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CHAPITRE I- HAÏTI, AU PRISME DES DIFFÉRENTES CRISES POLITIQUES DE

1986 A 2019

Comprendre le discours des associations de la société civile haïtienne pendant la crise politique
de 2019 respectivement durant les mois de septembre, d’octobre et de novembre renvoie à une
tournée historique des différentes crises politiques qui ont eu lieu dans le pays depuis la chute de
la dictature des Duvalier. En effet, depuis le départ de Duvalier, pour plusieurs analystes, le pays
est en proie à des crises politiques récurrentes. En ce sens, l’analyse de la crise de l’année 2019
ne doit pas être effectuée en vase clos, au contraire elle doit effectuer en prenant en considération
les crises précédentes puisqu’elles ont ensemble des points communs. Ainsi, dans ce chapitre
nous allons faire un survole historique des différentes crises qui ont eu lieu dans le pays depuis
l’année 1986 avant d’aboutir à celle de 2019.

B. Période post-Duvalier

1. La chute de Duvalier et le règne des Conseils Nationaux de Gouvernement

Le régime des Duvalier chute au début de l’année 1986, soit le 7 février. A l’annonce de la
nouvelle du départ du dictateur, des foules massives envahissent diverses villes du pays pour
célébrer d’une part cet évènement, et, d’autre part pour commencer à démasquer les partisans du
régime en particulier les tontons macoutes. Sur ce point Laennec Hurbon renchérit : « Au matin
du 7 février, un immense cri de joie est entendu aux quatre coins du pays. À Port-au-Prince, 500
000 personnes environ, toutes catégories sociales confondues, hommes et femmes, déferlent
autour du palais présidentiel. La presse étrangère est surprise par la rage avec laquelle le peuple
traque les macoutes. Certains sont lapidés, d'autres brûlés vifs. Leurs maisons sont pillées et
incendiées. La rapidité avec laquelle des macoutes sont repérés démontre jusqu'à quel point la
colère populaire se contenait auparavant.1 »

Entre temps, à la fureur du peuple contre les tontons macoutes, l’armée se met au travail pour
protéger certains d’entre eux. Car plusieurs macoutes ont pu quitter le pays sous la protection de
l’armée. Cependant l’on peut comprendre que la mission des hauts gradés de l’armée était de
prendre le contrôle du pays si bien qu’ils ont organisé plusieurs coup d’Etat jusqu’à sa
dissolution par le président Aristide.

1
Laennec HURBON, Comprendre Haiti, p. 17.
La chute du dictateur Duvalier ne permit pas au pays de connaitre une période de paix bien au
contraire « la nature même du régime et de l’État duvaliérien allait conduire à une transition
chaotique, une succession de régime militaires autoritaires, de coup d’État et de brigandages
politiques2 ». Aussi sa nature répressive éclipsait-elle le développement d’institutions
républicaines comme les partis politiques et une société civile homogène et robuste.

Pour voir la présence d’associations non-étatiques sur l’arène politique haïtienne il fallait
attendre la chute des Duvalier surtout vers les années 1980-1990. Au cours de cette période
plusieurs associations à but non-lucratif envahissent l’espace public.

2. Le surgissement de Jean Bertrand Aristide et le régime Lavalas

Le père Jean Bertrand Aristide conquis le palais national le 7 février 1991 après avoir
remporté les élections présidentielles en haut la main. Grace à un discours populiste basé sur la
théologie de la libération, Aristide parvint à mobiliser la population haïtienne.

Sept mois après avoir pris le pouvoir, Aristide est renversé par les militaires. Cet
événement s’est produit par le fait que le président agissait en maitre et seigneur sans prendre en
considération les prerogatifs constitutionnels et proférait également un discours revanchard
contre les anciens partisans de Duvalier. Ce discours « faisant ouvertement l’exaltation de le
menace du supplice du collier […], fut désapprouvé par de nombreux partisans du régime
Lavalas3 ». C’est ainsi que dans la nuit du 30 septembre 1991, le général Raoul Cédras s’empare
du président et l’envoie en exil. Ce coup d’État fut l’un des plus sanglot que le pays a connu dans
son cheminement vers l’instauration de la démocratie.

Aristide a passé trois ans en exil et revint dans le pays sous haute protection américaine
pour venir terminer son mandat. Pour permettre le retour d’Aristide dans le pays le président Bill
Clinton déploya sur le sol haïtien près de 20 000 soldats américains. En trois semaines, précise
Etienne, « les troupes américaines contrôlaient complètement le pays, firent voter la loi
d’amnistie en faveur des militaires putschistes par le parlement, et organisèrent le départ des
officiers les plus lies au coup d’État4 ». Aussi est-il important de noter qu’aux élections de 1995
René Préval devient le nouveau locataire du palais national, « non pas pour diriger le pays, mais
2
Sauveur Pierre Étienne, p. 252.
3
Sauveur Pierre Étienne, p. 281.
4
Sauveur Pierre Étienne, p. 285.
pour permettre à son prédécesseur de de continuer à le faire à partir de sa résidence privée de
Tabarre, banlieue situe au nord de la capitale5 ».

Apres avoir passé cinq ans a dirigé le pays dans l’ombre, Aristide reprit la tête du pays
après sa victoire conteste à la présidence. En effet, Aristide devient à nouveau président du pays,
mais c’est à l’issue d’élections frauduleuses où le gouvernement de Préval s’impliqua activement
à le faire réélire en utilisant toutes tactiques qui sont contraires aux règles du jeu électoral. Le
président reconquis le pouvoir dans un contexte difficile ou son gouvernement est impliqué dans
le trafic de drogue, de financement de groupe criminel et de corruption a grande échelle si bien
que Étienne nous apprend que lorsqu’un « État moribond se trouve dans une telle situation, son
effondrement total n’est qu’une question de temps. Et il se produit en général à très court terme 6
».

Face à une situation pareille plusieurs organisations du pays issues de la société civile
envahissent les rues pour protester contre les mauvaises pratiques du régime Lavanassien.

Il a été oblige d’abandonner le pouvoir sous pression populaire le 29 février 2004.

3. Le surgissement de Joseph Michel Martelly et le régime Parti Haïtien Tèt Kale

Le chanteur Sweet Micky rentre au palais national le 14 mai 2011. Avec son équipe le nouveau
président doit se préparer pour faire face aux problèmes structurels du pays, aggravés à la fois,
par le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.

Jovenel Moise sort victorieux aux élections de 2016, bien qu’il était un outsider. C’est un homme
d’affaire qui était méconnu par la population haïtienne. Il s’était investi dans l’agriculture, il
cultivait de la banane dans le nord-est du pays, sa commune natale. A travers son projet
d’exportation de banane vers Hambourg en Allemagne, Jovenel Moise hérite le nom de nèg
bannann nan. Ce nom deviendra son slogan de campagne et il fera monte également sa cote de
popularité.

Le 3 janvier 2017, le conseil électoral publie les résultats définitifs des élections. Jovenel Moise
sort victorieux dès le premier tour avec 55,67 % des voix exprimes. Dès son arrivée au pouvoir,
il se montre déterminer pour faire fructifier le pays en attirant des investisseur étranger et en
5
Sauveur Pierre Étienne, p. 290.
6
Sauveur Pierre Étienne, p. 298.
allant vers les gens qui se trouvent dans les zones les plus reculées du pays, surtout avec son
programme « Karavan chanjman ». A travers ses discours, il montre qu’il est le sauveur et que le
vent du changement va être souffle sur Haïti.

4. La crise dénommée Pays lock en 2019 et les discours des associations de la société civile

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