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com/science/article/pii/S1169833021000168
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Os et Hyperparathyroïdie primaire
© 2021 published by Elsevier. This manuscript is made available under the Elsevier user license
https://www.elsevier.com/open-access/userlicense/1.0/
Résumé
L’hyperparathyroïdie primaire (HPP) est une maladie due à une sécrétion excessive et
inappropriée d’hormone parathyroïdienne ayant pour conséquence une hypercalcémie. Elle est
le plus souvent diagnostiquée fortuitement devant une hypercalcémie ou bien devant une
complication, soit une ostéoporose, soit plus rarement une complication rénale avec lithiase. La
présentation clinique est le reflet de l’hypercalcémie et de l’atteinte de plusieurs organes,
principalement le système cardiovasculaire, l’os et le rein. La majorité des patients ayant une
HPP sont cependant asymptomatiques. Le diagnostic est biologique, facile quand il y a
augmentation de la calcémie et de l’hormone parathyroïdienne, plus difficile quand un de ces
deux paramètres est normal. On ne retiendra le diagnostic d’HPP normocalcémique qu’après
avoir écarté toutes les causes d’hyperparathyroïdie secondaire. L’imagerie parathyroïdienne ne
fait pas le diagnostic mais elle guide le chirurgien et écarte une anomalie thyroïdienne associée.
Le traitement de référence est chirurgical, son indication repose sur la présence ou un risque de
complications, c’est le seul traitement qui épargne les fractures. Les traitements médicaux n’ont
que des effets limités sur les complications, ils sont réservés aux contre-indications à la
chirurgie. Après chirurgie parathyroïdienne, on évitera l’utilisation des bisphosphonates qui
semblent empêcher l’épargne fracturaire de la parathyroïdectomie. En l’absence d’indication
opératoire une surveillance biologique, osseuse et rénale sera établie.
MOTS CLES :
Hyperparathyroïdie primaire, Hypercalcémie, ostéoporose, lithiase rénale, vitamine D
2
1. Introduction : pathophysiologie, épidémiologie
La calcémie devant rester stable, l’hormone parathyroïdienne est sécrétée par les cellules
principales des glandes parathyroïdes en réponse à une hypocalcémie ionisée. Par contre la
sécrétion parathyroïdienne est inhibée en cas d’hypercalcémie. L’hyperparathyroïdie primaire
(HPP) est la conséquence d’une production excessive, inappropriée d’hormone
parathyroïdienne ayant pour principale conséquence métabolique classique une hypercalcémie
[1]. Elle est causée par l’existence d’un adénome bénin, unique et sporadique dans 75 à 85 %
des cas, par une atteinte de plusieurs glandes ou par une hyperplasie des quatre glandes dans
15 à 25 % des cas. L’association à des néoplasies endocriniennes multiples (NEM I ou II) ou la
présence d’un cancer parathyroïdien (<1 % des HPP) est très rare. On note une perte de
rétrocontrôle de la sécrétion parathyroïdienne aux variations du calcium extracellulaire localisé
dans le cas des adénomes ou diffuse dans les hyperplasies [1]. Le profil clinique a changé depuis
30 ans. L’HPP était diagnostiquée à un stade tardif devant des lithiases rénales, des atteintes
osseuses majeures. Depuis la mesure automatisée de la calcémie, l’HPP est dépistée à un stade
asymptomatique. L’incidence annuelle a été chiffrée en 2002 à 21,6 cas pour 100 000
personnes [2]. Les femmes sont touchées 2 à 3 fois plus souvent que les hommes. La femme
ménopausée paraît particulièrement atteinte puisque la prévalence serait de 21 pour 1000
femmes entre 55 et 75 ans, alors que la prévalence globale est de 0,1 %. La prévalence a
augmenté du fait des changements de stratégie diagnostique en particulier devant une
ostéoporose (dosage systématique de calcémie et PTH) passant à 0,8 % en 2008-2009 aux USA
et en Europe [3].
