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Dr Saïd HADDADI
Maître-Assistant
Service de Chirurgie Générale A HCA
I. INTRODUCTION :
L’hyperparathyroïdie primitive (HPT) est une hypersécrétion inappropriée et autonome de
parathormone (PTH).
Elle représente la 3ème endocrinopathie après le diabète et les affections thyroïdiennes.
L’incidence est élevée de l’ordre de 25/100000h/an en Inde, par contre aux USA elle n’est
que de 1cas/100000h/an. Sa prévalence dans les séries anglo-saxonnes varie de 0,2 à 1%.
Il existe un pic de fréquence aux alentours de 50-60 ans, avec une prédominance féminine
(Sex-ratio 3 femmes pour un homme).
Le diagnostic est posé devant l’association d’une calcémie élevée (> 2,6mmol/l) et d’un
taux de PTH 1-84 inapproprié, bien que des formes normo-calcémiques aient été
identifiées.
La cause est dominée par les adénomes dans plus de 85 % des cas, suivie de l’Hyperplasie
dans 10% et le cancer parathyroïdien qui est exceptionnel (1%).
L’HPT est dans la majorité des cas sporadique (98 %), mais peut être intégrée dans une
néoplasie endocrinienne multiple (NEM) :
• NEM 1 (1 %): Adénome pituitaire + Tumeur neuro-endocrine du pancréas +
Hyperplasie parathyroïdienne.
• NEM 2a (1%) : Carcinome Médullaire de la Thyroïde+ Phéochromocytome +
Adénome parathyroïdien.
Seules 20 % des HPT sont symptomatiques.
La prise en charge de l’HPT demeure multidisciplinaire, associant un endocrinologue, un
chirurgien, un rhumatologue, un médecin nucléaire, un anatomo-pathologiste, le
biochimiste, le néphrologue, parfois un chirurgien thoracique…
Le seul traitement véritablement curatif est la parathyroïdectomie.
II. HISTORIQUE :
Les parathyroïdes furent décrites pour la première fois par Sir Owen chez un rhinocéros
mort, en 1848 au zoo de Londres.
En 1881, le Suédois Ivar Sandström fut le premier à les décrire chez l’Homme.
En 1891, Von Recklinghausen décrivit l‘osteitis fibrosa cystica, mais ne la rattacha pas à
sa cause parathyroïdienne.
L’année 1923 fût une date phare pour la connaissance du fonctionnement des glandes
parathyroïdes, puisque la première adénomectomie parathyroïdienne y a été réalisée par
Felix Mandl. La même année, James Bertram Collips isola l’hormone parathyroïdienne.
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Il aura fallu attendre l’année 1960, pour qu’Oliver Cope émette les règles de bonne
pratique de la chirurgie parathyroïdienne.
Puis vinrent les pionniers de cette chirurgie tels que Norman Thomson de l’hôpital
Ann Harbor (Michigan, États-Unis), et le professeur Yves Chapuis de l’école
française.
De 1990 à 2002 un groupe d’experts a réuni les critères de Bethesda qui concernent les
critères d’opérabilité de l’hyperparathyroïdie asymptomatique.
Les corps parathyroïdes sont développés à partir des 3ème, 4ème et 5ème poches branchiales
qui ont une origine entoblastique.
La 3ème poche branchiale donne lieu à la parathyroïde inférieure (ou P3) et au thymus.
Les 4ème et 5ème poches branchiales sont à l’origine des parathyroïdes supérieures et du
corps ultimo-branchial.
Des glandes surnuméraires peuvent se voir jusque dans 15 % des cas.
Leur agénésie est retrouvée dans le syndrome de Di George.
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V. RAPPEL HISTOLOGIQUE :
Ce sont des glandes trabéculaires non orientées. Leur capsule très mince, émet de fines
travées conjonctives incomplètes dans le parenchyme. Les cordons cellulaires sont compacts,
séparés par un réseau capillaire dense. Ils sont constitués de 2 types cellulaires :
1. Les cellules principales.
2. Les cellules oxyphiles.
1. Les cellules principales : Ce sont les plus nombreuses. Elles apparaissent souvent
groupées autour d'un capillaire (arrangement pseudo-folliculaire). Les organites sont
regroupés au pôle vasculaire. Le noyau est basal. Les faces latérales sont engrenées et
présentent des grains de sécrétion intercellulaires. Les cellules principales sécrètent la
parathormone. Suivant leur aspect fonctionnel on distingue :
A1. Les cellules principales sombres (autrefois appelées cellules chromophiles) : ont une
petite taille (8 à 10 μm). Le noyau arrondi est dense et nucléolé. Le cytoplasme, bien
coloré est riche en organites (réticulum lisse et granuleux développé ; nombreux
ribosomes ; nombreuses mitochondries) et en grains de sécrétion (denses, de 200 nm de
diamètre, situés en périphérie de la cellule).
