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Tumeurs carcinoïdes

Dr : Belkhir Amar

Introduction/définition :
1. Tumeurs neuroendocrine :
 Les tumeurs neuroendocrines sont des tumeurs développer au dépend du système
neuroendocrine.
 Les cellules neuroendocrine se trouve dans tout l’organisme en particulier dans :
o Le tube digestif
o Le pancréas
o La thyroïde
o Le poumon
 Les cellules neuroendocrine sont similaires à des cellules nerveuses mais aussi secrètent
des hormones comme les cellules endocrines.
 Ces cellules reçoivent des signaux du système nerveux et répond en fabriquant et en
secrétant des hormones.
 Ces hormonesrègles différent fonctions de l’organisme comme la digestion et la
respiration.
 Les tumeurs neuroendocrines sont classées comme suit :
1- Syndrome de Zollinger-Ellison ou Gastrinome.
2- Syndrome de Werner-Morrison ou Vipome.
3- Insulinome
4- Glucagonome
5- Somatostatinome
6- Carcinoïde
7- Tumeur neuroendocrine sans symptômes d’hypersécretion (non secrétant).
2. Tumeurs carcinoïdes :
 Les tumeurs carcinoïdes sont des tumeurs neuroendocrine malignes d’évolution lente
développés au dépond des cellules entérochromaffines secrétant des substances
vasoactives
 Les cellules entérochromaffines (anciennement appeler système APUD) sont des cellules
du tube digestif (cellules paracrines) dérivés de la crête neurale caractérisés pat :
o La sécrétion de monoamines telle la sérotonine mais aussi l’histamine et les
kinines
o Argentaffine avec affinité tinctoriale à l’argent
 Localisés dans le tube digestif dans 90% des cas, mais peuvent être bronchiques ou
ovariennes
 Pour dire tumeur carcinoïde la tumeur doit êtresecrétente (syndrome carcinoïde)
Historique :

 C’est vers le milieu du 19éme siècle que les tumeurs carcinoïdes ont été identifiées en
Europe par Oberndorfer.
 L’appellation carcinoïde a été utilisée pour la 1ére en 1907 pour la classification de ces
tumeurs qui constituent un type intermédiaire entre les tumeurs cancéreuses malignes
et les adénomes bénins.
Epidémiologie :

 Rare
 Prévalence 1-2 cas/100000 habitant
 Age moyen 50 ans
 Sexe ratio 1
 Mais localisation appendiculaire :
o Age plus jeune
o Prédominance féminine

Physiopathologie :

 Les cellules entérochromaffines produisent à partir d’acide amène des monoamines, des
polypeptides et d’autres hormones et substances chimiques :
o Sérotonine:
 hypersécretion et diminution de l’absorption intestinale
 bronchoconstriction,
 contractions utérines,
 elle stimule la croissance des fibroblastes et la fibrogenèse et accélère une
fibrose péritonéale ou cardiaque.
o Histamine:
 Responsable des diarrhées,
 Flush,
 Prurit,
 Wheezing.
o Kallikreïne:
 Permet en clivant le kininogène la formation de bradykinines qui
entraînent une vasodilatation
 Donc flush et hypotension
 bronchoconstriction (augmentation tonus musculaire lisse non vasculaire,
lésion endothéliale)
 La synthèse de bradykinines est inhibée par les CTC.
o Prostaglandines:
 Flush.
 diarrhées.
o Autres:
 VIP : télangiectasies,…
 Les signe cliniques sont en rapport soit avec :
o L’extension locale de la tumeur et les métastases
o La sécrétion de ces hormones et substance
 Les métastases hépatiques et pulmonaires court-circuitent la dégradation normale de la
sérotonine par le foie et aggrave les symptômes.
Anatomopathologie :
1- Macroscopie:
 Petite tumeur, polyploïde, ferme, blanchâtre ou jaunâtre, enchâssée dans la paroi
2- Microscopie:
A- Histologie :
 Nodules sous muqueux soulevant l’épithélium avec infiltration des couches profondes de
la paroi
 À caractère endocrine(non spécifique de TC):
o Riche vascularisation capillaire
o 5 types architecturaux différents:
 A = insulaire
 B = trabéculaire
 C = glandulaire
 D = indifférencié
 E = mixte
B- Cytologie
 Microscopie optique:
o cellules régulières, à noyaux ronds et réguliers, mitoses diminuées
o cytoplasme abondant riche en granules endosecrétoires
 Microscopie électronique :
o granules endosecrétoires hétérogènes, de taille variable, de formes
irrégulières
 Histochimie:
o Argentaffines
o Argyrophiles
 Immunocytochimie:
o contenu hormonale = sérotonine +++