2. Présentation clinique
4
2. 2. Manifestations osseuses de l’hyperparathyroïdie
Les manifestations osseuses classiques de l’HPP sont maintenant exceptionnelles du fait d’un
diagnostic plus précoce avec insuffisance en vitamine D moins profonde. Il s’agit de
déminéralisation poivre et sel du crâne, de résorption de la clavicule distale, de résorption
périostée des phalanges, d’images de kystes et des tumeurs brunes constituant l’ostéite
fibrokystique. Dans les formes actuelles on constate des densitométries basses associées ou
non à des fractures.
2.2.1. Particularités de l’ostéopénie de l’HPP et risque de fractures
5
remodelage osseux, pouvant être intéressants pour mieux apprécier le risque fracturaire ont
été proposés comme optionnel [9].
2.2.2. Évolution de l’atteinte osseuse
La plupart des études ne constatent aucune perte osseuse chez les patients non opérés.
Toutefois, cette stabilité est constatée à l’échelle d’une population et ne présage pas de
l’évolution individuelle. La proportion des patients ayant une perte osseuse rachidienne et/ou
radiale individuelle rapide, est évaluée à 6 à 27 % des patients suivis. Le suivi individuel de la
DMO paraît donc intéressant pour identifier les sujets ayant une perte osseuse significative,
dont les femmes ménopausées semblent constituer un contingent important. L’évolution de la
DMO après parathyroïdectomie a été évaluée par 4 études randomisées [12-15] qui montrent
un gain significatif de masse osseuse par la chirurgie par rapport à des groupes non opérés dès
la première année et persistant à 2 ans. Une méta-analyse [16] qui a repris 2 études
randomisées [12-13] et rajouté 2 études observationnelles étudiant également des cohortes
d’HPP modérée sans complication (pas de fracture, pas de lithiase rénale) et sans risque élevé
de complication (DMO <-2.5 T-score, calciurie des 24 heures < 400 mg/ 24 heures) ne trouve
pas de différence entre chirurgie et surveillance en terme de fracture, de lithiase rénale,
d’évènement cardiovasculaire et de gain densitométrique sur 2 ans ce qui conforte les
recommandations de 2014 d’une surveillance en l’absence de complications et de facteur de
risque de complications comme la DMO basse. Cependant l’étude randomisée sur 5 ans [15]
montre une perte fémorale dans le groupe surveillé, un bénéfice en densitométrie au rachis et
au fémur dans le groupe opéré dans une population entre 50 et 80 ans avec hypercalcémie
modeste (entre 2.60 et 2.80 ml/l) et DMO peu abaissée ce qui inciterait à opérer même les
sujets à faible risque. La surveillance pourrait aider à identifier les patients perdant de l’os, en
effet chez environ 20 % des patients la DMO diminue de plus de 10 % à au moins un site [17].
Le gain reste modeste après PTX et ne concerne pas tous les patients. Environ 50 % des HPP
opérés ont un gain significatif [18] ce qui justifie un suivi individuel après parathyroïdectomie.
La récupération osseuse est moindre en post ménopause immédiate qu’en pré ménopause
[18]. La récupération osseuse est variable dans les formes normocalcémiques. Une série
française a montré un gain comparable entre un groupe normocalcémique et hypercalcémique
[19] avec un gain individuel cependant plus fréquent chez les hypercalcémiques (73.7 % versus
44.4 % chez les normocalcémiques)[20]. Par contre, un travail américain [21] ne retrouve pas
6
de gain osseux dans le groupe normocalcémique. L’explication pourrait être que ces patients
sont moins fréquemment ostéoporotiques (50 % versus 92.3 %) que dans la série française. Les
hyperparathyroïdies normocalcémiques du groupe américain ne présentent que peu de
néphrolithiase (4.1 %), il semble que le phénotype soit différent du groupe français qui
répondait aux recommandations de prise en charge de 2009 [22]. Une cohorte italienne de 12
patients normocalcémiques montre une amélioration chez 42 % et une stabilité chez 50 % des
patients [23]. Malgré la modestie des gains dans les formes hyper et normocalcémiques,
l’intérêt d’un traitement chirurgical est d’écarter une cause d’ostéoporose qui se surajoute au
risque habituel en post ménopause.