A2. Les cellules principales claires (autrefois appelées cellules chromophobes) : sont plus
nombreuses et un peu plus grandes (environ 12 μm). Le noyau est également nucléolé. Le
cytoplasme, peu colorable, est pauvre en organites et renferme de nombreuses vacuoles et
du glycogène.
A3. Les cellules intermédiaires : Ce sont des formes de transition entre les précédents,
montrant qu'il ne s'agit que de stades fonctionnels différents des cellules principales.
2. Les cellules oxyphiles : Plus volumineuses que les précédentes, elles sont plus abondantes
chez le sujet âgé. Le noyau, rond et volumineux, est bien colorable. Le cytoplasme,
chromophile, est riche en enzymes et très riche en mitochondries (d'où un aspect finement
granulé et réfringent en microscopie optique). Ces cellules oxyphiles sont des cellules très
actives mais dont le rôle n'est pas précis.
Le tissu conjonctif : Outre la capsule et les travées, le conjonctif est très réduit, représenté
par un réseau de fibres réticulées entre les cordons cellulaires.
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Vascularisation et innervation : Les parathyroïdes sont très vascularisées. Chacune reçoit
une ou deux branches artérielles provenant de la vascularisation thyroïdienne. Les
capillaires, très abondants, sont fenêtrés et forment un réseau dense entre les cordons
cellulaires. Les nerfs sont représentés par des nerfs vaso-moteurs
1. Hyperparathyroïdie primaire :
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2. Hyperparathyroïdie secondaire :
Au cours d’une pathologie rénale (IRC), il se produit une hyperplasie
parathyroïdienne pour corriger cette hypocalcémie due au manque de synthèse de la
vitamine D.
L’hyperparathyroïdie secondaire peur se voir aussi en cas :
– Malabsorption ou apports calciques diminués : Maladie cœliaque, mucoviscidose,
maladie de Crohn, bypass gastrique ;
– Prises médicamenteuses : Bisphosphonates, antiépileptiques, furosémide, phosphore
– Deficit en vitamin D: 25-HydroxyVitamine D plasmatique < 50 nmol/l ;
– Hypercalciurie.
3. Hyperparathyroïdie tertiaire :
4. CANCER DE LA PARATHYROÏDE :
Il est à l’origine de 0,1-4 % des hyperparathyroïdies primaires. Il est caractérisé par une
évolution lente et par une hypercalcémie menaçante majeure supérieure à 140mg/l (le taux
de PTH > 5 fois limite supérieure).
La survie à 05 ans est de 86 % et à 10 ans elle est de 49%.
Par rapport à l’hyperparathyroïdie de cause bénigne, le cancer parathyroïdien est très
symptomatique. Il se manifeste par une volumineuse masse cervicale palpable, et par des
signes compressifs (dysphonie, dysphagie).
L’IRC sous dialyse constituerait un facteur de risque, de même que les mutations génétiques
HRPT2. La chirurgie doit être agressive et carcinologique avec exérèse mono-bloc et curage
cervical en cas de ganglions suspects.
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D’autres modalités thérapeutiques existent : le traitement médical par les calcimimétiques
(Cinacalcet), la chimiothérapie et la radiothérapie bien que décevants, sont indiquées dans
les stades inopérables. L’immunisation constituerait une alternative thérapeutique
intéressante.
5. Autres définitions :
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VIII. Localisation pré-opératoire :
2. Méthodes invasives :
Lorsque ces différentes méthodes non invasives n’ont pas permis de localiser l’adénome, on
doit réaliser un prélèvement veineux étagé avec dosage de la PTH (angiographie
parathyroïdienne):
– Veines jugulaires internes (de façon bilatérale)
– Veines sous-clavières(de façon bilatérale).
– Veine brachio-céphalique gauche,
– Veine cave supérieure,
– Oreillette droite ;
– Veine cave inférieure supra et infra-rénale.
La comparaison de ces dosages permet d’avoir une approximation de la localisation de
l’adénome et permet d’affiner la recherche pour le localiser de façon certaine.
Les 4 questions que doit se poser le chirurgien devant une HPT.
1. Est-ce que le diagnostic biochimique d’HPT est certain?
2. Est-ce que l’indication chirurgicale est formelle ou y’a-t-il une autre alternative?
(Traitement medical avec surveillance à long terme).
3. Est-ce que l’adénome parathyroïdien est formellement localisé à l’imagerie?
(Concordance Echographie/scintigraphie). Toute discordance doit amener à refaire ou
à pousser les explorations pour être certain de la localization.
4. Est-ce que la chirurgie mini-invasive (CMI) est faisable? Par quel procédé
anesthésique local ou general.
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IX. PRINCIPES DE LA CHIRURGIE PARA-THYROIDIENNE :
1. Chirurgie conventionnelle :
La voie d’abord est une cervicotomie transverse type Kocher avec exploration des 4 sites.
Lorsque les parathyroïdes ne sont pas retrouvées dans leurs positions modales, une
exploration systématique des zones suivantes est pratiquée : la région rétro-oesophagienne,
la chemise de l’artère carotide, la langue thymique, et le médiastin supérieur. Si malgré toute
cette recherche, la ou les prathyroïdes ne sont pas retrouvées, le chirurgien est obligé de
recourir à une lobectomie thyroïdienne du côté supposé de la parathyroïde pathologique (ce
qui suppose que l’adénome est intra-thyroïdien).
