au passif en contrepartie d’une augmentation des immobilisations du
domaine concédé.
L’amortissement des immobilisations financées par les tiers n’est pas inscrit dans les
charges du concessionnaire. Il est constaté sous forme de diminution des droits de
l’autorité concédante en compte partie d’un compte d’amortissement au bilan (écriture
pour ordre). Le coût d’entrée de ces immobilisations étant nul pour le concessionnaire,
leur dépréciation est sans incidence sur ses résultats.
143
Section 3 : Comparatif de notre proposition avec la pratique
comptable des entreprises marocaines concessionnaires de distribution
d’eau potable
Les résultats de cette étude comparative sont présentés au niveau des tableaux
synthétiques ci-dessous.
N.B. : - Les trois Concessionnaires du Service Public auprès desquels nous avons mené
notre enquête seront anonymement notés : « CSP1 », « CSP2 » et « CSP3 ».
- Les termes « délégataire » et « autorité délégante » peuvent être assimilés aux
termes « concessionnaire » et « autorité concédante » au niveau des tableaux
comparatifs étant donné que la concession de service public est une catégorie
sui-generis des conventions de gestion déléguée.
144
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
157
158
159
160
161
162
163
L’analyse des tableaux comparatifs, nous conduit à formuler deux natures de constats :
- Le traitement comptable des biens reçus en début de concession, des biens financés
par le fonds de travaux et des biens financés par les abonnés est pratiquement le même
chez l’ensemble des concessionnaires. Toutefois, le concessionnaire « CSP1 » ne
constate pas, au passif, les droits de l’autorité concédante relatifs aux biens financés par
le fonds de travaux.
164
• Comparaison de notre proposition de normalisation avec les traitements comptables
des concessionnaires marocains :
165
Section 4 : Rôle de l’expert comptable dans la mise en application de
notre proposition de normalisation comptable
En effet, s’il est possible de suivre comptablement les biens que le concessionnaire a
investis pour le compte de la concession, la connaissance des biens remis par l’autorité
concédante nécessite un inventaire physique qui, parfois, présente certaines difficultés :
inexistence de plan ou uniquement d’un plan partiel du réseau préexistant, localisation
des immobilisations en réseaux souterrains…etc.
166
Par ailleurs, la maîtrise et le suivi du remplacement seront possibles grâce au plan de
renouvellement mis en place afin d’assurer l’obligation de maintien du potentiel de
production. Aucune règle ou recommandation précise ne porte sur le plan de
renouvellement, néanmoins il se doit de mentionner tous les biens du domaine concédé
avec indication de leur durée réelle d’utilisation et la durée résiduelle de la concession à
laquelle ils appartiennent : ce qui implique d’être en mesure d’individualiser les biens et
de les répartir par concession.
167
- Inscription des immobilisations reçues en début de concession : devant les
difficultés pratiques de mener un inventaire physique exhaustif, le
concessionnaire peut être tenté soit de n’inscrire qu’une partie des
immobilisations gérées (dont le détail est fourni par les ex-régies ou
établissements publics), soit de n’inscrire que les immobilisations dont le
renouvellement est prévisible avant le terme de la concession, soit carrément
renoncer à inscrire l’ensemble des immobilisations apportées par l’autorité
concédante ;
- Amortissement des biens de retour : dans certains cas les biens de retour ne sont
pas amortis malgré leur mise en service (cas de CSP1) ou sont amortis sur des
durées de vies arbitraires (cas de CSP2 qui amortit tous les biens de retour sur
une durée fixe de 30 ans) sous prétexte qu’il s’agit d’une écriture pour ordre
sans incidence sur le résultat ;
L’expert comptable ne devrait pas considérer les écritures comptables qui intéressent
exclusivement le domaine concédé comme secondaires par rapport aux autres écritures
puisque, même sans incidence sur le résultat ou la situation nette, ces écritures restent
indispensables pour atteindre l’image fidèle.