Un suivi après la parathyroïdectomie permet de surveiller le retentissement osseux. C’est
seulement quand on a constaté une perte osseuse significative ou l’apparition de fracture que
l’on préconisera un traitement habituel de l’ostéoporose. Un gain même modeste ou une
stabilité de la densité minérale osseuse seront retenus comme une bonne efficacité de la
parathyroïdectomie. Les marqueurs du remodelage osseux sont souvent augmentés dans l’HPP
et l’augmentation des phosphatases alcalines est prédictive d’une récupération osseuse [20]. La
mesure des marqueurs du remodelage osseux peut être d’un apport complémentaire dans
l’évaluation des hyperparathyroïdies primaires [9]. L’évolution positive de la densitométrie
retrouvée dans de nombreuses études est également retrouvée avec le TBS (paramètre obtenu
en DMO évaluant la qualité osseuse) pour certains mais d’autres ne trouvent pas de gain de TBS
2 ans après chirurgie suggérant la nécessité de longue période pour améliorer la micro-
architecture [24]. Le risque fracturaire paraît mieux apprécié par la combinaison de la DMO et
du TBS [4].
La réduction du risque fracturaire reste en effet le but de la parathyroïdectomie. L’évaluation
par plusieurs études prospectives et rétrospectives d’une réduction de 24 à 31 % du risque
relatif de fracture et de 4.8 à 11.34 % du risque absolu de fracture par la chirurgie a fait évaluer
le coût efficacité de la PTX qui reste en faveur de la chirurgie jusqu’à 14 % de réduction du
risque relatif de fracture ce qui paraît largement obtenu [25]. L’effet bénéfique des
bisphosphonates constaté en densitométrie n’est pas observé pour les fractures et ils peuvent
même être négatifs sur la réduction du risque fracturaire par la PTX (voir paragraphe 6.4.1).
3.1. La calcémie
L’hypercalcémie est variable dans l’HPP, liée à l’importance de l’hypersécrétion de PTH. La
calcémie totale peut être normale dans 5 à 22 % selon les séries de la littérature [26]. Toutefois,
le calcium ionisé (Ca I) est très souvent augmenté dans les séries rapportées sans que la
prévalence soit connue du fait de la difficulté de réalisation de ce dosage. Une calcémie totale
normale peut s’expliquer par une hypoalbuminémie, une acidose, une carence profonde en
vitamine D. En cas d’hypothyroïdie associée à une HPP, on constate du fait du bas remodelage
de l’hypothyroïdie une tendance à diminuer la calcémie. La guérison de l’hypothyroïdie va
démasquer l’hypercalcémie liée à l’HPP. La calcémie mesurée toujours à jeun sera corrigée par
l’albuminémie ou la protidémie à l’aide de formules. Ces formules ne sont valables que pour
une albuminémie comprise entre 35 et 45 g/l. La calcémie corrigée même modestement
augmentée devra être confrontée à une PTH mesurée sur le même échantillon : si la PTH est
haute ou normale haute inadaptée à la calcémie le diagnostic sera suspecté. La Ca I, plus précise
que la calcémie corrigée pourra alors faciliter le diagnostic. Cependant le dosage de la Ca I ne
peut être réalisé en routine car le dosage pour être très exact doit être fait rapidement après le
prélèvement et ne peut être transporté en particulier la congélation est à proscrire pour les
diagnostics difficiles. Ce dosage doit donc être utilisé seulement dans les cas difficiles et dans
des laboratoires spécialisés : nécessité de conditions anaérobiques, il sera techniqué à 4° et
dans les 2h et le résultat ne sera pas corrigé par un Ph à 7,40 [27]. Après correction d’une
éventuelle acidose, d’une insuffisance en vitamine D, d’une hypothyroïdie et de toute cause
d’hyperparathyroïdie secondaire, si on ne démasque pas une hypercalcémie, le diagnostic d’HPP
normo-calcémique est évoqué. Il pourrait s’expliquer par des hypersécrétions dites
« borderline » de PTH : intermittente ou modérée, ou débutante ou par une résistance à l’action
8
de la PTH en périphérie au niveau de l’os et du rein. Cependant des publications récentes
soulignent que malgré une présentation modérée on constate des complications en particulier
osseuses [9].
