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Fondements des relations industrielles

Module 4
L’État et la régulation des relations
industrielles
(d’après D’Amours et Bilodeau, in Bilodeau et D’Amours,
2015, p. 109-135, et Hanin et Béji, Ibid, p. 146-165)

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Plan
1. L’État moderne
2. L’intervention de l’État en RI
2.1 Lois protectrices
2.2 Sécurité sociale
2.3 Encadrement des rapports collectifs de travail
2.4 Autres politiques publiques de l’emploi
3. La transformation historique du rôle de l’État
3.1 État résiduel
3.2 État keynésien-providence
3.3 État néo-libéral
4. Les instances responsables
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L’État moderne et son action dans le champ de
l’économie et du travail

• Trois types d’activité (Braud, 2011)


– activité régulatrice: vise l’établissement des règles du jeu
Ex: structuration de l’économie, régulation du marché du
travail
– activité distributive: prélèvements (impôts, taxes) et
redistribution
Ex: programmes sociaux, services collectifs, péréquation
– activité responsive, dont l’objectif est d’anticiper et de
traiter les conflits
Ex: encadrement des rapports collectifs de travail

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L’intervention de l’État en RI
-Lois protectrices de la personne du travailleur: normes minimales,
santé et sécurité

-Sécurité sociale: remplacement du revenu en cas de maladie,


chômage, parentalité, retraite

-Encadrement des rapports collectifs de travail: établissement des


mécanismes qui encadrent la négociation collective

-Autres politiques publiques de l’emploi, visant notamment:


formation à l’emploi, intégration en emploi (voir Hanin et Béji, p.
146-153)
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Trois périodes historiques
-L’État résiduel (1870-1940)
-L’État keynésien-providence (1940-1980)
-L’État néolibéral (1980-aujourd’hui)

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L’État résiduel (1870-1940)
• Définition: État faiblement interventionniste, intervient en dernier recours, offre
peu de protection
• Contexte: Libéralisme économique et doctrine du laisser-faire

1. Lois protectrices de la personne au travail


• Salubrité et sécurité des lieux de travail
• Âge minimal d’embauche et limitation des heures de travail (femmes et enfants)
• Salaire minimum

2. Sécurité sociale
• Risques professionnels et indemnisation des accidents du travail
• Pensions de vieillesse

3. Encadrement des rapports collectifs du travail


• Décriminalisation du syndicalisme
• Lois visant à réduire l’incidence des conflits de travail
• Particularisme québécois: deux lois d’inspiration européenne, promues par les syndicats catholiques
(1924, 1934)
L’État keynésien-providence (1940-1980)
• Définition: État-keynésien réfère à l’intervention de l’État dans l’économie; État-
providence réfère à l’intervention de l’État pour redistribuer la richesse et soutenir le
pouvoir d’achat des travailleurs
• Contexte: Sortie de crise et interventionnisme; idée de responsabilité collective de la
société face aux risques qu’elle génère

1. Lois protectrices de la personne au travail


– Normes minimales du travail (au-delà du salaire minimum)
– Prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles

2. Sécurité sociale
– Assurance chômage
– Rapport March (1943) : allocations familiales, pensions, soins médicaux, etc.

3. Encadrement des rapports collectifs du travail


– Wagnérisme et pluralisme industriel
– Naissance et développement d’un régime général (1944, 1964) qui affirme et protège le droit à la
représentation et à la négociation collective
– Secteur public et services publics
L’État néolibéral (1980-aujourd’hui)
• Définition: Érosion des notions de responsabilité sociale et d’égalité; mesures moins universelles et
plus sélectives
• Contexte: Mondialisation, dettes publiques et restructurations

1. Lois protectrices de la personne au travail


– Développement des droits individuels et lutte contre la discrimination

2. Sécurité sociale
– Soutien à l’offre de travail et à la responsabilité individuelle
– Accent mis moins sur le soutien du revenu et davantage au développement de l’offre de main-d’œuvre,
notamment par la formation et diverses autres mesures visant l’insertion ou la réinsertion sur le marché du
travail (mesures dites actives)
– Soutien à la famille : services de garde et droits parentaux

3. Encadrement des rapports collectifs du travail


– Peu d’adaptation du Code du travail aux transformations de l’emploi (modifications plus favorables au patronat qu’aux
syndicats)
– Multiplication des régimes particuliers
– Services essentiels et « exceptionnalisme permanent » (Panitch et Schwartz, 2003)
– Protection des droits individuels
La sécurité sociale selon les formes de
l’État
État résiduel État keynésien- État néo-libéral
providence

Responsabilité Individuelle Collective Soutien de l’État à la


responsabilité
individuelle
Aide vue comme Mesure d’assistance Droit social Soutien à l’insertion
conditionnelle sur le marché du
travail
Mesures sociales Sélectives Universelles Plus ciblées

Taux de Très faible (vise à Plus élevé (vise à Plus faible (remplace
remplacement du soulager la maintenir le revenu une part moins
revenu pauvreté) antérieur) importante du
revenu)
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Ex: La réforme de l’assurance-chômage (devenue
assurance-emploi en 1996)
• Programme quasi universel en 1971 (couvre 96% des
chômeurs, mais 38,8% en 2013)
– Retrait du gouvernement fédéral du financement du régime
(1990); utilisation des fonds pour financer les mesures actives
(formation, aide au travail indépendant, aide à la création
d’emplois, etc.)
– Resserrement des critères d’admissibilité; exclusion du régime en
cas de départ volontaire
– Admissibilité en nombre d’heures plutôt que de semaines; variable
selon le taux de chômage régional (910h pour nouveaux arrivants)
– Réduction du niveau des prestations
– Réduction de la durée des prestations
– Pénalisation des chômeurs récurrents