L’incision ne doit pas dépasser les 2,5 cm, et se fait par abord électif du côté de l’adénome à
opérer. L’anesthésie peut être locale.
Les impératifs à cette chirurgie mini-invasive (CMI) sont :
Éliminer les contre-indications : Lésion multi-glandulaire effective ou potentielle (terrain
de NEM), goitre associé, antécédents de chirurgie cervicale.
Localiser la glande avec précision : L’échographie apporte des renseignements sur la
morphologie, la localisation dans le plan antéro-postérieur et l’aspect de la thyroïde.
La scintigraphie au sestamibi repère les images hyperfonctionnelles dans 2/3 des cas et
dépiste d’éventuelles lésions multiples ou ectopiques. La positivité et la concordance de
ces deux examens est impérative.
S’assurer de la radicalité du geste par un dosage rapide per-opératoire (extemporané)
du taux de PTH, en sachant qu’une chute de ce taux de plus de 50 % du taux initial
dans les dix minutes suivant l’exérèse chirurgicale témoigne d’une exérèse complète
(selon les critères de Miami).
Si le dosage de la PTH dosée en per-opératoire demeure élevée ou inchangé, il est
nécessaire de recourir à une cervicotomie classique pour explorer le reste des glandes
parathyroïdes.
3. Vidéo-chirurgie:
X. INDICATIONS THERAPEUTIQUES :
Dans ce cas, la para-thyroïdectomie se fait par cervicotomie exploratrice avec exérèse des 4
glandes. En cas d’exérèse des 4 glandes dans l’hyperparathyroïdie secondaire, la
thymomectomie est systématique+++ (parathyroïdes ectopiques).
Généralement l’HPT IIIaire se résoud au bout d’une année après une transplantation rénale
réussie. Si le transplanté récent présente une hypercalcémie persistante, avec
néphrocalcinose ou lithiases rénales, la parathyroïdectomie devient indiquée. Là aussi, une
parathyroïdectomie totale ou subtotale est nécessaire par une cervicotomie classique.
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4. Indications de la chirurgie dans l’hyperparathyroïdie asymptomatique:
Les échecs se voient dans 5 à 10% des cas. Parmi les causes d’échec de la chirurgie
parathyroïdienne, on peut citer :
– Un adénome parathyroïdien trop supérieur, trop postérieur rétro-oesophagien à hauteur
du pôle inférieur de la thyroïde.
– Adénome parathyroïdien inférieur enfoui dans la portion cervicale du thymus.
– Une résection partielle d’un adénome parathyroïden.
– Pathologie multi-glandulaire (15%) détectée à l’imagerie dans seulement la moitié des
cas.
Etre sûr de la récurrence de l’hyperparathyroïdie (éliminer par une calciurie des 24h : le
syndrome d’hypercalcémie hypocalciurique familiale).
Exiger un compte-rendu opératoire détaillé (siège de la glande enlevée), et un compte-rendu
anantomopathologique pour connaître la nature des tissus réséqués.
Avant d’envisager cette chirurgie parathyroïdienne itérative, il faut être sûr de la localisation
anatomique de la glande pathologique en s’aidant d’une imagerie hybride (SPECT CT 3D)
avec confirmation du diagnostic par cyto-ponction de l’adénome et dosage de la PTH.
Cette chirurgie nécessite une certaine expertise, et doit se faire sous anesthésie générale. Un
examen pré-opératoire des cordes vocales est primordial (intérêt médico-légal).
S’aider du dosage extemporané de la PTH (VPP 100% et VPN 78 %) pour s’assurer de la
radicalité du geste.
S’aider de la localisation isotopique per-opératoire.
Monitorer les nerfs récurrents pour limiter leur lésion.
XII. COMPLIACTIONS DE LA CHIRURGIE PARATHYROIDIENNE :
XIII. CONCLUSION :
L’hyperparathyroïdie est une affection fréquente, qui est de plus en plus diagnostiquée depuis
la généralisation de la pratique des bilans phospho-calciques.
La première étape est la certitude diagnostique, après avoir éliminé des hyperparathyroïdies
secondaires à des carences vitaminiques D, ou à des prises médicamenteuses.
Ensuite il faut bien cerner le problème, s’agit-il d’une hyperparathyroïdie primaire due à un
adénome (situation la plus fréquente) ou une hyperthyroïdie secondaire à une insuffisance
rénale. Dans le premier cas, la localisation précise de l’adénome par le couple échographie
cervicale/scintigraphie, permet un abord électif par CMI. Dans le second cas, une
cervicotomie classique, permet l’exploration avec plus ou moins exérèse des quatre glandes.
La chirurgie est non seulement curative mais améliore la qualité de vie.
Le suivi post-opératoire prolongé à la recherche d’une récidive est la règle.
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