3.2. L’hypophosphatémie
Classiquement rapportée dans l’HPP, elle est loin d’être constante. La phosphatémie (Ph) est
inférieure à 0,80 mmol/l dans 50 à 70 % des cas, rarement supérieure à 1 mmol/l. Un chiffre de
phosphatémie normale est surtout le fait des femmes en post ménopause, la carence
oestrogénique augmentant la phosphatémie de 0,1 mmol/l. Cette hypophosphatémie est due à
une fuite rénale de phosphate liée à l’excès de PTH, fuite rénale mise en évidence par un TRP
bas (taux de réabsorption des phosphates) et/ou par un TmP/DFG bas (seuil de réabsorption
des phosphates sur débit de filtration glomérulaire), paramètres calculés sur prélèvement
sanguin et urinaire à jeun.
3.3. La PTH
Le diagnostic est facile quand l’hypercalcémie est associée à une élévation du taux de PTH.
Cependant, dans 10 % à 20 % selon les séries d’HPP, le taux de PTH est dans les limites de la
norme. La prise en compte du couple Calcium (en particulier Ca I) – PTH permet d’évoquer le
diagnostic : une Ca I élevée associée à une PTH normale-haute est très évocatrice du diagnostic,
il s’agit d’une sécrétion inappropriée de PTH. En dehors d’une sécrétion modérée de PTH,
certaines situations peuvent expliquer une PTH normale-haute : l’association d’une
hyperthyroïdie ou d’une sarcoïdose à une HPP [28]. La guérison de ces pathologies, qui freinent
la sécrétion de PTH, démasque l’élévation de la PTH. Dans les situations de PTH normale, on
évoquera le diagnostic d’hypercalcémie hypocalciurie familiale (HHF ou syndrome de Marx)
surtout si la calciurie est basse [29]. Dans ce cas, on peut s’aider de l’excrétion fractionnelle du
calcium urinaire sur urines des 24 heures : ((CaU x Creat P)/ (CaP x Creat U))x100 (attention à
utiliser les mêmes unités pour la créatininémie et la créatininurie) [30]. En l’absence
d’insuffisance rénale et d’insuffisance en vitamine D, une valeur <1% fait fortement suspecter le
diagnostic d’HHF et par conséquent fera pratiquer une étude moléculaire des gènes CaSR et
apparentés. En cas de valeur > 2% le diagnostic d’HPP est pratiquement certain. En cas de
résultat entre 1 et 2 % on ne peut écarter un HHF et on fera également une recherche
9
moléculaire [29]. Les dosages de PTH 2e et 3e générations peuvent être utilisés sans préférence
[30]. Le ratio PTH 3e génération/ 2e génération >1 est un marqueur de carcinome
parathyroïdien avec une sensibilité de 81,8 % et une spécificité de 97.3 % [31]. Les normes de
PTH prenant en compte le statut vitaminique D et rénal permettent d’améliorer le diagnostic
d’élévation de la PTH [32].