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Autres PPE (voir Hanin et Béji, pp.145-153)
• « Toutes les mesures coordonnées par les pouvoirs
publics (qui visent à intervenir directement sur les
conditions de travail et d’emploi) », p. 139
– Intégration professionnelle en emploi (politique
d’immigration, services de placement aide à la création
d’emplois)
– Formation à l’emploi (éducation permanente,
développement des compétences)
– Retrait d’activité (congés, retraites, etc.)

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Ex: La formation de la main-d’oeuvre
• A pris une importance croissante ces
dernières années :
– Loi obligeant les employeurs à affecter un pourcentage de la masse
salariale à la formation de leur main-d’oeuvre (ou alors à verser cet
argent dans un fonds). Au Qc. Loi en 1995 favorisant le
développement de la formation de la main-d’œuvre oblige les
entreprises ayant une masse salariale supérieure à 250 000 $ à
affecter 1% de cette masse à la formation (ou alors à verser cette
somme au Fonds national de formation de la main-d’œuvre).
– En 2004, ce seuil est porté à 1 million$ de dollars, excluant un
grand nombre d’entreprises de l’obligation de formation
– Accès très inégal à la formation (ce n’est pas un droit de chaque
employé; l’employeur décide qui sera formé)
– Délégation de pouvoirs de gestion à des instances intermédiaires
(souvent partenariales). Voir CPMT

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4. Le partage des responsabilités Qc-Canada
• Lois protectrices de la personne au travail et encadrement des
rapports collectifs:
– Québec, pour les entreprises de juridiction provinciale (la majorité);
– Fédéral, pour les entreprises de juridiction fédérale (banques, transport
interprovincial, communications)
• Sécurité sociale:
– Fédéral : gère le fonds de l’assurance-emploi, responsable de la pension
de base de sécurité de la vieillesse, verse aux provinces des sommes
limitées pour certaines missions, comme la santé, l’éducation et l’aide
sociale
– Québec : gère tout le reste, notamment RQAP, RRQ, aide sociale
• Autres PPE:
– En vertu de l’entente Canada-Québec de 1997 sur la main-d’œuvre,
Québec gère les mesures actives (formation, intégration en emploi,
soutien à la création d’emploi)
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Les instances responsables (Qc)
• Au moment d’écrire le volume : deux ministères :
– ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, responsable des
mesures reliées à la création et au maintien de l’emploi, à
l’amélioration de l’intégration en emploi de groupes défavorisés
(immigrants, femmes monoparentales, personnes handicapées), à la
sécurisation du revenu des personnes vulnérables, à la formation
professionnelle et au développement des compétences, à la lutte
contre la pauvreté et l’exclusion
– ministère du Travail, responsable du volet conditions et relations du
travail : normes du travail, SST, équité salariale, encadrement des
rapports collectifs de travail
• Maintenant un seul ministère : Ministère du travail, de
l’emploi et de la solidarité sociale, mais la répartition des
responsabilités reste en gros la même
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Emploi-Québec
• Responsable des mesures de formation et
d’intégration au marché du travail et
également de la sécurité du revenu
• Services
– services de solidarité sociale (aide financière)
– services publics de l’emploi (individus, entreprises)
• Porte d’entrée :
– 150 Centres locaux d’emploi
– 17 directions régionales

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Commission des partenaires du marché
du travail
• Créée en juin 1997; 4 types de partenaires: employeurs, syndicats,
État, milieu communautaire
• Mandat: « favoriser l’information sur les problèmes de l’emploi,
recommander des stratégies et des politiques de l’emploi et surveiller
la gestion opérationnelle d’Emploi-Qc »
• 17 conseils régionaux (avec une composition similaire), travaillent avec
les directions régionales d’EQ
• 30 comités sectoriels de main-d’œuvre
• 2 comités d’intégration et de maintien en emploi (personnes
handicapées, personnes immigrantes)
• 4 comités consultatifs (jeunes, femmes, travailleurs âgés, adultes
judiciarisés)

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Exercices
• Articles sur la formation professionnelle :

« Le patronat demande l’abolition de la Loi du 1% »


• De quoi est-il question dans cet article?
• Quelles sont les demandes des protagonistes?

« À vos risques et mérites »


• Pourquoi la formation professionnelle est-elle importante?
• Quels sont, selon Colette Bernier, les problèmes actuels découlant des politiques actuelles
concernant la formation professionnelle?

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Questions de révision
• 1. Nommez et expliquez les trois dimensions d’intervention
de l’État dans le champ des relations industrielles.
• 2. Qu’est-ce qu’un État résiduel ? Donnez un exemple d’une
politique défendue par un tel État.
• 3. Qu’est-ce qu’un État keynésien-providence ? Donnez un
exemple d’une politique défendue par un tel État.
• 4. Qu’est-ce qu’un État néolibéral ? Donnez un exemple d’une
politique défendue par un tel État.
• 5. Sachez situer les bonnes lois dans la bonne dimension et
dans la bonne période

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