NB: La malignité ne peut être précisée à l’histologie elle est déterminée sur la présence de
métastase et de syndrome carcinoïde

Diagnostic positif :
1- Clinique :
 Les manifestations cliniques lorsqu’elles surviennent sont en fonction:
o De la localisation tumorale primitive
o De sa croissance
o Des complications qu’elle peut entraîner
o De l’importance de production hormonale
 Les signes clinique sont en rapport avec:
o La masse tumorale
o Les métastases
o Le syndrome carcinoïde
A- Les signes en rapport avec la masse tumorale :
digestive:
 douleurs abdominales
 anorexie
 nausées
 amaigrissement
 Méléna
 occlusion intestinale (syndrome de Koenig+++)
extra digestives:
 pulmonaire:
o toux,
o hémoptysie,
o dyspnée
 Ovarienne :
o Douleurs des fosses iliaques
o Métrorragies
B- Les signes en rapport avec des métastases :
 Hépatiques :
o Les plus fréquentes
o Hépatalgies
o HPM bosselée
 Pulmonaires :
o Dyspnée
o Toux
o Hémoptysie
 méta osseuses :
o douleurs osseuses
C- Syndrome carcinoïde:
 6 à 18% de TC donnent un syndrome carcinoïde
 Plus fréquent dans les TC du grêle et des carcinoïdes bronchiques
 Ses effets sont plus graves que la tumeur primitive+++  PC
 ensemble des manifestations cliniques et paracliniques liées à la libération par la tumeur
de substances biologiquement actives sur divers organes (peau, intestin, cœur et
bronches).
 Variable selon la substance secrétée mais il comprend généralement les signes suivant :
Flush = bouffée vasomotrice: 65-94%
 Macule et plaque polycyclique rouge foncé ou violet
 Localisé au visage,cou, face antérieur du thorax
 Paroxystique, dure quelque minutes
 S’accompagne de tachycardie et d’hypotension
 Spontané ou sous l’effet d’un facteur déclenchant(stress, alcool, palpation tumeur).
 il n’ya pas tjrs de parallélisme entre la survenue du flush et l’élévation de la sérotonine.
 l’injection de sérotonine ne produit pas de flush.
 Il existe plusieurs types :
1- flush érythémateux paroxystique:
o Diffus de la face, cou,face antérieur du thorax
o Suivi d’une phase de cyanose puis de pâleur.
2- flush facial:
o Violacé, permanent
o Associé à des télangiectasies,injection conjonctivale.
3- flush érythémateux diffus:
o Dure des heures voire des jours

o Apanage des carcinoïdes bronchiques.

4- flush rouge typique:


o En carte de géographie au cou
o Prurigineux
Apanage des carcinoïdes gastriques
Diarrhée: 68-78%
 Motrice, intermittente ou permanente, impérieuse
 Indépendante du flush,elle peut le précéder ou rester isolée.
 Mécanisme: malabsorption d’H2O et d’électrolytes secondaire à une hypermotilité
intestinale;hypermotilité jéjunale par action de la sérotonine.
Atteinte cardiaque : 50%
 Le plus souvent après une longue période d’évolution de la tumeur primitive ou des
métastases
 Lésions très spécifiques = cardiopathie carcinoïde:
o Epaississement fibreux de l’endocarde au niveau des valvules surtout tricuspide
et pulmonaire.
o Fuite tricuspide quasiconstante.
 Tableau d’insuffisance cardiaque droite à débit conservé.
La crise aigüe carcinoïde
 Flush intense pouvant persister pendent des heures
 Hypotension sévère ou HTA rebelle
 Arythmie…
 Spontanée, à l’occasion d’une induction anesthésique, de la palpation tumeur ou de ses
métastases.
 Doit être prévenue par l’injection d’octréotide avant toute chimiothérapie ou
chimioembolisation.
Autres manifestations:
 Bronchospasme: 20%: peut-être déclenché par une induction anesthésique et elle est
prévenu par l’administration préopératoire d’octréotide ou être traité en urgence par
l’injection IV de celui-ci.
 Syndrome pellagroïde
 Fibrose péritonéale et rétropéritonéale…
2- Examens paraclinique :
 biologique:
 dosage de la sérotonine et ces métabolites : (TC non sécrétâtes ++)
 Anomalies biologiques:
o L’augmentation de la 5HIAA urinaire (l’acide hydroxy-indole-acétique)
 Sensibilité =80%
 Spécificité =95% urines acidifiées
 Dosage perturbé par médicaments:
- Le paracétamol: augmente la 5-HIAA
- La levodopa, l’acide acétylsalicylique:diminue la 5-HIAA
 Dosage perturbé par alimentation :
- banane,
- noix,
- chocolat
 5-HIAA > 30mg/24h est pratiquement spécifique de la TC
o L’augmentation de la 5-HT (ou sérotonine) urinaire > 0,25 mg/l (5-
hydroxytryptamine)
 Dosage de la chromogranine A augmenté
 Les taux de 5 HIAA sont corrélés à la sévérité du syndrome carcinoïde et à la croissance
tumorale
 Radiologie :
 Orienté par la clinique
 Opacification digestive
 TDM
 Angiographie mésentérique
 IRM
 Scintigraphie au MIBG
 Octréoscan
 Scanner thoracique
 Echographie et scanner hépatique
 Endoscopie haute et baisse avec biopsies.
 Histologie :
 Microscopie optique:
o cellules régulières, à noyaux ronds et réguliers, mitoses diminuées
o cytoplasme abondant riche en granules endosecrétoires
 Microscopie électronique :
o granules endosecrétoires hétérogènes, de taille variable, de formes
irrégulières
 Histochimie:
o Argentaffines
o Argyrophiles
 Immunocytochimie:
o contenu hormonale = sérotonine +++

Diagnostic topographique :

 Repose sur les statistiques, la clinique et les examens paracliniques.


 Statistiquement :
1- Tumeurs carcinoïdes de localisation digestive:
 appendiculaires: +++
- plus souvent asymptomatiques, exceptionnellement malignes
 iléale: ++ (20 – 30%), 8X jéjunum, plusieurs nodules,  syndrome carcinoïde +++
 rectale: ++, 5 – 10 cm de la MA  TR+++,
- syndrome carcinoïde exceptionnel
 estomac:
- plusieurs lésions ulcérées, asymptomatique (FOGD),
- syndrome de ZE
 duodénum
 colon: coecum et colon droit +++
 vésicule biliaire
2- tumeurs carcinoïdes de localisation extradigestive :
 bronchique: +++  syndrome carcinoïde +++
 ovarienne++
 thymique
 vésicale
 cliniquement :
 Asymptomatique (appendice)
 Douleurs abdominales
 Diarrhée
 Constipation
 Hémorragie digestive
 Douleurs hépatique
 Masse au TR.
 Toux (métastase ou localisation extradigestive)
 Dysurie, pollakiurie et irritation vésicale.
 Para-cliniquement :
1- Transit du grêle: +++
- de qualité
- images du ou de nodules sous muqueux, arrondis ou ovalaires, des
dernières anses intestinales
2- lavement baryté
3- TOGD
4- scanner:
- aspect pathognomonique de la mésentérite rétractile à contours spiculés et
œdèmes sous muqueux (Vx)
- signe caractéristique: leur regroupement au niveau de la région iléo-cæcal+
++
- +/- extension rétropéritonéale de la fibrose
5- angiographie mésentérique:
- Sténoses étagées moniliformes + signes ischémiques (« blush » arrondis)
6- IRM:
- Tumeurs très vascularisées
7- scintigraphie au MIBG :
8- scintigraphie à l’octréoscan:
- Repère plus de 85% de TC
9- Endoscopies + Bx:
- Peuvent être utiles (colonoscopie, FOGD)
10- Pour les métastases hépatiques:
- échographie
- scanner
 nodules très vascularisés, +/nécroticohémorragiques