3.4. La calciurie
L’excrétion urinaire de calcium n’est élevée que chez 30 % à 40 % des patients. L’action rénale
de la PTH entraîne en effet une augmentation de la réabsorption tubulaire du calcium, ce qui
explique qu’à calcémie filtrée par néphron équivalente, l’élimination urinaire du calcium soit
plus importante dans les hypercalcémies d’origine non parathyroïdienne. En l’absence
d’hypercalciurie (définie comme une calciurie > 4mg/kg/24 heures) mais surtout en présence
d’une calciurie basse (<1mg/kg/24 heures) et surtout sur une excrétion fractionnelle du calcium
(calciurie des 24 heures/créatininurie des 24 heures)/ (calcémie/créatininémie)/1000) < 2% se
pose le diagnostic différentiel d’une hypercalcémie hypocalciurie familiale. La recherche d’une
hypercalcémie dans la famille oriente alors vers ce diagnostic qui est une maladie autosomique
dominante due à une mutation du gène du récepteur sensible au calcium ou à d’autres
anomalies actuellement accessibles au diagnostic dans des centres spécialisés [29]. Une
excrétion fractionnelle du calcium basse est possible en cas d’insuffisance rénale chronique ou
d’insuffisance en Vitamine D, en calcium qui doit toujours être corrigée pour mieux interpréter
les formes de diagnostic difficiles. Du fait de l’imperfection de l’utilisation de la calciurie pour
faire la distinction entre HPP et HHF, le développement de nouvelles formules paraît utile [33].
3.5 Vitamine D
Le dosage de 1,25(OH) 2 D n’a aucun intérêt dans la démarche diagnostique (un taux supérieur à
la norme est retrouvé dans 30 % des HPP). L’insuffisance vitaminique D (25OHD) est fréquente
[34] par l’accélération de la conversion de la 25OHD en 1,25(OH)2D et en composés 24
hydroxylés. Elle doit être confirmée par un dosage de 25OHD et corrigée avant
parathyroïdectomie sans aggravation de l’hypercalcémie [35] et poursuivie après, pour limiter
les hypocalcémies postopératoires, en rapport avec une hypoparathyroïdie fonctionnelle et/ou
un « hungry bone syndrome » (os avide de calcium).
10
3.6. Diagnostics biologiques difficiles
Dans les diagnostics difficiles d’HPP et surtout d’HPP normocalcémique la correction de
l’insuffisance vitaminique D est la première étape pour aider au diagnostic. On écartera
également toutes les autres causes d’hyperparathyroïdie secondaire (HPS) (Encadré 1). En
présence d’une hypercalciurie sans hypercalcémie franche, on suspectera une hypercalciurie
rénale. On fera un test aux thiazidiques : ½ comprimé de Moduretic® 2 fois/j pendant 15 jours.
En cas d’hypercalciurie rénale on constatera une normalisation de la PTH sans apparition
d’hypercalcémie. Si la PTH reste élevée après avoir écarté toutes les causes d’HPS, on aura
recours à un test de charge calcique pour écarter ou confirmer le diagnostic d’HPP
normocalcémique [36]. Celui-ci permet d’évaluer la freination parathyroïdienne après charge
orale et/ou intraveineuse en calcium. L’absence de freination ou une freination insuffisante
avec PTH au-dessus de la norme inférieure de la PTH associée à des couples calcium ionisé –
PTH inadaptés sera un argument pour une HPP. En effet, il existe un continuum entre les
situations HPS chroniques et l’HPP. Dans des situations classiques d’HPS comme la maladie
cœliaque, on décrit des cas d’HPP primaire associée à la maladie cœliaque [37]. La persistance
d’une élévation de la PTH malgré des apports augmentés en calcium, correction de
l’insuffisance en Vitamine D fait discuter une HPP normocalcémique. Cependant le diagnostic
reste difficile entre HPP ou HPS si la charge calcique entraîne un freinage de la PTH en dessous
de la norme inférieure de la PTH, on exclura le diagnostic d’HPP. Par contre du fait d’un effet
rémanent très prolongé des bisphosphonates, on ne retient pas le diagnostic d’HPP
normocalcémique même si le freinage de la PTH est insuffisant, on surveillera la calcémie, la
PTH à distance de l’arrêt du bisphosphonate. De même quand le débit de filtration glomérulaire
est inférieur à 60 ml/min, on sera prudent pour retenir le diagnostic d’HPP normocalcémique
car dans ces situations d’insuffisance rénale chronique le freinage de la PTH est modéré après
charge calcique.