Compte tenu des méthodes dérogatoires utilisées, l’expert comptable devrait réserver à
l’Etat des Informations Complémentaires un rôle central dans la recherche de l’image
fidèle. L’ETIC est, ainsi, encore plus indispensable dans une entreprise concessionnaire
que dans une autre entreprise.
Parmi, les éléments qui nous sembles indispensables à faire figurer à l’Etat des
Informations Complémentaires d’une entreprise concessionnaire de service public, nous
citons :
168
contrat, pour le cas des entreprises gérant plusieurs concessions à la fois (il est de
coutume, en matière d’audit de prévoir un état A0 contenant une présentation de
l’activité de l’entreprise).
169
CONCLUSION
DE LA DEUXIEME PARTIE
170
Devant le vide du cadre comptable actuel et les limites de la comptabilité commerciale à
traduire les spécificités du contrat de concession, la deuxième partie de notre mémoire
s’est proposée d’élaborer une proposition de normalisation du traitement comptable des
immobilisations du domaine concédé.
Après avoir énoncé et argumenté les options comptables stratégiques retenues comme
soubassement théorique à l’élaboration de notre proposition de normalisation, nous
avons présenté successivement la nomenclature des comptes à utiliser, les règles de
présentation du bilan du concessionnaire ainsi que les schémas d’écritures comptables
relatives aux immobilisations du domaine concédé.
• Notre normalisation concorde, dans ses grandes lignes, avec les principes
comptables généraux prévus aux annexes des conventions de gestion déléguée.
A rappeler que ces annexes constituent à l’heure actuelle, pour les entreprises
concessionnaires marocaines, le principal référentiel comptable ;
171
distribution d’eau potable, nous avons constaté que la transposition et l’adoption
de notre normalisation par les concessionnaires sera relativement aisée du fait
qu’elle ne nécessitera pas des réaménagements majeurs au niveau de leurs
systèmes d’informations, de manière générale et de leurs systèmes comptables,
plus particulièrement.
172
CONCLUSION GENERALE
173
L’objectif de ce mémoire a été d’apporter aux professionnels de la comptabilité ainsi
qu’aux dirigeants des entreprises concessionnaires, une contribution à la traduction
comptable des spécificités des concessions en matière :
Nous avons calqué la rédaction du mémoire sur la méthodologie de recherche que nous
avons adoptée. La première partie du mémoire a été consacrée au diagnostic des cadres
juridique, comptable et fiscal applicables aux concessions. Ce diagnostic nous a permis
de mettre en exergue l’insuffisance et les limites du cadre comptable actuel à traduire
les droits et les obligations nées du contrat de concession.
C’est dans ce cadre que la deuxième partie du mémoire s’est proposée d’élaborer une
normalisation du traitement comptable des immobilisations du domaine concédé et des
droits et obligations qui s’y rattachent.
174
- porter à l’actif, le coût des investissements supportés par le concessionnaire en
immobilisations incorporelles du domaine privé ;
- amortir ces immobilisations incorporelles sur la durée résiduelle de la
concession permettant ainsi d’une part, de récupérer les capitaux investis et
d’autre part, de supprimer la notion de caducité et les confusions qui s’y
rattachent ;
Nos efforts, en vue d’aboutir à une normalisation comptable, ont toujours été animés par
le souci de présenter une solution de portée pratique ayant les meilleurs chances d’être
acceptée et adoptée par l’ensemble des parties prenantes (entreprises concessionnaires,
auditeurs et instances chargées de la normalisation comptable). Ce souci, nous a conduit
à:
175
Toutefois, les dernières signatures de contrat ne laissent pas préjuger d’un arrêt futur
des délégations de service public et la pratique démontre que le contrat de concession
demeure un axe privilégié pour le développement de certains services publics. L’activité
économique gérée par l’exploitation des concessions a encore de belles années devant
elle avant de se voir réformée.
176