NB : Si pas de méta hépatiques en présence d’un syndrome carcinoïde cœlioscopie ou PBF
 sinon rechercher TC extradigestives+++, TLT, scanner thoracique, endoscopie bronchique
(+ 90% TC)

Diagnostic différentiel :
1- devant une tumeur digestive :
- Adénocarcinome digestif
- Sacrum digestif
- Tumeurs bénignes digestifs
2- Devant le syndrome carcinoïde (Flash et diarrhée) :
- Cancer médullaire de la thyroïde.
- Phéochromocytome
- Vipome
- Mastocytose
- Médicamenteux (anticalciques, dérivés nitrés, sildénafil, corticoïdes à forte
dose, IEC, morphine et opiacés, AINS, Bromocriptine…..)
- Psychique
- Carcinome rénale.
- Ménopause
- Fièvre
- Alcool.
- Affections neurologique : SEP, Parkinson…..
3- Devant les métastases :
- Métastases hépatiques et pulmonaires des autres tumeurs 
Evolution/pronostic :

 La malignité et la sécrétion sont corrélées à la taille:


- Rares: < 1 cm
- Patentes: > 2 cm
 Crise carcinoïde = exacerbation du syndrome carcinoïde
 Le PC dépend:
- Type histologique
- Siège de la tumeur
- Stade évolutif au moment du DC
- Sans syndrome carcinoïde :
 82% survie > 5 ans
 30% survie > 15 ans
- syndrome carcinoïde + ou méta  survie / de moitié
 Le PC est amélioré par les nouvelles TRT: Octréotide +++
Formes cliniques particulières:

 Association au NEM type I:


- 10 – 30 % des cas
 Association à d’autres cancers:
- colorectaux +++: 30% des cas
Prise en charge :

 La prise en charge est fonction de :


- la localisation
- la taille
- l’extension
 Avant tout chirurgical :
- Interféron alpha: effets secondaires +++
- Radiothérapie: inefficace
- Somatostatine
- Analogue de la somatostatine = Octréotide*
 contrôle le syndrome carcinoïde
 action anti tumorale
 Cryoablation: nouvelle technique (étape expérimentale)
 Métastases hépatiques :
 embolisation artérielle :
 Greffe hépatique: rarement indiqué, métastase hépatique sans TC
intestinale primitive
 Crise carcinoïde: corticostéroïdes, Octréotide

 TRT adjuvant:
- Alimentation riche en protéines
- Vitamines, oligoéléments
- Antidiarrhéiques + TRT du flush syndrome. (antihistaminiques)
- Hypotension artérielle: Octréotide, remplissage
- Éviction de l’alcool, du stress, des méd. apparentés à l’adrénaline,
décongestionnant nasaux, certains antihistaminiques nasaux……
Conclusion :

 Il y’a nombreuses années, les puissantes hormones libérées par les tumeurs pouvaient
produire des effets mortels
 La croissance et la propagation de la tumeur entraînaient la mort dans seulement 25%
des cas
 De nos jours, grâce à l’association efficace de plusieurs TRT: dont l’Octréotide*,
différentes interventions chirurgicales, la chimiothérapie et autres méthodes  la survie
s’est prolongée.

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