4. Formes cliniques
4.1. Les formes asymptomatiques
11
Ces formes représentent 80 % des cas d'HPP. Elles sont définies par l’absence de complication
fracturaire, de lithiase. C'est autour de ces formes que les controverses sont les plus âpres pour
la décision chirurgicale (voir paragraphe sur les indications chirurgicales).
6.3 La PTX
Elle reste le traitement de choix car c’est le seul traitement efficace de l’HPP en l’absence de
réel traitement médical. Son bénéfice immédiat est la disparition des symptômes liés à
l’hypercalcémie et son bénéfice à moyen terme est une efficacité osseuse et rénale. L’indication
est indiscutable quand la calcémie est supérieure à 3 mmol/l et en présence de complications.
Les formes asymptomatiques répondant aux critères chirurgicaux retenus dans les consensus
seront fréquemment opérées. Elle a une faible mortalité (de l’ordre de 0,2 %) y compris chez les
sujets âgés. Le taux de guérison biologique est supérieur à 95 % lorsque les patients sont
confiés à des chirurgiens expérimentés avec un taux de complications très faible [4]. La
morbidité opératoire (hypoparathyroidie, « Hungry bone syndrome », lésion du récurrent) est
faible de l’ordre de 2 %. La paralysie récurrentielle est chiffrée de 0,5 à 1 %, souvent unilatérale,
passant inaperçue. L'atteinte bilatérale avec détresse respiratoire est exceptionnelle et
l'aphonie est très rare. La diminution de la calcémie est maximale entre le premier et le
troisième jour postopératoire. L’hypocalcémie persistante dans le mois qui suit la
parathyroïdectomie (PTX) et responsable de réhospitalisation peut être prédite en utilisant le
taux de PTH le plus haut en préopératoire, le taux de PTH le plus bas en postopératoire et la
calcémie préopératoire [68]. 20 à 30 % des opérés ont des manifestations à type de
paresthésies qui peuvent justifier d'un traitement transitoire par calcium et par dérivé 1-alpha-
hydroxylé de la vitamine D. La chirurgie à ciel ouvert avec exploration de l’ensemble des aires
parathyroïdienne et visualisation des 4 glandes reste la technique classique de référence car
elle permet de 95 à 100 % de succès, elle sera privilégiée dans les formes normocalcémiques
souvent associées à des atteintes multiglandulaires, chez les patients présentant une NEM ou
une hyperplasie familiale ainsi que chez ceux qui nécessitent d’explorer la thyroïde et quand les
imageries parathyroïdiennes sont négatives [69]. Chez les patients présentant une MEN1 ou
18
une HPP induite par le lithium, on pourra proposer une chirurgie subtotale pour limiter la
récurrence [4]. Cependant chez des patients sélectionnés avec mutation de la ménine, une
chirurgie sur une glande est possible. On réservera la chirurgie localisée ou mini-invasive aux
patients ayant des imageries concordantes sur l’échographie et sur la scintigraphie sans
anomalie thyroïdienne. Cette chirurgie mini-invasive a un taux élevé de succès 95 à 98 % avec
un taux faible de complication (1-3 %) similaire à celui des patients opérés classiquement.
Cependant, on ne peut exclure avant chirurgie une atteinte multiglandulaire représentant 1
patient sur 10 des HPP sporadique [4]. La réduction du temps opératoire, du coût peut
constituer un avantage [4]. En cas d’échec, il est possible pour le chirurgien d’étendre à une
chirurgie bilatérale exploratrice. La mesure de la PTH en per opératoire avec une décroissance
d’au moins 50 % avec retour à des taux normaux, est en faveur d’une bonne efficacité de la
chirurgie [69]. Une nouvelle PTX est nécessaire dans 5 % des cas du fait de la persistance d’un
tableau d’HPP, définie par une hypercalcémie persistance dans les six mois après
parathyroïdectomie. Une récidive est observée dans 8 % des cas d’adénome sporadique dans
un délai de 3 à 11 ans. Il y a plus de récurrence en cas de double adénome ou d’hyperplasie
(15 %) [4]. Le succès d’une nouvelle intervention est >90% quand les imageries sont positives.
Le dosage de PTH per opératoire est un outil utile dans cette situation. On décrit malgré une
normalisation de la calcémie après chirurgie mini- invasive, une élévation persistante de la PTH
chez 30 % qui présentaient une PTH plus élevée en pré opératoire que les patients ayant
normalisé leur PTH. L’effet osseux de cette élévation persistante de la PTH est inconnu [70]. On
retrouve cependant des hypercalciuries avec élévation de la PTH qui permettent de retenir le
diagnostic de fuite rénale de calcium qui très probablement préexistait à l’HPP et qui justifie
d’un traitement par thiazidique pour normaliser la PTH et éviter une nouvelle autonomisation
parathyroïdienne [71]. Globalement le succès de la PTX est influencé par l’âge du patient,
l’expérience du chirurgien, le volume de PTX réalisé dans la structure aussi bien que par les
résultats des imageries parathyroïdiennes [64].
21
Si on se pose la question de traiter l'hypercalcémie en même temps que le diagnostic entre
hypercalcémie parathyroïdienne ou non est effectué, il faut, avant d’utiliser les
bisphosphonates si le diagnostic de certitude n’est pas fait, avoir prélevé la PTH. En effet, les
bisphosphonates par leur action antirésorptive font augmenter la PTH de manière durable,
rendant le diagnostic difficile. On peut discuter l’utilisation des bisphosphonates en perfusion
(Pamidronate de sodium : Arédia® ; acide zolédronique : Zométa®) mais seulement si la
calcémie est mal supportée car la chirurgie sera suivie avec une grande fréquence
d'hypocalcémie, du fait d'un effet rémanent du bisphosphonate.
6.4.3 Surveillance et conseils diététiques
En l’absence de chirurgie, la surveillance est orientée vers les complications cliniques et
biologiques potentielles : surveillance de la calcémie, de l'albuminémie, de la créatinémie tous
les 12 mois. Une mesure de la DMO est faite tous les 1 et 2 ans, fonction du degré
d'ostéopénie, radiographie du rachis ou VFA si perte de taille ou douleurs. Si lithiase suspectée,
imagerie et recueil des urines des 24 heures pour évaluer le profil à risque de lithiase [9]. Cette
surveillance est difficile et on constate que de nombreux sujets sont perdus de vue. Des
boissons en quantité suffisante sont nécessaires pour éviter les complications lithiasiques
rénales. Des apports alimentaires élevés en calcium (> 1,5 g / 24 heures) pourraient aggraver
l'hypercalciurie, mais un apport bas (<500 mg/24 heures) peut stimuler la sécrétion de PTH. On
préconise des apports entre 800 et 1000 mg même si lithiases [80]. Une supplémentation en
vitamine D doit être maintenue en continu chez des patients ayant une calcémie inférieure à 3
mmol/l car c’est seulement chez ces patients que la supplémentation en Vitamine D a montré
son innocuité [35]. On ciblera un taux de Vitamine D à 30 ng /ml car à ce seuil il a été prouvé
qu’il n’y a plus de stimulation parathyroïdienne. En effet, l’insuffisance en vitamine D augmente
le taux de PTH et la taille des adénomes parathyroïdiens.
6.4.4. Surveillance après PTX
Un contrôle de la calcémie, albuminémie, PTH, 25OHD, calciurie des 24 heures après PTX
permet de confirmer la guérison de l’hyperparathyroïdie et d’écarter des causes d’élévation de
la PTH qui constituent un risque de récidive. En cas d’hypercalciurie avec calcémie normale et
PTH élevée, on pourra retenir le diagnostic de fuite rénale de calcium avec hyperparathyroïdie
secondaire qui très probablement a préexisté au développement de l’HPP du fait d’une
22
stimulation chronique des glandes parathyroïdes avec développement d’hyperplasie
parathyroïdienne [71].
Cette mise au point souligne les progrès réalisés dans la connaissance de l’hyperparathyroïdie
primaire en 2020.
23
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Encadré 1.
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